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Full text of "Histoire des rois des Perses. Texte arabe publié et traduit par H. Zotenberg"

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HISTOIRE 

DES  ROIS  DES  PERSES 


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HISTOIRE 

DES   ROIS   DES   PERSES 

PAR 

ABOÙ  MANSOÙR    ABD  AL-MALIK  IBN  MOHAMMAD  IBN  ISMÀ'ÎL 

AL-ÏHAÀLIRi 


TEXTE  ARABE  PUBLIE  ET  TRADUIT 


H.  ZOTENBERG 


Li^ 


fl^^ 


PARIS 

IMPRIMERIE   NATIONALE 


MDCCCC 


711693 


PRÉFACE. 


I 

Le  Icxli'  public  dans  le  pn'st-iil  voluiiir  lail  partie  d  un  ouvraf^c 
(|ui,  vraiseniblabliMiicul,  na  jaiiiais  r-lc  1res  répandu  eu  Oi'ienl,  cl 
doni,  actucllenicnl,  on  ne  counait  que  trois  manuscrits  inconiplcls  : 
lun  dans  la  bibliollicquc  d'Ibiàbîm-Pacha  à  Constanlinoplc,  les  deux 
autres  à  la  Bii)liolbè([ue  nationale  de  Paris. 

Lp  manuscrit  de  Constanlin()|)le,  doni  le  lili-e  lif^ure  au  cataloque 
de  la  bibliothècpie  (ribràbîni-Paclia,  sous  le  n"  916,  se  trouvait 
autrefois  joint  à  un  exeniplaiic  de  la  jurande  Histoire  universelle 
d'ibn-kbaldoùn,  comme  la  constaté,  en  1828,  F.  E.  ScJiulz.  Dans 
une  lettre  adressée  à  Saint-Martin,  le  célèbre  voyageur  rapporte  ce 
(pii  suit  :  Le  dernier  ouvrage  (|ui  m'a  particulièrement  occupe 
pendant  mon   séjour  à  (ionstantinople  est   le  grand  ouvrage  d'ibn- 

Khaldoun le  l'ai  trouvé,  sept  volumes  in-iolio,  dans  la  belle 

bibliotlièque  d'Ibrabim-Pacba,  en  face  de  la  mosquée  des  princes  du 
sang  {^Schahzadélerdjdmisi).  Cet  ouvragf;  devait  former  neuf  volumes, 
mais  les  Turks,  dans  leur  ignorance,  ont  pris  les  deux  premiers  \o- 
lumes  de  fhistoire  de  JJuusaïn  ebn-Muliammed  elmeràcjla  pour  ceux  fie 
riîistoire  d'Ibn-Klialdoun,  et  les  ont  substitués  à  ce  dernier''^.  »  Dans 
une  Note  sur  le  (jrand  ourracje  historique  d'Ibn-Klialdoun,  Schulz  s'ex- 
prime ainsi  :  «  Sur  buit  volumes  in-folio  du  manuscrit  arabe  que  le 
catalogue  de  la  bibliotbèque  d'iJirabim-Pacha  donne  poui-  le  grand 
ouvrage  historique  d'Ibn-Khaldoun,  il  n'y  en  a  que  six  qui  appar- 
tiennent à  cet  auteur On  a  pris  par  erreur  les  deux  premiers 

(^)   Journal  asiatique,  1828,  I.  ],  p.  yyelsuix. 


.1  PREFACK. 

volumes  (le  l  Histoire  universelle  dellousaïn,  fils  de  Mohammed,  pour 
le  connnencemenl  du  Tarikli  dlliu-klialdoun;  et  l'on  a  été  assez  if^no- 
ranl  pour  ajouter  au  vrai  litre  de  l'ouvrage  de  llousaïn,  crlui  de 
j_j>N--s-iIj  f«-#^j^  <T>r*-'l  ^'y*>^y  s-AjJt  t_>i-*-J  ,  qui  est  le  lilre  même  de 
l'ouvrage  d'Ibn-Klialdoun.  Mais  il  ne  faut  qu'un  seul  coup  d'œil  pour 
voir  que  ces  deux  volumes  n'ont  rien  de  commun  avec  l'Histoire  d'Ihn- 
Khaldouii.  l/ouvrage  de  Housaïii,  dont  ils  lonuciil  le  coujinence- 
ment,  |)orle  ce  titre  v-A-fJtjN-c  [Les  splendeurs  des  vies),  ou  bien  celui 
de  ?>LsswL  jJAX\ y>>^  ^  xyul  4_>ljo  [Livre  des  Splendeurs,  contenant  la 
buKjraphie  cl  l'Iiisloire  des  rois).  L'auteur  a  composé,  suivant  sa  préface, 
cet  intéressant  ouvrage  à  la  cour  des  Ghaznévides ,  et  par  ordre  du 
roi  Aboul-Modhaffer  Nasr,  fils  de  Naser-eddin  Abou'l-Mansour.  Les 
deu\  premiers  in-folio,  qu'on  a  pris,  comme  je  viens  de  le  remarquer, 
pour  ceu\  de  l'Histoire  d'Ibn-Klialdoun,  donnent  l'histoire  des  rois  de 
Perse  depuis  Caïoumourts  jusqu'à  Yezdedjerd,  fils  de  Schehériàr,  le 
dernier  des  Sassanides.  Ces  deux  volumes,  reliés  en  un  seul,  sont  d'une 
fort  belle  écriture  neskhi;  on  y  trouve  apposées  toutes  les  voyelles. 
Les  titres  sont  en  or  et  en  caractères  rekaïs;  les  vignettes,  en  or  et  en 
caractères  cufîques.  D'après  une  note  de  la  main  du  copiste,  cet 
exemplaire  a  été  écrit  en  l'an  697  ou  699  {^^t-^  ou  %-«o),  1201  ou 
i2o3  de  J.-C.  "" .  » 

Ces  indications  ne  sont  pas  entièrement  exactes  en  ce  qui  concerne 
le  contenu  du  manuscrit.  Celui-ci,  outre  l'histoire  des  rois  de  Perse, 
renferme  plusieurs  chapitres  relatifs  à  divers  peuples  de  l'antiquité, 
l'histoire  antéislamique  des  Arabes  du  Yemen,  de  Hîra  et  de  Ghassan, 
et  fhisloire  de  Mahomet.  De  plus,  un  nouvel  examen  du  manuscrit 
auquel  a  bien  voulu  procéder,  à  ma  demande,  M.  G.  Bay,  drogman 
de  l'ambassade  de  France  près  la  Porte  ottomane,  nous  permet  de 
rectifier  le  nom  ethnique  de  l'auteur  que  Schulz  a  transcrit  Elmeràghi 
.et  qui,  dans  le  titre,  se  lit  (^vit,  ainsi  que  l'indique  aussi  le  cata- 
logue lithographie  de  la  bibliothèque  d'Ibràhîm  Pacha. 

(')   Cftie  fatilf  Sf  trouve  peut  ('•tro  dans  le  maniisciit  de  Constiinlinoplc,  si  ci;  n'fst  jws 
siiuplcmi-iit  une  faute  d'impression.  —  (-)   Journ.  a.iiat.,  1828,  t.  I,  p.  i3(). 


PRÉFACE.  irr 

fjp  manuscrit  de  la  bilîliothèque  d'Ibiàhîm-Paclia  a  elt*  copii",  en 
i836,  pour  la  Bibliotlie([U('  alors  royale  de  Paris,  avec  les  volumes 
de  l'ouvrage  (ri])ii-Khaldoûn  parmi  lescpiels  il  était  placé.  Cette  copie 
porte  aujourd'hui  le  n°  i488  du  fonds  arabe  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale. A  part  YexpUcit  du  premier  et  du  second  livre,  qui  désigne* 
l'ouvrage  comme  une  partie  du  woJ!  <__>lx5  d'Ibn-Klialdoûii  et  dont, 
naturellement,  il  ne  laul  ])as  tenir  compte,  on  lil  à  la  fin  du  vohnue 
la  note  linaledu  manuscrit  de  Constantinople:  (_)Lx3  jj-o  ^_3iL;sj|  *yil  ^ 
?jLs=^|j  v^yUI  s-^-M,  ^  vpiJI.  Mais  le  nom  de  l'auteur  qui  se  trouve 
en  lèle  du  même  manusciil  a  été  supprimé  par  le  copiste. 

Le  second  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  le  n"  5o53  du 
fonds  arabe,  a  été  acquis  en  1891  à  Mossoul.  Sur  la  tranche  du  vo- 
lume fpii,  a|)|)aremmenl,  a  ét(''  écrit  au  wT  siècle,  on  lit  :  Jjji\  jJl^ 
j^^L«;U|  -^jh  ^^.  Le  commencement  de  la  préface  manque  et  a  été 
remplacé  par  un  feuillet,  ajouté  à  une  époque  récente,  qui  com- 
meiu'e  par  ces  mots  :  ^^^JLx-iJt  .p-A_5_iJ|  vX->jJ!  (L_5>j.  Ces  deux 
mentions  sont  probablement  tirées  de  divers  passages  du  texte  où 
des  remarr[ues  incidentes  de  l'auteur  sont  introduites  par  les  mots 
<~^^  4)1  ,_^j   ^L.xjLJ|^_^..:^.^^t    (ou  ^Ul    j^^t)   ^U"^!   Jii» 

ou  4)1  <^\  j^^UlSJI  jâ^v-a-^^j-»!  iLJL^jIt  jal«i\jJt)j  <_>u5Jt  i^j^  ijo 
'^— <s^''',  mots  substitués  |)ar  le  copiste,  ou  ])ar  le  copiste  d'un  ma- 
nuscrit plus  ancien,  à  la  simple  formule  <_>u5Jt  i_^j-^  Jls  du  ma- 
nuscrit de  Constantinople. 

En  résumé,  l'auteur  de  l'ouvrage,  dans  le  manuscrit  de  Constan- 
lino])le,  est  nommé  Al-Hosaïn  ibn  Moliammad  al-Marghanî,  et,  dans 
le  manuscrit  de  la  Bibli()thèc[ue  nationale  provenant  de  Mossoul, 
Aboû  Mansoûr  al-Tha'àlibi.  Or  ces  deux  noms  se  trouvent,  combinés 
en  un  seul,  dans  une  notice  cpi'on  lit  sur  la  marge  d'un  exe)nplaire 
manuscrit  du  Dictionnaire  bibliographique  de  Hadji  Khalfa,  le  manu- 
scrit 4459  du  fonds  arabe  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  porte,  au 

'''   Noyez  ci -après,  p.  43 1,  iioU'  i;  434,  note  3;  709,  note  4. 


IV  PRKFACE. 

folio  3^6  v",  tMi  rci^ard  <\v  larlicle  jv^,  raiiiiolation  suivante  :  j  vC 

^^^!JJ^  ?i-_m'  Jj-i^j  jji  <-iL<w  j  jJ:)kji\ j^_.y^  4)1  j.^  joo  ut  4fj! 

^jj-i5s;6v-^-4-  ^j-«^  ^j^  ^l!  v-^^!  ;^l  f-'i!  er*^''-  Maigre  rincon-eclioii 
(lu  titre,  l'ouvrage  ainsi  désigné,  —  les  premiers  mots  cités  et  l'in- 
dication du  contenu  le  prouvent,  —  est  celui  dont  nos  manuscrits 
forment  la  première  partie. 

L  erudit  musulman  qui,  au  siècle  dernier,  a  ajouté  cette  notice  aux 
listes  de  Hadji  klialla,  a-t-il  eu  sous  les  yeux  les  deiLX  manuscrits  qui 
nous  sont  parvenus?  On  serait  plutôt  porté  à  croire  qu'il  a  connu  un 
autre  exemplaire  de  l'ouvrage,  ou  transcrit  un  renseignement  plus 
ancien.  Mais,  quelle  que  soit  la  source  de  la  note,  il  est  difïlcile 
d'admettre  comme  authentique  un  nom  d'auteur  dont  le  copiste  du 
manuscrit  de  Constantinople  n'aurait  adopté  qu'une  partie,  et  celui 
du  manuscrit  de  Mossoul  une  autre  partie.  Le  nom  d'Aboû  Man- 
soùr  al-Hosaïu  ibn  Moliammad  al-^Iargliani  al-Tha'âlibî  est  inconnu 
dans  la  littérature  arabe.  H  n'est  mentionné  dans  aucun  recueil  bio- 
graphique, du  moins  dans  aucun  de  ceux  qui,  actuellement,  nous 
sont  accessibles,  et  il  n'est  cité  dans  aucun  ouvrage  historique  ou  litté- 
raire. Il  en  est  de  même,  d'ailleurs,  du  nom  de  Hosaïn  ibn  Moliam- 
mari  al-Marghanî  qui  figure  en  tète  du  manuscrit  de  Constantinople. 
Un  personnage  ainsi  nommé  jouait  un  rôle  politique  vers  la  fin  du 
VI'  siècle  de  l'hégire.  C'était  l'un  des  chefs  d'armée  du  prince  ghou- 
ride  Ghayâth  al-Din  et  de  son  successeur  Schihàb  al-Din'-'.  Comme 
If  manuscrit  de  Constantinople  a  été  copié  en  699  de  l'hégire*^',  et 
qu<',  d'après  la  description  qu'en  a  donné  Schulz,  il  est  exécuté  avec 

''   Wjy.  Hatiji  Kliaifa,  édition  fie  Fliigel .  '    Schulz  dit  :  ^^  ou  ^j— j    "  ">97    '>" 

t.   I\,    |).    319,  où   cette   note    est    repro-  •>99  »  [Jonrn.  asiat.,  1.  c).  Dans  ta  copie 

duite  entre  crochets.  Mais  le  nom  ethnique  de  la  Bibliothèque  nationale,  on  lit  :  ^ <««,-> 

de   l'auteur  cité  est,  par  erreur,  imprimé  ^jou-jj   (les  centaines  laissées  en   blanc); 

,^&*jll.   I,e  ras.  porte  ^i»*jA!,  sans  points.  dans  le  Catalogue  lithographie  de  la  biblio- 

"-'   Ibn  al-Athfr.  t.  \II,  p.  1  lô  et  suiv..  thèque  d'IbràhîmPacha,  *^l. 
121  r-t  suiv. 


PREFACE.  V 

un  certain  luxe,  on  croii'ail  volontiers  que  le  volume  a  été  écrit  pour 
ce  haut  personnage.  Mais  M.  Bay  a  l'obligeance  de  me  faire  savoir  que 
c'est  bien  l'auteur  que  le  litre  indique,  et  non  le  possesseur  :  jJt^t 

Je  ne  suis  pas  à  même  d'expliquer  ces  différences.  Tout  en  étant 
persuadé  que  l'indication  du  manuscrit  de  Constantinople  repose  sur 
quelque  erreur  ou  sur  une  confusion,  je  ne  voudrais  pas  afBrmei",  à 
raison  de  la  très  rare  occurrence  de  l'ethnique  ^^C^J.!,  qu'elle  ait  été 
inventée  de  propos  délibéré'''. 

Il  est  tout  à  fait  probable  que  le  copiste  du  manuscrit  de  Mossoul , 
ou  un  scribe  plus  ancien,  qui  a  attribué  l'ouvrage  à  Aboû  Mansoûr 
al-Tha'àlibî,  a  présenté  ainsi  sous  une  forme  abrégée  le  nom  du 
célèbre  littérateur  Aboû  Mansoûr  'Abd  ai-Mal ik  ibn  Mohammad  ibn 
Ismà'îl  el-Tha'àlibî.  Si  ce  témoignage,  à  cause  de  la  date  plus  récente 
du  manuscrit,  peut  paraître  avoir  une  moindre  autorité  que  celui  du 
manuscrit  de  Constantinople,  cei'tains  renseignements  qu'on  trouve 
dans  l'ouviage  lui-même  tendent  cependant  à  le  confirmer. 

L'auteur,  (huis  la  préface,  déclare  avoir  composé  cet  ouvrage  sur 
l'ordre  de  son  protecteur,  le  général  en  chef  de  l'armée,  l'émir  Aboû 
l-Mouzaffar  Nasr,  fils  de  Nàsir  al-Din.  Il  commencera,  (Ht-il,  par 
rapporter  l'histoire  des  rois  des  Perses,  depuis  Kayoûmarth  jusqu'à 
Yazdedjerd;  puis,  revenant  en  arrière,  il  présentera  les  principaux 
faits  et  les  plus  intéressants  de  l'histoire  des  rois  prophètes  d'Israël, 
des  Pharaons,  d'autres  rois  d'Israël,  des  rois  himyarites  du  Yemen, 
des  rois  arabes  de  la  Syrie  et  de  Tlràq,  de  certains  rois  des  Grecs,  des 
Indiens,  des  Turcs  et  des  Chinois,  en  relevant  quelques  traits  de  leurs 
croyances  et  de  leurs  coutumes.  Il  exposera  ensuite  la  vie  de  Mahomet, 
l'histoire  des  califes  ses  successeurs,  des  princes  de  la  maison 
d'Omaiya,  des  califes  abbasides  et  de  leurs  ministres  et  mandataires, 
d'Aboû  Moslim,  des  Barmakides,  des  Tàhirides,  des  princes  du  Se- 

(1;  ij^f"  est  le  nom  d'un  bouii^  du  Glioristàn  (Ibn  al-Athîr,  l.  <•.,  p.  1 15). 


VI  PRKFACK. 

(Ijeslàn,  (les  Sainanides,  des  Hanidànides,  des  Bouïdes  et  d'autres.  H 
écrira  l'iiisloire  du  règ^ue  prospère  et  glorieux  du  défunt  émir  Ncàsir 
al-Din  Ava  M-Dounvà  Aboû  Mansoûr  Soboktiguîn,  puis  celle  du  sultan 
régnant,  le  roi  de  lOrienl,  Vhoù  "1-Qàsim  Mahmoud  ibn  Sohokliguîn, 
l'ami  du  Commandeur  des  croyants'";  il  parlera  de  ses  hauts  laits, 
de  ses  nobles  qualités  et  éminents  mérites,  de  ses  campagnes  et  ses 
victoires  et  de  ses  officiers  et  ses  ministres.  Il  donnera  enfin  des  détails 
circonstanciés  sur  la  personne  (]u  prince  illustre,  le  ch(»l  de  l'armée, 
sur  ses  insignes  vertus,  ses  talents  et  ses  actions  de  guerre.  La  préface 
se  termine  par  des  vœux  pour  le  bonheur  et  la  gloire  du  même 
jirince. 

Le  ]nince  \boù  "l-Mozaff'ar  Nasr  ibn  Nàsir  al-Dîn  abî  Mansoûr  était 
le  frère  fin  sultan  Mahmoud  le  Ghaznévide.  On  connaît  les  principaux 
événements  de  sa  vie  par  \Al-Yamùu  d'Al-Otbi  :  l'aide  qu'il  prêta  à 
Mahmoud  pour  se  mettre  en  possession  du  trône  de  Ghazna;  la  charge 
de  comniiindanl  eu  cliel  de  l'armée  du  Khoràsàn  et  gouverneur  de 
^ischàpoûr  qu'il  remplit  durant  la  première  moitié  du  règne  et  ses 
campagnes  contre  les  ennemis  du  nouvel  empire,  notamment  contre 
le  prince  sanumide  Montasir  (Ismà'il  ibn  Noûh)'^'.  Ses  vertus  et  ses 
mérites  sont  dignement  loués  dans  le  panégyrique,  écrit  apparemment 
peu  de  temps  après  sa  mort,  qui  levmine  Y Al-Yamùiî,  et  avaient  été 
célébrés  par  les  grands  poètes  persans  qui  vivaient  à  la  cour  de 
Ghazna,  par  Daqîqî,  'Onsori,  Farroukhî,  Firdausî'^'.  Nasr  prit  part  à 
plusieurs  des  expéditions  de  Mahmoud  dans  l'hide.  En  896  de  l'he- 
gire,  pendant  que  les  troupes  de  Mahmoud,  et  apparammenl  celles 
du  Khoràsàn,  sont  eu":a":ées  dans  l'Inde,  Ilek-khàn  envahit  ses  Etats 
et  les  généraux  d'Ilek  trouvent   le  Khoràsàn  sans  défense.  En   4o4i 

^JMt^\J.>uo]  lij,    litre    oUicicl    qu'on  de  ces  poètes;  —  Madjnia'  al  -  Fousahd  de 

trouve  aussi  sur  certaines  monnaies  de  Mah-  Rida  Qouiî  Khàn  (Téfiéran,  lagô  de  l'h(''- 

nioùd.  o're),  tome  I,  p.  2i^,  355  et  suiv.,  /160 

!-)   \o\ez    'f)tl)î,    c-dilion    de     Sprenger  et  suiv.  —  Hanimcr,  Gcschichte  der  schônen 

(Delin',  18^7),  p.  i38,  i58,  i63  et  suiv.,  Bedekûnste  Pcrsians,  p.  /i6  et  suiv.  -—  /.e 

171  et  suiv.,  208,  332  et  lilio.  Livre  des  l'ois,  éd.  de  Molli,  t.  I,  p.  24  et 

'•*'   \oir  Daulatschàli  sous  les  i-ni)iifpie'.  Miiv. ;  I.  \,  p.  y 66. 


PRÉFACE.  VII 

dans  l'expédilion  do  Nàrdîu,  Nasr  commande  l'aile  droite  de  l'armée. 
Du  resle,  Al-'Otbi  et,  d'après  lui,  Mirkliond  rapportent  que  Nasr, 
après  avoir  résidé  à  Nîschàpoûr  quelques  années,  fut  rappelé  par  Mah- 
moud à  la  cour  et,  depuis  cette  époque,  demeuia  toujours  auprès  de 
sonlrère,  soit  à  Ghazna,  soit  dans  ses  expcflilions  '  .  Il  est  mort,  jeune 
encore,  vers  l'an  4i2  de  l'hégire  -. 

Dans  la  |)réface  dont  on  a  lu  plus  liaul  le  résume,  le  prince  Nasr  est 
représenté,  ainsi  que  son  frère  le  sulfnii  Miihmoûd,  comme  avani 
acconqili  de  hauts  faits  (h'  guerre  et  ayant  renqjorté  d'éclatantes  vic- 
toires. Dans  le  corps  du  texte,  au  chapitre  consacré  à  l'Inde,  l'auteur 
déclare  qu'il  rapportera  d'autres  renseignements  sur  ce  pays  quand 
il  liailera  de  l'histoire  de  Mahmoud '^l  De  ces  passages  on  peut  con- 
clure (|ue  notre  ouvrage  a  été  composé  à  une  date  déjà  éloignée  (\n 
commencement  du  règne  de  Mahmoud ,  vers  la  fin  du  quatrième  siècle 
de  l'hégire  ou  au  commencement  du  cinquième,  avant  l'an  ^i  5,  date 
approximative  de  la  nu)ii  (\i\  prince  Nasr.  Peut-être  même  est-il 
permis  de  fixer  ces  limites  (fune  fac;on  ])lus  précise.  En  parlant  des 
rois  ghassànides,  et  à  propos  du  nom  du  roi  Hàrith  ihn  Hàrith  ibn 
Hàiith,  l'auteur  cite,  d'après  Al-Djàliiz,  quelques  noms  analogues  ei 


1')  Al-'Otbi.  /.  .-.,  p.  o(>/i,  ;5;5a  cl  /l'ii. 
—  Histona  Gazncvidarum,  etlùl.  Wilki'ii . 
|).  97  et  suiv. 

'-)  CVst  la  date,  d'apivs  Firischtah,  de  la 
campagne  de  Mahmoud  contre  le  roi  Djaïpàl 
(voy.  Dovvson  dans  EHiot,  The  kistory  of 
Inclia,  t.  II,  p.  462),  avec  laquelle  s'arrête 
l'histoire  du  règne  de  Mahmoud  dans  l'ou- 
vrage d'Al-'Olbi.  —  M.  Ra\  erfy,  dans  sa  tra- 
duction du  Tahaqdti-Nàsiri[Loinlcti\,  1881, 
p.  84  et  suiv.),  rapporte,  en  note,  un  ré- 
sumé de  l'histoire  de  Mahmoud  lin-  d'un 
ouvrage  qu'il  ne  fait  pas  connaître  et  dont 
les  renseignements,  dit-il,  proviennent  tin 
«  Makâmât  of  the  'Amïd  Abu  Nasr  written 
by  the  'Amïd  Abû-1  Fazl,  Al-Baihakî  »  (c'est- 
à-dire,  je  suppose,  l'une  des  parties  du 
Jl  ^y  d'Al-Baïhaqî).  Ces  rensei- 


i;ni'mi'nls  oui  toutes  les  apparences  de  l'un- 
llicnticiti'.  On  y  trouve  la  relation  d'un  fait, 
peu  important  d'ailleurs,  relatif  au  prince 
Nasr,  à  la  date  de  l\  1 1  de  l'hégire.  Il  n'csl 
plus  fait  mention  de  Nasr  parmi  les  |)rinces 
de  la  cour  de  Ghazna,  fds  et  frères  de  Mah- 
moiul,  aux([uels,  en  4 16  de  l'hégire,  le 
calife  Al-Qàdir  bi'llàhi  conféra  des  titres 
d'Iioiineur  (Dowson, /oc. cî(.,  p.  474,  d'après 
le  Tabaqàt-i-Akbari]. 

'■')   Mss.  arabes  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale n"   i488,  fol.  247,  et  n°  5o53,  fol. 

2 1  ô  \"  :  ^jl  W  \ ,,..  ,1!  Ljilyo  ^Li^l  i 

»ljj j.  ta-»j  StLiL)  ^i  JUai  (jjjJi  j-ksb.  Aux 
mots  il'  M\  JUal,  le  scribe  du  ms.  5oj3  a 
substitué'  les  mots  UyjLiû-j  ^1  ^Lii. 


Mil  PURlWCF,. 

ajoute,  à  titir  de  rcmiiiiscciue  porsoiinclle,  que  IVIa  moûn  il)ii  Ma- 
moùn  ihn  Kliwarizinschàli  a\all,  lui  aussi, donne  le  nom  de  Manioûn 
à  son  Ids  «  (jui  résifl<>  dans  le  Sedjestàn^'' ».  (ie  lils  du  dciiiler  roi  du 
KInvarizni  n'est  pas  connu,  d'ailleurs.  Mais  nous  savons  que  le  sultan 
Maliiuoûd,  après  la  conqu(Me  de  ce  pays,  en  4o8  de  l'hégire,  avait 
eniniene  captils  les  niemlires  de  la  lainille  de  Ma  luoûn  et  leur  avait 
assigné  des  résidences  dans  dilï'érentes  ]n-()\inces  - .  On  peut  croire 
que  c'est  de  l'un  de  ces  princes  prisonniers  du  roi  ghaznévide  (pi'il 
s'agit  dans  le  passage  rapporté  ci-dessus.  Si  l'on  admet  cette  conjec- 
ture, la  date  de  la  composition  de  l'ouvrage  se  placera  entre  les  an- 
nées 4o8  et  4i2  de  l'hégire. 

Le  titre  de  ?jUà.|j  ^iijll  ws-**- j vt  qu'on  lit  dans  Vexplicil  du  ma- 
nuscrit de  Constantinople  est  tiré  de  la  préface  avec  une  légère  mo- 
dification. H  indique  très  exactement  l'objet  de  1  ouvrage  qui,  en  son 
cadre  de  chronique  universelle,  contient  les  principales  traditions 
relatives  aux  personnages  mythologiques  et  légendaires  et,  pour  les 
temps  historiques,  le  récit  des  événements  mémorables  et  des  laits 
et  gestes  saillants  des  divers  souverains.  Mais  dans  cette  narration 
sommaire,  les  anecdotes,  les  aphoi'ismes,  les  épisodes  pittoresques  et 
les  traits  d'esprit  occupent  une  grande  place.  Parmi  les  écrivains  qui, 
sous  le  règne  du  sultan  Mahmoud,  vivaient  soit  à  Nîschàpoûr,  soit  à 
Ghazna,  les  deux  résidences  successives  du  prince  Nasr,  auquel  l'ou- 
vrage est  dédié,  aucun  ne  paraît  aussi  particulièrement  signalé  comme 
auteur  d'une  telle  compilation  qu'Aboû  Mansoûr  al-Tha'àlibî ,  l'auteur 

tr:"  pî;-6-^  Jl  iSj-^  1— I  »3L-^!j  ^jiX\  i  yi  ^yL.  Ms.  5o5;5 ,  fol.  197  v".  (Dans  l'autir 

fj->  >i^,  'irl'j  jj«_«JI  <i)^J^M  ^  [.Iv^  IJ-)  p'yâ^  maiiiiscrit,  le  texte  est  corrompu.]   \oye/. 

it       ,  .     .      1  ,  ,,,  ii>  aussi,  plus  bas.  p.  wii. 

^  l-i   Voy.   Al-Baiha(|i,   «■d.   de    .Morl.7  el 

v^j^  JU  p5\^i)l  SiL,  i  ^J.,Ji  ^  tj-^  jy;    Lggj^  p.  802.  Le  Sedjestàn  faisait  i)artic 

jw  y_j-«'-^  *'— r-i)!  x.v  j  .  cy^l J^  tjUÛl  l'PS  VAa\.s  de  Mahmoud  depuis  ,'U)3  de  l'iié- 


PREFACE. 


(lu  }  atirnal  al-Dahr  et  de  lanl  d'auliTs  aiilJiologies  de  prose  et  de  vers, 
de  recueils  de  proverbes,  de  sentences,  de  curiosités  d'iiisfoire  et  de 
litlerature,  1  Un  des  maîtres  du  freine  littéraire  appelé  Sw-^^iL^t  Xc . 
Il  est  vrai  (pir  le  lilre  de  fjLsiwL  ^^UJ.!  >-6-*v  vpC  ou  plulot  jc^|  jyi 
i*s_i_4v.  LiLUt  (car  telle  est  la  leçon  de  la  prelace]  ne  se  rencontre,  à 
ma  connaissance,  dans  aucun  répertoire  des  diiïérentes  bibliothèques 
d'Europe  et  dOrienf.  On  a  vu  plus  liaul  qu'il  ne  llf^nirepas  non  plus 
dans  le  texte  oiiginal  du  dictionnaire  de  lladp  Khalla,  à  moins  (pie 
l'ouvrage  attribué  à  Al-Tlia'àlibi  par  le  savant  bibliographe  turc  et 
cité  évidemment  de  seconde  main,  sous  le  lilre  peut-être  incorrect  de 
^j-Li,\  ï^p,A__*«',  ne  soit  précisément  le  0^.1  jLà.1  x^,  autrement  dit 


1')  Vo>r<v.  |)Oiir  Irs  ()ii\r;if,'t's  di'  'l"li;i'à- 
libl,  Haclji  Klinin.,  .-(I.  (I,.  Fiu-rl,  I.  I, 
|).  i64  t'I  3.")o;  t.  il,  [).  'il,  '\:u)  il  '\\)^:, 
I.  m,  j).  r)8/i,  ôgo  et  ()/|i;  I.  I\ ,  p.  'i")(j; 
I.  V,  j).  ii-j,  ï^l  (compare/.  I.  VI,  p.  /io/i), 
289,  3i8,  367  et  485;  l.  VI.  p.  273  el 
.'108.  —  Plusieurs  ouvrages  que  Hadji 
KhnII'n  n'a  pas  connus  se  trouvent  dans 
tliflërentes  i)ii3li()llii"-c|U('s  :  f»j-Le  >S  cl  »-i  :< , 
»,5LJ1  Jli«l  i  i^UJ!  àji,  JLL^i)!  h-'ij-^- 
LJwlaJ!  i_j<-j!vJà,  tjUÎjH!  j-i-J,  dans  les  bi- 
bliotlièques  de  Constantinople  (Noyez  les 
catalogues  publ[(''s  par  Flûgel  à  la  suite  du 
texte  de  Hadji  Khalfa,  I.  VII,  p.  62,  n°'  720 
et  7.3.3;  p.  129,  n"  gf\'>;  p.  i3o,  n"  io/i5; 
p.  2/|4,  n""  70.1  el  707;  p.  24-'>,  n"  709; 
p.  322,  n°'  969,  9G1  et  963;  p.  io\, 
n°'  836,  839  et  8/u;  p.  317,  n"  773);  — 
AiLiJd'  iJ^  dans  la  Bibliothèque  khédi- 
viale  du  Caire  (Catal.,  t.  VII,  p'.  653); 
—  i_x>lIaAJi  ^_Àj|JàJi  ou  o*Aï!^I  civAiljj  dans 
la  Bibliothèque  Laléli  à  Conslaritiiiople  el 
dans  la  Bibliothèque  impériale  de  Vieiwie 
(voir  Hadji  Khalfa,  t.  Vil,  p.  3^7,  n"  790, 
et  Fliigel,  Die  arab.,  pers.  iind  tiirk.  Hand- 
schriften  der  hais.-Rvu.    Hofbibliothck    :ii 


M  icii ,  t.  I,  p.  333^;  —  \Xs-  tjLc  (j-o  tjU^ 
ç^j^la-»,  dans  la  Hibliotliècpie  Laléli  à  Coii- 
slanlinople  (II.  Kh.,  l.  VII,  p.  382,  n"  i63:)) 
el  dans  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris 
n"'  3'|01,  '1"  et  33o.),  1°);  —  oijLiaJ 
A-iLaï^l,  dans  la  Bibliothèque  de  Leyde 
(Catal.,  2'  rd..  I.  I.  j).  2.')9)  et  dans  la  Bi- 
bliothèque nationale  de  Paris  (n"'  /|20i, 
2",  sans  litre);  —  oijIIaAJt^  o»kX!!,  dans  la 
Bibliothèque  Bodiéieunc  d'Oxford  (Calai,, 
n"  2()'i,  6")  el  dans  la  Bibliothèque  impé'- 
riale  de  Vienne  (Catal.,  t.  III,  p.  270);  — 
•Sxxl^  Ja-j  «làili^yij,  dans  la  Bibliothèque 
(le  l.eyde  (Calai.,  2"  rd.,  l.  I,  p.  264);  — 
-«xJlj  ^^1,  dans  la  Bibliothèque  I.ali'li  à 
Conslanlinople  (H.  Kh.,  t.  VII,  p.  347, 
n"  793.  C'est  peut-être  le  titre  inconipl<'l  de 
l'ouvrage  *(^w«J!  ^iX-«  ^  o«_a-ïI_j_L!  o.a_sIj_> 
*^i}).  —  Celle  list(>  devra  èlre  contrôli'e  el 
peut-être  complétée  d'après  les  calalogui's 
récemmenl  publiés  à  Constantinople  el 
d'antres  répertoires  qui,  en  ce  moment,  ne 
sont  pas  à  ma  disposition.  Il  se  peut  aussi 
que  quelques-uns  de  ces  titres  désignent 
diverses  rédaelions  ou  éditions  d'un  seul  el 


X  l'RKFACK. 

On  sait,  parle  lénioii^nago  (rAl-Bakliarzî  ot  par  Ihn  Kliallikàu, 
l\'\traor(liiiain'  inionimce  dont  jouissail  M-TluVàlibi  |iarnii  ses  con- 
leniporains  ' .  Il  fait  coniiaihc  Uii-niènif,  i-ii  maint  passaj^c  de  sa  grande 
Anlliolonic^  oi  de  ses  autres  compilations,  indiquanl  pailoul  a\('(  un 
lonahle  soin  les  sources  de  ses  renseignements,  les  renct)nli('s  occa- 
>ionnelles  ou  les  relations  qu'il  entretenait,  non  seulement  avec  les 
nombreux  poètes  dont  il  rapporte  les  vers,  mais  avec  des  savants  de 
marque,  des  hauts  louctionnauTs,  des  vizirs,  et  aussi  avec  (pielques 


iiir-inc  ouvrage;  car  Tlia'àlihi,  parfois,  en 
ivinuniant  ses  U'aités,  en  modifiait  aussi 
les  litres.  —  Sur  un  ouM'age  iiitituli'  xi#" 
tUVjJI ,  conservé  dans  la  Bibliolhcqup  du- 
cale de  Gollia,  et  un  autre  qui  y  est  cité  sous 
le  titre  de  <i^l  V^i  ^o>-  Pertsch,  Die 
arabischen  Handschriften  der  herzoïjl.  Bi- 
bliothekzu  Gotha,  t.  III,  p.  iS;.  —  Ibn 
kliallikàn  (trad.  anglaise,  t.  II,  p.  i3<i)  et 
Hadji  khalfa  (t.  VI,  p,  270)  meutionuent 
un  Os*^._jJI  (j«ojj«.Mais  l'ouvrage  édite-  sous 
ce  litre,  en  1829,  par  Flùgel,  n'est  pas  de 
Tha'àlibî;  c'est  un  fragment  de  l'Anthologie 
de  Ràghib  (voy.  Zeilschrift  der  Dentschen 
Morgenlând.  Gesellschaft,  1.  \X\I\  ,  ]).  171'. 
11  est  douteux  que  le  titre  de  .Xaï>._jJ1  (j«>j1. 
attribué  k  l'ouvrage  contenu  dans  le  manu- 
scrit arabe  de  la  Bibliothèque  nationale, 
n"  33o4,  en  soit  le  titre  authenti([ue  et 
que  ce  recueil  soit  d'Al-Tha'àlibî.  —  Tha- 
'àlibî  est  aussi  l'auteur  d'un  graud  nombre 
de  poésies,  dont  la  plupart  sont  des  pièces 
(le  circonstance.  Elles  sont  insérées  dans 
plusieurs  de  ses  ouvrages,  notamment  dans 
le  Ahàsin  al-Mahâsin  et  dans  le  Klidsx  ul- 
Kàss.  'Quelques-unes  sont  aussi  reproduites 
dans  le  )  amînî  d'Al-'Otbî.)  Mais  elles  ne 
paraissent  pas  avoir  éli-  réunies  en  divan.  — 
Le  texte  de  l'ouvrage  principal  de  Tha- 
'àlibî,  le^^oJI  A.«yj,  connu  par  les  extraits 
qu'en  ont  publiés  divers  savants  (De  Sacy, 
Wolll",  MM.  Dietf-rici.  Barbier  de  Mevnard) , 


a  <'lé  inijMinié  en  i,'5o2  de  riu'giie,  à  Da- 
mas. —  Des  extraits  de  iùLfi*Jl  ^^llaJ  ont 
été  publiés  parP.  Cool  ;i  la  suite  de  la  grani 
maire  ai'abe  de  T.  Roorda,  à  Leyde,  en 
i83J.  —  L'une  des  rédactions  du  traité 
jLs?i)ij  jLrfe!  a  été  publiée  par  P.  Valeton , 
en  i8'i4,  à  Leyde.  (Sur  les  dilTérentcs 
formes  du  titre,  voir  p.  9G  de  cette  écUtion, 
la  note  de  Weijers.)  —  Le  ojUil  v_ijlla!  a 
t'té  publié  par  De  Jong,;i  Leyde,  en  1  (S()7. — 
Le  iùiXJI  Mi  a  ét('  publié  ;i  Paris,  eu  18G1, 
par  Rochaïd  Dahdah;  au  Caire,  en  18G7  et 
à  Beyrouth  en  1880,  par  le  P.  (Iheikho. — 
J.  de  Hammeradouui'  une  analyse  étendue 
du  V>^'  J^  '''""ns  1'*  Zeilschrift  der  Deul- 
schen  Morgeidàndischen  (ieselhchajl  (t,  \  à 
I\  .  —  Ln  volume  de  Mélanges,  conte- 
nant entre  autres  les  Iraili^s  i>LSi)I  iy  et 
(sic)  jLr^yij  \L:s?i)!,el  un  \olume  contenaul 
des  extraits  des  traités  iÂ'iLfJ^j.âi,  J**<<J' 
5j--èL^îj  ,  ^w^'  et  ioUXJI  i  *jLgJ!  ont  été 
imprimés  à  Constantinopii'.  «n  i3oi  de 
l'hégire.  —  Le  traite''  >>s**JI  J^j  *làiJÎ  yo 
a  été  imprimé  a  Damas,  en  i3o()  de  l'he- 
gire,  et  le  traité  JpUI  Jp^i.,  ii  Tunis,  eu 
1293  de  l'hégire. 

(^'  ^oy.  l'extrait  du  Doumyal  a/-0(/sr  dans 
le  Yalimal  nl-Dahr,  «'•d.  de  Damas,  l.  I\  . 
p.  '■)'>■[)■■  —  t'"'  Kliallikàn.  trad.  angl.  I.  11, 
p,   i'><). 


PRÉFACE.  M 

souverains  de  l'époque.  Il  cite  les  paroles  remarquables  de  ces  person- 
nages illustres  telles  qu'il  les  avait  entendues  de  leur  bouche*'',  et  leur 
dédie  ses  ouvrages  *"''.  Un  passage  très  curieux  du  Tadhkirat  al-Schou- 
'ard  de  Daulatschàh,  tiré  du  _^^.JL_«_)t  —.0',  montre  Al-Tlia'àlibï 
chargé  par  le  sultan  Mahmoud  d'une  mission  diplomatique,  délicate 
et  dilïlcile,  à  la  cour  de  Baghdàd'"*'.  Les  conversations  que,  dans  plu- 
sieurs de  ses  traités,  il  rapporte  du  frère  de  Mahmoud  prouvent  qu'il 
était  l'un  des  familiers  de  ce  prince'*'.  On  conçoit  donc  facilement 
que  l'émir  Aboû'l-MozalTar  Nasr  l'ait  engagé  à  écrire  ou,  comme  il 


(')  Voy.  l'djdz  wa'l-Idjdz,  ('■d.  de  Valeloii. 
p.  3o,  \i,  Aa  et  09;  —  Latâïf  al-Ma'drif, 
éd.  De  Jorijj,  p.  57  etsuiv.  et  129;  —  Ahâ- 
sin  al-Mahdsin,  ms.  arabe  de  la  Bil)lio- 
tlK'((iie  nationale,  n"  33o6,  fol.  173  v";  — 
Latâïf  al-Saliâba,  ms.  arabe  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  n°  /iaoi,  fol.  23;  — liard 
al-:ikbâd,  éd.  de  Constantinopic,  [>.  infi  el 
118;  —  Khdss  (il-Khdss,  éd.  de  Tunis, 
p.  /il. 

(-1  L,e  cijLn-li  uX>LLaJ  est  dédié  au  Sàhib 
Alx)ù'l-Qàsini  Ihn  'Ai)l)àd,  vizir  du  sultan 
Fakhr  al-Daula;  les  traités  c:>]^L^Ij  jlë 
et  ^— J-»  sont  dé(li('s  à  l'émir  Schams  al- 
Ma'àll  Qàboùs  ibn  Waschmguîr  (voir  lladji 
Khalfa,  t.  II,  p.  ^■.îo)■  le  i^SXjl  yS:  el  le 
**XJ!  Axi  à  l'émir  Aboù'l-Fadl  'Ôbaidallàii 
al-Mîkàlî;  le  ioUX-!l  i  *jL^  et  le  JàJ!  jii 
au  khwarizmschàb  Aboù'l-'Abbàs  Ma'moùn 
ibn  Ma'moùn  ;  le  oukil^l  <^^'jJ  est  dédié 
à  Aboù  'Imrân  Moùsà  ibn  Ilàroùn  al-Kordî 
[ou  al-Makoùdî);  le  Jo\M.  J^Là».  ii  Aboul- 
Hasan  Mousàfir,  etc. 

(■')  Ce  passage  (traduit  et  résumé  par 
D'Herbelot,  Bibliothèque  orientale,  article 
Mahmoud)  se  trouve  au  Tadhkira  dans  la 
Vie  de  Ghadàïr  Râzî.  —  j^^**"  ^^  était  le 
titic  spécial  de  la  partie  du  Jt  gjl— ' 
^JJSjx*M  (le  Baïbaqî  qui  traitait  du  règne 
de  Mahmoud.  D'après  ce  texte,  Tha'àlibî 


«'•tait  chargé  d'obtenir  pour  Mahmoud  un 
titre  d'honneur.  Après  de  longues  hésita- 
tions et  délibérations,  le  calife  conféra  au 
sultan  le  titre  de  ^J-».J^-^^^ j^\  d),  que 
Mahmoud,  k  cause  du  double  sens  du  mot 
Jj  [ami  et  serviteur),  fit  changer,  en  en- 
voyant au  calife  un  don  de  cent  mille  dir- 
hems,  en  çjjJ^^'i  jy>\  J,\j.  Cependant  nous 
voyons  <[ue  Mahmoud  est  désigné  par  le 
titre  de  (j-j^  *^l  j-!-*^  dj  "on  seulement 
dans  la  préface  de  notre  ouviage,  mais 
aussi  sur  une  de  ses  monnaies,  datée  de 
l'an  390  de  l'hégire  (voy.  Journal  of  the 
Royal  Asiatic  Society  of  Grcal  Britain  and 
Ireland,  t.  IX,  p.  3o8). 

(')  Voy.  Latâïf  al-Ma'drif,  éd.  De  Joug, 
p.  12  1;  —  Bard  al-Akbdd,  éd.  de  Constan- 
tinople,  p.  i39  et  suiv.; —  Khâss  al-khdss, 
éd.  de  Tunis,  p.  4i  et  suiv.;  —  Latâïf  al- 
Sahdba,  éd.  de  Cool,  p.  26  (où,  au  lieu  de 
jAob  jJdâl]  ^\ ,  il  faut  lire  ^«-aj^ilàii^jj!); 
—  rdjd:  wa'l-ïdjâz,  éd.  de  Valeton,  p.  3o, 
et  ms.  arabe  de  la  Bibliothèque  nationale, 
11°  33o5,  fol.  69  v"  (où  les  sentences  qui, 
dans  le  texte  du  ms.  de  Leyde,  sont  attri- 
buées au  Khwarizmschàb,  figurent  sous  le 
nom  d'Abou  1-Mozaffar  Nasr).  —  >oy.  aussi 
la  pièce  de  vers  de  Tha'àlibî  sur  une  vic- 
toire de  Nasr,  dans  'Otbî ,  éd.  de  Sprcnger, 
p.  1-2. 


XII  PREFACE. 

î^'exprimc,  lui  ail  coinmaïulé  de  composer  im  ouvrage  du  gcnit'  du 
(ihorar  Akhhdr  al-  Moloùk. 

\1-Tha'àlibi,  malgré  les  ressources  de  sa  facile  mémoire,  aimo  à 
se  rcncler.  Dans  plusieurs  de  ses  écrits,  il  a  reproduit  les  mêmes  tours 
de  laiif;aj>(',  les  mêmes  métaphores  et  hyperboles,  les  mêmes  expres- 
sions tirées  du  (loraii,  les  mêmes  historiettes,  bien  que  ces  Heurs  de 
iheloritpie  et  ces  ornements  soient  parfois  des  emprunts.  Les  noni- 
bn>u\  passaf^es  de  ce  genre  que  présentent,  d'une  part,  le  GJwrar,  et 
d'auti-e  part  le  Yatîmat  al-Dahr  ou  le  Moiibhidj,  le  Latdïf  al-Madrif,  le 
Tainlhil  ifa'l  \loli(i(lara,  le  iSatlir  al-Nazm,  le  Khdss  al-Khâss  et  surtout 
le  Sifir  al-Baldgha,  ne  peuvent  être  des  coïncidences  fortuites. 

Voici  fpu'lqnes  exemples  : 


o««»i  La  j— j;  civ*»-!.!  L*  JvLio  yl  ojij  yU,  ri-après  p.  i  'if)  et  suiv.;  — Silir  (d-IUi- 
lâqhu  .p.  1  ,)8  :  (j<»^*«I  L<  »>wi^5  ^j^  ^  (^*^  iS-^y°- 


ri-après  p.  .^i();  —  Siljr  al-B(dd(]lia,  p.    108. 

*iUl  oUX:-,!  i  »UvJ!  v*^  tJ^'  ci-après  p.  Sut;  —  Nathr  al-J\'a:m,  p.  5.'i  :  ^ji 

(ou  Ai)  l^  î)!  L0.XJ!  t^  il ,  ci-après  p.  104,  1  .'i  i ,  168,  38ç),   '|65;  —  Yatiniat  al- 
Dabr,  t.  I,  p.  50;  t.  Il,  p.  2  3  et  1  5  1. 

x^j^i^  V^'j  '^^  uy^^  ojàlS^,  ci-après  p.  168;  —  Siljr  al-lkdàxjha,  p.  9!^. 

iuULai  Jo(--Jij  »0^fcL^  5Ji,  ci-après  p.  56/|  ;  —  Sihr  al-Balâcjha ,  p.  i8n  :  ».>^L. 

IqU-.iL  j_j,aj^l^  l(|U....lj  j^  t^yL»,  ci-après  p.  56A;  —  Sdir  ai-BaUujha,  p.  i83. 
ojliOJI  JSi\  fl/i'>  cijl^LUl  jLc  ^Ljc::^! ,  ci-après  p.  5 6 A;  —  5j7ir  alBcdâijhu,  p.  182. 
iLJLiX!  »i.Lit,JI  ijU^I  ci»**^!,  ci-après  p.  1  '17; —  Silir  al-lkdâcjha,  p.  iGj  :  jJT 

^50,1  jU'  (s^i  a.L>ûiJl  o'**^  i  o^'  ci-après  p.  688;  —  Sihr  (d-Balàgha,  j).  yf). 

Dja  aI  *JM  ^,  ci-après  p.  27 '1 ,  3'i  2  .  /|o3  ,  'i7() ,  -"jo^ ,  669 ,  728  ;  —  Yalimiil.  (d- 
iJahr.  t.I.  p.  87;  I.  IV,  p.  63. 


PREFACE.  MM 

jj_iLj  J>  >!^j  ;l5**^  Js»^  »jO^-k>  jj.  ci-après  p.  3o8  et  ô-ç);  —  Silir  al-Rald(fha , 
p.  i8'i. 

i-jj^  3)  ^)^^  «'t  »'-»>>JU>  x*-:».pill  jji,  ci-après  p.  i6,  i45,  etc;  —  Sihr  al-Ba- 
lâ(fha ,  p.  1  y  I . 

x>»jL)  Jtfc  cio!  Ai>»t^,  ci-après  p.  63,    lai,   i-i;  —  Sihr  al-Balâglui .  p.  lyG. 

*jl_l,  ci-après  ]).  298,  3yi,  609,  6'i-j,  682;  — 5i^r  al-Balàgha,  j).  lyfi;  Laiiuf 
al-Maàrif,  p.  80;  Moubhidj,  p.  67. 

^Luâj!  ^jàAj  >>-<.l<fljj  ^UjJI  »<v.  cajÂil,  ci-après  p.   i64  et  270;  —  Sihr  al-Biilâ- 
^ta.p.  171. 

ci-après  p.  268,  271  ,  6o5;  —  Sihr  (d-Bnlàgha,  p.  172. 

J-rfU_Aj  ■.I.M>->lj^>->ll3Jo  tLiiclj  j>^  »L«àj  jJui  |j«jjj  i)l  ^  ^,  ci-après  p.  270  et  suiv.; 
—  Sihr  (d-Balùgha .  p.  171- 

*-a.L«jJ  fj^iLi  f^LolA  ^  si>[^]j  »j\.ys\  f  UOy  JjJi  *Xx3f  .  ci-après  p.  698  ;  —  Sihr 
nl-Balâgha,  p.  170. 

jj.X-«^t  j,  ^^Juûj  i^y>M.C'o  t.UoJI  ^j-«  r'-<yi  «jj*-»"  o<Xc.  ci-après  p.  '•>■-  '1  ;  —  Sihr 
al-Bald(jhu,  p.  171. 

-Ja^âi^  tjJa-ôI.  ci-après  p.  263;  —  Sihr  al-Bulàyha ,  |).  1  .')3. 

*(]--j  J^  j.La^  -"^'y  L:*"-  ci-après  p.  1  'lô  ;  —  Sihr  id-Balàgha,  p.  1  -'\  et  175. 

iUlili  J^  ç^.j  iuJàJl  jU  il^l  i  ^^Ji:*?.  ci-après  p.  1  3  1  ;  —  Sihr  al-Balâgha ,  p.  162. 

j^  -yw>  AjLol^  J>j(Ji  jj^u.  tL»j».t,  ci-après  p.  1  38  (comp.  p.  53Aj;  —  Sihr  al-Ba- 
lâ(jha .  |).  I  60. 

l^-iUsl  ^io^i)i  AiSCUj  Lgx«j(  Lu.>JI  *JI  oJLll.  ci-après  p.  \  '17  et  687  (comp.  p.  1  4);  — 
Sihr  (d-lhdùghct ,  p.   161. 

jJJUI  aUcU  oJijLt«-\,  ci-après  p.  391  et  466;  —  Sihr  al-Baldgha ,  p.  161. 

»yA«oj^v«<j  LjjJI  jl^tSj,  ci-après  p.  448;  —  Sihr  al-Balàghu ,  p.  1  70. 

^L_s  «_sJLk^  ^j^  hjlxj  yjj  ajK  *J  î-j  _^,  ci-après  p.  6  1  3  ;  —  Yatimnl  al-Dahr, 
1. 1\,  p.  3i4. 

[4**  LjoJl  (j— l^  ,»«»4  •  •  •  "^ÀJJ^  ^.  ci-après  p.  207;  —  Sihr  al-Balàtjha ,  p.  92. 


Mv  PRKFACE. 

!j  :  g  ,j_>â-jLj_j  ^y  o  i  !l  yù  Ub(^.  ci-apros  p.  '.'.o-;  —  Aalhr  al-}ni:ni,  p.  12-2 
(conip.  ihid..  p.  y  y). 

Xkii  T.  V  Jls  ^  âJUL»  I^IS'âjjL.  ,  ci-après  p.  iî  i  /i  ;  —  Silir  al-Balàcjhi ,  p.  9  '1 . 

Lâi^-j  l4.i:~.5l  Lui.  J^  l4J;l*'  ;>^  ù'^j'^'  '  *^'  îiprès  p.  3  1  3  ;  —  .SiVir  al-IkUâgha ,  ]).  88. 

*jtJ_ll  (j-«  jsîUi  v-Àilj  (j«»lajL>  .  . .  l^Xfw  A*i)!  liJUwJ!  U^i^j  'CLf^  '-b>^  U^jjU'î  (**J^I) 
ft  .  Vi  4!  Jl^  ^Li.  oikuj  *^j ,  ci-après  p.  3  2  6  ;  —  5(7ir  cilBalàgha ,  p.  9  2  ;  —  et ,  pour 
la  seconde  phrase,  enipiuntée  au  Sàhib  Ibn  'Abbâd,  Yatimat  al-Daltr,  t.  1,  p.  87. 

»Js«iI  yllsuwJ!  i<v=»j.  ci-après  j).  20; —  Yatimat  al-Dalir,  t.  Il,  p.  120;  —  Siltr 
al- Balàgha ,  p.  96  :  fts^j  ajJ\*«  (jlla.»,^  '\ 

»,tÀJI  i^y  ^J^  (j-^j'i  *^'  J'jj  ij*  (5^'  *'^>*  *L*yi;  3>^-  <^i-après  p.  3  1 5  ;  —  Sihr 
ul-Bal(i(}ha,  p.  112;  —  Tamtliil  ira'l-Mohâdara,  p.  'ly. 

x«,l^l  J^y^  ;t«,LJI  >JLJ1  ^^  l^Os^ai,  ci-après  p.  Sag;  - —  Siljr  al-Balàgha,  p.  1  ôg. 

l4j\yL*  ^j-«y  iJj  l^liaJu.  oLsr  xyçyi  ol^***  iy''^'  ci-après  p.  io2  ;  —  Siljr  al-Bald- 
<jha,  p.  9/1  et  suiv. 

*LuàJ!  x^it  U  --«JI  y*À.j  -«Jl  xyil  U  pLuJl^^jjji.,  ci-après  p.  709; —  Khûss  al-Khâss, 
p  Ô5  et  sui\.  (attribut'  à  Ibii  'Awàschj. 

JsjJviJI  ^jSJaiJI  J.*  «N>J*4i  ôjil  i  OyJ^^  iUi^o^,  ci-après  p.  -  10;  —  Kliâss  al-Khâss, 
p.  35  (d'après  'Abd  Saniid  ibn  Bâbak). 

*^  i)l  ^JJ,:>  i) ,  ci-après  p.  \lvii;  —  Latâïf  al-Maàrif,  p.  7  1  :  (»«5^  yji  J^  o-l-J'- 

jiii-l  Jtc  ys>Jlj  ;^I  J^  u«^l  »iL»j  •  ■  •  (•■«^  lt>olj.  ci-après  p.  \Lvii;  —  Silir 
al-Balàgha,  p.  109;  —  Latâif  al-Maârif,  p.  2;  —  Yatimat  al-Dahr,  t.  IV',  p.  2/17; 
—  Nathr  a/-Aaçm,  p.  92. 

yl_j_«.i)U  _;'._nj5JI  ^Lgiéu—lj  ylkJuJI;  J*!l  yftUoï^  ylSji)!  cyUi  ^j-«  iod^i  -àl  i}*  L«j,  ci- 
après  p.  \u\;  —  Sihr  al-Balàgha ,  p.  162    . .   ylSjiJ'  caLjb  *XA^  4Mi  iy*). 

Ce  qui  est  dit  fin  sauîcj,  p.  444,  d'après  Ibn  Khordàdhbeh,  se  Jil 
aussi  dans  le  Latâïf  al-Maârif ,  p.  7. 

Le  propos  de  Bahràm  Gôr,  ci-après  p.  55 7,  est  rapporté  égale- 
ment parle  Khâss  al-Klidss,  p.  "j 'i  et  suiv. 

f'  Ces  deux  derniers  tcxles  mollirent  qu'il  faut  rétablir,  ci-après,  p.  20,  la  leçon  du 
manuscrit  et  modifier  la  traduction. 


PREFACE.  XV 

Quelques-uns  fies  propos  gastronomiques  qu'on  lit  p.  706  el  707 
se  trouvent  aussi,  avec  quelques  variantes  et  sous  le  nom  de  Fadl 
ibn  Sahl  DhoiV  1-Riyàsataïn ,  dans  le  Latdï/'  al-Sahâba  (ms.  arabe  de  la 
Bibliothèque  nationale  n"  4201,  fol.  23)  et  dans  le  Kluiss  al-KIuhs, 
p,  48,  où  ils  figurent  sous  le  nom  de  Hasan  ibn  Sahl'^. 

L'observation  sur  l'égale  durée  du  règne  de  Schîroûya,  meurtrier 
de  son  père,  et  du  règne  du  calife  Montasir,  p.  780  ci-après,  se  lit 
aussi  au  commencement  du  chapitre  intitnié  isLà-j*^!  v^U^  3  ^Ji' 
Bard  al-Akbdd  (|).  1  1  i). 

Notre  ouvrage  renferme  un  grand  nombre  de  sentences  et  d'apo- 
phtegmes attribués  aux  rois  légendaires,  à  Alexandre,  aux  rois  arsa- 
cideset  aux  souverains  de  la  dynastie  des  Sassaiiides.  Ces  sentences  et 
apophtegmes,  tirés  en  partie  des  discours  des  rois  que  contenait 
l'ancienne  Chronique  royale  de  Perse,  en  partie  de  certains  recueils  de 
maximes,  ont  été  rapportés,  avec  des  variantes  plus  ou  moins  consi- 
dérables, par  divers  écrivains  arabes.  Ceux  qu'on  lit  dans  le  Ghorar  sont 
cités  en  termes  souvent  identiques  par  Tha'àlibi  dans  plusieurs  de  ses 
ouvrages,  le  Tamthîl  al-Mohâdara ,  le  Latâïf  al-Sahâha,  le  Ahâsin  al-Ma- 
hâsin,  le  Khâss  al-Khàss,  le  Bard  al-Akbâd,  le  Fdjâz  iva'l-Idjdz^~K  Les 
noms  des  personnages,  auteurs  supposés  des  sentences,  diffèrent  par- 
ci  Ali  lieu  (le  jjjJoLi  *Aàj  (t5«>s5l  S*Â)  «1-  d''  Naleton,  p.  i  j,  16,  29;  Ahdsin  al- 
(jj-^  ^^jj  des  inss.  «lu  GAorar,  on  lit  dans  Malukiii,  fol.  12;  Tamthil  al- Mohaâum, 
CCS  (lenx  textes  (ms.  /i20i:^j)  {^j^  Ç*à^  p.  (i  cl  17;  Khàss  al-Khàss,  p.  kk  et  72; 
i^j^  i#)J-  Cette  leçon  est  évidemment  Yalimat  al-Dahr,  t.  U,  p.  29;  —  ci-après 
prélérable.  p.  hk'-,  et  Khàss  al-Khdss,  p.   7^;  —  ci- 

'-'  Comp.  ci-après  p.  /jo,  66,67,  n3,  après  p.  606  à  608,  et  l'djàz,  éd.  de  \'a- 
ikçj,  et  Tamthil  al-Mohàdura,  p.  ij;rdjdz  jeton,  p.  18;  Tamthîl  al-Mohâdara,  p.  3  et 
wa'l-Idjdz,  éd.  de  Valeton,  p.  11;  —  ci-  17;  Bard  al-Akbàd,  p.  128;  Lalâif  al-Sa- 
après  p.  iô3,  et  Ahdsin  alMahdsin,  ms.  hdha,  éd.  de  Cool,  \).  5;  Ahdsin  al-Mahdsin, 
arabe  de  la  Bibliotlièque  nationale  n"  33o6,  fol.  9;  Khâss  al-Khdss,  p.  73;  —  ci-après 
fol.  03;  —  ci-après  p.  378,  et  Tdjdz,  éd.  p.  689  et  690,  et  Tdjâz,  éd.  de  Valeton, 
de  Valeton,  p.  12;  Tamthîl  al-Mohâdara,  p.  19  ;  Khâss  al-Khâss,  p.  73;  Thimdr  al- 
p.  17;  —  ci-après  p.  /ioo,  4o8,/li2,  4i3,  Qoloûb,  clans  la  Zeilschrift  der  deulschen 
et  l'djdz,  éd.  de  Valeton,  p.  i3;  Khâss  al-  morgenlând.  Gesellschajt ,  t.  IX,  p.  383; 
Khâss,  p.  72  ;  Ahdsin  al-Mahdsin ,  fol.  9  ;  —  Ahdsin  al-Muhdsin,  fol.  9;  —  ci-après  p.  609, 
ci-après  p.  ^6l,  /182,  /i83,  /i84,  et  Tdjdz,        et  KhcUs  al-Khâss,  p.  72. 


XVI  im;ki-\(;k. 

I(^is  :  tt'l  ;i|)li()iiMiu'  (luc  le  ( ihoinr  hiit  llj^iircr  an  nom  dn  roi  légen- 
daire Balinian ,  ti  le  Viljà:  an  non»  d  Islendivàdh,  ])ère  de  Balunan, 
a  été,  suivant  le  Tamtliil,  prononcé  pai'  Vrdaschîr;  tel  autre  qui,fraprès 
le  Ghorar  csï  d'Anoûscharwàn,  est  attribué  par  le  Tamtiul  à  Mahomet . 
(les  variations  sont,  paraît-il,  de  simples  inadvertances  de  lanleur; 
elles  se  lenconlienl  aussi  dans  un  seul  et  même  ouvivifj^e  ,  oii  une  sen- 
tence est  répétée  sous  deux  rubriques  différentes'". 

Les  vers  insérés  dans  notre  texte  sont  cités  également  dans  diverses 
anthologies  de  Tha'àlibi.  deux  notamment  qui  sont  empruntés  aux 
poètes  du  IV''  siècle  de  I  hégire  (igureni  dans  le  Yalîinni  aJ-Dahr.  Les 
vers  de  Mansoûr  al-Faqih  cités  ci-après,  p.  7,  sont  reproduits  aussi 
dans  XVdjd:  wa'J-ïdjdz,  édition  de  (lonstantinople,  p.  66;  le  vers  de 
1  ancien  poète  Basschàr  ibn  Bord,  ]).  7^,  est  cité  dans  VPdjdz,  édition 
de  Constantinople,  p.  \6,  et  dans  le  hfidss  al-Khdss,  p.  98;  le  premier 
des  deux  vers  sur  le  palais  du  vizir  Ibn-'Abbâd,  p.  398,  se  trouve  dans 
le  Yatîmat  al-Dahr,  t.  III,  p.  .).>;  les  vers  cités  p.  4o2  sont  cités  aussi 
dans  le  Bard  al-Alihdd,  p.  1  87  ;  le  vers  cité  p.  422  se  lit  aussi  dans  le 
Tamthil  al-Mo/iddara ,  p.  22;  les  vers  d'Ibn  Tabàtaba,  p.  445  et  suiv., 
se  trouvent  aussi  dans  le  Tliinuir  al-Qoloûh  (voir  Zeitschrijt  der  deuisclien 
morgenlàndiscfien  GeseUscha/t,  I.  \,  p.  187);  les  vers  d'Ibn -Lankak, 
p.  446,  sont  cités  dans  le  Yatimat  al-Dalir,[.  II,  p.  i24;  les  vers  d'Aboû 
'1-Fadl  al-Hamadhànî,  p.  4  '17^  ^onl  cités  dans  le  Yntlmat  aJ-Dalir,  I.  IV, 
p.  200,  et  dans  le  Klidss  al-Rhdss,  p.  i  .^2  ;  le  vers  de  Farazdaq,  ]).  586, 
se  trouve  aussi  dans  \rdjdz,  édition  de  Constantinople,  p.  4i;  l<^s  vers 
d'Al-Laddjàm,  p.  589,  sont  cités  dans  le  Yatimat  al-Dahr,  t.  IV,  p.  4  i; 
le  vers  cite  j).  691,  qui  esl  d' M)oiVI-Hasan  al-Djauharî,  se  trouve 
dans  le  Yatimat  al-Dahr,  t.  III,  p.  264,  et  dans  le  Niltdya  fi'l-Kiaàya , 
p.  194;  If's  vers  d'Aboû  Bekr  al-Khwarizmi,  p.  702  ,  sont  cités  dans  le 
Yatimat  al-Dahr,  1.  IV,  |i.  1  \>.-j ,  dans  XVdjd: ,  édition  de  Constantinople. 
p.  91,  et  dans  le  Khdss  al-Khdss,  ]).  i5o;  les  vers  d'Aboû  l-Fatli  al- 
Bosti,  p.  7o3,  sont  cités  dans  le  Yatimat  al-Dahr,  [.  ]\  ,  p.  2.11,  et  dans 

''!  Voyez  rdjâz  wa'l-jcijd: ,  ikl.  dcNalcloii,  \i.  \'.'>.  1.  (i  et  p.  'l'i,  1.  '1  (Teii  l)as. 


PRÉFACE.  xvu 

le  Khdss  al-Kkdss,  j).  ]55;  les  vers  de  'OlîaïdaHàli  ibn  'Abdallah  ibii 
Tàliii-,  |).  709,  sonl  cités  dans  le  Khdss  al-Khdss,  p.  56. 

J'ai  parlé  plus  haut  de  l'historiette  que  Tauteur  rapporte  à  propos 
du  nom  du  prince  ghassànide  Hàrith  ibn  Hàrith  ibn  Hàrith.  Le 
Latdïf  (tl-Madri/ ,  ouvraj^e  de  Tha'àlibî,  dont  l'authenticité  n'est  pas 
douteuse,  contient,  en  ternies  presque  identiques,  la  même  citation 
d'Âl-Djàlnz  et  la  phrase  dans  laquelle  l'auteur  se  met  en  scène  et  ra- 
conte un  iail  ])ersonnel''^.  Gependanl  If  texie  du  La/rti/" présente  une 
variante  cjui  ne  parait  pas  confirmer  les  conclusions  que  j'ai  cru  pou- 
voir tirer  fie  ce  passage  en  ce  qui  concerne  la  date  du  (rliorar.  Au  lieu 

de  ^ — j  ^4— «Lo  ^^yj  ^^^j./«Lo  v*-*  Lj»./oLo  ^Lc-*icàîo  «jû  ^'3ol  ^— *o 
^y«Le,  la  phrase  du  Latdï/  se  lit  ainsi  :  ^L_S=.  ^3^_J!  <-J 

^^»__*L^     % >  ^«.joL*  ^_j  ^â^Lo  ^L3\3  Ijâ-^Lo  ^L*..*«.^i^ .  Le  Ijildij  al- 

Madri/iWiuû  été  composé  aiilcrit'nii'incnl  à  l'an  38.1  de  I  liegire,  date 
de  la  mort  du  Sàhib  Aboù  l-Qàsim  Ibn  Vbbàd,  auquel  le  traité  est 
dédié,  et  le  OV/orar  plu  sieurs  années  a|)ies  I  axènement  du  sultan  Mali- 
moûd,  la  leçon  du  Latdïfi^vn  parle  du  séjour  du  lils  de  Ma  nioùn  dans 
le  Sedjestàn  au  temps  passé  est  en  contradiction  avec  ces  dates.  Mais 
le  texte  que  nous  possédons  de  cet  ouvrage  ne  peut  pas  être  la  rédac- 
tion primitive;  c'est  un  texte  remanié,  comme  le  prouve  la  formule 
4l!|  "^-^j,  dont  est  suivi  le  nom  de  Mahmoud,  et  le  nom  même  du 
Sàhib  (^l 


(')  iMtdif  til-Ma'diif,  éd.  tlo  P.  de  Joug, 
p.  57  el  sulv.  Le  passage  de  Djàhi/.  esl  cité 
aussi  dans  le  Bard  al-Akbdd,  p.  122,  mais 
sans  la  remarque  de  Tlia'àlibî. 

!2)  Éd.  de  P.  de  Jong,  p.  2  et  122. 
Comme  Ai-Tlia'âlibi  a  remanié  les  pre- 
mières éditions  de  certains  de  ces  ouvrages, 
il  est  diiricile  d'en  connaître  l'ordre  chrono- 
logique, bien  que,  dans  ses  nouvelles  pro- 
ductions, il  cite  fréquemment  ses  écrits 
antérieurs.  Dans  la  préface  du  Yatîinat  al- 
Dnhr,  l'aulenr  déclare  que  cette  anthologie 


est  uni'  rmuM'ili'  édition,  augmentée,  d'un 
livre  composé  en  38 'i  de  l'hégire.  Cette  se- 
conde édition  a  été  rédigée  longtemps  après 
la  première,  mais  encore  du  vivant  du  sul- 
tan Mahmoud  et  du  calife  Al-Qàdir  billàh 
(voir  éd.  de  Damas,  t.  IV,  p.  160  et  27.")). 
Le  Yali'niat  alDahr  est  cité  dans  le  Lalài'f 
nlMa'drif,  p.  .i3,  et  dans  le  Khdss  alKhds.s, 
p.  (j();  le  Sihr  (il-BaIdgha  est  cité  dans  le 
Yalimat  al-Dalii;  t.  II,  p.  17;  le  Monbhidj 
est  cité  dans  le  Ahdsin  al-Mahdsin  (ms. 
aiabi-  (le  la  Bibliothèque  nationale  n°  3.3o(), 


xvMi  i'RKI'u;k. 

\u  cliapilir  qui  tiailf  du  règne  du  (leniier  roi  giiassànide,  Djabala 
ibn  Aïliain  (ins.  1^88,  loi.  2  3'^;  ms.  ,^)o53,  fol.  198  v°),  Taulcur  ra- 
c'ontt'  (jiie  l<'  poète  Hassan  ihn  Tliàhit,  lorsqu  un  messager  du  |Miiice 
se  prèsenlail  chez  lui,  tendait  aussitôt  la  niain  pour  recevoii"  le  ca- 
deau  ([u'il   apportait.   H   lait    suivre  ce  récit  de  l'extrait  d'une   lettre 

d' Aboû  lslià(|  al-Sà]ii  :  ^J^~-^\  ^^  ^_^j_*«_ifc--u,t  l\j  iJijiSJ]  ^Jf«  Jls 

^■> — g — }  J^-i—jU!  ^  .>ux  ^  |tu/LâJI  ^1  J,t  41  <__>Uci  f^  !iLv^  ^L^v^Jf 

L^L_JJ_x)   U   J,t  -^— *Jt  tj_OJ^   w'Lii.X    j>!)^w**J|    ijl  ^t  J-S^   U^LXi^  (^)-*^ 

Ji  .♦  g  ,>^l  j,— >  4)^-^-?»-  Jj-^j  J^l  «..ii^u'  ;^.  ,^L."o!^  Itbô^^  L^.  Le  même 

extrait  de  la  lettre  d'AI-Sàhi  est  cité  parmi  les  niorceauv  choisis  du 
célèbre  écrivain    dans  le   lalimai  al-Dahr,  t.  II,   p.   27,  où  Tha'àlibî 

s'exprime  ainsi  :  di\. — ^^  ^ — Sis  ^J  (__>L*_S  ^J-o  '^À-.^a^  (d'  \I-Sàbi)  4)  cj|v3^ 
'^t  JLLI  iijjjJbj  !Jo^  4jcjJix_^|  4_aJI  (d'Adod  al-l)anla)  <J<^  c:-J-^^ 

De  ces  deux  passages  il  ressort  avec  évidence  que  le  Ghorar  Akhbdr 
al-Mohûk,  le  Latâïf  al-Maârif  et  le  Yatimat  al-Dahr  ont  été  écrits  par 
un  seul  et  même  auteur,  Aboû  Man.soûr  'Abd  ai-Mal ik  al-Tha'àlibi. 


II 

La  partie  inipoi'lanli'  du  (îliorar  Akhhdr  al-Moloùl, ,  dans  le  Aolume 
(jue  nous  possédons ,  la  seule  f|u  il  nous  a   pain  ulilc  de   publier,  est 

fol.   l.'i,  r>7  v°,  28,  5/|  v",  70  \",  etc.',  dans  et  3(jG},  el  dans   If  Kliàxs  al-khdxs ,  p.  .").">. 

yi'clja:,   ('-d.    de   Valelon,    p.     .42;    dans    le  l,c  di'iiiicr  cliapiln'  de  Siljr  al-Bahîfjha  est 

Tliimâr  al-'Qoloûb  ( \o'ir  Zeitschriff  dcr  ilciil  un  cxlrail  du  MuuhliidJ.  [,c  Kluhx  al-Khds.s 

schen  morgenlànd.  Gesellschafl ,  t.  \,  p.  181  a  été  composé  sous  le  règne  dn  snllan  Mas- 

et  l8->;  t.  VI.  p.  .")17;  I.  T\,  p.  '.Uj-i,  :\(j:\  '<>ùi\  (voir  l'cd.  de  Tunis,  p.   i  (mj   el    l8o). 


PREFACE.  MK 

celle  qui  est  consacrée  à  l'histoire  des  rois  de  Perse,  composée  à  peu 
près  à  la  même  époque  et  dans  le  même  milieu,  et  aussi  d'après  les 
mêmes  sources,  que  le  Schdhnâmeh  deFirdausî.  Les  sections  qui  y  font 
suite  ne  présentent  qu'un  intérêt  très  secondaire.  Ce  sont  quelques 
récits  détachés  se  rapportant  aux  «  rois  prophètes»  (Joseph,  David  et 
Salomon)  et  aux  «rois  appelés  Pharaons»;  l'iiistoire  sommaire  des 
rois  du  Yemen,  des  rois  arabes  de  Syrie  et  de  Tlràq;  l'histoire  des 
rois  de  Roûm,  c'est-à-dire  des  courtes  notices  sur  Alexandre,  les  Pto- 
lémées  et  un  certain  nombre  d'empereurs  (Au<^uste,  Constantin,  Jus- 
tinien,  etc.);  trois  chapitres  sur  les  croyances  et  coutumes  des  hidiens, 
des  Chinois  et  des  Turcs;  l'histoire  de  Mahomet  et  le  commencement 
de  l'histoire  d'Aboû  Bekr.  Parfois,  l'auteur  ajoute  une  réflexion  de 
son  jn'opre  fonds.  Ainsi,  établissant,  non  sans  confondre  les  personnes 
et  les  dates,  un  parallèle  entre  l'empire  grec  et  l'empire  musulman, 
il  énumère  les  étranges  coïncidences  des  événements  survenus  dans 
les  deux  Etats  et  les  traits  de  caractère  et  de  situation  par  lesquels  se 
ressendjlaient  leurs  souverains. 

On  peut  supposer,  au  contraire,  que  la  partie  de  l'ouvrage  qui  ne 
nous  est  pas  parvenue  contenait,  sur  les  événements  de  la  seconde 
moitié  du  iv"  siècle  de  l'hégire,  sur  l'histoire  des  Bouïdes,  des  Sama- 
nides,  des  Hamdanides,  et  autres  dynasties  dont  l'auteur  était  con- 
temporain ,  sur  l'avènement  de  la  famille  de  Sobolvtiguîn  et  sur  le  règne 
du  sultan  Mahmoud,  des  informations  de  première  source. 

Les  ouvrages  dont  l'auteur  s'est  servi  pour  composer  son  résumé 
d'histoire  sont  de  deux  sortes  :  une  chronique  universelle  qu'il  a  suivie 
généralement  mais  dont  il  ne  fait  nulle  mention,  et  un  certain  nombre 
d'autres  compilations  historiques.  Il  cite  en  plusieurs  endroits,  les 
chroniques  de  Hamza  d'ispahan,  d'Ibn  Khordàdhbeh  et  de  Tabarî. 

Les  passages  rapportés  d'après  Hamza  d'Ispalian  (^■Lgj.v^ifi  '■iys~  u^, 
sans  désignation  plus  précise ,  se  trouvent  tous  dans  le  texte  publié  par 
Gottwaldt  sous  le  titre  de^U^Nl]^  ^yl\  jJj}^  ^J^^  ^.j)^ou  /Vl  :^Jj. 


XX  prkfvcï:. 

Une  notico  sur  la  deslruclion  dvs  livres  ordonnée  par  Alexandre  et  sur 
le  massacre  des  prêtres  à  Babylone  (ms.  1 4^8,  loi.  :«43  v°;nis.  5o53, 
loi.  MO  \")  et  introduite  en  ces  termes  :  ,^;>-«^  ^.  Sy?- Jlsj 
/il!  Juyi  ^.yj^  <_>L^  <_)UO  ^  ^Lg_ft-v£>iil,  est  tirée  du  même  opuscule 
et  non,  comme  il   pourrait  |)araître,  d'un  autre  ouvrage  de  Haniza'''. 

Les  inlornialions  que  Tha'àlihî  a  (Mn])runlées  ;i  la  chronicpie  d'Ibn 
Kliordàdhbeh  ne  sauraient  donner  une  idée  précise  de  l'importance 
historique  de  cet  ouvrage,  dont  Mas'oûdî  a  fait  un  si  grand  éloge.'-' 
Quelques-unes  cependant  méritent  d'être  signalées,  celles  notamment 
qui  concernent  l'Iiistoire  légeudaire  de  Zaràdouscht  (p.  ^ôy  et  262), 
la  formule  de  correspondance  officielle  de  Bahman  ou  Kaï  Ardaschîr 
(p.  378),  qui  se  trouve  aussi  dans  Tabarî,  les  vers  arabes  et  persans 
de  Babràni  Gôr  (p.  556  et  suiv.)  et  les  circonstances  de  la  mort  de 
Mazdak  fp.  6o4)- 

Les  passages  cités  de  la  chronitjue  de  Tabari  sont,  en  général, 
exactement  transcrits  ou  résumés.  11  y  a  une  erreur  dans  la  repro- 
duction de  la  phrase  qui  indique  la  durée  du  règne  du  premier  roi 
arsacide  (p.  457  -'Pabarî,  I.  1,  p.  706  et  709),  et  Mâh,  nom  du  lieu 
où  périt  le  roi  Bahràm  Gôr,  a  été  changé  en  Mdh  de  Koâfa  (p.  067 
=  Tabarî,  1.  I,  p.  865). 

Dans  l'histoire  fies  rois  prophètes,  l'auteur  cite  Al-Moubarrad  el 
les  iAVaw«/<rd'Aboû'l-Hàrith  Djoumaïn  (ou  Djoumaïz)'^' et  aussi,  mais 
évidemment  de  seconde  main,  quelc[ues  anciens  commentateurs  du 
Coran  :  'Atà  al-Klioràsànî,  Aboû  'Âsini,  Al-Souddi,  Al-Qatàda  el 
'  \h(]  al-Rahmàn  ibn  Zaïd. 

'"'    Voxez    Uanizw    Ispulianensis    Annal.  V'cl.  de  Sacliaii,  j).    i  nT))  cl  ('signe  un  autre 

lAbri  A,  éd.  riollwaldt,  p.  ">■!.  I^es  extraits  ouvrage. 

<|«'AI-Bfroùnî,  dans  sa  Chronologie,  donne  '-'  T.  I,  p.  i.'i. 

sous  le  nom  de   Hamza,    paraissent  égale-  ■^'  Les  manuscrits  portent  ^aî~  et  (j*î-. 

ment   toutes  provenir   du  texte   (pie    nous  L'ouvrage  est  mentionné  dans  le  Mow/iffl?»(7i 

possédons.  Il  n'est  pas  certain  (pw   le   titn;  d'AI-Dliahabî  sous   le   titre  de  jài_jjJ!  cjUj 

de  (►«yi  ^Lj  gjl_jj  <_)bo     fpril    niriilioiiiic  Tt^'j  '''tl.  de  De  long,  p.  175). 


PRÉFACE.  \M 

Une  obsenalion  relative  à  l'identité  d'Alexandre  et  de  Dhoù  'i-Qar- 
naïn  (  ms.  5o55,  fol.  2  10),  reproduite  aussi  dans  le  Tliimâr  al-Qoloûb'^ , 
est  empruntée  à  un  ouvrage  d'Aboû'l-Hasan  'Alî  ibn  Wbd  al-'Azîz  al- 

Djordjànî  intitulé  :  yj^jjÔ\j  ?-<SjyJI  t.jU^' JI>Lm.^  ^^  t:i>L|j4^  t_)U5 
ixa^L^.  Je  n'ai  aucun   renseignement,  ni  sur  ce  traite  de  Djàhiz,  ni 
sur  le  commentaire  de  Djordjànî. 

En  parlant  de  la  doctrine  de  Mànî  (ci-après  p.  Soi),  l'auteur  cite 
le  ^vLJL  jJs-JI  c_)bo  d'Al-Maqdisî.  Au  commencement  du  cha- 
pitre qui  traite  des  croyances  et  coutumes  des  Indiens  (ms.  i488, 
fol.  347;  ms.  5o53,  fol.  2i5  v"),  il  mentionne  le  même  ouvrage  avec 
le  nom    complet  de  l'auteur  :  (_>LxS    ^  <jJJLj  U  LgA^  ^.^LS    LL 

r>-Ji-ll  y—iblX,   ^^.   .,  g  la   y   (ms.     l4o8   Zj\yJ\j   ^Jv^')   ^Jj^ljj^l 

l.a  première  partie  du  ^»uJI.  *Js>J'  t_>Uo  a  été  récemment  pu- 
bliée par  M.  Cl.  Huarf  d'après  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
d'ibràhîm  Pacha  à  Constantinople  "'.  Dans  ce  nianuscrit,  comme  dans 
le  Dictionnaire  bibliographique  de  Hadji  Klialfa'"'',  l'auteur  de  l'ou- 
vrage est  nommé  Aboû  Zaïd  Miinad  ihn  Sahl  al-Balkhî.  C'est  aussi 
sous  le  nom  d'Abon  Zaïd  cpiun  extrait  en  est  cilé  par  un  écrivain  du 
V'  siècle  de  l'hégire  '.  De  plus,  au  premier  chapitre  du  ^^x-Jl  t-jLo, 
l'auteur  mentionne  l'un  de  ses  ouvrages  antérieurs,  intitulé  c_>Uo 
rSjtxi\j  J^K  qiit^  Hadji  Khalfa  attribue  également  à  Aljoii  Zaïd  al- 
Balkhî'^). 

(')  Voy.  Zeitschrift  d.  deutschen  morçjeii  [loc.  cil.,  p.   i  ji)  et  suiv.;  qui  a  identifié  le 

lând.  Gesellschaji,  t.  M,  p.  5ol).  »N)  .>^  '^'^'^  1'^''  Aboù'l-Ma'âH    Mohammad 

f'^)  Le  Livre  de  la  Création  et  de  l'histoire  avec  Aboà  Zaïd  al-Balkhî.  Je  suppose  que 

d'Abon  Zcîd  Ahmed  ben  Sahl  cl-Balkhî,  pu-  le  passage  en   question   se  trouve  au  cha- 

blié  et   traduit    par  M.    Cl.  Huait.  Paris,  pitre    xii    non    encore    imprimé    du    tJo 

1899.  S)^5'  ^^^^^  M"'  b'aitc  de  l'Inde. 

'■"J   H.  klialfa,  t.  11,  p.  23.  (*'  Le  Livre  de  la  Création,  texte,  p.  M, 

'"'  Ch.  Schefer,    Chrestomathie  persane,  et  Préface,  p.  \v;  • —  Hadji  Khalfa,   t.  V, 

I.  1,  p.  il=v  et  i32  et  suiv.  C'est  M.  Schefer  p,  119. 


xMi  PRKFACK. 

On  peut  facileinonl  supposer  que  linloiination  de  Hadjl  Klialfa,en 
ce  qui  concerne  le  nom  de  l'auteur,  provient  du  manuscrit  même  de 
Constantinople,  le  seul  qui  soit  connu  de  l'ouvrage,  et  s'il  en  est  ainsi, 
son  témoignage  se  confondrait  avec  celui  du  copiste  dudit  manuscrit. 

Suivant  Al-Saiadî,  en  son  Dictionnaire  biographique,  et  aussi  selon 
Hadji  Khalfa,  Aboû  Zaïd  al-Balkhî  est  mort  en  822  de  l'hégire''^,  et 
!<'  iirbJL  *.X-Jt  (_>u^,  d'après  la  déclaration  lornidle  de  l'aufcur, 
comme  M.  Iluarl  le  constate  lui-même,  a  été  composé  en  355  de 
l'hégire '■'.  En  outre,  ni  cet  important  oua  rage,  ni  le  cSjLuIj  Xju\  t_>Uo 
ne  figurent  parmi  les  ouvrages  d' Al-Balkhî  énumérés  dans  le  Filirisl^^K 

Il  n'est  donc  pas  absolument  certain,  à  moins  que  la  partie  inédite 
du  texte  n'en  fournisse  la  preuve,  qu' Al-Balkhî  soit  l'auteur  du  <_>Ijl5 
^  nLU'.  *Js-aJ'.  l-e  savant  éditeur  ne  manquera  pas,  sans  doute,  au 
cours  de  sa  publication,  d'examiner  la  question  à  nouveau.  Le  ren- 
seignement apporté  par  l'auteur  du  Ghorar  Aklihàr  al-Moloàk ,  bien  qu'il 
soit  isolé  jusqu'à  présent  et  que  le  nom  de  Motahhar  ibn  Tàhir  al-Maq- 
disî  ne  se  rencontre  dans  aucun  des  recueils  biographiques  ou  biblio- 
graphiques que  j'ai  pu  consulter,  méritera  d'être  pris  en  considération. 

Je  ne  connais  pas  non  plus  l'auteur  cité  en  deux  endroits  de 
notre  texte  (ci-après,  p.  10  et  388)  sous  le  nom  de  Masoûdî  al-Mar- 
wazî.  11  semble  que  son  ouvrage  était  une  histoire  des  l'ois  de  Perse 
écrite  en  vers  persans  mouzdawidj  ou  mathnawî,  probablement  du 
mètre  motaqàrib,  le  mètre  habituel  de  la  poésie  épique.  Il  faut  sup- 
poser que  ce  poème  était  peu  connu  ou,  comme  d'autres  poèmes 
épiques  antérieurs  à  Firdausî,  n'embrassait  qu'une  partie  de  l'histoire 
nationale  et  même,  seulement,  les  exploits  de  quelque  héros;  car  si 
l'irdausî  alïlrnie  qu'avant  lui  personne  n'avait  songé  à  mettre  en  vers 

<■)  Vov.  Zeitschrift  d.  dentschen  morgen-  la  date  de  34o,  f|iit'  M.  de  Gooje  considère 

lând.  Gesellschaft,   t.  XXV,   p.    3i    (article  comme  résultant  d'une  erreur. 
<ie  M.  de  Goeje,-,  —  Hadji  Khalfa,  t.  \\  -'  Le  Livre  de  la  Création,  p.  6  (du  texte 

().    119.  —    Dans   deux   autres   endroits,  et  de  la  traduction)  et  Préface,  p.  ix,  note  .3. 
t.  Il,  p.  23   et   623,  Hadji  Khalfa,   donne  l^'  Éd.  de  Flùgcl,  p.  i38. 


PREFACE.  xxiii 

les  anciennes  traditions  de  la  Perse,  c'est  de  la  succession  complète  des 
règnes  qu'il  veut  parler  '''. 

Les  seuls  renseignements  que  l'on  possède  sur  Y Ayîn-Jidmeh ,  im- 
portant ouvrage  de  l'ancienne  littérature  de  la  Perse,  sont  ceux  que 
donne  Mas'oûdî  en  son  Kitâb  al-Tanbîli.  Le  Kitâb  'Oyoun  cd-Akltbâr 
d'Ibn-Qotaïba  en  renferme  plusieurs  extraits*^',  auxquels  s'ajoute  celui 
qu'on  lit  dans  notre  texte  (ci-après,  p.  i4  ft  suiv. ),  et  qui  est  |)roba- 
blement  tiré,  directement  ou  indirectement,  de  la  traduction  d'll)n  al- 
Moqaffa''*'.  Il  se  pourrait  que  les  détails  que  rapporte  Masoûdi  sur 
l'étiquette  de  cour  et  sur  la  hiérarcliie  sociale  établies  par  le  fondateur 
de  la  dynastie  des  Sassanides,  ainsi  qu'un  passage  du  neuvième  cha- 
pitre du  Marzebân-nâmeh ,  eussent  la  même  origine'*'. 

En  deux  endroits  de  notre  texte  (ci-après,  p.  ^63  et  h^'])-,  il  est 
fait  mention  de  «l'auteur  du  Livre  de  Schâhnàmeli  »  c-sUo  ^_/,:k.U^ 
<-«U  iLi.  La  première  de  ces  citations  pourrait  se  rapporter  au 
Schdhndmch  de  Firdausî  qui,  en  effet,  donne  sous  la  forme  Anijâsp 
le  nom  du  loi  de  Toûrân  que  Tabari  nomme  Kharsâsf  (et  Ibn  Khor- 
dàdhbeb,  d'après  notre  auteur,  Hazârâsf).  Mais  comme  Ardjdsp  est  la 
forme  de  l'ancienne  tradition  et,  ainsi  que  le  dit  Tlia'âlibî,  la  plus 
connue,  elle  devait  se  trouver  aussi  dans  d'autres  documents,  et  l'on 
ne  saurait  tirer  de  ce  rapprochement  une  conclusion  certaine.  Le 
second  passage,  au  contraire,  celui  qui  est  relatif  au  nom  du  premier 
roi  arsacide  et  à  la  durée  de  son  règne,  non  seulement  ne  se  trouve 
pas  dans  le  Schàhnàmeh,  mais  il  est  en  contradiction  formelle  avec  le 
texte  de    Firdausî.  Celui-ci  déclare  ne  pouvoir  faire  connaître  les 

'•')   K(l.  de  Molli,  t.  IV,  ]).  4/(6; — comp.  au  lieu    de  (j**i'').  —  Le  même  passage, 

Mas'oridi,  t.  II,  p.  ^fi.  sans  indication  de  la  source  (jvjjjS^Ui^Tyo), 

('■"  Voyez  la   notice  du  baron   V.  Rosen  est  cité  aussi  dans  le  Zoubdat  al-Tawànkh 

dans  les  Mélanges  asiatiques  tirés  du  Bal-  de  Hàliz  Abroù   (ms.  persan  de  la  Biblio- 

leiin  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  tlièque  nationale,  Suppl.  160,  fol.  197  v°). 
Saint-Pétersbourg ,  t.  VIII,  p.  776  et  suiv.  ('1)  Voyez  Moroddj,  t.  II,  p.  iSaet  suiv.; 

'''   Voy.  Kitâb  al-Fihrist,  p.  118,   1.  27;  comp.  ibid.  p.  2^0  et  suiv.  —  Fdkihat  al- 

comp.  p.  3o5,  I.    12  (où  il  faut  lire  {^)  Kholafd,  cd.de  Freytag,  p.  202. 


l'IlKl  ACE. 


années  des   rèj^iies  (les  rois  asclikaniens,  parce  (|uV'lles  n'élaienl  pas 
indiquées  dans  le  Livre  des  Rois  dont  il  reproduisait  le  récil  : 


^•1  B<X)â  ij'jvwÀk 


A-tb  jà  ^u> 


pU  ^-^   (jUi...Jjl 


Sans  doute,  au  inonientoù  a  été  composé  notre  ouvrage,  le  poème 
de  Firdausî  était  déjà  achevé  depuis  cpielques  années'-'.  Certaines 
parties  au  moins  étaient  sorties  des  mains  du  poète,  et  Tlia'âlibî, 
comme  d'autres  de  ses  contemporains,  a  pu  connaître  la  célèbre 
épopée.  Mais  il  est  douteux  que  l'ouvrage  fût  alors  assez  répandu  pour 
être  désigné  comme  le  Schàlinàmeh  ])ar  excellence,  ou  le  seul  exis- 
tant, et  son  auteui' comme  Iroj)  illustre  ])our  être  nommé;  car  tel 
serait  ie  sens  que  comporterait  la  phrase  <Jj)  .iLi  (_>Lx^  <_,^2»>Ln^  (jLi» 
si  elle  s'appliquait  à  Firdausî. 

On  sait  cpie  le  titre  de  Schàlinàmeh  n'était  pas  particulier  au  poème 
de  Firdausî.  Il  existait  sous  ce  titre  d'autres  ouvrages  en  langue 
persane.  Biroûni  cite  le  Schàhnàmeh  du  poète  Aboû  'Ali  Mohammad 
ibn  Ahmad  al-Balkhi,  et  un  autre  d'Ahoû  Mansoûr  ihn  'Abd  al- 
Raz7,âc['^'.  (le  dernier  ouvrage,  selon  ce  que  rajiporle  l'iuie  des  préfaces 
persanes  du  Livre  des  Rois  de  Fii'dausî,  a  été  conq)osé  >ers  le  milieu 
du  IV'  siècle  de  l'hégire  par  (piatre  savants  perses  pour  Alioù  Mausour 
ibn  'Abd  al-Razzàq,  seigneur  de  Tous,  et  serait  la  source  directe  du 
poème  de  Firdausî.  Bien  que  ladite  ])réface,  à  côté  de  cpichpies  ren- 
seignements exacts,  renlerme  nombre  d'erreurs  et  de  liclions,  M.  Nôl- 
deke,  dans  son  savant  travail  sur  l'épopée  nationale  de  la  Perse,  admet 
jusqu'à  un  certain  ])oint  comme  authentique  cette  version  coNcernant 


!')  Ed.  ck-M„l,l,  1.  \,  |,.  o.-jo. 

(^)  Voyez  sur  la  date  de  la  composilioii  du 
Schàlinâmeti  de  Firdausî,  Nôldoke,  l)as 
iranische  Nationalepos  (Strasl)()urf(,  1896', 
p.  2  1  et  suiv. 

''  Chronologie,  «-d.  de  Sacliau,  p.  99, 
I.  ij- 16,  et  p.  1 16.—  M.  le])aron  V.  Rosen, 
dans  son  Mémoire  sur  le  Khodàï-nànieti, 


eroil  qu'il  ne  s'ug^jt  pas  de  deux  ouvrages, 
mais  d'un  seul  Schâhnàmeli  eom])osé  par 
Aboii  'Alî  |)our  Aboù  Mansour,  et  il  consi- 
dère le  récit  sur  les  quatre  n'-dacteurs  du 
Schàlinàmeh  d'Aboù  Mansoûr  comme  apo- 
cry|)he.  (Ivi>  uoripocy  obi.  apaBCKHX'h 
nepeB04axi.  XyAâft-HâMa.  Saint-Péters- 
hourg,  i8i)3,p.  189  et  suiv.) 


PREFACE.  XXV 

l'origine  du  Sclidhnâmeh  (VlUn  Whd  al-Razzàf|  pI  du  poème  de  Fir- 
dausi'''.  Il  faut  reinarcjuer  cepcudaut  que  le  Scltàhnàmeh  d'ibn  'A])d 
al-Razzâq  couteuail ,  au  témoignage  d' Al-Biroûni,  sinon  l  histoire  plus 
ou  moins  complète  des  Arsacides,  du  moins  un  tableau  cluonologique 
de  ces  rois  - .  Or,  si  Firdausî  avait  eu  sous  les  yeux  cet  ouvrage,  il 
n'aurait  pas  écrit  les  deux  vers  qu'on  a  lus  plus  haut'' . 

Ce  n'est  pas  non  plus  au  Schâlindmeli  dlhn  'Ahd  al-Razzà(j  que  se 
rapportent  les  citations  de  Tha'âlibi;  car  celle  qui  est  relative  au  pre- 
mier roi  arsacide  et  à  la  durée  de  son  règne  est  en  désaccord  avec  le 
tableau  re|)r()duit  d'après  cet  ouvrage  par  Bîroiinî.  La  manière  dont 
Tha'âlibi  désigne  le  Livre  des  Rois  cité  par  lui ,  laisse  siqiposer  que  c'était 
un  ouvrage  généralcnKMit  connu,  comme  celui  qui  est  mentionné  par 
Ibn-al-Athîr  dans  un  j^ropos  attribué  an  sultan  Mahnu)ùd''''. 

A  côté  de  ces  ouvrages,  l'auteur  du  Gliorar  a  eu  comme  principale 
source  une  chronique  ([ui,  notamment  dans  la  partie  légendaire  de 
la  Perse,  avait  une  grande  analogie  avec  la  composition  qui  a  été  mise 
en  vers  par  Firdausî.  Non  seulement  les  anciennes  traditions  mytho- 
logiques, en  leur  succession  et  leur  enchaînement,  les  épisodes  et 
les  situations  se  suivent  parallèlement  dans  le  poème  et  dans  notre 
texte,  mais  les  détails  mêmes  de  la  narration  sont  souvent  identiques. 
Ferêdhoûn,  en  invitant  son  fils  Èradj  à  se  mettre  en  campagne  contre 
ses  deux  frères,  lui  dit  :  «  Il  faut  déjeuner  d'eux  avant  qu'ils  ne  soupent 
de  toi»  (ci-après,  p.  45).  La  même  exhortation  avec  la  même  image 
se  trouve  dans  le  discours  de  Ferêdhoûn  tel  que  le  rapporte  le  Schàh- 
nàmeh  de  Firdausî  (traduction  de  Mohl,  t.  I,   p.   i5o).  —  Manou- 

m  Dos  iraniscke  Nationalepos ,   p.   i4  et  '"  Il  en  serait  encore  ainsi  quand  même 

siiiv.;  —  comp.  Le  Livre  des  Rois.   éd.  de  on    voudrait    supposer    que    Firdausî,    eu 

Molli,  Préface,  p.  xvi  et  suiv.;  —  Noldelce,  composant  cette  partie  du  poème,  aurait, 

(}eschichte  der  Perser  and  Araber  ziir  Zeit  comme  en  d'autres  endroits  où  il  parie  du 

der  Sasaniden  aus  der  arab.  Chronik  des  Ta-  {j^jy-^  «^^  (par  exemple,  t.  IV,  p.  ioo), 

bari.  Préface,  p.  xxiii  et  suiv.  remplacé   le  texte  qu'il   suivait  habituelle- 

(■-'   Chronologie,  éd.  de  Sachau,  p.    ii()  nient  par  un  document  différent. 
et  suiv.  '    III»  alAthîr,  t.  IX,  p.  261. 


xv\i  PRKKACE. 

fcliilir,  en  poursuivant  Salni,  lui  adresse  ces  paroles  :  «0  roi,  pour- 
quoi iuir?  Je  t'apporte  la  couronne  pour  laquelle  lu  as  tué  Iradj!» 
(ci-après,  p.  63).  On  lit  de  même  dans  Firdausî  :  «  Tu  as  tué  ton  frère 
pour  un  diadème;  lu  en  as  trouvé  un;  jusqu'à  quand  courras-tu  dans 
le  chemin?  Maintenant,  ô  roi,  je  t'apporte  une  couronne  et  un  trône  » 
(traduction  de  Mohl,  t.  1,  p.  -.ioS).  —  Sàni,  après  avoir  lu  la  lettre 
de  Zâl  exposant  son  désir  d'épouser  le  lille  de  Milirâb,  dit  :  «Celui 
qui  a  eu  pour  nourriciers  des  oiseaux  et  pour  berceau  des  montagnes 
peut  seul  adresser  à  son  père  une  telle  demande»  (ci-après,  p.  83). 
Et,  d'après  Firdausî  :  «Quand  on  a  été  élevé  par  un  oiseau  sauvage, 
on  demande  au  sort  l'accomplissement  de  désirs  pareils»  (traduction 
de  Mold,  t.  1,  p.  ^79).  —  Manoufchihr  dit  à  Zàl  qui  demande  l'auto- 
risation de  retourner  auprès  de  son  père  :  «  Ce  n'est  pas  ton  père  que 
tu  désires  revoir,  c'est  la  fdle  de  Milirâb»  (ci-après,  p.  98).  Dans  le 
Schàhnàmeh,  on  lit  :  «  C'est  la  (llle  de  Milirâb  que  tu  désires  revoir; 
comment  serais-tu  si  impatient  de  voir  Sam,  fils  de  Neriman?  »  (trad. 
de  Mohl,  t.  I,  p.  335).  —  Kawàdli,  en  allant  combattre  Badlimân,  le 
héros  touranien ,  dit  à  son  frère  Kâren  qui  cherche  à  l'en  détourner  : 
«11  est  impossible  d'entrer  vivant  dans  l'autre  monde»  (ci-après, 
j).  1  10).  Le  Schàhnàmeh  contient  la  même  phi'ase  (trad.  de  Mohl, 
t.  1,  p.  398).  —  Afràsiyâb  dit  à  Piràn  au  sujet  de  Siyàwakhsch  :  «Je 
trouve  Kaïkàous  bien  étrange  et  m'étonne  qu'il  se  résigne  à  la  perte 
de  cette  image  de  beauté,  la  plus  accomplie  que  j'aie  jamais  vue» 
(ci-après,  p.  3o3  et  suiv.).  Schàhnàmeh  :  «Ensuite  il  se  tourna  vers 
Piran,  disant  :  «  Kaous  est  un  vieillard  de  peu  de  sens.  Qui  donc  peut 
«laisser  partir  avec  indifférence  un  fils  comme  Siawousch,  si  haut  de 
«  stature  et  si  bia\c.'  »  (tiad.  de  Mohl,  t.  11,  p.  3  i  1).  —  Siyàwakhsch 
dit  à  Pirân  :  «  S'il  est  décidé  dans  la  prescience  de  Dieu  que  je  demeu- 
rerai éloigné  de  l'Irânschahr  et  ne  verrai  plus  mon  père  Kaïkàous,  ni 
mon  maître  Pioustem,  et  que  tu  doives  pour  moi  les  remplacer  tous 
deux,  fais  ce  que  tu  jugeras  convenable»  (ci-après,  p.  2o5).  On  lit 
dans  Firdausî  :  «Siawousch  jeta  un  regard  sur  Piran  et  lui  dit  : 
"...  Si  je  IIP  dois  plus  retourner  dans  l'Iran,  si  je  ne  dois  plus  voir 


PREFACE.  xxvu 

«  ni  Kaous,  ni  Zal  qui  m'a  élevé,  ni  Rustem  qui  est  pour  moi  comme 

«  le  gai  printemps ,  alors  sers-moi  de  père,  prépare  pour  moi  ce 

M  mariage  »  (trad.  de  Mohl,  t.  II,  p.  327).  —  Il  est  dit  de  Kai  Khosrau 
quittant  Siyâvvnàbàdh  avec  Guêw  et  sa  mère  :  «  Le  cheval  qu'il  donna 
à  Kîw  volait  avec  ses  jambes,  et  celui  qu'il  choisit  pour  sa  mère  parais- 
sait avoir  aux  pieds  les  quatre  vents»  (ci-après,  p.  220).  Firdausî  : 
«  Ils  sellèrent  leurs  nobles  chevaux  aux  pieds  de  vent  »  (traduction 
de  Mohl,  t.  II,  p.  499)-  —  La  reine  Houmaï  reconnaît  son  fils  : 
«Quand  Dàrà,  parmi  les  soldats,  passa  devant  elle,  charmant  ses 
regards  par  sa  beauté  et  sa  noble  prestance,  le  lait  coula  du  sein  de 
Khomaï  et  son  cœur  lui  dit  que  c'était  son  fds  »  (ci-après,  p.  396). 
Dans  le  Schàhnàmeh,  on  lit  :  «Lorsqu'elle  vit  cette  poitrine  et  ces 
traits  qui  charmaient  les  cœurs,  le  lait  coula  de  son  sein  maternel» 
(trad.  de  Mohl,  t.V,p.  33)(". 

Ces  ressemblances,  qui  touchent  non  seulement  le  fonds  commun 
des  traditions  perses,  mais  aussi  la  forme  littéraire  de  la  narration, 
prouvent  que  les  deux  textes  remontent  à  une  source  commune. 
Cependant,  tout  en  tenant  compte  de  la  tendance  de  Tha'àlibî  d'a- 
bréger le  récit  et,  d'une  autre  part,  des  amplifications  que  Firdausî  a 
pu  introduire  dans  son  poème,  on  constate  entre  les  deux  composi- 
tions de  nombreuses  et  notables  différences  dont  je  me  bornerai  à  si- 
gnaler les  principales. 

Notre  ouvrage  contient,  sur  les  institutions  et  inventions  des  pre- 
miers rois,  des  détails  qui  ne  s'accordent  pas  entièrement  avec  ceux 
du  Schàhnàmeh,  et  il  donne  sur  Gayômarth  deux  traditions  emprun- 
tées à  Tabari  (t.  I,  p.  l^']).  L'une  de  ces  traditions  est  aussi  rap- 
portée par  Biroûnî  [ChronoL,  p.  99,  1.  22  et  p.  100,  1.  i)  d'après  le 
Schàhnàmeh  d'Aboû'Alî  al-Balkliî.  Les  récits  de  Firdausî  sur  la  lutte 

(')  Ci-après,  p.  297,  on  lit  que  Kourksàr  portant  une  figure  de  loup  L)iJjijX*.j  *iJj2i 

ressemblait  à    un  loup  monté  sur  un  aigle.  (éd.  de  Mohl,  t.  IV',  p.   382    et  482.  Le 

C'est  une  image  étrange,  et   le  sens  n'est  premier   passage  n'est  pas  correct.).   Il  est 

pas  satisfaisant.  Dans  le  Schàhnàmeh,  il  est  possible  que  dans  le  texte  de  Tha'àlibî,  il  y 

fait  mention  deux  fois ,  à  côté  du  nom  de  ait  une  erreur  et  que  le  mot  t->U*  «  drapeau  • 

Gouigsàr.    d'un    drapeau   des    Touranieiis  du  texte  original  ait  été  mal  compris. 


wviii  PU  K  FACE. 

(le  Gavôniarth  avec  Aliriinan,  sur  la  morl  dv  son  fils  Siàmak,  la  lutte 
(le  (îavc'iiiiarlh  et  de  Hôschang  contre  le  dèw  noir,  l'introduction  du 
culte  (lu  Feu  et  de  la  fête  d(>  Sadah  par  Ilôschang  et  sur  Schêdàsp, 
le  dastoùr  de  Tahmoûrafh,  inan(|uent.  L'histoire  de  Hôschang'  (p.  5 
et  suiv.)  est,  en  grande  partie,  conforme  au  texte  de  Tabarî  (t.  I, 
p.  171  et  suiv.)  et  certains  traits  de  l'histoire  de  Tahinoûrath  (p.  8 
fl  suiv.)  sont  analogues  (t.  I,  p.  170). 

Quelques  récits  de  Tha'àlibi  sur  Dahàk  (p.  17  et  suiv.)  manquent 
dans  Firdausî,  notamment  la  tradition  relative  à  la  sorcellerie  pra- 
tiquée par  Dahàk  (p.  24)  au  moyen  des  vestiges  du  langage  d'Adam 
et  d'un  tube  (origine  du  Schofar  des  Juifs) ,  tradition  rapportée  d'après 
'Pabari  (t.  I,  p.  174)-  D'autres  détails  sont  empruntés  cà  la  même 
chronique  avec  les  vers  qui  y  sont  cités  (t.  I,  p.  201  et  suiv.).  — 
Dahàk  lait  tuer  tous  les  enfants  de  la  race  royale  (p.  3o).  —  Un 
seul  fds  avait  été  enlevé  à  Kàweh  pour  les  serpents  de  Dahàk  (p.  32). 
Firdausî  parle  de  seize  fds. 

L'histoire  de  l'enfance  de  Ferèdhoùn  (p.  3i)  diffère  du  récit  du 
Schàhnàmeh.  —  La  scène  de  la  révolte  contre  Dahàk  (p.  34)  est 
placée  dans  la  résidence  même,  tandis  que,  suivant  le  Schàhnàmeh, 
Ferèdhoùn  marche  contre  lui  en  partant  du  Démawend.  Tabarî  rap- 
porte les  deux  versions  (t.  I,  p.  2o5).  —  Ferèdhoùn  lie  Dahàk  avec 
une  lanière  coupée  de  sa  peau.  — Manquent  dans  notre  ouvrage  les 
récits  de  Firdausî  sur  les  apparitions  du  Serôsch  à  Ferèdhoùn,  sur 
l'attentat  des  deux  frères  de  Ferèdhoùn,  sur  sa  rencontre  avec  les 
lilles  de  Djamschêd  et  avec  Koundraw,  le  lieutenant  de  Dahàk,  sur 
le  retour  de  Dahàk  de  l'Indostan  et  sur  la  mère  de  Ferèdhoùn,  ainsi 
(|ue  l'histoire  de  ses  trois  fils,  de  levir  mariage  avec  les  trois  filles  du 
roi  du  Yemen  et  de  leur  tentation*'-. 


'')  La  trailition, rapportée  par  Mirkhoiul  prétend  l'avoir  empruulée  à  Ibii  al-Moqai- 

et  d'autres  clironi([ueurs  persans  de  date  plus  fa'  ••!;■'- 1  (J^sh  '^^  )^  iS'{sic)  x*jtL!  (jjI 

récente,  d'après  laquelle  Tour  et  Salm  sont  o**»!  *:&•  iJjX*    (ms.    persan  de  la  Biblio- 

nés  d'une  fille  de  Dahàk,  Lradj  d'une  fille  thèque    nationale,    Suppléineut    n"    iGo, 

de  Schàliniard,  vient  de  Hàfiz  Abroù   qui  fol.    3  4. 


PREFACE.  xxK 

L'histoire  de  la  naissance  de  Manoulchihr,  fils  d'Erad  (p.  5 5  et 
suiv.  )  est  différente  du  récit  du  Schàhnàmeh.  L'explication  fantaisiste 
du  nom  de  Manoutchihr  est  apparemment  tirée  des  mots  persans 
^j^JL«oLo  et  v^a»-).  Le  discours  de  Manoutchihr  (p.  66)  qui  n'est  qu'un 
résumé  du  discours  que  rapporte  Taharî  (t.  I,  p.  437  et  suivJ,  est 
différent  do  celui  (ju'on  lit  dans  Firdausî. 

Zàl  est  nommé  Dastan  par  son  père  Sàm  (p.  70)  et  non  par  le 
Simourgh. 

Les  récils  du  Schàhnàmeh  sur  les  astrologues  consultés  par  Manou- 
tchihr au  sujet  du  mariage  de  Zàl  avec  Rodhàheh  et  les  énigmes  pro- 
posées à  Zàl;  sur  la  naissance  merveilleuse  de  Roustam  et  ses  prouesses 
pendant  son  enfance;  sur  l'éléphant  hlanc  et  la  forteresse  du  mont 
Sipand,  manquent  dans  notre  ouvrage. 

Manquent  dans  le  Schàhnàmeh  :  riiisloiredc  l'archer  Arisch  (p.  i33], 
dont  un  résume  se  li()u\e  dans  Taharî  avec  des  détails  différents 
(t.  I,  p.  435);  les  traditions  sur  Zaw,  sur  le  canal,  sur  la  ville  de 
Zawàhî  et  les  plantations,  sur  le  laste  de  ce  roi  et  ses  lihéralités 
envers  l'armée  (p.  i36),  traditions  qui  proviennent  de  la  même 
source  que  les  passages  correspondants  de  Taharî  (t.  I,  p.  532)  et  de 
Mas'oûdî  (t.  II,  p.  i3o  et  suiv.).  Manquent  aussi  les  détails  sur  le 
règne  de  Kai  Kawàdh  (p.  i38).  —  L'histoire  de  la  défense  de  hoire 
du  vin  et  le  conte  du  jeune  homme  et  du  lion  (p.  1^9  et  suiv.)  sont 
rapportés  par  Firdausî  avec  de  notahles  différences  sous  le  règne  de 
Bahràm  Gôr  ''. 

L'histoire  de  l'expédition  de  Kaï  Kàôs  au  Màzandaràn,  des  sept 
aventures  de  Roustam  et  de  la  délivrance  de  Kaï  Kàôs  manque  dans 
notre  ouvrage,  où  l'épisode  d'iblis  déguisé  en  chanteur  et  de  la  l'ésis- 
tance  des  grands  de  l'Iran  se  lit  au  commencement  de  l'histoire  de 


l^'  Ce  conte  est  rapporté   aussi  dans  le  la  Bibl.  nat.,  Suppl.  n"  i6o,  fol.  3o  \°  et 

Zoabdat  alTawârîkh   de   Hàfiz    Abroû,    à  suiv.).  L'histoire  de  la  découverte  du  vin 

propos  de  la  découverte  merveilleuse  du  vin  est  racontée  également  par  Mas'oùdl,  t.  Il, 

par  Djamschèd.  La  version  de  Hàfiz  Abroû  p.  88  et  suiv.). 
est  celle  de  notre  ouvrage  (ms.  persan  de 


xM  PRÉFACE. 

l'expédition  au  Yemen  ou  pays  des  Hamàwaràn  ou  Himyarites  (p.  1 56 
ot  suiv.  ).  Manquent  également  différents  épisodes  de  l'expédition  de 
llaniàwaràn. 

Kaï  Kàôs  se  rend  au  Yemen  par  terre  (p.  i58).  Prisonnier,  il  est 
enfermé  dans  un  puits  et  Sôdliàneh  le  visite  chaque  jour  (p.  109  et 
suiv.). 

La  relation  de  Tha'àlibî  est  indépendante  de  l'histoire  de  cette  ex- 
pédition, rapportée  par  Tabarî  d'après  Ibn  al-Kalbi  et  brièvement 
résumée  (t.  I,  p.  6o3  et  suiv.).  Peut-être  le  vers  de  Dhoû  Nowàs 
(p.  162)  est-il  emprunté  à  Tabarî;  mais  la  citation  peut  provenir  aussi 
d'un  ouvrage  plus  ancien. 

Kaï  Kàôs,  dans  son  ascension  au  ciel,  tombe  à  Sîràf  (p.  166),  non 
à  A  mol. 

Le  récit  de  Firdausî  sur  le  combat  des  sept  héros  et  l'histoire  de 
Sohràb  manquent  dans  notre  ouvrage. 

L'histoire  de  Siyàwakhsch  (p.  68  et  suiv.)  diffère  en  plusieurs 
points  du  récit  de  Firdausî.  Sa  mère  meurt  peu  de  temps  après  lui 
avoir  donné  le  jour.  Il  est  rappelé  du  Sedjestàn  par  son  père.  La 
femme,  complice  de  Sôdliàneh,  avoue  avoir  mis  au  monde  les  deux 
fœtus  (p.  i83).  Siyàwaklisch,  entrant  en  campagne  contre  Afràsiyàb, 
conduit  l'armée  au  Sedjestàn,  où  il  est  reçu  avec  joie  par  Roustam 
et  la  famille  de  Zàl  (p.  187).  Karsêwaz,  frère  d'Afràsiyàb,  à  l'approche 
de  l'armée  iranienne  commandée  par  Siyàwakhsch  et  Roustam,  aban- 
donne Balkh  sans  combat  (p.  189).  Afràsiyàb,  après  son  rêve,  déli- 
bère avec  son  frère  Karsêwaz  (p.  192).  Siyàwakhsch  est  égorgé  par 
Karsêw-az  (p.  211).  —  Les  autres  événements  racontés  par  Firdausî, 
le  tournoi  dans  le  Maïdàn,  le  mariage  de  Siyàwaklisch  avec  la  fdle 
de  Pîràn,  la  naissance  de  son  fds  Feroûd,  la  fondation  de  Kangdiz,  le 
premier  voyage  de  Karsêwaz  à  Siyàwakhschguird  (ou  Siyàwnàbàdh) , 
les  joutes  de  Siyàwaklisch  avec  les  Touraniens,  les  supplications  de 
la  fille  d'Afràsiyàb''^  et,  en  général,  l'une  des  deux  versions  rapportées 

(11  Sur  lawaie  forme  du  nom  de  la  fille  d'Afrâsiyâb ,  <^jiA— S'dans  notre  texte  et  (j«»*xjj» 
dans  leSchâhnàmeh,  vovez  Justi,  Iranisches  Namenluch,   j).  371,  s.  v.   Wispân-Frijâ. 


PRKFACE.  xxM 

par  Firdausi  sur  les  aventures  de  Siyâwakhsch  et  de  Kaï  Kliosrau 
dans  le  Toûràn,  manquent  dans  notre  chronique. 

L'histoire  de  la  campagne  de  Roustam  dans  le  Toûràn  est  briève- 
ment résumée  (p.  216  et  suiv.)  d'après  une  autre  version  que  celle 
de  Firdausi.  Manquent  l'iiistoire  de  l'invasion  de  l'Iran  par  Alràsiyâb 
et  de  la  famine  de  sept  années,  les  détails  sur  la  fuite  de  Kai  Kliosrau 
avec  Guêw,  les  récits  sur  le  refus  de  Tous  de  reconnaître  Kaï  Khosrau 
comme  héritier  du  trône,  l'aventure  du  château  de  Bahman  et  l'his- 
toire de  Feroùd. 

Deux  épisodes  seulement  de  l'histoire  de  la  guerre  entre  Kaï  Khos- 
rau et  Afràsiyàb,  racontée  avec  tant  de  développements  par  Firdausi 
et  assez  longuement  aussi  par  Tahari,  sont  rapportés  avec  quelques 
détails  par  Tha'àlibi  :  l'expédition  de  Kaï  Khosrau  à  Kangdiz,  à  la 
poursuite  d'Afràsiyàb  (p.  229  et  suiv.),  et  la  prise  d'Afràsiyàb  dans 
l'Adharhàïdjàn  (p.  282  et  suiv.).  Afràsiyàb,  après  avoir  été  capturé 
par  Ilôm  et  s'être  échappé,  est  repris  par  Godharz,  qui  tient  déjà  son 
frère  Karsèwaz;  il  est  tué  par  Kaï  Khosrau  et  enterré  avec  son  frère. 

Il  n'est  pas  fait  mention  dans  notre  ouvrage,  de  l'opposition  de  Zàl 
et  des  autres  chefs  à  la  désignation  de  Lohràsp  comme  souverain  ''l 

L'histoire  de  la  première  fuite  de  Wischtàsp  de  la  cour  de  son 
père  manque,  ainsi  qu'une  grande  partie  de  ses  aventures  dans  le 
pays  de  Roûm.  L'histoire  de  ses  relations  avec  l'empereur  et  de  son 
i-etour  dans  l'Iran  diffère  du  récit  de  Firdausi. 

La  notice  sur  la  fondation  de  la  ville  de  Fasà  et  la  construction  des 
temples  du  Feu  dans  l'Inde  (p.  2  55  et  suiv.)  est  empruntée,  paraît-il, 
à  Tabarî  (t.  I,  p.  675). 

Les  deux  fds  de  Wischtàsp  et  de  Katàyoûn  sont  Isfendiyàdh  et 
Feraschàward  (p.  2  56). 

Les  détails  sur  l'origine  de  Zaràdouscht,  sur  sa  prédication,  sa  doc- 

'■'  Hàfiz  Abroù,  dans   le  Zouhdatal-Ta-  eiiUe  la  maison  de  Lohràsp  et  la  famille  de 

wânkli,  dit  avoir  lu   dans  certaines   chro-  Zàl  et   qui  aboutit  au   meurtre   d'Isfendi- 

niqucs   c|ue  cette  opposition    de  Zàl  était  yàdh  par  Roustam  (ms.  persan  de  la  Bibl. 

Tune  des  causes  de   riiiiniitié   qui  existait  nal.,  Suppl.   i  60,  fol.  i  i  8). 


xvM.  PREFACE. 

trino  ot  sa  iiiorl  (p.  ^56  et  suiv.^  maïujuciil  dans  le  Schàhnàmeli.  La 
tradition  relaliM-  à  roiii^iiic  de  Zaràdouscht  et  à  la  conversion  de 
Wisclitàsp  et  son  zèle  pour  la  nouvelle  foi,  est  empruntée  à  Tabarî 
(t.  I,  p.  G48),  qui  la  rapporte  d'après  Ibn  al-Kalbî,  comme  aussi 
celle  qui  concerne  le  livre  sacré  apporté  par  le  prophète  (t.  I,  p.  GyS). 

Il  v  a  de  nondireuses  différences,  entre  notre  texte  et  le  récit  du 
Sclîàlinâmeh,  dans  l'histoire  de  la  guerre  que  Wisclitàsp  soutient 
contre  Ardjàsp.  Uischtàsp,  d'après  Tha'àlibî,  écrit  à  Ardjàsp  pour 
l'appeler  à  la  religion  de  Zaràdouscht  (p.  iCS).  Ardjàsp  recommande 
à  son  envové,  qu'il  fait  accompagner  par  mille  guerriers,  de  tenir  à 
W  ischtàsp  un  langage  sans  réticence.  Wisclitàsp  s'oppose  au  désir  de 
Zarèr,  d'isfendiyàdh  et  de  Djàmàsp  de  répondre  à  la  lettre  imperti- 
nente d'Ardjàsp  (p.  265).  Les  deux  récits  sont  en  désaccord  aussi  sur 
divers  points  de  la  prédiction  de  Djàmàsp,  sur  les  positions  et  les 
commandements  des  troupes  iraniennes  et  touraniennes,  sur  les  péri- 
péties de  la  bataille,  sur  quelques  noms  des  fds  de  Wisclitàsp  et  sur 
le  combat  de  Bastoùr  avec  Bîderafsch  (p.  266  et  suiv. ).  Le  petit  écrit 
pehlevi  intitulé  1^ cUkâr-i-Zar\râiv^\  qui  raconte  les  mêmes  événements, 
ne  s'accorde  entièrement  ni  avec  l'un,  ni  avec  l'autre.  L'épisode  du 
combat  de  Bastoùr,  cherchant  à  venger  la  mort  de  son  père  Zarèr, 
diffère  dans  les  trois  versions.  Seul  Daqîqî,  dans  le  Schàhnàmeh,  fait 
intervenir  Isfeudiyàdli  cl  lui  attribue  la  gloire  d'avoir  tué  le  meurtriei- 
du  héros.  On  lit  de  même  dans  Taljarî  (t.  I,  p.  677)  que  Bîderafsch 
fut  tué  par  Isfendivàdh. 

La  rencontre  d'isfendiyàdh  avec  ses  deux  sœurs  au  Château  d'airain, 
la  scène  du  banquet,  rattac[ue  du  château,  le  combat,  etc.  (p.  33  1  et 
suiv.)  sont  racontés  par  Firdausî  avec  des  détails  différents.  Il  ne 
mentionne  pas  le  trône  d'Afrâsivâb -l 


1'    Das    'iàtkâri  Zaïïrâu    unJ  sein    Ver-  l-J   Hà(i/.    Alnoù    p.irlf    aussi    du    tiôiie 

hàltniss    :uni  Sâhiiânie.    von    ^^".    Geiger  d'Afràsiyàb  en  énuméiant  le  butin    fait  au 

(dans  les  Sit:ungsberichle  der  philos.-  philol.  Cliâteau   d'airain  (nis.  persan  de  la  Biblio- 

und  histor.  Classe  der  kôn.  baverischen  Aka-  thèque    nationale.    Supplément    160,   fol. 

demie  der  Wissenschaflen,  Mùnchen,  1890  .  122  v°i. 


PREFACE.  XXXIII 

Un  corbeau  sert  de  guide  à  Bahman  (p.  348).  Roustani,  monté 
sur  le  'Anqâ,  est  transporté  dans  une  île  (p.  368  V 

Dàrà  est  exposé  dans  le  fleuve  d'Istakhr  ou  le  fleuve  de  Balkh 
(p.  395).  Manquent  dans  notre  ouvrage  les  récits  du  Schàhnàmeh 
sur  l'orage  et  la  préservation  miraculeuse  de  Dàrà  et  sur  Raschne- 
wàdli,  ainsi  que  l'histoire  de  la  victoire  remportée  par  Dàrà  sur  les 
Grecs  et  sur  SchoVil),  le  chef  arabe. 

Le  roi  Philippe,  pour  instruire  Alexandre,  fait  venir  les  sages  de  la 
Grèce  et,  parmi  eux,  Aristote  et  Ptolémée  (p.  4oi). 

L'histoire  du  message  de  Dàrà  à  Alexandre  et  de  l'envoi  de  la  balle, 
de  la  raquette  et  du  sésame,  et  (]<■  la  réponse  d'Alexandre,  manque 
dans  le  Schàhnàmeh.  Rlle  est  rapportée  par  Taliarî  (t.  I,  p.  695  et 
suiv. )  et,  en  partie,  par  Eulychius. 

Les  récits  sur  le  séjour  d'Alexandre  en  qualité  d'ambassadeur  an 
camp  de  Dârà  (p.  4o5),  sur  la  balaillc  et  le  meurtre  de  Dàià  par  les 
deux  chambellans  de  Hamadhàn  (p.  4o8)  et  sur  les  demandes  que 
Dârà,  avant  de  mourir,  adresse  à  Alexandre  (p.  4 10)  sont  différents 
dans  le  Schàhnàmeh.  La  scène  entre  Dàrà  mourant  et  Alexandre  est 
rapportée  par  Eutychius  (t.  I,  p.  '^77)  à  peu  près  comme  dans  notre 
ouvrage  et  quelques  phrases  sont  identiques  dans  les  deux  textes.  Bien 
qu'il  eût  accueilli  la  proposition  des  deux  chambellans  s'engageant  à 
tuer  Dàrà  (p.  4o8),  Alexandre  déclare  n'avoir  eu  aucune  part  à  sa 
mort  (p.  409  et  suiv.). 

La  parole  prononcée  par  Alexandre  au  moment  de  monter  sur  le 
trône  de  Dârà  (p.  4i4)  se  trouve  textuellement  aussi  dans  Tabari 
(l.  I,  p.  701).  La  notice  sur  la  destruction  des  temples  du  Feu, 
malgré  l'engagement  pris  envers  Dàrà,  le  massacre  des  mages,  etc.,  e! 
la  fondation  des  villes  (p.  4i4)  manque  dans  le  Schàhnàmeh. 

L'histoire  du  roi  indien  Kaïd  (p.  4^4)  a  plus  d'analogies  avec  le 
récit  de  Masoûdi  (t.  II,  p.  260)  qu'avec  celui  du  Schàhnàmeh.  L'his- 
toire de  Qaïdhafa,  racontée  avec  tant  de  développements  par  Firdausî, 
est  très  brièvement  résumée  dans  notre  ouvrage  (p.  432)  et  celle  de 
plusieurs  expéditions  fabuleuses  d'Alexandre  manque. 


XXXIV  PREFACE. 

Lliisloiro  de  l'expédition  du  Tibet  (p.  43/))  manque  dans  le  Schàh- 
nàmeh^'. 

L'histoire  de  l'expédition  d'Alexandre  en  Chine  (p.  436)  diflere 
coniplètenient  du  récit  du  Schàhuâmeh.  Ce  n'est  pas  Alexandre  qui 
joue  le  rôle  de  son  propre  ambassadeur,  mais  le  roi  de  la  Chine  qui 
se  rend  auprès  d'Alexandre,  demande  la  paix,  consent  à  toutes  les 
exigences  du  conquérant,  puis  lui  montre  sa  puissance  en  faisant 
entourer  l'armée  d'Alexandre  par  ses  nombreuses  troupes'""'. 

Les  lettres  d'Alexandre  à  Aristote  et  à  sa  mère  manquent  dans 
notre  chronique. 

L'histoire  de  la  mort  d'Alexandre  (p.  448  et  suiv.),  très  différente 
dans  le  Schàhnâmeh ,  a  une  grande  analogie  avec  le  récit  d'Eutychius 
(t.  I,  p.  286). 

Les  apophthegmes  des  philosophes  sur  la  mort  d'Alexandre  (p.  4>^o 
et  suiv.)  sont,  pour  la  plupart,  différents  des  sentences  qu'on  lit 
dans  le  Schànâmeh.  Le  plus  grand  nombre  se  trouvent  reproduits, 
souvent  textuellement,  mais  différemment  disposés,  dans  les  chro- 
niques d'Eutychius  (t.  I,  p.  289),  de  Ya'qoûbî  (t.  I,  p.  162  et  suiv.), 
de  Masoûdi  (t.  I,  p.  26 1  et  suiv.),  d'ibn  al-Amîd  al-Makîn  (ms.  arabe 
de  la  Bibliothèque  nationale,  i\°  294,  fol.  i34  V  et  suiv.)  et  d'Ibn 
al-Athîr  (t.  I,  p.  2o3  et  suiv.). 

On  a  vu  plus  haut  que  le  Schàhnâmeh  ne  contient,  de  l'histoire 
des  rois  arsacides,  que  quelques  noms.  La  liste  de  ces  rois,  dans  notre 
texte  (p.  456),  est  conforme,  sauf  quelques  variantes,  à  l'une  des 
listes  de  Tabarî  (t.  I,  p.  710)  et,  à  part  la  chronologie,  au  tableau 
rapporté  par  Bîroûnî  (^ChroiwL ,  p.  1 16)  d'api'ès  la  chronique  d'Aboû'l- 
Faradj  al-Zandjànî.  La  première  liste  de  Hamza  d'Ispahan  (p.  i4)  et 
les  deux  autres  listes  de  Tabarî  (t.  I,  p.  706  et  suiv.  et  p.  710)  en  dif- 
fèrent par  quelques  noms  et  surtout  par  la  chronologie.   Le  nom 

''1  Sur  la  particularité  du  Tibet  de  pro-  ('-'  Cette  version  est  reproduite  aussi  par 

duire  le  rire  et  la  gaieté,  voyez  aussi  le /,«-  Ibn   al-Athîr  (t.   I,  p.   200)   et  par  Hàfiz 

tâif  al-Ma'ârif,  éd.  de  P.  de  Jong,  p.  128;  Abroù  (ms.  persan  de  la  Bibl.  nat.,  Suppl. 

—  comp.  Mas'oùdî,  t.  I,  p.  35o.  n"  iGo,  fol.  i4o  v"  et  suiv. 


PREFACE.  XXXV 

(ïlrânschalirschâh  est,  selon  toute  apparence,  une  corruption  du  nom 
de  ^^êzan  (^V*j.  En  général,  cette  partie  de  la  narration  a  plutôt  un 
caractère  romanesque  que  légendaire.  Je  ne  sais  de  quelle  source 
pro>'iennent  les  contes  qui  y  sont  insérés,  notamment  l'histoire  des 
trois  anneaux  (p.  465  et  suiv.]. 

Le  récit  sur  la  découverte  du  drapeau  des  Kaianides  (p.  458),  la 
conquête  du  Sawàd,  l'invasion  de  la  Grèce,  la  vengeance  exercée 
contre  les  Grecs  et  la  reprise  des  livres  enlevés  par  Alexandre,  a  son 
parallèle  dans  Hamza  (p.  42) ,  où  la  guerre  de  vengeance  est  attribuée 
à  Schàpoûr,  fds  d'Aschak.  Tahari  (t.  I,  p.  704),  d'après  Ibn  al-Kalbî, 
la  rapporte,  comme  noire  texte,  au  premier  roi  de  la  dynastie  qu'il 
nomme  Aschak,  fds  de  Dàrà. 

Le  roi  Gôdbarz,  fds  de  Schàpoûr  (p.  462),  qui  venge  sur  les  Juifs 
la  mort  de  Jean,  fds  de  Zacharie,  est  appelé  par  Hamza  (p.  42  et  suiv.) 
Gôdharz,  fds  d'Aschak,  ])ien  que  ce  nom  ne  figure  pas  dans  ses  deux 
listes  des  rois  arsacides  (p.  i4  et  36),  et  par  Tabarî,  Gôdharz,  fds 
d'Aschkàn. 

La  notice  sur  Ardawàn  le  Grand  (p.  473,  1.  3  à  5)  se  trouve  tex- 
tuellement dans  Tabarî  (t.  I,  ]i.  709,  1.  1  4  et  i5). 

La  mort  de  Sàsàn,  père  d'Ardaschir  (p.  àjà),  n'est  pas  mentionnée 
dans  le  Schàhnàmeh.  La  fuite  d'Ardaschir  de  la  cour  d'Ardawàn 
(p.  477)1  la  poursuite  (p.  478),  la  prise  d'istaklir  et  la  bataille  livrée 
à  Ardawàn  (p.  4 80)  y  sont  racontées  d'après  d'autres  traditions.  Les 
récits  de  Firdausî  sur  le  sort  d'Ardawàn  et  de  ses  fils  et  sur  la  guerre 
contre  les  Kurdes,  l'histoire  du  Ver  et  de  Haftwàd,  celle  de  Mihrak, 
l'histoire  de  la  fille  d'Ardawàn,  de  son  frère,  du  Mobedh  et  de  la 
naissance  de  Schàpoûr  et  l'histoire  de  la  naissance  du  Hormizd  man- 
quent dans  notre  ouvrage.  Firdausî  ne  parle  pas  des  lettres  adressées 
aux  rois  (p.  479;  ce  récit  est  rapporté  en  termes  presque  identiques 
par  Eutvchius,  t.  I,  p.  366  et  suiv.),  ni  de  la  i-echerche  des  livres 
qu'Alexandre  avait  envoyés  en  Grèce  (p.  485;  il  ne  s'agit  pas  appa- 
remment du  fait  rapporté  plus  haut  d'Afqoûrschàh  ;  l'auteur  veut 
parler  des  livres  qui  auraient  été  sauvés  et  qu'Ardaschîr  fit  recuelhr 


xxxvi  PRÉFACE. 

en  Perse) ,  ni  de  rétablissement  de  l'ordre  des  niobedhs  et  des  hir- 
bedhs,  etc. 

Dans  l'histoire  de  la  guerre  de  Schàpoùr  contre  les  Romains 
(p.  488),  le  Schàhnàmeh  ne  mentionne  pas  le  siège  et  la  prise  de 
Nisibe'"';  il  rapporte  d'autres  faits. 

L'histoire  de  Hadr,  du  Daïzan  et  de  Nadira  (p.  489],  placée  par 
Eutychius  (t.  1,  p.  869)  et  par  Ibn  Qotaïba  (p.  322)  sous  le  règne 
d'Ardaschîr,  est  rapportée  dans  le  Schàhnàmeh,  avec  de  notables 
différences,  sous  le  règne  de  Schàpoùr  Dhoû'l-Aktài.  Taharî  (t.  I, 
p.  827  et  suiv.)  donne  également  de  cet  événement  d'autres  détails 
que  ceux  de  notre  texte.  Les  vers  d'Aboû  Do'àd  al-Iyàdî,  d'Al-A'schà 
et  de  'Adi  b.  Zaïd  (p.  492  et  suiv.],  reproduits  aussi  dans  Tabarî,  ne 
sont  pas  empruntés  à  cet  auteur,  mais  à  un  ouvrage  plus  ancien  ;  car 
Tha'àlibi  cite  du  poème  de  'Adi  un  fragment  plus  étendu  que  Tabarî. 

Firdausî  ne  rapporte  aucun  lait  de  Hormizd  et  de  ses  cinq  succes- 
seurs. Il  place  l'histoire  de  Mànî  sous  le  règne  de  Schàpoùr  Dhoù'l-Aktàf. 

La  campagne  de  Hormizd  contre  les  Haitalites  et  l'érection  de  la 
colonne  frontière  (p.  499]  ne  paraissent  avoir  été  attribuées  à  ce  roi 
par  aucune  autre  chronique  ancienne  '- . 

L'histoire  des  serviteurs  et  courtisans  qui,  terrorisés  par  Bahràm, 
lils de Bahràm, abandonnent  tous  ensemble  le  servicedu  roi  (p.  598), 
ne  se  trouve  dans  aucune  autre  des  anciennes  chroniques.  Elle  est 
contée  par  Hàfiz  Abroù  et,  d'après  lui,  par  Mirkhpnd,  ainsi  qu'une 
autre  version  (avec  changement  du  nom  du  roi  mis  en  scène)  de  la 
première  des  deux  historiettes  rattachées  au  récit  principal  et  qui 
provient  du  Marzebdn-nàmeh '^' .  Le  conte  rapporté  par  Mas'oùdi  (t.  II, 

'5  Le  fait  des  scorpions  de  Schahrazoùr  W  Hàfiz  Abroù,  ms.  pers.de  la  Bibl.  nat., 

lancés  dans  la  ville  de  Nisibe  est  raconté  SuppL  n°  160,  fol.    i8o   v°   et   suiv.;   — 

aussi  dans  le  Zoubdat  al-Tawàrlkh  de  Hàfiz  Pour  Mirkhond,  voyez  S.  deSacy,  Mémoires 

Abroû  (ms.  persan  de  la  Bibl.  nat. ,  Suppl.  sur  diverses  antiquités   de  la  Perse,  p.  297 

160,  fol.  178  V).  et  suiv.,  3oA  et  suiv.;  — comp.  Zeitschrifl 

1-)  Hàfiz  Abroû  donne  le  même  rensei-  d.  deulsch.  morgenlând.  GcseUschaft ,  t.  52, 

gnement  (ms.  pers.  de  la  Bibl.  nat.,  .Suppl.  p.  38o  et  suiv. 
160,  fol.  179]. 


PREFACE.  xxxvit 

p.  169  et  suiv.)  a  également  pour  objet  de  montrer  le  mauvais  gou- 
vernement de  Bahràm  au  commencement  de  son  règne  et  son  retour 
à  de  meilleurs  sentiments. 

Les  renseignements  sur  Narsê  (p.  Bog)  ne  se  trouvent  dans  aucune 
autre  des  anciennes  chroniques. 

L'histoire  de  la  grossesse  de  la  mère  de  Schâpoûr  Dhoû'i-  Aktàf  et 
de  l'enfance  de  ce  roi  (p.  S12)  diffère  en  plusieurs  points  du  récil 
du  Schàhnàmeh.  Notre  texte  s'accorde  avec  celui  d'Eutychius  (t.  I, 
p.  398)  et  avec  celui,  en  partie  identique,  d'ibn  Qotaiba  (p.  323). 
Un  passage  se  trouve  aussi  textuellement  dans  Taharî  (t.  I,  p.  336, 

1.  ifi-SO.) 

L'histoire  de  la  campagne  de  Schâpoûr  Dhoû'l-Aktàf  contre  les 
tribus  arabes  (p.  617)  s'accorde,  en  général,  avec  le  récit  de  Taharî 
(t.  1,  p.  839).  Les  deux  vers  tirés  du  discours  de  "Ali  sur  l'extermina- 
lioii  des  lyàdites  (p.  5 18)  sont  cités  aussi  dans  Masoûdî  (t.  II,  p.  178). 
L'histoire  de  la  captivité  de  Schâpoûr,  de  sa  délivrance,  de  la  bataille 
livrée  sous  les  murs  de  Djondaï-Schàpoûr  et  de  la  capture  de  l'em- 
pereur, racontée  à  peu  près  avec  les  mêmes  détails  par  Mas'oûdî 
(t.  II,  p.  i8i  et  suiv.),  en  partie  par  Taharî  (t.  I,  p.  884)  et  (quel- 
ques passages  dans  les  mêmes  termes)  par  Eutychius  (t.  I,  p.  4i8 
et  suiv.],  est  différente  dans  le  Schàhnàmeh''',  où  les  autres  faits  de 
guerre  de  Schâpoûr  et  l'histoire  de  sa  maladie  et  du  médecin  in- 
dien manquent.  Notre  ouvrage  donne,  sur  la  maladie  de  Schâpoûr, 
une  relation  plus  complète  que  les  autres  chroniques,  et  sur  un  point, 
le  choix  de  la  ville  la  plus  saine,  une  version  différente. 

Ardaschîr,  d'après  notre  texte  (532)  est  né  un  mois  après  Schâ- 
poûr d'une  favorite  de  Hormizd.  Dans  le  Schàhnàmeh,  il  est  le  plus 
jeune  des  frères  de  Schâpoûr;  il  règne  dix  ans  avec  justice  et  trans- 

(')  Une  autre  version  de  cette  aventure  daschîr  lui-même  se  rendent  à  la  cour  du 

avec   riiistoire   du  siège  de  Djondai-Schà-  Patrice  de  Roùni.  L'histoire  romanesque  de 

pour  et  de  la  capturr   de   l'empereur,   est  la    délivrance    d'Ardascliîr    est  également 

racontée  par  Hâliz  Abroù.  Dans  ce  conte,  différente  du  récit  de  Firdausî  (nis.  persan 

le  ministre  d' Ardaschîr,  Abarsàm,  en  qua-  de  la  Bibl.  nat. ,  Suppl.  160,  fol.  178  v"  et 

lité  de  marchand  et  de  médecin,  puis  Ar-  suiv.). 


wxvin  PREFACE. 

met,  au  terme  convenu  et  volontairement,  le  pouvoir  au  fils  de  son 
frère. 

Schàpoûr,  fils  de  Schàpoûr,  meurt  par  accident  (p.  533).  C'est  ce 
que  rapporte  également  Firdausî.  Mais  notre  texte  mentionne  aussi 
la  version  donnée  par  Daïnawarî  et  Tabarî  suivant  laquelle  ce  roi  a 
été  tué. 

Bahràm,  fds  de  Schàpoûr,  est  tué  après  un  règne  de  onze  ans 
(p.  536).  D'après  le  Schàhnàmeh,  il  meurt  de  maladie  après  avoir 
régné  quatorze  ans. 

Yazdedjerd  le  Mauvais  (p.  537),  suivant  le  Schàhnàmeh,  est  le 
frère  de  Bahràm.  Les  circonstances  que  rapporte  Firdausî  sur  sa  ma- 
ladie et  la  fontaine  de  Saw  manquent  dans  notre  texte,  comme  dans 
les  anciennes  chroniques. 

Les  détails  de  l'histoire  de  Bahràm  Gôr  (p.  539)  sont,  en  grande 
partie,  différents  du  récit  du  Schàhnàmeh  qui,  pour  divers  épisodes  de 
l'élection  du  roi  et  des  négociations  entre  Bahràm  et  les  grands,  est  d'ac- 
cord avec  Tabari.  Firdausî  ne  mentionne  pas  la  nomination  de  Mon- 
dhir  commeroi  des  Arabes,  ni  les  connaissances  de  Bahràm  Gôr  en  fait 
de  langues  étrangères.  Une  tradition  relative  au  talent  linguistique  de 
ce  roi  est  rapportée  aussi  par  Mas'oùdî  (  t.  II ,  p.  1 9 1  et  suiv.  )  avec  les  deux 
vers  cités  dans  notre  ouvrage  d'après  Ibn-Khordàdhbeh  (p.  556)''^. 
L'histoire  de  la  campagne  de  Bahràm  contre  le  Khàqàn  et  son 
aventure  dans  l'Inde  sont  conformes,  parfois  textuellement,  aux  textes 
d'Ibn  Qotaïba(p.  326),  d'Eutychius  (t.  II,  p.  81  et  suiv.)  et  de  Tabarî 
(t.  I,  p.  867  et  suiv.).  Les  autres  aventures  romanesques  de  Bahràm 
Gôr  racontées  par  Firdausî  manquent  dans  notre  ouvrage.  La  tra- 
dition, rapportée  dans  le  Schàhnàmeh,  sur  la  mort  de  Bahràm  Gôr 
diflère  entièrement  du  récit  des  chroniques. 

Yazdedjerd,  fds  de  Bahràm    Gôr,    laisse  aux  grands  le  soin   de 

(^)  Le  vers  persan  de  Bahràm  Gôr  (p.  557)  delà   Bibl.    nat.,    ancien    fonds    n°    320, 
est  souvent  cite  dans  les  Anthologies  poé-  fol.  4),  le  second  misrà'  aurait  été  une  ré- 
tiques.  D'après  le  yjJoSUJl  *<s>«j  de  Fakhrî  plique  de  l'amante  sous  la  forme 
b.  Mohammad  Amîr  al-Harawî  (ms.  persan  ,,jj^_^  ^  «^j>N?j  'jJ  Aj^  flj 


PREFACE.  x^xIX 

choisir  entre  ses  deux  fils  (p.  ôyS).  D'après  le  Schàhnàmeh,  il  désigne 
comme  son  successeur  Hormizd,  plus  jeune  que  Pêrôz. 

La  lutte  pour  le  trône  entre  Pêrôz  et  Hormizd  (p.  578),  les  deux 
campagnes  de  Pèrôz  (p.  078)  contre  les  Haïtalites  confondues  en  une 
seule  par  Firdausî  et  Ya qoûbî  (I,  p.  i84)  et  dans  deux  des  versions 
de  Tabarî  (t.  I,  p.  873  et  878),  ainsi  que  les  événements  qui  suivirent 
la  défaite  et  la  mort  de  Pèrôz  (p.  682],  la  compétition  de  Balàsch  et 
de  Kawâclh  et  la  fuite  de  Ka\Yàdh  (p.  583],  le  règne  de  Balàsch, 
l'avènement  de  Kawàdh  (p.  586)  et  l'histoire  de  Mazdak  (p.  596) 
sont  racontés  d'une  manière  différente  dans  le  Schàhnàmeh.  Les  dé- 
tails sur  le  règne  de  Balàsch  (p.  584)  y  manquent,  comme  dans  les 
chroniques.  Le  sobriquet  de  Kawàdh,  Berczâdhrîsch  (p.  695),  dont 
Firdausî  ne  fait  pas  mention,  se  trouve  aussi,  sous  une  forme  cor- 
rompue, dans  Hamza  d'Ispahan  (p.  56)  et  le  Modjmil  al-Tawârîkh 
[Journ.  asiat.,  18/1 1,  t.  I,  p.  4'^7;  i843,  t.  I,p.  426). 

Dans  l'iiisloire  d'Anoûscharwàn  (p.  6o4),  le  récit  du  massacre  des 
Mazdakites  et  la  mort  de  Mazdak  diflere  de  la  relation  du  Schàhnà- 
meh. La  scène  entre  Anoûscharwàn,  Mazdak  et  Mondhir,  rapportée 
d'après  Ibn  Khordàdhbeh  (p.  6o4),  a  été  reproduite  aussi  par  Ibn  al- 
Athîr  (t.  I,  p.  3i4)  t't  par  Hàfiz  Abroû  [Zoubdat  al-Tawârîkh,  ms. 
pers.  de  la  Bibl.  nal.,  Suppl.  160,  fol.  197).  L'histoire  de  Saif  b.  Dhi- 
Yazan  et  de  l'expédition  du  Yemen  manque  dans  le  Schàhnàmeh. 
Plusieurs  récits  du  Schàhnàmeh  manquent  dans  notre  ouvrage  :  la 
révolte  d'Anôschazàdh,  Bouzourdjmihr  et  le  Serpent,  les  exemples 
de  la  sagesse  de  Bouzourdjmihr  et  ses  discours,  la  guerre  du  Khàqàn 
avec  les  Haïtalites,  la  campagne  d'Anoûscharwàn  contre  le  Khàqàn  et 
son  mariage  avec  la  fille  du  Khàqàn ,  les  conseils  et  maximes  d'Anoû- 
scharwàn ,  la  nouvelle  campagne  dans  Roûm  et  l'histoire  du  riche  cor- 
donnier, etc.  La  longue  histoire  des  deux  princes  indiens  et  de  l'in- 
vention du  jeu  des  échecs  est  brièvement  résumée  (p.  624  et  suiv.). 

Une  grande  partie  des  aventures  de  Bahràm  Tchôbîn  et  de  l'his- 
toire de  son  usurpation  rapportées  par  Firdausî  manquent  dans  notre 
ouvrage.  Manquent  également  plusieurs  récits  sur  les  événements  du 


XI.  PRÉFACE. 

règne  (le  Parwèz,  comme  le  meurtre  de  Bindoëel  la  révolte  deBislàni. 
D'autres,  comme  l'histoire  de  la  fuite  de  Parwêz  (p.  665),  qui  s'ac- 
corde en  plusieurs  points,  parfois  textuellement,  avec  la  relation 
d'Eutvchius,  et  l'histoire  de  la  mort  de  Bahràm  Tchôbîn  (p.  679), 
sont  différents.  Les  circonstances  du  meurtre  de  Bahràm,  avec  le 
détail  du  jour  néfaste  de  Bahràm,  sont  rapportées  aussi  par  Aboû 
Hanîfa  al-Daïrjawarî  (p.  io3  et  suiv.)etpar  Ya'qoûbi  (t.  I,p.  igS). 
L'histoire  des  deux  musiciens  Sargis  et  Fahlabadh  (le  Bàrbad  de  Fir- 
dausî)  diffère  également.  L'histoire  de  Schîrin  (]).  691)  est  conforme 
au  récit  du  Schàhnàmeh,  mais  Tha'àlibî  paraît  faire  entendre  qu'elle 
avait  été  une  courtisane*''.  Il  manque  dans  le  poème  de  Firdausî  :  la 
notice  sur  les  faveurs  accordées  aux  chrétiens  (p.  671),  les  traits 
d'esprit  de  Parwêz  (p.  690)'"-',  les  propos,  gastronomiques  et  autres, 
du  page  Khwasch-Arzoû. 

Schîroûyeh  tue  ses  frères  (p.  728).  D'après  le  Schàhnàmeh,  les 
quinze  fils  de  Pèrôz  sont  égorgés  par  les  insurgés. 

Il  v  a  d'assez  nombreuses  différences  dans  les  récits  sur  les  derniers 
règnes. 

L  liistoire  du  songe  et  de  la  vision  de  Roustam  avant  la  bataille  de 
Qàdisîva  (p.  74  1)1  rapportée  aussi  dans  d'autres  chroniques,  manque 
dans  le  Schàhnàmeh. 

La  fuite  de  Yazdedjerd  (p.  74'^),  la  trahison  de  ■Nlahouï  (p.  "jà^) 
et  la  mort  de  Yazdedjerd  (p.  7/17)  sont  racontées  par  Firdausî  avec 
des  détails  différents.  Hamza  d'Ispahan  (p.  63)  donne,  sur  la  suite 
emmenée  par  Yazdedjerd  lors  de  son  départ,  des  indications  ana- 
logues à  celles  de  notre  texte. 

O  Voyez,  sur  les  difTi-rentcs  versions  con-  clans    le    Ta'rikh-i-Gouzklch    :    Parwêz,  en 

cernant     l'origine   de    .Schîrîn,    Nôldfke,  quittant  la  cour  de  son  père,  se  réfugia  en 

Geschichte  der  Perser  and  Araber  zur  Zeil  Arménie  où  il  s'éprit  d'amour  pour  Schîrîn, 

f/cr  Sasaniden  aus  der  arab.  Chronik  des  Ta-  la  fdle  du  roi  (Pàdiscliàh'  de  ce  pays  (ms. 

bari,  p.  283,  note  2,  et  Die  von  Gaidi  he-  persan  de  la  Bibl.  nat. ,  Suppl.  170,  fol.  56). 

rausgegebene  syr,  Chronik  ûberseizt  und  ci-  (-)   Sur  l'arc  de  Ilàdjib  h.  Zoràra,    voy. 

klârt,    p.  10,  note  3.  Une  autre   version,  lbiiQotad)a,  p.  -.uj-i.  L'histoire  de  la  bride 

San»;  v.ilpur  historique  d'ailleurs,  se  trouve  rompue  du  chtsval  de  Parwèz  est  rapportée 


PREFACE.  xLi 

On  remarquera  encore  que  les  discours  et  sentences  des  rois,  dif- 
fèrent, en  général,  dans  les  deux  ouvrages. 

Des  rapprochements  qui  précèdent,  on  pourrait  conclure  que,  si 
certaines  parties  de  notre  ouvrage  ont  la  même  origine  que  le  poème 
persan,  des  portions  considérables,  en  dehors  de  quelques  passages 
directement  empruntés  à  divers  auteurs  et  cités  sous  leur  nom,  pro- 
viennent d'un  autre  document.  Cependant  ces  analogies  et  ces  diver- 
gences s'expliquent  plus  naturellement  lorsque  l'on  suppose  que  Fir- 
dausî  et  Thaalibî  ont  suivi  des  narrations  distinctes  remontant  à  une 
source  commune. 

Bien  que  la  tradition  persane  relative  au  Schàhnàmeh  en  prose 
d'Ibn  'Abd  al-llazzàq  et  à  la  composition  du  poème  ne  puisse  être  con- 
sidérée comme  absolument  authentique,  le  propre  témoignage  de 
Firdausî  paraît  cependant  en  confirmer  les  deux  parties  principales. 
Le  poète,  dans  l'Introduction,  raconte  que,  parles  soins  d'un  ami,  il 
avait  obtenu  un  «  livre  des  temps  anciens  »,  dont  les  fragments  épars 
avaient  été  recueillis  par  un  homme  illustre'"'.  Si  ces  paroles  désignent 
réellement  l'ouvrage  composé  sur  l'ordre  d'Ibn  ^Abd  al-Razzàq,  il  ïaiû 
croire  que  l'exemplaire  de  Firdausî  contenait  une  rédaction  qui 
n'était  pas  celle  dont  parle  Bîroùni '.  Quoiqu'il  en  soit,  Firdausî  dit 
assez  clairement  que  ce  livre,  ce  ^Lw*«^  <x(b *^'  (c'est  une  autre 
forme  du  titre  de  "^Li  ^Lij  a  été  la  base  de  son  poème. 

Nous  ne  connaissons  pas  les  ouvrages,  peu  nombreux  d'ailleurs, 
que  Firdausî  a  employés  à  côté  de  ce  «  Livre  des  Rois  »  en  prose  et  par- 
mi lesquels  se  trouvait  un  autre  «  Livre  des  Rois  »  .|,.  .,.^^  <_x)b  -,  illustré , 
qui  lui  avait  été  communiqué  par  un  nommé  Sarwâzàd  de  Marw  ''' . 
Quant  aux  relations  qu'il  déclare  avoir  recueillies  de  la  bouche  de 

aussi  pai-  Mas'oùdî  (t.  II,  p.  216).  Elle  pro-  signe  ailleurs  par  les  expressions  j A_»i 

vient  peut-être  du  Mar;e6an-namf?i  (voy.  le  yU«lj  ou  yb:*yLj  l*Lj  [Ibid.,  t.  IV,   p.    8, 

Fdkihat  al-Kholafà,  éd.  de  Freytag,  p.  9).  vers  34;  p.  10,  vers  77.) 

l^)  Édition  de  Alohl,  t.  I,  p.  16  et  suiv.;  (2)  Voy.  ci-dessus,  p.  xxiv  et  suiv. 

—  comp.  ibid.,  t.  IV,  p.  Ii!i6.  —  Je  pense  (3)  T.  I,  p.  20;  t.  V,  p.  270. 

que  c'est  encore  le  même  ouvrage  qu'il  dé-  (*)  Ibid.,  t.  I\',  p.  700. 


xLii  PRÉFACE. 

certains  diliqùiis,  on  peut  croire  qu'il  ne  s'agit  que  d'une  fiction  poé- 
tique, connue  l'a  démontré  M.  Noldeke^'^  ou,  peut-être,  de  lorniules 
empruntées  à  la  chronique  originale  dont  l'auteur  appuyait  ou  cher- 
chait à  attester  les  récits  ]xu-  la  tradition  orale. 

Le  Schàhnàmeh  mis  en  vers  par  Firdausî  dérivait  selon  toute  pro- 
bahilité,  de  l'ancienne  chronique  des  rois  de  Perse,  appelée  Khodàï- 
nàmeh,  composée  en  langue  pehlevie,  peu  de  temps  avant  la  con- 
quête de  la  Perse  par  les  Arabes'""'.  Cet  ouvrage  n'est  pas  resté,  sans 
doute,  pendant  quatre  siècles,  jusqu'à  l'époque  de  Firdausî,  sans 
subir  des  changements  et,  pour  me  servir  d'un  terme  employé  dans 
la  poétique  du  moyen  âge  d'Europe,  il  a  dû  être  plus  d'une  fois  re- 
nouvelé. Et  d'abord  en  son  langage,  soit  que  cette  transformation  ait 
suivi  l'évolution  naturelle  de  l'idiome  de  la  Perse,  évolution  entravée 
pourtant  dans  une  certaine  mesure  par  le  profond  ])ouleversement 
de  l'état  politique  et  social  du  pays ,  soit  que,  à  la  suite  d'une  interrup- 
tion prolongée  de  la  \ie  littéraire,  l'ouvrage  ait  plus  tard  été  traduit 
du  pehlevi  en  persan  moderne.  En  ce  qui  concerne  le  contenu,  il  a 
été  modifié  de  diverses  façons  et  surtout  augmenté  d'informations  et 
de  récits  provenant  des  traditions  mythologiques  et  épiques  et  d'autres 
documents  historiques,  tels  que  le  Ayînnàmeh'''*.  De  ces  combi- 
naisons de  textes  résultaient  différentes  rédactions  du  Khodàïnàmeh, 
dans  lesquelles  les  variantes  et  doubles  versions  étaient  souvent  juxta- 
posées et  qui  furent  reproduites  par  les  Schàhnàmeh. 

C'est  par  des  variations  analogues  qu'a  passé  la  traduction  aral)e  du 
Khodàïnàmeh  dont  l'auteur  est  Ibn  al-Moqaffa'''''.  Par  le  fait  des  scribes 


C   Das  Iranische  Nationiilt'pDS,  p.  i(>  et  .Mas'oûdî  (l.  II,  p.    'i/i,  118  et    120)  sous 

36.  le  titre,   très    corrompu   dans    les   divers 

'-'  \'oir  llamzœ  Ispitli.  Annal.,  éd.  GtAi-  manuscrits,  de  (_,«, C_ji J!  oLa-ST  i_>b5 

waldt,  p.  iG,  al,  64;  —  Kitâb  al-Fihrist,  (jL«,.jX«J!,  ^yS^,^\.  ^ySlSl/^].  Comme  il 

éd.  deFlûgel,  p.  1 18,  3o5.  —  Xôldeke,  Ta-  a  été  traduit  par  Ibn   al  ^Io(|a(Ta%  on  peut 

barî,  Einleitung,  p.  xv;  —  Das  iranische  supposer  qu'il  s'agit  du  Khodàïnàmeh  ou 

Nationalepos ,  p.   i3.  de  l'Ayînnâmeh. 

(''  Voyez,  ci-dessus,  p.  xxiii.   —    Nous  '*'   \oye/.  Ilam/.a   d'Ispahaii,  p.  8,    16, 

ne   savons  pas  quel  est   l'ouvrage  cité  par  aietsuiv.  —  Filirist,  p.  118. 


PREFACE.  xLiu 

et  des  possesseurs  des  copies  d'abord,  par  des  lettrés  ensuite,  des  va- 
riantes y  ont  été  introduites,  variantes  tirées,  soit  de  rédactions  ou 
traductions  différentes  du  même  ouvrage,  soit  d'autres  ouvrages  per- 
sans et  arabes.  Cette  traduction  a  été  la  source  de  plusieurs  chroniques 
arabes  consacrées  à  l'histoire  de  la  Perse  et  portant  le  titre  commun 
de  u*;/*-^!  '^^jJ-o^^-<i-*v  ou  de  <.i^ji-Lt^j.<s^'".  En  reproduisant  le  texte 
d'Ibn  al-Moqaffa\  les  auteurs  des  Siyar  ol-MoIouk,  à  leur  tour,  l'ont 
plus  ou  moins  modifié  et  augmenté  de  matériaux  de  diverse  prove- 
nance. Nous  savons  par  Biroùnî  qu'ils  ont  fait  des  emprunts  aux 
Schàhnàmeh  persans,  comme  ceux-ci,  certains  indices  portent  à  le 
croire,  ont  subi   l'influence  des  chroniques  arabes. 

Les  observations  qu'on  vient  de  lire  sont,  en  grande  partie,  conjec- 
turales; car  l'histoire  du  Khodàïnàmeii  et  de  ses  dérivés,  en  plusieurs 
points  importants,  reste  encore  obscure.  M.  Th.  Nôldeke,  dans  l'Intro- 
duction à  sa  traduction  de  Tabarî  et  dans  son  commentaire  sur  cet 
ouvrage,  ainsi  que  dans  un  travail  plus  récent  sur  le  poème  de  Fir- 
dausî'"^',  a  définitivement  élucidé  un  certain  nombre  de  questions  con- 
cernant les  sources  persanes  et  arabes  de  l'histoire  de  la  Perse. 
M.  le  baron  V.  Rosen,  dans  un  mémoire  spécial  et  plein  d'aperçus 
nouveaux  sur  la  version  ara])e  du  Khodàïnàmeh'^*,  a  également  mis  en 
évidence  certains  faits  et  présenté  des  conclusions  qui,  dès  à  présent, 
peuvent  être  considérées  comme  acquises  à  la  science.  Je  ne  saurais 
rien  ajouter  aux  résultats  obtenus  par  ces  deux  savants  et  dois  me 
borner  à  renvoyer  à  leurs  excellents  travaux. 

Les  chroniqueurs  arabes  du  m"  et  du  iv'' siècle  de  l'hégire  dont  nous 
possédons  les  ouvrages,  au  moins  la  plupart  d'entre  eux,  ont  puisé 
leurs  informations,  non  dans  le  texte  primitif  d'Ibn  al-Moqaffa',  mais 
dans  l'un  ou  l'autre  des  Siyar  aJ-Moloûk  qui,  tous,  malgré  leur  diver- 


W  Voyez   Hamzae  Ispahanensis   Annal.,  (-)  Das    iranische    Diationalepos     (  Stras- 

p.  8  et  suiv.;  —  Tabarî,  t.  I,  p.   708;  —  bourg,  1896). 

Biroûnî,   ClironoL,    p.  99;    —  comparez  t-^'  Kt.   Bonpocy   OB-b  apaBCKiixt  ne- 

Mas'oùdi,  Moroudj,  t.  Il,  p.  i36  à  i38  et  peno^ax-b    Xy^àii-HàMa      [Saint-Péters- 

239.  bourg,  1895). 


xuv  PRKFVCE. 

site,  contonaiont  les  mêmes  récits  on  Icrmos  souvent  identiques'"'.  Et 
ces  auteurs,  suivant  leurs  habitudes  littéraires,  reproduisaient  leurs 
emprunts  littéralement.  Tlia'aliLi,  pas  plus  que  Daïuawari,  Tabarî, 
Mas  oudî ,  n'a  utilisé  directement  le  Khodàïnàmeh  d'Ibn  al-Moqaffa'.  Sa 
principale  source  a  été  un  texte  remanié  de  la  version  arabe  du  Kho- 
dàïnàmeh. 

Il  me  reste  à  complét(M-  la  notice  des  manuscrits  qui  ont  servi  à  éta- 
blir le  texte  de  la  présente  édition. 

Le  ms.  i488  du  fonds  arabe  de  la  Bibliothèque  nationale,  dont  la 
notice  se  trouve  dans  le  Catalogue  imprimé,  page  284,  a  quelques  la- 
cunes, le  scribe  qui  a  exécuté  cette  copie,  ou  peut-être  celui  qui  a 
écrit  le  manuscrit  de  Gonstantinople,  ayant  passé  quelques  feuillets. 
Il  a  passé  un  feuillet  au  folio  182,  et  il  manque  une  partie  de  l'histoire 
de  Pêrôz,  fds  de  Yazdedjerd;  —  il  a  passé  un  feuillet  au  lolio  199  v°, 
et  il  manque  la  lin  de  l'histoire  de  Yazdedjerd,  hls  de  Schahryàr,  et  le 
commencement  de  l'histoire  des  rois-prophètes;  —  il  a  passé  un 
feuillet  au  folio  2o5  v",  et  il  manque  la  fin  de  l'histoire  de  David  et  le 
commencement  de  l'histoire  de  Salomon;  —  il  a  passé  un  feuillet  au 
folio  243 ,  et  il  manque  la  fin  de  l'histoire  de  No'màn  b.  Mondhir  et  le 
commencement  de  l'histoire  des  rois  de  Roûm. 

La  copie  finit  avec  l'histoire  de  Mahomet. 

Le  texte  est  diWsé  en  deux  livres  dont  chacun  est  précédé  d'une 
table  de  chapitres.  Le  premier  livre  se  termine  au  règne  de  Pêrôz,  fils 
de  Yazdedjerd;  le  second  commence  au  règne  de  Balàsch.  La  table 
des  chapitres  du  second  livre  embrasse  aussi  l'histoire  des  autres 
peuples  anciens,  ainsi  que  l'histoire  de  Mahomet.  Les  chapitres  de 
chaque  section  ont  une  numération  particulière. 

J'ai  désigné  ce  manuscrit,  dans  les  notes,  par  la  lettre  C. 

Le  ms.  5o53  du  fonds  arabe  de  la  Bibliothèque  nationale  est  un 
volume  de  285   feuillets,   mesurant  208  millimètres  sur    i45,    de 

''*  M.  Nôldeke  Tabari,  Einleitung,  p.  xix  <'l  \\\  pense  qu'Ibti  Qotaïba  et  Eulychus 
ont  eu  sous  les  veux  le  texte  même  de  la  traduction  d'Ibn  al-MoqafTa'. 


PREFACE.  xLv 

2  1  lignes  par  page.  L'écriture,  apparemment  du  xvi""  siècle,  est  ca- 
ractérisée par  la  fréquente  coupure  des  mots  à  la  fm  des  lignes.  Les 
folios  1,  g,  '?.']€)  à  -îSS  ont  été  ajoutés  après  coup.  La  copie  n'est  pas 
terminée;  elle  s'arrête  au  milieu  de  l'histoire  d'Abou  Bek.r  (révolte  du 
Hadramaut).  A  partir  du  folio  2i8  les  rubriques  à  l'encre  rouge  ont 
été  omises.  Entre  les  folios  actuellement  cotés  4  et  5 ,  il  manque  un 
feuillet,  l'avant-dernier  de  la  table  des  chapitres.  Au  folio  7  v",  le  co- 
piste ayant  passé  trois  feuillets,  il  manque  la  plus  grande  partie  de 
l'histoire  de  Djamschêd  et  de  l'histoire  de  Dahàk.  Au  folio  1 13  le  co- 
piste a  passé  quatre  feuillets,  et  il  manque  la  fin  de  l'histoire  d'Arda- 
schu",  l'histoire  de  Schàpoûr  et  le  commencement  de  l'histoire  de 
Bahràm. 

Dans  ce  manuscrit,  l'histoire  ancienne,  antérieure  à  Mahomet, 
forme  un  seul  Hvre,  dont  la  table  placée  à  la  suite  de  la  préface  énu- 
mère  les  chapitres. 

J'ai  désigné  ce  manuscrit,  dans  les  notes,  par  la  lettre  M. 

Quant  à  la  leçon  du  texte,  elle  ne  diffère  pas  considérablement 
dans  les  deux  manuscrits;  les  variantes  consistent  surtout  en  fautes 
de  transcii|)li()n  et  en  omissions.  Quelques  unes,  cependant,  de  ces 
omissions  proviennent  de  l'exemplaire  sur  lequel  les  manuscrits  (ce- 
lui de  Constantinople  et  celui  de  Mossoul)  ont  été  copiés.  J'ai  souvent 
suppléé  entre  crochets  les  mots  ou  membres  de  phrases  qui  manquent. 

J'ai  rendu  la  traduction  aussi  littérale  que  possible,  saul  aux  pre- 
mières pages,  en  deux  ou  trois  endroits,  où  j'ai  cru  devoir  para- 
phraser certaines  métaphores  qui  paraîtraient  ridicules  dans  une 
langue  européenne. 


PREFACE   DE  L'AUTEUR. 


4!!  joij  ^^'l 'n  I  ,^  J|j  ^ILlJL  ^nU^)]^  oî'^y^  o*^'  c)'*  ^^J  J'-=*i^ 
j.s_ajjj|  <;oo.>s^  OJ-'^^  <Jot>Jwv3j  <^:>U>|^  ^jvA^  f^JJ  ^-S-"^  «C**J^ 

?yà-^    <-iVUt  jU^t  jvi    ^  cjl-J    cj'-*^  <__>U5   ,3<Jii'  <À-u/L^   4j^Li23 

1')  Ms.  i.  Entre  ji_jAa>_«  et  [.b!  il  manque  évidemment  quelques  mots  ou  une  phrase 
entière  avec  la  mention  du  sultan  Mahmoud. 


PREFVCR   DE   L'AUTEUR. 


p-ji^^jo.  |?ljljLï^j  ^jf^j  ?^j-*^jj  A-^"^  ?^j\yj  1*^-*-^^  ^^^\^ 

|?u[sl-^aJi^    y^^j    ^*-i^J    ^    ^J    jJ^'-^^    iL^SlX^j    A^Li.0.    jîU_u,L^ 
»j*  ^3j|    ci:_^w^«_A.^    ^-^  cT*  --^^  ^^ILo   >-^>>o  <_iJo'  ^!  ^Jlc  (.jULSJi 

2\_A__cj  Ju^l^I  jSij  ^^LJ|  A,J^  *L<yo':i'!  Jj_Lo  ^.aÎ  J,|  ^^JLgjJ! 

'/■i.Y^^^^I  jj~^  "^^j  tl'  ô[r*"^'  '^jr^  oJjJ-^  j>LiJ|  <~r>j-^  ^i^j-Lo  -pj-it  Lii 
*x_;^^^  f^jr^'  -i|j-Lo  ^  o>-S>>o  w-v>>L=*.t  ^  r-^-^^  ^  i^'^'^l  ^L?  -^jj!» 

J_i_i  c:-'v->^  J-i  ^;--^j  ^J^\  j-<Ji  9--^-^    >^'^  1^  ^^^  •■''  J 

^  >_A-î*.»  ^  >- ^  U  >>-i-^  "C>ôj'  ^-£  "^-Z^i  ,^_i-<iLS«  <_t-iâJi  —Lv^ii^ 

j_[j_:^  J-i.  ^^'   J,!  <_j'^IL=w  ^'^_wj  "OlîjHb  '^[>#>^  <JiJl.^^.  <^'U:j<^j 

tillU-il  ""LsJIj  A<sLc  Iaj^I    '■  (-pU^^aJ^j  ^_;-UjJ1  ^  *liJ-^    ?.Kjt_>  jpSi! 

'')  Ms.  *^l*AiI.  —  !-.  Ce  comnioncenipiit  de  la  préface  est  remplacé  dans  M  par 
cette  phrase  :  ;_j4iâ  o>jj  J}  '^y<jjS' iJhX^  ^j^  L3ï',b  ;C7:1  cai;l  ^L«iJI  >r^j'J«^'  O^sxJ!  ^îj.*>j 
p!>XM>^)|.  —         Maïupie  dans   ('..   —    '.   MaïKjue    dans    M.   —    ■'     Mantpie  dans   M.   — 


PRÉFACE  DE  L'AUTEUR.  xux 

s- 

^\yiJ\  :-^)jLsji^t  7^*  f;r^  "M^^Ij  "i-pl^x^frJl;  <^ULJ|j  <j^^\j 

^,^\  j^^\j  c^Ul ^-A^"^!  ^ll  -J  ,îUJ-c  ,3)&i^  U^ls  ^jt^[^ 

Lill_A»*  »  l^  *  Il  ^LkL«J!  j^it  'J  ^jr^\  vj*  4->l5^  1^3^  "cT''^'  tJ* 
A •l'^k   ^\    jjLSv^    '»4lLx_it   (_i,Lx-«j*  ^--o^l  (j^-^^J  "^"jj-^  jr^^^  o^LiL) 

jt'il tv^ll  J>_cNiJ  j^  U  Jic  LilUt  <A£|  ^4j^p_>^  i^y-*i\  iJ^  i"i<.4i]jll> 

•CoLoç»  ïjj_Sj>J,'  li  «Cc^ULo^  ijj-^,^'  iij^J^Lijjj  "^j^l  «tiL^lj  "^^^t 
^v|j_ï^  fj^\j  ^>j-^\  f^\y>  J^  c5^t  '^^}j  '■^'^jp'jr*-''  ''-r'I-^l^*  ^jr<i^^^t 
0v_6-«iL  ;_/-j^>^'^t  aJ-4«lL  <a;^1  U  t_,/-j^'jt  •pV-«-'L.  c^iJii  }~^\}  L>^^î 

Oj_L  Js-c  c^USl't  J^l  'ïj^û;'^!  jJfllL  (i.x^cw,!  Lo^":^!  c:^UL 

(')  M  ; OvjJl  jl^*-lj .  —  -)  Manque  dans  M.  —  i^)  M  biL=w_5  '^Jo,  C  EijO^  jl  ûr>Xi. 
—  (')  Manque  dans  M.  —  '■=')  M  !a*-w^jJU.  —  W  M  ij^-^i)  (?).  —  ("'  Manque  dans  M.  — 
W  Manque  dans  M.  —  P'  M  ^y^ii .  —  ('»)  (.:iJ%ilj.  —  (")  C  jSUùj.  —  C'-^)  Mss. 
iUjlx*j.  —  i"l  Manque  dans  M.  —  (">  M  x-^^i  L^   .  .  .  0^4-^1'.  —  C^'  C  *-*à-9.   — 

i'6)    C  S;+^,  M  «;-^^. 


L  PRÉFACE   DE   L'AUTEUR. 

làL-B )|  ^jj«  i-iLi-is-il  (i)ULjL.iï  Lft^-uou  «LaJ-**^-«  ij^^UjI  <Cs*-L«  <->LS\2*. 

iL^-  .bî^  ^l 'Ulj  ^k^  clJ^  4.1L  ^t  jLoy  U^  w jJtl  J^^l 

IJ^^-_>    >_<S^\1   -'U.)   Jv-^iaJ  ^1    «CvaJUll   SJxSÂJtJ]^    «JJJiL^t    <-ï^lj   Ji-wt 

4_^^  <-^>vj  :.<^^t  jy^\  c^^A^"^!  lUU  c^UJt  CsviU  ^c^LcSJl 

Sj^_-^l_j»      LjL-» w     <JU.J>     0^_>V).     4>-^     «-iVm     j'^l     "^J^T^     .i\i>^\i5     —yM^^ 

l^-xj^  (^5>^=^  dH^  ^  -'Us^t  •'L/o'^]^  4)s-*^  ^j-o  jLs*i'^l|^  jUi'^i»  <-£Lxx»| 

C:  C  l;L*-il.  —  C^)  Manque  dans  M.  —  t')  C  *^.  —  (')  .M  ^3;j.  —  (s)  M  JS^^i 
J^t.  —  '^)  Ms.  JaIsj.  —  ("i  Ms.  tjiriàjj.  —  f'*  Au  lieu  de  ce  passage,  à  partir  de 
fjia\^,  on  lit  dans  M  :  tjL^^i)!^  aJ  )j  ^2;jJI  À.«^  Ajl^Xftl  ^ja  «JàjLsTj. 


w^wJ^         é^yxJ)      ^\^X^    vLa,;^.) 


-c-Si^is^â-»-— 


^  <— 6-j  iSJ*  ^.xaj  J,Lj«j  4Ut  <_l1=^  ^->J|  A^:k^\  <_a1x  ^_wJ|  »j!  |*il 

HISTOIRE  DKS  ROIS  DKS  PERSES 

l'Ai! 

\BOl    M\.\SOÎH    ABl)    \L-M\LIK    IB\    MOHVMMAD   IB\    ISMV'H. 

AL-THA  ÀLIBÎ. 


REGNE  DE  KAYOLMARTH. 
LES   DIVERSES  OPIMONS  Qll  ONT  COLRS  À  SON   SL.JET. 

Il  V  a,  au  sujet  de  ce  roi,  une  grande  diversité  d'opinions  parmi  les 
lii.sloriens  des  différentes  nations.  D'après  les  uns,  il  serait  le  même 
qu'Adam,  le  père  du  genre  humain  (que  le  salut  soit  sur  lui!]  que 
Dieu  a  créé  de  sa  main,  à  qui  il  a  insufflé  une  parcelle  de  son  esprit. 


'2  llISrOlUK    DKS   1\0IS   DKS    l'KRSKS. 

^:il^l  «<_^-L£  j-jsij-A  ci.'j-o^  jjt  ^^1  ^U-£  ^£j  ^^LJ!  ùtit^Ui 

*L4-£   J—i-r»  .^=^^^^-=*'  ^    J^S  |j^  cT"   '^-J'-^    f*-it   ^J  <J!  j?L^.à-)0  (♦-Cjj 
j_d)  JwA  <->-'  L-aJo^À"'  Lf]^  f*-^l  (J-°  u*r^'^'j^  ei>p/«^<S^  J)I  Jl  i^^l 

(1)  ^1  i->«j. !l.  —   '-)  Ces  mots  iii;iii(|ueiit  dans  M.  —   ■''   Maiwiiie  dans  C. 


(luil  a  iail  adorer  par  Ions  ses  anges  et  dont  11  a  lait  la  source  de  ses 
créatures  Imniaines.  D'autres  disent  qu'il  était  le  premier  roi  et  fds 
d'Adam,  comme  Seth,  qui  était  le  premier  pro])hète,  l'un  exerçant 
le  pouvoir  temjîorel,  l'autre  avant  la  direction  spirituelle.  D'autres 
t-nliii  prétendent  que  c'est  Adam  (pii  lut  le  premier  roi  sur  terre,  car 
Dieu  l'v  avait  établi  comme  son  vicaire.  Ahoû-Dja'far  Moliammad  ihn 
Djaiir  al-Taharî,  en  sa  chronique,  rapporte  une  tradition  des  saxants 
(le  l'erse,  d'après  laquelle  Kayoûmarth  est  le  même  qu'Adam,  et  une 
autre,  dapres  laquelle  il  est  le  propre  fds  d'Adam  et  d'Eve.  Les  sa- 
vants des  diilerentes  nations,  dit  Tabari,  qui  s'accordent  à  considérer 
Kayoûmarth  comme  l'ancêtre  des  Perses,  diffèrent  seulement  en  ce 
qui  concerne  son  identité  avec  Adam.  Ils  croient  tous  c[ue  ce  roi  et 
ses  descendants  se  sont  succédé,  dans  les  contrées  de  l'Orient,  en  une 
série  de  règnes  ininterrompue,  jusqu'à  la  mort  de  Yazdegerd,  Ills  de 
Schalirvar.  de  cette  ntème  lignée,  qui  lut  tué  à  Marw,  du  temps 
d''Otliinàn  ibn    Aflan  (que  Dieu  soit  satislail  de  lui!). 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  3 

"y  i'  fy<S-Ji  JjJl^j^  Jsl  «U^  I^U^  j<>j\j  IjUj  C)  Jwg-wt  A^^ocjUt 

j^^j-jN^-*.^  ^^L3  lij^p-cj^  J^|  p^xvj'  ov'^'^j  vj^  r^j  rJ^j  'J^-'-^->l  <J^ 
'^)oU^<f  JU.  ^^b^  5^U  "^j  ^Lo  ot;'^'!  J  '-^U  i>!  ^  f  i-^^it  jUi 

^j« ijlL    \_S.  ^  Jo*.|  .i!w)  ^L   .i3sifc.U  ^^>^.Aj«-J|  l'sle^LS,   ïLÏ  ?Jv_4i|»   <-ttJofc 

«Ole  l*i|  J;)t  (îj^^j^t  J^  elli  '^a-1  e><s^  <jc4ls=u^  Jl^]^  (6)<jd.^ 
^ — A — i — L_j'  ^Lo  ci.>w.04,a3.  <.à_*v  ,^_9^i  i_y^j^'  o'  ^^'-s'û  U  Joo  Jj-  j^x,tij| 

f'I  M  Js^I,  et  les  mots  J^^è.  .  .j^!  sont  répétés.  —  t^l  M  lii.  —  W   C  »U  j^  aJUù. 
•'i   C  ^,^^1.  —  ■'•>   M  yl<j.'—  "■'   Miii.qn.^  dans  M.  —  (")  M  gp\. 


Quant  à  la  chronologio  fies  rois  de  Perse,  elle  est  plus  claire  et 
plus  certaine  que  celle  de  tous  les  autres  rois,  attendu  que  Ton  ne 
connaît  aucune  autre  nation  dont  l'empire  ait  si  longtemps  subsisté 
sans  éclipse,  des  populations  que  leurs  souverains  réunissaient  en  un 
corps  d'Etat  aussi  uni,  stable  et  régulier. 

D'après  les  traditions  des  Perses,  Kayoûmarth  habitait  les  sommets 
des  montagnes,  parce  que,  à  cette  époque,  il  n'existait  sur  terre  ni 
édifice,  ni  construction  quelconque.  Il  était  appelé  Karschdh  [Gar- 
sf /*«//),  c'est-à-dire  «roi  de  la  montagne».  Kar  (^Gar),  en  persan,  si- 
gnifie la  montagne.  H  était  le  plus  beau  de  tous  les  hommes,  le  plus 
parlait  et  le  plus  fort;  on  le  regardait  avec  admiration,  et  tous  ceux  qui 
le  voyaient,  génies  et  hommes,  furent  ravis  et  se  prosternèrent  devant 
lui.  Si  donc,  réellement,  il  est  le  même  qu'Adam,  il  fut  aussi  celui 
qui  possédait  la  beauté  et  la  perfection  absolues.  Mais  comment  cette 
identité  serait-elle  admissible, puisque,  d'après  les  chroniques,  Adam, 
après  sa  descente  sur  la  terre,  vécut  mille  ans,  tandis  que  le  règne  de 
Kayoûmarth  ne  dura  que  trente  ans? 


4  HISTOIRE   DKS   ROIS   DKS   PERSES. 

j^ilt  ;t— 6— ?-  cJ*  <— s^^^t  ci-oLiJjl^  ^j|!iiJx]l  (»)ûL^=o  «LaJI  e>p-o^^ 
(^i  Mss.  ioÏLà-..— M  MoJ:,. 


Les  rois  qui  avaient  la  qualité  de  prophète,  disent  certains  tradi- 
tionnaires,  étaient  Adam,  Joseph,  David,  Salomon,  Dlioû  l-Qarnaïn 
et  Mahomet  (que  la  bénédiction  de  Dieu  soit  sur  eux!).  Comme  l'auto- 
rité souveraine  cherche  un  appui  dans  l'autorité  prophétique,  le  ranj; 
le  plus  éminent  a  été  dévolu  à  ceux  parmi  les  prophètes  à  qui  Dieu  a 
accordé  l'une  et  l'autre,  pour  faire  connaître  et  faire  régner  sa  vraie 
religion  et  affermir  sa  loi;  cette  double  qualité  permettait  au  roi  d'ob- 
tenir l'observation  de  ses  commandements  et  de  réduire  les  incrédules 
et  les  hérétiques  qui  lui  résistaient.  C'est  de  ce  privilège  que  Dieu, 
dans  les  temps  anciens,  a  favorisé  ceux  que  nous  venons  de  men- 
tionner comme,  plus  tard,  Mahomet  l'i^lu  (que  la  ])éiiédicli()n  de  Dieu 
soit  sur  lui!),  couronnant  ainsi  les  grâces  dont  il  l'avait  comblé  et  lui 
assurant  un  éclatant  triomphe. 

Selon  les  traditions  des  Perses,  lorsque  Dieu  ramena  Kayoùmarth 
vers  lui,  les  hommes  et  les  génies  le  pleurèrent  et  des  lamentations 
s'élevèrent  de  toute  la  terre.  Sa  beauté  et  ses  vertus  laissèrent  un 
immense  regret.  Dieu  seul  connaît  la  vérité  à  son  sujet. 


^  JV— ^1;  o- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  5 

_iJî,   ^U_l'I   ^'^!^    cLs«Jl  JJU.  f^l;  jL^-^It  ^_;^jjL«j'^l 
'"  Mss.   iCA^jLiJL  t^,ki5o  JuUiyû  >ilL«.    —    -'   .Manque   dans   \\.  —    .^1   Mss.    ^jo^}-    — 


REGNE  DE   HOLSCHANK. 

Hoùscliank,  —  c'est  ainsi  que  le  nom  s'écrit  en  persan  ;  dans  les  livres 
arabes,  il  est  écrit  Oûschliandj ,  —  d'après  la  plupart  des  relations, 
était  fils  de  Siyâmak,  fds  de  Kayoùmarth,  et  roi  des  (sept)  Climats. 
Il  réduisit  sous  son  obéissance  toutes  les  créatures  et  civilisa  la  terre. 
11  inventa  l'extraction  du  fer,  en  lit  des  outils  pour  les  différents  mé- 
tiers, aménagea  les  eaux  où  elles  étaient  utiles  et  engagea  les  honmies 
à  ensemencer  la  terre  et  à  domestiquer  les  animaux;  il  leur  ordonna 
de  creuser  des  canaux,  de  planter  des  arbres,  de  tuer  les  bètes  fauves 
et  de  se  servir  de  leurs  dépouilles  comme  vêtements  et  comme  lits, 
(f  éirorirer  des  bœufs  et  des  moutons  et  de  manger  leur  chair.  Il  fut  le 
premier  qui  éleva  des  constructions,  fonda  des  villes,  étabbt  des  pres- 
criptions et  des  défenses  et  introduisit  la  justice,  d'où  lui  venait  le 
surnom  de  Ptsclulàdh  qui,  en  persan,  signifie  le  premier  (jui  ordonna  la 


MISIOIRK    DKS    |\01S   DKS    PERSKS. 

s- 

.Xju.   L-g^  Jld  «Ci^^ïi.  «Ciai».  ^j-UJt  w-iaii|^  <-»vU    Jlc   -,uJ|   eX-ii  «L.5Joo 

<L^j  i\j  ^j)i\  -^iLo  ^j^j^  ^•>-s»>  "-^jj  cS'^'  ^I  <->i-£  -'LuJ]^  4l!t  J^^ 

^J^l^t   IlA^   3^_ii.^   ^j-LJt  ;i''J3!^0cifc.i[i  ^j-»   AjL/i^   o.ij-i^   ^j«.Jot  v^ 
^L5^   o>!>^'  U^ulé  ^ilUl  ^j^^jtXJ  \f  a)j\X\  y-^^<*^  L  :■  <-.UufijJt  |^>>Hfr*J' 


justice.  Il  fit  d  aboi'd ,  dit-on,  un  séjour  dans  l'Inde  et  parcourut  en- 
suite les  différentes  contrées  de  la  terre.  Puis,  lorsque  son  règ;ne  fut 
affermi  et  sa  domination  bien  établie,  il  posa  la  couronne  sur  sa  tête 
et  adressa  au  peuple  un  beau  discours  dans  lequel,  après  avoir  loué 
et  glorifié  Dieu,  il  s'exprima  ainsi  :  «C'est  moi  qui  ai  hérité  de  mon 
aïeul  Kayoûmarth  de  l'empire  du  monde.  Je  suis  plein  de  mansuétude 
pour  ceuv  qui  pratiquent  le  bien,  et  sans  miséricorde  pour  les  re- 
belles, .soit  des  hommes,  soit  des  démons,  faisant  le  mal.  »  H  réduisit 
ensuite  Iblis  et  ses  troupes  :  après  avoir  tué  les  démons  rebelles  et 
exterminé  les  génies  malfai.sants,  il  interdit  aux  autres  tout  commerce 
avec  les  hommes  et  les  força  de  prendre  rengagement  de  ne  point 
chercher  à  nuire  aux  humains.  Alors  ces  démons  s'enfuirent  devant 
lui  et  se  réfugièrent  dans  les  déserts,  les  montagnes,  les  vallons  et  les 
lieux  écartés.  Ce  n'est  que  .sa  mort  qui  leur  ])ermit  de  revenir  auprès 
des  demeures  des  fils  d'Adam. 

Kisrà  Anoûscharwàn  disait  parfois  :  «Vous  tous,  ô  rois,  occupez- 
vous  avec  le  même  soin  de  l'état  de  dihqàn  que  de  fexercice  du  pou- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  7 


^-■"'   -*■    J  <i>p-o^-6-^   <-N^  ^^l-^   «JilUj    Jjjj   ^J-»  <^jj^J::>j^    ,J^s^ 

.x'ji.    '  ^:>v>'^  <.^j'uL.Lj  <'  J^  ^>>JI  <-Ï-^j1'  ï:>ou4.J|  ^L«_^  Ïxj-^' 
_u'  >X_i£  Lli.  ^iVl-l'  '*-4r''î   "U-VJl  •>>-*-*<'•  **— SO^xil  i\l^-o    .N-6J  œ^^=^ 

(')  M  viLIL.  «iJliJl.  —  :2)  :\laiu|ue  dans  C.  —  i^    M  ^oul . 


voir  souverain,  car  les  deux  sont  frères  et  notre  premier  ancêtre  Hoù- 
scliank  était  diliqàn  en  même  temps  que  roi». 

Après  que  Hoùscliank  eut  régné  quarante  ans,  son  sort  fut  de  mou- 
rir, ainsi  (|ue  dit  Mansoùr  al-Fa([ili  : 

Quelqu'un  dit  :  Qu'a-t'il  fait?  Je  répondis  :  Qu'a  fait  son  père? 
Il  répondiiit  ainsi  ])ar  sa  question  à  la  qviestion. 

RÈGNE   DE  TAHMOÙRATH. 

Après  la  mort  de  Hoùscliank,  le  inonde  demeura  trois  cents  ans  sans 
roi  jusqu'à  favènement  de  Tahmoùrath,  l'un  de  ses  descendants,  qui 
rappelait  Kavoùmarlh  ])ar  sa  beauté  et  le  reflet  de  la  majesté  divine, 
(Hip  l'on  nomme  en  persan  Far-i-izadi.  Il  réunissait  en  lui  la  pureté 
des  anges,  les  vertus  des  prophètes  et  la  majesté  des  rois.  Lorsqu'il 
eut  ceint  la  couronne,  il  convoqua  les  cliels  du  peuple  et  les  grands 


8  IIISTOIIIK    l)i;S   KOlS    DKS    PKIISKS. 

s. 

|î^-^>— ^=>U   |S-jj_iLJ   <Jy,^i^.:^   ^>Lscjj  AJSfS.^  ty^J~^  '^-«'1)  j-E  >-^liJ.I 

<'  ^o^-^  f*-^>ys'  ^^L.s^'^Ijj  JjoJ!  ^^  ^»_Svsix  J-^i;-!!  J-^'^l;  p»-^yJl 


(le  sa  cour,  les  fit  approcher  de  sa  p(>rsonne,  leur  fit  un  accueil  gra- 
cieux et  leur  dit  :  »  Sovez  contents,  car,  avec  l'aide  et  la  direction  de 
Dieu,  je  veux  purifier  pour  vous  la  terre  de  tout  mal  et  de  toute  ini- 
quité, et  vous  défendre  contre  les  êlres  malfaisants  d'entre  les  hommes 
et  les  "fénies.  J'aurai  soin  de  vous  comme  de  moi-même,  de  ma  femme 
et  de  mes  fils  et  vous  traiterai  avec  la  même  bienveillance.  Je  ferai 
tous  mes  eflbrls  pour  votre  bien  et  votre  prospérité  et  ne  cesserai,  ni 
jour  ni  nuit,  de  vous  procurer  avantages  et  bénéfices  et  de  répandre 
parmi  vous  la  justice  et  la  bonté.  >>  Les  assistants  se  prosternèrent 
devant  le  roi  et  lui  adressèrent  des  louanges;  puis  ils  se  retirèrent  en 
lui  rendant  grâces  et  en  faisant  des  vœux  pour  lui. 

Tahmoûrath,  fidèle  à  ses  ])romesses  et  à  ses  engagements,  inaugura 
son  règne  avec  entrain  et  bonheur.  Il  s'appll(pia  à  répandre  la  culture, 
à  créer  des  institutions  utiles  et  des  prati(pies  nouvelles  :  il  prescrivit 
l'élève  du  bétail  et  le  pâturage,  l'emploi  d(>s  chiens  pour  garder  les 
animaux  domestiques  contre  les  bétes  féroces;  il  recommanda  de 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  9 


^.î  (iT 


"1  C  yLy^l.  —  -   M  jil.  —  ''  Mss.  JJL*.  —  'i  M  jUil.  —  ^   M  *JLi. 


se  servir  des  oiseaux  de  proie  et  des  bêles  fauves  pour  la  chasse  et 
de  dresser  les  chevaux  pour  servir  de  montures  et  sépara  les  ânes 
domestiques  des  ânes  sauvages.  Il  parcourut  les  différents  pays,  éleva 
de  nombreuses  constructions  et  fonda  la  plupart  des  villes  du  Fârs. 
Il  a\ait  surtout  soin  d'honorer  les  bons  et  d'abaisser  les  méchants. 
Il  parvint  à  subjuguer  Iblis  et  à  le  soumettre  de  telle  façon  qu'il  s'en 
servait  de  monture  et  qu'il  parcourut  avec  lui  toutes  les  contrées  de 
la  terre,  proches  et  lointaines.  Les  Perses  l'ont  représenté,  dans  leurs 
livres,  leurs  palais  et  leurs  monuments  sculptés,  monté  sur  Iblis. 
Un  poète  en  a  tiré  une  comparaison  en  parlant  d'un  roi  montant  un 
éléphant  : 

Puisse,  pour  mon  prince,  rélévation  être  aussi  familière  que  l'est  pour  le  lion 
son  repaire  ! 

Qu'il  soit  sur  son  éléphant,  sa  fière  monture. 

Comme  Tahmoûrath  sur  le  dos  d'Iblîs  ! 

Puisses-tu  toujours  rester  le  protecteur  de  la  religion  et  de  l'Empire  1 


10  IIISTOIRK   DKS   HOIS  DKS   PKRSKS. 

s- 
^^s>3J!    ^_yà-V   vj  J)^9    *OJoO   S.X^   jj  (__5!yU^jll   (j-«  bjlÀJ^   LsîU-»  r*-^=t 

(•■!)  JLcI  ^L»J  4l]|^  *  <À_*v  ^t  ^rlL»  «ci!  U-^à_)o  J^  <Liww  yj-iJJo  c^U  «Ot 

ijU    ^  ^L^I_*v  «<_it   jLa-Jj  Un^v^   '''/^  '^   ui^j   Ô^J^JUJ^ y& 

yi^=^     l.i'î^i^AJ    Jj"^     J>k£     kicj     s-A^S    jLi     ^Jji^     bu^     ^!^L*Jt 
l!       i-J    \f:inrfiii'  fl;)n«:    \î     —,  V*)    \T   .il  :.•'.'..  A        .  ,.■... !>*   ,vt-         ^      et    r-cu    nmtc 


..^-"  eTjr 


''  AI  (jiaxJ.   —  >-'  Manque  clans  M.  —  (•'')  .M  Jj^y6  ^o  cy^^^yt?  jJ^  ^j^,  et  ces  mots 
sont  répétés.  —  ^'  G  Is»  et  ainsi,  le  plus  souvent,  dans  la  suite. 


Quelques  interprètes  prétendent  que  la  léj^ende  qui  rej^résente 
Tahmoûrath  monté  sur  le  dos  d'Iblîs  signifie  qu'il  l'avait  subjugué. 

On  rapporte  aussi  que  Tahmoûrath  fut  le  premier  qui  ait  fait  usage 
de  l'écriture  pehlewî.  D'après  Mas'oûdî,  en  son  Mou:dawulja  persan, 
Tahmoûrath  aurait  construit  le  QohancUz  de  Marw. 

Parmi  les  règnes  dont  la  durée  est  controversée,  je  n'ai  entendu 
citer  aucun  pour  lequel  le  désaccord  soit  plus  grand,  quant  au 
nombre  des  années,  que  celui  de  Tahmoûrath  :  dans  quelques  ou- 
vrages on  lit  qu'il  avait  régné  trente  ans;  dans  d'autres,  mille  ans. 
Dieu  seul  sait  la  vérité. 

RÈGNE  dp:  DJEMSCHÎD,  DESCENDANT  DE  HOLSCHANK. 

Djemschid,  appelé  Djem  par  abréviation,  est  supposé  être  le  même 
que  Salomon,  fds  de  David.  Mais  c'est  là  une  insigne  imposture  et  une 
grande  erreur;  car  ces  deux  rois  sont  séparés  l'un  de  l'autre  par  tm 
espace  de  temps  de  plus  de  deux  mille  ans.  On  les  a  identifiés  parce 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  11 

j^  4!  .:.^U_^  ^^i'ilfJL  izXj  ^lSX\j  ^.uyt^  .^.^!  j  Utx^  U 

<j  jUX-sX.^v'lsIt  jjjjr^l?  ^  |;-><^i^J-^l  ^:^/>A-o|^   wvil   ,jNa-|j    Jj^t  vÂ-^=|^ 

J,_^^_^l  -J  ^'i%  ^\j:>'i\^L.j  ^\j  ^j^\j  c^_^jj|,  <^^\ 

f  C  JX«.  p.  23,  i.   1,  il  y  a  clans  M  une  lacune,  le 

<■■*'  C  «jL>««jJi5Î5  (iif),  M  Â*;«.  Jlj.  copiste  ayant  passé  trois  l'euillols. 

(')  Entre  ce    mot  et  les  mots  ajK  -j«i  •''  Ms.  otjj3l«. 


que  le  règne  de  Djein  et  les  circonstances  de  sa  vie  présentent  avec  la 
vie  et  le  règne  de  Salomon  certaines  analogies  :  la  force,  la  puissance, 
la  soumission  des  génies  et  des  hommes,  et  d'autres.  Mais  pour  l'ori- 
gine, le  temps  et  le  lieu,  quelle  dillerence  entre  eux! 

Lorsque  Djem  lut  maître  des  sept  Climats  et  que  les  génies  et  les 
hommes  lui  furent  soumis,  il  les  harangua  eu  ces  termes  :  «  Je  suis  votre 
souverain  par  la  majesté  émanant  de  Dieu  dont  il  m'a  investi  et  la  part 
de  sa  lumière  dont  il  m'a  revêtu,  pour  que  je  civilise  la  terre,  protège 
les  hommes,  répande  la  justice,  pratique  largement  la  générosité, 
pour  que  je  fasse  régner  le  bien  et  détruise  le  mal.  »  Ses  sujets  se 
prosternèrent  devant  lui,  lui  témoignèrent  leur  satisfaction  et  le  bon- 
heur qu'ils  auraient  d'être  sous  son  pouvoir.  Et  Djem  se  consacrait 
à  faire  de  bonnes  actions  et  à  accomplir  des  œuvres  méritantes.  Il  en- 
seigna de  faire  des  armes,  des  cuirasses,  des  selles,  des  brides  et  les 
autres  appareils  et  instruments.  Puis  il  recommanda  de  fder  la  soie,  la 
soie  grège,  le  lin  et  le  coton,  d'en  tisser  et  coudre  les  différents  genres 


12  IIISTOIRK   DES   ROIS   DF.S   PKRSKS. 

îi'jj'   >>J<Â    <<_â-So   Lg-»^   i^^LS-Nb    p|^'    0~         '   '~^JJ    l  g  *^*Jj    Lg-UolAii^ 

^,Li5Ut  <_L^  ^«^[j]  oji^^'^L*  c>'^"^t'  ^^'  ^^-^j  bj^  c?^ 
(liobt  A^y  ^>>Jl  J-^Jy  A-^  ^>-*|;  ^Li^l^  jlj&Jl  <.â-sl=^  t_>L:isii^ 


(le  vêtements  et  de  s'en  couvrir.  Il  <,n"oupa  les  hommes  en  classes  :  la 
classe  (les  guerriers  qui  gardent  les  frontières;  la  classe  des  médecins 
[mobedlis]  et  des  prêtres;  la  classe  des  scribes  et  calculateurs  et  celle  des 
commerçants  et  artisans.  Il  oixlonna  à  tous  d'exercer  la  jjrofession 
qu'il  leur  avait  assignée,  et  chacun  s'ap[)li(fua  à  sa  s])hère  d'action  sans 
en  jamais  dépasser  les  limites.  Djcm  combattit  ensuite  les  démons 
rebelles;  il  les  tailla  en  pièces,  en  obtint  une  victoire  complète,  les 
réduisit  en  captivité  et  en  fit  de  misérables  esclaves  qu'il  faisait  tra- 
vailler à  de  durs  travaux  :  à  tailler  des  pierres  dans  les  montagnes  et 
des  (Miartiers  de  roc,  à  produire  du  marbre,  du  plâtre,  de  la  chaux  et 
du  ciment.  Il  les  força  de  construire  de  superbes  édifices,  des  châteaux 
fortifiés,  des  bains,  des  roues  hydrauliques  et  des  moulins,  des  ponts 
de  bois  et  de  pierre  et  d'extraire  des  mines  l'or,  l'argent,  le  cuivre  et 
le  plomb.  Il  enseigna  ensuite  à  extraire  le  musc,  l'ambre  et  les  autres 
parfums,  à  en  faire  usage  et  à  en  jouir,  et  aussi  à  employer  des  plantes 
médicinales,  des  remèdes  et  des  aromates,  à  les  chercher  au  loin ,  à  en 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  13 

^j)UOl  i_>Ls-w^  -»L*Ji  Sic  yjt  ^^1  ,^>osJ|  ^j-o  j>yj  ^j  y^j  "*'^  L/'-'^jj)-' 

«X^Jt-«x  -^-iS.^   ^NoJs4ik  |<â J  Ij-jfi       -.LàJi   J^i-J  L^'»./o  Joi_)      vivjl'  Sj-i^:^  '^-cs'î 

"1  Ms.  J^l.  —    ^    Ms.  ^v^yi»^. 


lairc  (les  éicctuaires,  à  les  mélanger  et  en  faire  usage  selon  les  règles 
(le  la  médecine.  U  ordonna  de  faire  des  barques,  des  bateaux  et  des 
vaisseaux  avec  leurs  gréements  et  de  s'en  servir  et  de  faire  chercher 
par  des  plongeurs  les  perles  dans  la  mer. 

Djem  lit  construire  un  char  d'ivoire  et  de  bois  de  teck  et  le  couvrir 
de  brocart;  après  y  être  monté,  il  ordonna  aux  démons  de  le  porter  sur 
leurs  épaules  dans  la  région  qui  est  entre  le  ciel  et  la  terre.  Il  voyagea 
ainsi  dans  l'air,  de  Donbàwand  à  Babvlone,  en  un  seul  jour.  Ce  fut  le 
jour  d'Ormazd,  du  mois  de  Farwardîn,  le  premier  jour  du  printemps, 
qui  est  le  commencement  de  l'année,  le  renouveau,  où  la  terre  res- 
suscite après  son  engourdissement.  Les  hommes  dirent  :  C'est  un  jour 
nouveau,  une  heureuse  fête,  une  puissance  réelle,  un  roi  extraor- 
dinaire! Et  ils  firent  de  ce  jour,  qu'ils  appelèrent  Nauréz,  leur  fête 
principale,  louèrent  Dieu  d'avoir  fait  parvenir  leur  roi  à  un  tel  degré 
de  grandeur  et  de  puissance  et  lui  rendirent  grâces  de  tout  ce  qu'il 


HlSrOlRK   DES   KOIS   DRS   PKRSKS. 
<CO©JiU  «LcJO^j  <L«_**J|  (^  «OJi  ^JJ  *<-Mîo  ^\y  ^  s^  ùj^S\JU 


^J 


<-i-**      .>_Ajdo»    «Cjc<Jo    »^'i>    JOO     ?"   ^_JL«»j    »_g_Uu    t_}>-i3Jl    (J-e 

k^"^!  c^i^bt  j  ^^^•Lu  «U^yi^  ^jvo"^!,  ^i  t^lsj  JLcj  J\X\  ^Uct 
lj-âJ\.  ^^jlj  ^^^\j  {■')-'Sklj  -%J\j  -Suit  er  ^A—^j  Ly'^r'% 

o  Ms.  t^o^.  —  :-''i  Ms.  yUT.  —  !■')  Ms.  i^jji^b^^.  —  !'"  Ms.  iULj. 


leur  avait  accordé,  jwr  la  bonne  fortune  de  ce  roi  et  sous  l'ombre  de 
son  gouvernement,  en  fait  d'aisance,  de  bien-être,  de  sécurité  et  de 
richesses.  Ils  célébrèrent  la  fête  fortunée  en  mangeant  et  en  buvant, 
en  laisant  résonner  les  instruments  de  musique  et  en  se  livrant  en- 
tièrement aux  divertissements  et  aux  plaisirs. 

Après  cela,  Djem  demeura  trois  cent  trente  ans  respecté  et  heureux 
comme  roi  et  jouissant  de  la  vie  la  plus  douce  et  la  plus  agréable, 
tenant  les  rênes  du  monde,  dirigeant  l'Etat,  maître  absolu  des  génies 
et  des  hommes.  Ses  sujets  recevaient  les  pluies  en  leur  saison,  et 
d'abondantes  moissons  et  récoltes;  ils  étaient  contents  d'avoir  les  vivres 
à  bas  prix ,  des  chemins  sûrs,  leurs  troupeaux  bien  portants  ;  ils  n'étaient 
exposés,  ni  aux  dommages  causés  par  des  froids  rigoureux  ou  des 
chaleurs  torrides,  ni  aux  atteintes  des  épidémies  et  autres  maladies; 
ils  étaient  préservés  de  la  disette,  de  la  misère  et  de  l'émigration,  des 
émeutes  et  des  guerres,  fie  la  sécheresse,  des  tremblements  de  terre, 
des  coups  de  foudre  et  autres  calamités  et  catastrophes. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  15 

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i»i  Ms.  t^Ul    v^y  y  (^i)l  UTij.  !^'  Ms.  JU3. 

'"•"  Ms.  jjwiiJlj .  '^'  Ces  mots  sont   écrits  deux  fois  rlans 

(3)  Ms.  j^j^I.  le  ms. 


Dans  le  livre  des  Institutions  il  est  dit  que  du  temps  de  Djem,  les 
hommes  étaient  classés  suivant  l'âge  et  le  plus  âgé  avait  la  préséance; 
du  temps  de  Dahliàk,  suivant  la  richesse  et  l'opulence;  sous  le  règne 
do  Afrîdhoùn,  suivant  les  services  et  le  mérite;  du  temps  de  Menoû- 
djehr,  suivant  l'origine  et  l'ancienneté;  du  temps  de  Kaïkàous,  selon 
l'intelligence  et  la  sagesse;  du  temps  de  Kaïkhosra,  selon  le  courage  et 
la  vaillance;  du  temps  de  Lohràsf,  selon  la  foi  et  la  pureté;  sous  les 
rois  suivants,  selon  les  belles  actions;  enfin ,  du  temps  d'Anoûscharwân , 
selon  l'ensemble  de  ces  qualités,  sauf  la  richesse  et  l'opulence  qu'il 
dédaignait.  On  disait  aussi  que  Djem  traitait  ses  sujets  avec  la  man- 
suétude d'un  père;  Dahhàk,  comme  une  femme  sa  rivale;  Afrîdhoùn 
était  pour  ses  sujets  comme  un  frère,  Afràsiyâb  comme  un  ennemi, 
et  Bischtâsf  comme  un  maître  à  l'égard  des  enfants. 


IC.  IIISTOIUE    DES   liOlS    DKS   l>KRSKS. 

^       V     i     ^    y', E,    «< il ci   ■»  Wc.   LojJI    ijU.«!   ù^X^Lc  c:>I?^    ?"  wo|    ^iJ   *-— *• 

.,.sS<it,    -    -  ■  ^    -y-^^  <OJl5    I   L**J>  .X/C j|    "Oi-C    UUoj    "OUj    JOL-oL    <jLiaJ_*vj 

J.I  Jv_^;_i  <_j:>^_>jJ!  (^  ,3^]^  ^^t  f*'^Vj  ^1  J^  ^-^J  (-^J  T^J 

4_5>Jk^  ^  i.zy-j^y-s^j  <.Â.^jl|  SiL*.^!  cL»_^  <o^  ^jj  *^-*-^<s^  ci/-i.^wvb|j 

viJ    ^J-•    ,^_a_wUj-<SJ    "^-ï-** ^ '-ttJ L»  ^_5J£\*m   ^_5s-A.^^   ci^Lîi^Jl    ^•X.y^aJf^   ^^^UaJI 
i"  Ms.  L-Jii.  —  -    Ms.  i^jj^^j.  —  ^^!  Ms.  iolii. 


DERNIERS   EVENEMENTS   DU   REGNE   DE   DJE^t. 

Lorsque,  possédant  en  ahondance  les  biens  du  monde,  un  prestige 
et  un  pouvoir  immenses,  Djem  fut  jiarvenu  à  l'apogée  de  sa  puissance 
et  que  son  règne  et  sa  vie  se  prolongeaient,  alors  son  cœur  s'en- 
durcit, il  devint  hautain  et  présomptueux,  il  fut  plein  d'orgueil  et  de 
morgue,  altier  et  impérieux  et  il  dit  :  Jn  suis  votre  maître  suprême. 
Il  se  refusa  à  rendre  hommage  à  Dieu  et  arriva  à  s'attribuer  la  divinité. 
Alors  sa  flamme  ne  larda  pas  à  s'éteindre,  son  coursier  tomba,  sa 
puissance  s'écroula,  son  prestige  s'évanouit,  le  reflet  de  la  majesté 
divine  se  retira  de  lui.  Des  événements  graves  survinrent  dans  son 
empire,  le  peuple  devint  hostile,  on  se  révolta  ouvertement  contre  lui 
et  il  fut  en  proie  auv  infortunes.  Dahhàk  le  Himyarite  qui,  en  persan, 
est  appelé  Bèwaràsp,  du  pavs  de  Yemen,  marcha  contre  lui  avec  des 
troupes  nombreuses  et  une  force  formidable  et  fondit  sur  lui  comme 


mSTOIRK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  17 

«c5Uj>  Jlc  iJi^kJ]  J^y^\j  \j.Ss^x^  j-  «L/Oo  <_>>-^  .-/jj"^!  Jic  i_>LLiJt 

J>j — j'i    ^->LXa_>   (JW  i  *    4)^r^    <J^    4>^j  .   a^l^-î^a^    "^-^^-^    ^"^7^    <-SJu«. 

T^-T^j  ^y^  T^y  *^'  ''^-^j  ^  U^^  U^U^t  <^-^  ^s^^  ^U-*^l  Jjt 


I  aigle  sur  le  lièvre.  DJem  s  enfuit  sous  un  déguisement  et  Dahliàk 
s'empara  de  son  empire,  de  ses  biens,  de  ses  femmes,  de  ses  trou- 
peaux, de  ses  cavaliers  et  de  ses  fantassins,  enfin  de  tout  ce  que  Djem 
avait  possédé.  H  ne  laissa  pas  de  le  poursuivre  et  de  faire  surveiller  et 
lui  couper  les  routes,  jusqu'à  ce  que,  sur  quelque  rivage,  Djem,  dans 
le  plus  triste  état,  tomba  entre  ses  mains.  Après  l'avoir  pourchassé 
comme  le  chat  fait  de  la  souris,  Dalihàk  le  coupa  en  deux  avec  la 
scie.  D'après  une  autre  tradition,  il  le  jeta  aux  bètes  féroces,  qui  le 
déchirèrent  avec  leurs  dents  et  leurs  griffes.  Puis  il  retourna  dans  sa 
résidence  et  au  siège  de  son  gouvernement.  Djem  avait  régné  cinq 
cent  vingt  ans.  Mais  on  attribue  aussi  à  son  règne  une  durée  moindre 
ou  plus  longue.  Dieu  seul  connaît  la  vérité. 

RÈGNE   DE   BÈWARÂSP. 

Les  Persans  apjDellent  ce  roi  Bêwaràsp  et  les  Arabes  Dahliàk,  nom 
qui,  dit-on,  vient  de  Azdalubj ,  «le  dragon  ».  Les  habitants  du  Yemen 


1<S  HISTOIRE  DES   UOIS   DES   PERSES. 

^  ^^j — ) yJ^  ^''r*~i' — *~^  <jj->yjp^t  >>Jj  «C-scSo  ^^j-fyU  ^U-*^'  «-«65 

o^  "^l— ^  ^^-^^  ^j  '•goSj  't^_7-**v  o"7^  ^-i-^'  '^'^  er'jr*-^''  "^  c.^^-^ 

^IjSs^      ^J-V-J     O— '1     *^^    s-^'^S^^Ln^S    ^I    ,^_J-J\^J^    ^.^Jj-L?    j|^i|    ,^_9J.>Cv^ 

<X-LjcJ>  ^\  <!   Jls,    <-^JI   J^JCJJ   ^Li^U!  ^r'Ja-A>^|   J^L»mJ  ^^^j-çJ'  •^L»  ^»_,' 
''    Ms.    ^(^.t«  <j»Ç  (>^^l  •    —     "'     ^^^-    '^5^      VON.     TuIkiii,    t.    1.    |).    ■>oi.    note   /  .    — 

'')  Ms.  iùiJb. 


préteiuU'iit  (ju'il  rtait  de  leur  race,  et  Aboû-Nowà.s,  dans  sa  (jasiflà. 
s'en  fait  gloire  en  ces  termes  : 

L'un  des  nôtres  fut  Al-Dahluik  ;  \1  kliàhil  r\  les  Djinn  le  servaient  dans  iems  pi-es. 

Par  Al-Khàhd,  le  poète  entend  Satan. 

Donc  ce  roi  qui,  d'après  les  Arabes,  était  Dahhak,  lils  de  'Alwan, 
est  appelé  par  les  Persans  Bèwaràsp,  fils  d'Andarmàsp,  descendant  de 
Sivàniak,  fds  de  Kavoûmarth.  Ce  nom  de  Bçwaràsp  lui  a  été  donné 
jwrce  que,  en  langue  pelilewî,  hcwar  signifie  «  un  nombre  supérieur  à 
cent  mille  «  et  que  Dabhàk  possédait  plus  de  cent  mille  chevaux  avec 
leurs  selles  et  leurs  brides  et  les  équipements  appropriés.  Réwaràsp 
signifie  donc  «maître  de  cent  mille  chevaux».  Son  père  était  roi  du 
Yemen.  Satan  excita  Dabliàk  à  tuer  son  père  en  lui  disant  :  1  Si  tu  le 
tues,  je  te  donne  ma  promesse  que  tu  feras  périr  le  roi  Djemscliîd  et 
que  tu  seras  le  maître  des  sept  Climats.  »  Dahhak  ayant  réussi  traî- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  19 

<^—jti\  js_ik.t  ijc  ^s^  isp^j  ^^^  (V)^L«  '■^^  c^  ^-vl  JU-*-t'^ 

l   g  .A.  1   r    Jw«|   j^^Oo»  L.^  ^4»_àJ   el>^>^  ^j  ffla»  ^—jOuo  Je    «7^    <-oLjLL 
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ws-^   '^_tfw5  4I    Ç^Ij    *U^|   oJj_«  ^   L?-]^    L^ji   ,_$uj5|   ^^y_Ss^   Igl'^ 

''  Ms.  iùtMâij  -«L».  —  '■'  Ms.  aA».j. 


trousement  à  faire  mourir  son  père,  fut  maître  de  ses  possessions, 
par  lesquelles  il  se  trouva  en  état  de  préparer  la  guerre  contre  Djem 
pour  lui  enlever  son  empire.  Il  commença  à  se  jDorter  avec  cette  idée 
et  à  vouloir  la  mettre  à  exécution. 

Un  jour,  Iblîs  lui  apparut  sous  la  figure  d'un  homme  et  lui  dit  :  «  Je 
suis  un  cuisinier  habile  dans  l'art  de  préparer  des  mets  dignes  de 
figurer  sur  la  table  d'un  roi  et  qui  te  conviennent.  Veux-tu  me 
prendre  à  ton  service?  »  Dahhàk  lui  ordonna  d'en  préparer  un  comme 
échantillon,  pour  qu'il  pût  en  goûter;  puis  ayant  trouvé  très  bon  un 
plat  appétissant  et  délicat  qu'lblîs  lui  avait  préparé  avec  beaucoup  de 
soin,  il  le  préposa  à  sa  cuisine.  En  ce  temps,  les  hommes  ne  man- 
geaient s:uère  de  viande.  Iblîs  voulant  habituer  Dahhàk  à  s'en 
nourrir  exclusivement,  pour  qu'il  devînt  cruel,  déterminé  à  verser 
le  sauff  et  soumis  à  ses  conseils,  ne  cessa  de  l'amener  successivement 
de  la  chair  des  volailles  à  celle  des  agneaux,  puis  à  celle  des  brebis, 

.1. 


ii 


■20  IllSTOinF,   DES   UOIS   DES   PERSES. 

—^■=2 — :?  f_*    fl?"^'   J^-^'    •^^^   *^5^  ^*^  0>~*^1j   ^  S-'^^J   U)3jd_>^ 

UJsj     jjJJi     ^     4'         .vils     iJiLysJS.^     JwA-OU     ^     J,         .viil      ^J^yJ^Ji        ,\\      (^^^^Ufc. 

^     '^      '    â__A«    'jv ^   4_jLJ,«J>»    4_aJ..x     ,\\j-~a-^Ji.jt     ,vLiy.^à_!)  UoL_J>^    (.:jLÂ-s. 


puis  à  lu  cliair  des  Lœuls  cL  de  lui  en  faire  des  plais  délicieux,  doul 
Dahhâk  se  régalait  et  se  délectait  et  dont  il  était  avide.  C'est  ainsi  qu'il 
s'habituait  à  la  nourriture  animale;  il  ne  pouvait  plus  s'en  passer  et 
il  flcvint  glouton  et  insatiable.  L'estomac  est  un  maudit  Satan. 
J.)aliliak  félicita  Iblis  de  son  habileté  en  son  art  et,  très  satislait  de 
.ses  excellents  services ,  il  lui  dit  :  «  Demande  ce  que  lu  di'vsii-cs.  »  Iblis 
répondit  :  «Je  veux  que  tu  m'accordes  la  faveur  de  pouvoir  baiser  les 
ficux  épaules.  »  Dahhak  se  ])rêta  à  son  désir.  Iblis  s'élanl  approcln''  de 
lui .  baisa  ses  deux  épaules  et,  se  servant  de  son  pouvoir  de  malélice  et 
de  magie,  il  souffla  sur  elles.  H  en  sortit  alors  deux  serpents  noirs 
qui,  toutes  les  fois  qu'on  les  coupait,  aj)paraissaient  toujours  comme 
ils  étaient  auparavant.  Suivant  une  certaine  tradition  ce  n'étaient 
que  deux  ulcères  ayant  la  forme  de  serpents.  Ils  remuaient  et  s'agi- 
taient sur  Dahhak  et  le  torturaient;  il  criait  et  hurlait,  se  tordait 
dans  son  lit  et  exhalait  sa  douleur  en  jîlaintes,  ne  trouvant  ni  som- 
med ,  ni  repos. 

Iblis,  après  avoir  agi  ainsi  avec  lui,  s'en  était  ailé  enant  au  hasard; 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  21 

"1  U^j  cS; — s»-!  •ïyj — ^  ^  ** — 6 — 1 — t  J^-^-^  ^  <  g>j  ^Jic  jLiti  <j  <jJut5 

(3  ^J^^  ^^  u-^'  f*^'  ^^^'^  ^  ^  c^wLSL^  cS^lc  ^]  4^  Jl-«-5 
■y  ^v_<v-^^-^  ,^)--vlii>  J>'  J-ii  jLi^  <'!)^  ^1)^  ^^^-..v^  j-J^^  ^j 

tsi       |^^^_4vU    ^v_AjLti     .v-*J^j    J^JUU  s_«ls   <jXjJ^   ^OL*^»    ijJoLa...     .•psw««.>j 
cilL^Jt       LjO*!^  ;^*;^t  o)-^^  UA-SL^  ^^^..A^uil  UfL-oLtLlj  U^L^oLoit 

JotJ  u  Lp-JoLAS^iL   JolàJ,  ^>tvifc.|  <j)^^^j    J--^^   ^[>  r^'j    «C^^-iaJIj    i^iljJt 


puis  il  se  présenta  à  lui  sous  une  autre  forme  et  dit  :  «Je  suis  un 
niétlecin  connaissant  ta  maladie  et  le  remède  qu'il  te  faut;  personne 
autre  que  moi  ne  saurait  te  guérir.  »  Dahliàk  lui  répondit  :  «  Si  tu  me 
guéris  et  apaises  mes  douleurs,  tu  auras  auprès  de  moi  le  premier 
rang  et  tu  seras  comblé  de  récompenses  et  de  dons.  »  Iblis  dit  :  «  Ces 
deux  serpents  ne  te  quitteront  pas  aussi  longtemps  que  tu  vivras,  mais 
ils  denieureronl  trancpiilles  s'ils  sont  nourris  avec  des  cerveaux 
dhonimes;  alors  ta  soullrance  cessera  et  ton  corps  trouvera  le  repos.  » 
Il  lit  donc  tuer  deux  jeunes  gens,  prendre  leurs  cerveaux  et  en  nour- 
rir les  deux  serpents,  qui  furent  ainsi  apaisés.  Daldiàk  cessa  de  souffrir 
et  dormit  d'un  jîrofond  sommeil,  dont  il  ne  fut  réveillé,  le  lendemain , 
que  par  les  mouvements  des  serpents  qui  voulaient  être  nourris  de 
nouveau.  Alors  il  donna  l'ordre  de  tuer  encore  deux  hommes  et  d'em- 
ployer leurs  cerveaux  comme  ceux  des  premières  victimes,  et  les  ser- 
pents furent  apaisés.  H  fit  faire  ainsi  chaque  jour  et  épouvanta  les 


22  HISTOIRK   DES   1U)IS   DKS   l'KllSES. 

J'uk^l  Jjt  3^t  jjf'j  ^>_£  ej-S^j  l;r^ls  I^U  I^Lv  ^bj  Jis'^l  iilLo 

?I^J^ — .'    i_>j — -^J  JJ — ^ — * — '1   Jj-**-  O^   JjI?   S-^-*-^1j    5UaXJ|   Jy-*v  ^j-e  ^j 

«  g  B~fc  >-^-*-:'  "'L*^'  <iiji~^^  jU_v^^|  S^Lscj  j^^_**^U  5-^^1j  y-^-^l  "^  L^'OJ 
"Ms.  ^^jjl.         -    Ms.  yU^.  —  :••   Ms.  yL*^y. 


liommes  par  les  deux  serpenls.  La  ])lu|)ail  des  autcuis,  dit  Tal)ari  en 
sa  clironique ,  rap])()rtent  ([ue  ce  qu'il  y  avait  sur  les  épaules  de  Dali  liàk , 
c'étaient  deux  jurandes  excroissances,  comme  des  têtes  de  grands  ser- 
j)cnts  ayant  des  élancements  qui  lui  causaient  de  vives  soulîrances  tant 
fpi  ('Iles  n'étaient  enduites  de  cervelles  humaines  toutes  Iraîches.  Il  les 
cachait  sous  ses  vêtements  et,  pourellrayer  les  hommes,  il  leurlaisait 
croire  que  c'étaient  deux  serpents. 

Les  historiens,  dit  encore  Tabarî,  sont  unanimes  en  ceci  que 
Dahliàk  était  maître  des  sept  (climats,  qu'il  était  magicien,  habile  soi- 
cier  et  adonné  aux  maléfices.  Il  rapporte  aussi,  d'a])rès  Ibn  al-KaIbi, 
que  pàhhàk  fut  le  premier  qui  mit  en  usage  la  peine  de  la  mutilation 
et  de  la  croix;  le  premier  cjui  établit  l'impôt  du  dixième  et  qui  frap])a 
des  monnaies  d'argent  et  d'or;  le  premier  qui  chanta  et  dont  l'éloge 
fut  chanté  en  vers.  Il  ajoute,  d'après  une  autre  source,  qu'Iblîs  s'était 
fait  l'ami  de  Dahliàk,  qu'il  l'avait  séduit  et  entraîné  à  l'impiété,  à  la 
sorcellerie,  au  vice  et  à  l'idolâtrie  et  qu'il  l'avait  excité  à  verser  le  sang 


HISTOfRK   DES  ROIS   DES  PERSES.  23 

>}j  ^w- c  j-^--^3J  j'.Ji«Jt  ^LSj  iCLo]^  iO^:i  Jlc  ^bJt  w■^^^. 

.j   J^JC_ii_j   ÏJLc-*...^»  i^iLxJL   :^  4'1jL«  ^Jlc  .3v:^   <_SJ_w  ^  issji^. 

,^JLXs\j   ii/-^jil^    v^t   4[j:>    ^Isl^   OUJ,!  vJ>-*v  ^_^a.^t   OjpSi    j)S-âJ  1^   4-^ 

''  Ici    (iiiil    l;i    liicniic   du    ins.   M.   l.ps  -  Mss.  xLJUT. 

mots  3ij|,  ^c  soTit  séparés  dos  mots  s^j  ,  „«,  '  C  /wajLL*. 

Ii's  derniers  avant  la  lacune,  par  une  iii-  '''  Mss.  ,>;,it*la,ii.tl- 

l)ri(|ue  cpii  n'a  aucun  sens  ici  :  *ÀlaJL«JI  ^b.  ^'  (.  *ji!. 


sans  cause  légitime  et  à  disposer  arbitrairement  de  la  vie  des  hommes 
et  de  leurs  enfants.  Dahhàk  suivait  aveuglément  ses  conseils  et  sa  di- 
rection et  se  conformait  à  son  exemple.  On  continua  à  tuer  chaque  jour 
deux  jeunes  gens  et  à  nourrir  avec  leurs  cerveaux  les  deux  serpents  de 
ses  épaules.  Ce  fait  ainsi  que  les  autres  pratiques  horribles  et  abomi- 
nables plongèrent  les  hommes  dans  la  désolation  et  dans  la  terreur. 
Lorsque  Dahhâk,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  après  avoir  pris 
les  armes  contre  Djem,  se  fut  rendu  maître  de  son  empire  et  de  sa 
personne  et  qu'il  l'eut  tué,  il  s'installa  sur  le  trône,  établit  le  règne  de 
la  sorcellerie  et  de  la  corruption,  donna  libre  carrière  aux  malfaiteurs 
et  remplit  le  monde  d'iniquité;  car  il  était  fincarnation  du  mal,  la 
tyrannie  en  personne,  la  source  de  l'impiété.  Les  hommes  qui,  aupa- 
ravant, avaient  été  entièrement  heureux  et  prospères,  et  qui,  par  la 
justice  des  quatre  rois  précédents,  avaient  joui  d'une  parfaite  sécurité 
et  d'un  gouvernement  paternel,  se  virent  précipités  par  son  régime 


2'l  IIISTOIIIK    DKS   ROIS    DKS   l'KUSKS. 

<_iS_Aj    I  ^.-sms:  ^\L-5s3  ^jti  ^  4'  <Cv>^  ^  ^  <j':>  ,t  j^^lc  .!  'i>\yo\ 

b. — bj  J — *_)U. — b.  J^,A_>UjI  ^L.^cN*^  ^nU».lxL  ^LliM_i'  ^L5  «ôl  ,.J^, 


<lii  paradis  dans  IViifcr  et  de  la  folicité  dans  les  supplices.  Loin  de 
vouloir  édilier  et  faire  llcurir  la  culture,  il  se  jilaisait  à  détruire  et  à 
ruiner.  Tabarî  ra])porte  qu'il  avait  recueilli  cjuelque  chose  du  langaj^e 
d  Adam  et  qu'il  s'en  servait  comme  un  moyen  pour  pratiquer  la 
magie.  Lorsqu'il  voulait  faire  venir  de  ses  royaumes  et  attirer  à  lui 
quelque  objet  ou  s'il  trouvait  à  son  goût  une  femme,  un  jeune  homme 
ou  un  cheval,  il  souillait  dans  un  tube  d'or  qu'il  possédait  et  tous  ceux 
qu'il  désirait  lui  obéissaient  au  son  de  cet  appel.  C'est  de  là  que  vient 
l'usage  des  juifs  de  sonner  du  cor. 

COMMENT  LES  DELX  CUISINIERS  HEMPLACEHENT 
I.'UN   DES  DEUX  CERVEAUX. 

On  raconte  que  Dabhàk  avait  deux  cuisiniers,  f  un  appelé  Armayîi, 
l'autre  Karmàyîl,  qui  étaient  chargés  de  sa  cuisine  et  avaient  succédé 
à  Iblis.  Ils  avaient  pitié  des  jeunes  gens  que  l'on  égorgeait  pour  avoir 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  25 

o> — « — >»y  U  !yv_«_jL_?  J4_j  JS  «LaJ^    -  'CLcL^vi  \i^^  ciJJi  ^_5u^    .^l^  ^^iuLA-» 

iJK    Le    ^ >'    iil « )Lj    L/C.À^3v»**»J      v.,^^»y^|    ^_^U)>>J!    .•';    .v<S*-i-S.    L^ï-iaU 

î^y^j^^Ut  [  j]  l^yoj  c)lr^]^  c)'-^^''  l^^-^  J  flr^!^  !>^' 

t_jL_)u^lj  ^jL^aJI  L/i<3s-tv.  ^'jJool  »_s^lsl  i_j  UiC-ôJj  r<s^  L^"^^"^  |S^-v>« 


leurs  cervelles  et  ils  convinrent  un  jour  de  sauver  l'un  des  deux  hommes 
qu'on  leur  amenait  à  cet  eflet,  de  remplacer  sa  cervelle  par  une  cer- 
velle de  brebis  et  de  mêler  celle-ci  à  celle  de  l'autre  jeune  homme. 
Dans  le  cas  où  ce  stratagème  réussirait  et  passerait,  ils  comptaient 
l'emplover  chac[U('  jour.  Ils  exécutèrent  leur  plan  et  nourrirent  les 
deux  serpents  avec  les  cervelles  mélangées  et,  comme  d'habitude,  ils 
furent  apaisés.  Alors  les  cuisiniex's  laissaient  vivre  chaque  jour  l'un  des 
deux  hommes,  lui  donnaient  à  manger  de  la  viande  de  brebis,  le 
rehàchaient  pour  l'amour  de  Dieu  et  le  cachaient.  Quand  il  y  avait  dix 
de  ces  hommes  libérés,  ils  leur  donnèrent  des  chèvres  et  leur  recom- 
mandèrent de  se  tenir  éloignés  des  villes  et  des  lieux  habités,  de  s'en- 
foncer dans  les  déserts  et  de  monter  sur  les  sommets  des  montagnes 
et  d'v  vivre  de  ces  chèvres.  Ces  hommes  suivaient  leurs  recomman- 
dations; puis,  quand  ils  formaient  un  groupe  considérable,  ils  se  dis- 
persèrent dans  des  pays  éloignés  et  demeurèrent  dans  les  steppes  et 


26  IIISTOIHK    HKS    HOIS    DKS   PKRSES. 

J  iL_^=Ni'l   ;5*_^^î^  Jj-^^\   fLj  f^^j^  ^-Ji^^j  ^)^J^^jj  y_wLjj 

yj\j[i  Jc^  'U  Li;  ^)->si-l.;ixJl  ^  J.;^!  JJ^  ^b^  ^^Ul  ^\y 

Lii   4 il  ^   ^_>^^^^    <Aaij:   c^oLb   ï,~X^\j    àZ^  "il   >.ijiai   Llt-k;;^  ^,v^j-^ 

J^^j    (^^-^    ^J-<sl~iàJm  ^j-e    j>ji   <oL   ^It  jL^    •»^JT*'   1^''-^^   *^-^^-is^   ejOvJOit 

-ill — f  ^j-»  j,"^ — u,  J.__>  (jLkkJl  JULs  J^L  t^^^jtj  .y^j^l  xJjj^lt  |Ju6  aU_f 

(')  Manque  dans  M.  —   -'  Manque  dans  C,  M  kki  À^SUà.  —  '''  Manque  dans  M. 


les  délilcs.  Ils  se  imillipliùieul  et  leurs  troupeaux  devinrent  de  plus 
en  plus  nombreux.  Ce  furent  les  ancêtres  de  la  race  des  Curdes  dans 
les  différentes  contrées.  Cette  action  des  deux  cuisiniers,  c'était  verser 
l'eau  du  bien  sur  le  feu  du  mal,  alléj^iM-  une  misère  accablanl(>; 

Car  telle  calamité  est  moins  louide  ([ue  Irlle  autre. 

Tabari  rapporte,  d'après  une  de  ses  autorités,  que  Dahliàk  n'écouta 
qu'une  seule  fois  la  plainte  d'une  injustice  commise  et  rendit  justice 
à  un  plaignant,  contrairement  à  une  règle  constante.  Alors  que  son 
t(;rrible  régime  et  sa  tyrannie  pesaient  sur  les  hommes,  un  certain 
nombre  de  personnes  Amenant  porter  plainte  se  rendirent  à  sa  cour, 
et  parmi  eux  un  homme  d'Isfahàn  nommé  Kabî.  Quand  ils  furcMit 
admis  en  sa  présence,  cet  homme  lui  dit  :  "  De  quel  salut,  ô  roi,  te 
saluerai-je?  Dirai-je  :  Salut  au  roi  des  sept  (ilimats,  ou  salut  au  roi 
de  ce  seul  Climat,  c'est-à-dire  de  Babylone.'  »  Daliliàk  répondit  :  <'  Il 
faut  me  saluer  flu  titre  de  roi  des  sept  Climats,  car  je  suis  le  mailrc  flu 


HISTOIRE   DKS  ROIS   DES   PERSES.  27 

1^  (.)l^  JlsNIt  ^^  ,_^^^\i  ^Ip^'i]  jLii  ^^"^1  au  J^  Jls'^l 

"^^ *y— **'J   (cT*  ^v-6-^^>— ^   *xS^!   '^-i-*-C   .i>>vX«   <0^..**JL   AAajj  '«-*-*-^J  wa^^^L«JL| 

'''  Ce  passage,  à  partir  de  -SU.  -I,  est  omis  clans  .M.  —  '-    .M  ajoute  JJU  oJS'liU 


monde.»  Kàbî  répliqua  :  «Or  doue,  connue  tu  règnes  sur  tous  les 
Cliuials,  pourquoi  sommes-nous,  des  habitants  de  tous  les  Climats, 
plus  ])articulièrenient  exposés  à  ton  oppression  et  à  ton  injustice,  et 
pourquoi  ne  partages-tu  pas  également  ces  iniquités  entre  eux  et 
nous?  »  Et  il  lui  reprocha  un  grand  nombre  de  ses  pratiques  abomi- 
nables. Le  langage  de  cet  homme  fit  une  grande  impression  sur 
Dabbàk,  qui  donna  des  ordres  pour  alléger  et  égaliser  les  charges 
entre  ses  sujets.  Mais  il  ne  demeura  pas  longtemps  dans  cette  voie;  il 
reprit  sa  conduite  tyrannique  et  persista  dans  son  extrême  injustice. 

DAHHÂK  A   LN   REVE  TERRIFIANT. 

Une  nuit,  Dahhàk  étant  couché  sur  le  lit  d'or  entre  ses  deux 
concubines,  les  filles  de  Djem,  vit  dans  son  sommeil  trois  hommes 
pénétrer  dans  son  palais;  l'un  d'eux  le  frapjDait  avec  une  massue  dont 


2S  llISrc^lRK    DKS   ROIS    DKS    l'KllSES. 

-  -  ^  f 

<.-i..-Aj>^^   J-*^    I^    "^^r-^J   ol^    '^>-'^^>-^  JJ^l   O^'r-^   <_wl%    .^^-f^J    ?>>-:i>l 
Lie-, j   ^'.^ 5i^^ It   ^—sJLjls    .^^^-X^  y^   Jl    -■  <_***.A.^^  Jo.Lo^   J-^=^   Ji\ 

4'  c:.- — !* — à — 5  ^\'i  J^ — d>I  ;î-6-?"  1^  iiJLA.;^^'  ïwS-.;^  "M!*^^  ^Lv^.  ^V?^ 

,_^  i6)l x_Jiwls  ^^5^  '^^-^)J)  4-c.j  Js_4i|  L{\^  ,^Loo  ^_i  <.L^]\  Lf  L,JS>Js-\^I 

L^_jl  b>_>^j^t  LjUIs»  <-)'->^  o^^  cj-^àjJI  ç-y«^  bj-i'n  "^-^sLc  vLs^^^wtvjll 
^u  u  .—^(-fS^  v_y=-»-'  uftC.^.  Lfii^  xjjJ  ^Jv-Ai»-  Lijv>vx  J--*-L?  cJ[f^-~>  ^^llil 

.v»_>o  \  ,\j_JLi^    u  s_i.S=[s    cLï   j[  Lois.  <-A>x)  U./;>.5n-*v.  ■>"' u\.*«.2w  UJLâJ 

'"  M  Aïj.  —  '-'  M  JOjLJi,  C  x«*>:i.  —  "''  -M  sLûlai--  —  '''  -M  «oot»  Js  ov)t.~jjl.  — 
(5)  >r  manque  yl,  C  manque  ^Li.  —  !«)  M  GlU.  —  ''>  M  U. ..:.,.■  —  ''">  C  0.\jè\  M  olj?. 


l'extivinité  «'lait  comme  une  tête  de  taureau,  le  renAersait  et,  tirant 
son  couteau,  coupait  de  sa  peau  une  lanière,  le  liait  en  le  pliant  en 
deux,  le  portait  au  mont  Donbàvvand  et  l'y  enfermait  dans  un  puits. 
Dahhàk  se  réveilla  terrifié  et  poussa  un  cri  si  terrible,  que  tous 
les  gens  de  sa  maison  en  furent  réveillés.  Ses  deux  concubines  lui 
dirent  :  «  0  roi  du  monde,  fpi'as-lu.^  Que  l'esl-il  arrivé  pour  être  frappé 
d'un  tel  effroi  au  milieu  de  ton  palais  et  de  la  foule  de  tes  gens  et  de 
tes  serviteurs,  puissant  comme  tu  es?»  Il  leur  dit  :  «Ne  m'interrogez 
pas;  car  si  je  vous  racontais  ce  que  j'ai  vu  dans  mon  sommeil,  vous 
seriez  plus  épouvantées  que  moi.  »  Alors  elles  insistèrent  pour  qu'il 
leur  en  fit  part,  pleurèrent  et  le  supplièrent  en  disant  :  «Raconte- 
nous,  ô  roi,  ton  rêve;  peut-être  sommes-nous  à  même  d'en  prévenir 
les  suites  funestes.  »  Il  leur  raconta  donc  ce  qu'il  avait  vu.  Elles  lui 
dirent  de  bonnes  paroles  et  le  calmèrent  :  «  Ne  l'effraye  pas;  la  plupart 
des  choses  que  l'on  craint  n'arrivent  pas.  Mais  tu  devrais  réunir  les 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  29 


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mages  et  les  astrologues,  leur  demander  l'interprétation  de  ton  songe, 
les  interroger  sur  l'issue  de  ton  règne  et  les  consulter  sur  ce  qui 
peut  te  profiter  ou  te  nuire,  prendre  ensuite  tes  précautions,  te 
garder  avec  soin,  tenant  ton  attention  toujours  éveillée  et  te  fier  à  ta 
bonne  étoile.  »  Pcdihàk  goûta  leur  langage  et  prit  confiance  à  leurs 
paroles.  Puis,  au  malin,  il  fit  convoquer  les  personnages  dont  avaient 
parlé  les  deux  femmes,  leur  fit  son  récit,  leur  demanda  finterpré- 
tation  de  son  songe  et  voulut  savoir  ce  qui  lui  adviendrait  et  quel 
avenir  lui  était  réservé.  Les  mages  et  les  astrologues  ayant  obtenu  de 
lui  un  délai  de  trois  jours  pour  réfléchir,  examiner  et  délibérer, 
Dahliàk  les  appela  le  quatrième  jour  et  les  mit  en  demeure  de  ré- 
pondre. Alors  ils  se  mirent  à  balbutier  et  à  bredouiller,  usaient  de 
circonlocutions  et  de  détours,  évitant  de  s'exprimer  en  propres  termes. 
Le  roi,  transporté  de  colère  et  de  frayeur,  donna  l'ordre  de  leur  tran- 
cher la  tête,  s'ils  ne  parlaient  clairement  et  ne  faisaient  connaître  la 
vérité.  L'un  d'entre  eux  s'avança  et  dit  :  «  Ton  règne,  ô  roi,  est  près 


30  IILSTOIRE    DF.S  ROIS   DES   PERSES. 

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^^îj    ^'uLs   J,|    «ULJ         \yJjj^\s    \jj^   J^^J\    ,11 U^^    fl^Js^   ^_^'^t 

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w^v_a-jl_.'  <_<ut  J^j  sy«t  c:^L5j  «ui;  j  Al  J^  iJkj  ]f<^:ij  «u.t 


d'atteindre  mille  années  et  tu  as  surpassé  tous  tes  prédécesseurs  en 
grandeur,  en  ])uissance  et  en  bonheur.  L'homme  n'est  pas  éternel; 
tout  ce  qui  est  né  doit  mourir  et  toute  royauté  est  périssable.  Ton 
rêve  et  les  constellations  présagent  ce  que  je  n'ose  dire.  »  Puis,  Dahhàk 
lui  avant  ordonné  de  parler,  il  lui  annonça  qu'il  périrait  par  la  main 
d'un  jeune  homme  de  la  famille  rovale  qui  n'était  pas  encore  né,  à  qui 
passerait  son  pouvoir  et  qui  remplirait  le  monde  de  justice,  comme 
pahhàk  l'avait  rempli  d'iniquité.  Dahhàk  fit  arracher  à  cet  homme  la 
langue  par  derrière,  affecta  de  ne  plus  se  préoccuper  de  ses  paroles 
et  dissimula  la  terreur  et  les  anxiétés  qui  agitaient  .son  àme  et  qui 
faillirent  le  faire  mourir.  Il  devint  de  plus  en  plus  méchant  et  orgueil- 
leux et  continua  à  exercer  un  régime  de  plus  en  plus  tyrannique. 
Il  ordonna  d'établir  des  espions  et  des  gardes  pour  guetter  tout  enfant 
qui  venait  de  naître  dans  la  famille  royale,  de  l'arracher  du  sein  de 
sa  mère  et  de  l'égorger  comme  on  égorge  un  agneau  quand  son  tour 
est  venu. 


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HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  31 

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<jj  ^  «WïIj  <Co|^  <<s1^  J^^i^l  *Lf  j-és?  ■■-:?>-=»' jV*" 

"'  M  ^jJs.yK  «'t  «insi  dans  la  suite.  —  M  C  JL.  —  <'>  C  ij^Uw-  —  '''  C  iy;UU, 
M  ^iWl.  —  '5)  C  |.lli*JI.  —  W  M  ^ltjjl\. 


Or,  la  femme  d'un  descendant  de  Tahmoûratli  nommé  Âbthîn,  se 
trouvant  enceinte,  cachait  sa  grossesse  et  lorsqu'elle  eut  mis  au  monde 
un  (ils,  son  père  le  nomma  Afrîdhoùn  et  le  porta,  pour  qu'il  fût  en 
sûreté,  dans  quelque  pré  éloigné  et  situé  dans  un  profond  vallon;  il 
emmena  avec  lui  une  vache  qui  venait  de  mettre  bas  et  que  l'on 
appelait  Gdw-i-Birmdyoûn  et  chargea  une  vieille  femme  de  les  garder. 
La  vache  allaita  l'enfant  et  la  vieille  femme  le  soignait.  Quand  il  fut 
sevré,  son  père  le  conduisit  sur  une  haute  montagne,  prit  toutes  les 
mesures  pour  sa  sûreté  et  ramena  la  vache  chez  lui.  Dahhàk,  cepen- 
dant, fit  rechercher  Afrîdhoùn  avec  ardeur.  Inquiété  par  les  rapports 
qui  lui  parvenaient  à  son  sujet,  il  requit  son  père  de  le  lui  amener; 
celui-ci  ne  voulant  pas  livrer  son  fils,  Dahhàk  le  fit  mettre  à  mort, 
détruire  sa  maison  et  égorger  la  vache  qui  avait  nourri  l'enfant.  Afrî- 
dhoùn, tandis  que  Dahhàk  le  faisait  chercher  dans  tous  les  déserts  et 
toutes  les  villes,  vivait  en  lieu  sûr,  croissant  comme  la  nouvelle  lune, 
sous  la  protection  constante  de  Dieu. 


3:2  HISTOIRK    DES   ROIS   DKS   l'KRSKS. 

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.\«J_*t»JO.  *OJ>-£  41)1    »»^js-*j  ^LjJI  <_j   ,>â./vixjj_*,j 

< Jj  Je  4_>LjJl  -^-pL;  <^1.-6J"  iJVo-^  ^^'^^J  jU-JI  <-v'  ->-^|;  ^^>-<y^-?^ 


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FIN   DU    REGNE  DE  DAHHAK.   COMMENCEMENT  DU   REGNE   D'AFRIDHOUN. 

Lorsque  l'oppression  de  Dalihàk  lut  devenue  accablante  pour  les 
hommes,  qu'ils  eurent  été  poussés  au  désespoir  et  qu'ils  souffraient 
cruellement  de  la  perte  de  leurs  fds  que  l'on  égorgeait  pour  les  deux 
serpents,  ils  commencèrent  à  attendre  pour  lui  des  catastrophes;  ils 
invoquaient  Dieu  contre  lui  et  se  consolaient  par  l'espoir  de  la  déli- 
vrance quand  Afrîdhoûn,  dont  la  venue  et  le  règne  étaient  annoncés 
parles  anciennes  traditions,  lèverait  l'étendard  de  la  révolte. 

Un  forgeron,  nommé  Kàweh,  à  qui  un  fils  avait  été  enlevé  pour 
servir  à  la  nourriture  des  serpents  et  dont  on  venait  de  prendre  l'autre 
fils  pour  l'égorger  également,  déchira  ses  habits,  répandit  de  la  pous- 
sière sur  sa  tête  et  appela  au  secours.  Il  mit  le  cuir  dont  il  se  couvrait 
les  genoux  en  battant  le  fer  rouge  au  bout  d'un  pieu  et  ameuta  les 
hommes  en  criant  :  «  Que  ceux  qui  veulent  la  mort  de  ce  roi  impie  et 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  33 

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*L>5L!_I^  *L*çvpJt  jîL^!  jf^^ï— >|^  \j.y^^jXjtJj  \j^\jJj  ^LLjj  \éLà^  hr^J 
J  s_jj_5l_JL  Ijbj  oJLâi^Jl  "  JjpJiilà  <jëy!  ci/oë_y  <4s-v^|  i.:^,jijjj)[d 

<jL>o  jL^  ^-îs^y  ^3-=*^  oi)    ^-^'^-**^  c)^  "^^  t^     ^y*-'  V^  r^l^  ''^  j^]^ 

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scélérat  et  ravènoincnt  (rAfrîdhoûii ,  le  très  excellent  et  juste,  me 
suivent  et  se  joignent  à  moi!  »  Une  grande  foule  le  suivit,  s'arma, 
arbora  des  drapeaux,  se  mit  en  marche,  des  forts  et  des  faibles,  et  fit 
des  nouvelles  recrues.  Les  chefs  et  les  notables  se  joignirent  à  elle.  Un 
grand  tumulte  s'éleva  et  on  en  vint  aux  mains.  Dahhàk,  se  traînant 
péniblement,  voulut  monter  à  cheval,  se  jeter  sur  les  révoltés  et  ré- 
primer la  sédition  avec  les  gens  de  sa  suite;  mais  il  n'osa  pas  et  recula, 
et  ses  chefs  d'armée  l'abandonnèrent.  Il  donna  donc  l'ordre  de  rendre 
à  Kàweh  son  fils.  Celui-ci,  nommé  Qâren ,  alla  retrouver  son  père.  Le 
peuple,  aussitôt,  se  porta  vers  la  retraite  d'Afrîdhoûn  et  fen  lit  sortir. 
Tous  ceux  qui  étaient  venus  ^'irent  en  lui  la  pleine  lune  sous  la  forme 
d'un  homme  et  un  ange  sous  la  forme  d'un  roi.  Us  se  prosternèrent 
devant  lui,  le  com])lèrent  d'éloges  et  lui  jurèrent  un  entier  dévoue- 
ment jusqu'à  ce  qu'il  eût  réussi  à  vaincre  Dahliâk,  à  en  tirer  une 
vengeance  complète  et  à  régner  à  sa  place.  Afrîdhoûn  se  montra  bien 


Vi  HISTOIRE   DKS   ROIS   DKS   PERSES. 

Lcvj  << — ;;_*__iî)l ^v-*^0  j^j  ^jSs^j  4!t  j^,  ^i^,t  ^wCi  U  ^'i  Jls^ 

Jj ^%    ^^—^    a*    •'*' ?'-^— :>   l:^  l^-^    ciJLiÀJt^j^^^aJJ  J^t    <.sL^\'l 

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J  L^l  ciibi^l  4I  Jls^  4^  <^t  ojLjjjpit  ""''(^yu»^  j^  jLajû  Jo 


'■'  MJj^U. — (-'  C  sans  la  préposition.  —  '^)  ^^  sans  la  inrposition. —  ''  Mss.  Sj.*^^  . 


disposé  et  dit  :  "  C'est  ce  que  je  désirais.  »  Il  rendit  grâces  à  Dieu 
ft  prit  les  mesures  nécessaires.  Il  fit  venir  des  forgerons  auxquels  il 
donna  l'ordre  de  forger  la  massue  que  lui  avaient  fait  connaître  les 
traditions  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  Goiirz-i-Gciwsdr,  mot  qui, 
en  persan,  signifie  «la  massue  qui,  à  son  extrémité,  a  la  figure  d'un 
taureau  ».  Kàweh  déployant  devant  lui  son  étendard,  Afrîdhoiin  et  ses 
adhérents  en  armes  marchèrent  sur  le  palais  de  Dahliàk,  tuènMit  les 
gardes  et  les  factionnaires  à  la  porte,  firent  irruption  chez  Daliliak  fl 
se  précipitèrent  sur  lui.  Afrîdhoûn,  accompagné  de  Kàweh  et  de 
Qàren.  s'étant  approché  de  lui,  le  frappa  avec  la  massue  donl  il  vient 
d'être  parlé.  C'est  ainsi  que,  par  la  volonté  de  Dieu,  se  réalisèrent  les 
menaces  de  l'interprétation  de  son  rêve.  Afrîdhoûn  coupa  de  sa  peau 
une  lanière  avec  laquelle  il  le  lia,  le  porta  au  mont  Donbawand  el 
l'y  enferma  dans  un  puits.  On  lit  dans  certaines  relations  cju'il  le  tua 
et  que  Dahhàk  lui  dit  :  C'est  pour  ton  aïeul  Djem  que  fu  me  fais 


IIISTOIIU-:   DKS  ROIS  DES  PERSES.  ;i5 

j  j^lUil  (.^-SJ^  >j»^-*J!  fir^  ^^f  '-^1  (JJ^r*'  '^  JuLj  ^.^  «-s^ôs^ 


U5' 


il  .i^l 


i^  j^_«_lLjtJLj        x-jlj  lii  .»  i  JL^^L^  yb  jj 


''  ^  U>''^y'  —    '    ^'  yj»*^^"  —  '^'  Manque  dans  M.  —   '    C  yld. 


iiioiirii!  Miidhoùii  lui  répondit:  Ce  serait  un  trop  grand,  honneur 
pour  toi;  je  le  tue  pour  une  côte  de  la  vache  Birmàyoûn.  Plusieurs 
j)oi'tes  ont  tiré  des  comparaisons  d'Afridhoûn  et  de  Dahliàk.  entre 
autres  Aboû-Tammàm  qui,  dans  une  qasida,  s'exprime  ainsi  : 

11  a  atteint  ce  que  n'ont  pu  atteindi'e  dans  le  monde,  ni  Pharaon,  ni  Haman,  ni 
Qâroûii. 

H  ne  peut  être  comparé  qu'à  Dul.ihâlt  avec  ses  violences  contre  toutes  les  créatures  ; 
mais  toi ,  tu  es  .\fridlioûn  ! 

D'après  les  fables  des  Plages  et  leurs  criminelles  facéties,  Dahhâk 
sei'ait  encore  vivant  au  mont  Donbàwand  et,  comme  Iblîs,  il  serait  l'un 
de  ceux  qui  sont  réservés  jusqu'au  jour  de  la  résurrection. 

RÈGNE  D'AFRIDHOÛN. 

Le  jour  où  Afridhoûn  eut  définitivement  vaincu  Dahhàk,  qu'il 
l'eut  enchaîné  et  emprisonné,  était  le  jour  de  Mihr  du  mois  de  Mihr. 


36  HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES. 

-LJL   ^..'^.aJiJiU    jJUl  sJs_«.  ^^Jovit  .XjlJiJj]^   JJLs^t  «Ciix  I^ls   oJbiÀJI 

^ >\ — ^j  .1    Jv-S-J    ^■■^r'-J  yrty^J    i^\j-^'^\j  lïL*v^'^t   ^jL«  <_.  .^JJi^U 

4}^jy. It  f^-^^j  <-*A-c   r^J^.  *-i-i^^  i:>[jL^\   9L*-*tj  (jJuaÀj  J-A-?"  J->y 

A\)  (3)  tC-Ss i  jLs_J  |?Lsiaifc^   ^T^  <-«L*JJ  ^^it  ';^   <,;..<o   Pl^^  ^'"'  ^r*'-*-'' 

vj    l-i>v<»    >J».^   j[^    «♦S^^si-C    |*-**4?    f*^^'    Cj^-**^    f^VS»    J-^-»^    |»'=^L^ 
|s_Js__w    ejJ^-<>«U    J  •wuJb    ^_yo\^\    lc.^Ôil\l9    ^,»-_^^.£    *fc.^»*J  '    l—jij    (*-^^    vii^  | 


Les  hommes  en  firent  un  jour  de  fête  qu'ils  appelèrent  Mihrdjân ,  pour 
exprimer  qu'ils  retrouvaient  par  la  justice  d'Afrîdhoùn  la  vie  qu'ils 
avaient  perdue  par  la  tyrannie  de  Dalihâk  et  c'est  pourquoi  ils  l'ai- 
maient. Afrîdhoûn  s'assit  sur  le  trône,  posa  la  couronne  sur  sa  tête,  les 
rois  vassaux  des  provinces,  de  près  et  de  loin,  l'entouraient;  sa  physio- 
nomie resplendissait,  de  sa  bouche  tombaient  des  paroles  gracieuses, 
le  reflet  de  la  majesté  divine  brillait  sur  lui,  il  exhalait  l'odeur  de  la 
victoire.  Il  donna  ensuite  audience  au  peuple,  fit  approcher  les  gens 
et  leur  parla  en  ces  termes  :  «  Grâces  soient  rendues  à  Dieu ,  qui  a  délivré 
les  hommes  et  les  cités  du  fléau  de  Dahliâk,  qui  l'a  fait  périr,  qui  a 
purihé  la  terre  de  ses  abominations  et  en  a  fait  disparaître  les  œuvres 
de  sa  tvrannie  et  de  sa  magie.  A  sa  place,  il  vous  a  domié  quelqu'un 
qui  vous  protégera,  qui  vous  gouvernera  avec  justice,  qui  sera  bien- 
veillant pour  vous  et  vous  comblera  de  faveurs  et  qui  n'épargnera 
rien  pour  vous  aider  et  vous  préserver  de  tout  mal.  »  La  terre  très- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  37 

(^^v^tv,    ?xOva-j|    !'J^^^L»«o   ,.\j^>OsJ!    ,.^.Js-â_»  âJ    U-^j   >->XS»-^  c:^04JU   Jv,^ji.^«J| 

^    "^J      -     -^     Il     (__>LaXJL     [''')y^\jJ!.     huL^J     {ô)^'^ksi^\     ^j*»_,LftJ    ^    ^Ot<Vv     ^il 

"  M  sLw.  —  '-'  Manque  dans  les  deux  mss.  —  '^'>  M  ^^yJ-  —  '^    C  ^^  il!  Is.  — 
'^'  M  (iil^l  —  l"'  Manque  dans  C.  —   "'  C  Sjiûd.\.  —  l»)  Mss.jj^JOi. 


saillit  de  joie  et  retentit  partout  de  bénédictions  et  de  grâces,  comme 
le  ciel  de  vœux.  Les  gens  se  retirèrent  et  regagnèrent  leurs  demeures, 
se  livrèrent  à  la  joie,  au  plaisir  et  aux  divertissements,  et  célébrèrent  ' 
ainsi  l'heureuse  lète  et  le  temps  béni.  Ils  auraient  voulu  donner  pour 
Afrîdhoûn  la  lumière  de  leurs  yeux  et  les  années  de  leur  vie. 

COMMEiNT  AFRÎDHOÛN   INAUGURA   SON   RÈGNE 
ET  INSTITUA  LE  DRAPEAU  DES  KAYANIDES. 

Afrîdhoûn  se  fit  présenter  les  trésors.  On  y  découvrit  ce  que  jamais 
ou  n'avait  vu,  ni  connu  en  fait  d'objets  précieux,  de  joyaux  magni- 
fiques, de  tissus  de  brocart,  de  diadèmes,  de  ceintures  incrustées  de 
rubis,  de  perles  aussi  grosses  que  des  œufs  d'oiseaux,  d'immenses 
sommes  d'or  et  d'argent  et  d'innombrables  ornements  royaux.  Il 
les  fit  mettre  dans  les  caisses,  ainsi  que  tout  ce  qui  fut  trouvé  dans  les 


38  iiisroiin':  dks  ik^is  df.s  pkusks. 

Ll6wiu_j   ^^^N«.->^a_i:   ^jJut>9  [W^l   ^fe-^-^^-^"T^   '-^jT*'   J^  W:*  o)"^î^   *^b    '~*'^^3 

Jjlll  ^"^  <-oLi  J^  ^JJ)  U-?  <Jj-UjJL  <o!pi  j^j^j  ^lyli' jioji 

Aj^l  >    .>-6j  Lgj^JoL>  LjLSvJ  v_,_SJi:  <x5sjj  olLiJI  v>nJ;  >-?J|  "^jr^ 
'     \1  l^JUjyà..  —  -    -M  *j^'lj.  —    '    \Iaii([iii'  dans  C..  —  ''J  j\Iss.  ^j^,   M  /j-««.=».l  ^y>■ 


magasins  des  tapis,  des  armes  et  des  autres  objets  et  confier  le  tout 
aux  trésoriers.  Il  fit  ensuite  revêtir  de  robes  d'honneur  Kâweh  et  son 
fils  Qàren  et  les  lit  combler  de  dignités,  de  richesses  et  de  dotations, 
en  récompense  de  la  belle  conduite  et  des  services  rendus  |)ai'  kàwch. 
Avant  demandé  le  cuir  que  Kàweli  avait  hxé  au  bout  d  un  pieu 
pour  entraîner  les  hommes  contre  Dalihàk,  il  le  lit  broder  d  or  cl 
incruster  de  joyaux  et  en  faire  un  étendard  pour  servir  de  bon 
augure  de  la  victoire  dans  les  batailles  et  pour  faire  tomber  les  lorte- 
resses.  Il  l'appela  DiraJsch-i-Kâwiydn.  Dirafsch ,  en  pehlewî,  signifie 
«étendard»).  Cet  étendard,  durant  son  règne  et  sous  le  règne  de  ses 
successeurs,  demeura  pour  les  rois  un  moyen  de  s'assurer  la  victoire 
et  pour  les  troupes  un  talisman  auquel  elles  se  liaient.  Les  souverains 
v  attachaient  leur  fortune  et  livalisaient  à  le  rehausser,  à  l'orner  des 
plus  beaux  joyaux  et  cherchaient  à  fciivi  a  le  rendre  magnifique, 
de  sorte  que,  dans  la  suite  des  temps,  il  devint  la  perle,  le  chef- 


HISÏOIRK   DES   UOIS   DES   PERSES.  39 

ïw_^jj|  c:,s_>w_Sj  A3jJ^  >^' j|jwg_.i  ^.  ^ys^yyj  jdLô  w>i!  ^t  J, (  L^^s^c 
<_«-C3sI|  ^\j]oi\j  ^JJ^L^i^  ^Ls^jJl  s^  U-'-?;;  ùyttljs^  ^j>*Jjùj  :ijj^:>\^ 

''   M  lAjil.  —    -    ('.  ikjLw^UJI.  —  "     M  ;iif.  inan(]iic  dans  (1  —    ''   M   syci,  V.  Sot*.. 
—  1^1  Mss.  3^.  —  "    C^jijjjJ!. 

(l'œuvre,  la  merveille  et  la  curiosité  des  siècles.  Ils  le  faisaient  porter 
(levant  eu\  dans  les  batailles  et  ne  le  confiaient  ([uau  commandant 
en  (lier  d'entre  leurs  g(''n(^raux;  après  la  guerre  heureusement  ter- 
minée, ils  le  rendaient  au  trésorier  chargé  de  le  garder.  Cela  dura 
ainsi  jusqu'à  la  chute  de  Yazdegerd,  fds  de  Schahryàr,  le  dernier  roi 
des  Perses,  Ses  généraux  ayant  été  mis  en  déroute  à  la  bataille  de 
Qàdisîya,  fétendard  tomba  entre  les  mains  d'un  homme  de  la  tribu 
de  Nakha\  Sa'd  ibn  abi  Waqqàs  l'ajouta  aux  trésors  et  aux  joyaux  de 
Yazdegerd  que  Dieu  avait  donnés  aux  Musulmans  et  le  porta  avec  les 
diadèmes,  les  ceintures,  les  colliers  incrustés  de  pierres  précieuses  et 
autres  choses  au  Commandeur  des  Crovants,  'Omar  ibn  al-KhaUàb. 
Celui-ci  ordonna  de  le  détacher  de  sa  hampe,  de  le  couper  en  mor- 
ceaux et  de  le  partager  entre  les  Musulmans.  On  dit  que  le  drapeau 
des  Kayanides  a  été  bien  défini  par  Al-Bohtorî  dans  une  célèbre  qasida  : 

Et  les  Trépas  se  tenant  debout  et   .\noiischar\vàn  poussant  les  troupes  sous  le 
flrapeau. 


40  HISTOIRE  DKS   ROIS  DES  PERSES. 

^.^i^,.)^Ul  v^  ^  .  i^U!  ^>-^l  ^Jji  ^U  ^L^  ^b"^! 

^  ^j-l — ^1  ;t_Lot  <   â  n  ^^  jJi^  ^J^  t,  ,j_?-tj-gj  L^Sjjj  jj^^t  Jt.^]^ 

o^jJl  <LoU.i.  "^^-^rtJ  '"^c)-^  J"-*^  '^' J''-?'  *  t_r'^<^^t  jp^l  <  ^LS^ci^A^ 

1"  Mss.  jl^l .  —  (2)  Manque  dans  M.  —  l^)  Manque  dans  C.  —  "'>  Cylil .  —  ^  C  l^. 


SENTENCES  ET  PROVERBES  QUI  SONT  ATTRIBUES  A  AFRIDHOUN. 

Les  jours  sont  les  feuilles  de  la  vie  qui  vous  est  mesurée;  donnez- 
leur  une  durée  permanente  en  les  remplissant  des  plus  belles  actions. 

—  Qui  recherche  des  hautes  situations  auxquelles  il  n'a  pas  droit 
lera  une  chute  sévère.  —  Qui  nuit  aux  hommes  les  craint.  —  Celui 
dont  on  ne  connaît  pas  les  moyens  d'existence  est  soupçonné  de  vol. 

—  De  celui  dont  on  ne  connaît  pas  la  demeure,  on  éA'ite  l'approche. 

—  Qui  désire  ce  qu'il  ne  peut  atteindre  est  un  ignorant.  — Qui  ne  se 
connait  pas  soi-même  ne  connaît  pas  les  autres.  —  Qui  ignore  le  lieu 
et  le  temps  opportuns  des  affaires  est  un  sot.  —  Qui  parle  beaucoup 
apprend  aux  gens  ses  secrets.  —  Celui  qui  peine,  gagne.  —  L'hon- 
nête homme  est  confiant,  le  perfide  ne  se  lie  à  personne.  — Le  sage  est 
honoré  en  tout  lieu.  —  La  magie ,  c'est  Iblîs.  —  La  beauté  de  l'homme 
de  belle  apparence  est  bonheur  et  bénédiction;  la  laideur  de  l'homme 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  41 

(  ,^j.^t.>^j}i\j  ^\yu\j  jL«J]^  -^.uiJ]^  jUil  «C*.^  ^x-^s*J|  <  ^ySsjj  ^Jji, 

*LsJ_^l .  ^jilj  ^LJ\j  j^j}\j  ^jlàj  ^\jj\  <^  jy^'i] 
i_it  j  ^  ^i  ..  Il;  *^-jlJ!  j  f  Lut;  <j^wJt  jjL^"^'!  ^U>^ 

J-J«Ji-uUJ;  à\jX\j  J^s»J];  >>wwUI;  4j>X«Jl  <>m4-  •*!,>vc'^l  <  kc]^];  <ij-LJ; 

«oLSlo  JwoLJl  Je 
Je  J — f.  jLs-ci\^  4-a'^L3  1^^^  ;■■!)   ^1;  j)^  1^  ^j j^*^  jjj 

Lllj   ^_yij^!    ^J^ILJ.     ■  j?^ — ^:^-Cj—ij    iL<J;Jy^j    A.A->ibj    jSU-AjsJ   ;J   ^jd-^^Lû; 

'''  C  iiJ^yi -^i  A^J.  i^*' 1^' Jy  ""^  plusieurs  fois^jj;  la  forme 

'-'  M  jv'^  }y3-  Dans  la  suite,  le  premier        ^jl  se  trouve  encore  fn-qucmment. 
de  ces  noms  est  écrit,  clans  le  même  ms. ,  -^t  M  ♦p'^  -j  ^OoJ»^j. 


laid  est  mallu'ur  et  calamité.  —  H  y  a  cinq  sortes  de  serviteurs  :  le 
boulanger,  le  cuisinier,  l'échanson,  le  valet  de  chambre,  le  page; 
cinq  sortes  d'employés  :  le  portier,  le  trésorier,  l'intendant,  l'écuyer, 
le  gardien;  cinq  sortes  d'associés:  le  cultivateur  du  domaine,  le  co- 
propriétaire du  village ,  le  cohabitant ,  le  coreligionnai  re ,  le  co-in téressé. 
Il  y  a  cin(j  sortes  d'amis  :  les  deu\  parents,  le  précepteur,  le  profes- 
seur de  la  loi,  le  prédicateur;  et  cinq  sortes  d'ennemis  :  l'homme  vil, 
l'envieux,  l'esclave',  la  femme  et  celui  qui  remplace  un  gouverneur 
dans  sa  province. 

LES  FILS  D'AFRÎDHOÛN    ET  LES  ÉVÉNEMENTS   DE   LEURS  REGNES. 

Afrîdhoùn  eut  trois  fds  :  Salm,Toùz  et  Iradj.  Ils  grandirent  pareils 
à  des  nouvelles  lunes  et  à  des  lionceaux.  Afridhoûn,  suivant  sa 
propre  voie,  eut  soin  de  leur  éducation  et  de  leur  instruction  et  s'ap- 

6 


.'»2  lilSTOIRK    DKS   H()[S   DES   PKRSKS. 

^  ^LJ^^   S^  ^^.À.^\\  jb^\j  ^tpij  "^  c.Ç^i>  J-?Jl  J  ^i^dl  jLuyiXj 
«< — 4.<_i_j  ^Jii   .sL^^^   U    ï. — f   <J?<-=>^   ^>— *1   JIjj  ^|i   (,^-=*-  ia-**^NL  j.A.^=iI| 

^vUwJi.  o^j'i?  3!;~*~^1^  sj'^î;r^  o)^  <J^  i-''>-tULj.t  4-*-<»^  Jtoo^'^l 
\j — ^  } — ^  ^  J6  j^^^j  Ajuj]  ^uX.-*.  ^!  ^L^^wsU^  ^[^y^  \'^'\\jjti\j 


pli(ju;i  a  Irs  roiulrc  aptes  à  gouverner  le  monde.  Quand  ils  eurent 
atteint  Tàge  inùr,  il  partagea  entre  eux  les  sept  Climats.  Alors,  ce  roi 
commit  l'erreur  de  l'homme  sage  et  la  faute  de  l'homme  instruit;  il  lit 
le  faux  pas  habituel  aux  rois,  en  agissant  par  sentiment,  et  non  ])ar 
raison,  et  en  préférant  le  plus  jeune  de  ses  fils  à  ses  deux  aines.  Il  en 
éprouva  donc  les  suites  fâcheuses  et  recueillit  le  fruit  de  la  faute  qu'il 
avait  commise  à  son  propre  détriment.  En  eflel,  il  donna  à  Salin  le 
gouvernement  du  pays  de  Roûm  et  de  l'Occident;  à  Toùz,  les  contrées 
de  l'Orient,  à  savoir  les  provinces  habitées  par  l(*s  Turcs,  la  Chine 
et  l'Inde;  et  à  Iradj,  flrànschahr,  qui  est  le  centre  de  la  terre,  la 
région  tempérée  et  le  plus  excellent  des  Etats,  depuis  le  Khoràsàn, 
l'Iraq,  les  provinces  de  Fàrs,  de  Kermàn,  de  l'Ahwàz,  de  Djordjàn, 
de  Tabaristàn,  jusqu'aux  frontières  de  la  Syi'ip-  Il  ordonna  à  Salm  vi 
a  Toijz  de  se  rendre  dans  leurs  Etats,  après  avoir  pourvu  chacun  d'eux 
d'hommes,  de  chevaux,  d'armes,  d'argent  et  de  tout  ce  qui  constitue 
l'attirail   princier  et  l'équipage  royal.  Salm  se  rendit  donc  en  Occi- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  43 

j^-v-SJl  ^Li_/o  À}ia^\j  j^y^lj  ^Uj|  <-:^iUj  <-6jt  <^  T'jr?'^  -^^^  jy* 
'--*^-*-*'  7rT~^-    ^-^1?  cU'^-^^^  ""^^  1*^^  c)'"-^  Ui)^  ''',5*-<s?-  <^^>^]* 

<_5LLJ.|  <JC-50j  4_^il.>-s'I  ^  _>=;'^t  3J-»*j  Uj>>Jt  <ia-*vLj  U^LaXc  ...wI 
J-t  t— ^^  .■■!)<_^jj  jy.501  jl;-w|j  ,^t)-îl  jLf  (j-«  UiU^:»  obi  <XA_5v.i^ 
>>w**oi.  <Jr!'!vX.-*.a.  \'|  Ljîl;^  Uj  Lgjbi]^  U^xcL]^  L^LLjj  o^"^!  Wcsv^lât 
L_4'? — V-^  UtXj  La-^L^o^  !iL«,|sjj  LajLSj  Lfùl  '^  ',5) j^i~^  <Js^v.>^Acj 

<"  M   ;cr.   —    -^    C  ^vv  —   ''»    C  ^U.    —   '^'    M    Ow^.    —    ■■■"    \]   JO«:.    — 

dent  et  Toûz  en  Orient.  Iradj,  dé.sormais  seul  objet  de  l'afTection  de 
son  père,  posséda  la  couronne  et  le  trône.  Alrîdhoûn  lui  donna  les 
coffres  des  trésors  et  plaça  toute  l'armée  sous  ses  ordres  :  il  restait  roi 
de  nom ,  tandis  qu'Iradj  avait  la  jouissance  du  pouvoir,  pendant  un 
certain  temps.  En  apprenant  cet  état  de  choses,  Salm  et  Toûz  étaient 
fort  irrités;  ils  se  tordaient  comme  des  serpents,  la  vie  leur  devenait 
insupportable,  ils  nourrissaient  la  haine  la  plus  violente,  étaient  ex- 
trêmement agités,  en  proie  aux  sentiments  d'inimitié  et  de  rancune 
et  furieux  de  la  préférence  accordée  par  leur  père,  à  leurs  dépens,  à 
Iradj,  à  qui  il  avait  donné  le  centre  du  monde,  le  nombril  de  la  terre, 
le  jaune  de  l'œuf,  la  partie  la  plus  excellente  de  l'Empire,  et  qu'il 
avait  mis  en  possession,  à  leur  exclusion,  des  richesses  et  des  trésors, 
tandis  qu'il  les  avait  rejetés  aux  extrémités  les  plus  reculées  de  la 
terre.  Enfin  ils  ne  respiraient  que  jalousie  et  rancune.  Ils  se  mirent  en 
correspondance  par  lettres  et  par  messagers,  se  communiquèrent  leur 
mécontentement  et  leur  chagrin  et  conclurent  une  alliance,  s'enga- 

6. 


44  HISTOIRK   DKS  ROIS  DES  PERSES. 


lO^LïSïOjisL 


ULo.  ^^iit  WSjLc   v>-c  „v^VpJl  ^  *|^_u-  \y>y^.  ,^5^  (^LL^l!  ;_jii^  J5I 

■yju\    -ySy^    ^SvA.J     SJsjUJi!      <.^^-v-3   j  t  wj  U      <^L5s^l     .i  |  .^Jt-X-**  jl  t     J>-SM     ^U! 

*•'   C  (jUr^iL.  —  '-'  Manque  dans  C.  —  '^-   C  sla. 


géant  à  se  prêter  aide  et  assistance  et  à  faire  cause  commune  contre 
Iradj.  Puis  chacun  d'eux  quitta  précipitamment  sa  résidence  et  ils  se 
rencontrèrent  avec  leurs  troupes  dans  1  Adharbaïdjàn. 

MEURTUF.    D'ÎRADJ,    FILS   D'AFRÎDHOÛN. 

Salm  et  Toûz  firent  parvenir  à  Afridhoûn  par  deux  de  leurs  offi- 
ciers un  message  unique  et  très  violent,  lui  reprochant  vivement 
d'avoir  donné  à  Iradj  le  centre  de  l'Empire,  la  couronne  et  le  trône, 
le  préférant  à  eux-mêmes,  ses  aînés,  qui  ne  lui  étaient  inférieurs  ni 
])ar  la  naissance,  ni  par  leurs  talents,  ni  par  leur  aptitude  au  gouver- 
nement. Us  le  mirent  en  demeure,  ou  d'envoyer  Iradj  dans  quelque 
province,  afin  qu'ils  fussent  tous  également  éloignés  de  la  meilleure 
partie  du  monde  et  du  siège  de  l'Empire,  ou  de  se  préparer  à  la  lutte 
et  de  faire  décider  par  le  sort  des  armes  à  qui  d'entre  les  frères  appar- 
tiendraient le  siège  de  l'Empire  et  la  dignité  de  la  couronne  et  du 
trône. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  45 

Us^aJ  Lli-i  L^^'i-Jl  ^Jï-va]^    L^J  ^ils   c_iLJL  ':i)!^r>'^.j   <=i]L«,Jlj   ^.j^^î 

L  4)  Jls^  ^^ — jL  L_ci  ;:;5  Jj-a-i-  <-cLi,jj  ijj-»-«-'î  lit  U'î-A-^j;  l^uiïo^ 


c)l 


ii> 


Les  deux  envovés  portant  ce  message  partirent  pour  la  résidence 
d'Afrîdhoûn.  Lorsqu'ils  se  présentèrent  à  la  porte  du  palais,  Afridhoûn 
leur  donna  audience  et  les  écouta.  Quand  ils  eurent  accompli  leur 
mission  et  délivré  leur  message,  il  entra  dans  une  violente  colère 
contre  ses  deux  lils  et  se  répandit  en  invectives  et  en  injures  contre 
eux;  il  les  appela  rebelles  et  les  accusa  d'oublier  leurs  devoirs;  puis 
il  fit  venir  Iradj  et  lui  parla  ainsi  :  «Mon  fils,  Satan  a  semé  la  dis- 
corde entre  toi  et  tes  frères,  qu'il  a  poussés  à  te  contester  tes  droits  et 
à  entrer  en  lutte  avec  toi.  Ils  ont  suivi  ses  conseils  et  sont  devenus 
rebelles  à  Dieu,  en  se  révoltant  contre  moi  et  contre  mon  autorité  et 
en  formant  le  dessein  de  te  déclarer  la  guerre  pour  la  prédominance, 
en  dépit  de  ma  volonté.  Maintenant  tu  n'as  qu'à  te  préjjarer  j^our  les 
traiter  comme  ils  le  méritent,  à  agir  avec  diligence  et  vigueur  pour 
les  châtier  et  les  repousser,  et  à  faire  de  telle  sorte  que  tu  déjeunes 
d'eux  avant  qu'ils  ne  soupent  de  toi.  »  Iradj  se  prosterna  devant  Afri- 
dhoûn et  répondit:  «  Il  en  est  ainsi,  comme  tu  viens  de  le  dire,  et  je 


'ai  UIsrOlRK   DKS  KOIS  DES  PERSES. 

L    ^jJvJsJI   4'    JULJ   «<wiMjiJ    J^-*M    '^î    J"^'    Cj*   ^>w*v2ll   |J^«^   iàJLC    Jjî    ^_|_o 

y-^  J)!  p-jr^t  JL^  wL^LLi:  ^'Isjj  L^Là>oo  aliJJj  L^^^  '-^j-^^ 
(')  M  *^;yi.  —  -'  Manque  dans  .M.  —  (^)  M  Uy/L,.  —  <'>  C  0«jv  —  '^'  M  JJuei^. 


suis  prêt  à  t'obéir.  Mais  dans  cette  lutte  entre  frères,  il  y  aura  néces- 
sairement une  grande  agitation  parmi  le  peuple,  des  flots  de  sang  à 
faire  tourner  des  moulins,  des  malheurs  qu'il  sera  difliclle  de  réparer 
et  impossible  de  prévenir.  Mes  frères  ont  sur  moi  le  privilège  du  droit 
d'aînesse.  Veux-tu  me  permettre  que  j'aille  les  trouver  avec  vm  petit 
nombre  de  mes  pages  et  de  gens  de  ma  suite,  que  je  renouvelle  ma 
connaissance  avec  eux,  que  je  m'efforce  à  les  satisfaire  et  les  comble 
de  prévenances,  que  je  fasse  tomber  leurs  préventions,  que  je  con- 
vienne avec  eux  d'un  accommodement  en  leur  cédant  quelques-unes 
(le  mes  provinces  et  les  oblige  de  s'engager  à  conclure  la  paix  et  à  ré- 
tablir l'union  ?  Car  on  dit  que  le  cou  du  lion  devient  épais  parce  qu'il 
est  son  propre  messager.  »  Afrîdhoûn  dit  :  «  Mon  fds,  ce  que  tu  dis  et 
ce  que  tu  fais  est  digne  de  ta  haute  intelligence,  de  ta  vertu,  de  ton 
caractère  élevé  et  de  ta  noble  nature.  Un  vase  laisse  toujours  trans- 
suder  ce  qui  est  en  lui.  Mais  je  crains  bien  que  ces  deux  mauvais  fils 
rebelles  n'opposent  leur  méchanceté  à  ta  bonté,  leur  violence  à  ta 


HISTOIRK   DRS  ROIS   DES   PERSES.  47 

m.  S- 

S^^^       l_*v     <<_AjLXyO.       .v>S^»3n^    l^_?wv^    ^^w»J»_*vJ|    ^Jic    JÏ-L^Ij    woI«     <jUL 


douceur  et  leur  I)rutalité  à  ta  sincérité!»  Iradj  dit  :  «La  plupart  des 
choses  que  l'on  craint  n'arrivent  pas.  Quant  à  moi,  j'espère  éteindre 
cette  haine  et  trancher  ce  mal,  avec  l'aide  de  Dieu  et  par  ta  bonne 
étoile.  M  Alrîdhoùn  dit  :  «  Fais  comme  tu  l'entends,  mou  fils;  Dieu  a 
un  dessein  qu'il  atteindra.  »  Il  ordonna  de  revêtir  les  deux  envoyés  de 
robes  d  honneur  et  de  les  renvoyer  comblés  de  faveurs.  Il  fit  écrire 
à  Salm  et  à  Toûz  en  ces  termes  :  «  Iradj  va  vous  rendre  visite  et 
se  conformer  à  vos  ordres.  Traitez-le  comme  il  convient  de  traiter  un 
hôte,  honorez-le  à  son  arrivée  comme  à  son  départ  et  ne  tardez  pas  à 
me  le  rendre;  car  tant  qu'il  est  loin  de  moi,  je  suis  comme  un  homme 
qui  cherche  une  chose  perdue  et,  lorsqu'il  re^^ent,  comme  celui  qui 
est  heureux  de  la  retrouver.  » 

Iradj  partit  avec  une  escorte  composée  d'un  petit  nombre  de  ses 
familiers  et  arriva  dans  l'Adharbaïdjàn.  Les  deux  frères,  à  la  tète  de 
leurs  armées,  vinrent  à  sa  rencontre  et  mirent  pied  à  terre  devant  lui, 
ainsi  que  fit  Iradj  en  leur  honneur;  ils  se  donnèrent  la  main  et  s'in- 
formèrent les  uns  les  autres  de  leur  santé.  Ils  remontèrent  ensuite  à 
cheval  et  se  rendirent  ensemble  jusqu'au  pavillon  d'Iradj,  où  ils  le 


/Ï8  HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES. 

job'l  ^  -yJ:  ^ji^  "j  L^L<o.i.lp*v  j^i  ^{^"^1  cj/-^^j  jj^iUi;  i?^k^ 

•c_v_s^  U  Ul-;^  j^^L,  Jrj,i  J_?^  Uii-sU  r-i-^l  (^  (Ocs^  U^! 

^>-?iU!  Âyi^  o^î^  c^t  t^  ix^  i-^^i^-  Ln  r;^"^ jy  ^'^  J  <^^  ^^-^ 


iiivnl  descendre.  Ils  causèrent,  mangèrent  et  burent,  puis  les  deux 
frères  se  retirèrent  dans  leurs  tentes.  Le  lendemain,  Iradj  monta  à 
cheval,  alla  leur  présenter  ses  hommages  et  porta  à  chacun  d'eux 
les  cadeaux,  les  objets  précieux  et  rares  dont  il  était  accompagné. 
Tous  les  trois  se  rendaient  alors  des  visites,  entretenaient  des  rapports 
familiers  et  se  faisaient  des  politesses.  Cependant,  Salm  et  Toùz,  non 
seulement  gardaient  leurs  mauvais  sentiments  à  l'égard  d'Iradj,  mais 
leur  jalousie  et  leur  haine  ne  firent  que  s'accroître,  quand  ils  o])ser- 
vaient  sa  belle  prestance  et  sa  valeur,  ses  excellentes  manières  et  ses 
hautes  qualités,  et  quand  ils  surent  la  synq^athie  que  lui  témoignai(mt 
leurs  chefs  d'armée,  qui  cherchaient  à  devenir  ses  partisans.  Ils  déli- 
bérèrent donc  à  son  sujet  et  convinrent  de  le  tuer  traîtreusement.  Or, 
un  jour,  les  frères  étant  réunis  dans  la  tente  de  Toûz,  celui-ci,  qui 
était  entouré  de  ses  officiers  armés,  finit  dans  la  conversation  par 
dire  à  Iradj  :  «  Nous  sommes  tous  trois  fils  du  même  père.  Le  droit 
d'héritage  est  au  plus  âgé;  toi  qui  es  le  plus  jeune  d'entre  nous,  pour- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  49 

s. 

J,|  < — «J^ — 8 — ,  ,_5Sm  c^  ^vXij  <-*jt  JjijpSjo^  J_^t  -^>-:>I  (J^*-=>'ls  lsU.^ 
^wJJ  U  |tuJ;  J^xi  U  J.^  wbLt   ^jt  ^U-*^'  :-.l^t  Ud  Jlsj  <-oi  ii)^!^' 

^^}  -rT^  JLiLj  <->^  ^^j-Aj  ^JS  .^^i  (jw5^  oUjj  KU-îi^jj  tsLi;^! 
c^-^  jLêt  ^jLj  Js^  J,  t_?>c|;  (^^1  o^^  "li,  ^^  J  4!t  jit  ^"^t 


i"  M 


^i^^.  —  -  C  Uyil.  —  '^  C  Ul^ili!. 


quoi  t"es-lu  ciiiparc  de  la  couronne  et  du  trône,  auxquels  nous  avons 
|)lus  de  droits?  »  Iradj,  en  ce  moment,  vit  leurs  mauvaises  intentions, 
se  rappela  les  2:)aroles  de  son  père  et  regretta  d'être  venu  de  lui-même 
se  faire  égorger.  Il  leur  dit  :  «  Vous  savez  que  notre  père  a  agi  et  qu'il 
a  fait  le  partage  sans  que  j'eusse  donné  aucun  avis,  ni  exprimé  aucun 
désir.  A  présent,  je  suis  venu  à  vous,  me  mettante  vos  ordres,  pour 
vous  abandonner  le  pouvoir.  La  royauté  est  à  vous,  prenez-la  !  » 
Toùz  répondit  :  «  C'est  sous  le  coup  de  la  peur  et  de  la  nécessité  que 
tu  parles  ainsi,  non  de  bon  cœur  et  spontanément.  »  Puis  il  lança 
contre  lui  un  siège  d'or  qui  se  trouvait  devant  lui.  Iradj  dit  :  «  Crains 
Dieu,  mon  Irère,  n'attente  pas  à  ma  vie!  N'oublie  pas  que  je  suis  ton 
frère;  respecte  en  moi  ton  hôte  et  considère  que  je  t'ai  rendu  hom- 
mage, que  je  me  suis  fié  à  toi  et  que  je  ne  me  suis  en  aucune  façon 
opposé  à  toi.  Laisse-moi  me  retirer  dans  quelque  contrée  éloignée,  de 
sorte  que  l'on  n'entendra  plus  parler  de  moi.  »  Toûz  ne  l'écouta  pas, 


50  IIISTOIRF.   DKS  ROIS   DES   PKHSKS. 

il  [:*  y\j  L?!_^_>>  i'pj.  oUJt  ^j^  ^1    Uo  Ulc  <jy;f^jJ' 

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:■'  M  pliîj.  —  '-'  Maiiquo  dans  M.  —  =)  C  J!-  —   ''  :\1  iC**iyli. 


se  dirigea  vers  lui,  le  Irapjja  avec  le  sabre  et  le  tua,  aidé  par  Salm. 
Il  donna  l'ordre  de  couper  sa  tète  et  de  l'envoyer  à  Afridhoûn,  à  qui 
les  deux  frères  écrivirent  :  «  Voici  la  tète  que  tu  nous  as  préférée  el 
à  qui  tu  as  donné  la  couronne;  prends-la  pour  toi.»  Puis  chacun 
d'eux  retourna  dans  son  royaume. 

En  recevant  la  tète  d'Iradj ,  Afridhoûn  fut  consterné  et  le  monde 
devint  sombre  pour  lui.  Il  descendit  de  son  trône  et  déposa  la  cou- 
ronne. Il  déchira  ses  vêtements,  et  ainsi  firent  toutes  les  personnes 
de  sa  suite,  ses  serviteurs  et  les  notables  parmi  ses  sujets.  Les  salles 
et  les  appartements  de  son  palais  et  les  autres  demeures  de  sa  rési- 
dence retentirent  de  lamentations.  Quatre  milli;  femmes,  libres  et 
esclaves,  coupèrent  leurs  cheveux  et  se  vêtirent  de  noir,  tant  était 
grand  à  leurs  yeux  cet  épouvantable  désastre,  ce  malheur  public,  et 
tant  elles  étaient  alDigées  de  l'cflondrement  de  cette  puissante  mon- 
tagne, du  déclin  de  cette  lune  brillante.  Afridhoûn  passa  son  temps  à 
pleurer  et  à  maudire  Salm  et  Toûz;  constamment  il  se  prosternait 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  51 

jfùj^^s^    O-*-^    (.5^-=^    ^j-«jJt     '   "^Ui!   ^!:>^    'w4*>w;^   ^J^  ••>-=>'l  cT*   ;;»->-:?l 
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"'  M  jil.  —  (-'  Ces  mots  manquciil  dans  (1.  —  ''  C  caLnJU». 


devant  Dieu,  le  suppliant,  les  mains  levées  au  ciel,  et  s'écria nt  :  «  Sei- 
gneur, lais-moi  justice  d'eux,  en  leur  infligeant  le  plus  terrible  châ- 
timent; lais  descendre  sur  eux  ta  vengeance,  frappe-les  de  ton  glaive 
et  ne  me  laisse  pas  mourir  avant  de  m'avoir  fait  voir  un  descendant 
d'Iradj  me  venger  d'eux  !  »  Toujours  il  laissait  couler  ses  larmes,  de 
sorte  que  sa  vue  s'afl'aiblit,  ainsi  qu'était  affaibli  son  corps;  les  maux 
delà  vieillesse  fondirent  sur  lui,  en  même  temps  que  les  tourments 
du  chagrin  et  de  la  douleur. 

Iradj  avait  un  magnifique  jardin  qui  était  comme  l'image  du  para- 
dis sur  la  terre.  Afridhoùn  donna  l'ordre  de  brûler  les  constructions, 
de  couper  les  arbres  et  de  n'en  laisser  aucune  trace.  Il  s'y  rendait 
chaque  jour  :  il  se  couchait  sur  les  cendres,  posait  devant  lui  la  tète 
d'Iradj  renfermée  dans  un  coffre  d'or,  la  découvrait  et  faisait  entendre 
des  gémissements,  auxquels  compatissaient  tous  les  cœurs  et  répon- 
daient les  pleurs  des  assistants;  puis  il  s'évanouissait  et  restait  long- 
temps sans  revenir  à  lui. 


IIISTOrRK   DKS   ROIS   DES   PF.RSKS. 


^Nv.*».-^!  J,t  <^  c_?>-^  r^'    ^:i/jlS  <ju^  ■'cJ-c  ^^1^  '^'vXj  ■-v^Uuj 

''  C  ,U;  i_-Vi^'    —  '''  M  »!>*''  "i^nquo  dans  C.  —   "''  M  slëu»i.  —  ''  C  ^j.  AI   »\ALi. 


NAISSANCE  DE  MENOLIUEUR,  FILS  D'IRADJ. 
IL  S'APPLIQUE  ÉNERGIQUEMENT  À  VENGER  LA   MORT  DE  SON   PERE. 

Lorsqu'on  reçut  la  nouvelle  de  la  mort  d'Iradj,  sa  femme,  nommée 
Màh-Âfridh,  se  trouvait  enceinte.  Elle  mit  au  monde  un  fils  qui  res- 
semblait éminemment  à  Afrîdhoûn.  Celui-ci,  ayant  demandé  qu'on  le 
lui  apportât,  le  regarda  et,  voyant  en  lui  ses  propres  traits,  il  ressentit 
une  grande  joie  et  il  s'écria  :  Menoûdjehr,  c'est-à-din-  (/  me  ressemble. 
Et  c'est  ainsi  qu'il  le  nomma.  Il  reporta  sur  lui  raflcclion  qu'il  avait 
•nie  pour  Iradj  et  mit  tous  ses  soins  à  le  bien  élever;  il  se  consolait  par 
lui  et  cherchait  un  remède  contre  son  chagrin  dans  l'espoir  qu'il 
plaçait  en  cet  enfant;  et  celui-ci  grandit,  devint  adolescent,  puis  un 
jeune  homme  distingué,  d'une  éducation  achevée,  ayant  sur  lui  le 
rpflpt  de  la  majestédivineetacquitau])lusliautdegré  les  bellesqualités 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  53 

'ÀjlS    ^j)   ^j)[j  Jo^   rJ  jJjJl  iLiJ  «Lo  J^iJ^  AiJi  t__>iv^|  c_>!j^Jo| 

J  ul — w  :;^  s:>L_«JLS(M^Ls^jiL  cU?»-'^!  [js^^j^  '^,»mjo|  j  <juJ1. 


(lun  prince.  Afridhoùn  le  nomma  son  héritier  présomptif  et  son  suc- 
cesseur, le  mit  eu  possession  de  la  couronne  et  du  trône,  lui  subor- 
donna grands  et  petits  et  lui  donna  les  coffres  des  trésors. 

Alrîdhoùn  ayant  élevé  Menoûdjehr  pour  la  guerre  contre  Salm  et 
Toûz  et  lui  ayant  ordonné  de  se  préparera  venger  Iradj,  Menoûdjehr 
répondit  à  cet  appel  avec  l'empressement  de  l'homme  résolu  et  éner- 
gique et  l'exécuta  avec  la  rigueur  du  destin  irrévocable.  Il  23laçaQàren, 
fils  de  Kàweh,  à  la  tête  de  son  armée,  ordonna  de  délivrer  aux  chefs  et 
aux  troupes  des  provisions  et  déploya  le  plus  grand  zèle  à  se  préparer 
et  à  rassembler  des  guerriers.  La  nouvelle  en  étant  parvenue  à  Salm 
et  à  Toùz,  ceux-ci,  fort  inquiets  et  effrayés,  convinrent  de  se  rencon- 
trer, comme  précédemment,  dans  l'Adharbaïdjàn  et  se  mirent  en 
marche  à  la  tète  de  leurs  armées.  Quand  ils  y  furent  arrivés  et  qu'ils 
eurent  conféré  secrètement,  ils  décidèrent  d'envoyer  un  message  à 
x\frîdhoûn ,  de  lui  présenter  par  écrit  leur  justification  et  de  gagner 


54  HISÏOraK   DKS   ROIS   DES   PERSES. 

j.>^.  ^vjJo>j'  Ss.,^1^  ^Lii-U  Lgî.^^  L'^M-']^  i_,-jc5Jt  L^L^?]^  4lLvJt 
.. — c  >~gi».4-^  j^-x-sK  ^-^jot  vJj^  ->otxjj|  jjj  UO  ^il  «LjL  J;I  ■.■-^,^KL>.3 

^_i!>-_).>__>'    ^^yi:^   ^jJua-^a^    f^^^J    f^J    ^\}^\j    rJ^\   **-*^t^    (A^J    '*-^. 

j  >.s/T^  Li»  j'iv^^'N'  '  ^^  <=^-vx-il  ^'L^^l  Lîjj  (.^oSOl  l5A.-v^|j  Ujv^  u-0 

< — :â^ — >  ^ — ^> — C.     •'  ^cUaJL    ;î-CuJI    sJii   ^J   Uysu]   ^l  «»-^L    «^Joo.^o».   ^Jic 

s- 


les  bonnes  dispositions  de  ses  chefs  d'armée  et  de  ses  conseillers  par 
leurs  dons.  Ils  chargèrent  de  ce  message,  en  leur  remettant  les  lettres 
et  les  cadeaux,  deux  envoyés  habiles  dans  l'art  de  parler.  Ceux-ci  par- 
tirent pour  la  résidence  d'Afridhoûn.  Lorsqu'ils  arrivèrent  à  son  pa- 
lais, Afridhoûn  leur  donna  audience,  assis  sur  le  trône  d'or,  avant 
Menoûdjehr  à  sa  droite,  la  couronne  sur  la  tête.  Les  chefs  d'armée, 
les  gens  de  la  suite  et  les  serviteurs,  ayant  des  ceintures  incrustées 
de  joyaux,  et  tenant  des  masses  d'or  dans  leurs  mains,  étaient  rangés 
devant  eux.  Les  deux  euAovés  s'avancèrent  ensemble,  rendirent  hom- 
mage, présentèrent  les  lettres  et  délivrèrent  le  message  tendant  à 
excuser  ce  qui  s'était  passé  au  sujet  d'Iradj  et  à  exprimer  la  confusion 
et  le  repentir  des  deux  frères,  la  joie  qu'ils  ressentaient  du  haut  mérite 
de  Menoûdjehr,  leur  ardent  désir  de  lui  rendre  hommage  et  l'assu- 
rance d'une  entière  soumission.  Enfin,  exhibant  la  liste  des  cadeaux 
qu'ils  avaient  apportés,  les  envoyés  demandèrent  la  permission  de  les 
présenter.  Afrîdhoùn  répondit  :  Dites-leur  ceci  :  «  J'ai  attendu  pour 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  55 

J,|  Isj — ^a — ils  » — fî? — *_!_£  ;k_UwL  jp^l^  4)^_?-  ^j^  <j;5sj,  4)^^  ,j-»  iwS'-^ 

ûLvLi^  ^JcjjJuJl  *Li_^^^_jîJl  i_LL  e^  ù*Li_^  ('ji,i*Lgjj  ^jjs^sjt  L^ 

"  C  ISiU:*.  —  -'  M  (jAkiOl.  —    ■'  Mss.  yi).  —  :'l  Manquo  dans  M.  —  ■"'    C  ÀxxxkJij. 
—  '■"  M  Kf^.  —  >"'  Mss.  ut  (^.  —  '1  Mss.  ULj.  —  '")  M  i[pj. 


VOUS  punir  de  raction  al^ominable  et  horrible  que  vous  avez  coni- 
iiiise  et  qui  a  dévoilé  votre  méchanceté  et  votre  mauvaise  nature,  jus- 
qu'à ce  que  Menoûdjehr  eût  atteint  l'âge  viril  et  qu'alors  il  saurait  se 
charger,  pour  mon  compte  et  ])our  le  sien,  de  venger  son  père,  puisque 
je  n'ai  pu  me  décider,  vieux  comme  je  suis,  à  faire  la  guerre  à  des 
hommes  qui  sont  deux  parties  de  moi-même.  A  présent,  Menoûdjehr 
s'est  dressé  pour  vous  infliger  le  châtiment  qui  vous  est  dû,  qui  est 
commandé  par  les  lois  de  la  nature  et  sanctionné  par  la  loi  divine. 
Rien  ne  pourra  l'en  empêcher,  ni  le  détourner  de  son  but.  Quant  aux 
cadeaux.  Dieu  me  préserve  d'accepter  de  vous  le  prix  de  la  tête  de 
mon  fds  !  Voilà  en  peu  de  mots  tout  ce  que  j'ai  à  vous  dire.  » 

Après  avoir,  sur  l'ordre  d'Afridhoûn,  reçu  des  robes  d'honneur, 
les  deux  envoyés  retournèrent  auprès  de  leurs  maîtres,  leur  rendirent 
compte  de  ce  qui  s'était  passé  et  leur  communiquèrent  le  message 
dont  ils  étaient  chargés.  Ils  leur  parlèrent  de  la  beauté  et  de  la  ma- 
jesté d'Afridhoûn  qui,  malgré  son  grand  âge,  brillait  comme  brille 


50  IIISTOIUK    DKS   ROIS   DKS   PKUSKS. 

ii_J?«  «oUs  w'^^^  *  ^^-«>-«i  iNLviJ»  <Lj^^-Niî   A- ♦» i~> f  wg2fc^4>^^  Iv^ii^  7"«-^ 

-s_*.'oo.^  J  Jwo  ■-' J.^1  4.1*3;  <lji:  v.^U  \S^  J^Ljij  ^>l  ^1^1; 

'.X-^ija^   LuiJ.  <__)K|   J-S*;  ^'is   U   ^W  i^j^-^sJ-^lè   l-V'bvpij  ^!  JwO  ^j\-^j 
M  l4'X>^-.j  l4«x»ai  ^j  >4=.._yi0i>  oIaaj'j  LtyiJjL^  *4=>._j^  iUil.  —    ''  (>  Joi-ll  Jj^lxjj. 


1  or,  bien  qu'il  ait  subi  l'action  du  charbon;  de  Menoûdjehr,  de  sa 
belle  prestance,  de  l'éclat  de  sa  jeunesse,  de  son  heureuse  étoile  et  de 
son  pouvoir  bien  établi;  enfin  de  la  ferme  intention  d'Afridhoûn 
d'envoyer  Menoûdjehr  pour  les  attaquer  et  les  faucher.  Les  deux 
Irères  firent  sortir  tous  les  assistants,  puis  l'un  dit  à  l'autre  :  «  Laissons 
là  le  passé;  faisons  face  au  danger  comme  il  convient  de  le  faire, 
abordons  le  lionceau  avant  qu'il  ne  devienne  lion  et  attaquons-le 
avant  qu'il  ne  nous  attaque.  »  L'autre  frère  ayant  approuvé  cet  avis, 
ils  enrôlèrent  et  rassemblèrent  des  troupes,  firent  les  préparatifs  de 
guerre  et  se  mirent  en  marche,  chacun  se  trouvant  à  la  tète  d'une 
nombreuse  armée,  vers  l'irànscliahr.  Afrîdhoûn,  à  cette  nouvelle,  se 
mit  à  rire  et  dit  :  «  Vovez  ces  deux  malheureux,  ils  courent  à  la  mort 
comme  le  gibier  dans  le  filet  et  le  |)apillon  qui  se  jette  dans  la 
flaninn'!»  Il  ordonna  à  Menoûdjehr  d'entrer  en  campagne,  mettant 
a  son  service  des  troupes  et  lui  afljoiguanl  les  chefs  d'armée  les  plus 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  57 

^LjL-S  ^ >j^  < J.X j  .v-Ay  f-^^j  4)vs"Jjj  i^xjJ|j  tjlj^jlt  t_>L^AJi-*vI 

<C— 6 — Si ïj    ^__o4_â_^aJ'    <_>4_**»J  ^  <-r^r^    f*?"**^    U->olsU    ->^-Cj^!    (*M     '  "C^s-S-va 

|« — «|> — X — 5    U^JOy^^    Lgij_ii».  LgJLlaxIj   Lg^s_Ci   ^Sjj'j    ij-^.^\j    4wVo-<sll 

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illustres,  lo  pourvut  d'argent  et  de  tout  ce  qui  était  nécessaire  ainsi 
(jue  (rrlé|)liants,  fit  porter  devant  lui  le  drapeau  des  Kayanides  et, 
au  iiionienf  du  d(''part,  il  invoqua  pour  lui  la  protection  divine  et  la 
malédiction  sur  Salin  et  Toûz. 

Meuoûdjelir,  à  la  tète  de  ses  troupes,  marcha  contre  ses  oncles 
(lui  avançaient.  Les  deux  armées  étant  arrivées  en  présence  l'une  de 
l'autre,  on  fixa  un  jour  pour  la  bataille.  Au  malin  du. jour  convenu, 
les  adversaires  sortirent  de  leurs  camps  et,  suivant  les  règles  du 
combat,  formèrent  les  lignes  de  bataille  et  assignèrent  comme  il  fallait 
leurs  positions  à  l'aile  droite,  à  l'aile  gauche  et  au  centre.  On  en  \-int 
aux  mains,  les  combattants  se  couvraient  de  flèches,  puis  s'attaquaient 
avec  la  lance,  ensuite  avec  le  sabre,  s'assommaient  avec  la  massue  et 
luttaient  corps  à  corps,  de  telle  sorte  que  le  sang  coulait  comme 
feau  des  ruisseaux  et  que  les  morts  ne  se  comptaient  pas.  Les  deux 
frères  étaient  sur  le  point  d'être  mis  en  déroute  lorsque  la  nuit  sépara 
les  deux  armées,  et  tandis  que  Menoùdjehr  rentra  dans  son  camp 


58  HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES. 

«^ — pi— ^?l    ^  4 — * — L_c  J-^jL  *^'^  iJrV  c)-J        U*^J"^  Ls^b  <_ii..^ai.  ^ 
^J-e    s — g     >4    À— >8    ^N — iL   UjjL^ilJ^    UJjLa.qJCJ   <^Là».   ^Ji   ^  \ls    |?U^-iÂ_>vU 

oH^  o)J^  (^b->  vj^  j^ ^r"*-**^  3  cJj-*-**J|  |^-*-^j  **-«-^  c>^  <-^Ov-« 


content  et  joyeux,  ils  se  retirèrent  dans  leur  quartier  abattus  et  dé- 
couragés. 

Les  deux  frères,  voyant  qu'ils  ne  pourraient  pas  lutter  contre  Me- 
noûdjehr,  résolurent  de  le  surprendre  dans  la  nuit  suivante.  Ils  pré- 
parèrent cette  attaque  et  ne  reprirent  pas  le  combat  le  lendemain. 
Menoûdjehr,  informé  de  leur  plan  par  un  de  ses  espions  qui  était 
revenu,  confia  je  commandement  à  Qàren,  en  lui  ordonnant  de  se 
tenir  prêt  et  sur  ses  gardes,  et  s'embusqua  avec  une  troupe  choisie. 
A  minuit,  Toûz  avec  tous  ses  guerriers,  s'étant  avancé  vers  f armée 
de  Menoûdjehr,  trouva  Qàren  sous  les  armes,  à  la  tète  de  ses  troupes, 
le  drapeau  des  Kayanides  devant  lui.  Il  se  jeta  sur  lui  avec  ses  gens, 
et  Qàren  et  les  siens  leur  firent  face.  Pendant  qu'ils  élaient  aux  prises, 
Menoûdjehr  et  ses  compagnons  sortirent  de  l'embuscade  et  tombèrent 
à  coups  de  sabre  sur  les  soldats  de  Toûz  par  derrière,  tandis  que 
Qàren  et  ses  troupes  les  chargeaient  par  devant.  La  plupart  de  ses  gens 
ayant  été  tués,  Toûz  prit  la  fuite  alors  que  le  soleil  venait  de  se 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  59 

^:;A__cj  <__.^;,_vii_,  L^jL^j]^  *:^  «Loil  «L^otL,  <Ooo  ^^^^S^j  <3jil  jrîs=^ 

v^'ij — 44_5  -V  J — î— LJ>  Uf- NJ*."^'  <jtAjLe_^  ^^j_A^LlI  jsji.1  t3^  Jli^  SjJ 
^^>«-^l  s-AkXj  L^^s^  jl  JSj  <_*u_àj  ^  ljfii_«,ls  jjJ»J  jJLJi  <J>\  <JsJi£L 

\jj  ç_^J^ — ;._£   Jw^^2.sw  jJJ  (.i/JLsJI  ^j-UL  ^l-^  cSvajtAj  ,^sv2JU>  JsJOl  ^1   J,| 

"'  Manque  dans  (].  —   -'   M;m(]iie  dans  C.  —  ''  C  M\.  —  "''  G  SuJU.  —  '^'  Manque 
dans  C. 


montrer.  Menoïkljehr,  lancé  à  sa  poursuite,  le  rejoignit  au  moment 
où  il  allait  atteindre  son  camp.  Quand  il  l'eut  en  son  pouvoir,  il  lui 
fit  une  large  blessure  avec  la  lance  et  lui  asséna  un  grand  coup  de 
sabre.  Toùz  tomba  évanoui.  Menoûdjehr,  ayant  mis  pied  à  terre,  lui 
coupa  la  tète  et  la  rapporta  au  camp  en  triomphe,  rendant  grâces  à 
Dieu.  Il  l'envoya  promptement  à  Afrîdhoûn  avec  la  nouvelle  de  sa 
victoire  et  lui  fit  dire  :  «Voici  l'une  des  deux  têtes,  l'autre  la  suivra 
avant  peu.  »  Afrîdhoûn  éprouva  de  la  joie,  mais  aussi  du  chagrin;  il 
fondit  en  larmes,  ses  mains  tremblèrent  et,  tout  en  cachant  la  pitié 
que  ressentait  le  père  pour  son  enfant,  il  dit  :  «Je  ne  saurais  me  féli- 
citer d'une  fortune  qui  me  force  à  faire  périr  les  miens,  les  uns  par 
les  autres.  Je  crois  déjà  tenir  la  troisième  tête.  Qu'il  est  donc  malheu- 
reux, celui  qui  voit  les  têtes  tranchées  de  ses  fils  placées  dans  son 
giron  !   Fi  de  ce  vil   monde  I  Que  son  éclat  est  terne  et  qu'ils  sont 


00  IIISTOIRR   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^_<>*^_à_j    ci,.-A,.à_Ci    LgJLi^ol   ^  S->>-«-'t   Jj-ftJ   1^  <JU    it  ^j>>Osjt   JLs*.  i::^LS 


-^|^-S^_X_S    c:,J_«_?   «Cs^v^l   J^Ji-J'  ,^5^   i^J^  U^^j    (^5UHHij   e^J    (^5-«-U^ 
1"  MjjJl^T-  —  '■'  <''tj-^î-  —  '^'  f^  jUjill  t'I  riicriiistuliPsuivanlnuHiquc. —  '''  C  Jjsitf*!. 


perfides,  ses  jours  et  ses  nuits!  »  L'auteur  dit  :  Afrîdhoùn  était  alors 
comme  quelqu'un  dont  les  Arabes  disent  dans  leurs  proverl^es  :  «J'ai 
satisfait  mon  ànie,  mais  j'ai  coupé  mou  nez.  i>  Et  comme  dit  le  j)oète  : 

J'ai  ou  satisfaction  en  tirant  vengeance  do  Hamal  ii)n  Badr,  d  mon  sahir  m'a 
vengé  aussi  do  Hodhaïfa.  Mais  si  j'ai  assouvi  sur  eux  ma  haine,  je  n'ai  lait  (|uo  cou- 
per ainsi  mes  propres  doigts. 

CE  QUI  ARRIVA  À  MENofjDJEHR   APRÈS  LA   MORT    DE  TOÙZ. 

Toùz  ayant  subi  son  sort,  Salm,  com]:)li'l('ment  abattu,  pleura  tant 
qu'il  faillit  en  devenir  aveugle.  Hésitant  sur  le  parti  à  prendre,  en 
proie  au  découragement  et  au  chagrin,  il  envoya  à  Menoùdjelir  ce 
message  :  «  La  douleur  que  me  cause  la  mort  de  mon  frère,  ton  oncle, 
m'absorbe  trop  pour  que  je  puisse  reprendre  le  combat.  Veux-tu 
me  donner  du   répit  et  m'accorder  une  trêve,  jusqu'à  ce  que  mon 


HISTOIRE   l)i:S  ROIS   DES  PERSES.  Gl 

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immense  douleur  soit  apaisée?  »  Menoiuljehr  accueillit  «•racieusement 
sa  demande  et  lui  manda  son  consentement.  Salm,  en  elTet,  compta 
résister  tant  qu'il  pourrait  et  se  retirer  ensuite  dans  une  forteresse 
qu'il  possédait,  en  commun  avec  Toûz,  dans  une  lie  de  la  mer  des 
Alains  remplie  de  vivres  et  de  pro^dsions,  et  il  fit  préparer  à  cet  efl'et 
des  vaisseaux  et  des  bateaux.  Qàren,  ayant  eu  connaissance  de  son 
])lan,dità  Menoùdjehr:  «Il  a  conçu  tel  et  tel  projet.  S'il  se  réfugie 
dans  cette  forteresse,  il  pourra  tenir  longtemps;  il  nous  sera  dilïicile 
de  l'y  assiéger  et  impossible  de  nous  rendre  maîtres  de  lui.  Je  crois 
(|ue  je  devrais  gagner  la  forteresse  avant  lui,  m'en  emparer  et  lui  en 
fermer  la  route.  »  Menoùdjehr  répondit  :  «  Fais-le,  si  tu  peux.  »  En  con- 
séquence, Qàren,  avec  trois  cents  cavaliers  sans  bagages,  se  rendit  au 
bord  de  la  mer  et  s'embarqua,  lui  et  ses  hommes,  sur  l'un  des  vais- 
seaux de  Salm.  Arrivé  à  la  porte  de  la  forteresse,  il  fit  appeler  le 
gouverneur  et  lui  présenta  l'anneau  deToùz.  Le  gouverneur  lui  ouvrit 
la  porte  et  Qàren  entra  avec  ses  compagnons,  prit  possession  de  la 


62  IIISTOIUK    DKS   ROIS   DKS   PKUSES. 

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lorleresse,  en  chassa  la  garnison  de  Salm  et  de  Toûz  et  la  fit  occu- 
per par  ses  hommes  de  confiance.  Il  y  avait  d'innombrables  trésors. 
Il  s'embarqua  ensuite  et,  ayant  gagné  la  côte,  il  brûla  les  vaisseaux  et 
les  bateaux  et  retourna  auprès  de  Menoûdjehr,  à  qui  il  rendit  compte 
de  son  exploit.  Menoûdjehr  le  félicita  et  le  remercia;  puis  il  lui  dit^ 
"  Sache  que  Kàkoùyeh  le  Démon,  un  descendant  de  Dalihàk,  s'est  joint 
a  Salm  pour  f aider  contre  nous;  Salm,  par  son  concours,  se  voit  en 
état  de  résister,  sa  situation  s'est  améliorée  et  il  est  en  état  d'agir.  On 
m'a  donné  de  la  force  de  cet  homme,  de  son  courage  et  de  sa  valeur 
une  description  qui  m'inspire  le  désir  de  me  mesurer  avec  lui.  » 
Qàren  s'écria  :  m  A  toi  la  victoire,  la  prospérité  et  une  succession  àv. 
bonheurs  ininterrompue  comme  les  perles  des  colliers  !  » 

Menoûdjehr  envoya  à  Salm  un  message  en  ces  termes  :  «i  Tu  as 
pris  largement  du  repos  et  tu  as  fait  appel  au  concours  de  Kakoûyeh 
le  Démon.  A  quand  le  rendez-vous  de  combat?»  Salm  ayant  fixé  le 
jour,  les  deux  armées,  aux  premières  lueurs  du  matin,  sortirent  de 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  63 

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leurs  camps  et  lormèreiit  leurs  lignes  de  bataille.  Kàkoûyeh  arriva 
comme  un  éléphant  en  rut  et  se  joignit  à  Salm.  L'action  s'étant  en- 
gagée, la  bataille  devint  ardente  et  on  luttait  avec  fureur.  Kàkoûyeh 
appela  Menoùdjehr  au  combat  singulier;  il  le  défia  avec  insistance, 
alors  que  Menoùdjehr  lui-même  désirait  ardemment  cette  rencontre 
et  s'avança  contre  lui.  Les  deux  adversaires  s'abordèrent  et  firent  jouer 
leurs  armes.  Menoùdjehr  saisit  Kàkoûyeh  par  sa  ceinture,  et  fayant 
arraché  de  son  cheval,  il  le  jeta  à  terre  et  appela  ses  comjjagnons, 
qui,  sur  son  ordre,  lui  tranchèrent  la  tête.  Ayant  vu  ce  qui  venait 
de  se  passer,  Salm  prit  la  fuite  avec  ses  troupes.  Manoùdjelir,  à  la 
tête  de  son  armée,  le  poursuivit  et  lui  cria  :  «0  roi,  pourquoi  luir? 
Je  t'apporte  la  couronne  pour  laquelle  tu  as  tué  Iradj  et  je  veux  la 
poser  sur  ta  tête  !  Arrête ,  pour  la  recevoir  de  moi  !  »  Le  cheval  de 
Salm  ayant  trébuché  et  étant  tombé  avec  lui,  Menoùdjehr  parvint  à 
l'atteindre  et  lui  asséna  un  coup  de  sabre  qui  pénétra  jusqu'à  sa 
ceinture  et  mit  fin  à  ses  jours.  Menoùdjehr,  de  sa  propre  main,  lui 


Cl  HISTOlliK    DKS   ROIS   DKS   PKRSF.S. 

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coupa  la  tête.  Les  troupes  de  Salm  s'empressèrent  de  jeter  leurs  armes , 
se  rendirent  à  Menoùdjehr,  se  prosternèrent  devant  lui  et  lui  deman- 
dèrent t^ràce.  Il  leur  accorda  la  vie  sauve,  leur  fit  grâce  et  choisit 
un  certain  nombre  d'entre  eux  qu'il  distribua  entre  ses  chefs  d'armée. 
H  envoya  la  tète  de  Salin  à  Afridlioûn  et  lui  lit,  dans  une  lettre,  le 
récit  des  événements.  Qàren,  sur  son  ordre,  étant  allé  prendre  dans 
la  lorteresse  de  la  mer  les  trésors  et  les  jirovisions  de  Salm  et  de  Toùz 
et  les  avant  apportés,  Menoùdjehr  les  ajouta  au  butin  du  champ  de 
bataille  et  du  camp  et  distribua  le  tout  à  ses  soldats,  de  sorte  qu'il  les 
rendit  tous  riches.  H  réserva  de  la  part  qui  lui  revenait  et  des  objets 
précieux  et  rares  ce  qui  méritait  d'être  possédé  par  lui-même  et  par 
Afrîdhoûn.  H  fil  ensuite  donner  le  signal  du  départ  et  revint  avec 
ce  grand  succès  et  cette  importante  victoire  auprès  d'Afridhoûn. 
Celui-ci  fut  heureux  par  lui,  lui  prodigua  les  distinctions  et  les  hautes 
dignités,  donna  à  son  intention  aux  chefs  (farmée  des  robes  d'hon- 
neur et  des  charges  de  gouverneurs  fie  j)rovinces  et  combla  chacun 
d'eux  de  faveurs. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  65 

çSyr^J   «Ol^là    4l!|    û'y^i    <-\_<*   <jU    ^j»-?"   JLii-j   U   ^_«l£     .>.Xjw5t   J^^)^vC_w| 

il  1^^  <^LJi5  *u.U 

("  Mss.  JJLu.  —  -    Mss.  Lcb.  —  ■•'    MaïKiue  dans  C.  —   '    M  Ai^JIj  *Jl:rj  AJi^-. 


Lorsque  Afrîdhoûn  eut,  dit-on,  accompli  l'àgo  de  cinq  cents  ans,  il 
ol)éit  à  l'appel  de  Dieu.  Il  fut  de  lui  et  de  Menoûdjehr  selon  les  paroles 
du  poète  : 

Les  nuits  et  les  jours  ne  se  succèdenl,  les  étoiles  ne  circuiimt  dans  l(uus  orbites 
au  ciel , 

Que  pour  transnieltrc  la  jouissance  du  pouvoir  d'un  roi,  dont  lu  règne  est  arrivé 
à  son  terme,  à  un  «autre  roi. 

Mais  le  règne  du  maître  du  trône  est  éternel!  Il  n'est  ni  périssable,  ni  partagé! 

RÈGNE  DE  MENOLIDJEHR. 

Lorsque  Menoûdjehr  eut  succédé  au  pouvoir  à  Afrîdhoûn,  qu'il  se 
fut  assis  sur  le  Irône  et  qu'il  eut  ceint  la  couronne,  il  donna  audience 
aux  chefs  de  la  nation  et  au  jjeuple  qui  arrivèrent  à  sa  cour,  lui  ren- 
dirent leurs  hommages,  puis  prirent  leurs  places.  Tous  furent  char- 
més de  sa  beauté,  de  sa  prestance,  de  son  éclat  et  de  sa  majesté.  Il  leur 


()0  IIISTOIRK    DES   ROIS    DKS   PF.HSKS. 

_v_^    ^>4^    ^  .ii^vii^   ,,J-<S-^^-*^  ^>-*-:'  '-ifcLjl   itski*.   «Ôt   jLâjj    l^li-*   J^lî"^' 

^v-fva,    f -^'^^^^   |?UioLl   J-_J<Jl   ^^^-6J   J-9-^    iUlkL^J    «JLcLU]^    5i-CuJt  Jlc 
^> — 4*^-;^.  ^  <j  ■'IjsJOJJlU  <JwS4^  jj.<s^|j  cJJ'^jr'^  ;^''-?-^  vJ^  '-^T^  /^ 

._(l)   ^  Sw»  ^  j:>Li_l'   i>i_«^^|^  ^ju^  S^-^K  (jJl^  (J-^  '-■fî'^  tjy^ 


adressa  alors  son  friand  cl  célèbre  discours,  auquel  aucune  autre  allo- 
culion  des  anciens  rois  n'est  comparable.  D'après  une  certaine  tra- 
dition, il  l'aurait  prononcé  à  un  à'^^'  plus  avancé  de  sa  vie.  Après  avoir 
loué  et  glorifié  Dieu  et  ])arlé  de  la  vanité  de  ce  monde  qu'il  compara 
à  l'ombre  des  nuages  et  au  rèAe  que  l'on  voit  en  dormant,  il  les  exliorta 
a  obéir  strictement  à  leur  souverain  et  à  travailler  aussi  bien  pour 
leur  vie  présente  que  jiour  la  vie  future.  H  leur  promit  de  marcher 
sur  les  traces  d'Afrîdlioùn  et,  comme  lui,  d'avoir  une  grande  sollici- 
tude pour  ses  sujets.  Il  se  livra  ensuite  à  de  très  longs  développements 
('\  exprima  sa  pensée  par  des  sentences  telles  que  celles-ci  :  «  La  créa- 
ture appartient  au  (Créateur,  la  reconnaissance  est  due  au  Bieidaiteur, 
il  faut  se  soumettre  an  Puissant.  Ce  qui  arrixc  est  inévitable.  H  n'est 
rien  de  plus  faible  que  la  créature  et  rien  de  |)lus  lort  que  le  Créateur. 
En  vérité,  la  réflexion  est  lumière,  l'indolence  obscurité,  l'ignorance 
égarement.  Ceux  (pii  nous  ont  précédés  et  ont  dis])aru  étaient  des 
racines  dont  nous  sommes  les  tiges;  et  quelle  est  la  durée  d'une  tige. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  67 

^ OJ      <J      |?LJ^_^2_J     ^1    L^_5sLo    ^     <<_^J'    Jja^     0*I.X^I    \jy.JU>j     Ù^LJIj] 


^_^I  Jh  ^^^t  ^yt  4Îv^  JU:^^'  At^^>.^U'  ^Uo^'^l  4iy^  J\^ 
->-^^— ^  ■'  er*  >-!3'j-^  ^w*♦o».^l|^  jj^l  ^__jj.^y<s ^.^s^jXjo  jji  ^^^j| 

'"  M  •^ililS.  —  -    C  JAiJ.  —  ■'■   Man.iup  tians  C. 


O 


lurs(|ue  sa  racine  a  péri?  —  Le  roi  a  des  droits  sur  ses  sujets,  comme 
ceux-ci  ont  des  droits  sur  le  roi.  Les  sujets  doivent  obéir  au  roi,  le 
servir  loyalement,  délendre  ses  alliés  et  combattre  ses  ennemis.  Le 
devoir  du  roi  envers  ses  sujets  est  de  les  protéger  et  de  s'occuper  avec 
soin  de  leurs  intérêts,  de  ne  point  leur  imposer  des  charges  trop 
lourdes  et,  s'il  leur  survient  un  fléau,  soit  céleste,  soit  terrestre,  à  la 
suite  duquel  leurs  produits  sont  diminués,  de  réduire  leur  impôt  en 
proportion  du  dommage  cfu'ils  auront  subi  et  de  réparer  leurs  pertes 
en  leur  fournissant  les  grains  nécessaires  pour  la  culture  de  leurs 
champs.  —  Larmée  est  pour  le  roi  ce  que  les  ailes  sont  pour  l'oiseau 
et  le  roi  est  pour  ses  sujets  ce  que  Li  tète  est  aux  membres,  ou  plutôt 
ce  que  l'esprit  est  au  corps.  —  Le  roi  doit  avoir  trois  qualités  :  la  véra- 
cité, la  générosité  et  la  modération;  parce  c^u'il  est  puissant  et  riche 
et  que  sa  clémence  est  le  plus  sur  moyen  de  faire  durer  son  règne.  « 
Dans  l'ouvrage  de  Tabari  on  lit  que  Menoûdjehr  est  célèbre  par  sa 
justice  et  le  bien  qu'il  accomplissait.  U  fut  le  premier  cjui  creusa  des 

9- 


6S  IIISTOIRR    DI-.S    HOIS   ORS    PERSKS. 

vJlJI  (_>Lil  (?^v'|;  <'>>4'  ^j-LJ  |?L«s-J]^  N^  LgJatil  Jv-ki^j  uLiufti 

^^!Xj    .v<s£«   ^i'«_5  ^-^«  «   "Osi.^   iJ^X«   ^w«l   iA^  ^^  y-fir^v**^  ^-i^i-/*  Lz_l 

^'    .vl 4— =fc.    .\i4— L  g,  ■>  <.»«, , LiJ L  ^J^  c)*~^  '^^■gJl  c-s'r^lî  c)^^"*"^3J 

u.  ciiT.  —  a  c,  i^uwj. 


fossés,  qui  dressa  de  «^mndes  tentes  et  qui  emmagasina  des  armes  de 
guerre,  et  le  premier  qui  établit  un  dihqàn  dans  cliaque  village,  dont 
il  réduisit  les  habitants  à  l'état  de  serfs,  les  couvrit  d'humiliations  et 
les  obligea  de  garder  les  bœufs. 

HISTOIHE    DE    ZÀL-I-ZEI\,   PÈHE   DE    ROUSTEM. 

Le  soutien  du  règne  de  Menoûdjehi',  l'appui  de  son  empire,  le  pre- 
mier de  ses  cheis  d'armée,  le  gardien  de  ses  provinces  était  Sàui,  fils 
de  Nerîmàn,  surnommé  Sâm  le  héros.  Il  était  sans  pareil  en  fait  de 
chevalerie  et  de  courage  et  hautement  renommé  par  sa  grande  auto- 
rité et  son  habileté  dans  l'administration.  Il  avait  le  gouvernement 
du  Sedjestàn,  du  Zàboulistàn  et  des  provinces  de  l'Inde.  Son  titre,  en 
persan,  était  Pahlawdn-i-Djehân ,  c'est-à-dire  «  le  défenseur  du  monde  ». 
Il  venait  habituellement  présenter  ses  hommages  au  roi,  demeurait 
un  certain  temps  à  la  cour  et  retournait  ensuite  dans  ses  Etats;  et 
rpiand  on  avait  besoin  de  ses  services,  on  l'appelait. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  6U 

s- 

^>. — A — ^>_p  y^^j   «COe  ^_ij|^   .is-Solj  jLà_<i^l»  t_/^Ui«  o"'^'  '''î-*-**  O'^^'*^' 
,? — «   "^ — '^ — îjj  LiûwJi^  J,l  «CjjiJ^  <jd_<vifc.ls   *LxoJ|  <JU  *  'Sn^I  J>X^ts 

Cl  M^^I.—  -'  Mss.  ^I. 


Sàm  (lemanflait  constamment  à  Dieu  et  laisait  des  vœux  solennels 
pour  qu'il  lui  donnât  lui  (ils.  Il  était  déjà  avancé  en  âge,  lorsqu'il  lui 
naquit  un  enlant  avant  les  cheveux  de  la  tête,  les  sourcils  et  les  cils 
tout  blancs.  Il  le  repoussa  avec  horreur  et  donna  l'ordre  de  le  jeter 
sur  le  sommet  de  quelque  haute  montagne  éloignée,  pour  que  Dieu 
en  fît  selon  sa  volonté.  Son  ordre  lut  exécuté.  L'oiseau  'Anqà  avant 
vu  l'enfant,  le  prit  et  l'emporta  dans  son  nid  et  l'éleva  avec  ses  petits, 
jusqu'à  ce  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  sept  ans.  Alors  Sàm  eut  un  songe  : 
un  personnage  lui  apparut  qui  lui  apprit  que  son  fils  vivait  et  qui  lui 
indiqua  le  lieu  de  son  séjour.  Il  se  mit  à  sa  recherche  et  finit  par  le 
trouver.  'Anqà  avant  su  qu'il  était  son  père,  lui  rendit  l'enfant,  à  qui 
il  remit  une  de  ses  plumes  qu'il  devait  brûler  quand  il  lui  arriverait 
quelque  malheur;  alors,  'Anqà  viendrait  à  son  secours.  L'auteur  dit  : 
Je  ne  réponds  pas  de  l'authenticité  de  cette  histoire;  si  elle  n'était 
généralement  et  depuis  longtemps  connue  et  rapportée  partout,  et 
si  ce  n'était  pas  un  de  ces  contes  par  lesquels  on  amuse  et  dont  on 
divertit  les  princes  dans  leurs  insomnies,  je  ne  l'aurais  pas  reçue  dans 


âJs^ 


70  IIISTOIRK   DKS  ROIS   DKS   PERSIvS. 

^     ^^L_*M_J'     )?Lii-£     ■'U-V'^i    (^^'y^wO    ^fc^     J'LgJS     oJM)*    Lijj     ^sJbi    Jjia-> 

j'..S^_f  N_*ls  ^v->i^  j^lLli  s  gT^j-À^  ^"^j  <jL4ji  ;'')JoL^  «Oj  e^w^Jo» 

l'>  C  ^^^yi.  —    -    Maiiqii.'  ilans  C.  —   (")  M   yUi;UJei.  —  '''>  Mss.   Uj,  C  ^i.   — 
(5>  Mss.  x*^.  —  •■'    -M  Jol>.  —  ■''  C  viu»l^. 


mon  ouvrage.  En  ces  temps  primitifs,  les  faits  extraordinaires  étaient 
fréquents;  tels  l'âge  de  mille  ans  d'un  homme  de  cette  époque,  les 
génies  et  les  démons  au  service  des  rois,  la  flèche  lancée  par  un  archer 
et  portée  du  Tabaristàn  jusqu'au  Tokhàristàn,  d'autres  encore  qu'il 
serait  trop  long  de  mentionner.  Pour  nous,  tous  ces  récits,  à  l'excep- 
tion des  miracles  des  prophètes,  sont  de  la  catégorie  des  histoires 
plaisantes. 

Sàm  donna  à  son  Ills,  recouvré  de  l"x\nqà,  le  nom  de  Destàn.  Il  lut 
surnommé  Zal-i-zer,  ce  qui,  dans  le  langage  des  habitants  du  Se- 
djestàn  et  du  Zàboulistàn ,  signifie  «  vénérable  vieillard  » .  Sàm  le  ramena 
dans  sa  demeure  et  l'enfant  apprit  à  parler  en  fort  peu  de  temps;  il 
brillait  d'une  A"ive  intelligence  et  portait  sur  lui  les  indices  de  la 
noblesse.  Le  roi  ÎNIenoûdjehr,  ayant  appris  son  aventure,  fit  écrire  à 
Sàm  pour  qu'il  vînt  à  sa  résidence  avec  Zàl.  En  conséqence  Sàm  se 
rendit  à  la  cour,  emmenant  avec  lui  son  fils.  Menoûdjehr  le  reçut  avec 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  71 

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;î — *!;— >  '■'  Çj^^j  S:>Ls.J|  . — SjIj  ï:>L)U4*Jt  'jiii  4.'  L^sa^  Uotii  <jJLL 

'    Manque  dans  M.  —   ^'  M  J,A..iucJlj.  '    M  lyiJb^.   -  ^'   M  a)yIL. 

dans  (1.  —  ''''>   ('•Jy*J}- 


honntmr,  l'écoula  avec  allcnlion  et  lui  donna  des  témoignages  de  sa 
bienveillance.  Puis,  ayant  fait  venir  Zàl,  il  vit  en  lui  un  jeune  homme, 
heau  de  visage,  de  belle  prestance,  d'agréables  manières,  plein  de 
grâces  et  tout  à  fait  aimable.  Il  n'avait  d'autre  défaut  que  ses  cheveux 
blancs;  mais  il  send^lait  qu'il  étail  plus  beau  ainsi  que  si  ses  cheveux 
avaient  été  noirs.  Menoùdjehr  en  lut  émerveillé  et  fit  des  vœux  pour 
lui.  Les  astrologues,  sur  son  ordre,  observèrent  son  étoile  et  tirèrent 
son  horoscope.  Ils  prononcèrent  que  sa  fortune  serait  la  plus  heu- 
reuse, qu'il  atteindrait  la  plus  haute  position  et  qu'il  réussirait  en 
toutes  ses  poursuites  pour  le  service  du  roi  et  la  défense  du  terri- 
toire. .Menoùdjehr,  enchanté  de  ces  prédictions  à  son  sujet,  conçut 
de  l'allèction  pour  lui.  Quand  Sàm  demanda  l'autorisation  de  partir, 
il  le  fit  revêtir  d'une  robe  d'honneur,  ainsi  que  Zàl,  et  leur  donna  de 
nombreux  cadeaux,  et  ils  revinrent  dans  le  Sedjestàn.  Zàl  continua  à 
croître  comme  une  nouvelle  lune  et  à  gagner  en  lorce  comme  un 
lionceau;  il  possédait  les  arts  de  la  chevalerie  et  toutes  les  autres  apti- 


72  IIISTOIUK    DKS    IlOIS    DKS    PKllSKS. 

4 g_=k.».Aw^    ^1    0>.JN-*M^    ^   ^ia-gj^    C^Ju^l.    ^^|»./ol    ^j-«   «LXjs^^      .^L^_*«Jk_>l•^  . 

^I   <J»v-vx   (jj^'.    'Ls.Sij   "L^^^xi'   *L>^  ^«-Ij  lli-5  "^-vi^Li*.  Jl  (jlj   <JtÂ.-«*J 

>    ^'v^JOs    ^>JCt*Oj    |js..Â.-Ni2j;^   >-^^<*-:?   or-*r^    i J^X    J^-»  '^^~' U    '■'  '*^-^~*fSb 


ludes  ])Our  exercer  le  gouvernenienl  el  le  cominaiuleineiil.  Sam,  le 
voyant  si  accompli,  fut  charmé  et  tout  à  lait  heureux. 

Lorque  Zàl  eut  allcinl  l'âge  viril  el  (jull  lut  en  pleine  maturité, 
Sàm  conçut  le  projet  de  faire  une  exj)é(lilion  dans  l'Inde  pour  se 
rendre  compte  de  la  situation  et  pour  châtier  quelques  rehelles. 
Il  nomma  Zàl  son  lieutenant  dans  le  Sedjestan  et  le  Zàhoulistàn  avec 
])lein  pouvoir  sur  les  linances  et  l'administration  des  provinces,  et  se 
mil  en  route  à  la  tète  de  son  armée  vers  le  pays  qu'il  se  proposait  de 
visiter.  Zàl  avec  sa  suite  l'accompagna  jusqu'au  bout  et,  après  avoir 
pris  congé  de  lui,  revint  dans  sa  résidence  dans  le  Sedjestân.  Il  y 
passa  son  temps,  soit  à  chasser,  pour  exercer  son  corps,  soit  à  s'entre- 
tenir avec  les  savants,  pour  s'instruire.  Puis,  il  se  mit  avec  ardeur  à 
visiter  les  différentes  provinces  de  son  royaume  et  à  ])arcourir  les  jar- 
dins et  les  champs  avec  sa  suite  et  ses  amis.  Il  laissa  les  soins  du  gou- 
vernement du  Sedjestân  à  l'un  de  ses  chels  d'armée  el  partit  en 
grand  apparat  et  avec  un  brillant  ècjuipage.   Il  allait,  se  livrant  à  la 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  73 

s-;S**m    "*. )   c5^àj|    (__^^  ^AJot^oC   c:jis«jl|    ^'y4i   *-*J^-**'-^^    ^Lft-ol»    ^Lâ-va^' 

i.X.^i>_£   wK_^Jj    <O.Xi».   ^0-*"^=^'   <-iOJK-^j  jUit*   (_3.^L   L'^^-^l   J-^^^' 
;eX-^   l2  <_«»  JJL^aJj  <^:>[ij  <jLL>j  ^'y^j  cJK  <^>-^ls   <~>0y=^  J-^_^l 

^U^  ^^^^.^yj\j  c»;'^!^  "^L?-  (^^j-g:^^];  U^Uj  ^Lo  ^^j-^^^^l  l^t  jLi:»  b'^jj 

'•'  C  ^j,.j<^\y>^ .  —   -    (i  JiwJù.  —  ^'   Manque  clans  M. 


chasse,  so  promenait  dans  les  jardins  et  les  champs,  parcourait  gaie- 
ment les  dilTérenies  conlrées  et  coulait  des  jours  heureux.  C'est  ainsi 
qu'il  arriva  juscju'à  Ghazna  d'où  il  passa  à  Kaboul.  Lorsqu'il  fut  près 
de  la  ville,  Mihràh,  le  roi  de  Kaboul,  vint  au-devant  de  lui,  lui  pré- 
sentant des  cadeaux  et  des  offrandes,  lui  rendit  très  respectueusement 
hommage  et  lui  témoigna  la  plus  grande  déférence.  Zàl  le  traita  avec 
honneur,  l'approcha  de  sa  personne,  l'invita  à  sa  table  et  à  son  ban- 
quet et  chassa  en  sa  compagnie;  puis,  après  l'avoir  fait  revêtir  d'une 
robe  d'honneur,  il  lui  permit  de  s'en  retourner  chez  lui. 

ZÂL   ET  LA  FILLE  DE  MIHRAB. 
LA  PLLS  BELLE  HISTOIRE  DE  DEUX  AMANTS. 

Quand  Mihràb,  avant  pris  congé  de  Zal,  l'eut  quitté,  Zàl  dit  à  ses 
compagnons  :  «  Que  Mihràb  est  donc  parfait  !  Quel  chevalier  accomjjli, 
quel  galant  homme!  »  Alors  l'un  d'eux  dit:  «Il  a  une  fdle,  nommée 
Roûdhàwadh,  qui  passe  pour  être  la  plus  belle  femme  de  son  temps, 


74  HISTOIRK    DKS    IU)IS   DKS    PKKSKS. 

^. >  ^r-'.  ^Nk — i::- — >  y>>j*  Jt»  cr°   J^-=>'  hIL^  c^oL^  '^rr'l  ^  c'^^'^-^. 

^ (k-^y-^   «W-ii.    4_XJKL<»   ^=|;pLl  J   .^oLL;   ii;<.^   ^v£    J-^jl   <->t    '^ 

Je   ^.>_^|i>_>  w^j   ^J^-Si^j   A.Ai  ^   J\y^  4-J^I   -^I-Sjj   V^=*^   '^' J-r»^^ 

'"'  Mss.  ^jjbùiJ.  —  ''■  Ces  mots  manquent  dans  C.  —  'l  M  a,»j^Lo  .  —  ''  (\  JjUo  i^*Ji  y.^ . 
—  ;*»  Mss.  ^^.  —  '6)  C  Jlï  jj*  »^! .  —  (')  ISI  ^,  C  ^  o5Xoi. 


la  plus  charmante,  la  plus  intelligente,  ayant  les  plus  excellentes  ma- 
nières. »  Ce  portrait  lit  une  telle  impression  sur  Zàl  qu'il  se  mit  à  l'ai- 
mer et  à  la  désirer  ainsi  que  l'on  désire  le  paradis  sans  l'avoir  encore 
vu.  Sa  situation  était  celle  du  poète  Basschàr  ibn  Bord  l'aveugle,  qui 
a  dit  : 

Mes  amis,  mon  oreille  aime  une  femme  de  cette  tribu;  car  parfois  l'oreille  aime 
avant  les  yeux. 

Ensuite  Zal  quitta  son  campement  et  parcourut  les  provinces  de 
son  royaume,  tandis  que  son  cœur  était  retenu  à  Kaboul.  L'amour  de 
Roûdhàwadh  dominait  toutes  ses  pensées,  sa  passion  devenait  plus 
forte  à  toute  heure  et  à  tout  moment,  et  combien  plus  en  des  mois  et 
des  jours!  Son  cas  ressemblait  à  celui  du  poète  Qaïs  al-Madjnoûn, 
qui  a  dit  : 

.l'ai  cornmencc  à  1  aimer  avant  de  connaître  l'amour  (jui,  ayant  rencontré  un  cœur 
inoccupé,  s'y  est  installé. 


HISTOIRE   DKS  ROIS   DES   PERSES.  75 

J4^I  Aj  j<;j!îjj  i^£\   ^^^  li**^  (j[  i4^-*-"   '•=>  Ô-^î  '«>^  (^^-^5)   '^•î 

0Vp>^J^|j  jL^jjj  jL^^jj    _^U.XàJ|j    oiLvJI    f^-*^    o>^^^    --5    '^v'6'>ià_>    ^^À^ 

j, — *_*v  <'  ^:^L5J  <jL;'>XjS^   U^LS'Jva;    ^lijN    4JOoL    A^^.^i^i    A-*-^  'Ol^-'o' 

("  M  j^.  —  ("^l   C  IJsaIï,  m  IJv*Lïj.  —  W   M  si*.  —  '■')   Ces  moU  manquent  dans  (',. 
—  '^'   (".  oj^i  i^rt-**»  '■'  -''"si  plusieurs  fois  dans  la  suite.  —  ''''   M  oo-iail  lil  -jjJ'  >^IW 


Et  quand  il  revint  à  Kaboul,  il  était  flans  \o  cas  de  ce  poète  qui 
dit: 

Je  ne  suis  pas  venu  chez  vous  .spontanément;  mais  l'amoureux,  le  pied  le  porte 
là  où  tend  le  cœur. 

Il  dressa  sa  tente  en  dehors  de  la  ville,  en  un  endroit  où  il  y  avait 
tout  ensemble  des  jardins,  des  prés,  des  arbres,  des  ruisseaux,  un  lieu 
de  plaisance  et  un  parc  de  chasse.  Mihràb,  comme  précédemment,  se 
mit  à  ses  ordres  et  le  combla  de  prévenances.  Zàl,  de  son  côté,  le 
traita  encore  avec  plus  d'honneur  et  de  familiarité  qu'auparavant  et  le 
prit  en  plus  grande  allection,  à  cause  de  l'amour  qu'il  avait  pour  celle 
c[ui  était  derrière  le  rideau  de  Mihràb. 

Un  jour,  Mihràb,  revenant  du  camp  de  Zàl,  entra  dans  l'apparte- 
ment de  ses  femmes  et  se  mit  à  causer  avec  sa  femme  Sindokht  et  .sa 
fdle  Roûdhàwadh.  Sindokht  lui  dit  :  «  Tu  as  quitté  Zàl  bien  tard  au- 
jourd'hui, le  jour  étant  déjà  avancé.  »  —  «Oui,  répondit  Mihràb,  il 


7(î  HISTOlllE   DES  ROIS   DES  PERSES. 

^_jw»w<i  ï^L^ilj^^  t-)  4-OsJ  »  "O^^  i^JJàj'.   |__jJaJu   (__o)-='[}  '''(3^1?    /J>  '^^~~''; 

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")  Mss.  ^^Ij.  —  '2)  M  ^  ^IX!j.  —   '    eu.  —  '•:   M  Uyii)L=w.  —  ^'  Mss.  o^Uj.  — 


a  prolongé  son  entrelieu  avec  moi,  puis  il  ni'a  retenu  à  diner.  »  — 
«Ce  Zàl,  rpiel  homme  est-ce,  comment  est-il  de  sa  personne,  quelle 
est  sa  manière  d'être?  »  —  «  Par  Dieu,  dit  Mihràb,  je  n'ai  jamais  vu 
un  jeune  homme  jilus  beau,  plus  viril,  jilus  sagace,  plus  noble,  plus 
intelligent,  plus  gracieux,  plus  aimable,  plus  pur!  Mais,  tout  en  étant 
d'une  beauté  éclatante  et  malgré  sa  jeunesse,  il  est  couvert  de  cheveux 
blancs.  »  Quand  Roûdhàwadh  eut  entendu  de  la  bouche  de  son  père 
cette  énumération  des  qualités  de  Zàl,  elle  se  sentit  prise  d'amour 
pour  lui  et  cet  amour  surpassait  en  violence  celui  que  Zàl  nourrissait 
pour  elle.  Ils  étaient,  l'un  et  l'autre,  dans  le  même  cas,  de  s'aimer 
éperdument  sans  s'être  vus  ni  rencontrés.  Elle  .souffrait  dans  son 
cœur  comme  un  feu  ardent,  passait  ses  nuits  sans  sommeil,  luttant 
contre  sa  passion,  mais  vaincue  par  elle  et  se  résignant  à  sa  défaite. 
Enfin,  à  bout  de  patience,  elle  se  vit  contrainte  à  révéler  son  secret  à 
quatre  esclaves  d'entre  ses  suivantes  les  plus  intimes.  Elle  leur  dit  : 
«  Si  vous  ne  trouvez  pas  un  moyen  de  me  faire  voir  Zàl,  je  meurs  de 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES.  77 

(^L«_jSJa_Ll   cuLl/oL^J!  ^^y^j    T'I^S^h  o)'"^*^-    ^->^-^  Ji-J^   U-'  o)'^"'^^ 

s- 

Jj^t  (21H)  J-CSÏ3  jr«-^  J^  J>-^'  <-î:>|^  ^  J|^  ^jJi^3  Lgj  j^J_!U.^j 

i — g— >  ^_j^"Lj  Lgjj.>.ii.L  ^>LVxJ|^  ^-g^^  ^î/-f  ^^j  ''•p^  i-v..î».|;  tJ^ 

C'j jjjP^o  J^lLo  <jt  ijLiJ  ,^Jais:  ^_;«^^   ^_5^l  c^Ul  t^^il»  ij-»  (?L^i-*-J     aJ-*-' 
^L-g-0  o-'^'V-V  ^o^  ii^"^  ,0-^'  o>"^  LaJoJI  ^   v-i-âJ  4.'  U  ^^1     .•sIjLwJljK  . 

(•>  C  UjL^I.  —  :-^'  Mss.  yJUi.  —  ■■'  M  L-ju^^  Ij^i)!.  —  ')  C  y^^. 


désir  et  de  passion  pour  lui.  »  Ces  esclaves  se  prosternèrent  devant 
elle  et  répondirent  :  «  Nous  sommes  ta  rançon,  corps  et  àme,  et  nous 
sommes  prêtes  à  t'obéir.  » 

Ces  femmes ,  ayant  mis  de  beaux  atours  et  s'étant  parées,  sortirent  de 
la  ville  et  se  rendirent  à  l'endroit  où  se  trouvait  le  camp  de  Zàl.  Elles 
s'arrêtèrent  devant  sa  tente  entourée  de  jardins  qui  étalaient  leurs 
fleurs,  et  se  mirent  à  en  cueillir.  Pendant  qu'elles  étaient  ainsi  occu- 
pées, Zàl,  de  sa  tente,  les  regarda  et  demanda  qui  elles  étaient.  On 
lui  dit  qu'elles  étaient  esclaves  de  MihraJ).  Alors  Zàl  se  fit  apporter  son 
arc  et  les  flèches  et,  commençant  à  tirer  sur  les  grues  et  les  oies  sau- 
vages, il  n'en  manqua  pas  une  seule.  Les  femmes  le  regardèrent  pen- 
dant que  les  pages  allaient  ramasser  les  oiseaux  et  les  lui  apportaient. 
Elles  demandèrent  à  l'un  d'eux  qui  était  ce  tireur  qui  ne  manquait 
jamais  son  but.  —  «  C'est,  dit-il,  le  roi  du  Midi  et  du  Zàboulistàn  qui  n'a 
pas  son  pareil  dans  le  monde.  Mais  vous,  à  qui  appartenez-vous  ?  »  — 
«Nous  sommes  les  esclaves  de  la  fdle  de  Mihrab,  roi  de  Kaboul,  qui 
n'a  pas  sa  pareille  dans  l'univers.  »  Le  page  étant  retourné  à  l'endroit 


78  HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES. 

^  <X(6JVwO  ^ — \t^  <JtJ>I  J>-o-^  -p^is  J\_g;JLi_f   ^^j-sà^^J  '^    >^  1^  4'Ltv 

J..^'     ^^"^    ^>t    ^;)-ij5     -^''^^-X^    ^^^^    U-*-Ui«    <_^|^''^t    ^^J-U-âJ   <lLvPl 

''1  Os  mots  manquent  clans  M.  —  -   M  ^^»x^ .  —  '   Manque  dans  C.  — ■  *)  M  (Ji^-^  ■ 
—  '^'   M  l4ii.xi.  —  "    M  ciJlAi^lj. 


OÙ  se  tenait  Zàl,  celui-ci  le  questionna  et  il  lui  répéta  leurs  paroles. 
Alors  Zal  lit  aj)porter  de  la  garcle-robe  quatre  A'êtements  de  iirocarl 
d'or  et  lui  ordonna  de  les  leur  remettre  et  de  leur  demander  de  sa 
part  de  faire  le  portrait  de  leur  maîtresse.  Le  page  alla,  leur  remit 
les  vêtements  et  leur  communiqua  le  message.  Les  femmes  pi-irent  les 
vêtements,  les  baisèrent,  se  prosternèrent  en  l'honneur  du  donateur  et 
dirent  :  '<  Notre  maîtresse  est  trop  éminente,  trop  belle  et  trop  parfaite 
pour  que  nous  puissions  faire  son  portrait.  Mais,  si  le  roi  tient  à  jouir 
de  sa  vue,  nous  la  lui  ferons  voir.  »  Le  page  ayant  porté  cette  réponse 
a  Zàl,  celui-ci  lui  dit  :  "  Retourne  auprès  d'elles  et  dis-leur  :  «  Si  vous 
•I  me  faites  voir  votre  maîtresse,  je  vous  donnerai  tant  d'argent  que  je 
<  vous  rendrai  riches.  »  Elles  répondirent  :  1  On  peut  compter  sur  nous, 
nous  sommes  de  bonne  foi,  fidèles  à  nos  promesses.  »  Puis  elles  retour- 
nèrent auprès  de  leur  maîtresse  et  lui  racontèrent  ce  qui  s'était  passé. 
C'est  ainsi  que  fut  suggéré  à  Hoûdhàvvadh  le  moyen  de  se  rencon- 
Ireravec  Zàl.  Elle  fit  débarrasser  une  chambre  qu'elle  avait  au  palais,  du 


HISTOIRE   DES   UOIS   DES   PERSES.  79 

^__^>^    .X=wU    j^TvX    <_SL^    -s'yjàJl    Sj'.-iii.  ^   JIs    J-^l     .v>s£J|   e:jlOsj6     .\-^:^« 

^^ — !li^  ^'■^J   ^^ — *— ^  ..:i.Ojp.i|^  ^o^  v_>^  <-J!  jLm  ;5-N.3^1  J.I  ^' 

4KÂ^    X_(wl  L   j^-xJI  (.uj^^v^aJl   I-^-g-J  Us:».wO   JLLJ  ,.50il   J^-6>V    \J>-**J'  -oy^ 


côté  de  la  plaine,  la  fit  orner,  faire  les  préparatifs  nécessaires  et  envoya 
à  Zàl  une  des  esclaves  qui  lui  lit  promettre  devenir  au  rendez-vous, 
pendant  la  nuit,  à  rendroit  cpii  donnait  accès  à  la  chambre  du  palais 
et  lui  en  montra  le  chemin.  Quand  la  nuit  fut  venue,  RoûdJjàwadh. 
avec  les  quatre  esclaves,  entra  dans  cette  chambre,  en  lit  lermer  la  porte 
et  monta  sur  la  terrasse  pour  attendre  Zàl.  Celui-ci,  lorsque  tous  ses 
gens  lurent  endormis,  se  rendit,  sous  Tombre  de  la  rtuit  et  accom- 
pagné d'un  seul  page,  jusqu'à  l'endroit  qui  lui  avait  été  indiqué  et 
s'y  arrêta.  Roûdhàwadh,  le  voyant  du  haut  de  la  terrasse,  dit  :  «  Qu'il 
soit  le  bienvenu,  celui  qui  a  pris  la  peine  de  diriger  ses  pas  vers  nous 
et  qui  nous  honore  de  sa  noble  présence!»  Zal,  ayant  entendu  ces 
paroles  pleines  de  coquetterie  et  respiré  le  doux  parfum  émanant  d'elle, 
faillit  s'évanouir,  succombant  à  la  violence  de  l'amour  et  à  l'excès  de 
joie  qu'il  éprouvait  en  obtenant  ce  qu'il  avait  tant  désiré.  U  répondit  : 
«Qu'elle  soit  la  bienvenue,  cette  voix  délicieuse,  telle  que  je  n'en  ai 
jamais  entendu  !  Que  je  sois  la  rançon  de  la  personne  dont  la  parole 


80  IIISTOIRK    HKS    KOlS    DKS    PKUSKS. 

LfijLr   J— =*-  Ji\  U)>>o  i^^Jv^  (jTysc    "'Lâ-I'L   J^JL^^   J^   ^ii\   (1)  c.Ul*v'^L 

j — ciL-n-Jl  ^ — i-j  ^  .^•\Lojj  J-6^'1  i-Jer"  1^]^-^  ->-*il  '-frJ  c)-*^!^-^  ,^ 

^  t  ■>  <->  o^r»  J^'  jr-£  J-=^  JL^  -i-^  tM^  J  J|>>aj^U  L^L^jj:! 

',^_g_>'>_Ii  ï,^  J.t  <<«j  ^\->j  J>-fr«^  <03^^|j  ULS   Uj  iilsl  (^5»^  ^)J^^  ■''^ 
^_^^^|  iîs^  ('»)^jl^  ,J-£>iJ|  (sl-'j-si.  J  ^j\^jjj  Jt)  c^^î;r^  <-i-4  ciT*  ''V^' 

0)   C  ^Li.iu,i)L..  —  -    M  il^  ^j^.  —  ^'  Maiiqiu'  dans  C.  —  '')  M  ooCU.  —  ''i   C  (.^J^, 


a  porté  à  son  conililc  mon  amour!  Mon  oreille  a  été  charmée;  mes 
veux  auront-ils  le  bonheur  de  la  voir?"  Roûdhàwadh,  détachant  son 
voile  et  mettant  en  liberté  deux  boucles  de  ses  cheveux  plus  noires  que 
la  nuit  et  plus  longues  que  le  soupir  d'un  amant,  les  laissa  tomber  de 
la  terrasse  et  dit  :  «  Tu  vas,  ô  roi,  jouir  de  ce  bonheur;  aide-toi  donc 
de  ces  deux  boucles  pour  monter.  »  Zàl,  étonné  de  ces  longs  cheveux 
qu'elle  lui  abandonnait  si  aisément,  lui  dit  :  «  A  Dieu  ne  plaise  que 
je  les  abaisse  à  un  tel  usage!  »  Dénouant  son  lacet,  il  le  jeta  sur  un 
des  créneaux,  s'en  servit  comme  d'une  échelle  et  fut  auprès  d'elle  sur 
la  terrasse  en  moins  d'un  clin  d'œil  et  d'un  signe  de  la  main.  Ils 
s'adressèrent  les  questions  d'usage,  se  tenant  embrassés,  et  finirent  par 
s'évanouir.  Les  esclaves  les  aspergèrent  avec  de  l'eau  de  rose  jusqu'à 
ce  qu'ils  revinssent  à  eux,  non  sans  peine.  Puis  elles  Hrent  descendre 
Zàl  dans  la  chambre,  qui  était  comme  une  image  du  paradis;  les 
deux  amants  se  virent  à  la  lumière  des  cierges  et  ils  furent  plus  heu- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  81 

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reux  par  leurs  veu\  qu  ils  ne  l'étaieiil  auparavant  par  leurs  oreilles.  Ils 
rendirent  ^j^ràces  à  Dieu  de  les  avoir  réunis.  Ils  passèrent  la  plus  chaste 
nuit,  sans  autre  surveillant  que  leur  noblesse  et  la  pureté  de  leurs  sen- 
timents, se  livrant  à  des  doux  propos,  plus  tendres  que  la  plainte  et 
plus  délicieux  que  le  bonheur.  Les  coupes  qui  passaient  et  se  suivaient 
stimulaient  une  passion  jamais  languissante  et  faisaient  apparaître  le 
fonds  le  plus  intime  de  l'amour.  Lorsque  le  matin  fut  sur  le  point 
de  paraître  et  qu'il  fallut  s'arracher  à  cet  étonnant  amour  et  à  cette 
ardente  passion,  Zàl  se  leva,  ainsi  que  Roûdhàwadh  et  les  esclaves  qui 
le  reconduisirent  à  l'endroit  d'où  il  était  monté.  Il  descendit  en  se  sus- 
pendant au  lacet  et  retourna  à  son  campement. 

Zàl  fit  appeler  ses  amis  et  ses  familiers,  leur  fit  part  de  son  secret, 
les  consulta  et  leur  demanda  la  voie  à  suivre  pour  chercher  à  obtenir 
du  roi  Menoûdjehr  fautorisation  de  s'allier  à  Mihràb  en  épousant  sa 
fille,  ainsi  que  pour  avoir  l'approbation  de  son  père  Sàm  et  ne  pas 
encourir  son  mécontentement.  Ces  personnages  gardèrent  un  moment 


82  IIISTOIKK    DKS   ROIS    ORS   PERSES. 

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le  silence,  puis  délibérèrent  pendant  longtemps  et  lui  conseillèrent 
enfin  d'écrire  à  son  père,  de  l'informer  de  sa  situation,  de  connaître 
son  avis  et  de  lui  demander  d'obtenir  du  roi  l'ordre  de  le  satisfaire. 
Zàl  écrivit  donc  à  son  père,  lui  exposant  avec  ménagement  ce  qui 
lui  était  arrivé,  ainsi  que  son  désir,  et  laissa  entendre  que  s'il  n'ac- 
cédait pas  à  sa  requête,  c'est  qu'antérieurement  déjà  il  avait  mal  agi 
envers  lui.  Après  avoir  cacheté  la  lettre,  il  la  remit  à  un  cavalier 
emmenant  un  cheval  de  rechange,  avec  l'ordre  de  la  faire  parvenir 
avec  la  plus  grande  rapidité.  Le  cavalier  eut  bientôt  rejoint  le  camp  de 
Sàm  à  l'extrémité  de  l'Inde.  Apprenant  que  le  roi  était  parti  pour  la 
chasse,  il  se  mit  à  sa  recherche  en  suivant  ses  traces.  Sàm  était  monté 
au  sommet  d'une  haute  montagne.  Le  vovant  de  loin  se  diriger  de  son 
côté  et  inquiété  par  son  arrivée,  il  envoya  au-devant  de  lui  un  jiomme 
pour  le  recevoir  et  lui  montrer  l'accès  de  la  montagne.  Le  cavalier,  se 
présentant  devant  lui,  mit  pied  à  terre  et  lui  rendit  hommage.  Sam  lui 
dit  :  «  Avant  tout,  dis-moi  si  Zàljest  en  bonne  santé.  »  —  «  Sois  rassuré. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  83 

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répondit  le  cavalier,  il  est  en  bonne  santé  et  tout  va  selon  son  désir  et 
selon  ce  que  lu  désires  pour  lui.»  Puis  il  lui  remit  la  lettre.  Sàm, 
après  l'avoir  lue,  se  mit  à  rire  et  dit  :  "Celui  qui  a  eu  pour  nourri- 
ciers des  oiseaux  et  pour  berceau  des  montagnes  peut  seul  adresser  à 
son  père  une  telle  demande.  Je  voudrais  savoir,  dans  le  cas  où  je  lui 
permettrais  de  s'allier  à  Mihràb,  ce  qui,  de  son  union  avec  cette  fille 
de  Kaboul  de  la  race  de  Dahbàk,  il  pourrait  naître,  si  ce  n'est  qu'un 
Satan  rebelle!  Puis  il  monta  à  cheval  et  retourna  à  sa  demeure  et 
passa  toute  la  nuit  dans  l'insomnie,  comme  un  homme  blessé,  tant 
ses  pensées  étaient  troublées.  Au  matin,  ayant  fait  appeler  les  astro- 
logues et  les  mages,  il  leur  donna  l'ordre  d'observer  les  constellations 
pour  connaître  les  suites  de  cette  union.  Ils  se  retirèrent,  firent  leurs 
t)bservations,  méditèrent  et  considérèrent  l'affaire  en  tout  sens;  ils 
finirent  par  savoir  comment  elle  tournerait  et  en  avoir  une  claire  con- 
ception. Ils  se  présentèrent  devant  Sàm  et  lui  firent  connaître  l'heu- 
reuse fortune  qu'ils  voyaient  attachée  à  cette  alliance,  son  heureux 
début  et  son  excellente  issue.  Ils  lui  annoncèrent  qu'il  naîtrait  à  Zàl  de 
la  fille  de  Mihràb  un  fils  qui  serait  hors  de  pair  en  fait  de  force  et  de 


84  lUSTOIRK   DES   ROIS   DKS   PERSES. 

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vaillance  et  par  son  éminente  joosition;  nul  comme  lui  ne  réduirait  les 
ennemis,  remporterait  de  si  éclatantes  victoires  et  serait  l'appui  des 
rois;  nul  n'aurait  une  si  grande  renommée  dans  le  monde  et  laisserait 
un  nom  aussi  impérissable.  Sàm  reçut  ces  révélations  avec  joie  et  donna 
aux  astrologues  des  robes  d'honneur  et  des  présents.  Puis  il  répondit 
à  la  lettre  de  Zàl  en  ces  termes  :  «Mon  (ils,  tu  as  bien  tort  de  laire 
une  telle  demande.  Mais  j'y  consens,  je  veux  te  contenter  et  taire  selon 
ton  désir  et  ta  volonté.  Maintenant  je  vais  me  rendre  à  la  cour  du 
roi  Menoûdjehr  et  faire  le  possible  et  l'impossible  pour  réaliser  tes 
vœux.  Que  ces  paroles  te  sulïlsent!  »  Il  cacheta  la  lettre  et  la  remit  au 
messager  qui  avait  apporté  la  lettre  de  Zàl  et  lui  fit  donner  des  pré- 
sents. Ensuite,  après  avoir  pourvu  au  commandement  de  son  armée 
pendant  son  absence,  il  se  mit  en  route  avec  sa  suite  et  se  dirigea  à 
grandes  journées,  en  traversant  le  Kermàn,  vers  la  cour  du  roi,  qui 
se  trouvait  dans  le  Tabnristcàn.  Zal,  ayant  reçu  la  lettre  de  Sàm  el 
après  l'avoir  lue.  lui  r'ciiij)li  de  |oir  et  accomplit  ses  vœux. 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES.  85 

Jouo    Lg-i.»^  o^-^Oi  ^h^LLS  Ç^-i-Aj  ç_çy^   LIP   jj^^O-^^-^als   u6\|n-*« 

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u6v>.^vS   LgJOOl    _^>    St    ^  g  *  »o  cii^-^^-^*-?  >..gJC_wvJ«    k.g.AX.,^v^*    ^jtyJtJ^  (.:u.X^ls 


Une  feninn',  qui  avait  ses  entrées  de  temps  en  temps  auprès  de  Sîn- 
dokht,  servait  d'intermédiaire  entre  Zàl  et  Roûdhàwadli.  Cette  lemme 
fut  chargée  par  lui  de  porter  à  celle-ci  l'heureuse  nouvelle.  Il  lui  donna 
son  anneau  qu'elle  devait  remettre  à  Roùdhàwadii  à  titre  de  souvenir 
et  lui  rapporter  le  sien  en  échange.  Cette  femme  donc  vint  annoncer 
la  bonne  nouvelle,  remit  l'anneau  de  Zàl  et  prit  l'anneau  de  Roû- 
dhàwadh.  Quand  elle  voulut  s'en  aller,  Sîndokht,  qui  avait  sur  elle 
des  soupçons,  lui  dit:  «Eh!  drôlesse,  auparavant  tu  ne  venais  chez 
nous  que  de  temps  en  temps;  à  présent  je  te  vois  venir  souvent  chez 
ma  fille  et  avoir  de  lontrues  conférences  secrètes  avec  elle.  Dis-moi, 
sans  mentir,  ce  qui  se  passe  entre  vous.»  La  femme  répondit  :  «Je 
lui  avais  apporté  un  collier  que  je  lui  ai  vendu.  »  —  «  Montre-moi 
l'argent  qu'elle  t'a  donné.  »  —  «  Elle  doit  me  le  payer  demain.  »  Sîn- 
dokht, convaincue  qu'elle  mentait,  la  saisit  par  les  cheveux,  la  ren- 
versa, la  fouilla  et  trouva  sur  elle  l'anneau  de  sa  fille.  En  proie  à  une 
extrême  agitation  et  éperdue  d'inquiétude,  elle  fit  fermer  les  portes 


86  IIISTOII\K   DES   ROIS   DRS   PKHSES. 

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et  s'adressanl  à  Roùdhàwadh,  elle  lui  dit  :  «Je  ne  l'aurais  pas  crue 
capal)le,  ma  flHe,  d'une  telle  action.»  Roûdliàwadli  soupira,  pencha 
la  tète  et  ne  répondit  que  par  des  larmes,  telles  les  perles  d'un  collier 
défait  qui  se  répandent  sur  des  feuilles  de  roses.  Sa  mère  insista  : 
"  Dis-moi  la  vérité  et  tu  n'auras  pas  de  reproches.  »  Alors  Roùdhàwadh 
lui  dit  :  «Oh!  que  lu  ne  m'eusses  jamais  mise  au  monde,  ou  que  je 
fusse  morle  lorsque  tu  m'as  donné  le  jour,  ou  que,  n'étant  pas  morte, 
je  n'eusse  jamais  entendu  parler  de  Zàl  et  (pie  je  ne  l'eusse  jamais 
vu!  »  Elle  lui  raconta  alors  exactement  ce  qui  s'était  passé  entre  elle 
et  Zàl,  et  comment  la  femme  était  venue  lui  annoncer  que  Sàm  était 
allé  demander  au  roi  d'autoriser  cette  alliance.  Sindokht  dit  :  «  S'il  en 
est,  ma  fdle,  comme  tu  me  l'affirmes,  je  suis  contente  et  heureuse. 
Mais  le  roi  approuvera-t-il  jamais  ce  mariage?  Pourtant,  puisque  tu  y 
es  fermement  résolue,  je  n'épargnerai  rien  de  ce  qui  pourra  conduire 
à  réaliser  ton  désir.  » 

Après  avoir  laissé  partir  la  femme,  Sindokht  se  retira  dans  ses  ap- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  87 

1  I  * 

L^   Jv-ii  i_>|^-g^  t-g^sLc   J^^-i  ^t  ev-Arî   iJ  <-«^^îL^   <.^o^,?^ 
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("  MJu.^  jsï.  — '■^)  C  L:^;  M  JJ  LooJi  Jl^  .— ')  CJuiyw.  — '^l  CUi.— ^>  Cit. 


partenionts.  Elle  y  était  assise,  accablée  de  soucis  et  d'appréhensions, 
lorsque  bientôt  Milirab  entra  chez  elle.  Il  lui  dit  :  "  Puissé-je  te  servir 
de  rançon  !  Qu'as-lu  }  Qu'est-ce  qui  t'a  ainsi  troublée  ?  »  Elle  répondit  : 
«  J'étais  montée  sur  la  terrasse  et  j'ai  contemplé  tout  ce  que  Dieu  nous 
a  donné,  ici  autour  de  nous,  maisons  et  palais,  clients  et  serviteurs, 
Jîétaii  et  tous  les  autres  biens.  Alors  j'ai  songé  qu'il  faudra  quitter 
tout  cela,  et  cette  pensée  m'a  rendue  triste.»  Mihràb  dit  :  «  U  y  a 
longtemps,  ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  l'on  connaît  cette  condition 
du  monde  et  que  son  cours  a  été  fixé.  Il  t'est  arrivé  autre  chose;  n'en 
fais  pas  de  mystère  pour  moi  et  dis-moi  la  vérité.  Je  suis  là  pour  te 
soutenir.  »  Alors  Sîndokht  se  dit  en  elle-même  :  C'est  là  une  affaire 
qui  ne  saurait  rester  cachée  et  il  n'y  pas  de  secret  pour  Mihràb;  il 
vaut  mieux  que  je  lui  révèle  l'aventure,  que  je  lui  fasse  part  de  ce 
que  j'ai  appris  et  que  j'allège  mon  cœur  en  lui  faisant  partager  ce 
grave  tourment.  Elle  se  leva,  pleura  et  se  prosterna  devant  lui  et  lui 
dit  :  «  Sache  que  le  fils  de  Sàm  a  séduit  notre  fille,  qu'il  la  veut  pour 


88  HISTOIHK   OKS   FiOIS   DKS   PKRSES. 

4 9 A ^     J^-***-'    >r-'~''«  *     ^«■>^-C>J|    <JJs2fc.U    t_>lv_g^     <L«Lo    c^-^yoLiLJ    <Csîfc.Lsa_> 

^^ — l\Sj    <Vj\  4 ÏJ. — iib.  c:^-,^i>^  ^  .v>-^    «OJiJUtJ  Lg^^   ^^wJ    ^j\^\   Js-^a3» 

^_5V»*-iJ  '-'^jt  v5^-i-c-^  J^J  Sr-'l/*^  ^'''^^r»  -^L^^  i-sL>Li  l^  ii^X^lj   ,^500   JS-tuI 

i3)IJ. — gj  ^-.  g  •>  Jsi^  |J^_=».  L.g-_>  ^K    J'-^l»  v-6-S=»>  f*L«'  ^y  y-^\  <i^L-a-? 

s- 

A — ^j — â — IL  t_s^>-J'  ^  "^ — ^"-sj}  'ûii_)L  <_*.J>^  Jjl  iLcj  LlaI^  i>yj^^^ 

'    Manque  dans  M.  —  (-)  C  ^jl.  —  '•'''>  Mss.  ^  (M  ylJ^^J'  lo^^-  —  ''*  C  tjs^jy. 


sa  femme  et  qu'ils  se  sont  accejîtés  réciproquement.  »  Mihràb  fut  con- 
sterné; pris  de  fureur,  il  se  leva,  tira  son  sabre  et  courut  chez  Roû- 
dhàwadh  pour  la  tuer.  Sîndokht,  s'attachant  à  lui  et  l'adjurant  au  nom 
do  Dieu,  lui  dit  :  «  Ecoute  une  seule  ])arole,  tu  feras  ensuite  ce  que  tu 
voudras.  »  —  "Laisse-moi,  cria  Mihràb,  me  délivrer,  moi  el  toi,  de 
celle  qui  a  ])iétiné  sur  notre  sang  et  qui  a  tâché  de  nous  déshonorer!  » 
—  '<  Aj)prends,  répliqua  Sindokht,  que  Sàm  est  informé,  qu'il  consent 
de  grand  cœui-,  cjuil  vient  de  se  rendre  pour  cette  affaire  à  la  cour  du 
roi  Menoùdjehr  et  qu'avant  peu  il  viendra  chez  nous  pour  conclure  le 
mariage.  »  —  «  S'il  en  est  comme  tu  dis,  répartit  Mihràb,  ce  serait  un 
événement  dont  il  faudrait  rendre  grâces  à  Dieu  et  se  réjouir.  Mais  je 
ne  suis  pas  assuré  que  les  choses  se  passeront  ainsi;  je  crains  le  mé- 
contentement du  roi  qui  pourra  causer  notre  perte.  »  Il  rentra  dans 
ses  appartements,  résigné  à  accepter  ce  que  déciderait  le  Destin  et 
s'en  remettant  avec  confiance  à  Dieu. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  89 

.»4 a»^    ^   4lL«JLÂ_*v3   \i>»^  <-0|  ^-â^  ^l>s>    ^Lw    iivV  r'^^  *^-i-'l  C/^l 

(wa g À 9    ^.^.j  4_J    (.:jL£L*4j|   (^JvXj   MJ'^r''    "^^J    ^*>-vC    U>^Ol_)   ^jJl 

^ji— >>-T^  ^j — A__»  1 — fwi  <_*-^  |j-s-^l  (^^^  l^j^:^  ^IfÂ-J!  ^U^l  3  j^y* 


La  nouvelle  de  cette  aventure  se  répandit  et  parvint  avant  l'arrivée 
de  Sàm  à  la  connaissance  de  Menoûdjehr.  En  apprenant  que  Sàm 
était  en  route,  le  roi  dit  à  ses  familiers  :  «  Il  Aient  peut-être  afin  de 
demander  l'autorisation  pour  Zàl  de  s'allier  à  Mihràb,  descendant 
do  Dahliàk.  Je  ne  saurais  approuver  une  telle  union,  considérant  les 
suites  lâcheuses  qu'elle  peut  avoir;  car  je  crains  qu'il  n'en  sorte  un  re- 
jeton avant  la  nature  deDaliliàk,  qui  rallumerait  la  guerre  civile  que 
je  n'ai  éteinte  qu'à  l'aide  de  cent  mille  épées.  Les  courtisans  dirent  : 
«  L'avis  du  roi  est  le  plus  excellent  et  le  plus  juste.  »  Lorsqu'il  fut  informé 
que  Sàm  était  entré  dans  le  Djordjàn,  Menoûdjehr  envoya  au-devant 
de  lui  son  fils  Naudhar  avec  les  principaux  officiers  de  l'armée.  Nan- 
dhar  devait  le. saluer  de  sa  part,  lui  exprimer  combien  il  désirait  sa 
bienheureuse  visite  qui  sera  pour  lui  comme  une  vision  d'Afrîdhoûn , 
et  lui  dire  qu'il  comptait  les  heures  jusqu'à  son  arrivée.  Naudhar 
s'étant  mis  en  route  avec  les  principaux  chefs  d'armée,  les  deux  partis 
se  rencontrèrent  à  la  frontière  du  Djordjàn  et  du  Tabaristàn.  Les 


90  I1IST()II\K    DKS   ROIS    DF.S   PERSES. 

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^    4J|«— 2^1      .V-^    4'Lm..    I'Xj    (^,a^  X  •    l-')^w>s_vc    ,_ic    <Jt>0    ^JOtiJU     /«LuJ    ^^^^1 

il^:_ji_J!  Lc^.  j._«_'l  ^  ^Lci  'ji  «coiUi  Jw>J.Lj  <AUj  ^LtUL  Al 


clipfs  d'armée  mirent  pied  à  terre  devant  Sàm,  qui,  à  son  tour,  des- 
cendit devant  Naudliar.  Ils  se  touchèrent  la  main,  s'adressèrent  les 
questions  d'usage,  puis  remontèrent  à  cheval.  Lorsque  Naudhar,  après 
l'avoir  salué  de  la  part  du  roi,  lui  communiqua  le  message  dont  il 
était  chargé,  Sàm  descendit  une  seconde  fois  et  se  prosterna,  le  visage 
tourné  du  côté  du  Tal)aristàn.  Ils  se  mirent  ensuite  en  route.  A  une 
certaine  station,  Sàm  reçut  ses  hôtes  dans  sa  tente,  les  traita  magnifi- 
quement et  respectueusement,  leur  donna  un  hanquet  et  offrit  à  chacun 
des  cadeaux  qu'il  avait  apportés  (h'  l'Inde.  Le  lendemain  malin,  on 
continua  le  voyage  vers  la  résidence.  Quand  ils  lurent  arrivés  à  la 
cour,  le  roi  donna  audience  à  Sàm  qui,  en  se  présentant,  se  prosterna 
devant  lui.  Menoûdjehr  l'écouta  avec  attention,  le  fit  asseoir  à  côté 
de  lui  sur  son  trône,  lui  souhaita  la  bienvenue  et  le  questionna  sur  les 
incidents  de  ses  tournées  et  sur  ses  campagnes.  Sàm  lui  en  lit  un 
récit  qui  lui  causa  une  grande  satisfaction.  Le  roi  le  retint  à  diner  et 
à  boire  avec  lui.  Le  h-ndemain,  il  l'invita  avec  les  chefs  d'armée  et 
les  principaux  personnages;  on  mangea,  on  but  et  on  se  divertit. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  91 

^j; — '— -?^    i — '  '^J—^J   J— S-^-9  S-»!;-*^    J[)   e/-:?->^^   J  -^!  <-?  jia-> 
'i    C  A:>^}\y.}.  —  '-'    C  pli.    -    ■"    M  JUj.  —    *     M  Ul^. 


Sam  resta  à  la  cour  du  roi  quarante  jours,  le  vovant  matin  et  soir, 
mais  n'ouvrant  absolument  pas  la  bouche  sur  l'objet  de  sa  visite;  car 
avant  appris  ce  que  le  roi  avait  dit,  peu  avant  son  arrivée,  au  sujet  de 
Zàl  et  de  Mihrab,  il  n'osa  pas  l'en  entretenir  le  premier  et  garda  le  si- 
lence, il  demanda  ensuite  l'autorisation  de  partir.  Le  roi  la  lui  accorda 
et  le  fit  revêtir  d'une  robe  d'honneur;  puis,  quand  Sàm  se  présenta 
pour  prendre  congé,  il  lui  dit  :  «  H  faut  que  tu  fasses  passer  au  fil  de 
l'épée  Mihràb,  le  roi  de  Kaboul,  sa  famille,  ses  alliés  et  toute  sa  race; 
que  tu  les  extermines  et  que  tu  détruises  leurs  demeures;  il  ne  faut  en 
laisser  aucune  trace  et  confisquer  leurs  biens;  car  ils  sont  de  la  race 
de  Daldiàk  et  il  n'v  a  pas  de  sécurité  contre  leur  mauvaise  nature 
et  leur  perfidie;  je  crains  de  leur  part  quelque  événement  qu'il  nous 
sera  difficile  de  réparer.  «  —  «  Les  ordres  du  roi  seront  obéis  » ,  ré- 
pliqua Sàm  et  sans  rien  ajouter  il  partit  pour  sa  province.  Zàl,  accom- 
pagné de  ses  gens,  s'étant  porté  à  sa  rencontre,  apprit,  avant  de  le 
voir,  ce  que  l'on  rapportait  sur  Mihràb  et  l'ordre  du  roi  le  concer- 


92  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES. 

U!iUo  LaJjJ!   *L.->i>  ç_c\^j  <::,/->^j   Lç  ^y-l  <.à^  »;:-J>LvaJ  ^Lol-o  ^  >^\ 

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J.li.1  ^rlSJ  ijlijj  J.;J>  j  ^l;j  w,^5u5^- jJj  j^jy^  *ljj  ^  JU 

^_5Us_tt_J«  ^iLA_AJ-^  -^-^jt  Lî*  '•"'!  ,^500i^Js>o|  ^1   ('')t:^Lai  <ji_*vUiJt  ^^jLiajIl 

s- 

f'  c  **yi.  —  1-'  \\  is^f.  —  ''>  c  iii  ^.  —  w  Mss.  jUi.  —  (5)  c  i^uX..  — 

'**'  Mss.    Vt^r-  oJU.  Il  manque  peut-être  une  réplique  de  Mihràb.  —  '"'   C  UJuwil. 


nant.  Alors  la  terre,  si  vaste,  lui  devint  étroite  et  le  monde  lui  sembla 
plongé  dans  l'obscurité.  La  nouvelle  étant  parvenue  à  Mihràb,  celui-ci 
fut  anéanti  et  frappé  de  stupeur  et  il  se  laissa  aller  au  désespoir.  Il  dit 
à  Sindoklil  :  «Je  t'avais  bien  prévenue  des  suites  de  l'affaire  dans  la- 
quelle tu  t'es  engagée;  j'avais  vu  derrière  un  mince  voile  ce  qui  arrive 
aujourd'luii.  Si  lu  m'avais  laissé  faire  quand  mon  intention  était  de 
tuer  Roûdhàwadh,  le  roi  aurait  été  satisfait  de  moi.  Maintenant  il 
faut  que  tu  te  prépares  à  fuir  avec  notre  fille  dans  quelque  contrée 
éloignée.  »  Elle  répondit  :  «  Si  tu  m'autorises  à  agir  comme  je  l'entends, 
je  te  délivrerai  et  me  délivrerai  moi-même  de  cette  calamité,  par  la 
volonté  de  Dieu  et  avec  son  aide,  et  tu  apprécieras  mon  mérite  d'avoir 
su  éloigner  le  malheur,  n  —  «  \h's  richesses  et  mes  trésors,  répliqua 
Mihràb,  sont  à  ta  disposition,  fais-en  ce  que  tu  voudras.  »  Sîndokht  se 
prosterna,  puis  se  prépara  pour  aller  trouver  Sàm,  disposa  les  ri- 
chesses et  les  objets  précieux  qu'elle  jugeait  bon  de  choisir  et,  s'étant 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  93 

ïj — ^a_:w    J^l    <^jjiu0    L^J^   l^j\js^  J  >^:.^.s^j^j  <^j4^j     i)  J^Uiltj 

< — Jj  J — ?— à— j  j*Lw  <^\  |*lsj  <_^>xiL  ijJ\j  J,|  Jj^  UJuaJ»  J~>^j  /«Lw 

l — îwl_^  lSJ**'!^  ^-*-s^J  cJ^  ^— «'U  («l-**  T-^^  ^Us^  sj^  <jL/  Lg<o  r^»-i 

JK  41  >>-^iv>_9  »-sLciJ   -^s—ttjjj  olx.J    ^SvM».Ali  "^JL^j  JtyN-ï-^vjj  *^-*-(^-^ 
O  M  ^5JU  2JLi.  —  -1  C  J^t,.   —  •^'  M  ^..àx-..  —  ■"  C  olkiu.1.  —  i'*'  M  >. 


munie  de  ce  qui  était  nécessaire  pour  le  voyage,  elle  partit  avec  ses 
suivantes  et  ses  esclaves  pour  la  cour  de  Sàm . 

Avant  l'arrivée  de  Sindokht,  Zàl  alla  trouver  son  père  et  lui  rendit 
ses  hommages.  Sàm  se  leva  et  alla  à  lui,  baisa  sa  tête  et  ses  yeux  et  le 
fit  asseoir  devant  lui,  admirant  sa  beauté  et  son  esprit.  Il  lui  dit  : 
«  Mon  fds,  comment  te  portes-tu.**  »  Zàl  répondit  :  «  Comment  peut  se 
porter  celui  dont  les  amis  les  plus  chers  ont  été  voués  par  toi  à  la 
mort  et  sa  famille  à  fextermination,  celui  qui  a  été  ton  fidèle  lieute- 
nant et  a  strictement  exécuté  tes  ordres  et  que  tu  récompenses  en  te 
plaçant  entre  lui  et  le  noir  de  son  œil,  entre  lui  et  le  fond  de  son 
cœur,  le  réduisant  à  un  état  où  il  préfère  la  mort  à  la  vie  ?  »  Sàm  laissa 
tomber  sa  tète  sur  son  genou  et,  les  yeux  baissés,  réfléchit  longtemps; 
puis,  levant  la  tête,  il  dit  :  «  Mon  fils.  Dieu  agira,  te  délivrera  de  tes 
soucis  et  te  fera  atteindre  ce  que  tu  espères.  Quant  à  moi,  je  n'épar- 
gnerai aucun  eUbrt  pour  fléchir  le  roi  Menoùdjehr,  pour  faire  tomber 
son  ressentiment  et  gagner  sa  sympathie.  Que  ton  esprit  se  calme 


.J.  . 


Qk  HISTOIKK    DKS    ROIS    DF.S   PERSES. 

c.Li.^i;uv\l  J  "Caj!  i_jUJS  (sjyiio^  Ss-i-^U!  'Cuî»'^!  v3v^]^  Lk-^;oL/o  Qi.a.^xj 


<»'  C^yiJI.  — P)  C  j,^j. 


et  que  tes  craintes  se  dissipent!»  Zàl  se  prosterna  devant  lui;  son 
cœur  fui  un  peu  soulagé  et  les  larmes  de  joie  coulèrent  de  ses  yeux. 
Il  rentra  dans  sa  tente  et  écrivit  à  IMihràb,  lui  faisant  ])art  de  la  lueur 
de  joie  qu'il  venait  d'apercevoir  et  du  doux  arôme  de  contentement  et 
de  bonheur  qu'il  venait  de  flairer;  il  lui  conseillait  de  demeurer  tran- 
quille et  rassuré  jusqu'à  ce  que  Dieu  permit  que  l'aflaire  fût  menée  à 
bonne  lin.  Il  retourna  ensuite  saluer  son  père  et  lui  parla  longuement. 
Sàm,  ayant  bien  réfléchi  et  considéré  l'alTaire  sous  tous  ses  aspects,  ré- 
solut d'envoyer  Zal  à  la  cour  du  roi  ]\Ienoûdjehr,  de  lui  écrire  à  son 
sujet  et  de  solliciter  respectueusement  la  grâce  de  Mihràb  et  de  sa 
famille.  Zal  se  leva  joyeux  et  content,  fit  ses  préparatifs  de  voyage  et 
demanda  à  son  père  d'écrire  la  lettre  intercédant  en  sa  faveur  et  réu- 
nissant toutes  les  conditions  d'insistance  et  de  pleine  persuasion.  Et 
il  partit,  marchant  avec  rapidité,  luttant  de  vitesse  avec  les  oiseaux. 
Après  le  départ  de  Zal,  Sindokht  arriva  au  pavillon  de  Sàm  et  de- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  95 

(^l  >>.  Ll  ;'')j^_|^Lij  jjjLSJi  cjULfC^  s-^>oJ|  ;>; e^Lva-^jj  ^M^sll  ^LoJt 

^ — «.J>É_/0    ^   ..>-^.    OsJàÀ^      C.U     U    <JO.>.-S'l    '^'X^-g-'l    iJ*^^^2^U    _\  «j..4^L 


!''  Manque  dans  M. —  '-'  Ces  mots  niaïuiuent  clans  M.  —  P'  ML^:^. — '''   Cà*«QI. 
—  :^i  C  LàAj,.  —  <■■>  Mss.  jJUîj. 


manda  audience.  Sàin  ayant  consenti  à  la  recevoir,  elle  entra  dans  sa 
salle  d'audience,  se  prosterna  et  répandit 'devant  lui  des  jo vaux  pré- 
cieux et  rares,  dont  il  fut  tout  à  fait  ravi  n'en  ayant  jamais  vu  de  pa- 
reils. Elle  lui  oiïVit  une  bague  de  rubis  rouge  dont  l'éclat  changeait 
la  nuit  en  jour  et  demanda  l'autorisation  de  présenter  les  objets 
dont  elle  était  accompagnée  et  qu'elle  apportait  à  titre  d'offrande. 
L'une  de  ses  esclaves,  sur  son  ordre,  étant  allée  les  chercher,  toutes 
les  esclaves  entrèrent  portant  des  vases  d'or  incrustés  de  perles  et 
de  rubis,  des  riches  étoffes  de  brocart  d'or,  des  boules  d'ambre,  des 
cassolettes  de  camphre,  des  coupes  remplies  de  coraux  et  de  tur- 
quoises, des  magnifiques  lames  indiennes,  le  tout  parfaitement  beau 
et  admirable  à  voir  et  d'un  effet  charmant.  Sàm  lui  dit  :  «Tu  as, 
noble  dame,  dépassé  les  limites  de  la  libéralité  pour  tomber  dans  la 
prodigalité;  tu  as  complètement  dépouillé  Mihràb.  Si  je  ne  craignais 
de  t'affliger  et  d'être  mal  compris  de  toi,   certes  je  refuserais  ces 


96  IIISTOIRK   DKS  ROIS  DES  PERSES. 

^s-sJI,  <'  ei>>>v^î^  LfcLJLâJ  Ls^N-^jj  <.fcljCL«ki  L^î^  LfcU-^  LgxLo  (^^LSj, 

j^j_>  j3j  ;-•:  «UjLJ!  ^;J--v^  <^IjJL  tOp^ls  *  ^'LiLo  J  ^...^1  Ji}[jû>\ 
^  J,  U  ^  Svjfi'w^l  J-ji.  Lvy^i3^  4->^]^l^t  Li^  J!)  ilt  \i>\j  r^ 

L4-0»  oU^vXis:  J^t  (^  cîL_>Ut  ,;^^x^!  •^l'^jij  (*''(;^l-vi  ^j^L^  t^Li-^c 

«dj    c:..^^;,...  -fcl    J^ii   4'    "^^l-gj  ^    u    4-cLiaJL    ÎS_JwJ|  (^   LfcJv^^   ^JsXCj 


cadeaux.  Je  les  accepte  pour  te  faire  plaisir  et  afin  de  te  rassurer.  « 
Sindokht  se  prosterna  et  le  remercia;  puis  elle  dit  :  «Je  peux  me 
dispenser,  ô  prince,  de  formuler  ma  demande,  puisque  tu  connais 
ma  situation.  «  Sàm  répondit  :  «Je  ne  sais  ce  cpii  est  plus  admirable, 
de  ta  manière  d'agir  ou  de  parler.  Sache  donc  que  vous  n'avez  rien 
à  craindre  et  que  tout  finira  bien.  Zàl  s'est  rendu  k  la  cour  du  roi 
avec  la  lettre  et  le  message  que  je  lui  ai  adressés  à  votre  sujet,  et  il  me 
semble  déjà  Aoir  paraître  le  succès.  Quand  Zal  sera  de  retour,  nous 
achèverons  cette  union  et  conclurons  le  mariage.  Tout  ce  que  je  pos- 
sède est  à  vous;  ne  me  considère  pas  comme  un  étranger.  Je  veux  au 
plus  tôt  réjouir  mes  veux  par  la  vue  de  Roûdhàwadh.  »  Sindokht  baisa 
la  terre  et  dit  :  «  Si  je  te  voyais  chez  moi  comme  mou  hôte,  ce  serait 
une  grande  satisfaction  pour  moi  et  j'aurais  atteint  tous  mes  désirs. 
Roûdhàwadh  est  une  de  tes  servantes,  et  qui  mérite  mieux  qu'elle  de 
te  senir?  Nous  sommes,  moi  et  elle,  entièrement  à  tes  ordres.  »  Sàm 
dit  :  «  Que  tu  es  donc  parfaite  !  "  Il  fit  remettre  les  cadeaux  qu'elle 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  97 

S- 

^  t^Jt^  i^j  t:>'>_^:>^^_A_*v  (jtyjL  s^U  <_**^  <_îls  ^LiL  kjyji  jI|  L<jw4i  Lg^^ 

^\'^   J,l  (3)ci^>j;i^   L4J  U^it  ^iS^t  J,t  jj^-*Jt  -^LoÇ  t:jjlkj  (2)L]^ 
J_s».  .,::./ — ^ii__J^    -.[_*«  ijilpw  J,|  t^.XX   L^I    'J   <->^  r^\j\j   <-sL9  t^jJ  U 


avait  apportés  au  trésorier  de  Zàl  et  n'en  prit  pour  lui  que  la  bague 
qu'il  avait  mise  à  son  doigt;  puis  il  donna  des  ordres  pour  que  Sîn- 
(lokht  et  sa  suite  fussent  logées  dans  le  meilleur  pa\411on,  qu'on  lui  fît 
porter  dos  provisions  et  de  nombreux  présents  et  qu'elle  fût  traitée 
avec  le  plus  grand  apparat.  Sîndokht,  portée  par  l'aile  de  la  joie, 
courut  vers  la  demeure  qui  lui  avait  été  préparée  et  écrivit  à  Mihràb 
ce  qui  devait  réconforter  son  cœur  et  dissiper  sa  peine.  Le  lendemain 
matin,  elle  se  rendit  au  pavillon  de  Sàm,  lui  présenta  ses  hommages 
et  demanda  la  permission  de  s'en  retourner  et  de  préparer  sa  récep- 
tion. Sàm  consentit  à  sa  demande,  la  fit  revêtir  de  magnifiques  robes 
d'honneur,  lui  fit  de  nombreux  présents,  lui  accorda  son  appui  et 
lui  donna  l'assurance  qu'il  tiendrait  les  engagements  qu'il  avait  pris 
envers  elle;  enfin  il  lui  remit  pour  Mihràb  une  lettre  dans  laquelle  il 
lui  disait  ce  qui  devait  mettre  son  esprit  en  repos  et  lui  ôter  toute 
inquiétude. 


98  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^j<  i_>it  ^  ^>  >Xje_>  ^v^  fj   '^•^'  J^XvaJI  ^  ,_<v2j\|j   ^'^-J'is   JvX^^ajU.! 

^xL_^_^  <_^t  j'..x.^-  Lit^  jLI  jU^j  c^^  ^!  Jlsj  -^lU!  (-''..sl^ 

;■)  Manque  dans  C.  —  -■   M  Silsl.  --   ^    C  t_,]j-iJL,.  —  ''   M  Ul^é.  -^  ••    AI  J^. 


ARRIVEE  DE  ZAL  A  LA  COUR  DE  MEiNOUDJEHR. 
IL  S'EN  RETOURNE  AVEC  PLEIN  SUCCÈS. 

Zàl,  olant  arrivé  à  la  cour  et  ayant  obtenu  audience,  entra  et  se  tint 
prosterné  et  baisant  la  terre  devant  le  roi.  Celui-ci  le  fit  approcher,  le 
reçut  avec  honneur  et  lui  demanda  de  ses  nouvelles  et  des  nouvelles 
de  son  père.  Zàl  ayant  réponflu  convenablement,  lui  présenta  la  lettre. 
Le  roi,  y  ayant  jeté  un  coup  d'œil,  se  mit  à  rire;  puis  il  lit  apporter 
le  repas  et  mangea  avec  lui;  ensuite,  ayant  commandé  le  vin,  il  Init 
en  sa  compagnie.  Le  lendemain  il  l'emmena  à  la  chasse,  où  il  afl- 
mira  son  adresse.  En  n'importe  quel  genre  de  talents  qui  distinguent 
les  princes  et  où  il  le  mettait  à  l'épreuve,  il  le  trouva  parfait.  Il  fui 
enchanté  de  lui  et  l'aflectionna  de  plus  en  plus.  Après  un  mois,  Zàl 
demanda  la  permission  de  partir,  parlant  de  son  désir  de  revoir  son 
père.  Le  roi  dit  en  riant  :  «  Ce  n'est  pas  ton  père  que  tu  désires  revoir, 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  99 

\-lS  U*  pjJl  UoLc[5  Lg^  ^Jjr^l  J  ^'  Uit  Joj  l.g^  ^  4!|  JjLo 

•*jrS=^    ^U    ,^-Wj   '^-i-:'!   J5I   ''■g^';^-*^  ijj-^f  V^y^  «-r***^!?   i?^?-^*^'   </Oukii. 
^J^i—X-=J\J   <_^J^Ji_f   l)j>>-^  J-t"^    J~-^[)   '^^^yj   «CsiJoJ    <^Li».  jv^lj 

^1  wS'iv-Ol    *'"?«^   W"0-\.AX    o>"^  J^-N-*-'  •\^r''   "^-i-Lc    J^-S^]î    <.^_iL>  t_)|sjJ! 


iiKii^  la  lllle  de  Miliràh.  Que  Dieu  te  bénisse  par  elle!  Nous  te  per- 
mettons de  l'épouser,  nous  faisons  grâce  à  la  famille  et  révoquons 
l'ordre  que  nous  avions  donné  à  son  sujet.»  Zàl  se  prosterna,  puis 
regagna  son  pavillon.  Menoûdjehr  donna  l'ordre  de  le  revêtir  d'une 
robe  d'honneur,  d'entourer  son  départ  d'un  grand  apparat  et  de  pré- 
parer une  réponse  j)our  son  père  lui  accordant  ce  qu'il  avait  demandé. 
Après  s'èlre  |)rès('nté  à  la  cour  et  avoir  pris  dûment  congé  du  roi,  Zàl, 
poric  ]i;u-  l'amour,  lit  route  pour  rejoindre  son  père.  Celui-ci,  informé 
de  son  retour,  envova  à  sa  rencontre  les  gens  de  sa  maison.  Tout  le 
Zàboulistàn  et  le  Kàboulistàn  étaient  en  eflervescence,  se  réjouissant 
de  son  arrivée.  Quant  à  Miliràb,  son  bonheur  était  complet;  car  c'était 
pour  lui  le  salut,  la  vie  recouvrée  et  la  gloire  par  une  alliance  illustre. 
Quand  Zàl  se  présenta  chez  son  père  et  entra  dans  sa  salle  d'audience, 
il  baisa  la  terre  devant  lui.  Sàm  alla  à  lui  et  le  baisa  entre  les  deux 
veux.  Le  messager,  chargé  de  porter  la  bonne  nouvelle,  étant  venu 
au  palais  de  Mihràb  annoncer  le  retour  de  Zàl  et  l'heureux  résultat 
de  son  voyage,  des  cris  d'allégresse  y  retentirent;  Sindokht  faillit  s'en- 

i3. 


100  IIIS'IOIUK    DES   ROIS    DKS   PERSES. 

w.^    J-^sJLJ   <^Js:i^    <jL^P|    ^   i_j|j_g^   IjOla-BJCa^,!   LftlsvLi 
w- i'L.<S-L_c     '  J  JLils    J'j  )    ^Lw  JyJj   4_w«JLoo  L.g^    .\L>oil   \j_vi>j   4«^yi^ 


voler  en  extase  et  RoiulliàNvadli,  tantôt  cachait  sa  joie,  tantôt  îa  faisait 
paraître;  tantôt  son  cœur  était  trop  étroit  pour  contenir  son  allégresse, 
tantôt  assez  large  pour  la  supporter. 

Ensuite  Sàm  et  Zàl,  à  la  tète  de  leurs  armées,  se  mirent  en  route 
pour  la  résidence  de  Mihràb.  Lorsqu'ils  en  approchèrent,  Miliràh 
vint  à  leur  rencontre  avec  ses  olllcicrs  et  ses  serviteurs,  mit  pied  à  terre 
l't  li'ur  présenta  ses  hommages.  Zàl  descendit  également  de  cheval  (!l 
lui  ten(Mt  la  main;  ])uis  ils  remontèrent,  avancèrent  avec  Sàm,  à  la  tète 
de  leurs  troupes,  et  traversèrent  la  ville  de  Kaboul,  décorée  de  bei- 
ceaux  et  pavoisée  d'étoflès  de  soie  aux  couleurs  brilhintes  el  de  bro- 
cart, au  son  des  luths  et  des  trompcîttes  et  sous  une  ])luie  de  ])ièces 
d'argent  et  d'or.  Ils  arrivèrent  ainsi  au  palais  de  Mihrab.  JSindokht 
s'était  évertuée  à  orner  les  salles  et  les  appartements;  il  semblait  que 
les  merveilles  du  monde  y  étaient  étalées  et  que  les  images  des  jardins 
du  Paradis  y  étaient  peintes.  Lorsque  Sàm  et  Zàl  descendirent  de 
cheval,  on  répandit  sur  eux  des  oflrandes  tombant  plus  denses  que 
les  flots  d'nn  torrent  ou  les  grains  d'une  avalanche  de  sable.  Sàm  dit  : 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  101 

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j^l — j — a — «Jl  ijiv-i->  <- w«^_i^  ^vJaL<sa.   <-MJ>iv^  ïjj^voJLo  J,|   ^^^/^i*. i ^w^-w 

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*L_tw — Il    <.:jiLai^    f^y^'   f^}j   >Xi«JI  cjSva^ls    S:>Ljt..iJ|   i|>X_jv_*vL    S>Li^w*v^L 


"  Je  ne  veux.  ])as  nrinstaHer  avant  d'avoir  eu  la  joie  de  voir  l'illustre  et 
noble  Roùdhàwadli.  »  Sîndokht  le  conduisit  dans  une  chambre  dont 
les  murs  étaient  dorés  et  qui  était  couverte  de  tapis  tissés  de  i'or  le 
plus  pur.  Tel  était  le  lieu  où  se  levait  cet  astre,  rival  du  soleil,  lune  de 
la  terre,  image  de  la  Beauté,  portrait  de  la  Perfection,  Roûdhàwadh, 
qui  se  prosterna  devant  Sàm.  Celui-ci,  lui  entourant  la  tête  de  ses 
manches,  l'endorassa;  puis  il  lui  présenta  un  collier  qui,  dans  ses 
rubis  et  ses  perles,  de  la  grosseur  d'œufs  d'oiseaux,  renfermait  les 
merveilles  du  siècle  et  les  revenus  du  royaume.  Il  fit  des  vœux  pour 
elle  et  dit  :  «  Par  Dieu,  je  n'ai  jamais  vu  une  femme  pareille  !  »  Il  re- 
gagna l'appartement  qui  avait  été  préparé  pour  lui  et  dit  à  Zàl  :  «  Mon 
fds,  tu  as  fait  un  excellent  choix;  la  réalité  est  au-dessus  de  la  renommée. 
Fasse  Dieu  que  vous  soyez  longtemps  heureux  l'un  par  l'autre!  »  Puis, 
ayant  fait  appeler  Miliràb  et  Sîndoklit,  il  leur  dit  :  «  Nous  allons  com- 
mencer par  invoquer  les  heureux  auspices  et  par  former  les  vœux  de 
bonheur!  »  On  procéda  à  la  conclusion  du  mariage  selon  la  coutume. 


102  IIISTOIRK    DKS    IlOIS    DKS    PKUSKS. 

^', 4V  >> «_J.   ejLsîUl  woIn^   o)'*-^"^'   ;o1.>v-S:>   -COafcjJl  .XjLlI  (o-^-^^ 

j,t  Uj_^  -J  ^^..^1  ^l^Ài  ^yu.1  ^^!  il  ^UUI  ^IpJt  ^>Ls^l^  Jjj 

j — 1 — -^  J)\\  ^J — à — oj  iv^'LàJO' jL^I^*  j^'lSvCj  ^^j_*vL^Jj^  t_>^L^ïO  jbjj|j 
MaïKjur  dans  M.  —    -     Man(|iu'  dans  C.  —  '^'    Manque  dans  (1. 


et  la  quanlilé  d'or  qui  pleuvait  des  murs  du  palais  faisait  oublier  les 
averses  et  les  ondées  des  nuages.  Puis  on  dressa  les  tables  d'or  chargées 
des  mets  les  plus  exquis  et  les  plus  rares.  Sàm ,  Zàl  et  les  principaux 
chefs  d'armée  restèrent  au  repas  jusqu'au  moment  où  la  tunique  du 
soleil  devint  jaune,  puis  ils  se  rendirent  dans  la  salle  du  banquet.  On 
donna  à  manger  à  tous  les  hommes  de  leur  armée,  sans  exception,  et 
tous  reçurent  une  large  hospitalité.  Cela  dura  ainsi  quarante  jours.  Sàm 
quittait  un  jardin  de  plaisance  pour  entrer  dans  un  autre;  il  faisait 
honneur  à  tous  les  banquets,  soit  dans  les  appartements,  soit  sous  les 
ombrages  :  les  coupes  circulaient,  les  cordes  des  instruments  réson- 
naient, les  divertissements  a])ondaient  et  les  plaisirs  se  suivaient.  Quand 
Zal  fut  seul  avec  Roûdhàwadh,  ralléclion  des  deux  amants  augmentait, 
leur  amour  redoublait  et  leur  passion  prenait  de  nouvelles  forces. 

Sàm  demanda  à  Mihràb  de  rendre  son  bonheur  complet  en  fac- 
compagnant  dans  le  Nimroiiz.  Mihràb  ayant  consenti,  tous  ensemble, 
Sàm,  Zal,  Mihràb,  Sîndokht  et  Roûdhàwadh  avec  leurs  gens,  leurs 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES  PERSES.  103 

^J   Sjp_j> — w  s^jJl  ciJ-ii  ]x>T^   -^  \jsXjiJi^j  iLtj\js>^   aJJ^j  |?LovXà.. 

L|.x^'L  ^jUxj  '''l^jjJ\j  JL^L  ■':ly^'^y^  hj^j  U-^j'-J»^  ^:>-**-^l 

J  (3)  i — Wjj    Â_>sy_S=.t  ^     g    -^.   ^1 — w  csviîJLs  <i^UI  ^U4j  SvX;^! 


Manque  duns  G.  —  f^'  G  pUjt.  —   ^'  G  LjiJL,^.  .  JI)^  pL-,. 


(1) 


sorvltours,  leurs  pages  et  leurs  esclaves  firent  leurs  préparatifs  de 
(If'part.  Ils  se  mirent  en  route  et  le  monde  semblait  marcher  dans  ses 
[)lus  beaux  atours.  Ils  voyageaient  d'étape  en  étape,  les  gouverneurs  et 
les  chefs  des  populations  venaient  à  leur  rencontre  avec  des  présents 
et  des  provisions  et  ils  arrivèrent  ainsi  dans  la  capitale  du  Sedjestàn, 
qui  était  décorée  et  ornée;  ils  la  traversèrent  sous  une  pluie  d'or  que 
l'on  versa  sur  eux  et  descendirent  au  palais  de  Sàm,  où  ils  s'instal- 
lèrent dans  les  superbes  appartements  et  dans  les  magnifiques  jardins. 
Sàm  exerça  à  leur  égard  fhospitalité  la  plus  large  et  les  combla  d'at- 
tentions et  de  bontés,  et  ils  menèrent  pendant  quelque  temps  la 
vie  la  plus  délicieuse.  Puis  Mihràb  avant  demandé  la  permission  de 
s'en  retourner,  Sàm  lui  dit  qu'il  ])artirait  avec  lui.  Il  le  fit  revêtir  de 
magnifiques  robes  d'honneur,  lui  fit  des  cadeaux  nombreux  et  le  pria 
de  laisser  Sindokht  demeurer  une  année  avec  Roùdhàwadh.  iMihràb 
consentit  et  partit  avec  Sàm.  Zàl,  après  les  avoir  accompagnés,  prit 


lO-'i  IIISTOIRK   DES   ROIS   OES   PERSES. 

^1  ^L_*v  jJooU  .-!  J>jL>o  t_>L.g^  Jw^a.2fc^  Lfcj^-fOLj  .ilSsj»  L^  (i)ai  LaJ^I 

L  iji — a>.|j  Lg^wwL^  ^  y3u  ^-^-iX^  i3~**  l-^-î^-s^  '-4''^  J^4-*-  ,^-^5 

Ci   Manque  dans  C.  —  f^'  C  jSlÇ.  —  (^l  Manque  dans  C.  —  (''  C  ^bj\y. 


congé  d'eux  et  revint  dans  le  Sedjestàn,  heureux  à  la  fois  d'être  maître 
du  royaume  et  de  son  mariage  avec  Roûdhàwadh,  qui  résumait  pour 
lui  le  monde  et  qu'il  n'était  pas  éloigné  d'adorer.  Mihràb  arriva  à  Kà- 
l)()ul  et  Sàm  continua  sa  route  jusque  dans  le  cœur  de  l'Inde. 

NAISSANCE   DE   I\OUSTEM.   IL  ATTEINT  L'ÂGE  VIRIL. 

Ensuite  Roûdhàwadh  devint  enceinte.  Elle  avait  une  grossesse 
comme  n'en  avait  jamais  connu  aucune  femme  et  qui  lui  causa  des 
angoisses  extrêmes,  qui  la  fit  dépérir,  fit  évanouir  sa  beauté  et  pâlir 
ses  joues  et  lui  rendit  imj^ossible  tout  mouvement,  de  telle  sorte 
qu'elle  fut  sur  le  point  de  mourir.  Le  temps  de  faccouchement  étant 
arrivé,  elle  mit  au  monde,  après  les  plus  grands  elïorts  et  de  grandes 
douleurs,  un  enfant,  beau  comme  un  quartier  de  lune,  fort  comme 
un  lionceau.  Zàl  en  fut  ravi  et  transporté  de  joie  et  il  distribua  des 
aumônes  aux  pauvres,  rendant  grâce  à  Dieu  pour  la  naissance  de  son 
fils  et  pour  la  conservation  de  la  mère.  Il  nomma  l'enfant  Roustem  et 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  105 

^...jlX  j3s-JL  Lj^j  Ss^l  ,j_:k.  Lj-^iiij  4I  lyufcls  .i^ji^t  :i)jJJL  As-i^-^-> 

J,l  <_>Lv.*J|  t_9^_v3^  <j;^^  ^l  44>  -fcL  JwoLj  f-^y^  '*^-i>^Jr'.  Jh  J>'  f*^ 
tLiJjl^  ^vXjâ^  S.>Lji_4v^  j.i>j  j^  c>"^  ^^-**^  (^jJ|  jjô  |X(fi  i_Jâ_â_).  <JoLs.N^ 

4)1  Js_2-I  J\-yJ  J(sj  <JLttij  ^^vJs^v^  r.T^^i'  <-vsc  <^;-à-9  ^vU.^-.^^^  (^1 
^  .*»  -^j  JS-^j  JL?"  <J-"  ^\\\  U  v^5~**'  '■^^-^  LiLioo^  ol^  uJwAJ  ^^îoJI  ^Jic 
^    ^J^^^l   U    ^*Lv  jr-^J    "W*   JU"^!  ej.>— £j   U   A)^Ui  <>^   ^-jUc 


annonça  la  naissance  de  l'enfant  fortuné  à  Sàm  et  à  Mihràb.  Ceux-ci, 
dans  leur  enthousiasme,  oUrirent  des  actions  de  grâces  et  accom- 
plirent des  vœux.  Sàm  adressa  à  Zàl  au  sujet  de  Roustem  des  con- 
seils, lui  recommandant  de  le  bien  élever  et  d'en  avoir  le  plus  grand 
soin;  car,  disait-il,  c'est  ce  fds  dont  la  venue  de  bon  augure,  la 
naissance  fortunée,  l'éminente  grandeur  et  les  hauts  faits  nous  ont  été 
annoncés. 

Lorsque  Roustem  eut  grandi,  Sàm,  poussé  par  sa  vive  affection 
pour  lui,  accourut  dans  le  Sedjestàn.  En  le  voyant,  il  fut  tout  à  fait 
charmé  et  dit  à  Zàl  :  "Je  rends  grâce  à  Dieu  pour  le  bonheur  que 
j'ai  eu  en  toi  et  par  toi  et  qui  me  vient  de  toi.  Tout  ce  que  je  vois,  la 
beauté  et  les  qualités  de  Roustem ,  les  signes  qui  indiquent  la  grande 
destinée  qui  lui  a  été  promise,  me  comble  de  joie.  Mais  je  sens,  hélas! 
les  atteintes  de  l'âge  et  de  la  décrépitude  et  je  crains  bien  que  les  mes- 
sagers de  la  mort  n'approchent  ».  Zàl  dit  en  pleurant  :  «  Non ,  Dieu  pro- 


106  HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES. 

^  ^^—A-Jj   ^l u-^ 9 !|  t_>!:>L  t_>iUj»   ^yJyJl  JSjXJ]^    <ilLJl'L    OLva^ 

'*'  C  /uJui'j  ^ïviil-  —  '"'  (>es  mots  niaiiquont  dans  ("..  .M.jj^»^  au  lieu  de  vfjj 


longera  tes  jours  et  fera  de  nous  tous  ta  rançon  !  »  Sàm  fit  ensuite 
venir  les  cadeaux  indiens  qu'il  avait  apportés  pour  Koustem,  pour 
Zàl  et  pour  Roûdhàwadh  et,  après  leur  avoir  fait  de  touchants  adieux, 
il  retourna  à  son  campement  dans  l'Inde. 

Roustem  devenait  de  plus  en  plus  beau  et  l'enfant  devenait  ado- 
lescent; il  acquérait  la  perfection  en  savoir  et  en  vigueur  corporelle. 
Avec  un  corps  d'éléphant,  il  avait  la  force  du  lion;  il  était  mince 
comme  une  lance,  il  était  vigoureux  comme  un  sabre  tranchant.  Il 
joignait  un  esprit  ferme  à  la  douceur,  la  gravité  à  l'impétuosité;  il 
possédait  tous  les  talents  d'un  cavalier  accompli  et  surpassait  les  héros; 
enfin,  en  sa  seule  personne  il  représentait  une  armée  entière,  une 
multitude,  ainsi  que  le  montreront  ses  hauts  faits  qu'on  lira  ci-après. 

FIN  DU  RÈGNE  DE  MENOL'DJEHR. 
COMMENCEMENT    DU   REGNE    D'AFRÀSIYÀB. 

Menoûdjehr  avait  vécu  longtemps,  son  corps  était  devenu  faible, 
ses  membres  étaient  débiles  et  son  règne  déclinait.  C'est  alors  qu'il 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  107 

(2;   Ji-jLlLo^  j_^'     ^^2*.       ':j\i    J     J-^'^il     C_>l^t     41     ^l^/^i-ttJj     <jLi       »Ucj      LiJsjJt 

< — «j!  <_>>>— >^   v>. — «-J^L-M»!^   .>v.<L«.|j    JsUilji^  ^  '"•^'   -pg-w  ^jU-îl   4_<k  v^?";;;-^ 
^_5s — ^SsJI    4-cLiaJ|  >^^^^[jl)j   LjjJI  ^c^/Ovia-v^lj   t^Jj^-sl  ^\yàJ  '■^jj    y'J  '^  '^^ 

^LS'J^  -^L-Jj  \SJj>j  ^LjLo  kk.  ^U_wl^|  ^L5^  -U'jJt  ...^j^j 

Z_^|    Cj^Ajj    i-ilUl    e:^-*J^    <-sJ<p^t   ^v-?;^    '^  ïv^l  ^LkLtvj    ^_J*j'^t  ^lla,<S-*« 
(jls — j|  Ov — ~a — a — >  <-...-Q_>  tjiLîO^  I  <j|  l.g--ij_«_>  ^  cSr>  ^  ^'  o-j'  "^-^^j 


s'éleva  un  vent  propice,  dans  le  pays  des  Turcs,  pour  Afràsiyàb, 
fds  de  Beschenk,  descendant  de  Toûz,  fds  d'Afrîdhoûn,  qui  devint 
puissant  et  qui  vit  s'ouvrir  devant  lui  l'espoir  de  venger  son  aïeul 
Toîiz  et  d'enlever  l'irànschahr  à  Menoûdjehr.  H  enrôla  et  rassembla 
des  troupes,  lit  appel  à  ses  alliés,  fit  ses  préparatifs,  donna  cours 
aux  événements  et  commença  les  hostilités.  Alors  le  monde  fut  boule- 
versé, le  jugement  dernier  se  déchaîna  et  le  peuple  était  dans  une 
extrême  commotion.  Afràsiyàb  était  un  champion  intrépide,  un  mas- 
sacreur féroce,  ou  plutôt  le  mauvais  génie  parmi  les  hommes,  le  chef 
des  magiciens,  le  feu  dévorant  parmi  les  Turcs,  le  lion  furieux  dans 
le  royaume,  la  source  du  mal,  le  fléau  de  son  temps.  Il  y  a  différentes 
traditions  en  ce  qui  concerne  la  conquête  de  l'irànschahr.  D'après 
les  unes,  il  l'aurait  possédé  alors  qu'il  tenait  Menoûdjehr  assiégé 
dans  le  Tabaristàn,  et  le  lui  aurait  restitué  après  la  paix  où  il  fut 
convenu  qu'il  lui  abandonnerait  une  partie  du  royaume  égale  à  la 
portée  d'une  flèche;  et  c'est  alors  qu'eut  heu  faventure  du  tir  d'Aresch. 


108  HISTOIRK   DES  ROIS   ORS   PERSES. 

v_>l — * — J> — ?l  ^^U  <— v'  j^y>  r^J  r^r^j-^  ^^j  ^^-V  ^t  LfS!i^Ji-<>|j  n-^ 
^Sj__*vi  u|j  ,^_à_*vL_i'Lj3  u'.Jj  Lg.'^  jijpU  (^_^^^^  <-*_**/  iv_.ik.£  t^5*-*-^1  Lg^Ji.^ 

i_>i)5sJj^  ^.:>-^l  '■■;' :>!x>^  i_^^_il^  ,,;>-*-"-^l  —  LxÀ/o  <j\sj 


Selon  d'autres  traditions,  Afràsiyàb  ne  songea  à  conquérir  l'irànschahr 
qu'après  la  mort  de  Menoûdjehr  et  l'avènement  de  son  fds  Naudliar, 
et  il  le  garda  pendant  douze  ans,  jusqu'à  ce  qu'il  en  fut  chassé  par 
Zaw,  fds  de  Tahmàsf.  Quant  à  moi,  je  vais  rapporter  la  relation  la 
plus  complète  et  la  plus  intéressante;  car  si  les  jurisconsultes  adoptent 
habituellement  le  témoignage  de  celui  qui  donne  les  détails  les  plus 
circonstanciés,  à  plus  forte  raison  doivent  le  faire  les  historiens,  qui 
ne  sont  pas  exempts  de  commettre  des  confusions  et  des  erreurs. 

Après  un  règne  de  cent  vingt  ans,  Menoûdjehr  désigna  son  fils 
Naudhar  comme  son  successeur  et  le  déclara  roi  après  lui;  puis  les 
infirmités  le  conduisirent  à  la  fin  de  ses  jours  et  lui  firent  boire  la 
coupe  du  trépas.  Sa  mort  ouvrit  la  porte  à  des  troubles  et  à  des  guerres 
et  fut  le  point  de  départ  de  tribulations  et  de  calamités. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  109 

OjL*J«'   oLsa.£«    .>«|k>»c|  ^::.Os-^»   .3\4jLy  o^/^C-^si»»   A\»^\  •-  ^  ■-  V-»  .  ^I« 

Ij-S^;:^  <jJl^l  c^L  pyj  Je  jîujjj  «uliJt  J^  jîU:iU.I  Jb  |?ujL«j 


REGNE  DE  NAUDHAR,  FILS  DE  MENOUDJEHR. 

Lorsque  Naudhar  monta  sur  le  trône  de  son  père  Menoûdjehr,  il 
ne  portait  pas  sur  lui  le  reflet  de  la  majesté  divine.  Il  en  était  de  lui 
comme  dit  le  poète  : 

Et  tel  d'entre  eux  dont  le  père  est  à  son  égard  comme  le  feu  cjue  remplacent  les 
cendres. 

Il  y  avait  des  troubles,  ses  frontières  étaient  envahies,  ses  ennemis 
se  mirent  en  mouvement,  ses  vassaux  se  révoltèrent.  Alors  Naudhar 
écrivit  à  Sàm,  l'appelant  auprès  de  lui  et  lui  demandant  son  assis- 
tance. Lorsque  Sàm,  accourant  à  son  appel,  approcha  de  sa  rési- 
dence, les  grands  et  les  principaux  dignitaires  de  l'Empire  vinrent 
à  sa  rencontre.  Gomme  il  leur  reprochait  d'avoir  trahi  leur  devoir 
d'obéissance  et  les  blâmait  d'avoir  provoqué  la  révolte,  ils  lui  firent 
connaître  leurs  griefs  contre  Naudhar;  ils  lui  montrèrent  son  incapa- 


no  HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES. 


cité  et  sa  faiblesse  et  combien  peu  il  était  en  état  de  porter  le  fardeau 
du  pouvoir,  de  bien  diriger  les  affaires,  de  réduire  les  ennemis  et  de 
rétablir  l'ordre.  Ils  demandèrent  à  Sàm  de  prendre  lui-même  le  pou- 
voir, de  ceindre  la  couronne  et  de  restaurer  l'ordre  dans  l'Etat,  lui 
promettant  de  se  soumettre  à  son  autorité,  d'adhérer  fermement  à 
son  gouvernement  et  de  marcher  sous  sa  bannière.  Sam,  scandalisé 
par  leur  langage,  les  désapprouva  et  dit  :  «  Ne  plaise  à  Dieu  que  mon 
esprit  puisse  seulement  concevoir  une  telle  pensée!  Tant  que  la  pleine 
lune  du  roi  sera  au  sommet  du  firmament,  maudit  soit  quiconque 
suivra  un  autre!  Que  Dieu  déverse  son  châtiment  sur  celui  qui  em- 
brassera un  autre  parti  !  »  Puis,  après  les  avoir  admonestés  et  conseillés 
et  leur  avoir  donné  les  meilleurs  assurances  pour  favenir,  il  s'avança 
dignement  et  se  présenta  à  la  cour  de  Naudiiar;  il  lui  rendit  ses 
hommages,  lui  jura  obéissance  et  fidélité,  s'employa  à  f aider  et  à  le 
servir,  lui  concilia  les  esprits  et  fit  tout  ce  qui  était  possible  pour  raf- 
fermir son  gouvernement  et  le  remettre  à  floi,  n'épargnant  aucun 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  111 

^ils  <ju^ ^\  *^  ^j^  <j'^  U  ^_^-^jj  <jcSJv  ï^Lti  <jiU_w|  'j 

s- 

(I  ,ïJo.Xjo  J.>_4v  -^jy^  •>-«-»  i-i^l  ïLo>  ^J-o  ^b  t«  iJ.>JCj:|^  <_6i^  i'^-'^-^^  ^ 
^I.XJC_^  '-fr>];-'t  ^U;^  ,Ji;-6^  J  ijsjjp^  (3)aj,j.AXj  t-jLs^Lit  <X^ 

4k_jt_i  >5'  c_,U_u,|^|  jîU^j[j  A*^!;  f/^l?  f rî"^^'  c)-^i^  <_jM->  <!^  jy; 

"1  M  »ô.,.  J^.  -     '-'  M  Sj,.  -  !')  r.  »j^^  i-  —  1^'  C  *JLi*j.    -  W  M  ajoute  jLJ!, 

effort  pour  mettre  ses  affaires  en  bonne  voie.  H  lui  demanda  ensuite 
l'autorisation  de  retourner  dans  sa  province,  craignant,  disait-il,  que 
son  absence  pût  avoir  des  suites  fâcheuses.  Le  roi  la  lui  accorda  et 
le  fit  revêtir  d'une  robe  d'honneur. 

Après  le  départ  de  Sàm,  le  bâton  qui  avait  été  courbé  se  trouvait 
redressé  pendant  quelque  temps;  puis  l'Etat  s'affaissa,  l'Empire  n'était 
plus  gouverné  et  se  désorganisait  de  plus  en  plus.  La  situation  devint 
encore  pire  par  l'entrée  en  campagne  d'Afràsiyâb,  qui  franchit  le 
fleuve  de  Balkh  à  la  tète  d'une  armée  dont  les  colonnes  nombreuses 
se  suivaient  et  les  multitudes  s'entrechoquaient  comme  les  flots  de  la 
mer. 

HISTOIRE   D'AFRÂSIYÀB.  IL  ENLEVE  L'ÎRÂNSCHAHR  À  NAUDHAR. 

Au  temps  où  mourut  Menoûdjehr  et  où  Naudhar  monta  sur  le 
trône,  régnait  sur  les  Turcs  Beschenk,  descendant  de  Toûz,  qui 
avait  trois  fils,  dont  l'ainé,  le  plus  avisé,  le  plus  brave  et  le  plus 
énergique,  était  Afràsiyàb.  Beschenk  le  désigna  comme  son  succès- 


112  HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES. 

s- 

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plus  loin  owvi!;  M  |jJvj*'<  ^jV;^'-  —   ''   -^I  iJ^I'j  i.X«3l. 


seur,  le  plaça  à  la  tète  du  gouvernement  et  de  l'armée,  lui  donna  la 
libre  disposition  de  ses  trésors  et  le  pressa  de  marcher  contre  l'Iràn- 
schahr,  pour  Aenger  la  mort  de  Salm  et  de  Toùz.  Cela  répondait  à  un 
ardent  désir  d'Afràsivàb  lui-même  de  faire  ce  qu'il  venait  de  lui  ordon- 
ner, et  à  son  empressement  de  commencer  les  hostilités  au  plus  tôt. 
Il  se  mit  à  rassembler  ses  nobles  guerriers,  à  ramasser  ses  hordes,  à 
entraîner  après  lui  la  population  entière,  grands  et  petits,  nomades 
et  citadins,  et  à  engager  toutes  ses  forces  pour  poser  les  embûches  et 
fixer  les  guet-apens.  Agrîrath,  son  frère,  dit  à  Beschenk  :  «0  roi,  si 
Menoûdjehr  a  disparu  de  rîrànschahr,  il  n'y  a  eu  qu'un  seul  homme 
de  moins;  il  v  reste  une  population  nombreuse,  des  preux  guerriers, 
des  fougueux  paladins,  des  héros  illustres,  des  braves  semblables  aux 
lions  des  fourrés,  des  champions  hors  ligne;  je  n'ai  à  ce  sujet  rien  à 
t'apprendre,  et  la  preuve  de  ce  que  je  dis,  ce  sont  les  violences  qu'ils 
ont  exercées  dans  ce  pays  qu'ils  ont  foulé  de  la  plus  terrible  façon 
et  qu'ils  ont  ruiné.  Tu  n'es  pas  prudent  de  provoquer  le  fléau  qui 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  113 

^-J^-C^t  ^i'-A-l!|  N-grk^j-i^   ^^  jïUt'Xv'-^vL    ?Lv3lX   ^J-ttUivJj   ÂJC-i-i   ^!il-i£wL 

A ;ji  <?^ l|  *1 ^_clj  *i  J_âJo*»^  s^iLs^l^  s^UjUI  -Ljv^  ^'^  mJ^jJI 

Jj._)   x^l^  oUjI  v_s|;  ciV  l  J-s9f9  JU^t  pU-L>  o^  <j:LuJ|^  <3-^1>^ 
*"  M  jliJL,.  —  -   C  i_,iUi^i)  jo^jUî.  —  '''  Cy^!.  —  '■*)  C  J. >•■.•■...,«■  —  '5)  C  ^v^Ij. 


dort,  (le  chasser  la  guerre  de  son  gîte,  d'attirer  témérairement  les 
calamités  et  d'amener  les  dangers  mortels.  »  Beschenk  répondit  :  «  Tu 
as  raison,  mon  fils;  mais  pour  atteindre  ce  qu'on  désire  il  faut  courir 
des  dangers.  L'occasion  d'attaquer  les  Perses  est  favorable,  à  présent 
qu'ils  sont  en  discorde  et  divisés  et  que,  à  la  place  de  Menoûdjehr, 
le  puissant  lion,  ils  ont  le  renard  ou  plutôt  le  lièvre  Naudliar.  Voilà 
Ion  frère  Afràsiyàb  dans  la  force  de  l'âge,  resplendissant  de  bonheur, 
réunissant  en  lui  les  qualités  du  chef  d'armée  et  du  prince,  capable 
de  soutenir  la  bataille  et  le  combat  singulier.  La  Fortune  lui  promet 
de  splendides  et  hautes  destinées  et  il  saura  les  atteindre  par  ses 
illustres  etforts  et  les  éminentes  quahtés  qui  le  distinguent.  Les  occa- 
sions passent  comme  les  nuages.  Se  tenir  en  repos  est  le  fait  des 
femmes  et  l'apathie  est  de  la  nature  des  animaux.  Donc,  ô  mon  fils, 
suis  le  conseil  de  ton  père  et  joins-toi  à  ton  frère.  Ne  te  contente  pas 
de  ce  petit  royaume,  dont  tu  ne  pourras  recueillir  qu'un  misérable 


114  HISTOIRE   OKS  ROIS   DKS   PKRSES. 

^^w^_*vL_5!    J,|    ,»    jSsà-j]^     'wJtJi     Js_^N      3y^^^   NI    ^    ;.    <JLcLL^     Ix.^     Jlsj 
— fl—i^'»     .^jv_i_Jj    s i*^'»     -^V-V'    /^«-^l    l Lj    <>>-«oUl     JwiJC^U     "^-r^w^^     Jws^âj 

L_g — )i — i—j\  ^j — ^1  .^y  <_«_/9  r^>-^  J^—*'^  t-j'^-^^Lil  ^_)^a-gj  ^^  ^^^J"^' 
'    >^    ■  ■    r  ^  \ ii i  ^-g-j »    .\'-x»<*<w«j3  ^1  <_4i»,-s^  ils»   ,0  LgJi..»^!  s-ïL**»J» 

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—  5,  M  ^jji.  —  :")  C  L^Uz^I.  —  i">  -M  »^L^.  —  i»'  G  ç.jUil. 


canton.  Porte  tes  ambitions  vers  rîrànschahr,  l'étoile  du  front,  le 
nombril,  le  joyau,  le  point  brillant  de  la  terre,  pays  de  grands  reve- 
nus, plein  de  ressources  et  de  richesses  et  de  choses  précieuses.  Em- 
presse-toi et  eiTorce-toi  de  conquérir  l'opulence  et  d'obtenir  la  ven- 
geance complète.  »  x\gnrath  se  prosterna  devant  Beschenk  et  dit  :  «  Je 
suis  à  tes  ordres;  obéissance  à  celui  auquel  il  n'est  pas  permis  de 
désobéir!»  Et  se  joignant  à  Afràsivab  il  lui  prêta  son  concours  et 
suivit  ses  ordres. 

Lorsque  les  froids  furent  passés,  que  la  neige  eut  disparu  et  que  le 
printemps  se  fut  épanoui,  Afràsiyàb  se  mit  en  marche,  le  pays  des 
Turcs  faisant  sortir  avec  lui  tout  ce  qu'il  renfermait  et  tous  ses  guer- 
riers. Il  conduisit  ses  troupes  vers  le  Tabaristàn ,  où  se  trouvait  Nau- 
dhar.  Celui-ci  s'étant  retiré  dans  le  Dihistàn,  il  le  suivit.  Il  établit  son 
camp  en  face  de  lui  et  expédia  un  nombreux  corps  de  troupes  vers 
le  Sedjestàn,  contre  Zàl. 

Les  deux  camps  étant  proches  l'un  de  l'autre,  Bàdhmàn,  l'un  des 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  115 

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'"'  M  yiLwl^ .  —  '-'   C.  yLoiL)  et  ainsi  plus  bas. 


chefs  turcs,  après  en  avoir  obtenu  l'autorisation  d'Afràsiyàb,  vint  dé- 
fier l'année  de  Naudhar  et  se  mit,  en  faisant  tournoyer  sa  lance,  à 
provoquer  les  guerriers  perses  au  combat  singulier.  Seul  Qobàdh, 
frère  de  Qàren,  le  chef  de  l'armée,  répondit  à  son  appel.  Qàren  lui 
dit  :  «Ce  Bàdhmàn,  ô  mon  frère,  est  un  guerrier  contre  lequel  ne 
peut  lutter  qu'un  homme  qui,  comme  lui,  est  dans  la  force  de  l'âge  ! 
Toi,  tu  es  vieux  et  faible;  laisse  ce  combat  à  un  autre.  »  Qobàdh  ré- 
pondit :  «Chacun,  ô  mon  frère,  meurt  quand  son  terme  est  arrivé. 
Il  est  impossible  d'entrer  vivant  dans  l'autre  monde!  »  Il  s'avança  donc 
vers  lui,  et  les  deux  champions  se  jetèrent  l'un  sur  l'autre  comme  deux 
éléphants  furieux  et  luttèrent,  usant  de  toutes  les  armes,  depuis  le  lever 
du  soleil  jusqu'à  son  coucher.  Enfin  Badhmàn  l'emporta  sur  Qobàdh, 
le  renversa  et  arrosa  la  terre  de  son  sang.  Puis  il  retourna  en  riant, 
tout  heureux  de  sa  victoire,  auprès  d'Afràsiyàb,  qui  en  manifesta  une 
grosse  joie  et  le  combla  d'éloges.  Qàren,  ayant  vu  le  sort  de  son  frère. 


110  HISTOIHK    DKS    I\()IS    DKS   1>KUSES. 

J,'  7^—r^\j  i-_>La_4vLjj[  «cJuJt  i^^NjLSsi  *UjJL  jl^j'^I  |?U^  ^j^  ;>  i^vs*- 

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i_>v--i J>-J>i    ^— ^    f*/^^   [;L^   J^J   '.:i^_^\   <-SS>;^   Lf    L^L^]^    ,^j,ls 

"'  C  ilUiSl.  —  M  mJjJ!.  —  W  Manque  clans  C.  —  1*'   M  ,!..^JLk^.  —  «-^l   M  xj^]. 


fut  pris  de  fureur  et  donna  l'ordre  à  l'armée  de  se  porter  en  avant. 
Afràsiyàb  accourut  à  la  tète  de  ses  troupes  et  on  combattit  avec  rage 
jusqu'à  ce  que  la  nuit  séparât  les  combattants.  Ils  reprirent  la  lutte  le 
lendemain;  ils  se  couvraient  de  flèches  et  faisaient  jouer  les  lances 
et  les  sabres,  de  telle  sorte  que  des  ruisseaux  de  sang  coulaient  sous 
leurs  pieds.  Afràsiyàb  fut  vainqueur  et  rentra  dans  son  camp  heu- 
reux et  content.  Naudhar  ayant  regagné  sa  tente,  triste  et  abattu, 
prit  des  dispositions  ])our  mettre  en  sûreté  sa  famille,  il  l'envoya 
dans  un  château  de  la  province  de  Fàrs  avec  ses  deux  fils  Tous  et 
Koustahm,  auxquels  il  recommanda  de  faire  ce  qu'exigeraient  les  cir- 
constances. Afràsiyàb,  lui  aussi,  eut  l'idée  de  diriger  une  forte  armée 
vers  le  Fàrs,  comme  auparavant  vers  le  Sedjestàn.  Alors  un  certain 
nombre  des  chefs  d'armée  de  Naudhar,  préoccupés  du  sort  de  leurs 
femmes  et  de  leurs  enfants  qu'ils  y  avaient  laissés  et  craignant  qu'ils 
ne  fussent  exposés  aux  outrages  des  Turcs,  résolurent  de  se  rendre 
dans  cette  province  et  de  la  défendre.  Après  avoir  conseillé  à  Naudhar 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  117 

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jLuJI  '.y^i^j  y  JJaJi]  Jj^^^ijj  <<_sUt  ^yu<J\j  «ùî^^l  (..Ac. 


de  rester  avec  son  armée,  de  se  mettre  en  sûreté  dans  une  solide 
forteresse  du  Dihistàn  et  d'éviter  de  combattre  jusqu'à  leur  retour,  ils 
se  mirent  en  route  avec  Qàren  vers  le  Fàrs. 

Naudhar,  se  voyant  abandonné  par  eux,  lut  tout  découragé  et  pris 
de  peur.  Il  voulut  les  rejoindre  et  les  suivre  et  se  mit  en  marche;  mais 
il  fut  arrêté  et  attaqué  par  Afràsiyàb,  qui  s'était  aperçu  de  son  projet. 
La  bataille  s'engagea  furieuse,  le  sang  coulait  à  flots,  on  combattait 
avec  rage,  les  existences  étaient  fauchées,  les  cris  montaient  au  ciel, 
la  mêlée  était  générale,  les  champions  se  précipitaient  les  uns  sur 
les  autres  et  on  luttait  avec  acharnement.  A  l'issue  de  la  bataille, 
Naudhar  avec  plus  de  mille  de  ses  chefs  d'armée  étaient  prisonniers 
d'Afràsiyàb.  Celui-ci  les  fit  enchaîner  et  bien  garder.  S'étant  informé 
de  Qàren  et  ayant  appris  que,  pour  défendre  le  Fàrs,  il  avait  suivi 
les  Turcs  qui  étaient  en  marche  vers  cette  province  avec  le  fils  de. .  . , 
connu  sous  le  nom  de  Wîseh,  il  ordonna  à  ce  dernier  de  rejoindre 


IIS  IIISTOIRK    DKS   HOIS   DKS    PKRSKS. 

^  Ss_)^l  vo^L-Si  \ysj\j:^j  I^jLjLaj  JujlI'  L^t5w^  <_jL-aJ^  ciLoo 

iiuiiiquf  dans  C  —  '^'   M  UiLj.. 


son  fils  et  ses  troupes  et  de  le  lancer  avec  une  puissante  armée  sur 
Qàren,  Wîseh,  arrivant  à  marches  forcées  aux  Irontières  du  Fàrs, 
apprit  que  Qàren  avait  taillé  en  pièces  les  premières  troupes,  qu'il 
avait  tué  son  fils  et  qu'il  s'était  hâté  d'atteindre  le  Fàrs.  Il  fut  con- 
sterné et  profondément  afiecté  par  la  mort  de  son  fils,  et  il  continua 
sa  marche  jusqu'à  ce  qu'il  rencontrât  Qàren.  Lorsqu'ils  furent  en 
face  l'un  de  l'autre  avec  leurs  deux  armées,  Wîseh  cria  à  haute  voix  : 
«Apprends,  ô  Qàren,  que  Naudhar  est  prisonnier  avec  mille  de  ses 
chefs  d'armée  et  que  le  roi  Afràsiyàb  est  maître  de  l'irànschahr!  » 
Qàren  répondit  :  "J'ignore  tout  à  fait,  ô  Wîseh,  ce  que  tu  dis.  Mais 
moi,  j'ai  tué  ton  fils  et  je  vais  te  tuer  toi-même!  »  Les  deux  armées 
ayant  formé  leurs  lignes  de  bataille,  on  en  vint  aux  mains.  Wîseh  fut 
battu  et  s'enfuit  précipitamment,  la  peur  lui  donnant  des  ailes,  vers 
le  camp  d'Afràsiyàb. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  119 

"C^Jo^  J,l  <J^b  J-iJj  >  jkv^^^  L^l  :■■  (__ya^  .x;>^t  :>^i^  j*Lw  ^| 

X-^Ja.^   ;i_/oL_M.  <'  u|j   <jL5   (S^^J   *^-^-<SJ«  ^-^»-s^   «UooUix^  <_>U_*vl^! 

<"  Manque  clans  M.  —  (-'  C  piL-j^^JC-^yLi.  —  W  M  ;lj5>ji-.  —  '*'  Mss.  jaiAi.  — 
(5'  C  sJv^^:?;^!. 


ZAL  INFLIGE  UNE  SEVERE  DEFAITE  AUX  TURCS 
VENANT  ATTAQUER   LE    SEDJESTÀN. 

Lorsque  les  troupes  expédiées  par  Afràsiyàb  pour  attaquer  Zàl  et 
pour  s'emparer  du  Sedjestàn,  et  placées  sous  le  commandement  de 
Khazwazàn  et  Schamàsàs,  établirent  leur  camp  sur  les  bords  du  fleuve 
de  Hidmand,  le  beau-père  de  Zàl,  Mihràb,  roi  de  Kaboul,  gouver- 
nait le  Sedjestàn  à  titre  de  lieutenant  de  Zàl.  Celui-ci,  ayant  reçu  la 
nouvelle  que  son  père  Sàm  était  mort  dans  l'Inde,  s'était  rendu  dans 
ce  pays  pour  célébrer  ses  funérailles  et  transporter  son  cercueil  dans 
sa  patrie.  Mihràb  adressa  aux  Turcs  un  message  en  ces  termes  :  «  Sa- 
chez que  je  suis  dans  la  situation  d'un  homme  dont  la  volonté  a  dû 
céder  à  la  force,  tandis  que  ses  sympathies,  son  dévouement  et  son 
amitié  sont  acquis  à  Afràsiyàb.  Entre  lui  et  moi,  il  existe  des  liens 
de  parenté  et  je  me  tiens  entièrement  à  ses  ordres.  Par  conséquent, 
laissez-moi  le  temps  de  lui  expédier  un  message  et  de  connaître  son 


120  IIISTOIHK    DKS    HOIS    DKS   Pr.RSKS. 

J ^j\j     -^   \j-i-i\j-jj  I^^XsJsils  jjLs-ij^    ^'-^^   y'^M-'i'  jî^U-*vjj  ;.:i,^.Xi^ 

J  Jj)    J,'    w-J;^-X    ^^v— ^iî    -».X_iLJ  ^JvJI   ,^50l1I   J   L_>Ls^Lit   J,l  ^->1>^ 

^i,-^ — » — A — ^  ?Un— 5    >  ,^^-JO'  v-X  ♦■<   f  i3y*»_)  Os^kXji  ^  4w'-fc    (Je  ><sji.   '*'y?^ 


bon  plaisir.  S  il  m  onloniic  dp  me  rendre  avec  vous  auprès  de  lui,  je 
le  ferai;  s'il  veut  fpie  je  remette  entre  vos  mains  la  province,  je  vous 
la  remettrai  et  vous  servirai.  »  Par  des  cadeaux,  des  robes  d'honneur 
et  de  grandes  libéralités,  il  chercha  à  bien  disposer  les  Turcs,  qui 
furent  circonvenus  et  consentirent. 

Mihràb  envoya  un  message  dans  le  même  sens  à  Afràsiyàb  et  écrivit 
à  Zàl,  lui  fit  connaître  la  situation  et  le  pressa  de  revenir  en  toute 
hâte  au  Sedjestàn,  pour  prévenir  des  malheurs  qu'il  serait  difficile  de 
réparer.  Zal,  laissant  de  côté  tout  autre  soin.  Ht  route  jusqu'à  ce  qu'il 
arrivât  auprès  de  Mihrab,  qu'il  remercia  de  sa  combinaison  habile. 
Il  aborda  aussitôt  l'armée  turque  en  lançant  trois  flèches  qui  tuèrent 
trois  hommes.  Une  grande  clameur  s'éleva  parmi  les  Turcs  qui,  sa- 
chant alors  que  Zal  était  revenu,  se  reprochaient  les  uns  aux  autres 
de  s'être  laissé  tromper  par  les  paroles  de  Mihràb.  Ils  se  préparèrent 
pour  livrer  bataille  le  lendemain. 

Au  malin,  Zàl  et  Mihrab,  avec  leurs  troupes,  et,  de  leur  côlé,  les 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  121 

<~ij--^  ''.'La^j  <^jU  lli^j  \jÀ\SJj  y^LaJj  I^LaJCJ  j^^J;-?'  J  '^\jS^}j 
J — i^—^.  \j  <-^j  j-uS^\i   ^j)jf^  «U.«iai  UxJaJ^  J\jjjs^j   ^b  JJ    • 

—  f'I  Manque  dans  C. 


Turcs  avec  leurs  escadrons  étant  sortis,  ils  formèrent  leurs  lignes  de 
bataille,  et  le  combat  s'enj^as-ea.  Pendant  là  mêlée,  Zàl  et  Khazwazàn 
s'abordèrent  en  combat  singulier  avec  la  lance.  Khazwazàn  ayant  porté 
un  coup,  sa  lance  se  brisa  sans  avoir  pénétré.  Zàl  le  frappa  à  son  tour 
d'un  coup  à  l'épaule  qui  le  désarçonna  et  d'un  second  coup  qui  le  fit 
expirer.  H  se  tourna  ensuite  contre  Schamàsàs,  qui  avait  lait  beaucoup 
de  mal  aux  troupes  de  Zàboul  et  de  Kaboul  en  les  couvrant  de  traits. 
Le  Turc  se  mit  à  manœuvrer  contre  lui  perfidement  et  ne  lui  pré- 
senta pas  sa  face.  Zàl  lui  lança  une  flèche,  qui  ne  le  blessa  pas  mor- 
tellement, puis  une  seconde,  qui  le  tua.  Alors  les  troupes  de  Zàboul 
et  de  Kàboid  chargèrent  les  Turcs,  en  tuèrent  et  blessèrent  un  grand 
nombre  et  firent  beaucoup  de  prisonniers.  CeiLX  qui  n'étaient  pas 
tombés  entre  leurs  mains  s'enfuirent;  mais,  dans  leur  fuite,  ils  se  heur- 
tèrent contre  Qàren  et  son  armée  venant  du  Fàrs  et  marchant  vers  le 
Sedjestàn.  Qàren  les  fit  tailler  en  pièces  et  arroser  la  terre  de  leur 
sang.  Il  n'en  échappa  qu'une  petite  troupe,  qui  apporta  à  Afràsiyàb 


122  HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES. 

L'«— i:^j^ — ^!  Li^L»^  ji.<s4  <^L5j  ^__j-L4vLtw^  ivi^tvjjj^  >jJM..gj  u»' ^^^^Ai».]^ 

» «u  |nws->^  <JLvx  ^js_~àLj  wou  j-^j^  Lc'>^  Ji^y  iy-«Jl  ^^x^U  L^^àx 


la  nouvelle  du  désastre.  Qàren,  Zàl  et  Mihràb  tenaient  ainsi,  par  la 
possession  du  Sedjestàn,  un  bout  du  succès  et  de  la  satisfaction. 


AFRASIYAR  FAIT  MOIRIU  NAUDIIAR,  S'EÏARI.IT  A   SA  l'LACE 
ET  S'EMPARE  OE  L'EMPIRE. 

Lorsque  Wîseh,  après  la  défaite  que  lui  avait  infligée  Qàren,  lui  de 
retour  auprès  d'Afràsiyàb  et  lui  fit  part  du  sort  de  son  fds  et  des  autres 
guerriers,  et  quand  aussi  les  quelques  survivants  des  deux  rencontres 
avec  Zàl  et  Qàren  revinrent  et  lui  annoncèrent  que  Khazwazàn  et 
Schamàsàs  avaient  péri  avec  toutes  leurs  troupes,  il  fut  pris  de  fureur 
et  saisi  par  l'orgueil  en  même  temps  que  par  le  péché.  Il  fit  amener 
Naudliar  et,  délibérément,  lui  fit  trancher  la  tète;  puis  il  donna  Tordre 
de  passer  au  fil  de  l'épée  les  chefs  d'armée  captifs.  Mais  Agrîratli,  son 
frère,  lui  dit  :  «  Tu  viens  de  tuer  le  maître  et  roi;  il  est  inutile  de  tuer 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  123 

-  ^ 

X^  (jl/r?'  -^"^  J   cJrW   J-*r>^   S--«^l;   V^J    J)-C5   cljj   J^   >>-iXj 

Ây^'i]  ^y.Ji-:.]^  Jj-^'i\  ^j  ^,J^\  4)|;|^  ^L^'^!  ..^Uil^  ^1^1 
mI  w-jL-^j^  <-^i-£  ^  U  l3jv-*v  <^L.  oU.^  jLI  JjI  ,'  .jC^  ^yJl  .>!5A_. 


ceux-là  !  Tu  icruis  mieux  de  les  remettre  entre  mes  mains  pour  que  je 
les  fasse  partir  enchaînés  ensemble  pour  le  Tabaristàn  et  les  y  garde, 
en  attendant  que  l'on  sache  comment  les  traiter.»  En  conséquence, 
Afràsiyàb  les  confia  à  sa  garde  et  le  fit  partir  pour  le  Tabaristàn,  pro- 
vince dont  il  l'avait  nommé  gouverneur.  Quant  à  lui,  il  se  rendit,  à 
la  tète  de  son  armée,  à  Uaï,  s'assit  sur  le  trône  d'or,  ceignit  la  cou- 
ronne, décida  en  maître  toutes  les  affaires,  établit  et  destitua  des  gou- 
verneurs, donna  aux  uns,  enleva  aux  autres;  puis  il  se  mit  à  parcourir 
les  villes  de  flrànschahr,  comme  un  éléphant  furieux  et  comme  un 
feu  dévorant,  faisant  partout  acte  de  tyrannie  et  de  violence,  en  rui- 
nant ce  qui  était  florissant,  en  réduisant  les  riches  à  la  pauvreté,  en 
confisquant  les  biens,  en  anéantissant  les  familles  nobles  et  en  abais- 
sant les  grands,  ayant  surtout  soin  de  faire  passer  l'argent,  le  butin  et 
les  objets  précieux  dans  le  pays  des  Turcs,  sa  patrie.  On  rapporte  que 
son  père  Beschenk  mourut  de  la  joie  que  lui  causait  la  bonne  fortune 
qui  lui  arrivait;  car  il  v  a  des  joies  qui  tuent. 

i6. 


12'i  mSTOIUK    DKS    ROIS   DKS    l'KUSKS. 

iji    ,_f  *^ — * — •'   J3 — ^«    h  «^-vJ»   Vi  «o^o   ^_^J   ^^~=J   T^^"^^>     '   vS--^^>^   r-^-**     '^'v:?' 

:i'^~^j   y—i^j—i-J^  <^^j  ^oLait  <^u~^}^  ^j^\}  9-jy>\  .S^J }^^\ 

■^  .,     9      '  «    (__>.,     Vl     »»    l__>N_ii^)    ( >L;S-**''>-'U      zMàJl^    ia.5SN.JI    ^N-6J      -    ..>4_>LàJU    ^*L<JI 

^v_is_c  j'.i  J-^t^xJl  ^j^'t  ^vji  ^^jp-fsis^  s.4_*i  ^lp»t  -ilLç^  f-''<J^  "^  <3! 


itiJLXvr^l 


5j  C  ciiWl,  M  c:«l*Jl.  —  :'•:   Manque  dans  G.  —  Cl  M  vi,J^.  —  l»)  C  (^J]. 


Afràsiyàb,  étant  ain.si  roi  (le.s  Turcs  en  même  temps  que  roi  de 
rirànscliahr,  devint  orjjueiHeux  et  liautain,  excessivement  impérieux 
et  insolent,  faisant  œuvre  de  tyran  et  de  despote.  Du  temps  de  sa 
domination,  il  survint  une  grande  sécheresse,  le  ciel  retint  sa  pluie 
et  la  terre  renferma  ses  sources,  les  fleuves  tarirent,  les  arbres  dessé- 
chèrent, les  récoltes  manquèrent,  le  bétail  périt.  Les  soufirances  étaient 
extrêmes,  la  détresse  était  générale  et  les  hommes  faillin^nt  succomber 
à  la  fois  à  la  disette  et  à  l'oppression,  tandis  qu'Afràsivàb  buvait  du 
vin  et  se  livrait  au  plaisir,  lieureux  et  épanoui,  se  réjouissant  de  leurs 
misères,  Aoyant  son  avantage  dans  leur  ruine  et  sa  vie  dans  leur  mort. 
Sachant  qu'il  ne  resterait  ])as  maître  de  riràn.schahr,  il  agissait  comme 
le  voleur  qui  entre  dans  la  maison  d'autrui,  en  emporte  autant  qu'il 
peut  et  s'applique  à  y  commettre  des  dégâts. 

On  dit  que  c'est  Afràsivàb  qui  a  inventé  la  liarj)e  et  la  viole,  qui  a 
fabriqué  le  lacet  et  le  javelot  et  qui 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  125 

jU-M^-sk»  "'  jjjs-w#j-s»i  olyUi  vj^^l  S^M^^ 

^^ — A—S-C    Là    a    f    U      ^    <«   LàwaJ^-C  c:--~;OU   LiJC^Sii'^'l   '^  *jJol   tijN_JN-Cjl 


AGIUHVTH    HKM)  LV  LIBERTE   AUX  CHEFS   D'ARMEE 
TENUS  EN  CAPTIVITÉ  DANS  LE  TABARISTAN. 

Lorsque  Tous  et  Koustalim  apprirent  qu  Afràsiyàb  avait  tué  leur 
père  Naudhar,  ils  s'acquittèrent  du  devoir  du  deuil  et  prirent  soin  de 
mettre  en  sûreté  sa  famille;  ils  se  rendirent  dans  le  Sedjestàn  et  y 
demeurèrent  avec  Zàl  et  Oàren.  Les  notables  de  l'îrànschahr  étant, 
venus  se  joindre  à  eux,  on  se  trouva  d'accord  d'agir  de  concert  et  de 
s'entr'aider,  et,  après  avoir  considéré  sous  toutes  ses  faces  le  plan  de 
venfi^er  la  mort  de  Naudliar  et  de  châtier  Afràsiyàb,  on  fit  des  prépa- 
ratifs pour  fassaut  et  la  lutte.  La  nouvelle  en  étant  parvenue  aux  chefs 
d'armée  prisonniers,  ceux-ci  dirent  à  Agrîrath:  «  Tu  nous  as  sauvé  la 
vie  et  tu  es  notre  bienfaiteur;  tant  que  nous  vivrons,  nous  serons  tes 
esclaves  et  tes  serviteurs,  et  nous  demeurerons  les  obligés  de  ta  géné- 
rosité et  de  tes  nobles  sentiments.  Ne  voudrais-tu  pas  achever  l'édifice 
dont  tu  as  jeté  les  fondements,  arroser  ce  que  tu  as  planté  et  nous 


1-20  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

^"^t  «.svs^Ji-  J\'  jîO  jLft_J  LvJl^  ^Uj"^!»  ■'^jû  J^J-^»  l>->^^  ^1  c)^"^*^^^ 

.V-<S_«_P^J'       *    lâJwtvU  .     ^a^S_û>     0*-d>X^vl3_9    |*»JOl^I    (^^    "Ci^O»Jâ     4_/0«J    3''^ 

«\l    <?'U  i^— *vi  ff  >  ^  41.1  ?*k>^ — <iu«  N-^j|  ï\«-.v3  ?v>v-«^  U\4^v3*  ^L*  4.>^?o 
('    Maiu|uo  dans  C.  —  t^»  C  ÂjCHil.  —  !''   M  yJls^:.  —  (')  M  (jJu!;^. 


conquérir  et  nous  assujettir  de  nouveau  en  nous  rendant  à  la  liberté? 
(!ar  rîrànschahr  ne  restera  pas  au  pouvoir  d'Afràsiyàb,  et  nous  crai- 
gnons que,  ([uand  les  partisans  rassemblés  au  Sedjestàn  marcheront 
contre  lui,  il  ne  commence  avant  toute  chose  par  nous  tuer.  »  Agrirath 
leur  répondit:  «Je  désire  autant  aujourdhui  vous  mettre  en  liberté 
qu'autrefois  j'ai  désiré  vous  sauver  de  la  mort,  et  je  n'ai  rien  tant  à 
cœur  que  de  vous  rendre  service  et  de  vous  faire  du  bien  jus(ju'au 
bout.  Mais  vous  savez  que  je  ne  pourrais  le  faire  sans  un  prétexte 
ostensible  et  une  excuse  manifeste.  Si  une  armée  iranienne  marchait 
contre  moi,  je  lui  abandonnerais  cette  province  et  me  retirerais  allant 
rejoindre  mon  frère  sans  vous  emmener  avec  moi ,  pour  que  vous  soyez 
sauvés,  et  que  moi,  avant  une  excuse  évidente,  je  ne  sois  pas  exposé  à 
cause  de  vous  à  la  fureur  de  son  mécontentement  et  de  ses  reproches.  » 
Les  chefs  d'armée  trouvèrent  son  raisonnement  juste  et  le  remer- 
cièrent; puis  ils  adressèrent  un  messaf>;e  aux  partisans  rassemblés  dans 
le  Sedjestàn,  les  mirent  au  courant  de  la  situation,  les  adjurèrent,  de 


^1 


11^  ^1;- 


IirSTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  127 

N-6-C  ^  ti>p_N_c|  Lg^sx  jL^^aJ  ^u_*vws1o  Jj  ;_ji^-*^  iLàJu  j?lJl£ 

i|^_ii_5  |^j^_àj|  AjJLvj  f*j-âj|^  iJK  ?t.tw  Lli-J  s-wNI  ^  l^-^aJj^j 
Lg_9jL«i  ^;j.*a-^  i'^il^Jl  iy=-i^  ^U-w^  J,t  «C^-ioi^  <J;r*^  J  '  jj^^?' 
L^  Ià  .^  L^  ^^Os^^lLI  :>\JJJ\  ^y-Jj  t_>v^  >-6£  ^J-•  U>..g>09  tijjp)^!  L^j» 

,_Jic  ^ ib — ?-l — g — Ji  < — \ — <i  ïJ>_4i>_>  ^^.AÀ^ls  <_j>L*-«-|^l  ,_Jic  c;:_>w>^!  f^j 

("  M  jiys^.  —  (•-'  Manque  dans  M.  —  (^)  M  ^j^t  i  ;.:  ..,1,.     -     '    C  Jl^  ^yb-^t^ . 


les  sauver  et  leur  recommandèrent  d'envoyer  un  corps  de  troupes 
dans  le  Tabaristàn,  pour  que  Agrîrath  pût  se  retirer  sans  opposer  de 
résistance  et  qu'ils  fussent  délivrés. 

En  recevant  leur  message,  Zàl  et  ses  compagnons  firent  partir 
Keschwàdh,  le  père  de  Djoùdharz,  avec  une  troupe  de  gens  déter- 
minés. Quand  Keschwàdh  approcha  du  Tabaristàn,  Agrîrath,  sans 
combattre,  quitta  précipitamment  la  province,  en  y  laissant  les  chefs 
d'armée  dans  les  chaînes.  Keschwàdh  y  pénétra,  les  délivra,  pourvut 
à  leurs  besoins  et  les  emmena  avec  lui  dans  le  Sedjestàn.  Agrîrath, 
en  se  présentant  chez  Afràsiyàb,  lui  fit  le  récit  de  la  foudroyante 
attaque  des  envahisseurs  et  comment  il  avait  été  forcé  de  se  retirer,  de 
sorte  qu'ils  avaient  réussi  à  délivrer  les  captifs  et  à  les  emmener  dans 
le  Sedjestàn.  Afràsiyàb  lui  fit  de  vifs  reproches,  d'abord  à  cause  du 
conseil  qu'il  lui  avait  donné  de  les  épargner,  puis  de  les  avoir  abandon- 
nés aux  Iraniens.  «  Si  tu  m'avais  laissé  faire,  lui  dit-il,  quand  j'ai  voulu 
les  mettre  à  mort  sans  distinction  et  les  envoyer  rejoindre  leur  prince, 


128  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES. 

«îLolj^I  <-t. B.À->  I.  tjo.x_<i  Liy^  <-<si-c  yyr^j  ('-«iLSsj  ];^  **-fr?^ 
'^'v^jLwU.^  lH^^  i*(?^*^f?  vW^^'r*'  ^^|rJ^'j  J[i  ^jLi 


il  ne  nous  serait  pas  arrivé  ce  qui  nous  arrive  à  présent,  que  les  lions 
se  sont  échappés  de  leurs  cages.  Il  me  semble  les  voir  déjà  revenus 
et  se  jeter  sur  nous  avec  leurs  dents  et  leurs  griffes  aiguës!  »  Agriratli 
répondit  :  «  11  ne  faut  pas  (jue  l'iionime  sage  fasse  tout  ce  dont  il  a  le 
pouvoir;  il  doit,  au  contraire,  ménager  la  vie  humaine,  être  modéré, 
exercer  la  clémence  puisqu'il  a  la  force,  et  songer  à  la  vie  future.  »  Afrà- 
sivàb,  plein  de  colère,  s'écria  :  «Tu  t'es  entendu  avec  mes  ennemis 
pour  délivrer  les  captifs!  «  Et  il  lui  asséna  un  coup  de  sabre  qui  le 
tua.  Le  sang  jaillit  à  son  visage.  U  pleura  ensuite  son  frère  et  ma- 
nifesta une  grande  douleur;  mais  son  remords  ne  lui  servit  de  rien. 

ZÂI.   ET  LES  IRANIENS  PRENNENT  LES  ARMES  CONTRE  AFRÀSIyAh. 
II.S  ÉLÈVENT  AU  POUVOIR  ZAW,  FILS  DE  TAHMÀSF. 

Quand  Keschwàdh  ramena  au  Sedjestàn  les  chefs  d'armée  délivrés, 
Zàl,  avec  tous  les  chefs  d'armée  et  les  grands,  alla  à  leur  rencontre.  Ils 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  129 

jjj'*^\  \^j-i^^  "^-**'i-^â  e>-*"^  <J^  i]j-ilS  jjjSs^  ^Lsc'^jj  :>\j-âJ\  ^.<s?- 
J  ijj-ïS-'J-À^t  ^t-*-?-  ^U.^*<^io  ,?^-c^|j  i^S^  fj^J  (£rà-^^y^^\  o^-li^ 

i?l,aJ_c  ^y)è\j  f*-^\y\  J\j^\j  f^\y\>  J\j  À^  <-i^\j-i^\  àys^j  ^j^  jlLsït 

l?L_i!  'J  ^j — u^  jp-A-A^  1^^—*^!;  ''''^  0^1^  jj-CS  jlj-*v|^  «Ooh;À.jLf  ^^ 
«* — î— >L — ji\  ^ — *-j  s.x_:^|^  *-^r-^  e-oLïjj  xj^i^iaJt  ^^^jj-îs;  ^^j^^  *^r~J 

<<__A g i.    ^w«lj    jj — ;^~jj  ^M  ii>-^  jkX-^aJ»  <-*vU  tjlc  _L*J|  ^-â-ao  ctlLil 

|^jjL_i:_J    :^    i^^j .il   «<_.  Li*  .Xo  "^  cj^i   U  Jic^^I|^  ,::JJJv-vo  JjJLâJ 


remercièrent  Keschwàdh  de  la  belle  action  qu'il  venait  d'accomplir, 
témoignèrent  leur  joie  de  la  libération  des  captifs  et  les  félicitèrent. 

Tous  les  principaux  personnages  de  l'Iran  affluèrent  de  leurs  diffé- 
rentes provinces  dans  le  Sedjestàn.  Zàl  les  reçut  comme  ses  hôtes  et 
pourvut  libéralement  à  leur  entrelien;  il  leur  prodigua  ses  richesses 
et  les  trésors  réservés  accumulés  par  son  père  par  lesquels  il  amé- 
liora leur  situation  et  répara  leurs  pertes.  Les  Iraniens,  tous  en- 
semble, se  mirent  ensuite  en  marche  vers  le  camp  d'Afràsiyàb,  qui 
était  à  Haï,  et  campèrent  à  la  distance  d'une  parasange.  Il  y  eut  de 
nombreux  engagements  entre  les  avant-gardes  et  une  grande  bataille 
qui  resta  indécise.  Zàl  dit  aux  chefs  d'armée  :  «  Sachez  que  nous  sommes 
en  présence  d'une  aflaire  grave  et  difficile.  Nous  ne  pourrons  réussir 
qu'à  l'aide  d'un  roi,  avant  une  autorité  respectée,  de  race  royale,  que 
nous  couronnerons,  aux  ordres  duquel  nous  obéirons  et  qui  donnera 
des  commandements  d'après  lesquels  nous  agirons.  )>  —  «  Tu  as  raison , 
répliquèrent  les  chefs  d'armée;  il  en  est  comme  tu  dis:  il  faut  suivre 


130  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES. 

^j>.  jj  Jic  ?jy  c^  .g,  ,.à.  j!  i2  <-_^— ^"^I  iiLi_*J|  cLi.^  ^_^  L^UlLjJ 

O — ^l— i*^  ij^j)  o)'  <i5;r-^-^'7^-t>  ^j^^j  •^^-«^Uj  «CâJ^^I  <«^oui]^ 
(^L5^  Jls^  ^_*v'wt«Ja  ^jy^  <..<iJ-£  v-î-N^  i-_>KjI  >..gj  iU_4*Jlj  ^-aJowlj  'Â)^s*..i 

«'>  Mû.—  ra  C  («xlàft.  -  W  C  AjiU^y^  ^,  M  *^i!:>^  (^.  —  <*'  M  jljjJ!^-  — 
(=1  M   ^. 


Ion  conseil.  «  On  délibéra  et  discuta  longtemps  j)our  savoir  lequel 
d'entre  les  descendants  d'Afrîdhoûn  et  de  Menoùdjehr  serait  apte  au 
trône.  Quelques-uns  proposèrent  Tous  et  Koustahni,  que  d'autres 
déclaraient  tout  à  fait  incapables,  parce  qu'il  leur  n)anquail  le  rellet 
de  la  majesté  divine.  On  tomba  ensuite  d'accord  sur  la  j^ersonne  de 
Za\Y,  fds  de  Tahmàsf,  descendant  d'Afrîdhoûn,  qui  réunissait  en  lui 
le  rellet  de  la  majesté  divine  et  les  qualités  d'un  roi.  On  lui  jura  fidé- 
lité et  on  le  proclama.  Tabarî  rapporte  que  Zaw,  lils  de  Tahmàsf,  et 
Karschàsf  ont  régné  en  commun.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  vraisemblable, 
dit-il,  c'est  que  la  dignité  royale  appartenait  à  Zaw  et  que  Karschàsf 
était  son  puissant  auxiliaire;  mais  il  n'avait  pas  été  proclamé  roi.  Ibn- 
Khordàdhbeh,  en  sa  chronique,  rapporte  que  le  nom  de  Zaw,  fds  de 
fahmàsf,  était  Zàb,  d'après  lequel  sont  nommés  le  Zàb  et  les  Zàb  dans 
1  Iraq,  parce  que  c'est  lui  (jui  a  creusé  les  deux  Zàb,  de])uis  l'Arménie 
jusqu'au  Tigre,  et  aussi  le  canal  de  Zàb  dans  le  Sawàd ,  au  parcours  du- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  131 


(0 


«wiLwl»(jle>  ^yi  t^j  ,Alu 


^Lv^  i]^-^:->;  i?u.4«5^  ^j-Lj  ^J'âj  Jl)  ^-vîtjj  ^JcjUj^*."^!  ^j  Lj, 

J  «lJI  ;.5^^I  ^I  Jjl^i;  i^i^l^  iLoJl^^t  J^Lj  iLuJi  ^'^LJ\j 
—  1-1  C  jLu  AMI.  —  >^:  c:,ySi.  ~  ■■''  Mss.  J^^-rcw^.      -  •■'    M  Li:>l^!. 


(jiicl  il  rl;il)lil  liois  cantons.  Ibn-Kliordàdhbeh  dit  que  l'empire  était 
|);tita<;c  cnlrc  lui  el  Karschàsf  et  qu'ils  régnaient  conjointement;  que 
Zaw  se  consacrait  à  relever  le  pays  et  que  Karschàsf  faisait  la  guerre. 
Dieu  seul  connaît  la  vérité. 

RÈGNE  1)K  /.AU,  KII.S   DE  TAHMÂSF. 

Le  choix  des  Iraniens  étant  tombé  sur  Zaw,  Zâl  et  Qàren,  Tous  et 
Koustahm,  Keschwàdh  et  les  autres  chefs  d'armée  et  les  grands  lui 
jurèrent  fidélité,  alors  qu'ils  étaient  campés  en  face  d'Airàsivàb,  aux 
portes  de  Raï.  Zaw  s'assit  sur  le  trône  et  fut  couronné.  Il  rendit  grâces 
à  Dieu  et  lui  demanda  aide  et  assistance  pour  rejeter  Afrâsiyâb  hors 
du  pays,  relever  les  ruines,  rétablir  l'ordre  et  remédier  à  la  situation 
des  habitants  et  des  provinces.  Il  rappela  que  le  pouvoir  lui  était  échu 
dans  le  temps  le  plus  didicile  et  le  plus  troublé,  le  plus  fâcheux  pour 
les  grands  et  le  peuple,  ajoutant  qu'il  s'efforcerait  d'éteindre  les  luttes 


132  HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES. 

s- 

'o_L :j  i^j^^^\  -ÛjJi  l^y  sy^  UJUl  >w  er*  '^1^  ^5UI^ 

J,t    <_jL6--wlj_sljia->i.]^  Jw^l    pljrîlj    i-^   r-^"^   '-^  '^'-<i-^!/^!^Jj    o?-=^ 

^JL*_)  os.5wJi^  J  Jj  ^Is]^  <2.LâIt  W^t  J*  <-«-vi.]^  L»-.^  U-i-«r^ 

|«    Lg-vC    <_>U>tvtv3!    .XxL*Jy    ^i^^<s!^    lj''^    ît-**olj    ^yj\ 

(■-'  C  A.^^.      - '^    C^^j.    -  '■')   Alaïuiiie  dans  C.  —  t^'  C  ooiJui^l,. 


intestines  et  de  ramener  la  concorde.  Les  gens  sentirent  dans  ses 
paroles  le  prochain  apaisement. 

La  famine,  l'épidémie,  la  peste  et  la  mortalité  avaient  atteint  les 
deux  armées,  comme  la  population,  et  avaient  exercé  parmi  elles  les 
plus  grands  ravages.  Tous,  d'une  voix  unanime,  disaient  :  «  Cette  peine, 
ce  fléau  et  cette  disette  sont  les  conséquences  de  nos  méfaits;  nous 
sommes  frappés  pour  avoir  versé  à  flots  le  sang  de  victimes  qui  étaient 
sacrées,  pour  avoir  commis  tant  de  péchés  et  de  crimes.  Allons,  ré- 
parons nos  fautes,  faisons  la  paix  et  remettons  nos  sabres  au  fourreau, 
afin  que  la  miséricorde  de  Dieu  nous  arrive!  >•  Alors  les  négociateurs 
allaient  et  venaient  entre  Zaw  et  Afràsiyàb  pour  faire  connaître  leurs 
dispositions  pacifiques  et  amener  la  conclusion  de  la  paix.  Afràsiyàb, 
forcé  de  quitter  Raï,  à  cause  de  la  rareté  des  vivres  et  du  manque  de 
fourrage,  se  transporta  dans  le  Tabaristàn ,  dont  il  fit  le  siège  des  négo- 
ciations pour  la  paix.  Zaw  demeura  en  son  camp,  aux  portes  de  Raï, 
et,  grâce  au  départ  d'Afràsiyàb,  on  respirait  un  peu.  Après  un  échange 
incessant  d'ambassadeurs  et  de  lettres,  on  convint  qu'Afràsiyàb  aban- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  133 

«-ji — S-4vL_jt    W<— 6-Lc     A-cl  JO^  |ÎL«J!   Lilljo   <<_««J  ^^   ^jj  <__>La-u,LjI 

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")  C  ^t/rt  ainsi  plus  l>as;  M  ^^i  ^^ .  —  W  C  yl^.  —  O  M  à^.  ~  (*>  C  j^.  — 
<*)  C  Js^.  —  l«i  Manque  dans  M.  —  (■'  M  ^\y  -  '"'  Manque  clans  C.  —  (»>  Manque 
dans  C.  —  "»!   M  j^->\.  —  '">  C  ^. 


donnerait  de  l'Irànschahr  une  étendue  égale  à  la  portée  d'une  flèche 
tirée  par  l'arclier  Aresch. 

Zaw  conçut  l'idée  de  faire  faire  une  flèche,  dont  on  prendrait  le  bois 
dans  une  certaine  forêt;  la  plume,  de  l'aile  d'un  aigle  pris  dans  telle 
montagne;  la  pointe,  du  fer  sortant  d'une  certaine  mine.  11  donna 
l'ordre  à  Are.sch  de  tirer  cette  flèche.  Aresch,  arrivé  à  une  vieillesse 
avancée  et  à  l'extrême  limite  de  la  vie,  avait  été  préservé  à  cause  de  ce 
tir.  Il  monta  sur  une  montagne,  dans  le  Tabaristàn,  en  présence  d'Afrà- 
siyàb,  lança  de  son  arc  la  flèche  à  laquelle  Afràsiyàb  avait  imprimé 
une  marque,  et  expira  aussitôt.  Ce  fut  au  lever  du  soleil.  La  flèche 
vola  du  l\ibaristàn  jusqu'à  Bàdhghîs.  Au  moment  où  elle  allait  tomber, 
un  ange,  ainsi  que  l'on  rapporte,  sur  l'ordre  de  Dieu,  lui  donna  l'élan, 
de  sorte  qu'elle  parvint  jusqu'au  territoire  de  Khoulm,  dans  la  pro- 
vince de  Balkh.  Là,  elle  tomba  à  un  endroit  appelé  Koûzîn,  quand 


i;V'i  HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES. 

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le  soleil  fut  sur  le  point  de  disparaître.  Lorsque  cette  même  flèche 
eut  été  rapportée  de  khoulm  au  Tabaristàn  où  se  trouvait  Afràsiyàb, 
celui-ci,  voyant  sur  elle  sa  marque,  et  ses  hommes  de  confiance  ayant 
attesté  qu'elle  était  tombée  audit  endroit,  fut  fort  étonné  de  la  grande 
distance  de  son  point  d'arrivée,  il  fut  saisi  de  crainte  et  n'osa  pas  se 
soustraire  à  ses  engagements,  reconnaissant  qu'il  s'agissait  d'une  déci- 
sion céleste  à  laquelle  il  fallait  se  résigner.  Comme  aussi  la  destruction 
de  la  plus  grande  partie  de  son  armée,  qui  avait  péri  dans  les  deux  ren- 
contres avec  Zàl  et  Qàren  et  par  l'épidémie  des  dernières  années,  ainsi 
que  la  disparition  de  la  plupart  de  ses  chevaux  qui  avaient  succombé 
au  manque  de  fourrage  et  à  la  peste,  lui  avaient  paru  un  fâcheux  pré- 
sage, il  abandonna  à  Zaw  le  territoire  compris  entre  le  point  de  départ 
de  la  flèche  et  l'endroit  qu'elle  avait  atteint.  H  prit  l'engagement  d'ob- 
server les  conventions  et  se  retira  avec  les  débris  de  son  armée  dans 
la  ïransoxiane;  les  malédictions  le  suivaient  et  les  imprécations  l'ac- 
compagnaient. Son  règne  dans  l'Irànschahr  avait  duré  douze  ans. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  135 

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ÉVÉNEMENTS  DU   REGNE   DE  ZAW  APRÈS  LE  DEPART  D'AFRÂSIYÂB. 

Quand  Afràsivàb  eut  évacué  l'Irànschahr,  que  les  gens,  après  l'amer- 
tume de  la  terreur,  goûtèrent  la  douceur  de  la  sécurité  et,  après  avoir 
été  meurtris  par  la  tyrannie,  se  reposèrent  sur  la  couche  moelleuse  de 
la  justice  et  que  la  clémence  de  Tange  de  miséricorde  eut  remplacé 
pour  eux  la  fureur  de  Satan  le  lapidé,  alors  Dieu  rendit  la  vie  à  la 
terre  engourdie  et  envoya  d'abord  les  vents  annonçant  la  descente  de 
sa  grâce,  les  outres  du  ciel  furent  ouvertes  et  il  tomba  une  grande 
pluie  continue.  La  terre  se  para  de  sa  végétation  et  donna  ses  abon- 
dantes moissons  et  les  fruits  de  ses  arbres;  les  hommes  jouissaient 
du  bien-être,  les  troupeaux  paissaient,  la  fertilité  était  générale  et 
les  sources  coulaient;  les  vivres  étaient  à  bas  prix,  les  pauvres  de- 
vinrent riches,  la  misère  cessa  et  les  mauvais  jours  disparurent.  Zaw 
s'appliqua  dans  la  plus  large  mesure  à  faire  régner  la  justice,  à  pro- 


130  IIISTOIRK   DKS  ROIS  DKS  PERSES. 

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1"  M 


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digiier  les  libéralités,  à  réparer  tout  le  mal  qu'avait  fait  Afràsivàb,  à 
relever  les  ruines,  à  guérir  les  blessures  et  à  fermer  les  ])laies  qu'il 
avait  causées,  à  reconstruire  les  forteresses  et  les  châteaux  ([u'il  avait 
détruits  et  à  rétablir  le  cours  des  canaux  ([u'il  avait  comblés.  Il  remit  à 
ses  sujets  rini])ôt  de  sept  années,  leur  donna  des  subsides  et  leur  té- 
moigna le  plus  grand  intérêt.  Il  dériva  dans  le  Sawàd  le  canal  men- 
tionné plus  haut;  il  l'appela  Zàh  et  fonda  sur  ses  deux  rives  une  ville 
nommée  Al-Zaivdbî.  Il  y  fit  ])orter,  soit  des  montagnes,  soit  d'autres 
endroits,  des  graines  de  plantes  légumineuses  et  odoriférantes  qu'il  fit 
semer  et  des  plants  d'arbres  (piil  fit  planter.  Zaw  fut  le  premier  à  qui 
on  prépara  des  plats  de  viande  variés  et  des  mets  dignes  de  figurer  sur 
la  table  fl  un  roi,  et  il  surpassait  ses  prédécesseurs  par  son  faste  et  sa 
générosité.  U  donna  à  ses  soldats  une  ])artie  de  l'argent  provenant 
des  contributions  et  du  butin. 

Quand  Zaw  eut  régné  cinq  ans,  la  grande  étendue  de  sa  puissance 
fut  contre-balancée  par  la  brièveté  de  sa  vie;  il  tomba  malade  et  dans 
cette  maladie  il  rendit  sa  noble  âme.  Son  règne  si  court  avait  été  large- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  137 

^j  iLs-ii-6^  J,l  l-g  l-^»^  ^Lfc^  *Uj.>  jj^  ^J'j  s-jU-^-Lj!  ^^  "^lSU-jJ.! 

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^jJl  4)1  12)^U>_^  <.,^  <UU  ^j!  «Uy  cdU  ili^]^  ;sLjJt  Jlc  ùjli-1 

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dans  C. 

ment  rempli  par  ses  actions  méritoires.  U  avait  reçu  la  souveraineté 
d'Afràsiyàb  alors  qu'elle  était  comme  une  hideuse  vieille  femme  éden- 
tée,  et  il  la  transmit  à  Kaïqobàdh  comme  une  jeune  et  belle  fiancée. 
Et  c'est  une  des  misères  de  ce  monde  qu'un  roi  tel  que  lui,  si  vertueux, 
si  juste,  par  qui  les  hommes  étaient  heureux,  n'eut  qu'un  règne  de 
cinq  ans,  tandis  qu'Afràsiyàb,  avec  sa  tyrannie,  ses  violences  et  les 
maux  dont  il  accablait  les  hommes  et  les  pays,  exerça  le  pouvoir  près 
de  quatre  cents  ans.  Mais  que  Dieu  soit  loué!  Dans  tout  ce  qui  arrive, 
il  faut  reconnaître  ses  bienfaits  :  quand  nous  les  apercevons,  nous  les 
attribuons  à  sa  grâce  et  à  sa  bonté;  lorsqu'ils  nous  restent  cachés, 
nous  les  ramenons  à  sa  justice  et  à  sa  sagesse.  Lui  seul  est  le  maître 
des  créatures;  seul  il  dispose;  il  connaît  ce  qui  est  secret  comme  ce  qui 
est  apparent. 

RÈG^'1•:  DE  KAÏQOBÀOH,   DESCENDANT  D'AFRIDHOLN. 

Après  le  règne  de  Zaw,  le  peuple,  les  chefs  d'armée  et  les  grands 
portèrent  leurs  sulî'rages  unanimes  sur  Kaïqobàdh,  parce  qu'ils  trou- 

i8 


138  HIS'1'(M!\K   I')KS   ROIS   DKS   l>ERSES. 

j^^s^'t  ^^^  Jlil   ^,  AX\  ^.^^  ^^  ^  «Lo  l^j^  U  iLjU^= 

J^v'^^t   J    3   ^U^X^^  ^jJ    p_^_;    <3U!,    J^t   ^y^   ^L^l,     ijjl 

j^4-JJ    ^c^oo  jJO,    '  ut:>U^U  L6:>,J^Ji.  o>'<^  LgiUuL  ^J_5^Jt.  ^|jsI-Jl 
^VwsjL    ï's > j  s-<i»JtJI  ^|sÂ.ij  s_«l«     ^_A.^v3\jll  (__>j_4iJ     lâ-AjuL 

'1  Ces  mois  inaïujiu'iil  dans  (_!.         !-    C  Jv'-     -  ''''  M  :>LiJj».!j.      -  "    M  UjUi-l^. 


vaionl  en  lui  l'iHustratlon  de  lOiigiiie  royale,  la  haute  moralité  et  la 
noblesse  de  caractère  et  espéraient  qu'il  saurait  gouverner  et  pien- 
flrait  soin  avec  une  égale  sollicitude  des  intérêts  du  peuple  et  des 
grands.  En  consécpience,  Zâl,  Tous,  Djoùdharz  et  les  autres  hauts 
dignitaires  et  grands  de  l'empire  lui  prêtèrent  hommage,  le  tirent 
monter  sur  le  trône  d'or,  le  ceignirent  de  la  couronne  rovale  et  se 
])rosternèrent  devant  lui.  Il  les  remercia  et  les  complimenta,  leur 
promit  de  défendre  l'empire,  de  repousser  les  Turcs,  de  réprimer 
l'injustice,  de  remettre  en  vigueur  les  institutions  justes,  d'abolir  les 
coutumes  oppressives  et  de  s'appliquer  à  relever  le  pays  et  à  le  faire 
j)rospérer.  Ils  l'acclamèrent  de  leurs  vœux,  et  ils  demeuraient  con- 
vaincus qu'il  tiendrait  ses  promesses. 

Kaïqobàdh  donna  des  noms  aux  villes  et  aux  districts,  détermina 
leurs  limites  et  leurs  circonscri])tions,  aménagea  les  eaux  des  canaux 
et  des  sources  pour  lirrigaliori  fies  terres,  et  ordonna  (pie  l'impôt  du 
dixième  fût  aflècté  au  pavement  de  larmée. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  139 

ij'ij    Lffc^i    (_jM_^|   ^wvà_ïj|  ^  ^U>   il  IjtJsik.  LgJufcl  ^^)-<SJj  '^-'VSJ  S->r^ 

^if_iJl  ^^  JI;  ^.x^w.1  JU  Je  :>LsL^'^;^  lii^  ^]^  J^J! 


NOUVELLE  CAMP.\(;NK  D' \FU\S1YA15  CONTUE  LMUANSCll AllIJ. 

Lorsqii'Afràsiyàb  apprit  la  mort  de  Zaw,  il  résolut  d'envaliir  dp 
nouveau  l'Irànschahr  et  de  recommencer  traîtreusement  la  guerre 
avec  les  habitants  de  cette  contrée;  car,  comme  il  avait  sucé  ses  fé- 
condes mamelles,  goûté  de  ses  fruits  et  qu'il  s'était  nourri  et  avait 
lirofité  d'elle,  il  fut  porté  à  la  convoiter  et  à  l'enlever  à  Kaïqobàdh. 
Rompant  la  paix  qui  avait  été  conclue  et  violant  les  engagements 
contractés,  il  déclara  la  guerre  et  se  mit  en  campagne,  fit  des  enrôle- 
ments et  des  appels  et  francliit  le  Djaïhoùn  à  la  tête  de  légions  si 
nombreuses,  que  les  flancs  de  la  terre,  en  sa  longueur  et  sa  largeur, 
eurent  peine  à  les  contenir.  Kaïqobàdh,  voyant  cette  situation,  manda 
Zàl,  convoqua  les  chefs  d'armée  et  fit  ses  préparatifs  pour  la  guerre. 


l'iO  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

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f"  M  «yiJ.  —  '■-'  Manque  clans  C.  —  '^1  C  ovxLs.  —    *>  Mss.  al.x:u«l^. 


ROUSTEM,    IH.S  l)K  ZAI,,  TROUVE  SON   GllKVAI,  RAkHSCH. 

Lorsque  Zàl  apprit  qu'Afràsivàb  avait  franciii  le  Djaïhoùn  et  envahi 
de  nouveau  l'Irànscliahr,  violant  le  traité  conclu,  et  que  le  messager 
de  Kaïqobàdli  vint  l'appeler  auprès  du  roi,  la  tristesse  emplit  toute 
sa  poitrine;  il  passait  les  jours  à  méditer  et  les  nuits  dans  Tinsomnie. 
U  reunit  ses  chefs  d'armée  et  ses  officiers,  et  leur  dit  :  «Sachez  que 
le  fléau  d'Afràsiyàb  est  devenue  la  chose  la  plus  grave  que  j'ai 
jamais  connue  et  que  le  roi  Kaïqobàdh  a  besoin  de  mon  aide  accou- 
tumée. Mais  je  suis  avancé  en  âge  et  je  ressens  les  atteintes  de  la 
vieillesse.  Voici  mon  fils  Roustem,  dans  la  fleur  de  la  jeunesse  et 
dans  toute  sa  vigueur,  qui,  on  peut  l'espérer  de  lui,  me  remplacera 
ou  plutôt  me  surpassera  en  hauts  faits  et  en  renommée.  Seulement, 
il  est  tellement  énorme,  sa  taille  est  si  haute  et  sa  force  si  grande, 
qu'aucun  cheval  ne  peut  le  porter.  Je  ne  puis  cependant  pas  l'ein  mener 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  UI 

^^iJ'    >-^.«^  ^  ,  •:•  -^^^î  <-6i^  ■J)h^  <^^^  <)^j  oJ-'  !^^^^à_?  ù^^  ^ii-'-s^ 

< )»_Ld  J-^i-  <-vs*r>    ■■'  ei-^wo'  <->'  L^  J-^^  "^    '  -r^^-"^.  ^  Jj--^2-^  cJ* 

(')  M  b^l.  —  (-1  Mss.  ^y«J.  -  CI  M  y^  5^i.        ■''  Mss.  >â^.  —  '^l  M  c:»^- 


à  pied  à  la  cour  du  roi  et  eusuite  à  la  guerre  contre  Afràsiyàb.  Je 
pense  donc  que  nous  devrions,  moi  ainsi  que  vous,  faire  venir  tous 
les  chevaux  que  nous  possédons  dans  le  Zàboulistàn  et  le  Kaboul, 
dans  le  Qaschmîr  et  l'îrànschahr  pour  lui  être  présentés;  peut-être 
Dieu  nous  fera-t-il  trouver  pour  lui  une  monture!  »  Les  assistants  se 
prosternèrent  devant  lui,  et  dirent  :  «Certes,  si  nous  pouvions  nous 
changer  nous-mêmes  en  chevaux  pour  servir  de  montures  à  Roustem, 
nous  le  ferions  et  nous  vous  les  offririons.  Nous,  nos  cavaliers,  nos 
piétons,  nos  corps,  nos  âmes  et  nos  biens  vous  appartiennent.  »  Puis 
ils  firent  venir  de  toutes  parts  les  chevaux  et  les  firent  présenter  à 
Roustem.  Tout  cheval  dont  il  touchait  le  dos  s'affaissait,  ne  pouvant 
résister  à  la  pression  de  sa  main ,  et  moins  encore  aurait-il  pu  sup- 
porter celle  de  ses  jambes.  On  lui  montra  ainsi  plus  de  cinquante 
mille  chevaux,  parmi  lesquels  il  n'y  en  avait  pas  un  seul  capable  de 
porter  son  étrier  et  lui  convenant.  U  allait  renoncer  à  l'espoir  de  ren- 
contrer la  monture  appropriée,  lorsqu'un  jour  on  fit  passer  sous  ses 


]'rl  IIISTOIHK    1)KS   ROIS    DKS    l'KRSES. 

u  ji5  ^^^_^^'  <j'^  jii  ^j  jis  «L^  ^^  "^  <Jt  «lJL  jUi  ^;^ 

^-^J   ë^J    Jv'    I^    4-;0^>S-A   ^   ''■g-gr';^   ciJaJL^    <_Ss^^|   u:.yLxJ  ^y\ 


veux  un  troupeau  de  clievaux  amené  du  Qaschniir.  Son  regard  tomba 
sur  un  poulain  Lai  suivant  sa  mère.  Il  en  fut  frappé  et  donna  l'ordre 
de  le  retenir.  Le  pâtre  dit  :  «  Il  ne  faut  pas  songer  à  celui-là.  »  —  «  Et 
|)Ourquoi?  dit  Roustem.  »  —  «  Parce  que,  répondit  le  pâtre,  il  est  à 
Pioustem .  »  —  '<  Qu'en  sais-tu  }  »  —  «  C'est  que ,  dès  sa  naissance ,  il  a 
été  appelé  Rakhsch  de  Roustem,  et  c'est  ce  nom  qu'il  porte.  Depuis 
deux  ans  il  est  en  état  d'être  monté,  mais  il  ne  se  laisse  maîtriser  par 
personne,  et  sa  mère  ne  permet  pas  qu'on  ose  en  approcher  pour 
le  prendre.»  Alors  Roustem,  l'ayant  touché  du  lacet,  réussit  à  l'at- 
tirer à  lui.  La  mère  accourut  pour  se  précipiter  sur  Roustem.  Celui-ci 
la  repoussa,  l'effraya  par  un  cri  et  frap])a  la  terre  de  son  pied.  La 
jument,  épouvantée,  s'abattit  et  tomba  à  plat  ventre.  Roustem  posa 
ensuite  sa  main  sur  le  poulain,  cpii  ne  plia  point,  demeura  ferme  et 
se  redressa  fièrement.  Et  Roustem  de  s'écrier  :  «  Par  Dieu,  voila  mon 
cheval,  celui  qui  me  portera  et  qui  sera  ma  parure  !  »  Le  pâtre  lui  dit  : 
«  Si  lu  n'es  pas  Roustem,  ne  prends  pas  ce  poulain,  la  propriété  d'au- 


o^ 


■;3:  A. 


IIISTOIKK   DKS  ROIS   DP:S   PERSES.  I^i3 

^^  js là_À^^   •^'V-'  ^-^--*^  •  "^-^^^-j  "^-^S-^y  /*->^S-aj  SLiJu    1-olJI  Jsj6|^_«; 

<_>L£  ^^  ^j-s^j  <_^c_s:  ^  ^jjjod'  JwA-«J|^  i3"î?^'  -^^^^  ^J^-^^j  ■^ys=^ 

,.»i_5   .XJ  vjA_»      JvJi»   ^-aJ     .^Lo'w'i    ^X-i.^1».^ 


Irai.  Si  c'est  foi  (|ui  es  Roustem ,  il  t"aj)j)arti('nl;  c'est  la  bonne  iorlunc 
cjui  te  l'a  |)résenté.  ><  Rousteni  se  mit  à  rire,  lit  récompenser  le  pâtre 
et  1(;  congédia.  Puis  il  donna  l'ordre  de  maintenir  et  d'attacher  le  pou- 
lain, de  le  bien  loger  et  bien  nourrir,  de  s'occuper  de  lui  et  de  lui 
prodiguer  tous  les  soins.  Avant  que  le  mois  fût  passé,  il  était  devenu 
magnifique  de  forme  et  superbe  de  stature,  réunissant  les  qualités 
de  la  beauté  et  de  la  rapidité;  les  signes  de  la  noblesse  et  de  la  force 
proclamaient  son  mérite.  Roustem  donna  l'ordre  de  lui  mettre  la  selle 
et  la  bride,  et  le  monta.  Sa  brillante  apparence  dépassait  ses  qualités  : 
Rakliscb  ressemblait  à  la  fois  à  la  solide  montagne  et  au  torrent  impé- 
tueux qui  coule  à  ses  pieds.  Il  marchait  absolument  à  la  volonté  et 
à  la  fantaisie  de  Roustem ,  lui  obéissait  plus  docilement  que  la  bride  et 
ne  se  laissait  monter  par  aucun  autre  que  lui.  Zàl  voyant  Roustem  che- 
vauchant, pareil  au  lion  sur  l'éléphant  et  au  faucon  sur  l'aigle,  fut  au 
comble  de  la  joie  et  dit  :  <i  Tu  viens  de  trouver,  ô  mon  fils,  ce  qui  te 
manquait;  tu  possèdes  ton  instrument,  et  tu  vas  demander  l'accom- 


l'i'i  IIISTOIUF.   DES  ROIS  DES  PERSES. 

*  

'  M  _jL^!.  —  1-)  C;L,.  —  <^)  Man(|ii("  dans  C.  ~  <*)  M  yl^.  -  (^'  Ces  mots 
iiiaiK[ut'iit  dans  ,M,  et  les  mots  cii.yij' .  .  .aa^^^s  sont  écrits  une  première  fois  avant  J  v_jl 
(-«LmI^I,  puis  répétés.  (_JLiiJl  i  est  le  fragment  d'une  phrase  supprimée  par  l'auteur  ou 
omise  par  les  scribes. 


plissement  des  promesses  que  la  Fortune  a  faites  à  ton  sujet.  Il  me 
semble  te  voir  déjà  ayant  surpassé  par  tes  exploits  les  rois  des  diiîé- 
rentes  parties  du  monde.  Maintenant  il  faut  encore  que  tu  te  prépares 
pour  la  lutte  contre  Afràsiyàb,  que  tu  déploies  toute  ton  énergie  pour 
accomplir  des  hauts  faits,  obtenir  la  revanche  et  pour  mettre  fin  au 
mal  décliainé.  >'  Rouslem  répondit  :  «  Je  serai  à  la  hauteur  de  la  meil- 
leure opinion  que  tu  puisses  avoir  de  moi  et  de  tout  ce  que  tu 
attends  de  moi,  parla  volonté  de  Dieu  et  avec  sa  permission.  » 

KAÏOOIiÀDH     MAKCHE    CONTRE     AFRÀSIVÀlî. 
ASSALT  QUE  LU   I.IVUE   HOISTEM. 

Zàl  et  Roustem  se  rendirent  avec  l'armée  à  la  résidence  de  Kaïqo- 
bàdh.  Celui-ci  leur  souhaita  la  bienvenue  et  leur  fit  le  meilleur  accueil, 
traitant  particulièrement  Roustem  avec  une  grande  bienveillance  et 
avec  honneur.  Ensuite  il  les  emmena  avec  lui  en  se  dirigeant  vers  le 
camp  d'Afràsiyàb .  .  .  Roustem  dit  à  son  père  :  «  Si  Afràsiyàb  se  pré- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  145 

(_ïlli    J^ls    U     é   < j  <.::^^JiJ<J  3v_^  L   jLjLi  «UotlL   Uj->J|  cl/^^Xj:!   «CCaL^v^ 

U_i.L>s_ï.  Uj)  .L_4*<_jj  u_a_îLj»  jâJjLvoji  Âj|  2ii  •»j'^  ii~^=-^^  ^  sJu.L*tJi 

^__53â «     ^Jlc     r. <*j    J->J    <-r->'l ^^^ ^1j    ^l    »    Vl    jIj    wOJJ    -»jlij^  jLoUL»    ^^A-iJ 

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<>jji(9  rw*vj  <jtAj^  f*}-8-*l5  '^''-''1  3  c_i^  C'-t?  *^-^^-*T?  ^  ^1  sjU-**''^-'! 

<"  C  L^Jt.  —  (-'  C  aye  L^.  —  W  Mss.  *ik^. 


senU;  à  moi,  je  délivrerai  le  monde  de  sa  personne  !  «  Zàl  répondit  : 
«Sois  prudent,  mon  lils,  et  tiens-toi  sur  tes  gardes,  car  il  n'est  pas 
facile  de  lutter  avec  ce  sorcier.  » 

Les  combattants  s'élancèrent  et  se  chargèrent,  se  précipitèrent  les 
uns  sur  les  autres  et  s'assaillirent  :  la  mêlée  devint  furieuse  et  acharnée, 
les  champions  se  prirent  corps  à  corps,  la  poussière  soulevée  chan- 
geait le  jour  en  nuit,  la  lance  et  le  sabre  faisaient  rage.  Roustem, 
à  (pii  on  avait  indiqué  l'endroit  où  se  trouvait  Afràsiyàb,  se  dirigea  de 
son  côté;  il  l'aborda  et  le  déha,  l'attaqua  et  l'emporta  sur  lui.  Afrà- 
siyàb, sentant  qu'il  ne  pourrait  lui  résister  et  gagné  par  la  peur,  se 
mit  à  fuir.  Roustem  le  poursuivit  et  l'atteignit;  le  saisissant  par  sa 
ceinture,  il  l'arracha  de  sa  selle  et  le  jeta  à  terre;  puis,  étant  descendu 
de  cheval,  il  le  prit  sous  son  bras  pour  le  porter  vivant  à  Kaïqobàdh. 
Afràsiyàb,  au  moyen  de  sa  sorcellerie,  réussit  à  échapper  d'entre  ses 
mains,  se  sauva  et  courut  au  hasard.  Les  Iraniens,  ayant  l'avantage 
sur  les  Turcs,  les  enserrèrent  de  tous  côtés;  ils  se  jetèrent  sur  eux 


I.'i6  HISTOIRK   DES   ROIS   DKS   PKRSES. 

>_j^_*v  J.«,    Js_;-^î    '■■  i!ilj    ^JJ  '*'-à^   (^^■^"^   '4-^  <jJwOo    ■' \j-»  ^JJ 
î')  C  JùU  -►«ijiA'j-  —  '''  M  *-U*.  —  <-^>  C  )ly^.  -  <')  Maruino  dans  M.  —  !=)  M  ^. 


comme  des  lions  sur  leurs  proies  et,  après  avoir  fait  dans  leurs  rangs 
de  larges  brèches,  ils  les  mirent  en  fuite,  les  poussant  devant  eux 
comme  des  troupeaux  et  les  tailladant  comme  du  cuir.  Afrâsiyâb,  à 
Cfui  la  peur  donnait  des  ailes,  les  précéda  dans  leur  course  et  réussit 
à  franchir  le  Djaïhoûn  avec  un  petit  nombre  de  ses  gens  et  à  gagner 
son  refuge  dans  la  Transoxiane. 

Kaïqobàdh,  victorieux  et  joyeux,  retourna  dans  sa  résidence  royale. 
Il  témoigna  sa  satisfaction  à  Roustem  pour  ses  exploits,  lui  conféra  de 
hautes  dignités,  le  fit  revêtir  d'une  robe  d'honneur  et  lui  donna  le 
gouvernement  de  l'Inde.  H  investit  aussi  de  gouvernements  les  autres 
chefs  d'armée  et  distribua  entre  eux  le  butin. 

Afràsiyàb  envoya  des  ambassadeurs  à  Kaïqobàdh,  à  Zâl  et  à  Roustem 
avec  des  présents  comprenant  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  précieux  en 
trésors,  objets  rares  et  joyaux.  Il  lit  amende  honorable,  leur  fit  tenir 
un  langage  de  nature  à  les  bien  disposer  et  prit  l'engagement  de  ne 
plus  envahir  leur  territoire,   ni  de  chercher  à  leur  contester  leurs 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  147 

j_I,'  iS-*^j  JK  cJr-'"^-'J  i-^-tt»^'  t^JvJ_!L>|^  <^'w-^l  i.i..o«jj  zÎLaJ!  U^--^j 

(•■i?  <j^T  <  jj^^l  ci>3-Â>'^-«'|j  iLsi-iSO  ï^i'oL^l  (_jL<.^I  ;,:i./oi.fj»^tj  L^iSJU» 
{4)L^;ûxl  ^J^\  <j6swLoj  U^j'  UjjJI  <-J'  c^^Ij  (•-'^LftjLij  <5^L<»  jj 


C_9^ 


o_*sj.  —  '"'  Manque  dans  C. 


droits,  (le  (Icvciiir  leur  allie  en  cessant  d'être  leur  ennemi,  et  de  se 
contenter  des  contrées  dOrient  attribnées  jadis  à  Toûz  par  Afrîdlioûn. 
Les  envoyés  étant  arrivés,  l'accord  se  fit  et  la  paix  lut  conclue.  Zài  et 
Roustem  s'en  retournèrent  dans  leurs  provinces. 

Tout  concourut  à  la  ^^rospérité  de  Kaïqobàdh.  Un  ordre  parfait 
régnait,  tant  à  sa  cour  que  dans  les  provinces;  l'univers  entier  lui 
était  soumis,  la  terre  se  laissait  conduire  par  lui,  et  les  rois  vassaux 
venaient  lui  oOrir  leurs  hommages  en  lui  présentant  des  cadeaux. 

MANIÈRE  DE  GOUVERNER  DE  KAÏQOBÀDH. 
PAROLES  QUE  L'ON  CITE  DE  LUI. 

Lors([ue  Kaïqobàdh  fut  entièrement  maître  de  l'empire  et  que  son 
autorité  fut  incontestée,  il  consacra  tous  ses  soins  à  créer  quantité 
d'oeuvres  utiles,  à  rendre  l'Etat  prospère  et  puissant,  à  fonder  et  à 
peupler  des  villes,  estimant  que  tout  ce  qu'il  exécuterait  de  la  sorte 


H8  HISTOIRK   DKS  ROIS   DES   PRRSKS. 

jSv^-^t  J^^iJt  N-biJl  ^^j-**v.^  <0.-«!5sJ  U  ^_y*-Lj\j  4l!t  J^î  ,^jJyJL  u^ljj_iJ! 

''    Mss.  lAl^.  —  !-)  MaïKjue  dans  C.  —  P'  M  ^Uv-^lj .  —  '''  Mss.  ^j^.  —  (3)  M  J^. 


l't  qui  se  ferait  par  son  pouvoir,  sous  son  règne  et  sous  son  impulsion , 
compterait  parmi  les  bonnes  œuvres  les  plus  insignes  offertes  à  Dieu 
et  serait  le  meilleur  moyen  d'acquérir  un  excellent  renom  et  la  ])lus 
haute  reconnaissance.  Il  donna  l'ordre  de  payer  intégralement,  des 
revenus  de  l'impôt,  la  solde  des  troupes;  il  pensait  que  la  monnaie 
d'argent  et  d'or  changerait  ainsi  de  mains  trois  fois  par  an,  entre 
lui,  ses  troupes  et  les  diflérentes  classes  d'employés,  de  marchands 
et  autres  individus,  de  façon  que  chaque  catégorie  pût  en  profiter  et 
s'en  servir  pour  ses  besoins  et  que  fargent  ne  restât  pas  longtemps 
entre  les  mains  de  f  une  d'elles  au  détriment  (fune  autre.  H  disait  : 
«  U  faut  que  les  sujets  reconnaissent  la  nécessité  d'avoir  des  ch(;fs  et 
qu'ils  ne  soient  pas  moins  avisés  que  les  abeilles  et  les  grues,  qui  ne 
manquent  jamais  de  placer  un  de  leurs  individus  à  leur  tète,  se 
laissant  conduire  par  lui  et  suivant  .sa  direction  dans  les  différents 
mouvements  et  o])érations  qu'il  leur  fait  exécuter;  elles  savent  par 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  149 

J.Xi^  ^s^  ^.J^-^iÀ  ^j«-J  JjJ->  ^Li»  <J<^  L^  J.J  "^  ^'i  "li'  L^-sL^aj  "^ 

i_r — ?-^^^l;  ^"^^  8  »  l!  vj-r*-^l^  S.>^i.^t  \j^va_â-.'L  ^_^■J!  (_o'w;w^o'  ^j-»  <<o 


leur  nature  qu'elles  ne  peuvent  réussir  de  nulle  autre  manière;  elles 
ne  peuvent  se  soustraire  à  cette  loi.  »  Il  disait  encore  :  «  En  cherchant 
par  de  superbes  palais,  de  tapis  étendus  par  terre,  de  magnifiques 
vêtements,  de  mets  variés,  à  exhiber  tous  les  genres  de  faste,  notre 
but  n'est  que  de  donner  de  l'éclat  au  royaume  et  d'entourer  son  gouver- 
nement de  prestige  aux  yeux  de  ceux  qui  l'observent  et  qui  y  viennent 
des  autres  pays;  ce  n'est  pas  le  penchant  exagéré  pour  les  jouissances, 
ni  le  grand  amour  des  plaisirs  qui  nous  guide.  Tout  ce  qui  profite  à 
l'Etat  et  ce  qui  relève  sa  grandeur  contribue  à  sa  prospérité,  et  ce  qui 
amène  la  prospérité  de  fEtat  amène  par  cela  même  le  bien  des  sujets.  » 

AVENTURE  À  PROPOS  DE  L'USAGE  DU  VIN- 
SOUS  LE  RÈfiNE  DE  KAÏQOBÀDH. 

Ce  qui  tenait  le  plus  au  cœur  de  Kaïqobàdh,  c'était  la  culture  de  la 
terre.  Il  la  comparait  à  la  vie,  assimilant  les  champs  abandonnés  à  la 


150  mSTOlHK    DKS   ROIS    DKS    I>K11SKS. 

^^jj'  ^  wvs:*.    v  "^y^  O"^'  ^^U^  L4>>jLi  Je  jp^^l  ^J^-^Xjj  ^.^ 
(')  C  i^  ^vMU.   -  '-'  M  AJyft.  -  (^)  M  L^.  —  W  C  ^ajù^,  M  ^,,.  -  t-^)  M  *^L, 


mort.  H  lui  était  pénible  de  voir  une  coudée  de  terrain  inculte,  consi- 
dérant ce  spectacle  comme  de  mauvais  augure,  de  même  qu  un  champ 
cultivé  lui  paraissait  une  rencontre  heureuse;  et  il  se  plaisait,  assis 
sur  (pu'lque  lieu  élevé,  à  regarder  les  champs  dans  la  saison  de  leur 
verdure  et  de  leur  splendeur. 

Un  jour  que,  se  tenant  sur  la  terrasse  de  l'un  de  ses  palais,  il  con- 
templait les  champs  verdoyants  qui  se  trouvaient  tout  autour,  son 
regard,  aussi  loin  qu'il  le  portait,  ne  rencontrait  que  la  verdure. 
Pendant  que,  charmé  de  cette  preuve  visible  de  la  culture,  il  jouissait 
et  repaissait  ses  yeux  de  la  beauté  du  spectacle,  il  aperçut  au  loin, 
dans  un  interstice  de  verdure,  quelque  chose  de  noir  sur  du  blanc. 
Avant  donné  l'ordre  d'y  envoyer  en  toute  hâte  un  homme  qui  lui  en 
apporterait  l'explication ,  le  messager,  à  son  retour,  raconta  (pi'un 
homme  se  renflant  d'un  village  à  un  autre,  complètement  ivre,  était 
bientôt  tombe  dans  le  champ  comme  un  corps  mortel  qu'un  corbeau, 
s'étant  abattu  sur  lui,  lui  avait  arraché  les  yeux.  Kaïqobàdh,  très 
aflecté  par  ce  fait,  ht  |)roclamer  la  défense  de  boire  du  vin  et  les 


HISÏOIHK   DKS  ROIS   DES   PKRSES.  151 

Cl  Manque  dans  C.  —  '-)  C  ^U.  —  "'   M  IjJL^,  C  jJUtf'.  —  '"  Maii<iuc  dans  C.  — 
<*>  Câï.1^.  —  («1  C  JI. 


peines  les  plus  sévères  contre  les  buveurs.  Alors  le  peuple  s'abstint 
de  boire  du  vin  |)t'n(lanl  un  certain  temps. 

Or  il  advint,  un  jour,  qu'un  lion  s'étant  échappé  de  la  ménagerie, 
personne  ne  pût  l'arrêter  ni  le  ramener,  juscpi'à  ce  qu'il  vînt  à  passer 
un  jeune  homme  qui  le  saisit  par  les  oreilles,  le  monta  comme  on 
monte  un  àne  et  le  lit  marcher  docilement,  puis  le  remit  à  ses  gar- 
diens. Son  aventure  fut  rapportée  à  Kaïqobàdh,  qui  en  fut  fort  étonné 
et  dit  :  «  Ce  jeune  homme  ne  peut  être  que  fou  ou  ivre.  »  Il  le  fit 
appeler  et  lui  dit  :  «Fais-moi  connaître  sans  mentir  comment  tu  as 
pu  être  assez  téméraire  pour  aborder  le  lion  et  le  monter,  et  tu  seras 
exempt  de  blâme.»  Le  jeune  homme  répondit  :  «Sache,  ô  roi,  que 
j'aime  une  cousine,  qui  est  tout  pour  moi  dans  le  monde.  J'avais  la 
promesse  de  mon  oncle  qu'il  me  la  donnerait  pour  femme,  mais  il  a 
manqué  à  sa  parole  et  la  mariée  à  un  autre,  à  cause  de  mon  humble 
position  et  de  mon  dénûment.  Quand  j'en  fus  instruit,  je  fus  sur  le 
point  de  me  tuer,  et  mon  désespoir  fut  extrême.  Alors,  ma  mère,  qui 
avait  pitié  de  moi,  me  dit  :  «Ceci,  mon  fds,  est  un  chagrin  que  tu 


152  illSTOIUr.   DES  ROIS  DES  PERSES. 


Je*    «CUi^    <-i_'L^   4'    £u.jj    <C?0    Lc^   .ilUl    <J   v^'»    J^NIIj 

^<i;_à— ''  ^j^_Lji^_*v^  4--^3-j  "^'jT^lj  J-*-^  <-*^'  ^_j>.I  l^jjjj 

U>  r^  v--'  (^  V)>-<i|  ^j«LàJ|j  ^:>jJ<i  T^3  .»s-iÊi  Je  <jL£l» 
■    Maïuiuc  ilans  C.   —  '-'  Manque  dans  M.  —   '■''  M  yL^-nJI  L^  *JuJL). 


ne  ])Ourras  vaincre  que  par  trois  coupes  de  vin,  qui  te  soulageront 
"  un  peu.  »  —  «  Comment  pourrais-je  boire  du  vin,  lui  dis-je,  en  pré- 
«  sence  de  la  défense  du  roi?  »  Elle  me  dit  :  «  Bois  en  te  cachant;  la  né- 
«  cessité  rend  licite  la  chose  défendue;  d'ailleurs,  qui  te  dénoncera?» 
Alors  je  bus  quelques  coupes  après  avoir  mangé  du  keidb,  ^e  sortis 
avec  toute  la  force  du  vin,  de  la  jeunesse  et  de  l'amour  et  j'accomplis 
mon  exploit  avec  le  lion.  »  Le  roi  fut  fort  étonné.  Il  fit  venir  l'oncle 
du  jeune  homme  et  lui  ordonna  de  rompre  le  mariage  de  son  gendre 
et  de  sa  fille  et  de  marier  celle-ci  avec  son  neveu.  L'oncle  s'exécuta  et 
Kaïqobàfllî  lui  fit  donner  un  présent.  Il  attacha  le  jeune  homme  à  sa 
])ersonne  et  faida  à  surmonter  sa  mauvaise  fortune.  Puis  il  fit  adresser 
au  peuple  cette  proclamation  :  Buvez  du  vin  autant  qu'il  faut  pour 
vous  mettre  à  même  de  chasser  le  lion  ;  mais  gardez-vous  d'en  boire 
jusqu'à  tomber  dans  un  état  où  les  corbeaux  vous  arrachent  les  yeux! 
Le  peuple  reprit  alors  l'habitude  de  boire  du  vin,  tout  en  évitant 
d'aller  jusqu'à  l'ivresse  complète. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  153 

JJ^_*'Ï|  ^j^  ;5î_?;;^    «i-Â-C^I  (2)(J_jJ^  «Lx»y£    Jsj^j   <3^1   4.L^a^  (')<^ 
s *_^^I  "^ — i — ^'  o>>v_«_)  >iiLlt  ^   ^^iiiwwls  Lg>j  ,__^  j^I  <0<.^w/o 

l  g  -^  »  '  j_^ilJ   Lg-^ijt_>   i^ ♦-La   '"■©-'^  '^-li-*«^? 
<"  M  *:;iy-.  —  (•-»   M  ^1^.  —  ■''   MaïKiue  dans  C.  —  Ci  M  iiXJUH,  JJai-  —  !*■  C;Loi. 

FIN    ni    UÈGNE   DE  KAÏQDBÀDH. 

Après  avoir  régné  cent  ans,  pendant  lesquels  il  avait  élevé  l'édifice 
(le  la  grandeur,  rendu  le  monde  florissant,  veillé  avec  sollicitude  au 
bonheur  de  tous,  poursuivi  énergiquement  le  bien  de  ses  sujets, 
amassé  comme  des  monceaux  de  sable  des  richesses  et,  en  quantités 
innombrables,  des  joyaux  et  des  objets  précieux,  Kaïqobàd h  fut  atteint 
par  la  maladie  dont  il  mourut.  Il  désigna  pour  lui  succéder  son  fils 
aine  Kaïkàous,  lui  recommanda  une  bonne  conduite,  lui  donna 
des  instructions  sur  la  manière  de  diriger  l'Etat,  lui  remit  les  clefs 
des  trésors,  puis  il  termina  ses  jours.  Il  en  fut  de  son  règne  et  de 
celui  de  son  fils,  qui  lui  succédait,  comme  dit  Ibn  el-Mo'tazz  en  ses 
courtes  sentences  :  «  Les  habitants  de  ce  monde  sont  comme  les 
figures  d'un  livre  d'images;  toutes  les  fois  que  l'une  disparaît,  une 
autre  apparaît  ». 


15'i  HISTOIRE   DFS  ROIS   DES   PERSES. 

->>— ^«-'v.-c  3'*-*—?^  b-î~^J  o^wi>_«i\  -^ILyo  U«_la_5  ^LLo|  js_>t>v_«i  ^L<iJl  (^./-A.^ 
^5Clil  5iUs^]^  ^.^-g-Jl  ^^^J  <--6-l-c  ^.J^NII  ^bj  ^j.6^  oioUi^ 

1''  Maii([U('  dans  M. 


REGNE   DE    KAlkAOL'S,  APPELE,  EN   AHAHK,  OAI50US. 

Les  chefs  d'armée,  après  avoir  terminé  les  funérailles  de  Kaùjo- 
hàdh,  rendirent  hommage  de  fidélité  à  Kaïkàous.  Celui-ci  s'assit  sur 
le  trône  et  ceignit  la  couronne.  Les  j>remières  paroles  qu  il  leui- 
adressa  furent  celles-ci  :  «Dieu  (que  son  nom  soit  glorifié!]  nous  a 
donné  la  terre  pour  y  agir  en  faisant  sa  volonté  et  veiller  aux  intérêts 
de  ses  serviteurs.  Nous  allons  nous  appliquer  de  toutes  nos  forces  à 
rétablir  les  affaires,  à  repousser  fes  ennemis,  à  protéger  nos  alliés,  à 
rendre  le  pays  florissant,  à  accorder  nos  faveurs  aux  bons  et  à  sévir 
contre  les  méchants.  »  Ils  se  prosternèrent  devant  lui  et  le  comblèrent 
d'éloges. 

Kaïkàous  était  d'une  nature  étonnante,  extrêmement  mobile  :  tantôt 
bon  souverain,  tantôt  tvran  violent;  à  tel  moment  roi  irré|)rochable, 
à  tel  autre  satan  rebelle;  parfois  grave  et  ])rudent,  d'autres  fois  léger 
et  étourdi.  Il  était  surtout  opiniâtrement  volontaire,  ardent  à  |)our- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  155 

4-^ 


<"  C  ÀaA«a*JJ.    —   '-'  M  x»jb  -131  c:, Js^ï, .  ■    \l  U.  '    C  !i.     -   >^'  Mantiuc 

dans  M.  —  V'  C  JUil,. 


suivre  ses  désirs,  infatué  de  son  propre  justement,  passionné  pour 
les  femmes,  inaccessible  à  tout  bon  conseil  et  porté  à  s'exposer  à 
des  entreprises  cpii  toiiinaienl  à  sa  conlusion.  Il  gouvernait  avec  ces 
diversions  et  son  règne  se  |)rolongeait  :  sa  nature  l'abaissait  et  sa  for- 
lune  le  relevait,  ses  résolutions  le  perdaient  et  sa  bonne  étoile  le  sau- 
vai!. L'une  (If  ses  folles  entreprises,  qui  eut  de  graves  conséquences 
|)our  lui  et  dont  il  recueillit  les  malheurs  qui  lui  arrivèrent,  ce  fut  sa 
marche  de  Baikh  au  ^'emen  à  la  tête  de  ses  troupes,  pour  soumettre 
le  roi  de  cette  contrée,  nommé  en  persan  Schàh-i-I Jemâivdrân ,  c'est- 
à-dire  roi  des  Himyarites,  et  en  arabe,  Dhoû  l-Adhar,  fds  de  Dhoû 
l-Minàr,  fils  d'Al-Ràïscb ,  grand  et  finissant  souverain ,  potentat  absolu, 
mais  juste  et  équitable.  Je  reviendrai  sur  lui  dans  l'histoire  des 
DIkiû  d'entre  les  rois  du  "^emen  et  des  Qdïl  himyarites,  et  rappor- 
terai son  histoire  en  son  lieu,  s'il  plait  à  Dieu. 


150  HISTOIRE   DKS  ROIS   DES   PERSES. 

«Us-Lc  ^' l^jLil  ilf^t  ^U^t  ^  fy>^jjjij_ç^j  otr4;  -'!;  c)^ 

l-''  ^-C  t_'oLx  >-^C«  v-g-*i  .>l>r?I  I>-^i>l^.  .>»3v<J  iii^-^J  ^LlII  ^-j^  (2)  ^l;^5sA_ivJlL 
,,>t  J.'  :>'j^_**J|  ^_JtC  ^\J-^!  i.:::»^-?»!;  SJv>«  Lgj  -bIsIs  ^sJo|  ^^)-6Jj  •^-^-i«J  '■>^ 
4>— 2^     .;  ^—aJ'— c     k— ^i«   i''    \    «i»  -i   ^ «<*  -fc   ^Jmï  S\  «-^^a_)      ww-^Jol   \«-v.aJ> 

Cl  G  t^ijti.  —  P)  Mss.  jUSli^yi  ^^.  —  W  M  (j*.  —  (»1  M  ^...<.  —  ^^>  M  .L*oo.  — 
''"■'  Manque  dans  C,  M  L>  Jo>iI  Lo^. 


CE  QUI   nETEHMIN A   K AIKAOl  S  A   MARCHEn  CONTP.E   I.E  YEMEN. 
LES  MÉSAVENTURES  QUI    l.TI    ARRIVERENT. 

/àl,  'Fous,  Djoùdharz  et  les  autres  principaux  chefs  d'armée 
avaient  conseillé  à  Kaïkâous  de  fixer  sa  résidence  habituelle  à  Balkh, 
pour  que,  tout  en  demeurant  dans  l'Irànschahr,  il  ne  fût  pas  éloi- 
gné de  la  frontière  c[ui  séparait  ses  Etats  du  territoire  des  Turcs.  Il  y 
résidait  donc  un  certain  temps  et  ses  affaires  suivaient  leur  cours 
régulier  jusqu'à  ce  que,  un  jour,  pendant  qu'il  était  à  boire  avec 
ses  amis,  Iblîs,  sous  la  forme  d'un  beau  et  jeune  chanteur  habile, 
pénétrât  auprès  de  lui  avec  les  autres  musiciens.  Il  joua  du  luth  et 
chanta  en  ces  termes  :  «  Quelle  merveille  que  le  ])ays  du  Yemen  ! 
Comme  il  est  beau  et  agréable!  Que  ses  habitants  sont  heureux!  Ni 
chaleur  ardente  en  été,  ni  froid  en  hiver.  Point  d'inlervalle  entre  la 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  157 

^^\^\    L<ft^L_*4,^»    LgJUj    ^J-»   wX^=>|    L^JL^j^    —j::>-yO    Ij6w<SoJ    ;^    LfcJàArfO^ 

.j^^a^o^   i_5  ^v^l  J,'  ^?^  otH^  I^Sot;;^!  il^t  jLàJ  L^Ou» 


floraison  et  les  fruits,  les  raisins  et  les  dattes.  La  température  est 
douce.  Les  prairies  ressemblent  à  des  tissus  aux  riches  couleurs, 
l'air  est  parfume,  les  roses,  coquettes,  se  lonl  admirer.  Son  aspect 
est  ravissant.  Les  oiseaux  sont  toujours  apjiariés.  Ses  richesses  sont 
plus  nombreuses  que  ses  grains  de  sable;  ses  femmes,  pareilles  à  des 
beaux  parterres  de  fleurs  et  des  pleines  lunes  sur  terre;  ses  adoles- 
cents, des  délices  pour  les  regards,  des  merveilles  des  cités.  »  Cette  des- 
cription fit  une  vive  impression  sur  Kaïkàous  et  le  passionna;  son 
cœur  se  mit  à  convoiter  le  Yemen,  à  désirer  de  le  posséder  et  d'en  sou- 
mettre le  roi.  Il  invita  les  chefs  d'armée  à  se  préparer  pour  marcher 
avec  lui  sur  le  ^emeu.  Ceux-ci,  qui  désapprouvaient  l'entreprise  à 
cause  du  grand  danger  et  du  gros  risque  qu'elle  présentait,  mais  qui 
n'osaient  lui  faire  opposition,  exhalaient  leurs  plaintes  entre  eux  et 
se  lamentaient.  Ils  disaient  :  «  Satan  a  corné  dans  l'oreille  de  Kaïkàous, 
qui  a  répondu  à  son  appel  et  le  suit  aveuglément.  Si,  au  moins,  il 
nous  avait  donné  le  temps  de  prévenir  Zàl  de  cette  afi"aire ,  nous  au- 
rions pu  espérer  recevoir  de  lui  de  bons  conseils  et  son  heureux  avis. 
Mais,  au  contraire,  loin  de  temporiser,  il  agit  avec  précipitation.  » 


158  HISTOIRE   DKS   IlOIS    DKS    [>ERSKS. 

^.^^j  •->  L^'b  ^4j  L^t^I  ^LL^  ^\j^\j  ^j\ij  JU.J  J^\^ 

3  ^:>  ^v.  jLci>\''jis  L^-Ssi-^  <-^I  ^>-^  U^j^  ^-^^  ,;>-çJl  ^^*o  J»' 

j^^-T»   '  «^'l;-?;^  o)^-^  <^l^[^  j-i^g-  JUsI  J  c5;p*^  J^|/-'Î  e>*- J^' 

Nw_£i\' ji    i—Cj    lsLd>^  eiJjJ.!    ^j-LS  |?L<six  «^jl'^  !j^j>>ww  jlbjj  LLïLL^i 

<—*—** \ L_à_J L    ■--§— ''   JL_â_j  (^^U!   ^Joi_*v  <_A^I  <.a^w).  ^^  ij— ^-^  i»_9-^i) 

''    C  hjL^.  —  C^'  M  I4JUI.  —  '''  Manque  dans  M.  —  C'i  C  c:,!^^.   ~  ''    C  c:*i!i.j^, 
M  Àjli»*»,.  ensuite  réffulièreincnt  iulii^»»  dans  les  deux  mss. 


Puis,  le  roi,  inijiaticnl  de  partir,  se  mit  en  route;  ils  le  suivirent 
avec  les  troupes  dont  le  nombre  était  tel  que  la  terre  en  fut  couverte. 
Kaïkàous,  après  avoir  visité  le  Klioràsàn,  le  Djibàl,  le  Fârs  et 
l 'Iraq,  examiné  la  situation  de  ces  provinces  et  installé  les  agents,  se 
dirigea  vers  le  Yemen.  Lorsqu'il  arriva  près  de  ses  frontières,  le  roi 
niioû  'l-Adh'àr,  fds  de  Dhoù  '1-Minàr,  fds  d'Al-Râïsch  le  Himyarite, 
marcha  contre  lui  avec  les  Qail  liimyarites,  les  princes  de  Oalitàn  et 
les  tribus  des  Berbères.  Une  bataille  terrible  s'engagea,  et  la  pleine 
coupe  de  la  mort  fit  ])ien  des  fois  le  tour  dans  les  rangs.  Dhoù'l-Adli'àr, 
vovant  qu'il  ne  pourrait  soutenir  la  lutte  contre  Kaïkàous  qui  était  si 
puissant,  inclina  à  l'accommodement  et  lui  fit  faire  des  propositions 
de  paix.  Il  s'engagea  à  paver  un  million  de  pièces  d'or,  avec  mille  vête- 
ments brodés  d'or,  mille  poulains  arabes  et  mille  lances  yemenites, 
et  à  lui  donner  en  mariage  sa  lille  SoVlà,  appelée  en  persan  Sôdhà- 
neh,  dont  la  beauté  et  la  grâce  étaient  telles  qu'elle  est  citée  en  pro- 
verbe. Kaïkàous  en  avait  entendu  ])arler  et  était  épris  d'elle;  aussi. 


inSTOIRF.   DES  ROIS   DES   PERSES.  150 

^,i— .>-aiJl  J,I  (i;<_>L^t  Lg-*-»  7  »  Ll  lii-i  L^^yl  JUj  L^  ^-tw  ^_j-^^-5vs^ 
a_jLs->'  J— *-^  i?Ljl^?!  _LsJL_4v|^  A^<sj  '  ^3jj^  .iu^"!!!!  .i^^j  .ij^'l^ 

^o^_-i_«wi_>o     .\--î-J    '^'1)    c:^>wJl5o    ^   Ig  g>«J    t:i./>-=k.sÀ.^    ufi^-»-^    (^j"v=»^   l^LaJ 

'I  CU^I.  —  '■-'  M  ji.     -    '•**  Ces  mots  mai)([ueiit  dans  M.  —   '■'*'  M  144^^5,  '"••"M'"' 
dans  C. 


lorsqu'on  lui  (Il  espérer  de  la  ])ossé(ler,  il  consentit  à  la  paix.  Dlioùl- 
Adh'àr,  (idele  à  sou  eu<,raj.,M'nu'nt,  fit  conduire  Sôdhàneh  eu  cortège 
nuptial  avec  d'innombrables  ricliesses  à  Kaïkàous  qui  fut  cbarmé 
d'elle,  coninie  elle  fut  charmée  de  lui;  il  se  trouvèrent  en  parfait  ac- 
cord et  s'aimèrenl. 

Dhoù'l-Adli'àr  résolut  ensuite  de  prendre  Kaïkàous  dans  un  guet- 
apens.  Il  l'invita  chez  lui  avec  ses  chefs  d'armée  et  ses  soldats  et, 
lorsqu'ils  eurent  déposé  leurs  armes  et  qu'ils  furent  assis,  devisant 
familièrement  et  en  toute  confiance,  il  ferma  les  portes,  saisit  Kaï- 
kàous, les  chefs  d'armée  et  les  généraux,  les  sépara  les  uns  des  autres, 
réduisit  eu  captivité  les  officiers,  tua  les  plus  illustres  et  s'empara 
de  leurs  bagages.  Il  enferma  Kaïkàous,  Tous  et  Kiw  dans  une  fosse 
qu'il  couvrit  d'une  large  pierre,  et  les  fit  garder  par  ses  hommes  de 
confiance.  Il  voulut  ramener  Sôdhàneh  dans  son  palais,  mais  elle  s'y 
refusa;  elle  déchira  ses  vêtements,  coupa  ses  cheveux  et  s'éloigna, 
disant  :  «  Par  Dieu,  je  jure  que,  si  tu  m'empêches  d'aller  chaque  jour 


160  HISTOIRE   DES  ROTS  DES   PERSES. 

.'  ws_,Ja_và'  «Uj-A^  J  .Jj_5^t  ..:l/_^iyCx]_;  <.^=^Lg_)  ,_^.<s?>-|;'î^l  ci/Jtijj 
^_y3\jl  ^^:^ — )s — )\  »  ,'  ^N.  à  J|  >.::,/^U**  ^JoU'  ^::,A^Llfi«  >c.^*^sJa.-vi>l»  s,  g  V»"  (o'w' 
^■^j-^j    r>-^y-^  <^-  >>    ^J    l-^U   <^j  J-^J-c]^   (5''L^Lij_cl  ia-^t   ^-^ 

'*'  Ces  mots  manquent  dans  C.   —  '-'  C  LCi.  M  Lgjl^j  c:*jLC»  I^j';^-    -    ^^'  M  t_»l>ia«l. 
—  (»)  .Manque  dans  M.  —  W  C  l^Uisl .    -  (^    ^  ^^_^|  o^^v.^^  3;!jJi  <^jJ^y  — 


à  Torifice  de  la  fosse,  je  me  tue!  »  H  la  laissa  donc  agir  à  sa  guise. 
Elle  visitait  chaque  jour  Kaïkàous,  lui  faisait  tenir,  ainsi  qu'à  ses 
compagnons,  ce  qui  pouvait  améliorer  leur  situation  et  les  maintenir 
en  vie,  leur  ap])ortait  des  vêtements  et  cherchait  à  adoucir  leur 
sort. 

Lorsquf  la  nouvelle  de  ce  qui  était  arrivé  à  Kaïkàous  se  répandit, 
que,  sur  le  taux  bruit  de  sa  mort,  il  se  produisit  des  j^aniques  et  que 
l'on  se  mit  à  douter  qu'il  fût  encore  vivant,  il  y  eut  une  grande 
commotion  dans  l'Irànscliahr;  il  surgit  des  troubles,  les  factions 
s'agitaient,  la  terre  fut  ébranlée,  des  bruits  sourds  se  firent  entendre 
au  centre  même  et  sa  maladie  devint  grave.  Les  rebelles  prirent  la 
campagne,  les  Arabes  se  mirent  en  mouvement,  et  Afràsiyàb,  sai- 
sissant l'occasion,  envahit  l'îrànschahr  et  porta  ses  ravages  aussi  bien 
sur  les  frontières  que  dans  l'intérieur  du  pavs;  selon  son  habitude,  il 
ie  dévasta,  pressura  les  habitants,  enleva  les  richesses  et  les  trans- 
porta dans  le  pays  des  Turcs.  Et  cela  dura  ainsi  jusqu'à  ce  que 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSEÎÎ.  IGI 

^ji_il  <J>'sx|^  ^3-*-"-J'  ô~'JJ  '^-ïS^I'^l   3'^j 

li  J^ — wU  L_g_3jL2  lli—i  ^Lj'>-^  •wT^-'  w'-î^-^'-*^!}  •ï>-<vï-^  ^.>vXj  <jL<çt_S 

X_fWj     AjJj->^     ^jSyjL     y'y^aj^    ?i0^j     «C^LjjIt    ^Ij    LZ^-»    -.^-^-    s_5w£ 


Rouslcm  se  mil  ch  devoir  d'éteiiKln'  la  conflaj^ralion,  de  réparer  le 
mal,  de  souder  la  rupture  et  de  secourir  le  peuple. 

HOUSÏEM   SK   HEM)   DANS  LE  YEMEN    POUK   l)Él,l\  KEK   KAÏkVOLS. 

Les  Iraniens  des  diilérentes  provinces  se  réunirent  auprès  de  Zàl 
et  de  Roustem  dans  le  Zàboulistàn,  acceptèrent  leur  direction  et  se 
rangèrent  sous  leurs  drapeaux.  Roustem ,  après  avoir  lait  ses  prépa- 
ratifs pour  l'expédition,  les  mit  en  marche  avec  des  forces  considé- 
rables et  un  nombreux  équipage  et  en  emmenant  avec  lui  le  drapeau 
des  Kaïanides.  En  apj)rocliant  des  frontières  du  Yemen,  il  envoya  un 
message  à  Dhoû  l-Adh'àr,  le  mettant  en  demeure  de  rendre  la  liberté  à 
Kaïkàous  ou  d'accepter  le  combat.  Dhoû  'l-Adh'àr  choisit  la  guerre  et 
se  présenta  avec  une  armée  mugissante.  Mais  lorsqu'il  vit  les  Iraniens 
et  leur  nombre,  qu'il  se  représenta  leur  valeur  et  leur  impétuosité 


162  IIISTOIIIK    DKS   IK)IS    DKS    l'KHSKS. 

u«  <_:i.«\  ,_4c  L-JL-À-Vtj»    -i^L3vs^  <^!y^.*tJ  UJJo  *^'i  ^  |f^-**')    LtûL*»^» 


y    '-^   ^ 


<— "^->-^    '  v^r»  ^_;-^LSvis5  ^jr=»-];  <JS^^'i  jLcis'isItji  J-Jtij  |?Ll|^t  j^tU-c 

l  fl  «  «xl  <  cio^  l^A*.  (j-^***  L«_L«»5\-««.  jj  (j-^U»  '"làLï^ 

«<!La.  ^..^sL^j    <_;^tp^   <_,jj  ;^:A..^3^j  iO)«oUîp|   ^_j^LSyi.5   J^l  iviijls 

(')   MaïKjue  dans    C.    —    M  MaïKiiic   dans    M.  —   (»)  Mss.  jj:.JL,,.   —    ''''  Mss.  ^j*. 


et  qu'il  entendit  parler  de  l'invincibilité  et  de  la  bravoure  de  Rous- 
teni  réussissant  en  toutes  ses  entrej^rises,  il  en  vint  à  composilion. 
Roustem,  qui  chercliait  à  sauver  Kaïkàous,  pour  la  vie  duquel  il 
craignait,  s'y  prêta  volontiers.  Les  négociateurs  allaient  d'un  cani|) 
à  l'autre  jusqu'à  ce  qu'il  fût  convenu  que  Dhoû'l-Adh'àr  mettrait  en 
liberté  KaïLàous,  Tous,  Kiw  et  les  autres  prisonniers  iraniens  et  qu'il 
leur  rendrait  leui-s  bagages.  Dhoû'l-Adhar  exécuta  ces  stipulations, 
lit  sortir  Kaïkàous  de  sa  prison,  où  il  avait  passé  quelques  années, 
et  le  remit  à  Roustem.  C'est  de  lui  que  jDarle  Aboû-Nowàs  dans  sa 
qasîda,  dans  laquelle  il  se  fait  gloire  du  Yemen  : 

l'.t  Qàboùs  a  langui  dans  nos  chaiiios  sept  aniK-cs  bien  compiles. 

Kaïkàous  fut  rejoint  par  ses  compagnons,  il  rentra  en  possession 
de  ses  trésors,  sa  situation  se  releva,  ses  soldats  arrivèrent  successive- 
ment et  son  armée  devint  plus  nombreuse  qu'auparavant.  Alors  il  se 
mit  en  route  avec  ses  troupes  ])onr  retourner  dans  ses  Etats,  emme- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^ — u>  "^.Is  L  g  5  ->  Lgj  c_9>-cj  <jjL^  ,__«JI  ^  <j'i^_*v 

ë's Jtjî    J^-^*--^    ^*    "^j'-^     '    '^)J    ^^*^*   i->>-*-*<'   i  gl  tT^j    Lg-i-^    ^JJ    ^^ 


liant  nvcc  lui  Sùdliàncli  acc(im|)ajfnée  de  milU'  esclaves.  En  consi- 
(léialioii  (les  droits  qu'elle  avait  à  sa  reconnaissance,  il  la  combla  de 
f^ràces,  l'cleva  à  un  liant  rang,  en  fit  la  princi|)ale  de  ses  ieninies  et 
lui  donna  la  direction  de  sa  maison.  Quand  il  arriva  dans  l'Iraq,  les 
rois  vassaux  et  les  seigneurs  vinrent  à  sa  rencontre  avec  des  cadeaux 
et  des  ollrondes  et  lui  rendirent  liomma<^e. 


KAIKAOLS  CHASSE  AFRASIVAB   DK  I.'IRANSCHAHH. 
FONCTIONNEMENT    RÉ(;LL1EH    DE    SON    COI  \  ERNEMENT. 

Ensuite,  Kaïkàous  adressa  à  Afràsiyàb,  ([ui  était  à  Raï,  une  lettre 
dans  laquelle  il  lui  disait  :  k  Maintenant  que  tu  nous  as  montré  ta  vilenie 
et  ta  mauvaise  foi,va-t-en,  retourne  dans  ton  pays  et  laisse  à  son  légi- 
time possesseur  ce  qui  lui  appartient.  »  Alràsiyàb  lui  fit  dire  :  «  Ma 
réponse  sera  ce  que  tu  verras,  non  ce  que  tu  entendras.  »  Et  il  marcha 
contre  lui  avec  ses  troupes.  Lorsque  les  armées  se  rencontrèrent. 


Ifi'l  HISTOIUK    DF.S   ROIS   DKS   1>KRSKS. 


une  bataille  terrible  s'engagea  :  on  combattait  avec  fureur,  les  lances 
foncées  s'enchevêtraient,  les  sabres  brillants  se  croisaient.  Afràsiyàb 
fut  mis  en  déroule  et,  seule,  la  circonstance  que  son  terme  n'était  pas 
encore  arrivé  le  préserva  d'être  lacéré  par  les  sabres  tranchants  et  de 
devenir  la  proie  des  accidents  mortels.  Il  s'envola,  rapide  comme  le 
vent,  en  compagnie  de  ceux  qui  fuyaient.  L"Iràq  les  vomit,  le  Djibàl 
les  cracha,  le  Khoràsàn  les  secoua,  les  rejetant  dans  la  Transoxiane. 

Kaïkàous  se  rendit  dans  le  Fàrs  où  il  examina  avec  soin  les  affaires 
et  fit  rayonner  le  bonheur  sur  la  province.  De  là,  il  passa  dans  le 
Khoràsàn  et  revint  à  Balkh.  Il  eut  soin  de  reprendre  toute  frontière 
qui  avait  été  envahie,  de  récupérer  tout  ce  qui  avait  été  pris  injus- 
tement, de  réduire  tout  rebelle.  Il  était  comblé  des  faveurs  de  la 
fortune,  il  voyait  les  affaires  de  l'Etat  en  bon  ordre  et  son  règne  de- 
vint plus  florissant  et  ])lus  prospère  qu'on  ne  l'avait  jamais  vu  et  connu. 
Il  accorda  des  robes  d'honneur  à  Tous,  à  Kivv  et  aux  autres  chefs  et  leur 
conféra  des  gouvernements.  Quant  à  Roustem,  il  le  nomma  Sepahhcdh 
de  1  Iran  et  le  confirma  dans  son  gouvernement  du  Nimroûz,  du  Zà- 


HISTOIRE   DKS   ROIS   DES   PERSES.  165 

^_à — ^aJ|^  Js_)i>jii^  )— ^'  ^^y^  ^-^  J~-«^-^^  ^~^T^    TT'"'^  J-r-^.  *.5Vj 

^j-e   ^_/oIwvàJ|^    L!>-M-^l    ^-*J!   ^::-J^-?>   ^■-1ê3J|_j    <^L.bJ|^   ^yaL^JL    ^_j«L^'L 

^_c  4i'iA_>si)L  <_>jLc  c_>j-3J  ^LL-is^l  5  iL«j  ^_A..^^t,  v,>,.,;^L  j,.A\ 

f"  C  *;J.^**oL,  M  *jJv4>-«,L.  —  t-l  G  JljLj.  —  ™  M  l^m.         <■')  G  ajoulc  JyJI,. 

—   (5)    CiU,    M;^. 


boulislàn  et  de  l'Inde;  il  le  fit  revêtir  d'une  robe  d'honneur  et  le  ren- 
voya dans  son  royaume. 

KAÏKÀorS  C.ONSTRUrr   À   HARYI.ONK  I, A  TOUK   D'Oi;    IL  MONTE  AU  CIEL. 

Kaïkàous,  lorsque  Dieu  eut  fait  monter  très  haut  sa  renommée  et 
son  prestige,  qu'il  eut  soumis  à  son  pouvoir  toutes  ses  régions  et  les 
meilleurs  de  ses  serviteurs  et  qu'il  lui  eut  fait  acquérir  une  opulence 
telle  qu'on  n'en  avait  connu  de  pareille  à  aucun  de  ses  prédécesseurs, 
établit  sa  résidence  dans  Tfràq  et  fit  construire  à  Babylone  la  haute 
tour  comprenant  des  compartiments  de  pierre,  de  ter,  de  laiton,  de 
cuivre,  de  plomb,  d'argent  et  d'or,  et  on  lui  y  apporta  les  présents  et 
les  tributs  de  Roiim,  de  l'Inde  et  de  la  Chine.  Alors  Satan  vint  de 
nouveau  le  mener  et  l'égarer,  de  sorte  qu'il  tomba  en  démence  etper- 


I()C.  IllSTOlUK    DKS    l\()IS    DKS   PKUSKS. 

w.©-^     .   g  -^^^^JL^U   uî)vtAii.l  ^_j;1jo«   'LtwJl  ^  .i»_«_N^|  ?«-^jls   <Js^  jIL 
^oJki.  ^^13  ^>^A_H_)t_'i    ■\ji  ^   '^^-*-J.y^  y^s  \jti-y^^y^  O^J-^^  «iiu^l 

^■-_à_« — ^  .^-jiUk.  lit-»  ^UvwJjj  ^y^  c)"^  ^  (^-W-«  t-T-ait  ^.ij^oLL»  (jjok- 

-J. «^'L     ^>i)^l      J,!     wJa-ïL*»^"     LgJC-^vS^t     ^_f«_t\iJl     <^iysJ\ti     ^y^\     ^^ 

<^    g    '"-^    Ji'  ^_^L3v — <s-^     W  i>  ^   ,■>)  7^%-^   ^\  i^^yti-MKj  ;.:i/OLS»j  ci^U^s™^ 


(lit  toute  retenue,  qu'il  sortit  de  sa  nature  et  qu'ii  se  flatta  de  l'espoir 
d  être  Dieu.  Il  résolut  donc  de  monter  au  ciel,  d'en  connaître  létat 
et  d'en  être  le  maître,  comme  il  l'était  de  la  terre  entière.  Il  fit  élever 
et  nourrir  quatre  aiglons,  et  quand  ils  furent  devenus  forts,  il 
monta  au  laîte  de  la  tour,  qui  était  d'une  hauteur  de  quatre  cents 
coudées,  fit  apporter  un  siège  léger  au\  quatre  coins  duquel  il  fit 
fixer  quatre  lances,  suspendre  à  leurs  pointes  quatre  morceaux  de 
viande  et  attacher  les  aigles  par  les  pattes  aux  pieds  des  lances;  et  il 
s'assit,  tout  armé,  sur  le  siège.  Les  aigles  prirent  leur  vol  du  haut 
de  In  tour,  avec  le  siège,  et  ne  cessèrent  de  s'élever  dans  l'atmosphère, 
cherchant  à  saisir  les  morceaux  de  viande  au-dessus  d'eux,  jusqu'à 
I  extrême  limite  de  l'espace  qui  sé])arait  la  terre  du  ciel.  Alors,  tour- 
mentés par  la  laim  et  ne  pouvant  plus  voler,  le  soleil  l)rûl;uit  leurs 
ailes,  ils  descendirent  à  terre  avec  le  siège  et  prirent  [)ied  dans  le 
plus  triste  état  à  Sîràf.  Kaïkàous  tomba  misérablement  et  s'évanouit. 


IIIS'IOIRK   DKS   llOIS   DKS   PKRSKS.  lOT 

<XJ^\  jdLj  v.::./><sivvj   L^^_^  L^   AjJ^   •'Ut*   (^-^-^L   ^Jj^l   ?->^-vC   Jj.g..^ 

ilïjj'   v^^   ^-—K-L^   vr^r-**-   ^^^«    .>wo'   ,^j-«   .X.**»J   U   ,^i— v^«  ^-5Lfl  |^j-«  ^^■w %ii_>  u 

«(■■g>jj  '.x^ 
("  M  j,^,>«jsv^.  —  (■-)  M  c^\^.  —  -^i  Mss.  e,yi.  —  :•')  M  ;!*.  —  ■-)  M  4^11. 


Mais  Dieu  ne  voulait  pas  qu'il  pérît;  car  il  savait  et  avait  décrété  que 
(le  Kaïkàous  (levait  naître  Siyàwouscli,  et  de  Siyàwousch,  Kaïkhosra. 
(|ui  (levait  laire  nicjurir  Alràsivàl). 

Lorsque  Kaïkàous  revint  à  lui,  brisé  et  anéanti,  les  n^ens  chez  les- 
quels il  était  tombé  lui  apportèrent  sur  sa  demande  du  lait  et  de  l'eau 
et  il  en  but.  C  est  pourquoi  cette  contrée  lut  appelée  Sirdf,  c"est-à-diie 
«  lait  et  eau  ».  Ensuite,  quand  ils  l'eurent  reconnu  et  qu'ils  lui  eurent 
rendu  hommage,  ils  l'installèrent  chez  eux.  Les  ffens  de  sa  suite  vin- 
rent  le  rejoindre,  ainsi  que  ses  chefs  d'armée  et  ses  familiers,  du  Fàrs 
et  de  l"Iràq,  et  le  ramenèrent,  dans  une  litière  portée  par  des  mules, 
à  Babylone.  Là,  se  dérobant  à  tous  les  regards,  il  se  livrait  à  la  dévo- 
tion et,  seul  avec  Dieu,  il  lui  oifrait  son  repentir  et  s'humiliait  devant 
lui.  Enlin,  le  reflet  de  la  majesté  divine  l'entoura  de  nouveau,  sa 
splendeur  reparut  et  les  disgrâces  qu'il  venait  d'essuyer  se  trouvèrent 
réparées.  Il  monta  sur  son  trône  et  les  chefs  d'armée  se  prosternèrent 
devant  sa  majesté. 


168  iiisToiui':  DES  uois  DKS  i>i-:kses. 

.^Lx^'  ^w^^_,  ^Lyi  J:^^^!,  ^:i/Jt  .^L^LS'^jU^  <i  ^^^^ 

r« — K.J     "  0>j_g_aL  ^_j-» *_N_<s_J    '"  .iLc^XJOvL    <_j^p<io  t_jâJ_sJu   4}«J==b'     .>»,<s*Jl 
")    C  »U^.  —  M    C  ;lilàill.  —  W   Mss.  A,  LyjJI  ^^  i)j.   —  !'i    MaiHine  clans   \l.  — 


NAISSANCE   HE  SIYAWOUSCII  ,   EU. S  DE   KAIKAOIS. 

On  av;iit  fait  préscnl  à  Kaïkàous  dune  esclave  d'une  inc()ni])arable 
beauté.  H  eut  commerce  avec  elle  et  elle  donna  naissance  à  Siyàvvousch, 
qui  était  comme  l'étoile  radieuse  et  la  nouvelle  lune;  puis  elle  mou- 
rut. Kaïkàous  confia  l'enfant  à  Roustem  et  le  chargea  de  l'élever. 
Ptoustem  l'avant  reçu,  lit  choisir  |)()ur  lui  des  nourrices,  le  garda  lui- 
niemc  avec  grand  soin  et  femmena  avec  lui  en  son  ])alais  au  Sedjestàn. 
Zal,  Roustem  et  Roùdliàwadli  ne  cessèrent  de  s'occuper  de  son  éduca- 
tion, de  l'entourer  de  respect  et  de  le  considérer  comme  aussi  pré- 
cieux que  leur  ouïe  et  leur  vue;  ils  ne  voyaient  le  monde  qu'en  lui, 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  grandi  et  fût  entré  dans  f adolescence,  qu'il  eût 
acquis  les  belles  manières  et  que  son  instruction  fût  complète,  à  tel 
point  que  tous  les  yeux  faillirent  le  dévorer  et  tous  les  cœurs  l'as- 
pirer. Alors,  Kaïkàous  l'ayant  ajipolé  au|)rès  de  lui,  Roustem  lui  pré- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  169 

«L^t  Je  J,L*j  4)1  js„ji_^  «lJI 


para  un  équipage  et  lui  donna  des  richesses,  des  montures  et  des  vête- 
ments brodés  d'or,  le  tout  digne  de  son  rang,  et  partit  avec  lui  pour  la 
résidence  de  son  père.  Lorsqu'il  en  approcha,  les  chefs  d'armée  et  les 
grands  vinrent  à  sa  rencontre  avec  des  éléphants  et  des  chars  dorés.  Ils 
mirent  pied  à  terre  devant  lui  et  se  prosternèrent,  et  ils  furent  émer- 
veillés de  sa  beauté  et  de  sa  perfection;  puis  ils  l'accompagnèrent  à  la 
cour.  La  ville  était  entièrement  décorée  de  brocart  d'or,  on  faisait 
pleuvoir  des  monnaies  d'or  et  on  répandait  du  musc  et  de  fambre. 
Sivàwousch,  avant  à  sa  droite  Tous  et  à  sa  gauche  Roustem,  et 
suivi  des  autres  chefs  d'armée  et  des  grands,  arriva  dans  la  salle  d'au- 
dience de  son  père  et  se  prosterna  devant  lui.  Kaïkàous  alla  à  lui, 
fenibrassa,  lui  baisa  les  yeux  et  le  lit  asseoir  devant  lui.  Il  se  mit  a 
le  regarder,  rendant  grâces  à  Dieu  de  l'avoir  favorisé  d'un  tel  fils, 
félicitant  Roustem  de  lui  avoir  donné  une  si  parfaite  éducation  et  lui 
en  témoignant  sa  reconnaissance.  11  lit  mettre  a  la  disposition  de  Sivà- 
wousch la  plus  belle  demeure  avec  tout  l'apparat  royal  qu'il  devait 


170  IIISTOIRK    l)i:S   HOIS    DKS   PKUSKS. 

L  .w«-  ,^_i,va_âJj^   ^^jujtJJ^  t_x_^|j  J^.;i=>jllj  U^  ^v>-<SV_)l  i]^ÂJ|j  ë-u^j   Jt-x» 

»  f-i    «<w-*>v-A-tt— >    I-  »  '  ^     "^-^sLc    ,?*-*-^J    <ïv<S^     jlU-ol   l')  «iLiicU    ,^ji»Us-«,    jJsJLf 

J|\  Uj  <-^L,A>.<J!  jpjt^j-il^  ^__^Li;Jlj  is-*vj  ,^_y^^  4)^/r^  ui^U^V  •ijj-SJl 

4_Ai      jLcjlI   v.:i.Ji_f^   4_>  Js^I  4__>j->v3j   .ij^v^i^   ^tAj   ^1^3   ^^^-a«-jl  J*"-^^ 
1')    CjQacl. 


avoir.  Ensuite  il  donna  Tordre  de  préparer  le  (estin  et  passa  quarante 
jours  avec  Roustem  et  les  chefs  d'armée  à  manger  et  à  boire,  à  en- 
tendre la  musique  et  à  se  divertir,  fêtant  le  retour  de  Siyàwousch, 
qu'il  combla  de  richesses  et  qu'il  lit  revêtir  de  magnihques  robes 
d'honneur.  U  distribua  à  tous  les  chefs  d'armée  des  cadeaux  considé- 
rables, et  à  Roustem,  en  particulier,  il  donna  les  objets  et  les  joyaux 
les  plus  précieux.  Siyàwousch,  tel  que  le  croissant  de  la  lune,  brillait 
d'un  éclat  de  plus  en  plus  grand,  de  sorte  qu'il  atteignit  le  suprême 
degré  de  la  beauté  et  de  la  grâce,  de  l'élégance  et  de  la  prestance  les 
])lus  parfaites  et  de  l'adresse  dans  les  arts  de  la  chevalerie,  ensemble 
de  qualités  qui  excita  l'admiration  des  hommes  et  le  désir  des  lemmes. 
U  devint  le  phénix  et  la  gloire  de  son  temps,  il  passa  en  proverbe  et 
on  composa  sur  lui  des  chansons. 


histotrp:  drs  rois  des  perses.  i:i 

s- 
^:i/JLi_J  L(fivX_a^   cl*^^   ufis-A^NO   J-^£}  io^'->^»i.j   Lf  ^_yij)^l   '•4<si-C  iji-oLs3^ 


<.Ao«Ovifc.  ^  ^3~"^  i^^và-àjj  <j^  *  1  Vi .)  Js_^3vO  <jLik.L  <jL.g^|  ^  ^»_»*»-oi 
<_-^  J^_b  ^  ^^1  J-iJOolj  %-g-vl  Jjifc.jJL  Wds-oL  Jj-jftbt  4_5jIaJ  -«Ljjil 

'"'  C  ^j^Tfy-    —  !-'  Manque  dans  C.  —  >•'    Manque  dans  C.  —  '''  M  (j^Ij- 


HISTOÏKK   Dr.   SIYWVOISCH   AVEC  LA   KEMMK  DP.  SON    PERE   SODA, 
NU.MMEE  SÔDHÀNEH,   FILLE  DU  ROI   DES  HIMYAHITES. 

H  arriva  à  Sôdhâneh,  ayant  vu  Siyâwousch  de  loin,  ce  qui  était 
arrivé  à  la  femme  du  gouverneur  d'Egypte  avec  Joseph  le  véridique  : 
elle  devint  éperdument  amoureuse  de  lui,  la  terre  si  vaste  lui  fut 
étroite,  sa  volonté  se  trouva  anéantie  et  sa  passion  atteignit  les  der- 
nières limites.  Alors,  un  jour,  elle  dit  à  Kaïkàous  :  «  Ce  que  jai  appris 
de  Siyâwousch  m'a  inspiré  pour  lui  l'amour  d'une  mère  pour  son  fils. 
Le  roi  ne  voudrait-il  pas  lui  permettre  de  venir  nous  voir,  nous  autres 
femmes,  ses  mères  et  ses  sœurs?  Nos  yeux  brilleraient  de  joie  de  le 
voir,  nous  lui  ferions  un  accueil  digne  de  lui,  nous  pourrions  avoir 
part  à  sa  lumière  et  profiter  de  sa  bonne  étoile.  "  Ses  paroles  firent 
plaisir  à  Kaïkàous,  qui  indiqua  un  jour  où  il  devait  leur  rendre  visite 


172  HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES. 

A — wlj    v^s-L^wJLJ   "OIj:   v.::.--Lo|.  4'   i^Js.^   J^_gJj|j^   Jj_gjUjj   Lgjil-v^ 
Jj_g^>^'  c:,ouLJj|^  ^Lsi-J'    >j'»!  ciyJLsJ^»  wA-olJL  vjJwi*siL  ;.i,^<o|j-i-'ij  3       1? 


et  il  ordonna  à  Sivàwouscli  de  se  rendre  auprès  d'elles.  Siyàwousch, 
n'obéissant  qu'à  contre-cœur  à  cet  ordre,  entra  dans  l'aj^partement  des 
femmes,  au  jour  fixé.  Sôdhàneh,  entourée  de  ses  lilles,  de  ses  coépouses 
avec  leurs  filles  et  de  leurs  esclaves,  vint  à  sa  rencontre,  se  prosterna 
devant  lui,  puis,  s'approchant,  lui  baisa  la  tête  et  le  visage.  Les 
autres  femmes  et  les  jeunes  filles,  à  son  exemple,  se  prosternèrent 
également  et  versèrent  sur  lui  des  monnaies  d'or,  des  perles,  des 
rubis,  du  musc  et  de  fambre;  les  cordes  des  lutbs  retentirent  entre 
les  mains  des  musiciennes,  qui  chantaient  ses  louanges  et  invoquaient 
pour  lui  la  grâce  du  ciel. 

Sôdhàneh,  avant  fait  asseoir  Siyàwousch  sur  le  trône  d'or,  s'assit 
devant  lui  et  se  mit  à  le  regarder,  non  avec  les  yeux  d'une  mcre,  mais 
avec  ceux  d'une  amante,  et  lui  dit  :  «  Je  rends  grâces  à  Dieu  de  m'avoir 
donné  un  fils  tel  que  toi,  qui  charme  les  yeux  par  sa  beauté  et  le  cœur 
par  sa  perfection.  Je  lui  demande  de  me  rendre  apte  à  te  sei'vir  et  de 
me  faire  trouver  le  moyen  de  gagner  ton  affection.  »  —  «  Et  moi,  ré- 
pliqua Siyàwousch,  je  remercie  Dieu  d'avoir  donné  au  roi  une  femme 


HISTOIRK   DES   ROIS   DRS  PERSES.  173 

j    i  ^  <ap  "^  «Ji—L-Llj  (.5vgJ!  <i>.^?  M=^  l^uJl  ^j*  J-t^-wlé  ^JuJa^Lo 

s- 

L  4I  c:^Li_i  ^_;r%-^  ^y*  U-''^^  cT  ^2>y^^  ^  '-^b!^  «LiJ_;J]^  «Uy' 

<_J|   ^   ^,-,_L_,   Je    Jt  "^^   c:JLiL3   J.jl._^  ^4     ^   -^^^    -^'^J 
(I)  M  i_jU.  —  (■-'  M  LuCl.  —  f^i   M  ^L_^cJO.  —  (^'  C  ^;Lï.  —  (*'  MaïKiuc  dans  C. 


telle  que  toi  comme  épouse  principale  et  maîtresse  de  sa  maison,  et  de 
m'avoir  fait  trouver  en  toi  une  mère  qui  ne  m'a  pas  mis  au  monde.  "  Et 
sur  ces  mots,  elle  recommença  à  l'embrasser  et  redoubla  ses  caresses. 
De  ses  paroles  et  de  ses  œillades,  Siyàwousch  nota,  non  une  page  de 
bonté  et  de  tendresse,  mais  une  page  d'amour  et  de  passion  ;  se  rendant 
compte  de  ce  qui  se  passait  en  elle,  il  eut  des  soupçons  et  il  se  leva 
pour  sortir.  Elle  lui  dit  :  1  Pourquoi,  ô  prince,  cette  hâte?  On  dirait 
tjue  tu  es  pressé  de  partir!  »  Siyàwousch  répondit  :  «  C'est  la  première 
visite  et  nous  avons  du  temps  devant  nous.  Répéter  est  plus  méritoire 
et  revenir  plus  heureux.  »  Elle  l'accompagna  jusqu'à  la  porte  de  l'ap- 
partement, faisant  des  vœux  pour  lui  et  recommandant  à  la  protection 
divine  les  parfaites  beautés  de  sa  personne.  Elle  revint  ensuite,  de  plus 
en  plus  en  proie  à  l'ardeur  de  l'amour  et  aux  frénésies  de  la  passion. 
Bientôt  Kaïkàous  entra  chez  Sôdhàneh  et  lui  demanda  ce  qu'elle 
pensait  de  Siyàwousch.  Elle  répondit  :  «  Si  je  n'étais  pas  certaine 
qu'il  est  ton  fds,  je  dirais  que  c'est  un  des  archanges.  De  même  que 
tu  es  sans  égal  parmi  les  rois,  il  est  sans  pareil  parmi  les  princes. 


17'4  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

>-iO->>J   J.     !>-£   ^>^   <_^::».L-^i_»   l^vA^   3t5   4!L'1    sJOoIs   ._^mi   ^t.*-?>   J^JutJu 

OsJâ-Aj»  .j_,Na.Ajlj    x_cwJl     .^y.AJL>»  .w^JiJIj       v»A_tusJ|      L^sîaJCAj   ijJoLO 

s- 
o..Jjjt    ^    ^j^LSyjJi     ^"t?    ''g-«"->l}    U)C-vvj   Lfcil^   ^'i   ;J-%^   1»'<-S^sj   ^J-e 

(')  C  .oUàJI.  —  :-^    M  I5ôl^.  —  '''  C   LJI.  —   (■'>  M  x^ds,.  --  1=^>  M  ^^Lu^.   — 
''•'  Manque  dans  M. 


Je  ne  me  doutais  pas  que  le  monde  pût  produire  un  homme  tel  que 
lui,  si  beau,  si  intelligent,  doué  de  toutes  les  vertus.  Que  Dieu  vous 
rende  heureux  l'un  par  l'autre!  Mais  j'ai  conçu  pour  lui  un  projet  que 
je  veux  te  communiquer,  si  tu  le  permets.  "  —  «  Quel  est-il.^  »  demanda 
Kaïkâous.  Elle  dit  :  «  Fais-lui  épouser  une  de  tes  fdles,  pour  que  le 
Soleil  soit  uni  à  la  Lune,  qu'une  merveille  soit  jointe  à  l'autre  et  que 
d'eux  naisse  le  plus  fortuné  des  astres.  ><  Kaïkâous  dit  :  «  C'est,  pour 
ainsi  dire,  ma  propre  pensée  que  lu  traduis,  et  tu  exprimes  exacte- 
ment ce  qui  est  en  mon  àme.  »  Et  il  lui  ordonna  de  faire  venir  Siyâ- 
wousch  et  de  lui  présenter  les  jeunes  lilles,  afin  qu'il  choisit  parmi 
elles  celle  qui  lui  plairait.  Cela  répondait  au  désir  de  Sôdhàneh  et 
lui  causa  une  vive  joie  et  la  soulagea.  Kaïkâous,  immédiatement,  fit 
appeler  Siyâwousch  et  lui  dit  :  «  Mon  fils,  tu  me  donnes  toute  satisfac- 
tion et  j'espère  que  Dieu  me  donnera  de  toi  des  descendants,  comme 
il  m'a  béni  par  toi-même.  Il  faut  donc  que  tu  prennes  une  femme 
dans  notre  famille,  avec  laquelle  tu  vixras  content  et  heureux.  Va  à 


IIISTOIUE    DKS   ROIS   DES   PERSES.  ITfi 

lA    J'—^i   ^^-^S-J^-^   ^rj^^~^      ovJols    ^^->  ^^^^^isl    3>X:^'«     "v4-<^  T""*"^^  5   i.^w«w^l 
Ss.::fc.Ltv   l.^f}    I^L?-   ;c^  ^::^^   ;tX,vajJ|^   ^.yjl   ^    - 


l'appartemenl  des  femmes,  où  Sôdliâneh  te  présentera  les'  jeunes 
fiHes,  et  choisis  l'une  d'entre  elles  avec  laquelle  je  te  marierai.  "  Siyà- 
wouscli,  après  avoir  baissé  la  tête  un  moment,  se  rendant  compte 
que  c'était  là  une  combinaison  de  Sôdbàneh,  dit  :  «Je  voudrais  que 
le  roi  me  donnât  une  épouse  de  son  choix,  car  je  craindrais  que  le 
mien  ne  s'accordât  pas  avec  le  désir  de  Sôdbàneh  et  qu'elle  lût  mécon- 
tente de  moi.  »  Raïkàous  se  mit  à  rire  et  dit  :  «  Mon  fds,  il  faut  que 
ton  épouse  soit  choisie  par  toi-même.  Sôdbàneh  t'aime  trop  et  s'in- 
téresse trop  à  toi  pour  qu'elle  soit  mécontente  de  ce  qui  ferait  ton 
bonheur.  Demande  l'inspiration  de  Dieu,  va  chez  elle  et  choisis  parmi 
celles  qu'elle  te  présentera.  »  Siyâwousch  se  prosterna  devant  lui  et 
dit  :  «  L'ordre  du  roi  doit  être  obéi.  « 

Sôdbàneh  se  prépara  pour  le  projet  qu'elle  avait  combiné  et  en 
fixa  le  jour.  Elle  s'occupait  avec  le  plus  grand  soin  à  se  parer  et  à 
s'embellir;  car,  avec  sa  beauté  et  ses  charmes,  elle  était  sorcière  et 
pleine  d'adresse;  et  elle  envoya  un  messager  après  l'autre  pour  inviter 


176  IIISTOIUK   DKS   ROIS   DKS   PKUSKS. 

>  g  ,")"^^i^  __i  <_A_L^s-i^*-*^'  J-^s'  Ll*-5  ^T^  S~^y^  o*vj''<s-**'  ^ii.'^c^  iyiftU 

J>.>Ofc.'«     ÏJOfc.'»     «CaJ-C    ■,Z^-~.^y£.^    <_^A>>JI    W5— *»-    ^J^    "OkXjtjl»    1-  g  ''1-"  -  >■    ujLo* 

(6  Mg;^. 


Sivàwousch  à  venir.  Lorsqu'il  arriva,  elle  alla  à  sa  rencontre  avec  ses 
filles  et  les  filles  de  ses  coépouses,  le  fit  asseoir  sur  le  trône  d'or  et 
les  lui  présenta  d'abord  individuellement,  puis  toutes  ensemble.  En- 
suite elle  les  éloigna,  s'assit  auprès  de  lui,  se  prosterna  et  dit  :  «Je 
sais,  ô  prince,  qu'aucune  d'elles  ne  te  plaît,  tes  yeux  étant  imprégnés 
du  charme  de  ma  personne,  dont  la  beauté  et  la  perfection  sont 
proverbiales  et  dont  la  pareille  n'a  jamais  été  créée  sur  terre.  Je  suis 
maintenant  forcée  à  rejeter  toute  honte  et  à  me  découvrir  devant  toi, 
car  je  faime  d  un  amour  que  je  ne  saurais  décrire  ni  exposer.  Si  tu 
lais  ma  volonté  et  si  tu  me  promets  de  garder  mon  secret,  je  te  ferai 
épouser  ma  fille,  je  te  donnerai  toutes  mes  propriétés  et  je  serai  ton 
esclave,  tu  obtiendras  mes  dernières  faveurs  et  je  m'abandonnerai 
entièrement  à  toi.  »  Elle  l'attira  à  elle,  fentoura  de  ses  bras  et  baisa 
sa  bouche.  Siyâwousch,  rougissant  de  pudeur  et  après  avoir  baissé  la 
tête  un  moment,  lui  dit  :  «  Tu  es  bien  telle  que  tu  t'es  peinte;  mais  tu 


HISTOIIΠ DES  ROIS   DES   PERSES.  177 

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lie  devras  jamais  appaiiciiir  (jiiaii  roi.  Ont*  Dieu  me  préserve  de 
Iraliir  mon  père  en  son  lionneur  conjugal  et  en  ce  qu'il  a  de  plus 
sacré!  Si  ton  intention  est  de  me  donner  ta  fdle  en  mariage,  parles-en 
au  roi;  de  mon  côté,  je  te  promets  de  garder  ton  secret,  à  condition 
([ue  nous  demeurions  dans  les  rapports  qui  existent  entre  un  fils  ef 
une  mère.  »   Puis  il  s'en  retourna  chez  lui. 

Lorsque  Kaïkàous  entra  chez  Sôdhâneh,  elle  lui  dit  :  Je  viens  de 
présenter  à  Sivàwousch  toutes  les  jeunes  filles;  c'est  ma  iille  qui  lui  a 
plu.  »  Kaïkàous  en  lut  heureux  et  dit  :  «  Je  la  lui  donne.  »  Et  il  fit 
porter  à  cette  jeune  fdle  de  f  argent,  des  objets  précieux  et  des  jovaux. 
Sôdhâneh,  ensuite,  par  des  messages  répétés,  invita  Sivàwousch  à 
venir.  Lorsqu'il  se  rendit  enfin  à  son  appel,  elle  resta  seule  avec  lui  et 
lui  dit  :  Il  Le  roi  t'accorde  ma  fille  en  mariage  et  il  lui  a  donné  des 
richesses 'nnombrables.  Mais  ce  dont  je  t'ai  fait  part  de  ma  violente 
passion  et  de  mon  extrême  amour  pour  toi,  ce  sentiment  est  tel  qu'il 
m'étoufie  et  qu'il  me  rend  tout  à  fait  misérable.  Si  tu  as  pitié  de  moi. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

JN-s-U=  J,l  ^s^^^^\j  ^S-^^^^l}  <S-^^J   ''c)^  <5^  (j^  J^ 

11)   M  JU.   —   (-'   MaiHiur  dans  C.   —  Pî   Maïuiu,'   dans   M.    ^    (')  M   ^^L.^.^-^  .    — 
t'I  M  JJ. 


si  tu  viensà  mon  secours  et  que  tu  te  rendesà  mes  désirs,  je  te  donnerai 
toutes  mes  propriétés,  je  balayerai  de  mes  cheveux  le  sol  que  tu 
foules,  je  te  ferai  un  tapis  du  noir  de  mon  œil  et  du  fonds  de  mon 
cœur.  »  Elle  fondait  en  larmes,  priait  et  suppliait  et  ne  cessait  de  se 
prosterner  devant  lui.  Siyàwousch  lui  répondit  :  «  Je  l'ai  déjà  dit  que 
je  ne  trahirai  pas  mon  père  et  ne  m'exposerai  pas  au  feu  (\p  l'enfer  et  à 
la  honte  en  commettant  l'action  à  laquelle  tu  m'in\ites.  Je  me  tiens 
à  cette  réponse.  Il  n'est  pas  dif^ne  de  toi  de  vouloir  séduire  ton  iils, 
toi  qui  es  la  principale  et  la  directrice  des  épouses  et  la  reine  des 
femmes.»  Sôdhâneh  dit  :  «Je  jure  par  Dieu,  et  l'on  ne  peut  jurer 
par  plus  grand  que  lui,  que,  si  tu  ne  fais  pas  ma  volonté  et  si  tu  n'as 
pas  pitié  de  mon  triste  état,  je  te  prendrai  en  haine,  je  te  ferai  sortir 
du  royaume  de  ton  père  et  je  foulerai  ton  sang!  »  Siyàwousch  s'étant 
levé  pour  sortir,  elle  s'attacha  à  lui  et  dit  :  «  Je  viens  de  te  dévoiler 
mon  secret;  tu  vas  te  tourner  contre  moi  et  tu  veux  me  déshonorer!  » 
Sivàwousch  répondit  :  "Je  jure  que  je  ne  divulguerai  pas  ton  secrel 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  179 

jj\   y    >jl  j^5>*_a.j:lX_?  Sy_>Vp^  iijJUj  '^r-^  S>>-Âww  J,  ci/jlj  J^LL^  i_$-^\ 

<*wj^  «c_cd_j  ;2i  (j^ii  ^j..jujj\  uX.iX=Jt  'i  4]]^  ciJLsj  JoLÂ_vt|j  ^LSs-o 
byôj  Ijyi  -'i^Lu  jJa^l  J^  JoJU^)l^  Jyt^Wi 

('*  M  JiiiAi)^  Jj:«  ^iy.  —  '■-'  C  ,^âé  J,Aj-,  M^jôe  j-ij-y  duU^i).  —  W  M  a]^.  — 


et  ne  te  déshonorerai  pas  et  que  je  ne  manquerai  pas  aux  égards  qui 
te  sont  dus,  car  je  te  considère  comme  une  noble  dame  et  une  mère 
respectée.  Ainsi  laisse-moi  m'en  retourner  chez  moi  et  m'occuper 
de  mes  affaires."  Elle  dit  :  «Non,  par  Dieu,  je  ne  te  laisserai  pas 
partir,  à  moins  que  tu  ne  satisfasses  mon  désir  par  l'embrassement  et 
l'étreinte  et  que  tu  ne  rafraîchisses  mon  foie  brûlant  par  trois  baisers.  » 
Siyàwousch  la  repoussa,  s'en  alla  à  grands  pas  et  regagna  sa  demeure. 

HKSSE-NTIMKNT  DK  SÔDHÀNEH  CONTHE  SIYÀWOI  SCH. 

SON   AMOUR  SE  CHANGE  EN    HAINE. 

ACCl'SÉ  KAIJSSEMENTI'AK  ELLE,  IL  EINIT  PAR  ÈTREMCTIME  DESA  MECHANCETE. 

Sôdhâneh,  ayant  perdu  tout  espoir  de  voir  Siyàwousch  se  rendre 
à  son  désir  et,  sous  le  coup  à  la  fois  de  la  froide  déception  qu'elle 
venait  d'éprouver  de  sa  part,  de  son  ardent  ressentiment,  et  de  la 


180  HISTOIRK   OKS   ROIS  DKS  PERSKS. 

.^_g SI — fu«    s — ~a — ii — )'   ^j-e    <<_^^v.a_J!  i:;„'.xijj|   ,,^^  ^jj^   '»^-*-«  c^/^KjJ 

1.  çl  ^-.ILs    ^  l^JU*-   v)-C    LgJL*0    <j|i^_*v   J.I   J^^i»   Lt)3ols    ^j^jLSvsb 

^:;,v_>wJb    U  jLiLJ  ^  ^y-'  '^  J"-*-**  ^y*-^  t_?-^'«  *.5Vr'^  "^-^si-c  o^'^sX*-/*' 

Jlâj  ^,La_«*_^  Le^  j^  gA^^^Ul  Jjt  •^^t  ^L^^t  ^  Lg>i-c  (^L*_tv^t 
'jt  ^'ï  ,^5LL  vA_j  ^._**^  .^r-*-!^  (j^^  4)^-sâj  j  U  LiJ-<c  ..^^  -i^^^  J)'  '^' 


crainte  que  son  secret  ne  fût  rendu  public  par  lui ,  lacéra  ses  vêtements, 
s'arracha  les  cheveux,  se  frappa  le  visage  et  se  meurtrit  la  poitrine, 
pleura  et  poussa  des  cris,  et  ses  esclaves  pleurèrent  avec  elle.  Kaï- 
kàous,  surpris  d'entendre  cette  clameur  qui  montait  de  l'appartement 
des  femmes,  entra  chez  Sôdhàneh  et  lui  demanda  ce  qui  lui  était 
arrivé.  Elle  répondit  :  «  Saclie  que  Sivâwousch  a  voulu  me  faire  vio- 
lence en  disant  qu'il  ne  désirait  pas  d'autre  femme  que  moi,  et  comme 
je  lui  ai  résisté,  il  m'a  frappée,  m'a  arraché  les  cheveux  et  m'a  mise 
en  l'état  que  tu  vois.  "  Kaïkâous  dit  :  "  Tu  aurais  bien  pu  te  dispenser 
de  t'attirer  ce  qui  t'arrive  par  ta  propre  maladresse  et  par  ta  sottise!  " 
Il  donna  l'ordre  aux  femmes  qui  l'entouraient  de  se  retirer,  ht  appeler 
Sivâwousch  et  lui  dit  :  «  Cette  femme  rapporte  de  toi  un  lait  que  je 
ne  puis  croire  et  je  ne  te  soupçonne  même  pas;  car  c'est  moi-même 
qui  t'ai  envoyé  auprès  d'elle  malgré  ta  résistance.  Maintenant  dis-moi 
exactement  ce  qui  s'est  passé.  ^  Siyàvvousch  lui  raconta  l'aventure  du 
commencement  à  la  fin.  Sôdhàneh   lui  donna  un  démenti  et  pro- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  181 

sLi^   L.gJ>Js-^ii_>  I   ^ilLLI    "m    «Oli^-**-  <.::^y£.   Lli^   olc  ,Jlc  i,i/0>X^ 

^1     4 «Js_JLJO    ^  g  ■^  y-»  ■    ^    U     -^  °  ■■■  "'    ^1    '3  Lg-*JL4v.    jU    l  gA  Wr  I^  y.  g  t',;\    4_Aj.| 

t'i   M  J^.  —  '-'    Maiiqiif  dans  C.  —  '^J   Mss.  «jJLwj.    —    "   C  JUi. 


(lulsil  son  accusation  une  seconde  fois.  Kaïkàous,  pensant  qu'entre 
eux  deux,  se  contredisant  l'un  l'autre,  il  ne  devait  juger  que  sur  une 
preuve,  prit  la  main  de  Siyàwouscli  et  la  flaira  :  il  ne  lui  trouva 
aucune  odeur  pouvant  faire  supposer  qu'il  eût  touché  cette  temme, 
qui  était  parfumée  et  imprégnée  de  senteurs.  Alors,  apostrophant 
rudement  Sôdhàiieh,  il  la  chassa,  après  avoir  songé  à  la  tuer.  Il  avait 
renoncé  à  ce  dernier  parti,  parce  qu'elle  occupait  une  large  place 
en  son  cœur,  qu'elle  lui  avait  donné  de  nombreux  enfants  et  à  cause 
de  la  reconnaissance  qu'il  lui  devait.  Il  ordonna  à  Siyâwousch  de 
regagner  sa  demeure  et  de  garder  le  silence  sur  cette  aventure. 

Sôdhàneh,  avant  compris  que  le  roi  n'avait  pas  cru  en  ses  paroles 
et  craignant  que  son  cœur  ne  se  détournât  d'elle,  eut  recours,  le 
lendemain,  à  l'imposture.  Elle  fit  venir  une  femme  enceinte  de 
quatre  mois,  lui  donna  de  l'argent  et  lui  demanda  d'avorter,  afin 
de  pouvoir  présenter  à  Kaïkàous  le  fœtus  comme  étant  celui  dont  le 
coup  que  lui  avait  porté  Sivâwousch  l'avait  fait  avorter  elle-même. 
Cette  femme  lui  dit  :   «Je  ne  me  plaindrai  pas  d'une  blessure  par 


182  IIISTOIRK  DES  ROIS  DES   PERSES. 


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^â—ljj    oiLg-^    ^T  ils   <  »  S^-^   ^1,1   ^^^   ot^^^^    S-'^j''    J,'-"-^  ^Js_^^ 
'''  M  l^.  —  '-'  -M  o-iJs,  et  ainsi  plus  bas.  —  '"''   M  ^Ui-  —    '    M  i^-cJLo. 


laquelle  lu  trouveras  ton  contentement.  "  Elle  prit  alors  un  breuvaj^e 
uhortif  et,  au  temps  de  minuit,  elle  accoucha  de  deux  fœtus.  Sôdhàneh 
les  fit  déposer  dans  un  plat  d'or  et  recommença  à  pleurer  et  à  pousser 
des  cris.  Elle  dit  aux  esclaves  :  «  Regardez  ces  deux  enfants  que  le 
coup  de  Siyàwousch  a  fait  naître  avant  terme!  »  Les  esclaves  se  mirent 
à  pleurer  et  à  crier,  et  leurs  clameurs  furent  telles  qu'elles  réveil- 
lèrent Kaïkâous.  Celui-ci,  s'étant  rendu  auprès  de  Sôdhàneh,  la  vit 
couchée,  les  vêtements  tachés  de  sang  et,  devant  elle,  dans  le  plat, 
les  deux  fœtus.  Elle  lui  dit  :  »  Tu  n'as  pas  voulu  me  croire  et  tu  t'en 
es  laissé  imposer  par  mon  adversaire;  maintenant  mon  état  atteste  la 
vérité  de  ce  que  j'ai  dit.  » 

Kaïkâous,  fort  perplexe,  rentra  dans  sa  chambre  à  coucher;  mais 
il  s'agita  sur  son  lit  et  ne  put  trouver  du  sommeil  jusqu'au  matin. 
Il  fit  alors  appeler  les  astrologues,  les  mages  et  les  devins,  leur 
montra  les  deux  fœtus  dans  le  plat  et  leur  ordonna  de  faire  des  obser- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  183 

j'I  ^  y^j^  Ls-kLsjj  L<sÂ3  LjàÀi  LtK-Aï  '\j*ji  "Oiiâ-vv 


ïL — Il  ijc  fv-^   iOjSaJu)    ■■i;|j_g^   ^_j«jL5vS^    ;^  jU   <_iti^-w  ^  ^  l^ 

J- (W^    L_.g — su — bl     y    n    g    ■'   i.::jiJv_£6j   «.^^^^^ij-S^L   i.:Jv>-=»X5   L.g>s^    ^_^i^>JCjUj I 

^ — i^ — S     -^^U-A;   4K-aJ.L    J--^t  ^   Isâj».  ..:i^tf    U  i^ls    i^Lu/    5:<JaLi>L«. 
jl    ^L-A,-* '^^ ")    p ^\    '^— S'y-*    uY'    ^)-^;    i^J>-4-***-'    L*-^^î-*J'     .\  ij.>>Jsj    ivJâ?» 

(')  M  ^JA3.  —  (-■'  M  \^j.  —  '    M  L^jdaJÙ.!.  —   '    M  i^j^.   —  ''■>•  Manciue  cl.ins  C. 
—  C"')  Miuuou. 


valions  et  de  chercher  à  connaître  s'ils  provenaient  de  Sôdhàneh 
ou  dvine  autre  femme.  Après  de  nombreuses  observations  et  de 
loiij;ues  déhbérations,  ces  personnaj^es  furent  unanimes  à  déclarer 
([ue  les  deux  enfants  n'étaient  ni  de  Sôdhàneh  ni  de  Kaïkàous,  et, 
par  k'ur  perspicacité  et  leurs  enchantements,  ils  désignèrent  la  femme 
(jui  les  avait  mis  au  monde  et  indiquèrent  le  lieu  où  elle  se  trouvait. 
Kaïkàous  donna  l'ordre  de  la  rechercher  et  de  la  soumettre  à  l'inter- 
rogatoire le  plus  rigoureux.  On  la  trouva  et  on  l'amena.  Menacée 
d'avoir  les  mains  et  les  pieds  coupés  et  les  yeux  arrachés,  elle  finit 
par  avouer  qu'elle  avait  mis  au  monde  les  deux  fœtus.  Sôdhàneh  dit  : 
«Cette  femme  est  une  menteuse,  une  misérable,  une  sorcière;  elle 
parle  ainsi  par  crainte  de  la  mort  et  de  la  mutilation;  et  ceux-là  sont 
des  menteurs  et  des  sorciers;  ils  mentent  parce  qu'ils  prennent  parti 
pour  Siyàwousch  et  par  crainte  dé  Roustem,  son  maitre.  Ces  enfants 
sont  indubitablement  de  toi  et  à  toi.  Si  tu  punis  mon  ennemi  de 
leur  mort,  à  la  bonne  heure;  sinon,  je  demande  à  Dieu  en  grâce 
de  me  rendre  justice  de  lui.  "  Et  elle  versa  des  larmes  dont  Kaïkàous 


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1  HISTOIRE   DES   KOlS   DES   PERSES. 

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se  sentit  eniu  et  sa  conviction  lut  ébranlée.  Le  lendemain,  il  donna 
l'ordre  de  réunir  les  lierbedhs  et  les  mobedlis,  leur  exposa  l'afTaire  et 
les  invita  à  la  juger.  Ils  dirent  :  «  Il  laut  nécessairement  les  laire 
passer  tous  deux  par  le  feu  ardent.  Celui  qui  y  entrera  et  demeurera 
sauf  sera  l'innocent  qui  a  dit  la  vérité;  celui  qui  périra  dans  les 
flammes  sera  le  coupable  qui  a  menti.  " 

Kaïkàous  fit  appeler  Sivàwouscb  et  Sôdhàneb  et  leur  demanda 
s'ils  consentaient  à  passer  par  le  leu.  Sivàvvouscli  garda  le  silence. 
Sôdhàneh  dit  :  «  Moi,  j'ai  déjà  démontré  la  vérité  de  ma  déclaration 
et  clairement  établi  mon  innocence.  Ce  n'est  pas  à  moi  qu'incondie 
la  preuve.  »  Alors  Kaïkàous  donna  l'ordre  de  rassembler  une  grande 
quantité  de  bois  et  d'en  former  deux  grands  bûchers  séparés  par  un 
espace  permettant  le  passage  de  deux  cavaliers  marchant  de  front. 
Le  lendemain,  il  s'y  rendit  à  cheval  avec  sa  suite,  ordonna  de  mettre 
le  feu  à  cette  montagne  de  bois  et  fit  appeler  Sivàwousch.  Celui-ci 
arriva  vêtu  de  blanc  et  monté  sur  un  cheval  noir;  sa  figure  brillait 
de  l'éclat  de  la  lune.  Il  mit  pied  a  terre  devant  son  père,  se  pro- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  185 

,^ « à [mL    ô>.>.»_ij_il  jLaJI   -'LflJo   <=>^j   <-S^V^    <-^y-à~i    i^^J    ^\yj<^\ 

qj_j;_ïwlj  Lj—-^]  < -^y-s  joijj  Lg/Oo  t_)Jj  Liij  *L.SvJU  -*L£>>JL  <^L,v3^! 

>''    MaïKnic  tians  \I.  —  ('-i   C  ^^U^o. 


sterna,  puis  se  tint  debout  devant  lui.  Kaïkàous,  honteux  et  plein 
de  chagrin,  n'osa  pas  le  regarder  et  ses  yeux  étaient  noyés  de  larmes. 
Siyâwousch  dit  :  «Ne  t'aflQige  pas,  ô  roi.  Si  je  suis  innocent.  Dieu 
nie  sauvera;  si  je  suis  coupable,  tu  ne  devras  pas  regretter  que  j'aie 
péri  dans  les  Ihimnies.  »  11  demanda  son  cheval,  le  monta  et  se  dirigea 
vers  le  brasier  fland)ant,  tandis  qu'on  entendait  les  cris  de  la  foule 
Taisant  des  vœux  j)()ur  lui  et  pleurant.  Quand  il  fut  près  du  feu,  il 
fouetta  son  cheval,  traversa  fimmense  bûcher  d'un  trait  et  ne  fut  pas 
brûlé.  H  en  sortit  de  l'autre  côté,  sans  qu'il  eût  été  touché  par  le  feu, 
non  plus  que  ses  vêtements  ni  son  cheval.  L'heureuse  nouvelle  de 
sa  préservation,  volant  de  bouche  en  bouche,  arriva  à  Kaïkàous  qui 
mit  pied  à  terre  et  se  prosterna,  adorant  Dieu.  Les  gens  pleuraient 
de  joie  et  faisaient  vœu  d'accomplir  de  bonnes  œuvres.  Lorsque 
Siyâwousch  parut  devant  son  père,  celui-ci  alla  vers  lui,  l'embrassa, 
versa  des  larmes  de  joie  et  dit  :  «  C'est  aujourd'hui,  mon  fds,  que  tu 


180  HISTOIRE   DES   ROIS    DES   PERSES. 

^'    'J  f^-iXs^j  ot^U^  oi^  ^-i^j  ^ilj  p-i-[Lj  ^[^\j  i]fiJ|  Jt^L 

^j"^!  J~^j  ^La_?  Lg_,-*Lv|  Je  LgJl  J^U  «Oot  ^-Li  jjt  ^Ls^  Ls. 

'^~^-^-    ^     "i    s      '   LdlJs^Nl   Ji^   ^|j   ^-g-^Yr*-   ^   ^^■^   o>'   "^^-^    "^^   M-<S:> 

j^U^iJ  >-il  •-.^x.t^j  Jsi  jm.LlcL  JiLg^U  *-sL«^-S=>t  L»  ^J:>  41!  j^^  L  jLiL? 


m'as  été  donné!  »  11  l'eminena  avec  lui  au  palais  royal,  donna  l'ordre 
d'y  recevoir  les  chefs  d'armée  et  les  grands,  les  invita  à  sa  table  et 
but  avec  eux  et  les  fit  revêtir,  ainsi  que  Siyàwousch,  de  robes  d'hon- 
neur. Il  fit  ensuite  livrer  Sôdhàneh  aux  exécuteurs.  Quand  ceux-ci 
Teurent  saisie  et  entraînée  pour  la  tuer,  Siyàwousch,  sacliant  ([ue  son 
père  l'aimait  encore  malgré  sa  mauvaise  action,  se  leva,  baisa  la  terre 
devant  lui  et  le  pria  de  lui  accorder  la  grâce  de  Sôdhàneh  et  d'avoir 
pitié  de  ses  enfants  en  l'épargnant.  Kaïkàous  dit  :  «Quelle  bonté  que 
la  tienne,  ô  mon  (ils!  Comme  tu  es  généreux,  compatissant,  sage!  Je 
t'accorde  sa  grâce.  »  En  conséquence,  les  serviteurs  coururent  l'ar- 
racher d'entre  les  mains  des  exécuteurs  et  la  ramenèrent  dans  son 
palais. 

SIYÀWOISCH   SK   MKT  EN  CAMPAGNE  CONTHE  AKRÀSIYÀB. 

Kaïkàous  ayant  été  informé  qu'Afràsiyàb  avait  quitté  ses   Etats 
et  marchait  sur  l'Irànschahr  avec  cent  mille  cavaliers,  résolut  de 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  187 

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partir  en  personne  pour  le  repousser  et  le  combattre.  Siyàwousch, 
qui  appréhendait  de  demeurer  à  proximité  de  Sôdhàneh  et  désirait 
s'éloigner  d'elle,  se  proposa  pour  conduire  la  campagne  contre  Afrà- 
siyàb  à  la  place  de  son  père,  et  lui  demanda  de  le  charger  de  cette 
expédition.  Kaïkàous  lui  accorda  sa  demande,  le  complimenta  et  dit  : 
"Je  te  donne,  ô  mon  fils,  la  direction  de  cette  guerre!  Dispose  libre- 
ment de  l'argent  et  des  troupes  et  emmène  avec  toi  Roustem  el  ceux 
des  grands  que  tu  voudras.  »  En  conséquence,  Siyàwousch  s'occupa 
à  laire  ses  préparatifs  pour  entrer  en  campagne,  choisit  les  chefs 
d'armée  qui  devaient  l'accompagner,  leur  donna  la  solde,  fournit  ce 
qui  était  nécessaire  à  ses  serviteurs  et  aux  gens  de  sa  suite,  et  se  mit  en 
route  avec  douze  mille  cavaliers  et  autant  de  fantassins,  en  emportant 
le  drapeau  des  fvaïanides.  Après  avoir  reçu  les  adieux  de  son  père, 
qui  l'accompagna  au  départ,  il  conduisit  l'armée  au  Sedjestân. 

Roustem,  transporté  de  joie  par  l'arrivée  de  Siyàwousch,  alla  à  sa 
rencontre  avec  ses  chefs  d'armée  et  ses  officiers.  Lorsqu'il  l'aperçut. 


188  H1ST0I1\K    DKS    I\01S    DES   PKUSKS. 

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il  mit  piod  à  terre,  se  prosterna  (levant  lui  et  pleura  de  joie  de  voir 
qu'il  était  sorti  sain  et  sauf  d'un  si  j^^rand  danger;  puis  il  remonta  à 
cheval  et  le  conduisit  à  son  palais,  celui  que  Sivàwousch  avait  habité 
en  son  enfance.  Zàl,  Zawàreh  et  Roûdhàwadh  lui  rendirent  hom- 
mage et  se  prosternèrent  devant  lui.  Il  leur  parut  comme  un  astre 
ciui  leur  venait  du  ciel;  ils  le  firent  asseoir  sur  le  trône  d'or,  l'entou- 
rèrent et  lui  demandèrent  de  ses  nouvelles.  H  leur  dit  :  «  Soyez  bénis 
et  les  bienvenus  pour  moi!  Plût  au  Ciel  que  je  ne  vous  eusse  jamais 
quittés;  car  vous  êtes  ma  famille,  vous  êtes  mes  meilleurs  amis  el 
ceux  qui  me  sont  les  plus  chers!  Je  le  jure  par  Dieu  :  depuis  que  je 
vous  ai  quittés,  je  n'ai  pas  rencontré  le  bonheur;  après  mètre  séparé 
de  vous  j'ai  été  exposé  au  feu  ardent!  Enfin  Dieu,  faisant  descendre 
sur  moi  sa  miséricorde,  m'a  donné  une  nouvelle  vie!  »  Alors  ils  ren- 
dirent grâces  à  Dieu  de  l'avoir  préservé  et  de  leur  avoir  accordé  de 
le  revoir.  Et  ils  reprirent  f  habitude  de  manger,  de  boire  et  de  vivre 
familièrement  avec  lui  et  de  fentourer  de  tendres  soins.  Sivàwousch 
leur  remit  les  cadeaux  qu'il  avait  apportés  pour  chacun  et  demeura 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  18<i 

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■''  Ces  mois  niuiiqueiit  ilaiis  C.  —  '-'  C  »jlj. 


avec  eux  pendant  nn  mois,  menant  la  vie  la  plus  délicieuse.  Puis  il 
partit  avec  son  armée ,  et  Rousteni  avec  ses  chefs  d'armée  l'accompagna. 

Siyàwouscli  et  Roustem  se  dirigèrent  sur  Héràt,  de  là  sur  Tàlaqàn , 
puis  sur  Balkli.  Lorsqu'ils  approclièrent  de  cette  ville,  Karsiwaz,  le 
Irère  d'Alràsivàb,  l'éNacua  et  alla  rejoindre  son  frère,  qui  campait 
entre  Soghd  etBokhàrà.  Siyâvvousch,  Roustem  et  l'armée  occupèrent 
Balkh  et  envoyèrent  de  là  les  avant-postes  contre  les  riverains. 
Siyàwousch,  par  une  lettre,  annonça  ces  faits  à  son  père.  Celui-ci, 
dans  sa  réponse,  lui  fit  des  compliments  et  lui  recommanda  de  se 
garder  des  embûches  d'Afràsiyàb  et  de  ne  point  franchir  le  Djaïhoûn , 
mais  d'attendre  qu'Afràsivàb  traversât  le  fleuve.  Il  lui  envova  aussi, 
ainsi  qu'à  Roustem  et  aux  chefs  d'armée,  des  robes  d'honneur  et  des 
gratifications. 

Lorsque  Karsiwaz  arriva  auprès  de  son  frère,  celui-ci  lui  fit  de 
vifs  reproches  de  s'être  retiré  sans  combattre.  Karsiwaz  répliqua  : 
«  Qui  pourrait,  ô  roi,  résister  à  Roustem,  que  tu  as  appris  à  connaître, 
dont  tu  as  éprouvé  la  valeur  et  dont  tu  as  subi  fassaut,  alors  surtout 
qu'avec  lui  se  trouve  Siyàwousch,  qui  est  la  Fortune  personnifiée, 


l'.Kt  IIISTOIUK    1)KS   ROIS   DKS   PEIISKS. 

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CI  Manque  dans  C.  —    C^i   \\  .joiil^.    -  i^'  C  ^jJlsî. 


un  homme  ayant  la  pureté  des  anges  que  la  protection  divine  accom- 
pagne et  ne  quitte  jamais!»  Afràsivàh  se  calma,  se  montra  radieux 
et  oublia  ses  soucis  en  s'amusant  à  deviser  et  à  boire  avec  ses  chets 
d'armée  et  ses  familiers.  Mais,  cette  même  nuit,  il  eut  dans  son  som- 
meil un  horrible  songe,  pareil  au  songe  de  Dahhàk.  H  se  réveilla 
plein  de  terreur,  poussant  un  cri  formidable  qui  réveilla  tous  ceux 
qui  dormaient  dans  son  pavillon,  descendit  de  sa  couche  et,  trem- 
lilant  comme  une  feuille  sur  l'arbre  au  souille  du  vent,  il  laissa  tomber 
sa  tète  sur  son  genou.  Aucun  de  ses  compagnons  n'osant  le  ques- 
tionner sur  son  état,  on  envova  prévenir  Karsiwaz  qui,  accourant  en 
toute  hâte,  entra  chez  lui  et  le  trouva  ayant  l'apparence  d'un  mort. 
11  lui  prit  la  main,  l'attira  sur  sa  poitrine  et  lui  dit:  «Que  t'est-il 
arrivé,  ô  roi."*"'  Afràsiyàb  ordonna  à  tous  ceux  qui  étaient  présents 
de  se  retirer  et  après  avoir  lait  baisser  les  portières,  il  dit  :  «  Sache, 
ô  mon  frère,  que  j'ai  vu  en  songe  mes  drapeaux  renversés;  les  rivières 
roulant  des  flots  de  sang,  celui  de  mes  troupes;  mes  chefs  d'année  en 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  191 

S- 

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fuite;  les  têtes  des  Turcs  plantées  sur  des  lances,  leurs  demeures 
détruites,  leurs  enfants  captifs;  moi-même,  mes  frères  et  mes  enfants 
enchaînés  entre  les  mains  des  ennemis;  et  j'ai  vu  Kaïkàous,  redevenu 
jeune  et  vigoureux,  m'assener  avec  son  sabre  un  coup  qui  me  fendit 
en  deux.  »  Karsîvva/,  tondra  sans  connaissance.  Quand  il  revint  à  lui, 
il  dit  :  «Voilà  ce  que  j'éprouve  au  récit  de  ton  songe;  qu'as-tu  dû 
éprouver  en  voyant!  Cependant  j'espère  que  le  bien  sera  pour  nous 
et  le  mal  pour  nos  ennemis.  Je  pense  que  tu  devrais  consulter  les 
interprètes  des  songes  au  sujet  de  ce  songe  dont  nous  chercherons 
à  écarter  les  conséquences  fâcheuses.  »  Lorsqu'il  fit  jour,  Afràsiyàb 
fit  appeler  les  interprètes  des  songes,  leur  raconta  le  songe  qu'il  avait 
eu  et  leur  en  demanda  l'explication.  Ils  dirent  :  «  Ce  songe  présage  la 
ruine  des  Turcs,  soit  par  Siycàwousch ,  soit  à  cause  de  lui.  On  ne 
peut  aller  contre  le  décret  de  Dieu,  et  il  n'est  aucun  être  qui  puisse 
changer  sa  sentence.  »  Afràsiyàb  fut  interdit  et  atterré;  mais  il  garda 
le  secret  sur  cette  affaire. 


192  HISTOIRE    DES   ROIS   DES    PERSES. 

<_»jv-j^  •■i'^_A  w  4'  ii-*-A  ^^j  '-^y^  j    ^^^  ,_9J3-l^'j  >-i^v-»Jt  ,«ww^ 
^1  ^-^fr?  Lç_?  jjJijj\j  w-^x-^^i  <_jjJij)j  è>jLÀ-..Jl  ^  ^_jij-pJ)  c_>Ls^L3| 

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,^_5^jL<     ^     l_>4J_ttJl      ,^_«JtJ»      ^yffJLj]      jK^      Lo       r>_4t,^    »      ,^«L*„*4;     f^yJ     1 ^  '^^— ^|s-i|  « 


AFinSIVAH   INCLIM:  a    l.A  PAIX   ET  ENVOIE  DES  CADEAIX   ET  DES  OTAr.ES 
À  SIYÀWOUSCH. 

Afràsivàb  délibéra  avec  son  frère  Karsiwaz  au  sujet  de  TafFaire  qui 
l'occupait.  Ils  résolurent  de  chercher  à  gagner  les  bonnes  grâces  de 
Siyàwousch  et  de  Roustem  par  des  richesses,  de  leur  abandonner 
quelques  provinces  qui  se  trouvaient  sous  la  domination  des  Turcs 
et  d'opérer  habilement  de  façon  à  mettre  (in  à  la  guerre  et  à  en  écarter 
les  calamités.  Afràsiyàb  invita  donc  son  frère  à  partir  pour  négocier 
et  à  emplover  tous  les  moyens  possibles  |)()ur  obtenir  la  cessation 
des  hostilités.  Il  lui  donna  pour  Siyàwousch  et  pour  Houstem  tout 
ce  qui  pouvait  plaire  et  bien  disposer  les  cœurs  :  de  l'argent  et  des 
cadeaux,  à  titre  gracieux  et  à  titre  d'hommage,  des  jeunes  garçons  et 
des  jeunes  fdles  esclaves  et  des  montures,  et  le  fit  escorter  par  deux 
cents  cavaliers  jusqu'à  Balkh.  Un  personnage  de  la  cour  de  Siyàwousch 
vint  à  la  rencontre  du  frère  d'Afràsivàb,  l'amena  dans  la  ville,  le  cou- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES  PERSES.  193 

^.jv Il      < ^\j—=».J      diU_S     ^J-O      <_iU     l^iw*J!     Js-aXAli     ,,X..,^iaJt     ^s-)     .jJ»À.| 

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*<^ — *— :^'  J.I  ^ — ^L*_^=>  x_^  LûJoLjîj  (jjLftJl  *L<wi  is-M-j  ,J-sv«wU  j«-<u  Lf 

'■'    ('.es  mois  ni:iM(|uent  dans  NI.  -    M  vilwjj.  — ''    M  (nj^.^  — .'    —  *^    <>  ioUt  ajUI  . 


(liiisit  à  sa  demeure  et  le  reçut  avec  honneur  et  le  complimenta.  En- 
suite Sivàwouscli,  avant  à  côté  fie  lui  Roustem,  donna  audience  à  Kar- 
sîwaz,  lui  fit  un  accueil  honorable,  lui  témoigna  de  grands  égards, 
i'écouta  avec  attention,  accepta  gracieusement  les  cadeaux  qu'il  avait 
apportés  et  en  tira  bon  augure.  Il  fit  de  lui  son  convive  pendant  une  se- 
uïaine  et  le  condila  de  prévenances.  Puis,  ayant  auprès  de  lui  Roustem , 
il  le  Ht  appeler  et  lui  dit  :  «  Si  ton  frère  veut  la  paix,  qu'il  nous  envoie 
a  litre  d'otages  cent  de  ses  chefs  d  armée  et  de  ses  familiers,  que 
Roustem  désignera,  et (pi'il  abandonne  les  territoires  qui  nous  appar- 
tiennent et  qu'il  détient;  nous  écrirons  alors  au  roi  et  nous  deman- 
derons son  autorisation  pour  conclure  la  paix.  »  Karsîwaz  manda  ces 
propositions  à  Afràsiyàb,  joignant  à  sa  lettre  les  noms  des  otages 
qui  lui  avaient  été  dictés  par  Roustem.  Afràsiyàb  accepta  ces  condi- 
tions, envoya  les  cent  personnes  désignées,  évacua  les  territoires  ira- 
niens et  retourna  sur-le-cbamp  à  Bihischtkank,  sa  résidence.  Lorsque 
les  otae:es  arrivèrent  à  Balkb,  Karsiwaz  les  remit  entre  les  mains  de 


lO'l  IIISTOIRK    DES   ROIS   DKS    l'KUSES. 

.^'i    Jl  ^J^j'^^-^s-**  H,'   ^xils   i>x_(l>L_<ixJ.|  ^«.JSs^  ^-'N?^!  ^^1  J^-^^l  i-i^X-âx 


Siyàwousch;  il  fit  passer  en  son  pouvoir  les  villes  restituées  et,  après 
avoir  reçu  les  engagements  des  Iraniens  concernant  la  paix,  il  partit 
en  recevant  des  marques  d'honneur  et  alla  rejoindre  son  frère. 

(^omme  Roustem  jugeait  qu'il  serait  prudent  d'aller  lui-même 
communiquer  à  Kaïkàous  la  conclusion  de  la  paix  que  f  appréciation 
directe  de  la  situation  avait  imposée,  Sivcàwousch  fy  autorisa,  le  lit 
revêtir  d'une  robe  d'honneur  et  lui  remit  pour  son  père  une  lettre 
confirmant  ce  que  dirait  Roustem;  puis  il  lui  donna  congé  de  partir 
et,  après  favoir  accompagné,  lui  fit  ses  adieux. 

Quand  Karsîwaz  arriva  auprès  d'Afràsiyàb,  il  lui  parla  du  pres- 
tige de  Siyàwousch,  de  sa  beauté,  de  ses  nobles  qualités  et  de  ses  émi- 
nentes  aptitudes  pour  exercer  le  pouvoir.  Afràsiyàb  dit  en  riant  : 
«  Les  richesses  ont  fait  leur  effet  et  nous  ont  débarrassé  de  nos  inquié- 
tudes. Que  Dieu  soit  loué  et  grâces  lui  soient  rendues!  » 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  195 

(2)<__w__la — ^JjI    ^■. — ^    U    ^l ~a A — j]  ^   < «3^      \ tt»   <    l  g  t  Â  î;,^   <^L*v\ 

iLi-JJ^  «CJI  JLit  :^-~>  ,ji^L_*v  Jss».|  (^^oJj  1*1^1  l>sJ\  jî^-^Jj  ^'-♦--' 


kAÏKAOUS   REFUSE   OE  RECONNAITRE  LA  PAIX  CONCLUE 
l'AK  SIVÀWOI  SCII   ET  ROUSTEM.   CE  QUI   ADVINT  DE  SIYÂWOUSCH. 

I^orsqiie  Roustein  fut  arrivé  auprès  de  Kaïkàous,  qu'il  lui  eut  remis 
la  lettre  et  communiqué  le  message  de  Siyàwouscii  en  l'appuyant  par 
le  récit  éloquent  de  ce  qui  s'était  passé,  Kaïkàous  entra  dans  une 
violente  agitation,  il  fut  pris  de  rage  et  de  fureur  et  il  s'écria  :  «  Le 
sorcier  Afràsivàb  vous  a  séduits  avec  les  miettes  provenant  de  ses 
rapines  et  de  ses  méfaits  et  avec  les  cent  sauvages  dont  les  têtes  ne 
valent  pas  le  salaire  du  barbier!  Mais  j'enjoins  à  Siyàwousch  de  lui 
rendre  l'argent  et  de  m'envoyer  les  otages  que  je  veux  faire  passer  au 
fil  de  l'épée.  Je  lui  ordonne  d'attaquer  le  territoire  turc,  de  le  livrer 
au  pillage  et  au  feu  et  de  marcher  contre  Afràsiyàb,  pour  que  celui-ci 
sache  que  l'on  ne  peut  tromper  un  homme  tel  que  moi!  »  Roustem 
répliqua  :  «  Tu  nous  avais  ordonné  de  nous  abstenir  de  franchir  le 


106  mSTOIRI':    DKS   ROIS   DKS    PKUSKS. 

^JlJ\  J--iDj    -  -Vvi-jJL  *Là_>211  ^>-jj  ^>-frJ«J!  ^y=-ï-'  ^J*  J^r^"^]^  J-?'^I  J 

ciil^-^  <-^Ojj>  ^^jjj  ^JLs_".Li|  t_>'^t  ?  ^.^1  -^Jj-S-Jl  ^U-'j];»  -i^^^AJ! 


fleuve  et  rrattendre  qu  Afràsiyàb  le  traversai.  Voyant  qu'il  ne  le  fai- 
sait pas  el  qu  il  montrait  (les  dispositions  pacifiques,  nous  n'avons  pas 
cru  devoir  répondre  par  des  hostilités  à  celui  qui  cherchait  la  paix. 
Les  sages  ont  dit  :  Celui  qui  préfère  la  lutte  à  faccommodenienl  ne 
doit  pas  s'attendre  à  triompher.  Il  n'est  rien  de  plus  vil,  chez  un  roi, 
ni  de  plus  déshonorant  pour  lui,  dans  le  présent  et  dans  l'avenir,  (jue 
de  rompre  un  traité  et  de  ne  point  exécuter  une  convention.  Et  n'est-ce 
pas  réellement  la  victoire  et  le  triomphe  ])our  nous,  que  de  n'avoir 
pas  versé  le  sang  et  d'avoir  mis  hn  aux  hostihtés,  d'avoir  recouvré 
les  provinces  et  reçu  comme  otages  ces  chefs  d'armée  (jui  sont  les 
principaux  seigneurs  d'Afràsiyàb,  les  personnages  les  plus  considé- 
rables de  son  Etat  et  les  cavaliers  illustres  de  son  armée;  et  font 
cela  sans  effusion  de  sang  et  sans  avoir  couru  aucun  risque?  Tu  sais 
d'ailleurs  que  Siyàwousch,  en  son  éminente  dignité,  avec  ses  hautes 
qualités  et  la  noblesse  de  ses  sentiments,  n'est  pas  de  ces  hommes 
qui  violent  un  traité  et  qui  ne  craignent  pas  de  commettre  le  parjure 
et  la  félonie;  il  ne  foulera  pas  le  sang  des  otages  en  te  les  envoyant. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  197 

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pour  que  tu  puisses,  loi,  assouvir  sur  eux  ta  haine,  et  qu'il  porte,  lui, 
riguomiiiie  du  crime  commis  sur  eux.  »  Kaïkàous,  de  plus  en  plus 
furieux,  dit  :  «C'est  là  le  langage  que  tu  dois  tenir,  car  c'est  toi  qui 
as  donné  à  Sivàwousch  de  tels  conseils;  tu  as  craint  l'effort  du  combat, 
cherchant  la  conservation  et  le  repos.  Maintenant  il  faut  que  tu  restes 
à  la  cour;  nous  allons  envoyer  Tous  vers  Siyâwousch  qui,  s'il  refuse 
d'obéir  à  l'ordre  de  marcher  contre  l'ennemi  et  de  nous  envoyer  les 
otages,  lui  remettra  le  commandement  et  reviendra  à  la  cour  pour 
qu'il  reçoive  de  nous  le  traitement  qu'il  mérite!  »  Roustem  fut  désolé 
et  dit  :  «Je  crois  que,  par  la  fâcheuse  mesure  que  tu  prends,  Sivà- 
wousch est  perdu  pour  toi.  Que  Dieu  nous  soit  en  aide!  » 

Kaïkàous  fit  appeler  Tous  et  lui  dit  :  <  H  faut  que  tu  te  rendes  au 
camp  de  Siyâwousch  avec  ma  lettre  et  mon  message.  S'il  ne  nous 
envoie  pas  les  otages  qu'il  garde  et  s'il  ne  marche  pas  contre  les  Turcs, 
prends  le  commandement  à  sa  place.  »  Tous,  s'empressant  d'obéir  à 


I9S  HISTOIRE   DES  UOfS   DES   PERSES. 

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C  M  »Ij.  —  '"-'  Manque  dans  C. 


son  ordre,  partit  et  se  lit  précéder  par  la  lettre.  Lorsque  Siyàwousch 
lut  cette  missive,  il  fut  profondément  affligé  des  paroles  de  Kaïkàous 
d'abord  et,  en  second  lieu,  de  la  détention  de  Roustem.  11  dit  en  lui- 
même  :  Si  j'envoie  les  otages  à  mon  père,  il  les  tuera  jusqu'au  dernier 
et  je  serai  responsable  de  leur  mort.  Si  je  prends  les  armes  contre 
Afràsiyàb,  je  violerai  mon  serment  et  m'exposerai  à  la  colère  divine. 
Kt  si  je  retourne  auprès  de  mon  père  sans  faire  la  guerre,  il  me  trai- 
tera avec  mépris  et  me  flétrira!  Avant  fait  appeler  ses  familiers  parmi 
les  chefs  d'armée,  il  leur  fit  part  fie  sa  pénible  situation  et  de  son 
cjiagrin  et  leur  demanda  conseil.  Tous  furent  d'avis  qu'il  devait  sur- 
le-cbamp  obéir  à  son  père  et  le  prier  instamment  de  rendre  à  Roustem 
ses  charges.  Siyàwousch  répliqua  :  «  Dans  aucun  cas  je  n'enverrai  les 
otages  à  mon  père  ;  c'est  à  leur  maître  que  je  les  rendrai.  Je  ne  prendrai 
pas  les  armes  contre  Afràsiyàb  après  avoir  conclu  un  traité  de  paix 
avec  lui.  Et  je  ne  retournerai  pas  dans  l'irànschahr  avec  mon  échec, 
mais  je  me  retirerai  flans  un  pays  étranger.  Et  à  la  volonté  de  Dieu!  » 
Les  assistants  pleurèrent  tous  ensemble  et  ils  s'écrièrent  (pie  leurs  per- 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES.  199 

-A^»  '^j-^î  'lïA-ic»  "x^^ia-?  4]^Jv-«  "Lu*^!  JJkJ>  I  ^j-«  ,i»Ls'tv   "^|    JlcI  ^Iv^s-» 
("  M  c:,Joj.  —  (^)  M  l}^j  'JI.  —  w  M  viiiuy.  —  '^'  M  À*»LuiJl.  —  5'  C  *«L. 


sonnes  étaient  sa  rançon,  et  ils  firent  pour  lui  des  vœux  de  bonheur 
et  de  prospérité.  Sivàwousch,  ensuite,  fit  partir  un  messager  avec  les 
otages,  pour  les  remettre  entre  les  mains  d'Alràsiyàb  et  pour  lui  dire 
de  sa  pari  ;  «  Mon  père  a  été  mécontent  de  moi,  parce  que  j'ai  conclu 
avec  toi  la  paix.  Il  m'a  mis  en  demeure  de  lui  envoyer  tes  otages,  de 
marcher  contre  toi  et  de  conquérir  ton  pays.  Mais  je  n'ai  pas  manqué 
aux  engagements  que  j'ai  pris  envers  toi  et  je  n'ai  pas  cru  qu'il  fût 
permis  de  verser  le  sang  de  tes  compagnons  que  tu  m'avais  confiés. 
Je  te  les  renvoie  donc  à  présent  sains  et  saufs.  Puisque  j'ai  encouru 
la  colère  de  mon  père  pour  toi  et  que,  à  cause  de  toi,  je  me  décide 
à  quitter  ma  patrie,  tu  ne  pourras  faire  moins  que  de  m'accorder  le 
passage  par  ton  pavs  pour  me  rendre  dans  quelque  contrée  éloignée.  » 
L'envové,  arrivé  auprès  d'Afràsiyàb,  remit  entre  ses  mains  les  otages 
et  délivra  le  message  de  Siyàwousch. 

Afràsivàb  fit  appeler  Biràn,  fils  de  Wesîkàn,  le  mit  au  courant  de 
la  situation  et  lui  donna  connaissance  du  message.  Bîràn  lui  dit  : 


•200  ii[STO![;k  [)ks  rois  dks  i>f-:i\sks. 

i    < -j-,     »    -H     1  \^_g_>;^l,    ilsljX_it    .>-.»r^   <Ji.^  bL.^ik.1  ^o    .>-....=^|  ^j 

^ — «a-,    • lU    ^«L>s^  J»_M/w>   LcOvJ  c_>La_w'^|   ^»-A  4UJ  i^-'W^  J^Xx^   "^-'e*-:; 

J^ *  .>'  l  g  %-<s-^  iâ_;vJI   «Oui^s^  ^Jâ^v^i    .vU  ,_5Uvi_i     v_c  ^'v-Â^I  j!»  ^_A_L«. 

..i^-— i—i  ^J^-Xx    ^Lii'  i_i.>^Jvj^'    .^Is  .J>'L^\  r-'jLj  >-^')-^  r^^l?  '"^-V^^     .^  *-"-■?- 
^JLc  oJ^i;>.:i.l_4v     :■  ..iJi'Aj   i^»L»i  j;^Ua-.:xJ     .^U    (J*>-Ju'   Jv?_wJIj   -^isi^l   jJjJl 


Il  Saclio  (ino  jamais  Tniimo  n'a  doiiiK'  1(^  jour  à  un  lioinnir  Ici  <[up 
Sivàwouscli .  avant  (('tic  vcitn  ,  cette  inlcHifj^cncc,  ccUe  f^(''ncrosit<'',  cette 
nolllessc.  Il  \iciil  diisci-  de  si  excelienls  piocedes  envers  loi,  (|ii  d  a 
droit  à  la  nicilleuic  des  rcconjj)ens<'s;  il  nienie  (|uc  In  saisisses  Tocca- 
sion  de  faire  acte  rie  «^énérosit/'  envers  liii ,  ([iic  In  le  combles  de  houles 
el  (|Me  lu  ladoples  coiiiiiie  lils;  il  le  lera  lionnenr  aussi  bien  à  |)rc- 
seiil  <|ne  dans  I  avenir.  !■  Les  yiaroles  (le  Biraii  l'épondaienl  an  désir 
d Mrasival).  il  lil  appeler  rciivoyc  de  Siyàwoviscli,  lui  fil  un  gracieux 
accueil  et  le  ciiarj^f-a  de  dire  à  Sivawousch  :  "  Le  pavs  des  Turcs,  pour 
loi,  est  le  prolongenieiil  de  I  Iransclialir,  e|  mon  allection  j)oni'  loi  ne 
le  cède  ])as  à  celle  de  Kaïkaotis.  Je  I  enf^a<^e  ma  loi  de  j)artager  a\ec 
loi  ce  que  je  possède  et  de  I  associer  à  mou  ])on\()ir,  de  ne  point  laire 
de  dillérence  de  moi  à  loi,  de  le  j)î()lég(M' ainsi  (|tie  les  lourreaux  jiro- 
lèfifeiit  les  sabres  ou  plutôt  comme  les  |)auj)ières  jirotèf^eul  les  yeux,  de 
satislaire  tous  les  désirs  el  de  ne  clierclier  (pi'à  te  plaire.  Si  lu  ])re- 
ières  rester  avec  moi,  lu  seras  le  (ils  (pii  lait  ce  cpi'il  veut,  le  premier 
des  princes;  et  si  In  veux  absoliimenl  relouriier  dans  Ion  |>ays,  je  le 
laisserai  pnriii'  en  toni»'  lilx'ili'.  »  Alrasivab  dicla  à  son  s(M'rétaii'e  une 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  201 

(•i)^_9_iJ|^  L!^v_gJ|^  '  ^^jJt  i_,.».s=L^  ^^U'  ^-^l  ^^-^^^-^T»-  J  •»'^»' 
<_2fc.L^i-^  ^i^-v^u  ^>_>Lw.  .>'>-6J  '*^~i«-y^j  <'*Ltvj  ;i«LA_*v  <^Lsa_j  ,^UaJjlL 

'■"So^ — 24- — «  ^^«  ->. — * — ?> — tu   '^ 5> A—^U  3LÂ.4JO  JlyjjlU  SvXjl^o  «OjotJL 

,jj^_>, et  U  -ilLit  ^J  L  Jijj  <__515s.aJ  ISs^  c)'r*^     bj  '^'■^^^i-^  <-c«^i 

'     M  iC*^_ll  _^jJIj  wsàidij.  -    Maïuiue  dans  C.  —  '''   ('.  »»Xax<i.  >>oij_,-w. 


lettre  conlorme  à  ce  message,  la  (if  sceller  et  la  remit  à  l'envové  qu'il 
conji^édia,  après  l'avoir  fait  revêtir  d'une  robe  d'honneur.  Sivàwousch, 
(|iiand  l'enxovc  lut  anixé  e!  lui  eut  communiqué  ce  dont  il  avait  été 
chargé,  ne  lit  f[ue  remettre  le  commandement  à  Tous  et  partit  immé- 
diatement avec  sa  suite  eu  se  dirigeant  vers  la  Transoxiane. 

Lorsque  Sivàwousch  eut  traversé  le  Djaïhoùn,  il  trouva  Biràn,  qui 
était  venu  à  sa  rencontre  avec  ses  troupes,  avait  amené  des  éléphants 
caparaçonnés  et  des  chars  dorés  et  apporté  des  dons  et  des  cadeaux. 
Il  lui  tendit  la  main  et  lui  adressa  les  questions  d'usage.  Biràn  lui  pré- 
senta ses  hommages  et  vovagea  de  concert  avec  lui  en  lui  faisant 
escorte.  Partout  on  trouva  le  fourrage  et  les  quartiers  préparés.  La 
ville  de  Samarcaude,  par  laquelle  ils  passaient,  était  décorée;  on 
versait  des  offrandes,  les  musiciens  joiiaient.  les  troupes  rendaient 
hommage.  Sivàwousch  se  rappela  alors  le  jour  où  il  revint  du  Se- 
djestàn  à  la  résidence  de  son  père;  ses  veux  débordaient,  et  il  essuva 
ses  larmes  avec  la  main.  Mais  Biràn  les  vit  et,  compatissant  à  sa  dou- 
leur, lui  aussi  pleura  et  dit  :  <'  Comme  je  comprends  bien,  ô  prince. 


202  IILSÏOIUK   l)KS   ROIS   DKS  PERSES. 

j^,«_i_-  <-<s-i-c  ^^  -^'  -Lolx-'l  ^;^-:^  oJ.A.J*.i^  4!j^  -^-t^^j  J^l^ 
<'  JL_â_9  l^L_«^_ï^  L^_b\  2xi  'Cs=»^L^^  Li*>wOo  Ji' J^jpi^  ojJj.  <.j^|^ 


ta  situation  et  tes  sentiments  intimes!  Mais  Dieu  te  suITit,  et  puissent 
les  suites  être  heureuses  pour  toi!  »  Siyàwousch  le  remercia.  Conti- 
nuaiil  leur  \()vaj;e,  ils  arrivèrent  en  vue  de  Bihischtkank.  Afràsiyàb, 
avec  ses  ti-oupes,  accompa<,nié  de  ses  irères  et  de  ses  fils,  vint  à  la 
rencontre  de  Sivàwouscli,  et  de  part  et  d'autre  on  mit  pied  à  terre. 
Puis  ils  remontèrent  à  cheval  et  marchèrent  ensemble.  Airàsivàh  dil 
à  Sivàwousch  :  »  Ton  arrivée  parmi  nous  est  la  venue  la  plus  heureuse 
et  le  lever  le  plus  fortuné.  Tu  as  scellé  les  liens  de  la  parenté,  coupé 
le  mal  et  éparj^né  le  sang.  C'est  dans  ton  propre  pays  que  tu  es  venu 
séjourner  et  ce  sont  tes  propres  serviteurs  que  lu  as  trouvés.  Sache 
donc  que  tout  sera  lait  pour  te  contenter  et  que  ce  sera  jiour  moi  un 
flevoir  de  satisfaire  tous  tes  désirs.  »  Sivàwousch  répondit  uracieuse- 
ment  et  le  renuM-cia.  Ils  se  rendirent  à  la  demciirr  (|Mi  avait  été  pyr- 
parée  pour  Sivàwousch  et  (jui  était  comme  le  Paradis,  renlermanl 
tout  ce  que  désirent  les  âmes  et  tout  ce  dont  les  veux  sont  chaniM-s. 
Ils  V  desceiidii-ciil  a\cc  leurs  compa<>nons  les  ])lus  inlimes,  s'assirciil 
sur  le  tronefloi- et  causèrent.  Airàsival)  tlil  à  Bîràii  :  "  .le  trouve  Kaïkàous 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  203 


!X.^   vDU  ^^^MxJll   ^j«jLiJ^   iJLjO^II   ^__jj^;.-v3   ^j-«   olia^U   "'--«Jr?  ^--«•iLii,    \L*^-i 


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^if^i,  :.'^^":^i^  S^^l^  ^!. 


bien  ('lran<;c  cl  incloiine  (jw  il  se  rôsifi^iH'  à  la  perle  de  cette  image  de 
ix'aiilc,  la  plus  accomplie  cpie  j'aie  jamais  vue!  »  Puis  ils  mangèrent 
cl  huicnt,  se  divertirent  et  se  livrèrent  a  la  gaieté  et  à  la  joie  jusqu'au 
soir.  Alràsiviàl)  rentra  ensuite  en  son  palais. 

Le  lendemain  matin ,  Sivàwousch  monta  à  cheval  et  se  rendit  auprès 
d'Alràsivàb  pour  le  saluer.  Afràsiyàb  vint  à  sa  rencontre  et  lui  fit  une 
ollrande  de  dix  mille  dinars,  le  retint  à  boire  avec  lui  pendant  toute 
la  journée  et  lui  donna,  en  fait  de  richesses  de  toutes  sortes  et  d'objets 
précieux  et  rares,  tout  ce  qui  pouvait  lui  plaire  et  le  charmer.  Dès  lors 
ils  se  rendaient  visite,  buvaient  ensend)le,  se  faisaient  des  politesses, 
jouaient  à  la  paume  et  chassaient.  Les  frères  et  les  llls  d'Alràsivàb  el 
les  chefs  d'armée,  chacun  à  son  tour,  donnaient  des  festins  et  orga- 
nisaient des  parties  de  plaisir  selon  l'usage.  Les  jours  qu'ils  passaient 
avec  Sivàwousch  leur  paraissaient  comme  des  jours  du  Paradis. 

kaïkàous,  lorsqu'il  fut  informé  de  ces  nouvelles,  regretta  ce  qu'il 
avait  fait;  il  frappait  ses  mains  l'une  contre  l'autre  et  se  mordait  le 
pouce.  Et  il  ne  demeura  pas  sans  être  inquiet  au  sujet  des  suites  du 


20'j  HISTOIRE   DKS    IlOIS   DKS   PF.RSES. 

^>^^'î  <jj^K  «o.^.*-^  ^^Ul  <-<Xs^  ^-g^l?  <jL5^  c^U^vvI^I  <£jLji^ 

sIjI  'LijJkJ^  j_^i^U-«-  ^L-wIjil  !s-JûUa^ 
(')   Manque  dans  C.  —  !->  M  JUj . 


départ  de  Siyàwousch,  et  il  renonça,  à  cause  de  lui,  à  la  «guerre  <ju  il 
avait  eu  l'intention  de  faire  à  Afràsivàb.  Tout  le  monde  le  blâmait, 
le  condamnait  et  flétrissait  sa  façon  d'agir  envers  son  fds.  Quant  à  Hoiis- 
tem,  il  faillit  tomber  dans  le  désespoir,  perdre  l'esjjrit  et  devenir  fou. 

AFRÂSIYÀB   FAIT  DE    SIYÀWOtJSOH   SOM   GENDRK 
F.T  LUI    DONNE   I,E  GOUVERNEMENT   D'UNE   PROVINCE. 

Bîràn,  qui  de  tous  était  le  plus  attaché  à  Siyàwousch,  lui  flit  un 
jour  :  «  Je  n'aime  pas,  ô  prince,  que  tu  restes  dans  la  solitude  et  dans 
la  retraite;  je  voudrais  pour  toi,  au  contraire,  les  joies  du  monde  et  ses 
plaisirs!  Le  roi  Afràsivàb  a  une  fdle  que  je  désire  ne  voir  mariée  à  nul 
autre  que  toi;  car  de  toutes  les  femmes  créées  par  Dieu  elle  te  convient 
le  mieux,  et  elle  n'a  pas  sa  pareille  dans  tout  le  pays  des  Turcs.  M'au- 
torises-tu à  arranger  ton  union  avec  elle  et  à  parler  au  roi  à  son  sujet.^  » 
Sivàwousch  le  regarda,  ses  larmes  étant  près  de  parler  pour  lui,  et  lui 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  205 

s-^^  o)]^  j'^-**'^  ^S^—^^j—'  ^,^^wv3j  ^_j^L5s^  ;_5-^];  c5;l  \}j-i-^  sJjr^' 

s- 

,^^wv_^lj  <_^L.2.^\   .>_5   JJLJ  ->v^^|  ^'«.àx.   Js.iju!  (^jaJâr.  v<S=i-  ^J?"^   '^** 
l — g — «J^_a^    ^vL — * — >  < — >  ^.>JO>|j    ■•!  wj^jj-il^   jtj_*^IL  \.^  y>o\^   ^^.f^.^^ 

^^, — i-iis    ^-p— « — i— *»^   v_9^'>— '  U-J->J'   <-<Jl  ^^j    -^*i   ^\'-=>'  LlU   ,^Wl 


(lit  :  <>  Mon  seigneur,  mon  j)rotecteur,  s'il  est  décidé  dans  la  prescience 
de  Dieu  ([ue  je  demeurerai  éloigné  de  l'irànscliahr  el  ne  verrai  plus 
mon  père  Kaïkàous,  ni  mon  maître  Roustem,  et  que  tu  doives 
pour  moi  les  remplacer  tous  deux,  lais  ce  que  tu  jugeras  conve- 
nable. »  En  conséquence,  Biràn  alla  trouver  Afràsiyàb  et,  après  l'avoir 
longuement  entretenu,  lui  parla  au  sujet  de  l'alliance  avec  Siyàwouscli. 
Afràsiyàb  dit  :  «  Je  le  préfère  à  tout  autre;  cependant  je  crains  que  le 
lionceau  devenu  lion  ne  cherche  à  faire  périr  son  nourrisseur.  » 
Biran  réplicjua  :  «  Que  le  roi  ne  redoute  aucune  mauvaise  action  de 
Siyàwouscli,  (jui  est  limage  de  la  probité,  la  personnification  de  la 
raison,  femblème  de  l'honneur.  »  —  «Eh  bien,  dit  Afràsiyàb,  je  lui 
donne  ma  fille  Kasîfarî.  »  Et  il  ordonna  de  porter  à  celle-ci  des  ri- 
chesses et  des  joyaux.  Biràn,  à  son  exemple,  lui  Ht  hommage  de  riches 
ornements  et  d'objets  précieux.  Puis,  se  rendant  auprès  de  Siyàwousch , 
il  lui  présenta  ses  vœux  et  ses  félicitations  et  indiqua  l'heure  du  cor- 
tège nuptial.  Lorsque  le  moment  fut  arrivé,  on  amena  à  Siyàwousch 
en  la  personne  de  Kasîfarî  tout  le  bonheur  du  monde.  Alors  Vénus  et 


206  HISTOIRE    OF.S   ROIS    DKS    PKRSES. 

I    <_jl  J-A_i«     1   J^_£wJ|   ,^-P^I;   J-^   J^-'^'^--']»   ^>l'ri-^'   ^'~'^\?  ^>l^-«...Jl 

'^— >ÛK_I_^  ^^  ^^>_X.iwL  4 — «_yo  ,j^  4_Jw.^i  <i^^=^  .^'•-6-:'  '^-*^  \L*vj  *Co\ 
^1  0wA_**^jU4v  l^  'Lj^lyj^  ^__^LàJj  Ji^Aj  i.::jU-f  ^Uaxjj  |js-^|j  K-^-** 
s_iâU|^  *Ll|^  J-^^  J-«-***-^l  ^«-«^  <-*JLi  l^A^  4kj|^  <Lx5J-f» 

C  jLsiJI .  —  '•-)  M  JJu  ^^Ij  JJU  Ai^l .  —   ■'    C  jil . 


Mercure  se  renconlrèrenl,  le  Soleil  et  la  Lune  se  joignirent,  le  lien 
lut  noué  et  l'union  scellée.  On  dit  que  jamais,  dans  les  anciens 
temps,  prince  plus  beau  et  princesse  plus  belle  ne  furent  unis. 

Afràsivàl)  conféra  ensuite  à  Sivàwousch  le  gouvernement  de  la  con- 
trée située  entre  le  pavs  des  Turcs  et  la  Chine,  lui  donna  des  richesses 
de  toutes  sortes  et  l'invita  à  se  rendre  dans  sa  province  avec  sa  femme, 
ses  serviteurs  et  sa  suite.  Sivàwousch  fit  ses  préparatifs  et  se  mit  en 
route  emmenant  avec  lui  Kasifarî  avec  mille  femmes  esclaves,  et  il  mar- 
cha accompagné  d'un  cortège  des  plus  brillants  et  en  grande  pompe. 
Biràn,  vovageant  avec  lui,  le  garda  dans  le  Khotan,  qui  était  sa 
propre  province,  comme  son  hôte,  le  traita  pendant  un  mois,  lui  et 
toute  sa  suite,  et  lui  prodigua  les  produits  de  son  pays  et  les  objets 
les  plus  précieux  de  ses  trésors.  Il  le  conduisit  ensuite  jusque  dans  sa 
province,  où  il  lui  choisit  comme  résidence  un  district  renfermant 
des  plaines  et  des  montagnes,  des  cours  d'eau  et  des  arbres,  des  lieux 
de  plaisance  et  des  parcs  de  chasse.  Après  être  demeuré  avec  lui  pen- 
dant quelque  temps,  il  lui  fit  ses  adieux  et  retourna  flans  le  Khofan. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  207 

*J^   O)^^    l^    ^,J-r>^l   Y^'-*^    Ot^~^    ('^'^^J    '-^!)J    OU"^^^    V^^    C3^    ''-î^ 

<_>Us«wLj|  iUlj  ^LaJj"^!  asUw|.>s.^  'Ijsi"^!  's'iLjoj  ^\yJi\  ^i^^l  ^j^jj 

O   M  ,^^.  —   -'   \lyb,  ('.  L4^;^*aAJt  JAi.  —  ^i   M  s:>ji\.  —  "')   Manque  dans  ,M.  — 


CE  on    \1)VI\T   A   SIVWVOUSCII  Jl'SQU'A  CE  QU'IL   FUT  TUE. 

Sivàwouscli  coiisliiiisil  dans  ce  district  une  ville  fortifiée,  occupant 
un  vaste  espace  dans  un  site  charmant.  Il  y  réunit,  en  ses  divers  quar- 
tiers, toutes  les  belles  choses  du  monde  et  la  nomma  Siyàwnàbàdh. 
Il  conslruisit  pour  Kasifari  une  demeure  près  de  laquelle  tous  les  jialais 
avouaient  loin-  infériorité,  et  pour  lui-même  un  palais  dans  lequel  il 
fit  peindre,  d'un  côté,  Kaïkàous,  Zàl,  Houstem,  Tous  et  les  autres 
seigneurs  et  les  grands;  et  de  l'autre  côté,  Afràsiyàb,  Karsîwaz,  Biràn 
et  les  autres  chefs  d'armée  (turcs).  Il  montrait  une  telle  générosité, 
déployait  un  si  grand  faste,  les  repas  et  les  banquets  qu'il  donnait 
étaient  si  royalement  somptueux,  que  la  renommée  s'en  répandit  et 
qu'Afràsiyàb,  peu  à  peu,  devint  jaloux  de  lui.  Des  délateurs  le  dénon- 
cèrent auprès  de  lui,  le  calomnièrent  et  l'accusèrent  de  chercher  à 
gagner  les  Turcs  à  sa  personne,  d'être  de  connivence  avec  les  ennemis 


208  IIISrOlUK    DES    KOlS   DES   PERSES. 

'  •  Mss.  AiUJl»! .  —  C^)  Mss.  ^ .  —  (3)  .M  ^XJ«!^ .  —  <')  C  ^\j .  M  iO!,  .  —  '•"<;  ï^l*, . 


—  "'''  Ces  mots  manquent  clans  M.  —  (''  C  jiaÀj. 


(If  iHtat  et  de  nourrir  des  sentiments  hostiles  envers  ses  alliés.  Alrà- 
siyàb,  voulant  s'assurer  des  vraies  dispositions  de  Siyàwousch,  députa 
vers  lui  Karsîwaz  avec  des  cadeaux  et  le  message  suivant  :  "  Je  désire 
beaucoup  te  voir  et  me  rencontrer  de  nouveau  avec  toi.  Prends  la 
peine  de  te  rendre  auprès  de  moi  et  accorde-moi,  comme  une 
insigne  laveur,  la  joie  de  la  présence  ef  de  la  présence  de  ton  épouse; 
je  veux  jouir  de  votre  société  et  impréf>iier  mes  yeux  de  votre  vue;  je 
vous  ferai  ensuite  retourner  à  votre  résidence.  » 

Karsîwaz,  qui  de  tous  les  hommes  était  le  plus  hostile  à  Siyàwousch 
et  le  plus  jaloux  de  lui,  partit.  Lorsqu'il  lut  près  de  sa  ville,  Siyà- 
wousch vint  à  sa  rencontre  avec  sa  suite,  lui  lit  l'accueil  le  plus  gra- 
cieux qu'il  pouvait,  le  fit  demeurer  dans  son  propre  palais  et  fit  des 
efforts  extraordinaires  pour  entretenir  avec  lui  des  rapports  entière- 
ment cordiaux.  Mais,  témoin  de  son  prestige  et  de  ses  hautes  vertus, 
karsîwaz  devint  encore  plus  jaloux  et  sa  haine  s'accrut.  Alors  il  se  mil 
à  semer  la  discorde  entre  Siyàwousch  et  Afrâsiyàb,  à  tramer,  à  ourdir  cl 
à  tout  préparer  pour  jeter  l'inimitié  entre  eux.  11  disait  à  Siyàwouscli: 


HISTOIRK   DES  ROIS  DES  PERSES.  209 

^»La_«/  4J  JLâJ   ,'  ^A_j  kjJjLijj  «^'UoLaJ  ^j>L£>>oj  ^3silj  *^-»*Jl  ^Jic  J:! 

(»;  ^lyj  k-jL-s-^-lv^l   .>^>^    Jw^a-s»^  v<S*^!   ^Xdis    ^i^5   ^^   ijJjU>^«   ^-^ix 
'    MiÉiique  tlai.s  C.  —  P)  Mji.^.  —  ^••'l   M  ooy.  —   *    -M  jy.  —1^'   M  -î^Iju. 


X  Alrasivàl)  a  (le  mauvaises  intentions  a  ton  égard;  il  t'appelle  auprès 
(le  lui  pour  te  prendre  à  l'improviste  et  pour  t'assassiner.  »  Siyàwousch 
lui  répondit  :  «  L'innocent  est  sans  crainte,  et  celui  qui  agit  bien  n'a 
pas  de  soupçons.  Je  vais  donc  me  rendre  à  l'appel  d'Afràsiyàb  et  lui 
démontrer  ma  loyauté,  mes  intentions  irréprochables  et  ma  complète 
innocence,  pour  qu'il  revienne  à  de  meilleurs  sentiments  envers  moi 
el  (jue  son  animosité  contre  moi  se  dissipe.»  Karsîwaz  dit  :  «Il  sera 
bon  (|ue  je  te  précède,  que  je  fasse  sur  toi  un  rapport  favorable, 
montrant  que  tu  ne  peux,  avoir  commis  les  crimes  dont  tu  as  été  ac- 
cusé et  que  j"e.\pose  tes  droits  à  sa  reconnaissance  et  les  raisons  qui  te 
rendent  inviolable  pour  lui.  »  11  précipita  donc  son  départ  et  voyagea  à 
toute  vitesse.  Arrivé  auprès  d'Afràsiyàb,  il  exagéra  encore  les  charges, 
s'appliquant  sans  trêve  ni  repos  à  semer  la  discorde  entre  lui  et  Siyà- 
wousch et  à  dénigrer  celui-ci,  et  il  inspira  à  Afràsiyàb  un  extrême 
courroux.  Il  lui  dit  :  «  Réveille-toi  enfin,  pour  faire  face  à  l'ennemi  que 
tu  as  reçu  dans  ton  rovaume  et  avec  lequel  tu  as  partagé  tes  posses- 
sions; car  il  est  devenu  assez  fort  pour  lutter  avec  toi,  et  il  est  prêt  à 


•2\0  lIISrOIHK    1)KS   Ut)lS    DFS    PKUSKS. 

''"'  Manque  dans  C. 


le  laire  périr.  Mon  avis  est  que  lu  le  ])ré\ienues,  que  tu  rexlerniines 
sans  lui  donner  de  répit  et  que  tu  déjeunes  de  lui  avant  qu'il  ne 
soupe  de  toi.  »  Afràsiyàb,  sur  l'heure,  se  mit  en  route  avec  l'élile  de 
ses  troupes  et,  accélérant  sa  marche,  arriva  en  vue  de  Sivàwnàhàdli. 
Siyàwousch,  averti  par  un  terrible  sonji^e,  savait  d'une  manière 
certaine  qu'il  devait  périr,  il  ht  les  recommandations  nécessaires  à 
Kasifarî,  qui  était  enceinte,  lui  annonça  qu'il  allait  mourir  et  hii  dit  : 
«L'eniaiit  ([iie  tu  portes  dans  ton  sein,  je  le  nomme  Kaïkhosra.  il  me 
vengera,  et  Bîràn  interviendra  pour  toi  et  te  sauvera.  "  Et  il  alla  avec 
sa  suite  à  la  rencontre  d'Alràsivàh.  Celui-ci,  aussitôt  qu'il  l'aperçut, 
l'apostropha  durement  et  donna  l'ordre  de  le  faire  descendre  de 
cheval,  de  lui  lier  les  mains  et  de  le  faire  marclier  (ievani  lui,  mi-lrlc 
et  nu-pieds,  jusqu'à  Sivàwnâbàdli.  Les  protestations  de  Sivàwouscli, 
qui  se  justifiait  et  l'invitait  à  reconnaître  son  innocence,  le  por- 
tèrent a  le  traiter  encore  avec  plus  de  rigueur.  Alors  Karsîwaz  se  mil 
à  achever  l'œuvre  dont  il  avait  jeté  les  fondements.  Il  insistait  anprès 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  211 

sLiJt  ^,^^  '>^  <-i.A-*«j  ^-^^  <Ji^(5  d^Ji^ ye^j  <-0  <->3U  :^j^j 

vij\LjO|  (ijiL^  ^y^  ^_>LaJ'  3V*5  "^  g> j  .»  ri  ' »  <_w^  ,j-«  *<-..>-&-'>  ^_4^l9 
f)    M  cy;tJlj.  —  '-1   C  ov*;*iI.   --   ''    VlaFKiue  dans  C.  —  f»'   Mss.  l4is^. 


cl'Afràsivàl)  pour  quil  lil  mourir  Sivàwouscli,  le  meltant  en  garde 
contre  le  danger  de  le  relâcher.  Afràsivàb  avant  donné  l'ordre  de  le 
laire  mourir,  Karsîwaz  le  coucha  sur  le  côté  et  l'égorgea  avec  son 
sabre  comme  on  égorge  une  brebis,  recueillit  son  sang  dans  un  bas- 
sin d'or  et  le  lit  répandre  sur  le  sol  de  la  plaine.  Alors  un  vent  violent 
se  mit  à  souffler,  une  épaisse  poussière  se  leva  et  de  lourdes  ténèbres 
s'étendirent  sur  la  terre;  Afràsiyàb,  immédiatement,  se  repentit;  il 
adressa  à  Karsîwaz  des  malédictions  et  le  chassa  de  sa  présence.  Puis 
il  donna  l'ordre  de  mettre  à  mort  Kasifari.  A  ce  moment  même  arriva 
Biràn,  qui  se  jeta  à  bas  de  son  cheval  et,  extrêmement  affligé  de  cet 
horrible  malheur,  se  frappa  le  visage  et  lacéra  ses  vêtements.  Il  entra 
chez  Afràsiytîb,  lui  déclara  qu'il  venait  de  manquer  de  jugement  en 
faisant  mourir  Sivàwousch,  et  lui  dit:  «Puisque  tu  as  lait  ce  que 
lu  viens  de  faire  et  que  tu  as  mis  le  monde  en  feu,  feu  qui  t'attein- 
dra, toi,  tes  sujets  et  ton  pavs,  qu'a  à  voir  en  cela  ta  fille .^  Quel  est 
son  crime  pour  que  tu  ordonnes  de  la  tuer.^  »  Afràsiyàb  la  fit  re- 
mettre entre  ses  mains.  Biràn  la  prit,  veillant  sur  elle,  et  la  recom- 
manda aux  soins  de  ses  gens. 

27- 


Olî 


^«->sX 


■2\-2  llISTOirxK    DKS   ROIS    DES    PKRSES. 

g  '■    .\\>—>\j  JwolLI  v-^^  j~^^aj\  LiL»  Lg_»  ,''4)^_(fi|  ^jAi3.u  Lg-i-Lc  LlLLx^ 
2)  ij^vi.^  J^\  ^_ya-^j  ^1  ^'L*^  A-5  ^^.x-iui  v-â-ll  iS-*<o  "-^"^Ij  ;^t^' 

.^ij_i  i!  -^ILl!  L^!  ^^j-wi:  i  4I  Jlsj  U-s=L  I^La.  UjL=^  «lJI  J>^^j 

4).^!  ^  jj^NI  ci-mUj  '5  <_>  jj_giiJ!  .c-'-j^aJijls   <^^  |j-«  ot)"^'  '-^-^^  <S^ 
yjA^Lv^-d'»    y  gl  t  ^    "j-^  >-s^   "Olit-tv  iv.^LjLJ|   i>j.:^Lt»J|  ijJo'jLjLo   ^     ,^L^^ 

(')  Manque  dans  M.  —  !^)   Mss.  *Jé^^ij.  —  -^    M  io;_^I.  —  '''   M  Js.  JoLàti,. 


Lorsque  la  nouvelle  du  meurtre  de  Siyàwousch  arriva  dans l'Iràn- 
schahr,  le  monde  lut  en  révolution  et  la  terre  fut  ébranlée  par  les 
gémissements;  ce  fut  une  calamité  publique  et  un  grand  désastre, 
et  on  se  réunissait  dans  des  assemblées  de  deuil  pour  pleurer  en 
commun.  Kaïkâous  éprouvait  ce  qu'avait  éprouvé  Afrîdhoùn  lorsqu'on 
annonça  à  celui-ci  la  mort  d'Iradj.  Roustem,  en  proie  à  une  agita- 
tion extrême,  ne  put  se  retenir  d'accourir  à  la  cour  de  Kaïkâous. 
11  se  présenta  à  lui,  nu-pieds  et  nu-tète,  pleurant,  et  lui  dit  :  «  Tu  as 
mal  agi,  o  roi,  en  cliassant  ton  fds,  qui  n'avait  pas  son  pareil  dans  le 
monde,  et  en  le  forc^ant  à  chercher  asile  auprès  de  ton  ennemi  et 
le  sien.  Il  en  est  résulté  qu'il  a  arrosé  la  terre  de  son  sang,  et  nous 
voilà  désespérés  et  tout  est  en  commotion  à  cause  de  lui.  (i'est  que 
tu  as  laissé  cette  sorcière,  cette  femme  dévergondée,  Sôdhàneh, 
commettre  son  abominable  action  et  que  tu  n'as  pas  voulu  voir  ses 
vices!  »  Il  courut  ensuite  à  l'appartement  des  femmes,  prit  Sôdhàneh 
par  les  cheveux,  la  traîna  dans  la  salle  d'audience  de  Kaïkâous  et  la 
tua  devant  lui.  Kaïkâous  le  laissa  faire  sans  dire  un  mol;  il  dail  brisé 
et  anéanti. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  :>I3 

I  ^s — ^i — A — 5  ^s — 8 — A — «^  r-^^-^  o>*^  jjOL*ç»  4)»jî)L  Lc^ij  <.,ool9  ^joi_> 
jji  s — À ^j  «o  L_c.x_?  (ijL*-**^  ^j«UJ|  <-A_«ii  l^iâJj^  Lgj^iiL.  L^x^y^.**^ 

(')  C  »^.  —  !■■')  G  J^li. 


Roustem  et  les  chefs  d'armée  s'assirent  pour  la  cérémonie  funèbre, 
ou  plutôt  ils  restèrent  debout,  nu-pieds  et  nu-tète,  pendant  sept 
jours. 

NAISSANCE  DE  KAÏKHOSRA,  FILS  DE  SIYÂWODSCH. 
SON   ENFANCE  ET  SON   ADOLESCENCE. 

Lorsque,  étant  chez  Biràn,  Kasîfarî  fut  sur  le  point  d'accoucher, 
Bîràn,  crut  voir  en  songe  Siyàwousch  lui  disant  :  «Puisque  tu  ne 
m'as  pas  sauvé  moi-même,  du  moins,  après  ma  mort,  sauve  mon  lils.  » 
S'étant  éveillé,  il  lit  appeler  ses  gens  et  leur  demanda  des  nouvelles 
de  Kasîfarî.  Ils  lui  annoncèrent  qu'elle  se  portait  bien  et  qu'elle  avait 
donné  le  jour  à  un  fils,  qui  ressemblait  tout  à  fait  à  Siyàwousch. 
Bîràn  ayant  fait  apporter  l'enfant,  fut  émerveillé  de  sa  beauté  et,  ému 
de  pitié  jusqu'aux  larmes,  il  s'écria  :  «Je  jure  par  Dieu  que  je  le 
protégerai,  lui  et  sa  mère,  autant  qu'il  me  sera  possible,  lût-ce  au 


'il'i  mSTOIUK   DKS   UOIS   DKS   PKHSKS. 

<_}'    J^JJ    v.::^J_JlJ    l'i-^v  4'    >-*vàJ   J   ^  ^.ii^U    ^Is    ^^    O*^   4_*_^|   l-^J-V-o 

1'  < a.. fs^    .•}     s^ — A — ; — ^  <_a1x.  4_â-à_.lJ|  .  «;C>\J^  '^  <_)  .  Csii  '4_*M_> 

<—  ^'w> —  ^'      ^  ■    ^^  y        ■■ 

4j     9     ;  ^>'. — j-_)  :_.Lj5  <CCsj.J  J,y^   ^LcsJl  ^jriLJO  J^t  <_t-*^   *L^I 
.v-A.^i_«.  ?£->-«.  S%_4.*jit-i  «J^-Lj  t^J^î^    '  .^-^  g  *->«  .A ^ .a-tt-AJ  4_»^ij'  ^>^à-0  ;.:i^«J| 

«_,-_iU^I  Lgj  .x-A^-o.)  ^iàJo«  L(fii.>w*v»  Lg_s^-v^l.  :■>  ULg-tv»  LwjJj  .>^x>o  ^«jiils 

'    Manque  dans  C.  —  '-'   M  Aibi.  —  '')  Manciue  dans  M.  —  ('•   M  sjvfj^.   —  (^'  M 
L«y^j.  —  '*'  MjLs^i.  —  (''  Ces  mots  manquent  dans  C. 


prix  (le  mon  sang!  »  H  recommanda  à  ses  gens  de  veiller  sur  lui  et  leur 
ordonna  de  l'entourer  du  plus  grand  bien-être  et  de  l'élever  avec 
soin.  Puis,  saisissant  une  occasion  favorable  pour  informer  Afràsivàb 
de  la  naissance  de  cet  enfant,  il  lui  dit,  à  un  moment  où  il  le 
trouvait  de  bonne  humeur  :  »  Kasîfarî  est  accouchée  d'un  lils  qui 
te  ressemble  tout  à  fait.  Je  te  supplie  de  ne  pas  songer  à  le  faire 
mourir.  «  Afràsivàb  répondit  :  «Je  crains  bien  qu'il  ne  devienne  un 
danger;  mais  je  me  sens  pris  de  pitié  pour  lui.  Il  faut  que  tu  le 
portes  à  la  campagne  et  que  tu  le  confies  à  un  pâtre  qui  soit  chargé 
de  l'élever.»  Bîràn,  très  heureux  de  ces  paroles,  confia  l'enfant  au 
chef  de  ses  pâtres  en  lui  recommandant  de  veiller  sur  lui  avec  soin; 
et  il  envoyait  de  temps  en  temps  ses  hommes  de  confiance  pour 
prendre  de  ses  nouvelles  et  pour  pourvoir  à  ses  besoins. 

Il  en  fut  ainsi  jusqu'à  ce  que  Kaïkhosra  eût  atteint  l'âge  de  sept 
ans.  Alors  l'enfant  confectionna  de  sa  propre  main  un  arc  et  des 
flèches,  les  raccorda  et  les  ajusta,  et  se  mit  à  chasser  les  lièvres, 
puis  les  gazelles,  ensuite  les  ânes  sauvages,    et  il   ne  tenait  aucun 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  215 

^'J^^J     4"--»^     ^IpAJ     ,_^1S      <^^     ^^j_AJ      ^JJ     <'     J-^J      ^^'^'l     SiL*_*V 
^J.>> ^.o     Sy-^u*     -^       J     jLftj     4>-Â^     <^s-î==U     <_>    ^_/^J   »     ,1     <_jl_5.      4jL^     (^ 

Je  t_>i — <^y-^\  {^  ^.  8  <  -Csii,  ^.i^L  <  U 1  S.J  jLiuc]^  .iL^j^  <j^L 
«< — îJ-^  <-/i-^  <-s=i  ^_^!  <-<J|  jpkj  '-i^  <j  Lci  (_>Ls^|^l  jj!  ;;jî  <.s>^j 

'')  Man(|ue  dans  C.  —  >-J   Manque  clans  M.  —  ^^J  Manquo  dans  M.  —  '')  xMss.  L«-*J1. 


compte  du  pâtre.  Celui-ci  alla  trouver  Biràn  et  rinforma  des  laits 
et  gestes  de  Kaïkliosra.  Bîràn  monta  à  cheval,  se  transporta  auprès 
de  lui  et  le  fil  appeler.  Kaïkliosra  se  présenta,  brillant  du  rellet  de  la 
majesté  divine,  se  prosterna  et  se  tint  debout  devant  Bîràn,  qui, 
frappé  de  sa  beauté  et  admirant  sa  prestance,  le  fit  approcher,  lui  lit 
ses  compliments  de  bienvenue,  le  traita  avec  distinction  et  l'embrassa. 
Kaïkhosra  dit  :  «  Us  ont  bien  raison,  ceux  qui  disent  que  tu  n'as  pas 
ton  pareil  en  générosité  et  en  noblesse,  puisque  tu  juges  le  fils  d'un 
pâtre  digne  de  toutes  ces  marques  d'honneur.  »  Biràn  répliqua  :  «  Mon 
enfant,  tu  n'es  pas  fils  d'un  pâtre,  mais  fils  et  petit-fils  de  rois.  "  Il 
l'emmena  en  son  palais  et  réunit  ensemble  le  fils  et  la  mère;  il  lui 
donna  de  riches  habits  et  des  cadeaux  et  le  fit  demeurer  dans  la 
société  de  ses  propres  fils.  Cependant  son  cœur  palpitait,  car  il  crai- 
gnait qu'Afràsiyâb  n'attentât  à  la  vie  de  l'enlant.  Afràsivàb,  ensuite, 
demanda  qu'on  lui  amenât  Kaïkhosra.  Quand  il  le  vit,  il  lui  donna 
toute  son  affection  et  ordonna  de  le  faire  partir  avec  sa  mère  pour 
Siyàwnàbàdh,  la  ville  de  son  père.  Ils  y  furent  conduits  accompagnés 


2  II,  IllSTOlUE.  DES  ROIS.  DES   PERSKS. 

>§^'^  j^w»l>-ijt\»i*!  ^j-»-  [A..«»ikft.)|"|  c^^-^'wvjj^  isLjy^^^l  ^U^   Jl   ...S^-à-*-"^ 

JliUt    ""Uv-^  «C^ix    p^p^J    -  >>4--^a^j 

..i^^'lj^L^j  '}^:yc>ùu^\ji\j\jLXsJj  |^.«»<j  I^U-^  cjpj-*-^'  •^t'->^-*^^-**'^l  (^ 


(iun  ojefcit  nombre  desçlaves,  hommes  et  ieinuies,  H  y  avait  ia  des 
trésors  ;  cachés  ayent  appartenu  à  Siyâwousch  que  Kasîtarî  exhuma, 
en  prenant  ies-précautioîir  nécessaires,  et  elle  trétablit  ses  affaires 
et  celles  de  son  fils.  Kaïtliosi^  grandissait  comme  la  nouvelle  lune  el 
acquérait  des  forces  cbranue  un  lionceau.  II. ^lontail  à  che\al  et  clias- 
sah.  et  la  marque  de  la  royauté  briftait  sur  lui. 

l'ttEMIKRE  GUERRE   POl  R  VENGER  I.A   MORT   DE  SIYÀWOUSCH . 

'  Ensuicje  Roustem  réunit  les  chefs  d'armée  et  les  grands,  les  exhorta 
vivement  à  vejjger  la  mort  de  Siyâwousch  et  les  invita  à  se  préparer 
j^jÉHU'  entrer  en  campagne.  Répondant  à  son  appel,  ils  se  rassem- 
blé neiit,  a  fil  liàcent  de  tbu6  côtés,  s'enrôlèrent  et  marchèrent  sous  son 
fbapeau  vers  le-pavs^des  Turcs.  Afràsiyàb  se  dirigea  contre  eux  avec 
-<^'-  lidupes.  Lorsque  les  avant-gardes  se  rencokitrèrent,  celles  d  Alrà- 


HISTOIRK   DES  ROIS   DES   PERSES.  217 

M 4i»_A.j^   ^    i__/_jjj   <_Â..^_i.   <L;C>1:^     Slél  \ZX->  ljLf!..v^  yJÎ)  lik-n    I   Àj^y^aJ] 

..-/■  w  V  j^LàJ^  "LtwJi  cj.ij_^|j  ^y=;^i  '^i"^!?  '.-jy-*-*^'  (.ii^O^'^^  t'  T 

jLjLjJt   |J>X,>^  JLia_)jt   ^>-v3}  >_/^l^Jl   J^  ^  <_>iL£  j__^  h^)   ^jr*U 


V 
si\àl)  ('tant  commandées  par  son  fils  Sorklia,  il  v  eut  un  sérieux 

en<,Mj((MM('iit.  Farànior/.,  (ils  de  lioustem,  fit  prisonnier  Sorklia  el 
l'aniena  a  son  peie.  (Iclui-ci  le  lit  éf^orf^er,  comme  avait  été  éj^orgé 
Sivàwouscli.  En  recevant  celte  nouvelle,  Airàsivàb  fond)a  évanoui, 
tandis  (pi'un  immense  cri  de  douleur  s'éleva  de  son  camp.  Iievenu  à 
lui,  la  lureur  le  poussant  en  avant,  il  se  mit  en  mouvement  avec  ses 
troupes,  et  les  deux  armées  se  trouvèrent  en  présence  Tune  de  l'autre. 
Roustem  disposa  ses  lignes  de  bataille,  forma  l'aile  riroite  et  l'aile 
gauche  et  prit  position  au  centre.  Afràsiyàb  fit  de  même.  Puis  on 
s'aborda  et  on  en  vin!  aux  prises:  on  combattait  avec  rage,  les  lances 
se  brisaient,  les  sabres  volaient  en  éclats,  la  terre  était  rouge  de 
sang,  le  ciel  noir  de  poussière,  et  la  bataille  devint  terrible.  Hous- 
lern,  selon  sa  coutume,  fit  des  prodiges  de  valeur,  al)attant  les  cham- 
j)ions,  mettant  enjeu  toute  sa  lii-avoure.  Les  autres  cliels  d'armée,  à 
son  exemple,  ne  laissaient  debout  aucun  ennemi.  Et  ils  mirent  en 
déroute  Afrâsivâb,  qui  s'enfuit  avec  les  survivants  de  son  armée.  Les 
Iraniens,  en  les  poursuivant,  envahirent  le  pays  des  Turcs,  et  Afrà- 
siyàb se  réfugia  en  (Ihine. 


218  IIISTOIHK   DKS  ROIS  DKS   PKHSES. 

j^'^K^    ;5f— A_^   ^1    ^«.^v^    Jw4A-^|«   <30L<*   ^_Jc   iS-^3    .^J-^^-**''}     .v^-^^l    i!Xj 
ij^_*^    ^_op-*v\|j    ^j^w^l^   ^U>JL  j^j\j  <.^j.^Xj  ^jof^\j  l')  Jj_a_ftjlj 


Roustem  prit  possession  des  Étals  d'Afràsiyàb  et  fit  occuper  toutes 
ses  provinces  par  ses  troupes,  auxquelles  il  recommanda  de  tuer  tous 
ceux  qui  résisteraient  les  armes  à  la  main  et  d'épargner  les  diliqans 
et  les  agriculteurs.  Lorsqu  il  lut  maître  de  Bihischtkank  et  quil  eut 
pris  la  place  d'Alràsivàb,  il  dit  :  «Si  nous  n'avons  pas  tué  l'ennemi, 
au  moins  lavons-nous  chassé  et  mis  en  déroute  et  nous  sommes 
maîtres  de  ses  provinces,  de  ses  trésors,  de  ses  armes  et  de  ses  che- 
vaux!» Comme  il  n'avait  aucune  information  concernant  Kaïkhosra, 
il  ne  trouva  aucune  trace  de  lui.  Ensuite,  avant  jugé  nécessaire  de 
retourner  dans  firànschahr  pour  défendre  le  royaume  et  Kaïkàous, 
il  donna  l'ordre  aux  chefs  d'armée  et  aux  troupes  de  revenir  avec  lui, 
et  il  se  mit  en  route,  emmenant  le  butin,  les  captifs  et  les  prisonniers. 
Quand  il  fut  rentré  dans  le  Sedjestàn,  il  renvoya  les  chels  d'armée  à 
la  résidence  de  Kaïkàous. 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  219 

Joo  c^--*j'  »J?>— =^    >'-4^    ^:>"*-^Lî  J"^'  <St*^.   .Jf^%^  !>Y*>>J^^>^  *^_^^jL 


RETOUR   IVAFRASIYAB   DANS  SON   PAYS.  KAIKHOSRA  VIKNT  DANS  I.'IRANSCHAII  R. 

I^orsque  Alràsiyàb  eut  appris  que  les  Iraniens  étaient  retournés 
dans  rirànsclialir,  il  rentra  flans  son  pays,  qu'il  trouva  dévasté  et 
saccagé.  H  s'enquit  de  Kaïkliosra  et,  ayant  su  qu'il  était  toujours  dans 
sa  résidence,  il  ne  pensa  plus  à  lui.  il  s'occupa  à  exhumer  ses  tré- 
sors, à  rétablir  ses  affaires,  à  reconstituer  son  armée  et  à  se  préparer 
pour  la  reprise  des  hostilités. 

Dans  rîrànschahr,  on  fit  choix  de  Kîw,  fils  de  Djoûdharz,  pour 
aller  dans  le  pays  des  Turcs,  gagner  Siyâwnâbàdh  et  en  ramener  Kaï- 
kliosra. Kiw  se  mit  en  route,  voyageant  la  nuit  et  se  cachant  pen- 
dant le  jour,  jusqu'à  ce  que,  après  beaucoup  d'efforts  et  de  fatigues, 
il  arrivât  enfin  à  un  parc  près  de  Siyâwnâbàdh.  Kaïkhosra,  qui  s'était 
rendu  dans  ce  parc  à  cheval,  soit  pour  chasser,  soit  pour  se  divertir, 
voyant  Kiw  de  loin,  eut  aussitôt  l'idée  qu'il  venait  de  l'Irànschahr 


•220  lllSTOliU-:    DKS   ROIS    DKS   PKRSF.S. 

^jB_^l«  .'  i>lLi5LiS-*v  J,l  ii>— **v..^>-^  ^3^ii.|,  NI*L40j  lÂj[jJj   Isylxjj  Laj'^Ajo 

«_>S-^    ^^JivU    d^Ji^    >_j    I    "C^JJ    L*v>_?   ^^-iv    <J>I    ^    <Jt^    >-<S**m    i—.'Jftbj    ^w«' 

J  ^ilUL  ï>— ->-i^— i  Jlc  jLiL  f  ■^J^  PiJaJj^i  -^3-^  ^.JlUI  |?La_sL? 

s- 


pour  le  chercher.  Kîw,  de  son  côté,  était  persuadé  qu  il  avait  devant 
les  veux  Kaïkhosra.  Ils  s'avancèrent  l'un  vers  l'autre,  se  firent  con- 
naître, s'embrassèrent  et  s'adressèrent  les  ([ueslions  d'usage.  Kaïkhosi-a 
ramena  Kiw  à  Sivàwnàhàdh,  tint  son  arrivée  secrète  et  se  pré|)ara  à 
partir-  avec  lui.  Il  monla  un  cheval  avant  apparlenu  à  son  père  et  tel 
(jnon  n  (Ml  avait  jamais  vu.  Le  cheval  cpi'il  donna  à  kiw  volait  avec 
ses  jambes,  et  celui  qu'il  choisit  pour  sa  mère  paraissait  a\()ir  au\ 
pieds  les  quatre  vents.  Chacun  d'eux  menait  un  autre  cheval  en  laisse 
et  portait  sur  lui  une  bourse  remplie  de  pièces  d'or.  Pendant  (|u  ils 
vovageaient  à  marches  forcées,  ils  furent  rejoints  ])ar  les  cavaliers 
lancés  à  leur  poursuite.  Kîw,  après  avoir  lutté  de  toutes  ses  forces, 
réussit  à  les  repousser  et  recommanda  à  Kaïkhosra  d'accélérer  encore 
davantage  sa  course.  Ils  firent  donc  des  nou\eaux  elVorts.  Mais  lors- 
qu'ils arrivèrent  aux  bords  du  njaïhoiin,  le  gardien  ne  voulut  pas  les 
laisser  passer.  Kîw  dit  à  Kaïkhosra  :  "Tu  es  h;  roi  de  l'univers,  et  tu 
portes  le  reflet  de  la  félicité  divine.  Je  pense  donc  (|iir  lu  devrais  tra- 
verser le  fleuve  à  la  nage  et  (jne  nous  le  suivions,  a\inil  cpT  Miàsivàb 


HISTOIRE   DES   KOIS  DES  PERSES.  221 

^^^_N^i_>^   ^Jw>  ^h  cj  "Ow^v    Ç.V-5-?  (?^|j-i  ^  *UI  ?jj-sV  •r^'^  2LaX-^ 
^J-«    Mji^_aÉ>»  ^nJC.*»v^  ^  (f""**!^   "*'"-"-^^    '-)(__9UaJ^|j  ejl^UwJj^  ,_/-^=LlL 


-M    pIaw^  ,    Vi    ^Um^  ' 


soit  sur  nos  trousses.  »  Kaïkhosra  traversa  le  fleuve,  et  les  deux  autres 
avec  lui,  sans  le  secours  d'un  bateau.  Quand  Alràsivàb,  qui  s'était 
surmené  à  leur  poursuite  en  parcourant  de  grandes  distances  en  peu 
de  icnips,  arri\;i  au  llcuve,  il  apprit  qu'ils  l'avaient  franchi  sur  leurs 
clxevaux.  11  •^riiic;a  des  dents  et  se  mordit  la  main,  et  il  s'en  retourna 
avec  sa  déconvenue. 

Lorsque  Kaïkhosra  entra  dans  l'Irànschahr,  les  chels  d'armée  et 
les  hauts  personnages  vinrent  à  sa  rencontre  avec  des  chars,  des 
olTrandes  et  des  cadeaux.  Roustem  vint  au-devant  de  lui  du  Sedjestân, 
Djoùdliarz  d'Isialiàn,  les  autres  grands  des  autres  villes,  et  ils  lui 
firent  escorte  pour  se  rendre  auprès  de  Kaïkàous.  Celui-ci,  qui  était 
brisé  par  son  grand  âge  et  dont  fouie  et  la  vue  étaient  affaiblies  par 
la  vieillesse,  s'avança  vers  kaïkhosra,  se  prosterna  devant  lui,  le  fit 
monter  sur  le  trône  d'or,  lui  remit  la  couronne  et  le  questionna  sur  son 
vovage.  11  félicita  Kiw  de  l'action  méritoire  et  du  haut  fait  qu'il  venait 
d'accomplir.   Il   fit   mettre  tous  les  trésors  à  la  libre  disposition  de 


222  IIISTOIRK    DKS    ROIS   DF.S    PKRSRS. 

'^-ol^^jbo    ^aJlLJI^    v_jljy*»*l_sl    •^;ls?   ^iJjLÎi    ^    ïjMéJ:^ ^y^ 

s_/JiJ|^  (_>Ls^Li!  «LcjLix»  ^  i^,_**vi|^  \r^'f^  ^\y^\_^  ^_j^L5vs^  J)t  '^ 

> ^    g    "'I   U  4iiL   |?> 1  ^lls»  A_>^^  L,iîL<six  ,_)3v=»-l  '>j^>-T»-j-'  ^-^  "^-^vl  j'-^ 

^J_^    ^1 ^i_^    «^ — i_M  ._-vi_;C__)    ^l^^ajJt    J    Jsd!    ijb^   ^1    Ji-J    \yX.Ç^^ 


Kaïkhosra  et  plaça  sous  ses  ordres  lous  les  cliels  d'armée  et  toutes 
les  troupes,  qui  lui  rendirent  hommage  et  lui  prêtèrent  obéissance. 

KAÏKHOSRA    SE  MET  E^i   CAMPAGNE  AVEC   LES  CHEFS  D'ARMEE 
POLR   FAIRE  LA  GUERRE   À   AFRÀSIYÂB   ET  POUR   VENGER  SON   PERE. 

Ouand  Kaïkàous  et  les  chefs  d'armée  engagèrent  Kaïkhosra  à  faire 
la  guerre  à  Afràsivàb  et  à  venger  sur  lui  la  mort  de  son  père,  ils  le 
trouvèrent  plus  animé  qu'ils  ne  l'étaient  eux-mêmes  de  l'ardent  désir 
de  faire  l'un  et  l'autre.  Il  leur  dit  :  «  .le  jure  que  je  ne  me  livrerai  pas 
aux  plaisirs  de  la  table,  ni  des  banquets,  que  mon  cœur  ne  sera  en 
repos  et  que  mon  chagrin  ne  cédera,  tant  que  je  n'aurai  obtenu  la 
vengeance  complète,  avec  l'aide  de  Dieu  et  par  sa  volonté!  Aidez-moi 
donc  et  suivez  mes  ordres!  »  Les  chefs  d'armée  se  prosternèrent  devant 
lui  et  s'engagèrent  à  faire  tous  leurs  efforts  et  à  mettre  tout  en  œuvre 
pour  le  seconder  en  toute  circonstance  et  à  le  servir  avec  un  entier 
dévouement. 


O' 


fUSTOIHE   DES  ROIS   DES   PERSES.  2215 

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iL^X/Oo  ^i'  ;kA_)  J,«  .s^vJj  :>LolJ'     i».A^  jLjtx» 
'''  M  x«i><À..  - — '■'  Ces  mois  iiiniiqueiit  dans  M. 


K.;nkli(>sra  passa  la  revue  (les  troupes,  rappela  les  absents,  leur  pava 
la  solde  et,  après  avoir  (léplové  une  grande  activité  et  pris  toutes  les 
mesures,  se  mit  en  marclie  avec  une  armée  nombreuse  et  un  immense 
é(|uipage,  accompagné  de  Houstem,  de  Tous,  de  Djoùdliarz,  de  Kîw 
et  des  autres  grands  et  seigneurs,  et  emmenant  avec  lui  le  drapeau 
des  Kaïanides.  Les  avant-gardes  qui  les  précédaient  mirent  en  dé- 
route celles  ci'Afrcàsivàb,  après  les  avoir  très  rudement  malmenées  et 
en  avoir  tué  un  grand  nombre.  L'armée  de  Kaïkbosra  avait  son  camp 
près  de  Balkli ,  et  Afràsiyàb  était  campé  entre  Soghd  et  Bokhàrà.  Alors 
les  hostilités  commencèrent;  il  v  avait  entre  les  deux  armées  des 
engagements  uonibreux  et  de  sanglantes  batailles,  les  horreurs  de  la 
guerre  étaient  permanentes  et  les  calamités  se  suivaient  sans  inter- 
ruption, de  telle  sorte  que  les  combats  faillirent  les  dévorer  tous  et 
que  la  population  qui  se  trouvait  entre  les  deux  camps  fut  presque 
anéantie.  Ces  combats,  dit-on,  durèrent  ainsi  quarante  ans  et  les 
ravages  des  troupes  s'exercèrent  à  la  fois  sur  les  habitants  et  les  pavs. 
A  la  fin.  les  armées  d'Afràsivàb  commencèrent  à  perdre  du  terrain  et 


■2-2'\  IIISTOIRK    OKS   R(~>1S    DES   PERSES. 

_^.    \    y^    ^<1<-A-    ?t~~>^»j\    tl.^NJÏ-i«    ^.XjJo    S>_t*«J^-b    ^_^»-A^,   v^l-^    l__>LAwUi!y3| 

^V^Ji.  <<_fN_lî)  ^'  <jL^>I  ^  1_>La_*vIwJ|  <«>-g->|;  "M^^  4)^JCi>0  ^jy^  [jty£j\j\ 
ù:       «■■      «^ — J     >JjVw*« — «./O     ^1     i|»_SjU     jf— «*\     ,^s_^^3-)U     On-J|     ^_^LJ^»     ^wy^     |,#.^Js.,M/| 

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■\  \  ^t     >      ï!y^_J>»   ( >^Ja__iii.   l  rfi.  "b.k  1   ^1,  'n  »  ( >«Ja^  '   .>_<S^ ^-^^-â-l!     >-<SJ  '  •■  *-i  •^ 

''  r.  AïUa..  —  (-'  C  xijdy=^^.  M  A~j^s^  i  ^y%i).  —    *'   M  û^:  ^}  maïKiuiilans  C. 
M  a..C>..c  ■ 

les  troupes  do  Kaïkhosra  à  avoir  l'avantage.  Après  plusieurs  combats 
qui  se  terniinèrenl  par  uue  grande  bataille,  Afràsivab  lut  délait  et 
contraint  de  s'enfuir  lionteusement  avec  ses  compagnons,  de  telle 
sorte  quon  n  enteiubt  plus  parler  de  lui  et  qu'on  percHt  sa  trace. 
Pioustem  et  les  cbels  d'armée  retournèrent  au  camp  de  kaïkhosra, 
triomphants  et  chargés  de  butin. 

Ensuite  Afràsivab  revint  dans  son  pays  et  reprit  haleine.  Il  réunit 
ses  troupes  dispersées  et  écrivit  aux  commandants  de  ses  frontières, 
leur  demandant  de  venir  à  son  secours  et  de  faire  leurs  préparatifs 
pour  la  guerre.  Des  niultiludes  innombrables  s'étant  rassemblées 
dans  sa  résidence,  il  ne  sOccupa  (pa'à  les  passer  eu  revue,  à  leur  dis- 
tribuer la  solde  et  à  leur  fournir  ce  qui  leur  était  nécessaire.  Puis  il 
se  mit  en  marche,  précédé  par  Bîrân  à  la  tète  d'un  corps  nombreux. 
Kaïkhosra.  informé  de  son  entrée  en  campagne,  s'avança  avec  ses  ar- 
mées, I^joûdharz  avec  un  gros  détachement  prenant  la  tète.  11  se 
passa  entre  les  deux  généraux  de  graves  affaires  qu'il  serait  trop  long 
de  rapporter. 


HISTOII\K    DIvS   ROIS   DES   PEHSES.  225 


Jt^^!  Je  .  >jJl  jt^  ^\^'i\ 

«Lols'^I  J  fr^j  jïUools  (?^-^Jj  ^_^  ]^.*:x3^ 


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('.  jAiJLit  jl^  *^i"-         "'  Mi'i'fiuf  <li"'>'i  M 


l)|(»(i(lliai-/,  <i  Hiràii,  sélitiil  iciiconliV's  ciisuilc  dans  iiiic  <'iitrc\  ur, 
•  Miicnl  (le  longues  conférences  el  linirenl  par  conclun'  un  accord 
aux  lernies  ducjuel  dix  cliels  de  1  un  des  deux  partis  devaient  se 
mesurer  en  combat  singulier  avec  dix  chefs  de  l'autre;  Djoûdliarz 
aurait  pour  ad\ersaire  Biràn.  Les  dix  Iraniens  eurent  le  dessus  et 
les  dix  Turcs  lurent  tués.  Biràn  périt  par  la  main  de  Djoûdliai/.. 
(iomme,  en  ce  moment,  kaïkiiosra  arrivait  avec  ses  armées,  les  Turcs 
jetèrent  leurs  armes  et  ôtèrent  leurs  casques.  Kaïkiiosra  leur  accorda 
la  vie  sauve  et  leur  laissa  le  choix  de  rester  avec  lui  ou  de  rentrei- 
dans  leurs  Ion  ers.  Un  certain  nombre  d'entre  eux  demeurèrent,  les 
autres  partiient. 

Kaïkiiosra,  1res  affligé  de  la  mort  de  Biràn ,  s'écria  :  «  Hélas,  comme 
je  déplore  la  perte  de  celui  qui  fut  un  noble  parmi  les  vils,  un  ange 
parmi  les  démons!  Certes,  si  je  l'avais  trouvé  vivant,  je  l'aurais  ho- 
noré comme  il  le  méritait  et  l'aurais  dignement  récompensé!  Mais 
ce  qui  est  passé  est  irréparable!  n  Puis  il  fit  pourvoir  à  ses  funérailles 
et  transporter  son  corps  dans  sa  patrie. 


226  HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES. 

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cyi.  ^|:>  <_jL>.|j  iv^V^I  J^^l^  ^;rSJ«-''  JU-*^1  o^  ]^-io5  <>5và3^  '^];-^l' 
<_x_i  /JL-aJI  I5s.iij  oSvtM^  ^t?^J  ■i-ij^-ft-'  ^-^Ij  *WU-i'  tj^  jr*^  ^  |^4-'l? 

'''  M  j^jJl.  —  *-*  Ces  mots  mainiucnt  dans  M.  —  (^'  Ces  mots  manquent  dans  M. 


EVENEMENTS  QUI   ABOUTIRENT  A  LA   MORT  D'AFRASIYAB. 

Les  chefs  d'armée  et  les  troupes  vinrent  des  différents  côtés  re- 
joindre Kaïkhosra,  portèrent  devant  lui  le  drapeau  des  Kaïanides  et 
marchèrent  avec  lui,  tous  étant  à  cheval.  Afràsiyâb  ayant  franchi  le 
Djaïhoûn  avec  ses  troupes,  et  ayant  appris  ce  qui  venait  de  se  pas- 
ser, la  mort  de  Bîrân  et  des  chefs  qui  avaient  succombé  avec  lui, 
ainsi  que  la  capitulation  des  Turcs  entre  les  mains  de  Kaïkhosra, 
fut  découraf,^é.  Il  fit  éloigner  tous  les  courtisans  et,  demeuré  seul, 
descendit  de  son  troue,  déchira  ses  vêtements,  se  couvrit  le  visage  de 
poussière  et  donna  libre  cours  à  .sa  douleur  en  versant  des  larmes,  en 
poussant  des  soupirs  et  en  s'abandonnant  à  l'inquiétude  et  à  la  crainte. 
Après  avoir  changé  de  vêtements,  il  donna  audience  aux  chefs  et  aux 
principaux  officiers  de  son  armée,  leur  exposa  avec  émotion  sa  détresse 
et  son  chagrin,  fit  appel  à  tous  leurs  efforts  pour  la  lutte,  leur  promit 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  227 

ïjLii!   t_5>Js  ^   ^UjLiJI   eJ*l>J^    S^_»«.aisJi  S\M<^  l^iL^   ,^50^   <JL>0   UjL*^ 
JLjlJ  Jjj-^"^'!    ^L-£^    -ii— vaJ!   ^_pUJt  J   3;p«*-ii!«^   J,l  J-*^!  t_>U_*vl^l 

■^I  Jo^^s-^j  (^5v<sj  ^j^-iJj  À^  "^  f«^^^^  v.5^->^  '^  ^'  "^1;  ^jT^'-^ii^ 
t_>Us->|^  .iv>>_4«_c  (^"'•j-?-  J:  v_)^_;  4|_j>x_tv  Jw^i!!  ^j\  ll^J  «^U^l  ;«-«j)l 


des  richesses  et  donna  l'ordre  du  départ.  Ils  marchèrent  avec  lui 
et  arrivèrent  en  présence  de  l'année  de  kaïkhosra.  Les  deux  années 
se  trouvèrent  en  lace  l'une  de  l'autre  sur  la  lisière  du  désert,  qui  était 
bordé  à  droite  par  le  Khwarezm,  et  à  g^auche  par  le  Dehistàn,  et  y 
établirent  leurs  camps. 

Afràsiyàb  ouvrit  des  négociations  avec  Kaïkhosra,  lui  demandant  la 
paix  et  s'engag-eant  à  donner  des  richesses.  Kaïkhosra  répondit  :  «  Non , 
par  Dieu,  tu  ne  me  séduiras  pas,  ni  par  des  paroles,  ni  par  de  mi- 
sérables biens!  Entre  moi  et  toi,  il  n'y  a  que  le  sabre!  »  Alors  Afrà- 
siyàb donna  l'ordre  de  battre  les  timbales  et  de  sortir  du  camp  pour 
la  bataille.  Les  deux  armées  combattirent  jusqu'à  ce  que  la  nuit  les 
séparât.  Kaïkhosra  recommanda  à  ses  chefs  d'armée  et  à  ses  officiers 
de  veiller  et  de  prendre  des  précautions  contre  une  surprise  de  nuit, 
comme  s'il  avait  vu  derrière  un  mince  rideau  ce  qui  allait  arriver. 
Afràsiyàb,  en  ellet,  avait  résolu  une  attaque  nocturne.  Lorsque  la  nuit 
eut  laissé  tomber  ses  voiles,  il  s'élança  avec  l'élite  de  son  armée  et 
les  premiers  de  ses  officiers  pour  assaillir  Kaïkhosra  et  ses  troupes. 
Mais  il  trouva  Roustem  et  les  principaux  chefs  d'armée  prêts  à  le  re- 


228  inSTOIHK    DKS    IlOIS   DKS    PF.RSKS. 

J. J'.    k_>'NjJI»    ^S>â^L   -iJl^al     o-cStl  i.::^w^-à->  M>-5Lt)    iw^C    (_LJ\b'>    |^_4-NiaLc 

LlU  «4 N^jvi  (^  ùwOsjLj»  ^iJvx»  ^JycL  ^Lot^»  ^L^Vpifcj  .iLvôJ^  jLi_t-J 


t"  M  J. 


'-     Manque  dans  M. 


cevoir,  et  il  lut  mis  imi  (IpiouIc  ii])n's  que  la  plus  grande  partie  de  sa 
troupe  eut  d»'  tuée.  Le  leiHlcmain,  les  deux  partis  arrivèreut  sui-  le 
champ  de  bataille  pour  reprendre  le  combat  eu  plein  jour;  ils  lor- 
mèrenl  leurs  lignes  et  établirent  leurs  positions;  puis  ils  se  couvrirent 
fie  traits  et  s'abordèrent  avec  la  lance  et  le  sabr(\  La  mêlée  dura  ainsi 
jusqu'au  moment  où  le  soleil  dardait  ses  rayons  du  midi.  Alors  un 
ouragan  se  leva,  une  elVrovable  poussière  remjilit  l'aii-,  et  les  Turcs 
furent  aveuglés  par  le  gravier  et  le  sable.  Les  Iraniens  llrenl  une 
charge  suprême  et  les  assommeif-nt  à  coups  de  massiu'  et  de  sabre. 
Alràsivàb  s'enluit  a\ec  un  petit  nombre  de  ses  lamiliers,  tandis  (pie  le 
gros  fie  son  armée  se  rendit.  Kaïkhosra  retourna  en  son  cauq),Aicl()- 
rieuv  l't  maître  des  (lé|M)uilles  de  I  ennemi.  l'I,  allègrement,  lise  mil 
à  boire  avec  Fioustem  et  les  autres  grands.  H  se  réjouit  de  la  delaile 
fie  l'ennemi  et  dit  :  Si  nous  n  avons  jias  tué  rennemi,  au  moins 
i'avons-nous  entame  et  blessé  et  mis  en  déroule;  nous  lin  a\()ns  ia\i 
ses  héros  et   ses  soldats,  et   nous    ra\ons  chassé  de  son   |)a\s.  .     \ii 


HISTOIRE   DES   KOIS   DES   PERSES.  229 

^ya_g_i    2^    jLil    i>j_^    4_»^^t    J;    ^_j-jC>Vsi    J,l    J-*vj|j    j^^;w44JL     ^UiJt 

j^  jJwO  3;UuJ.I  «UotJj  J,!  »  U^^^^l  jlp^^t  J  5  jUa^l  ^^L^  >>j  i' 

< «»_&_<» )    \  «—ftjLS  w^gliOoo    '■  "C^JJÎ.      v_v^<ajL   \La^i«   Ojj|   Swu«J^^  ^_^iJ»jls 

<ji.L^  y-v=._^.  <jLi|j  '<j'^T.  >^t  ^.5^Lo  4!  t^j-ÂJft.  ^ilkJ';^!.  Li^l; 


'''   (' AsLy;.    —  '"'   (.es  mois  manqui'nl   daiis  M;  ciisuiti'  i.y.~^^.    —    •'*   C  Jlv-^  - 


malin,  il  lil  des  alilulions,  revèlil  les  liabils  de  l'adoration,  et,  seul 
en  lace  de  Dieu,  il  loucha  la  terre  de  son  Iront,  louant  Dieu  et  lui 
rendant  grâces.  Puis  il  distribua  de  l'ai-j^enl  au\  pauvres,  accorda  des 
vètemenls  d'honneur  au\  chels  d'armée,  partaj^ea  entre  eux  le  butin 
et  les  captifs  et  lit  parvenir  à  Kaïkàons  un  message  lui  rendant  compte 
des  événements.  Ensuite  il  se  mil  en  roule  avec  ses  troupes  vers 
liiliischtkank  et,  avant  atteint  cette  ville,  il  s'y  établit. 

Kaïkhosra ,  ([ui  avait  expédié  de  tous  côtés  des  détachements  cl'éclai- 
reurs  et  des  espions  à  la  recherche  d'Afràsiyàb,  fut  informé  qu'il  se 
trouvait  au  delà  de  l'exlrème  h-onlière  de  la  Chine;  car  il  a\aif 
manœuvré  pour  passer  la  mer  et  s'était  réfuf,né  dans  sa  lorteresse 
nommée  Kankdiz.  Lorsque  Kaïkhosra,  en  suivant  sa  trace,  passa  par 
la  Chine,  le  Faghfoûr,  le  roi  du  pavs,  lui  témoi<,nia  son  respect  et  sa 
soumission  et  mit  à  sa  disposition  ses  services,  ses  provisions  et  ses 
richesses.  Ainsi  firent  les  autres  rois  de  ces  régions  et  de  ces  parages, 
qui  vinrent  lui  présenter  des  ollrandes,  des  cadeaux  et  des  provisions, 
lui  procurèrent  des  vaisseaux  et  tout  ce  qu'il  fallait  pour  naviguer  et 
l'accompagnèrent  jusqu'à  ce  qu'il  eût  traversé  la  mer  avec  ses  troupes. 


230  HISTOIUK   DKS   ROIS   DES   PERSES. 

^^->._=i^iu_;  3^^-*_a^    '^'■^-'-^  <-csi-c  ijLiy^l  ^J^\  J)L2>5  ^"(3-s5y-'l  J^^^^«ô| 


Lorsqu'il  arriva  près  de  Kankdiz,  Afràsivàb  en  disparut  comme  du 
vif-argent  et  comme  si  la  terre  se  fût  fermée  sur  lui.  Kaïkhosra  prit  ses 
quartiers  dans  la  forteresse  et  vit  que  c'était  un  lieu  charmant  et  plein 
fj'agréments,  le  paradis  de  la  terre,  oii  abondaient  les  biens  et  les 
vivres.  Il  s'y  reposa,  jouissant  de  ses  délices  et  y  menant  joyeuse  vie, 
et  mil  la  main  sur  toutes  les  richesses  qu'elle  renfermait,  i'ioustem  et 
les  autres  chefs  d'armée  lui  conseillèrent  ensuite  de  retourner  dans 
rirànschahr,  lui  représentant  la  situation  dangereuse  du  royaume 
laissé  sans  défense,  exposé  aux  entreprises  des  ennemis  et  à  une  inva- 
sion que  pourrait  tenter  Afràsiyàb.  Kaïkhosra  se  prépara  donc  au 
départ,  remit  le  gouvernement  de  ces  contrées  à  leurs  rois  en  leur 
imposant  tribut,  et  s'en  retourna,  accompagné  du  Faghfoûr  et  des 
autres  rois  de  ces  régions,  qui  tous  se  mirent  à  sa  disposition,  par  mer 
et  par  terre,  lui  apportèrent  de  leurs  pavs  des  richesses,  et  s'enga- 
gèrent à  lui  payer  des  redevances  et  des  tributs.  Les  Khàqàns  vinrent 
à  sa  rencontre,  se  prosternèrent  devant  lui  et  l'accompagnèrent  jus- 
qu'à Sivàwnâbàdh.  Il  s'v  arrêta  et,  heureux  à  la  fois  des  succès  qu'il 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  231 

LL^ii-^t    |fvv\     I   "L^lilj^   ejK-^]_5    J..^=\L    LLiLX^L    'La^JL   :>|LâJl  L^ 


venait  de  remporter  et  allligé  au  souvenir  de  son  père,  il  versa  des 
larmes.  De  là,  il  se  rendit  à  Bihischlkank  et  s'informa  auprès  des  habi- 
tants du  séjour  d'Afràsivàb;  mais  ils  n'en  savaient  pas  plus  que  lui- 
même.  Il  s'occupa  à  régler  les  affaires  publiques  et  à  mettre  en  état  de 
défense  les  frontières;  il  renvoya  aussi,  après  leur  avoir  donné  des 
robes  d'honneur,  les  rois  de  Chine,  du  Khotan  et  des  Turcs  dans  leurs 
différents  pavs,  et  conféra  à  ses  chefs  d'armée  des  gouvernements. 
Puis,  continuant  sa  route,  il  vint  à  Scliàsch,  de  là  à  Boukhârà,  tra- 
versa le  Djaïlioiin,  s'arrêta  à  Balkh  jusqu'à  ce  qu'il  fût  rejoint  par  ses 
troupes  et,  par  le  Khoràsàn,  gagna  sa  résidence  dans  le  Fàrs.  Kaï- 
kàous,  accompagné  des  grands  et  des  hauts  dignitaires,  vint  à  sa 
rencontre  et  chacun  des  deux  mit  pied  à  terre  devant  l'autre.  Ils 
s'assirent  ensuite  sur  le  trône  d'or,  entourés  des  chefs  d'armée  et  des 
seigneurs,  passèrent  le  temps  à  manger  et  à  boire  et  à  vivre  dans 
l'allégresse  et  le  contentement.  Ils  demeurèrent  ainsi  quelque  temps, 
pendant  que  le  monde  leur  prodiguait  ses  délices. 


23-2  IIISTOIRK    DF.S   ROIS    DKS   PKHSKS. 

'j^j  ^.'^-^|;-ji  Je  _vu_;'^;'  ^j  3  ^\jU\j  '  LL.j'^i  j^\  ^^b" 

*— i  J'>   *LL  o^ws-ai.'  ^  o^_s:  s-^iii  «lJ!  :>jpu|  i_>pi|  j  J  .ij^  c)~^  '^"'^^ 


Kaïkliosra  avant  expéflié  aux  gouverneurs  des  provinces  centrales 
(M  fies  pro\inces  Ironlières  Tordre  de  placer  partout  des  gardes  pour 
lernier  à  Alrâsivàh  toute  issue  et  de  le  rechercher  assidûment  dans 
tous  les  coins,  dans  les  campagnes  et  dans  les  villes,  découvrit  ses 
traces  aux  confins  de  rÀdherhaïdjàn.  Kaïkàous  et  Kaïkhosra  s'y  trans- 
portèrent avec  les  chefs  d'armée,  afin  de  visiter  les  temples  du  Feu  et 
ffiniplorer  Dieu  pour  (juil  lit  hientot  tomher  Afràsiyàh  entre  leurs 
mains.  Quand  ils  furent  arrivés  à  destination,  ils  envoyèrent  de  tous 
côtés  des  reconnaissances  et  des  émissaires  j)Our  explorer  et  fouiller  la 
contrée  a  la  recherche  du  roi  turc. 

Karsiwaz était  prisonnier  entre  les  mains  de  Djoiidharz  avec  d'autres 
notahles  turcs.  Or  il  arriva  qu'un  pieux  solitaire  voué  au  service  de 
Dieu,  nommé  Hoùm,  parvint  un  jour  à  capturer  Afràsiyàh,  qui  vivait 
seul  et  à  l'écart,  misérahle  et  déchu,  méconnaissable.  Après  s'être  bien 
assuré  de  sa  personne,  Hoûm  fit  prévenir  en  toute  hâte  Djoûdliarz, 
celui  des  chefs  d'armée  qui  était  le  plus  ra])proché  de  lui.  Quand 
Djoùdharz  arriva,  Afràsiyàh,  usant  de  ce  cpii  lui  restait  de  sa  magie, 
venait  d'échapper  a   Hoûm  et  était  entré  dans  un  étang  formé  par 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES.  233 

-  -  '■  c    ;     ■"       ^, 

j  (^5    <jL;s3»  j-X^h.^   «^-...-aJ  J.I  <j>Xai^  <jUi   ^  ïi^Aj^Ji 
Manque  dans  C.     -    -    C  ljl.«.i«.  —        C  ^^y^-  —    '    f-  *;>^j 


l'eau  de  la  mer,  où  il  se  cachait.  Hoùm,  qui  était  troublé  et  agité, 
montra  à  Djoùdharz  l'endroit  où  il  était  entré  dans  l'eau.  iJjoûdhar/ 
lit  amener  Karsiwaz,  le  fit  mettre  à  nu  et  frapper  à  coups  de  louet. 
de  telle  sorte  que  sa  chair  se  détacha  et  qu'il  se  mit  a  hurler  et  a 
pousser  des  cris  de  détresse.  Afràsiyàb,  en  entendant  la  voix  de  son 
irére.  ne  put  s'empêcher  de  lever  la  tète  de  dessous  l'eau.  Alors  Djoù- 
dharz jeta  sur  lui  le  lacet  qui  s'enroula  autour  de  son  cou  comme 
un  collier  et,  l'attirant  à  lui,  le  saisit,  lui  lia  les  mains  derrière  le  dos 
et  le  remit  à  la  garde  de  ses  officiers.  La  nouvelle  qu'Afrasiyab  était 
tombé  dans  le  filet  fatal  ayant  été  rapidement  portée  à  Kaïkaous  et  «i 
Kaïkhosra,  ceux-ci  le  firent  amener,  et  lorsque  L>joùdharz  le  plaça 
devant  eux,  ils  se  prosternèrent,  adorant  Dieu  et  lui  rendant  grâces. 
KaTkhosra  qui,  en  voyant  Afrésivab  harassé  et  usé,  couvert  de  loques, 
fut  sur  le  point  d'avoir  pitié  de  lui,  se  hâta  de  le  frapper  du  sabre  et 
le  fendit  en  deux.  Puis  il  pleura  sur  lui,  essuyant  ses  larmes  avec  sa 
manche.  Il  donna  l'ordre  de  l'enterrer  et  Karsiwaz  avec  lui. 


23'i  IIISTOIRK   DKS   UOIS   DES   PERSES. 

^^^s_^_j   \js_**J!  ^j  <->  \».A_4VjJ>  \2i^Lil^   <^^  yelj    ,1  <4^V    •^-Ç^-^ 

^^lîj< — v^i — il  is — u^^ii — i  oj— ^  "^ — ?  \jj--^^j  <s^v»i\j  ^_3/'Ujli  i__>U_wL5l 

^L.    \^_/0^|  i^v^Jà^L  ^^U-ll  |^j_4iU  jjb^l  ^3s-«^    iLouj   ^^jiotAJJ^    ilXAJl 

^ A—is-OO     ^w>Xc     ^^^^--.^^     Mjv.ÂX/ol     ^»»LjN«AjO     Cl^J-^ljSJ'       >-A.^^      \  »S_«J|     -^>-^ 

■  .Man(|u.'  dans  M.     -  '-'   M  ^j.  —  ^>  M  (»^iU.  —  '*'  Manque  clans  M. 


La  mort  d'Afràsivàb  causa,  de  près  et  de  loin,  une  satisfaction 
générale  parmi  les  iiommes,  qui  s'annonçaient  cet  heureux  événement 
les  uns  aux  autres  en  se  félicitant.  Kaïkhosra  distribua  des  aumônes, 
fit  beaucoup  de  bonnes  œuvres,  accorda  des  robes  d'honneur  aux 
chefs  d'armée  et  les  combla  de  présents,  en  particulier  Djoûdharz,  à 
qui  il  fit  des  dons  considérables.  Ensuite  il  se  mit  en  route  avec  Kaï- 
kàous  et,  accompagné  des  chefs  d'armée,  se  dirigea  vers  la  résidence 
royale,  dans  le  Fàrs.  Alors  il  dispensa  largement  la  justice  et  la  bonté 
et  assura  la  sécurité;  les  provinces  étaient  tranquilles,  les  habitants 
se  relevaient,  le  monde  jouissait  de  la  paix,  l'Empire  brillait  d'un 
grand  éclat,  les  alfaires  étaient  bien  réglées  et  le  bonheur  était  du- 
rable et  continu. 

Kaïkâous,  ayant  vu  réalisé  ce  qu'il  avait  désiré,  fut  surpris  par  la 
mort,  après  un  règne  de  cent  cinquante  ans. 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  235 


^^j_jc_ji_j|  (*j_j-^  «Oi_;ss>»  ^3~*^  '^y~^j 


'■  M  ilyili.  —  C^'   M  AxiL-ÀJl.  —  l'>  M  JL..  —  t»'  C  y*àJI.  —  (*'  Manque  clans  M. 


REGNE   DK   KAlklIOSKA,  FIKS  DE  SIYAWOLSCH. 

Après  la  inorl  de  Kaïkàous  régna  Kaïkliosra.  Le  monde  lui  illu- 
miné par  sa  gloire  et  la  royauté  reprit  tout  son  éclat.  Les  envoyés  des 
rois  vinrent  lui  apporter  des  cadeaux  et  des  tributs,  et  ses  trésors  se 
remplirent  de  richesses,  comme  les  cœurs  de  ses  sujets  s'emplirent 
de  vénération  et  damour  pour  lui.  Sous  son  règne,  la  monarchie 
devint  pareille  à  une  jeune  et  belle  fiancée  couverte  de  magnifiques 
étoffés  et  de  ricfies  ornements.  Son  temps  était  un  temps  doux  et  fieu- 
reux  :  il  n'y  avait  ni  discorde,  ni  conflit,  ni  désordre,  ni  révolte.  Le 
peuple  respirait  à  l'aise  après  avoir  subi  le  mauvais  régime  et  l'incon- 
stance de  l'vaïkàous,  privé  du  concours  de  Dieu  pour  assurer  la  bonne 
administration  de  ses  Etats;  il  était  content  d'être  délivré  des  cala- 
mités qu'avait  amenées  Afràsiyàb,  des  incursions  de  ses  armées  et  des 
guerres  continuelles  pendant  tout  son  règne.  A  la  place  de  l'un  et  de 

3o. 


236  HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES. 

^U    LlLj    «<-JL3j    St_la_6_Àjj   «0.^1   ,..<và-â-Àj  (^5>^   *J-**J|  vjL«sJ 
_oL^    <-:?->^-40    Jlâ'^t    <^!   ^j    <-J!   JjJdl   c^>^-À^   <f   Uj^I    <£Uo 

js.  4!|   <,;0  !*'|;-^  J-*-s*^l  ''ly^  ^^^  ,^5^  Ov^l  J^t  J  l^)  ^_j-^L5vs^ 
•OU->9  ^  <Ci_*v  ^_y^-^  o-A-^ii^  ^J^=*'  ^LiUl  yJt-^  ^j.LaJ\  i'):>yyj^  ïy^.!^ 


l'autre,  on  avait  maintenant  un  ange  sous  l'apparence  d'un  roi,  un 
peuple  entier  en  un  seul  homme.  Elle  est  bien  juste,  la  parole  du 
sage  qui  a  dit  :  Les  époques  ont  leur  terme,  comme  les  hommes; 
supporte  donc  la  mauvaise  époque  jusqu'à  ce  qu'elle  arrive  à  sou 
terme  et  qu'elle  soit  accomplie! 

Kaïkhosra,  quand  il  vit  la  terre  à  ses  ordres,  les  rois  empressés  à 
rechercher  son  amitié  et  l'univers  se  laissant  avec  tant  de  facilité 
gouverner  par  lui,  appréhendait  d'être  peu  à  peu  envahi  par  l'orgueiL 
l impiété  et  la  présomption,  comme  le  lurent,  l'un  à  la  fin  de  sou 
règ^e,  l'autre  dans  les  commencements  de  son  gouvernement,  Djem 
et  Kaïkàous,  qui  alors  s'égarèrent  et  se  perdirent,  méconnurent  les 
grâces  que  Dieu  leur  avait  départies  et  se  montrèrent  ingrats.  C'est 
pourquoi  il  se  détournait  de  plus  en  plus  de  la  manière  de  vivre  des 
rois  pour  suivre  celle  des  dévots,  et  il  se  portait  avec  l'intention  de 
renoncer  aux  biens  transitoires  de  ce  monde  et  à  ses  vanités,  de  s'aj)- 
pliquer  à  gagner  par  de  bonnes  œuvres  la  vie  future  et  de  se  munir 
de  la  sainte  piété  pour  la  route  du  Paradis.  Kt  cela  fut  ainsi  jusqu'à 
ce  que  son  règne  eût  duré  soixante  ans. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  237 

i|^__s_J!  ^-6-?-  [^jg  «  <]  y>\  <^mt  ti>[^  «XAjjJl  e^  ïjp*-js^  ^jj^  :^  Lli 
<_y_;  <il  s---J*!i  Jl  tS^"^!^  c^>-=^l>  <à^y-i-  l  (?^  J^  c)'-^^  -t^^l; 
(^^^-g-j  ,^>^l;pg-'    j*->ysi-c  ^__^Jji^— ^  cS-^'^*-f  f*->>-«iL*>»  i^  J>-i;oiwoj 

w  g-sÇ*  4^'-*^^  'tî^'*^  c^Lii-^  r*?~^  c)    "^-v^-^^j  cj^  (w^^^t^  **-vl)  kS'-^^'y 

s- 

^5i_tw_J|   Uv-g_k|j   <JCJ\Lâ^  i_^  i-VS?"  |j-«-^Uj  li^*^^  l^v^  U-i-*-^  |^->-*-' 


KAIKIIOSRA   SK   KETIKK   DU   MONDK  ET  REMET  LE   POUVOIR  A  LOHRASK, 
SON   COUSIN. 

Lorsque  la  résolution  de  Kaïkiiosra  d'embrasser  la  vie  dévote  et 
de  renoncer  au  pouvoir  lut  définitive,  il  fit  assembler  tous  les  cliels 
d'armée,  les  hauts  dignitaires  et  les  grands,  et  leur  parla  ainsi  :  «  Mes 
oncles,  mes  frères,  mes  fils,  je  vais  partir  pour  aller  vers  Dieu,  aban- 
donner le  soin  de  vos  allaires  pour  ne  travailler  qu'à  mon  salut.  Je 
vous  laisse  comme  mon  successeur  Lohràsf ,  qui  est  de  ma  race  et  fun 
de  mes  cousins  et  que  j'ai  choisi  pour  me  remplacer  et  me  repré- 
senter et  pour  observer  mes  instructions.  Maintenant  demandez-moi 
ce  que  vous  désirez  et  promettez-moi  d'obéir  à  celui  que  je  vous  donne 
comme  souverain.  »  Les  assistants  fondirent  en  larmes,  manifestèrent 
leur  extrême  douleur  et  furent  désespérés  de  son  départ.  Ils  se  décla- 
rèrent prêts  à  exécuter  fidèlement  ce  qu'il  ordonnait  et  à  se  soumettre 
à  son  successeur.  Kaïkhosra,  ensuite,  leur  assigna  des  gouvernements, 
soit  provinces,  soit  royaumes,  leur  fit  délivrer  les  lettres  d'investiture, 


23«  IIISTOIUK   DKS   ROIS   DKS   PERSES. 

w^^i   jtwJi,   <_*.t^    ''o>}*^  "O-iaswvv!  y^j  <_c Us-vi  \ j  ij^i^  ^U-^  U*:>~3 

ï'»'js./««  V  »jLvJ|»  jv-v^'s-ll  i>ww»  Nt.  <..  4  t  JoUjUI  _.!iAwv^U  tji^ii^L.s*-'!  5t-~il«-<o» 

!"  M  ^JJJ^,.  —  W  MaïKiue  dans  C.  —  W  C  i^j^^lj,  M  (^j^^'j- 


leur  distribua  un  de  ses  trésors  et  donna  à  Houstem  ses  vêtements,  à 
roùs  ses  chevaux,  à  Djoûdliarz  ses  domaines,  à  Kîw  ses  armes  et  à 
Bizan  son  mobilier.  H  distribua  un  autre  de  ses  trésors  aux  pauvres  et 
aux  déshérités,  aux  aveugles,  aux  malheureux,  aux  paralytiques,  aux 
orphelins  et  aux  veuves.  Il  en  donna  un  autre  pour  que  Ton  pûl 
construire  des  lieux  fortifiés,  des  postes  militaires,  des  temples  du 
Feu  et  des  lieux  d'adoration;  réparer  les  ponts  de  bois  et  les  ponts 
de  pierre;  mettre  en  état  de  défense  les  postes  d'observation  et  les 
passages  ouverts  des  frontières,  et  traiter  les  malades,  les  hypocon- 
driaques et  les  déments.  Ensuite,  ayant  fait  venir  Lohrâsl,  il  le  fit 
asseoir  sur  son  irône,  lui  posa  sa  couronne  sur  la  tète,  lui  remit  son 
sceau  roval  et  ordonna  aux  chefs  d'armée  et  aux  grands  de  le  recon- 
naître comme  souverain,  de  suivre  sa  direction  et  de  lui  prêter  aide 
et  assistance.  Il  lui  donna  ses  suprêmes  instructions,  consistant  en 
excellents  conseils,  et  des  enseignements  sous  forme  de  maximes  sur 
toute  matière. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  239 

<.î-si>j!  ''--î'j^j  <.Â>JJJj  «LJ^Lfw  <ijy>^  «Câud^I^Iis  «CiU».  {3:<:Xû  ^  ^v3.> 

V  g  »  ,  -^ jj->e  L^^_.^  4)   ^LâJt__^  ^j_5sj^  J_Ui[j_^l  ^J-»  >'.iLjJ|  J;  *  ^s>o 
'"   Mss.j^^.  —  W  M  c:**ilj.    -  W   Mss.  iCi6.  —  :^'   Manque  dans  C. 


Al'IlOlUSMES  KT  SENTE.NCKS  Ql  K   KAIKHOSRA  ADRESSA  A  LOIUUSF 
DANS  SES   DERNIÈRES  INSTRUCTIONS. 

«La  coutume  des  anciens,  lui  dit-il  entre  autres,  d'appeler  maures 
les  rois  nos  prédécesseurs,  n'a  d'autre  raison  que  celle-ci  :  Les  actes 
des  rois,  lorsqu'ils  sont  conformes  à  la  justice  et  tendent  au  bien, 
ressemblent  aux  actes  de  Dieu  qui  se  manifestent  dans  sa  sollicitude 
pour  ses  créatures,  la  divinité  étant  une  souveraineté  céleste,  la 
royauté  une  souveraineté  terrestre.  Celui  qui  est  considéré  comme 
digne  d'un  tel  titre  doit,  dans  les  affaires  humaines  qu'il  régit  en  ce 
monde,  toujours  strictement  observer  l'ordre  des  choses  établi  par  le 
Créateur;  il  doit  être,  intendant  fidèle  de  Dieu,  l'administrateur  qui 
ordonne  et  dispose  toute  chose  convenablement.  —  Les  rois,  nos 
ancêtres,  n'ont  laissé,  ni  dans  les  plaines,  ni  dans  les  montagnes,  ni 
sur  les  rivages,  ni  dans  les  îles,  aucun  endroit  de  la  terre  pouvant  se 
prêter  à  la  fondation  d'une  ville  et  à  une  construction,  sans  l'utiliser. 


240  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PKRSES. 

,.)JÎ^'^'!  ^_^j.vo*  i^LfJl,  p)^Ut    :iU.^'^  ^'f^Jt  4.»^  ^Jl  JUL 
^>!jU_a_I!  j  ^U.;;^  :■.'  c^.^^5  ^.^..^  ^^L^  ^\  ^j3  l%^j    l^^^»^j 

JU.\  ijy-^j  ^j_>y^l  ^  <-^  J  J\y^\  <^^j  ^'^\  (i").:,^lL^  Uls 

'    C  tljo.  —  '-'  Manque  dans  C.  —  <"  M  o>i.Uo!.  —  '"'  M  Ij6^>.  —  '^'  C  ..iJL^, 
M  osjuiJU.  —  ''^''   M  iifiJJ  J>^L).   —  '"'   C  iUilj.  —  '*"'  Ces  mots  manqunnt  clans  C.  — 


de  même  qu'ils  ont  introduit  les  arts  et  métiers  et  inventé  les  diflPé- 
rents  outils.  Ton  devoir  est  d'entretenir  ce  qu'ils  ont  créé,  de  déve- 
lopper ce  qu'ils  ont  fondé,  d'achever  ce  qu'ils  ont  commencé,  de 
construire  sur  les  assises  qu  ils  ont  posées.  Il  faut  veiller  avec  soin  à  la 
conservation  des  édifices  et  augmenter  leur  nombre,  lortifier  et  em- 
i)ellir  les  villes,  v  faire  les  restaurations  nécessaires  et  réparer  leurs 
enceintes  et  leurs  fossés.  —  Il  faut  que  tu  forces  le  peuple  à  se  livrer  à 
l'agriculture,  à  s'y  consacrer  avec  constance  et  à  étendre  la  culture 
des  champs;  car  le  roi  et  le  peuple  subsistent  par  la  richesse,  dont 
Dieu  a  fait  un  moyen  pour  chercher  par  de  bonnes  œuvres  à  s'assurer 
le  séjour  du  Paradis.  Or  l'agriculture  est  la  source  des  richesses,  la 
mine  d'où  elles  sortent.  —  Il  v  a  dans  les  pays  tantôt  abondance,  tan- 
tôt disette.  Lorsque,  une  année,  les  récoltes  avant  manqué  et  les  den- 
rées étant  rares,  le  roi  craint  la  pénurie  et  la  famine,  il  devra  faire 


HISTOIRE   DFS  ROIS  DES   PERSES.  241 

i^  /4-5s-5  ^^|^_A_il  j;:^-^_«_>  <_>  t^jJl  *|3oJ!  j.kjti  L^"^  *U3l  '>  LdiLs^l^ 

<Ov_i_^|  ^!^A_v^  L.^^]^^  ïjLjOi  *Làj  w-A-^v  -,<jjj  <JCri^^iji-cj 

«Cj   ;»i^j»J   ^3Jl  ^^I's_<si,|^  -iiUl   J^^^    '^-^S-À^    '^'-«-^   ^-<S^   U   Lg^dijj 
''     Mss.  yjjLuil.  -     Maii(|iic  dans  C.  —  ■''   C  i^I  ^jjjJ'^- —    ''   (^  L^**-»!,  inaiiquc 


locueillir  la  plus  «grande  (|iiaiilil('  possible  de  grains  el  en  empêcher 
I  e.\])orlalion  par  les  accapareurs;  car  c'est  ce  que  lont  les  Irafiquants 
el  les  luarcliands  ambulants;  ils  exportent  les  marchandises  et  les 
denrées  d'un  pays  et  les  importent  dans  un  autre.  Les  Héaux  qui  font 
périr  les  êtres  vivants  et  les  cultures  sont  de  trois  sortes,  à  savoir  :  les 
disettes,  les  guerres  destructives  et  les  grandes  épidémies.  De  ces 
fléaux,  le  plus  grave  et  le  plus  néfaste,  celui  qui  détruit  le  plus 
proniptement,  ce  sont  les  disettes,  qui  suppriment  la  nourriture  donl 
les  êtres  vivent.  Maintes  cités  ont  péri  parce  C[ue  leurs  gouverneurs 
et  administrateurs  ont  négligé  de  prendre  les  mesures  que  nous 
venons  de  dire!  —  Quant  a  la  justice,  tu  connais  assez  son  rôle  émi- 
nent  et  sa  grande  importance,  sachant  que  c'est  par  elle  que  subsiste 
et  se  conserve  l'état  florissant  du  pays  et  que  c'est  elle  qui  lait  prospérer 
l'empire  et  le  maintient  en  bon  ordre,  pour  que  je  puisse  me  dispenser 
(le  te  la  recommander.  La  justice  du  roi  est  la  balance  avec  laquelle  se 

ai 


242  HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES. 

J  w  il  J|  J— ^  ^^!  JU.Ij-<6  c^\j  ^jj^\  J-W  v--*^  ^\yiX\  J  o^ 
^^_A_).  .vjoJ!  <_->  J_^«_jLj  ^->J|  n-aLUî  'Lll  Lii_>!  4JÊJ  ^wsc  J^\  <j^ 
^ov, — ^»_^  ^j-^>^^.  ^1  i3;L_«6j|^j!  s>pil  (j-^  '■^--«-^  '-^l  J^  ^t'^Ij-'! 

^../-a^aUI  Jjt»^=^  L^L^sii-âjt  ->oij^  .:■  s>r^  J^  <J  "^w^-^Ovl  <-Ai-c  s^ 

'    M  yLaiJI,  C  yLajJl.  —  -    M  Jxio,  C  manque  *j.  —  W  C  U>jl)il  ^^w.*.~.;  L»  tj;^- 
—  '»  M  JJuJI .  —  '■''  M  ç^l . 


pèsent  tous  les  actes  et  toutes  les  affaires;  par  elle  on  distingue  le  mal- 
lailenr  de  l'honnête  homme,  l'indigne  de  l'homme  de  bien.  Quand  la 
balance  est  faussée,  l'épreuve  est  sans  valeur.  Le  roi  est  le  sel  qui  assai- 
sonne l'aliment  et  qui  sert  à  en  empêcher  la  corruption;  mais  lorsque 
le  sel  est  gâté,  il  ne  peut  être  amendé.  Le  roi  est  l'eau  avec  laquelle 
relui  qui  étouffe  désobstrue  son  gosier;  mais  si,  en  buvant,  il  est  suf- 
foqué par  l'eau,  il  ne  peut  trouver  contre  celle-ci  aucun  autre  secours. 
Le  roi  est  encore  l'eau  pure  avec  laquelle  on  lave  la  souillure  et  que 
l'on  nettoie  l'immondice.  Lorsque  cette  eau  elle-même  est  polluée,  il 
n'est  aucun  moven  pour  la  purifier.  Le  roi  est  le  remède  avec  lequel 
on  se  guérit  des  maladies;  raais^  lorsque  le  remède  est  avarié,  il  n'y  a 
aucun  moyen  pour  se  guérir.  —  Le  roi,  lorsque  la  guerre  est  terminée, 
a  le  devoir  de  s'appliquer  exclusivement  à  réparer  les  maux  qu'elle  a 
causés  et  de  travailler  à  relever  le  pays;  car  pendant  et  après  la  guerre, 
il  lui  incombe  les  mêmes  devoirs  qu'au  bon  et  secourable  médecin  qui , 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  2'i3 

Lf-6.^j    l^±Ljj    -'Liï-c'^l  J_*i  J,|  jJa,^  ^jJ|  J-AJ^t  cS^WI  iJ-iJ-^! 

t_/ — ~iawX-c|^   wJ6U_^Ij    ^^-^wil  ;^_/^>>JI  >->y~^   <>..J-^^y^    JOlJCjL    vj]    jL  y-^t^ 
^If-â-Jl^L-w^  j_^i^_a^   O-J-^J   ji^-*"^   0)-=*]^  ^^'   ^^   P^J   r^'^ 

i^_..^is^' Ai!  LL^j  ^!  ^^^  ksU^  Jl  (?l1  Jls^  (îwlc  j^ls  ^U^"^!^ 

!''  Mss.  AJ^^UI.    -  '-1  M  ajoute  *JJu  ^.         ^  M  L,^.  —  W  Manque  dans  M. 


forcé  de  couper,  d'inciser  et  de  cautériser  les  membres,  est  obligé, 
après  avoir  fait  tout  cela,  de  panser  les  plaies  qu'il  a  produites,  de 
recoudre  les  incisions  et  de  souder  les  déchirures.  » 

RÈGNE  DE  LOHRÂSF. 

Après  avoir  assuré  le  futur  gouvernement  de  l'Etat  et  donné  à 
Lohràsf  ses  instructions,  Kaïkhosra  fit  ses  adieux  aux  chefs  d'armée  et 
aux  grands  dignitaires  et  s'en  alla  devant  lui,  errant  par  le  monde 
et  menant  une  vie  solitaire,  consacrée  aux  exercices  spirituels.  Jamais 
on  n'entendit  plus  parler  de  lui. 

Lohràsf  s'assit  sur  le  trône  d'or  incrusté  de  joyaux,  mit  sur  sa  tète 
la  couronne  et  s'attacha  le  sceau  de  l'Empire.  Il  donna  audience  à 
Roustem,  à  Tous,  à  Djoûdharz  et  aux  autres  chefs  d'armée  et  aux 
grands,  leur  fit  un  gracieux  accueil  et  leur  dit  :  «  Je  veux,  avec  l'aide 
de  Dieu,  observer  les  instructions  du  roi  Kaïkhosra,  marcher  dans 


^ 


244  HISTOIRK   DES   UOIS   DKS   PKRSKS. 

U   .^ I,    <ji.3>J|    <t  -^v  -/->  ^  ^_J^     L<JLo«  4]v>Ji.  .>vJ|  ^u<Xj«^  4)s.4.A_tv  vJ^Lu.» 

^-3_^lJ  ^I  jj^\'  ^S^^^  <_>|  -J  «LaIê  I^L  4I  tjjs^  '^Ir'l)  ^'->^' 

^_3_*v!wgJJ   fJls'^l  til-L*  ^^ij;  i_>u3J'  \^yjb  ^  <J>LX/o  J  'a&>3i  ''__çr^ 

L^!  J^^]^  s^j^^'l  <-';H-^  ^^y^l^j  ^«UJ^I,  LU«JL  ^y-[;j 


sa  voie  et  suivre  sa  trace  et  sa  direction,  travailler  au  bien  général  el 
faire  régner  la  justice  et  la  clémence.  »  l>es  assistants  se  prosternèrent 
(lexant  lui  et  le  complimentèrent.  Il  s'appliqua  alors  avec  zèle  et  de 
tout  cœur  au  gouvernement  de  l'État,  justifiant  l'opinion  que  Kaï- 
kliosra  avait  eue  de  lui  et  se  montrant  tel  (ju'il  l'avait  jugé.  Et  d'abord, 
il  agrandit  la  ville  de  Balkli,  la  mit  en  meilleur  état  de  défense  et 
l'embellit,  y  construisit  des  temples  du  Feu  et  des  édifices  religieux, 
sans  négliger'  les  autres  constructions  et  œuvres  d'utilité  publique. 
11  établit  les  rôles  de  l'armée  et  paya  largement  les  troupes.  Il  nomma 
Boklit  Nassar,  appelé  en  langue  persane  Boklitarscheli,  commandant 
général  de  la  contrée  située  entre  l'Ahwàz  et  le  pays  de  Roùm ,  lui  fil 
entreprendre  une  campagne  contre  l'Occident  et  lui  donna  le  pou- 
voir absolu  sur  les  fils  fl'Israël.  Les  faits  accomplis  alors  par  Bokhi 
Na.s.sar  seront  rapportés  en  leur  lieu  dans  le  présent  ouvrage.  Les  rois 
de  l'univers  se  reconnurent  les  vassaux  de  Lohràsf;  ils  lui  envoyaient 
des  ambassadeurs  avec  des  cadeaux,  venaient  constamment  à  sa  cour 
pour  y  chercher  à  gagner  ses  bonnes  grâces  et  solliciter  sa  faveur,  el 
ils  exécutaient  ses  ordres. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  2'i5 

>_»jij    v-*'^  *   ,_5— *vL':-^  _5-^^^  L^.X^t  ^Lot  *<■'  c>^  ^;r^|;!  ]^-Uxx»|j 

i.iL_«__«^ Il    ^Ljt_4i   ^^l^t  ia-^L  ■Xs».'^]^   «LoLsJt   :>|jvJOo|j   SpJl   A^j 

^^t    \'ySs-J<Ji^-K    ^_Svi2_^    U.-^i>LJLo    i_-j£)3^J    0>^'    4.lLàx|j    (^LiLJ!    ?Ljt    <J<^jJj 

■''  Ces  mots  inan()iii'iit  dans  M.  —   -'  C  i)jl.  —  ■  ■  Mss.  vJX». 


Loliràsf  avait  deux  fils,  Bischtàsf  et  Zarîr,  tous  deux  du  plus  grand 
nuM'ile  et  de  la  plus  grande  vaillance.  Mais  Bischtàsf,  en  particulier, 
était  distingué  par  sa  beauté,  une  force  extraordinaire,  une  haute  sta- 
ture et  par  le  reflet  de  la  majesté  divine  qu'il  avait  reçu  en  partage  à 
un  degré  éminenl.  Or,  mécontent  de  voir  son  père  élever  à  de  hautes 
dignités  les  descendants  de  Kaïkàous  et  leur  conférer  des  gouverne- 
ments, tandis  qu'il  le  laissait  de  côté,  il  partit,  plein  de  dépit,  sous 
un  déguisement  et  se  rendit  dans  le  pays  de  Roûm,  où  il  se  trouvait 
errant  et  solitaire,  quand  il  fut  accueilli  par  un  de  ses  compatriotes, 
un  descendant  d'Afrîdhoùn,  qui  lui  donna  une  généreuse  hospitalité. 

HISTOIRF.   DK   BISCHTÀSF   DANS  LE  PAYS  DE   ROLM. 

Il  était  de  coutume,  chez  les  rois  de  Roùm  que  l'on  appelle  Césars, 
quand  une  de  leurs  filles  arrivait  à  l'âge  d'être  mariée,  qu'ils  réunis- 


246  inSTOiRK  DKS  ROIS  DKS  PERSKS. 

_^^^iJl   ^^j_*«_a.!  ^  SJ— ^  ^:^-^jr'  U^^-^=  U^l-^  J  «^t;   c)^^-*-^^' 
-  > — «!  ^  |?( — A — â_„^,  i^L^L  »  Lu  ii:>LjLJL==  ^j~LJ|  -Hr»^  ^»<  IjêvjI  N-^is 

'    M  ^>iy.  —  f-'   Maïuiue  clans  C.  —  O  C^y..aiis?. 


saienl  dans  leurs  palais  les  principaux  dignitaires  et  les  grands  de 
1  Etat,  et  qu'ils  donnaient  l'ordre  à  la  jeune  fdle  de  se  rendre  an 
milieu  d'eux  accompagnée  de  ses  esclaves;  et  lorsque  elle  avait  fixé  son 
choix  sur  l'un  d'entre  eux,  elle  lui  imposait  son  diadème  et  son  père 
la  lui  donnait  en  mariage.  Or  il  advint  que  l'aînée  des  filles  de  fem- 
pereur,  nommée  Katàyoïin,  vit  en  songe  qu'elle  avait  épousé  un  jeune 
homme  ayant  la  plus  belle  figure,  la  plus  noble  stature  et  la  j)lus 
haute  intelligence,  mais  qui  était  étranger.  Ce  fut  au  temps  où  elle 
devait  être  mariée.  Son  père,  selon  la  coutume,  après  avoir  lait  réunir 
les  principaux  dignitaires  et  les  avoir  fait  trait(;r  dans  un  repas  et  un 
Iwinquet,  ordonna  à  Katâyoïin  de  paraître  parmi  eux  et  de  faire  son 
choix.  La  jeune  fille  les  examina  et  ne  trouva  aucun  de  ces  personnages 
a  son  gré.  L'empereur  ayant  fait  procéder  de  même  le  lendemain, 
et  Katàyoùn,  après  avoir  paru,  n'ayant  choisi  personne,  donna 
l'ordre,  le  troisième  jour,  que  tous  les  citoyens,  gens  du  peuple  et 
notables,  se  rendissent  à  la  cour.  Tous  se  présentèrent,  et  avec  eux 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  247 

(ÎL,*_Lc  c^lLi  L^jJ^  J  ^j^\^  ^\-p>  J-^"^!  ^  j^_;->  '^li-?  o-^' 

^  -  s. 


Bischtàsf ,  qui  se  plaça  au  dernier  rang.  Après  le  repas,  Katâyoûn  vint, 
entourée  de  ses  esclaves,  et  parcourut  les  rangs  jusqu'à  ce  quelle 
arrivât  à  Bisclitàsi.  Elle  le  regarda  attentivement  et  dit  :  «  Voilà  celui 
que  j'ai  vu  dans  mon  rêve!  "  Elle  lui  imposa  son  diadème  et  se  retira. 
En  apprenant  qu'elle  avait  choisi  un  jeune  étranger  inconnu  n'ayant 
d'autre  qualité  que  d'être  le  plus  beau  des  hommes  et  le  plus  grand 
ravisseur  de  cœurs,  l'empereur  fut  lort  irrité  et  dit  :  «  Je  la  lui  donne!  » 
Et  il  la  lui  fit  remettre  telle  qu'elle  était,  en  ses  vêtements  ordinaires, 
et  les  chassa  tous  deux  de  la  ville.  Bischtàsf  dit  à  la  jeune  fille  :  «  Ne 
quitte  pas,  ô  noble  dame,  le  palais  du  roi  et  le  bien-être  pour  la  de- 
meure de  l'exil  et  pour  la  gêne.  Sache  que  je  suis  un  étranger,  hors 
d'état  de  satisfaire  à  ce  qu'exige  ton  rang  et  à  te  procurer  ce  qui 
convient  à  une  personne  comme  toi.  »  Elle  répondit  :  «  Noble  jeune 
homme,  je  suis  contente  du  Sort  et  heureuse  par  toi;  sois  également 
content  et  heureux  par  moi;  aie  confiance  en  l'aide  de  Dieu  et  espère  le 
meilleur  dénouement.  »  Alors  il  l'emmena  dans  sa  demeure  etluipro- 


248  HISTOIRI.   DKS   ROIS  DKS   PKRSKS. 

.-    -■■   ^'     .^^JC3  ^^JoJOvU  i-X.>^ijL)til»  i.3^xL**J,|»   <JL4lL*iu  <JLJ|J,L  L^ 
(•  l^jt»,  J .  -■    Mss.  «iLHl .      -  '  *'    Maiiiiut'  <hiiis  C.      -  '''    M;iii(]ii(' dans  C. 


^^-^  ^ 

t^' 


digua,  .'uilaiil  qu'illiii  élail  jîo.ssiblc,  ses  plus  teiiflics  soins.  L'amour 
(|u  ils  éprouviiicnt  l'un  pour  l'autre  s'iin|)lanta  solidement  dans  leurs 
cœurs  et  ils  passèrent  une  délicieuse  nuit.  Au  matin,  Katàyoûn  dé- 
tacha d'un  collier  qu'elle  poitait  une  perle  qu'elle  remit,  en  le  char- 
<^eant  de  la  vendre,  au  maître  de  la  maison.  Celui-ci  la  vendit  pour 
deux  mille  pièces  d'or  et  au  moyen  de  cette  somme  il  changea  la 
situation  des  jeunes  époux  qui,  obéissant  à  l'ordre  de  l'empereur,  se 
transportèrent  hors  la  ville  et  choisirent  une  demeure  où  ils  vécurent 
heureux,  par  leur  parfaite  union  et  leur  amour,  se  secondant  et  en 
sappuyant  l'un  sur  l'autre.  Katàyoûn,  voyant  les  nobles  qualités  de 
Bischtàsf  et  sa  haute  distinction,  fut  amenée  à  reconnaîtie  qu'il  était 
de  naissance  royale;  elle  l'aima  davantage  et  lui  témoigna  ])lus  d'é- 
gards et  de  déférence. 

Les  circonstances  avant  conduit  ensuite  Bischtàsf  a  chasseï'  des 
lions  et  à  faire  preuve  de  tous  les  accompli.s.sements  des  princes,  la 
renommée  de  ces  faits  parvint  à  la  connaissance  de  l'empereur,  qui 
en  eut  une  grande  satisfaction  et  l'appela  à  la  cour.  Il  vit  alors  un 
homme  dont  la  beauté  et  la  perfection  le  charmaient.  Quel  que  fut  le 


(2) 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  249 

^jij  (slLilLiL  iLsjSi.^  Jlâ^  w'-a-^s  <'  -><^  <'Li^  ^-v^-va  Jb  4lU^yfiLii 
^;:''— 9^1    ij  J-ï*'-^    ■^jy  '^J~^J    iSJ'^^-^   TT^-^   <S^~^J  <S^J-^  iS'^^  -^^1 

^  «.'  ->'  U  '•;  <.Âjo  L  L^  Jls.  Lg-A^v^x.  Lg_<*U  J-Lâi  .>»_>'jiLi  J^l  <xL4*JL 

s_SL-^=|    1^' > — .0    â    >  ^^^^_<5   J~  *  >  «  y^'<^  i^L>^\j   Uj^-M  i.::^>_>vO  t:jU|%-30| 

(I)  Manque  clans  M.  —    •-')   M   juftLi,.  —   !'>  M  JJU.   —  W  M  ^.  —  (5)  Manque 
dans  C.  —  ''''  Mau(|uc  dans  \\.         '"    ('.  aM  jL»«  l^.  —  '*'   C  wiaiï. 


genre  d'exercices  dans  lequel  il  le  mil  à  l'épreuve,  il  le  trouvait  sans 
pareil.  Alors  il  s'excusa  d'avoir  été,  ignorant  son  mérite,  injuste  à  son 
égard.  Il  le  fit  conduire  avec  sa  femme  et  installer  dans  le  plus  beau 
des  palais  impériaux  et  il  leur  donna,  en  fait  de  richesses,  tout  ce  que 
les  hommes  désirent  el  recherchent  le  plus.  Puis,  un  jour,  comme 
l'empereur  avait  insisté  pour  qu'il  lui  dit  son  origine  et  se  fit  con- 
naître, Bischtàsf  s'exécuta,  et  son  apparence  confirma  ses  paroles. 
L'enqiereur,  se  proslernant  devant  lui,  lui  dit  :  «Qu'il  soit  le  bien- 
venu, le  prince,  fils  d'un  prince,  qui  m'apporte  honneur  et  gloire,  la 
joie  et  la  force!  »  Et,  sur-le-champ,  il  se  rendit  auprès  de  Katâyoûn, 
lui  baisa  la  tète  et  les  yeux  et  lui  dit  :  «  Quel  excellent  choix  tu  as  fait, 
ô  ma  fille,  et  quel  discernement  tu  as  montré!  Dispose  donc  de  tous 
les  biens  de  ton  père  et  de  son  pouvoir  royal.  Réjouis-toi  de  la  bonne 
fortune  que  Dieu  t'a  envoyée  et  de  la  grâce  spéciale  qu'il  t'a  faite!  » 
Katâyoûn  pleura  de  joie  et  le  remercia. 


250  IIISTOIRK   DES   ROIS  DES   PERSES. 

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2l^_4vj  ,»i]^  (5'  .»j-=«-*  ^j-»  iS^ls  r^jr^*-^  ^>>-rf>|j  Jsc!  >-ilUl  L^t  t^U  (Jl-^ 

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^   cJsj  'U-o  ^Is   jIL  LgJjL./O  Lg-jJt   ^__i>S-^2->f   i-g-û     Lfi^i^'  ^t  ^^1 

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(«)  Manque  dans  G.  —  C>  M  aJUjI.  —  '»'   M  iu**. 


L'empereur  passait  le  meilleur  de  son  temps  clans  la  compagnie  de 
Bischtàsf,  à  causer  et  à  boire  avec  lui;  il  le  comblait  de  prévenances 
et  ne  voyait  que  lui  au  monde.  Un  jour,  comme  il  désirait  savoir 
de  lui  pour  quel  motif  il  avait  quitté  son  père  Lohràsf,  Bischtàsf  lui 
raconta  ce  qui  s'était  passé.  L'empereur  dit  :  «  Veux-tu  que  je  le  mette 
à  la  raison  et  que  je  l'amène  à  te  contenter?»  Bischtàsf  répondit  : 
«Tu  es,  ô  roi,  le  meilleur  juge  de  ce  qu'il  y  a  à  faire.  »  En  consé- 
quence, l'empereur  députa  l'un  de  ses  principaux  chefs  d'armée 
vers  Lohràsf,  en  le  charfreant  du  message  suivant  :  «i  Nous  sommes, 
moi  et  toi,  de  la  race  d'Afridhoùn,  et  tu  n'as  aucune  prééminence  sur 
moi.  Pourquoi  donc  m'as-tu  forcé  à  te  payer  tribut.^  A  présent,  il 
faut  que  tu  restitues  le  double  de  toutes  les  sommes  que  tu  as  reçues 
de  moi.  Si  tu  refuses,  je  viens  avec  mes  troupes,  je  t'inflige  un  chà- 
liment  sévère  et  annexe  ton  Etat  au  mien.  »  Et  il  lui  adressa  une 
lettre  conçue  dans  les  mêmes  termes  que  ce  message.  L'envoyé, 
pour\-u  d'un  brillant  équipage,  partit.  Lorsqu'il  arriva  près  de  la  rési- 
dence de  Lohràsf,  les  personnages  chargés  de  le  recevoir  vinrent  au- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  251 

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J  J^_«^'  |j_àJLU_)  ^J  Je  ^Jl)|  uj^_iJC-w(s  ];);jb::o^  V^^  ]^y^  ^ 
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oLoo  <_jlUj  ij  ^Lvsc  ■"■  ^y;  i  Lç-  Lt'>-gJ|  o^  .i^^"^  !J5  <-vL5sl|^  4-^LLI 


devant  (le  lui,  le  (Ireiit  outrer  dans  la  ville  et  l'installèrent.  Ensuite 
Lohràsf,  donnant  audience  à  son  fds  Zarîr  et  à  ses  principaux  chefs 
d'armée,  fit  appeler  l'envoyé  et  l'écouta  attentivement  lorsqu'il  délivra 
dans  toute  sa  teneur  l'impérieux  message  qu'il  apportait.  Il  en  fut 
surpris,  ainsi  i^iw  tous  les  assistants.  Ceux-ci  dirent  :  «  U  doit  y  avoir 
une  raison  pour  que  l'empereur  ait  osé  tenir  un  tel  langage  et  se  soit 
élevé  à  ce  sommet  escarpé.  »  Après  avoir  fait  rentrer  l'envoyé  dans  sa 
demeure,  ils  discutèrent,  délibérèrent  et  examinèrent,  et  ils  déci- 
dèrent de  flatter  et  de  circonvenir  l'envové  pour  savoir  de  lui  ce  qui 
avait  donné  à  l'empereur  la  hardiesse  d'envoyer  ce  message  et  cette 
lettre,  hardiesse  à  laquelle  ne  correspondait  pas  sa  puissance.  Ils 
cherchèrent  donc  à  le  gagner  par  des  cadeaux  tels  qu'il  n'en  avait  jamais 
vu  ni  espéré.  Alors  il  leur  confia  que  l'empereur  était  devenu  puis- 
sant par  le  fait  d'un  gendre  qui  avait  la  plus  grande  ressemblance 
avec  Zarir,  qu'il  agissait  d'après  ses  conseds  et  exécutait  ses  volontés. 
Ils  tenaient  pour  certain  que  ce  gendre  était  Bischtàsf,  et,  si  d'une  part 
ils   redoutaient  son  inimitié,  d'autre  part  ils  étaient  heureux  de  sa 


252  IIISTOIUK    DKS   ROIS    DKS   PKUSKS. 

*LiiX)t  J)î  j;5y  L  4'  Jj»  Jls.  :>]pJ|  ^^U£t  o^  Cij  ^-Jl  'c^j  «Cs^sL/Oj 
jjJl  ^_)i\L  S^^l  ïis-ll  .>3sj6  Ji  -iitiijy^  ^LS  j3j  <à^  IjLo  ^  4)  :>y^  il 

C-à_c  (3)o>>«-aL  ^iJ^-^Jl  ^L^i^j]^  oLJJaj  ciljLAj  ^  <j\  ^yi^  s  <JCJ_a_^>_wj^ 
")  C  yy^.  —  '->  Mss.  wliyi.  —  P'  C  jj.. 


haute  position.  Ils  conseillèrent  à  Loliràsf  de  lui  donner  satisfaction, 
de  Jui  remettre  le  pouvoir  spontanément,  avant  qu'il  ne  le  prît  de 
force,  et  d'imiter  Kaïkhosra  en  appelant  au  trône  son  successeur.  Ce 
conseil  s'accordait  avec  le  propre  et  ardent  désir  de  Loliràsf  de  re- 
noncer au  monde  et  d'embrasser  la  vie  dévote.  U  envoya  donc  Zarir, 
en  lui  adjoignant  quelques-uns  des  jDrincipaux  cliels  d'armée,  avec 
la  couronne,  le  sceau,  les  vêtements  royaux,  ses  joyaux  et  ses  chars 
vers  Bischtàsf,  et  le  chargea  de  lui  dire  :  «On  ne  peut,  ô  mon  fds, 
s'opposer  au  Destin,  ni  lui  échapper.  Il  t'avait  créé  pendant  tout  ce 
temps  une  haute  situation  dans  le  pays  de  Iloûm;  n'aimes-tu  pas 
mieux  recevoir  sa  faveur  entière  dans  le  Fàrs.^  Comme  l'exil  t'a  rendu 
meilleur,  que  les  vicissitudes  ont  fait  ton  éducation  et  que  les  années 
ont  passé  sur  toi,  te  voilà  apte  à  exercer  le  pouvoir  qui  est  fait  pour 
toi  et  te  revient;  il  s'attache  nécessairement  à  tes  pas,  il  te  cherche  et 
on  te  l'apporte.  Accepte-le  donc  de  bonne  grâce,  viens  dans  ton  pays, 
donne-nous  la  joie  de  te  voir,  et  prends  le  gouvernement  à  la  place 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  253 

d^^ — .o—J   J    »)|?Uvj_i|j  |?LJ^    g  -^  *L^ijJ^    3'?|j.5Lx)   f«|;-^=t  J^j..v<2^  ^-^Lj 


de  ton  père  pour  le  laisser  libre  de  servir  Dieu  et  de  travailler  à  gagner 
le  Paradis,  car  il  ressent  les  atteintes  de  l'âge  et  la  vieillesse  avancée 
l'a  affaibli.  »  Lohràsf  lit  appeler  l'envoyé  de  l'empereur  et  le  chargea 
de  dire  à  son  maître  :  «  J'ai  compris  ton  intention  et  veux  faire  ce  que 
tu  désires.  Bonne  chance  maintenant  pour  la  jonction  des  deux  situa- 
tions et  la  fusion  des  deux  Etats!  »  Il  donna  l'ordre  de  revêtir  l'envoyé 
d'une  robe  d'honneur  et  de  le  faire  partir  avec  Zarîr  et  les  chefs  d'ar- 
mée. Et  ils  se  mirent  en  roule  ensemble. 

BISCHTÂSF  REVIENT  DU   PAYS  DE  ROÛM. 

Lorsque  Zarîr  et  les  chefs  d'armée  arrivèrent  dans  le  pays  de  Roùm , 
Bischtàsf  vint  à  leur  rencontre  et  fut  très  heureux  de  les  voir.  L'em- 
pereur les  reçut  avec  les  plus  grands  honneurs,  les  traitant  d'une  ma- 
nière digne  de  leur  rang,  les  fit  loger  dans  ses  propres  palais  et  leur 
donna  une  large  hospitalité.  Zarîr  ayant  délivré  le  message  qu'il  avait 
apjjorté,  Bischtàsf  se  déclara  prêt  à  obéir.  Il  revêtit  les  vêtements 


25i  1ILST011U-:  DES  ROIS   DKS   PKUSES. 

^^J^J  ^^-^l;-it    J-o,        bJL  ..^^^^xAj  Al  c^Ls?  ^j^j    <-£Qj]^ 

J~-^lv^  (jljMj  J,!  ,^_i_*v'jC_^  ^'-î-'*;   U!j-^j!|  ,^_?v.i^-v3  i^  i_^LxsJl  r'i  Lg>.^?U 

(•)  M  j;j;>.  —  '"^'   M  ^^jM.  —  (3)    Manque  dans  C.  —  (')   M  oiSl^à.  —  (^'   C  l^îtfS*»!^ . 
C''  ('-yfijiij-  —  '''   Manque  clans  C. 


royaux,  ceignit  la  couronne  et  prit  les  chars  et  les  joyaux.  On  versa 
sur  lui  des  offrandes  :  d'abord  l'empereur,  ensuite  Zarir  et  les  chefs 
d'armée.  Ceux-ci  restèrent  quelque  temps  les  hôtes  de  l'empereur 
dans  le  pays  de  Roùm  ,  puis  Bisclitàsf  partit  avec  eux.  L'empereur  avait 
vidé  ses  trésors  particuliers  pour  les  combler  de  cadeaux.  Quant  à 
Bischtàsf,  il  lui  avait  donné  d'innombrables  trésors  les  plus  variés  et 
des  objets  rares  de  Roùm,  et  il  mit  en  route  Katàyoûn  avec  mille  es- 
claves et  quantité  de  biens  de  toute  sorte  et  de  grande  valeur.  Il  ac- 
compagna Bischtàsf  jusqu'à  la  limite  de  trois  journées  de  marche  et 
lui  demanda  la  permission  de  voyager  avec  lui;  mais  Bischtàsf  refusa, 
et,  l'ayant  revêtu  d'une  robe  d'honneur  et  lui  ayant  olfert  une  partie 
des  chars  et  des  joyaux  que  Zarir  avait  apportés,  il  le  laissa  partir,  lui 
disant  les  paroles  les  plus  aimables  et  lui  donnant  les  meilleures  assu- 
rances pour  l'avenir.  Il  poursuivit  ensuite  avec  ses  compagnons  son 
voyage   vers   l'irànschahr.   Lohràsf,  avec   les    chefs  d'armée   et  les 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  255 

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<l5U--o  ^  <./iw4v  j^\s_»:xx.  <C5U  iViJL^  jv.^^  ^'i^  SiLoujj 


^À^Iâ-mO  vi)X* 


>x_^  ^  ^_*vLa-^^  ^ï^X^  LLi 


^^UJl^j  ^!f^!  Ijj  J^t  >^^j  JU"^!  c^y  <^t  i^l*-Jt 


(1)  Mj^],.  -  P'  M  (^5.  -  (')  C  ^/ 


o^rands,  vint  à  sa  rencontre,  mit  pied  à  terre,  ainsi  que  fît  Bischtàsf,  le 
traita  avec  les  plus  ^^rands  égards  et  lui  prodigua  les  marques  d'hon- 
neur. Lorsqu'ils  furent  au  palais,  Loliràsf,  de  sa  propre  main,  lui 
posa  la  couronne  sur  la  tête,  lui  remit  le  pouvoir  devant  les  gens 
assemblés  et  fit  dos  vœux  pour  lui.  Le  même  jour,  il  partit  avec  ses 
familiers  pour  Balkh,  où  il  se  consacra  à  la  vie   religieuse,   après 


avoir  régné  cent  vingt  ans. 


RÈGNE  DE  BISCHTÀSF. 


Lorsque  Bischtàsf  eut  pris  le  pouvoir,  il  loua  Dieu  et  lui  rendit  des 
actions  de  grâces.  On  vovait  briller  sur  lui  le  reflet  de  la  majesté 
divine.  Il  établit  les  agents  dans  leurs  différentes  fonctions,  fit  rentrer 
les  impôts,  donna  des  gouvernements  aux  chefs  d'armée  et  mit  les 
provinces  en  bon  état.  Il  fonda  dans  le  Fcàrs  la  ville  de  Fasà,  et  dans 
rinde,  des  temples  du  Feu  dans  lesquels  il  établit  des  prêtres.  Plus 


250  IIISTOIRK   DES  ROIS   DRS   PF.RSES. 

Jlc  53s.^'_[j  iL^l  <jLoJ]^  JjoJl  k^^  J  <-*^l  Jic   ^^^^j\j   SJ^L^Jt 

J^'  cr°  J^  o-'-'iijj  ^^!  Jsi-So!  ^\!  ^^  ^j^'  ^^/^Ua  ^^p^iJ!  c/-=.. 

^_,-_**o.   ^.aax   (_>3^Ji.  4_>^  ^Js^vi  Iv-i-'l  4_j  LsiiJC^  ,5)  j!ywuJ|  <CaJ_c  /5^I 

CJ  C  jv;^,  m  ^;l5.  —  '2)  M  yjJ^I.  —  PI  M;L,jsuÀwl,  plus  loin  ibOv^ou.!,  puis  de 
nouveau  ^Ljsjju,!.  —  '^'  C  â^^.  —  '^'  M  i^^  AaXc  ^1  J*-o 


encore  que  son  père,  il  faisait  régner  la  justice,  s'occupait  avec  solli- 
citude (les  intérêts  de  ses  sujets  et  se  montrait  sévère  contre  les  mal- 
faiteurs. Il  donna  à  Katàyoûn,  la  fille  du  roi  de  Roûm,  le  premier 
rang  parmi  ses  femmes  et  la  direction  de  ses  palais.  Il  eut  d'elle  deux 
fils,  Isfendiyâdh  et  Feraschàward. 

Trente  ans  après  l'avènement  de  Bischtàsf  parut  Zardouscht,  le  faux 
prophète,  qui  enseigna  la  religion  des  Mages. 

HISTOIRE  DE  ZARDOUSCHT.  EXPOSÉ  DE  SA  RELIGION.  SA  FIN. 

TaLarî,  en  sa  chronique,  rapporte  d'après  Ibn  al-Kalhi  que  Zar- 
douscht était  originaire  de  la  Palestine  et  qu'il  avait  été  pendant  long- 
temps le  serviteur  d'un  disciple  du  prophète  Jérémie  (que  le  salut 
soit  sur  lui!),  vivant  dans  son  intimité  et  ayant  toute  son  affection. 
Mais  avant  trahi  son  maître  et  lui  avant  faussement  attribué  des 
paroles  qu'il  n'avait  pas  dites,  il  fut  maudit  par  lui  et  devint  lépreux. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  257 

i  g  '  ç-y-^j  ^L^ji!  .i!i^j  <^j  jfr^  <<-*l£  4!!  Lc^  4)^  I  U  <^\ 

<_A_L_c     j.>s_5    Lit-?    ^i^f^-S^    Mfcj     ^j-w-LX.;^    J,|    L.gâLkJO0    —yÀ.j     'kJi.MyS.]     ^..^ 

j^L_Sj  Jls  < — )  w->\i,j  :3),jjJjL5J^  •i^J-s'  ^J^^  ^-çiic  4^cj^  -^y^;    - 1)^ 
,^_j_*vU_^  <_)  w^U  »_^-j1i3.-L  L;iv_ft_>.  -^A-?-  t_i  N  '"^    •^v-V   iwi-^i  j-'i^^   ».5^i 

C  C^j-swlj.  M^*i-I^.  —  t-!  Manque  dans  M.  —  W  Manque  dans  G.  —  '''  G  U=^j. 
—  '*'  M  Ajiliys..  yj.,  G  ofcii  *jili-i.  ^J}.  —  '*'  Manque  dans  G. 


Il  passa  clans  l'Adherbaïdjàn  et  y  enseigna  la  religion  des  Mages. 
Puis  il  alla  trouver  Bischlasf,  qui  était  à  Balkli.  Quand  il  se  présenta 
devant  lui  et  l'appela  à  sa  doctrine,  Bischtàsf  l'adopta  et  força  le 
peuple  à  Y  adhérer;  et  ses  sujets,  dont  il  fit  mourir  un  grand  nombre, 
finirent  par  l'embrasser  et  en  faire  leur  religion.  Zardouscht,  d'après 
Tabarî,  avait  apporté  à  Bischtàsf  un  livre  qu'il  prétendait  avoir  été 
révélé  par  Dieu.  On  écrivit  ce  livre  sur  les  peaux  de  douze  mille 
vaches;  l'écriture,  gravée  dans  la  peau,  fut  couverte  d'une  couche 
d'or.  Bischtàsf  le  fit  déposer  dans  la  citadelle  de  Istakhr,  le  confia 
à  la  garde  des  prêtres  et  défendit  que  le  commun  peuple  en  prît 
connaissance.  Au  rapport  d'ibn  Khordàdhbeh,  Zardouscht  était  un 
descendant  de  Menoùdjehr  et  originaire  de  Moùqàn  dans  l'Adher- 
baïdjàn. Le  livre  qu'il  apporta,  dit  le  même  auteur,  contenait  des 
prières  et  des  hymnes  à  la  gloire  de  Dieu,  des  récits  des  événements 
passés,  des  prédictions  des  choses  futures,  des  prescriptions  et  des  lois. 


258  IIISTOIRK   DES  ROIS   DKS  PERSES. 

^_i_*..'OL_^    JwO    oiyJdl   iÀ^J    <-iXs-    S-'^J     '    '^-^'J    .iOv-^^Xjj    '^wO.i    .iLLXx]. 

^N_5^>U|  ^^^_-^ÂJ^  ^,Aw^^|^_SJl  ^j>x-oij  I^wSj  ^^^-i-^L^!  ^i  ^^ 


^-^1   .»  Vi  C.   Ï^_a_Aj   ijjlsl^i^  ia^JU^    "^JjIj   ^-^^i   *'^"^'-SV?  i::>~<*->j3   '''-^ 
'•'  M  Aiji  J<-ijj.  —  (-'  Mss.  fi)Ji\jj\  ^.  —   ■''  Manque  dans  M. 


Un  autre  historien  dit  que  Isfendiyàdh , plus  encore  que  son  père,  avait 
une  foi  absolue  en  Zardouscht,  qu'il  était  iermement  attaché  à  sa  reli- 
gion, qu'il  la  soutenait  avec  ardeur  et  qu'il  combattait  pour  elle.  Les 
prédécesseurs  de  Bischtâsf  suivaient  la  religion  des  Sabiens  et  adoraient 
les  astres;  ils  vénéraient  particulièrement  le  Soleil  et  la  Lune  et  les 
deux  étoiles  Vénus  et  Mercure.  Une  preuve  de  ce  culte  des  astres  chez 
les  Sabiens  dans  les  temps  anciens,  ainsi  que  de  nos  jours,  se  trouve 
dans  ces  vers  d'Aboû  Ishàq  Ibrahim  ibn  Hilàl  al-Sàbî,  le  Secrétaire, 
où  il  parle  d'une  esclave,  sa  maîtresse,  nommée  Thouraïvà  : 

Je  suis  Sabien  et  adore  les  astres,  parmi  lesquels  sont  les  Pléiades  {Al-Thouraïyâ). 
Quand  je  me  prosterne  devant  le  Soleil  une  fois,  je  me  prosterne  dix  fois  devant 
Thouraïyâ. 

Zardouscht,  lui  aussi,  apporta  le  culte  des  astres  et  enseigna  beau- 
coup d'erreurs  et  d'insanités.  Il  attribua  un  rôle  éminent  au  feu 
comme  moyen  de  se  rapprocher  de  Dieu,  parce  qu'il  est  une  émana- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  259 

X_/0  L.g_<s-?  ^jjjJ^  (.:j|j_Ls^  lij^Aj   oà;p^    |i»LjtiaJ|  ^^y,!^^  ,'')^jJt  ^wt 


lion  de  la  splendeur  de  Dieu  et  l'un  des  principaux  éléments,  et  il 
lui  rendit  des  honneurs.  Il  recommanda  aussi  d'honorer  l'eau,  qui  est 
la  subsistance  des  créatures  et  l'agent  par  lequel  le  monde  devient 
prospère.  Il  prescrivit  de  la  tenir  comme  une  chose  sainte,  d'éviter 
don  faire  usage  pour  laver  les  immondices  et  les  souillures,  si  ce  n'est 
par  le  moyen  d'un  liquide  sécrété  tel  que  l'urine  de  bœuf  et  la  résine 
qui  découle  des  ceps  des  vignes  et  des  rameaux  des  arbres.  Il  interdit 
la  chair  des  animaux  morts  naturellement.  Il  affirma  que  tout  ce 
qui  sort  de  l'homme,  de  quelque  orifice  que  ce  soit,  est  imjîur;  c'est 
pourquoi  il  prescrivit  de  parler  à  voix  basse  pendant  le  repas,  pour 
éviter  les  jets  de  salive,  laquelle  rend  l'aliment  impur.  Il  établit  trois 
prières  par  jour  que  l'on  devait  accomplir  en  suivant  exactement  la 
révolution  du  soleil  :  l'une  au  lever  du  soleil,  la  seconde  à  midi,  la 
troisième  au  coucher  du  soleil.  Il  défendit  de  manger  et  de  boire  dans 
des  vases  de  bois  et  de  terre  qui  gardent  des  résidus.  Il  rendit  licites 
les  mariages  entre  frères  et  sœurs  et  entre  les  pères  et  leurs  filles,  sous 

33. 


200  HISTOIRE   DES  ROIS   OES   PERSES. 

^1  /«-cxj  <J^x^  ^*Là^1  J!^L*4J!  <>i-£  ^:>!  ■fjy^  ^^  3  '■^^\}  '^'-'vJlj 

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■*l_4i  U  •'L*^!  o^  cr^l>  ^^yi>-^j^\  SjLpjjLgjNl  ^j«./0»  JoLoul  ^!iiw>.3l 

^.jJt  Jyj  ^\j  Lyi  <-;-^-  w  j^L  i\  ^-^  "Ni  Jli^  l^L  ^j  ^Ul 

(')  M  o,|^yi.  —  '■'    Cot«àio.  —  P'   MaïKiuo  clans  M.  —  (»)   Mss.yl.^.  —  W  C  Jsa^. 


prétexte  qu'Adam  avait  maiic'  ses  fils  avec  ses  filles.  Il  afTirma  que  les 
âmes  des  morts  revenaient  dans  leurs  demeures  pendant  les  jours 
intercalaires  :  on  devait  alors  nettoyer  les  maisons,  étendre  des  tapis 
frais  et  y  placer  des  mets  appétissants,  consommer  ensuite  ces  mets 
entièrement  afin  que,  par  leur  odeur  et  leurs  propriétés,  les  âmes 
des  morts  fussent  sustentées.  Il  défendit  de  toucher  les  cadavres.  Qui- 
conque était  venu  en  contact  avec  un  cadavre  devait  accomplir  l'ablu- 
tion complète,  parce  que,  disait-il,  le  corps  est  impur  quand  Fàme 
pure  l'a  quitté.  Il  établit  l'obligation  de  se  purifier  une  fois  par  jour, 
purification  qui,  dans  sa  loi,  consistait  à  laver  le  visage  et  les  mains. 
Il  imposa  aux  hommes  le  devoir  de  donner  le  tiers  de  tous  leurs  biens 
pour  secourir  les  pauvres  et  malheureux,  tant  de  leurs  coreligion- 
naires que  des  autres,  et  pour  subvenir  à  la  réparation  des  ponts,  au 
nettoyage  des  canaux  et  à  la  culture  des  terres.  U  n'établit  aucune  res- 
triction en  ce  qui  concerne  le  mariage  et  le  nombre  des  femmes.  Il  ne 
permit  le  divorce  que  pour  l'une  de  ces  trois  causes  :  la  débauche,  la 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  261 

<-jL_f^(_i'  t_ji_^viî_j  ^t  i^\y\  <j^-â-c  J-*r^  <j\_4*Ju  bvj]^  >-3n^I  f»y^ 

L-5^  >_S\_J  ^jLJl  ^.^^-S-it  hNI  JjI  f«-cjj  ij;r^  t«  <Cfi  J~X^  |-^«p*j5  «Oit 
j_i,L)Lj  (3)<CJ.iU  s_Ajo  ^j^vifcl  <'  ^sLiiIl  e^xysii  ■r^-''"^!  ^^^'"^  ti.^o^JL  «Cjij 

^jJt  ^:iiUvNl!  ^..f^  Je  o^  mJ^  |;.,-î^  \pl  ^^LkJl  Jyu  'C4^  4ît 


sorcellerie  et  Tapostasie.  Il  défendit  l'ivrognerie,  la  fornication  cl  le 
vol.  Le  fornicateur  devait  être  puni  de  trois  cents  coups  de  bâton  ou 
d'une  amende  de  trois  statères  d'argent.  Le  voleur,  si  le  vol  commis 
par  lui  était  attesté  par  trois  hommes  honorables,  ou  s'il  en  faisait  l'aveu 
lui-même,  était  condamné  à  avoir  le  nez  ou  l'oreille  percée  et  à  payer 
la  valeur  de  l'objet  volé,  Zardouscht  prétendit  que  le  Dieu  éternel  et 
créateur  ayant  conçu  une  mauvaise  pensée,  il  en  naquit,  sans  qu'il 
le  voulût,  le  méchant  et  abominable  Ahriman,  son  opposant.  Loin, 
bien  loin  de  Dieu  ce  que  débitent  sur  lui  les  mécréants!  Grâces  lui 
soient  rendues  de  nous  avoir  favorisés  de  l'islamisme,  la  meilleure  des 
religions,  la  plus  vraie  et  la  plus  pure!  Ses  bénédictions  soient  sur 
Mohammad  l'Elu,  le  meilleur  de  ceux  qu'il  a  envoyés  avec  le  meilleur 
des  messages! 

Zardouscht,  après  avoir  définitivement  gagné  à  sa  loi  Bischtàsf, 
son  fds  Isfendiyâdh  et  son  frère  Zarîr,  ainsi  que  ses  autres  intimes 
et  les  hauts  personnages  de  l'Empire,  se  mit  à  parcourir  les  villes, 


262  IIISTOIRK   DES   ROIS  DES   PERSES. 

ùj-^\j\  JLljl^K  "^-^-^  Jj-sV  o*^'  ^^^=^-1?  ^>1>^^-UJI  J  ^'^cJ^^  J-*r^ 

f. . .]  -  <-jLj^  (J  ^-jiUvii.  [^y-h  "^^  i-^j  ^^  "^-^^  "^-^Le  ^-.--^ 

(»)|j4jL  <4-jS  J-*3j  j^UjJ  ^__4-*vU.;Xj  ^_yajt;;^l9  <jw«.  ^jjtA_*^  ?t-s-*^ -p^l 
vX-LU  <~i^-j,:>  <-^^y-ï^  J  \^>-^  ^\^j\j  4-^^   ='  UijjJl  i^L^ix  jp5ol  ^^ 

<jx^^  ^  ùj^\ji\  <L^^jj  <xj')ks^  iLjJl  ,^_9_u-ULs^  J,jj  <j  ^_j«LJl 


forçant  les  hommes  à  embrasser  sa  religion  et  à  observer  ses  pres- 
criptions. Alors,  dans  la  ville  de  Fasà,  il  fut  assailli  par  un  homme, 

nommé  par  Ibn-Khordàdhbeh  en  son  ouvrage,    ,  qui  le  tua 

et  le  mutila.  Il  périt  ainsi,  trente-cinq  ans  après  s'être  érigé  en  pro- 
phète, à  fâge  de  soixante -dix- sept  ans.  Bischtàsf,  aflligé  de  cet 
événement  et  plein  de  courroux,  mit  à  mort  le  meurtrier,  ainsi  que 
des  milliers  de  gens  qu'il  accusait  d'avoir  approuvé  le  meurtre.  Il  re- 
doubla de  zèle  pour  établir  solidement  la  religion  de  Zardouscht  et 
pour  forcer  ses  sujets  à  l'embrasser.  Il  mit  à  la  place  de  Zardouscht 
et  à  la  tète  des  Mobedhs,  ses  disciples,  le  sage  Djàmàsl. 

LE  ROI  DES  TURCS  S'ÉlÈVE  CONTRE  RISCHTÂSF. 

Apres  la  mort  d'Afràsiyâb,  le  royaume  des  Turcs  était  demeuré 
entre  les  mains  de  ses  fils,  parce  que  Kaïkhosra  avait  négligé  de  s'oc- 
cuper d'eux  et  que  Lohràsf,  pareillement,  avait  pris  le  parti  de  vivre 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  263 

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^.^/JL^aJ  WU3^  ,^j»^|j  eiLxJI  ^^_^y>y  S-V*^  Â^iLxj^  s_g-ii  (^U?!  tJ  {^^-«^l^ 
dans  M.  —  ''•'  C ^j.  —  <"'   M  j^^},  C  ^I^  et  manque  âÂ*.  —  i""'  Maïuiue  clans  M. 


en  paix  avec  eux.  Bischtàsf,  suivant  leur  exemple,  ne  molestait  point 
les  Turcs  tant  qu'ils  le  laissaient  en  paix.  De  son  temps,  il  régnait 
un  roi  donl  le  nom  est  diversement  donné  par  les  chroniqueurs  et  les 
liistoricns:  Taharî  le  nomnip  Kharzàsf,  et  Ibn  Kliordàdhbeh,  Hazàràsf. 
L'auteur  du  Schàhnameli  dit  qu  il  s'appelait  Ardjàsf,  et  ce  nom  est  le 
plus  connu.  Ce  roi  se  portait  avec  l'idée  de  trouver  quelque  grief 
contre  Bischtàsf,  avec  l'espoir  de  conquérir  l'Irànschahr  et  le  désir  de 
rallumer  la  guerre  entre  les  Turcs  et  les  Perses.  Or  Bischtàsf  lui 
adressa  une  lettre  par  un  envoyé  qu'il  lui  députa  pour  l'appeler  à  la 
religion  de  Zardouscht.  Ardjàsf,  en  recevant  ce  message,  entra  dans 
une  furieuse  colère.  Ayant  trouvé  l'occasion  de  parler,  il  parla,  et 
n'ayant  plus  à  chercher  un  prétexte  pour  se  dévoiler,  il  donna  libre 
carrière  à  sa  haine  cachée  et  découvrit  sa  pensée  intime.  11  fit  appeler 
son  secrétaire  et  lui  dicta  une  lettre  à  Bischtàsf  en  ces  termes  :  «  Homme 
égaré  et  abusé,  tu  as  perdu  le  droit  chemin,  tu  as  abandonné  la  foi  de 


264  IIISTOIRF.   DES  ROIS  DKS  PERSES. 

À   g    '»    )    c:^wX..g;L*^|j  ^^  iaiâx)  «.:i/wsi.l)tJj   ^j^-^S-Li-jj   *Ls:>i>L^t  i.::^J-S<i-' 

^.i  ^  J^t  <  g  .^  '-n  11  c>w«^J^  ■■-Loo  411  il  ^^3  JJ=LJI  ^.jJt 

OU-É    .V  Je   l^tj-cL^I  "^1  c^wwl  ^^];  LtUlL^^  J  ^50^  Je'  Jlé  LilôLl 

i>>_£  Je    jy ï  ^y^^  ^  ^-^^  'J^-^  "I  l"^»  ,^<s-*^I  ^1  *-^^'^'»-6-*;  L$^^  ly-^^^ 

v<s*-^  Ji_s»^l  J^jLjj  ;_^^UJI  ^y^j,  <~r^y\  y^=^_^  S~^yb  J^' 

<_aJ|  |Cv^  ^^JkjJl  liAli  ki  J^-**;  J,l  <-«Ji5  i_>Lx-5sJ|  i^  yj\^  ^Lm^jI 

U   411 — wwJt    ^j-«  4)^_^     .\i    JOLJ  y<M^\   ilJsJïL   «iLvajU   i-y>Jo!  t_>Uj|   (J^  i-a-'l 
(')  C  ij!^;,.  —  (-1  Mss.  L.  —  ■     M  ow^ï,  C  o^j^i!.  —  ™  Manque  dans  C.  —  t^)  Ci- 


tes  pères,  tu  as  cru  un  imposteur  prétendant  venir  du  Ciel,  tu  as 
accepté  ses  mensonges  et  ses  billevesées,  tu  as  encouru  le  méconten- 
tement du  Créateur  et  tu  t'es  exposé  aux  reproches  des  créatures; 
puis  tu  t'avises  de  m'écrire  et  de  m'envoyer  des  messages,  et  tu  veux 
m'entacher  do  l'infamie  dont  tu  es  entaché  toi-même  et  me  plonger 
dans  l'abomination  dans  laquelle  tu  es  plongé.  Maintenant,  si  tu 
abandonnes  cette  fausse  religion,  que  tu  en  fasses  pénitence  à  Dieu 
et  restes  fidèle  à  la  vraie  religion,  celle  de  tes  pères,  alors  je  demeure 
en  paix  avec  toi;  mais  si,  au  contraire,  tu  t'obstines  à  persévérer  dans 
ton  erreur,  il  ne  peut  y  avoir  que  la  guerre  entre  nous,  et  je  viens  t'at- 
taquer  avec  des  armées  plus  nombreuses  que  les  fourmis  et  les  grains 
de  sable,  qui  dévoreront  tout  ce  qui  est  vert,  brûleront  ce  qui  est 
sec,  tueront  les  hommes  et  emmèneront  les  femmes  captives!  »  Anljàsf 
fit  sceller  la  lettre  et  la  remit  ])our  la  porter  à  un  homme  rude  et 
farouche,  accompagné  de  mille  Turcs  de  condition,  et,  après  l'avoir 
chargé  d'un  message  conlorme  au  contenu  de  la  lettre,  il  lui  recom- 


IIISTOIHK    DKS   ROIS   DES    PERSES.  205 

•j->0^   ij^=*-    -^^*   i^:-^!   ^J-^    <-t~i    <J4_t*vj'    5;  ,__ô>.=w   cl>v  «    ^x^xjj     Sjj  j^ 
^.X — (Ê    c:^^ — Jb,    L_i   ^L.>v — >  vjJ^ — c:>|   i  j — J^    >_s:v-^i   tj   ^'■'),^5^-Ni>\LltJ'.    ,^_§Vj.i>   i^lJlc 

■> — ^1^    s_^=L_**^JtJ|    ^    »<    wols    ^C-^i    J^aSvJCwl    Jwvji    ^^1    jL.    ."/«OjUL 

'"'   Man(|uc  dans  M.  —  ('-!   C  ÂlALiol^^U.  —  W  Maii(|iii'  dans  M.  —    '    C  e^3s*j.  — 
<^'   C  Uuj^.  m  wiX:»-  (i)}-  —  '*    -M  ajoiik'  (le  nouveau  J,Jvï  j^j       -    '     M  lil^. 


iiKiiida  (]('  |);irl(M-  lihrcinciii  cf  sans  réticence  et  sans  se  servir  du  lan- 
gage (le  réliquelte  royale,  et  (le  hâter  son  voyage.  L'envoyé  partit  et, 
conlorniénient  aux  ordres  d'Ardjàsf,  présenta  la  lettre  à  lîisclilasl  et 
délivra  le  message  en  présence  de  Zarir,  d'Isfendiyàdh,  de  Djâinàsf 
et  des  autres  personnages  de  la  cour.  Ceux-ci,  stupéfaits  de  l'imperti- 
nence de  cette  communication,  demandèrent  à  Bischlàsf  l'autorisa- 
tion d'y  répondre;  mais  il  s'y  opposa,  traita  l'envoyé  avec  bienveillance 
et  lui  dit  :  «  Dis  à  ton  maître  :  «  Tu  es  bien  présomptueux  et  tu  parles 
«  de  choses  qui  sont  au-dessus  de  tes  forces.  Bien  souvent  la  mort 
«  est  amenée  par  une  parole.  Qui  es-tu  pour  désapprouver  ma  reli- 
«  gion  et  pour  t'élever  contre  mes  actes.-*  Si  je  ne  t'avais  pas  laissé 
«dormir,  tu  n'aurais  pas  fait  ces  rêves!  Quant  à  la  réponse,  elle  sera 
«non  point  ce  que  tu  entendras,  mais  ce  que  tu  verras.  Salut,  mais 
«  non  à  toi!  »  Il  ne  lui  dit  rien  de  plus,  et  l'envoyé  partit. 

Bischtàsf,   d'accord  avec  ses  familiers,  résolut  de  prévenir  l'at- 
taque d'Ardjàsf  et  de  lui  faire  sentir  la  rigueur  de  ses  armes  avant 


200  IIISTOIHK    DKS   ROIS    OKS    PKRSKS. 

^-^l»^«    .iià.'S^»    ^w^iâ-ATk.  ^   ^ww  ^  iJoUl  s.a3*J'«   iJoeJI  wOLjsj.  «^^^j!' 

j._^,l^  ^j^^^^.  >  ^,_.^  ^>L:ij  j.'^l  ^i^UU  :^  Jji\  4^;r^l  i^j 
jLi  ^  4'L^  ,-^1  Jc5^l  j  <^l.s^\'l^  (fs^L^  f^i-ol^jSJt  j  j^i 


qu'il  devînt  redoutable.  Il  donna  l'ordre  de  rassembler  les  troupes, 
de  préparer  les  armes,  de  faire  de  nombreux  enrôlements  et  de  réunir 
une  grande  quantité  d'équipemenls;  puis  il  se  mit  en  marche  avec  ses 
armées  et  les  personnes  de  son  entourage.  Ayant  fait  halte  à  la  pre- 
mière station,  il  eut  un  entrelien  particulier  avec  le  sage  Djàmàsf  qui, 
dans  la  science  de  la  divination  et  des  prédictions  fondées  sur  l'obser- 
vation des  astres  et  dans  l'interprétation  infaillible  des  jugements 
astrologiques,  n'avait  pas  son  pareil  en  son  temps;  il  l'inlerrogoa  au 
sujet  de  sou  entreprise  et  sur  l'issue  de  la  campagne  dans  laquelle  il 
était  engagé.  Djàmàsf  garda  le  silence,  les  yeux  baissés,  et  après  avoir 
réfléchi  un  long  moment,  il  dit  :  «Je  voudrais,  ô  roi,  que  Dieu  ne 
m'eût  pas  donné  cette  science  et  ne  m'eût  pas  mis  eu  face  de  la 
question  que  tu  viens  de  me  poser  et  à  laquelle  il  m'est  pénible  de 
répondre.  Mais,  puisque  tu  m  as  demandé  ce  qne  je  ne  crois  pas 
devoir  te  cacher  et  en  quoi  je  ne  dois  pas  te  tromper,  promets-moi  de 
ne  point  me  maltraiter  en  apprenant  de  moi  ce  que  tu  n'aimeras  pas 
entendre.  »  Bisclitàsf  jura  les  plus  grands  serments  de  ne  pas  lui  faire 
le  moindre  mal,  de  le  combler  de  faveurs  et  de  ne  négliger  aucun 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  207 


^P^!  |iv_(î)  j^llil  l  g  ,">1  (Jls  ^  ,^_q.^UL^  ^.s^  L-A-^i  «o^^  jyi^  ^L  M.»  5 ^o 
<_cjL_ttJ]^  ^w-A.-SJt  <^LLJt  Lgils  LgJ]^]^  U-'l^s^'  .x^Lio  "^  ciLoUI 

^j^   s A_i b    ^Jlc.    UJ^U_£|    ^La_CU    ^vLsilj!    .Jk^^     ■'   ^^    <-aJj1u    ^<\]àjJl 

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Je  S^l^l  ^j  ^*  <_sjt^t   ■■•  ^;)— =-  ^>-c  J^'  l-jl5^j  jUj'^LS' 

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<_«_^.i  ,>_«_£    J-=«^   «<JOJ>^  -O-g-vr*.  J-^l;   «»;r:N-*^  .^^   J)->  (j'*'  ^^^^ 

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—  '•''   Ces  mots  iiiaii(|(ieiit  dans  M;  ciisuitf  LLijte  ZH-- 


moyen  pour  lui  rendre  de  grands  honneurs.  El  il  le  mit  en  demeure 
de  révéler  tout  ce  qu'il  prévoyait,  de  faire  connaître  fidèlement  ce  qu  il 
savait  d'une  manière  certaine  et  de  n'en  rien  omettre.  Alors  Djâmàsf 
pleura,  puis  il  dit  :  «  Ce  qui  va  arriver,  ô  roi,  c'est  le  Ciel  qui  l'a  dé- 
cidé; on  ne  peut  le  détourner  ni  l'éviter.  Heureux  qui  n'assistera  pas 
à  la  bataille  qui  t'attend ,  iieureux  qui  ne  verra  pas  ses  péripéties  et 
ses  horreurs!  Ce  sera  le  Jugement  dernier  et  la  Grande  catastrophe, 
le  trépas  de  tes  principaux  auxiliaires  et  des  plus  illustres  de  tes  dé- 
fenseurs, d'un  grand  nombre  de  tes  parents  et  de  tes  propres  fils. 
Il  arrivera  que  le  jour  sera  changé  en  nuit  par  la  poussière  du  combat 
et  que  le  sang  coulera  comme  l'eau  des  ruisseaux.  Mais  la  bataille 
aura  une  issue  heureuse  pour  toi  et  néfaste  pour  ton  ennemi.  »  Bisch- 
tàsf,  en  entendant  ces  paroles,  tomba  évanoui.  Lorsqu'il  revint  à  lui, 
il  descendit  de  son  trône,  posa  son  front  sur  son  genou,  lais.sa  couler 


llISTOIUr,    DKS   ROIS   DF.S   PF.RSF.S. 

^jJt    J^"^    ^j^I  ^  ^^|  "^"l   i   ^pl  ^^.   ^.t^^^'^^"^!    .  J^^ 

^2*— JJ^  ^>-g-^  _j,L_.!  ^  ^JiJ  ^t  -i^^î  o^i^-^T»'  ^L-^V  ^.i)-*-'  '^-CjLiit 
"Lii-à-'lj   >_<vb^'  ^1  ^^ll  ijJji.^  ^^   .iJ-^^i_i|    CjJo     Lg_Lt>|  ^v-^^  :>4_4ljll 


ses  larmes  et  dit  :  »  Quel  est  le  bénéfice  de  la  vie,  lorsque  Ton  a  perdu 
ceux  que  l'on  aime;  et  que  ferai-je  du  pouvoir,  alors  que  mes  auxi- 
liaires et  mes  défenseurs  auront  disparu?  Aussi  ne  veux-je  pas,  dans 
le  but  d'écarter  cette  calamité  de  moi-même,  les  exposer  aux  morsures 
cruelles  du  sort  et  compromettre  leurs  existences.  »  Djcàmàsf  dit  : 
«  Si  tu  veux  les  soustraire  aux  dangers  du  combat,  qui  s'op])osera  aux 
armées  turques  (pii  se  jetteront  sur  l'irànschabr  comme  des  lions  et 
extermin(;ront  la  population  qu'ilslaisseront  comme  un  cliamp  lauché? 
A  présent,  il  est  de  ton  devoir  de  te  soumettre  au  destin,  de  taban- 
donner  en  cordiance  au  maître  du  Ciel,  de  te  consoler  ])ar  le  fait  que 
tu  demeures  sauf  toi-même,  que  ton  empire  reste  debout  et  que 
l'ennemi  ne  touche  ni  à  tes  branches  ni  à  tes  rameaux;  car  tu  es  la 
racine  et  le  tronc;  tant  que  tu  demeures  intact,  les  accidents  n'ont 
pas  de  suite.  Toute  personne  peut  être  remplacée  près  de  toi  par  une 
autre,  tandis  que  tu  ne  peux  être  remplacé  ni  suppléé.  »  Son  émoi 
s'étant  calmé  par  l'eflet  des  sages  conseils  de  Djàmàsf,  Bischtâsf  donna 
l'ordre,  le  lendemain,  de  battre  les  tambours  et  de  reprendre  la 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  269 

\\ja\    _• — -vij >     I    >l   g  <OL3.    J^6-i-    SnJs-Jsj   J^.aJ.'v3   ^jiâ-A^   j_i   ^^_4*L^\I 

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marche;  il  envoya  en  avant  les  éclaireurs  et  doubla  les  étapes.  Quand 
il  fut  averti  qu'Ardjàsl  arrivait  avec  une  armée  noire  comme  la  nuit, 
tant  étaient  nombreux  ses  cavaliers,  et  apparaissant  comme  le  jour 
qui  se  lève,  et  qu'il  s'avançait  rapidement  avec  l'élite  des  Turcs,  leurs 
chefs,  leurs  braves  et  leurs  héros,  il  se  prosterna  et  implora  le  secours 
de  Dieu.  ArdjàsF,  s'étant  approché,  établit  son  camp  en  lace  de  lui, 
et  ils  prirent  rendez-vous  pour  la  bataille. 

GRANDE  BATAILLE  QUE  BISCHTÂSF  LIVRE  À  ARDJASF. 

Bisclîtàsf  prit  activement  toutes  les  mesures  pour  livrer  bataille 
aux  Turcs  et  déploya  la  plus  grande  énergie  pour  affronter  la  lutte. 
A  l'exemple  des  rois,  ses  prédécesseurs,  il  répartit  les  troupes,  fixa 
chaque  position  et  aligna  les  escadrons  de  cavaliers  comme  un  mur 
solide.  Il  plaça  son  frère  Zarîr  et  le  corps  qu'il  commandait  à  l'aile 


270  HISTOIRE    DKS   ROIS   DES    PERSES. 

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^:^^'>— «->•*   -^U-*^  J^-<Sg-v^   eî^   (''"""'jI^    rf^AxJiU   t:jLl>J|   ly^-^aJj   i-)^|s-5s...ol)[ 

'"  C  i^:^.-^.  M  ij^ij.  —  '-'  CyC-*jiJ!.  ^  '^'  Ces  mots  manquent  dans  C.  —  <*>  C  i)l. 
—  (5'  M  J*JI. 


droite,  le  fils  de  Zarîr,  Bastoûr,  à  l'aile  gauche  et  Isfendiyàdli  au 
centre,  et  ordonna  de  battre  les  tambours  et  de  sonner  les  trompettes. 
(Juant  à  lui,  il  monta  sur  une  hauteur  dominant  le  champ  de  bataille 
et  s'y  tint  avec  sa  suite.  Ardjàsf  se  présenta  avec  ses  troupes,  établit 
kohram  à  l'aile  droite  et  Nàmkhwàst  à  l'aile  gauche;  il  prit  lui-même 
position  au  centre.  Lorsque  le  soleil  parut  à  l'horizon,  les  deux  armées 
s'alignèrent  et  on  planta  les  drapeaux  et  les  étendards.  Les  oreilles 
lurent  assourdies  par  les  hennissements  des  coursiers  et  les  cris  des 
guerriers,  les  yeux  aveuglés  par  l'éclat  des  sabres  et  des  armures,  la 
lumière  du  jour  fut  obscurcie  par  la  poussière  qui  remplissait  fair. 
On  commença  par  lancer  des  flèches  qui,  se  succédant  sans  interrup- 
tion, ressemblaient  à  une  grosse  pluie  continue;  puis  les  lances  brunes 
s'entremêlèrent,  les  sabres  blancs  se  croisèrent,  les  Trépas  ouvrirent 
leurs  gueules  et  allongèrent  leurs  grilles.  On  ne  voyait  que  des  têtes 
qui  tombaient,  du  sang  se  répandant  sans  être  vengé,  des  membres 


HISTOllΠ  DES  ROIS  DES   PERSES.  271 

4jijk>_j\»   J^_>|yJLJ»  ^l  «w  Tfc  U  vjUaJo  'i' *Lsà_cl»   \>X.gj'  *L<i«    \J^J3  ^r^^j\   ^1 

oj—s-L-**^  .>^_1jo  ,,_^^  i>-<s^   U^>vx  |?là>o  J~^  ioUl  ^  ^.^JJLS  (s;  L^^ 

jjLUt  ws^'L-j^i^  jo^_ttJ|j  *L>ii-fiJ!  <_)LSo  |?lo  jOj^UJI  s^i^]; 

(')  M  ILsI^.  —  (2)  M  iJUL.  —  W  C  o^  jU»,  M  ciwà^  ;U.  —  ("  Maïuinc  clans  M. 
—    '^'  Manque   dans   C.    —    C"'  Manque   dans   M,    |»_^_*JLc    dans   C.    —    ^"'   M   ^j».^. 


qui  volaient  dans  l'air,  dos  corps  qui  se  disséminaient.  La  bataille  dura 
ainsi  sans  relâche  sept  jours  et  sept  nuits,  de  sorte  que  les  monceaux 
de  cadavres  s  élevaient  hauts  comme  des  montagnes  et  que  les  flots  de 
sang  coulaient  comme  des  ruisseaux.  Au  huitième  jour,  Ardeschîr,  fds 
de  Bischtâsf,  s'avança  hors  des  rangs  avec  ses  compagnons  et  fit  une 
charge  sur  l'aile  droite  des  Turcs.  Il  tomba  sur  eux  comme  un  loup 
sur  des  brebis  et  en  tua  un  grand  nombre.  Les  Turcs  le  tuèrent 
enfin  et  le  dépouillèrent.  Ln  apprenant  sa  mort,  son  frère  Ràm  Ar- 
deschîr se  précipita  sur  les  ennemis  comme  un  lion  affamé  et  comme 
un  serpent  mâle  en  rage.  Il  sévit  parmi  eux  comme  le  Destin  et  la 
Mort  et  fit  des  ravages  comme  le  feu  dans  les  broussailles.  Les  Turcs 
l'attaquèrent  en  masse,  le  tuèrent  et  prirent  ses  dépouilles  et  son  cheval. 
Alors  le  frère  des  deux  princes,  Schîdàsb,  plein  de  fureur,  chargea 
l'aile  gauche  des  Turcs  et,  faisant  un  sillon  avec  son  sabre,  y  j)énétra, 
tuant  plus  de  vingt  personnes,  jusqu'à  ce  qu'il  fût  tué  lui-même. 


'21-2  UlSTOinE    DKS   ROIS    DES   PERSES. 

^J<a_«_i.    ^__é_A_*^L    t_>s — ^i2_>   Jlj    U.    <jLà_wL   <L3n.«*^^U    iyJc^lNO    oJ^^ls 

^  s-  ,  

'"   C    N)l.    —    W   Ces   mots   nianqncnt   clans   C.   —    '''1   C  #-ylj-  —   '''   M    J^jj.    — 


5)  ^^ 


(►***• 


Kiràniîkard ,  fils  de  Djàniàsf,  s'avança  avec  ses  compagnons  et  fit  une 
cliar""e  extraordinaire  et  un  o-rand  massacre.  Les  Turcs  le  chargèrent, 
lui  et  ses  compagnons,  et  luttèrent  contre  eux  avec  tant  de  vigueur 
que  le  centre  des  Iraniens  fut  culbuté  et  que  la  majeure  partie  des 
soldats  lâchèrent  pied.  Le  drapeau  des  Kaïanides  étant  tombé  à 
terre,  Kiràmîkard  le  saisit  et  le  tint  avec  ses  dents,  sans  cesser  de 
jouer  du  sabre  et  de  combattre  en  accomplissant  des  prodiges  de  va- 
leur, de  telle  sorte  que  les  Iraniens  vinrent  reprendre  leurs  positions 
du  centre.  A  .son  tour,  le  quatrième  fils  de  Bischtasl,  nommé  Faïwin- 
dadh,  sortit  des  rangs.  Il  attaqua  les  Turcs  et  tua  vingt  de  leurs 
braves,  jusqu'à  ce  qu'il  lonihat  lui-même,  ])artageant  le  sort  de  ses 
frères.  Alors  Zarîr,  le  Sipahbadh,  .s'avança  avec  ses  compagnons  et 
chargea  le  centre  des  Turcs.  Il  exerça  au  milieu  d'eux  des  ravages 
comme  le  feu  dans  un  champ  de  roseaux,  en  fit  un  grand  carnage 
et  leur  infligea  un  formidable  désastre.  Ardjàsf,  adressant  un  ap[)el  à 


HISTOIRE  l)i:S   UOLS   DES   PERSES.  273 

_a^j)I  ,^5!;£w  ùj^\  ^jj..i±S^j  j^^y  jj^<j  ;^3Jl  U  cj-»  Jlsj  <^l^'l 
[i  ^j::^vw>v-A^  t_>js-ij>ls  Kls^  MJâJ»  jC3  kj^=^  ->^^»-!  "^-<^  JL?  _^Jl^  ^Jo'-^L 

À    la   rL    ■■^jH)    Lc:>.   ^^__4vLa^jl   <_<sJ^_C    ,^5^jl9    .ilJ.1   J^A^r>  <     A-«^   ^'iJ 

^  »_^^l — ^a— Il     .>Is A^  lsy<*^  ,^_j,_wLA_;i.j    •'^^5  ^lj-»j|  wJv*«aX  {^   \  »j_«*JI 

Joi3  <xy^  JJOiU  <JCj>\   c:,^À£L^aJ   o»^.|    ^--*J!   ,..^0   wl^sJ   <Jtj\J     •OUoI 
''   ,Mss.  jij-js^,  l'I  ainsi  plus  bas.  —  ''-     Mss.  sLci^ .  '    (.  j-aj?.  '     Mss.  Sjtj'i^. 


ses  compagnons,  s(^cria  :  «Oui  vcul  allrr  se  niosuier  avi't  Zarir  et  nie 
flcbarrasser  de  lui?  (ielui-là  aura  en  mariage  ma  (ille  et  je  ])arlagerai 
avec  lui  le  pouvoir!  »  Personne  ne  répondit  à  sa  proposition,  jusqu'à 
ce  qu'il  l'eût  répétée  |)lusieurs  fois.  Enfin  Bîderafsch  se  déclara  prèl 
à  tenter  l'entreprise  et  promit  de  réaliser  le  désir  d'Ardjàsl.  Celui-ci 
le  complimenta  et  fit  des  vœux  pour  lui.  11  lui  donna  son  cheval,  ses 
armes  et  un  javelot  qu'il  possédait  et  qui  était  trempé  dans  du  poison. 
Bîderafsch  s'avança.  Voyant  Zarir  tel  qu'un  éléphant  furieux  et  comme 
un  lion  cherchant  sa  proie,  il  en  eut  peur;  il  redouta  ses  coups  formi- 
dables et  n'osa  pas  l'aborder  de  face.  11  guetta  donc  un  moment  où 
Zarîr  ne  fût  pas  en  garde;  l'attaquant  par  derrière,  il  lança  sur  lui  le 
javelot  empoisonné  et  lui  porta  un  coup  qui  le  désarçonna  et  le  tua. 
Il  mit  pied  à  terre,  prit  son  cheval  et  l'amena  à  Ardjàsf.  Des  cris  de  joie 
s'élevèrent  des  rangs  des  Turcs. 

Bischtàsf  était  en  proie  au  plus  vif  chagrin  à  la  suite  du  malheureux 
sort  de  ses  quatre  fils.  Ce  fut  pour  lui  une  infortune  bien  plus  grande 


27'l  IIISTOIHK   l)i;S   ROIS   DES   PKUSKS. 

S- 

<-<s-^    >^-A^  .^v  iVi  )|  ^  ^-^v-aJ  <Lai.'x-44.*^  «L-w^-ij  LcJsa,  *L£\^  <_4*.JJ  ^4c 

3^.ik.U    .»j_-«U    <_^.!y. — IV,    4_«,j_j    ^LixCU    oL£^>vJ   "Ca^I    ^bo    >_^JJa-l'     ■"\4ji_*»^j 

jU\  •  !!A_<s-i— 5  s_^b'.  4.-».-t3  .v-c  L^jtii»  4_v.-jjv_>  \«jo«.j  ^'LftLiLjis  ^rsJL 

'  <".  ^»jy.*Jlj.  —  -'  Manque  dans  C,  jvajJ  dans  W.  —  ''  V.  i^iij,  et  ainsi  plus 
bas;  M  i,jJUi^,  plus  loin  i^AXio,  )_y*A*»,  )_^>^j,  ).^*-~:»-  —  '  ^Iaii<iue  dans  M.  — 
1^)  C  jb\  —  («'  Mantpip  dans  M.  —    "    M  ^;j.^..  —   "^    M  »libU. 


et  il  lut  au  cl(''ses])oir  lorscjunn  lui  annonça  la  mort  de  son  frère. 
Il  lacéra  sa  cotte  d'anncs,  puis  il  demanda  son  cheval  et  ses  armes, 
pour  aller  ven<i;(M'  la  mort  de  Zarîr.  Djàmàsf  lui  représenta  qu'il  devait 
demeurer  et  lui  dit  :  "  Ce  n'est  pas  ton  rôle  d'aller  chercher  le  combat. 
C'est  Bastoûr  qui  doit  aller  venger  son  père.  »  Bischtàsf  fit  appeler 
Bastoûr,  lui  donna  son  cheval  et  ses  armes  et  lui  recommanda  de 
faire  tous  ses  elforts  pour  venger  la  mort  de  son  père  sur  Bideralsch. 
Bastoûr  obéit.  H  vint  aborder  Biderafsch  et  lui  dit  :  «  Meurtrier  de 
mon  père  Zarîr,  sache  que  la  vie  n'a  pas  de  prix  pour  moi  main- 
tenant qu'il  n'est  plus.  Si  je  viens  te  provoquer,  malgré  ma  jeunesse 
et  tout  en  étant  incapable  de  me  mesurer  avec  toi,  c'est  seulement 
pour  que  tu  me  fasses  rejoindre  mon  père  et  que  tu  me  délivres  du 
chagrin  qui  me  consume.  »  Bideralsch,  trompé  par  ses  paroles  et  le 
considérant  comme  un  adversaire  sans  inqiortance,  lança  contre  lui 
le  javelot.  Bastoûr  ayant  évité  le  coup  au  moyen  de  son  bouclier, 
recula  un  peu,  puis  tira  sur  lui  une  flèche  qui  traversa  sa  cuirasse 
et  le  frappa  à  l'endroit  de  la  ceinture.  Bideralsch  tomba  par  terre. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  275 

_^^ cv  ^   "C^  1  r  ^L^=>  U  '^->-J' — *v,  <_i>Xoj  <_«,\  ^_;)-*J  3'^"'"'  "^-"-i-**^-^ 


^Jic  L— 1 r  **— î— >'•( — j^I  t__>UoI  ^j  j) j->L.»-oj  .is3^L3j  iL.xAÀ^t  j)'  i;3 

«L^|j_i.  j  ,3_wL.jl  ^K^l  ^^  <i^'  ly^  >^,A^  f^jrt?  fy-^=]; 

''     M  8JC.M.C.  —  '-'   Mss.  Syi\j.     -  '■'    M:iii<|iw  dans  C  "    Man(|ii(>  dans  M. 


Basloûr  se  jeta  sur  lui  avec  son  sa]:)re,  lui  trancha  la  tête,  lui 
enleva  les  armes  de  son  père  et  revint  trioinpiiant  auprès  de  son 
oncle.  Celui-ci  lui  ordonna  d'aller  r('|)rendre  sa  place  au  cliani|)  de 
hataille. 

ISSUE   DE  LA   BATAILLE.  VICTOIRE  DE   BISCHTÀSF   ET  UÉl'.OLTE  D' tUDJÀSK. 

Isfendiyàdh,  Kiramikard  et  Bastoûr,  avec  les  principaux  cliels  ira- 
niens, chargèrent  ensuite  les  Turcs,  pénétrèrent  au  milieu  de  leurs 
rangs  en  faisant  le  vide  à  coups  de  massue  et  de  sabre,  les  abattirent, 
les  assommèrent  et  les  anéantirent.  Enfin  la  bataille  se  termina  par  la 
fuite  d'Ardjàsf  avec  les  gens  de  son  entourage,  tandis  que  ceu\  de  ses 
soldats  que  le  sabre  avait  épargnés  se  rendirent  en  demandant  grâce. 
Bischtàsf  donna  l'ordre  de  leur  accorder  la  vie  sauve  et  de  les  répartir 
entre  les  chefs  d'armée,  et  retourna  triomphant  et  victorieux  à  son 


27G  IIISTOIRF.   HlvS  ROIS   DES   PKRSES. 

>->.\'^j  <j«--mM  «O'l-^^I  Xy^^^j  <_ÎjLji|  JiJLaJl  wA.<s<v  v^U  Oupjtit  J,| 
JoLjj  ^'^><Àj\  fi^^^->j  ^>-^  SU>X»  |fwj,j  v-g-^  c>T^^  ^'  '■;>-^:']j-^l  (j  *^-*^l 
.a — *i  Jjl  ù>~j\  ^L-à-Jv—sL  -iw*];  ,^_4— *vL^\|  ,_?J^-=*-  ,_o>.^  ^p'-<^-^  ij!  ^  V*-*'»-' 
e:jL — â_J|  f>^-~>j  t:LJis.>v..^^2_Jl  ^j_L-Lls  ù^  '■-— >Lw^  ^J  :J^  jjb  i^Lcj  ^j-^s:;*. 
^.ij— 'vil   ,^_ô.s    ■>   U  jLO'   s^-^Aj   -J^-SJ    ^J^r*•  ;  »  1^  "   ^J^  "W^*!   S-C    '^i    l>-5N_Ci 

4_SdJ.'  -i  <xJlkr  iL-V.-oL^I^]^  ^^\j^\j  LU^L*  ^^1  J-^vj  <JoI^ 
M  -.^.-^j  ■  —   -'   Ces  mois  ii)an;|ufiit  dans  C.  —  '^-^i   ('.  oLyU,! . 


camp.  Le  lendemain,  il  se  transporta  au  champ  de  bataille,  lll  placer 
a  ])art  les  morts  iraniens  et  conduire  les  corps  de  ses  quatre  fils  et  de 
son  frère  Zarîr  dans  des  cercueils  à  l'Irànschahr;  il  recommanda 
de  donner  des  soins  aux  blessés  et  distribua  le  butin.  Il  envoya  Bas- 
tour  avec  un  nombreux  corps  d'armée  à  la  poursuite  d'Ardjàsf,  lui 
donnant  l'ordre  de  marcher  sur  ses  trousses  jusqu'aux  bords  du  Djaï- 
hoùn.  Quant  à  lui,  étant  retourné  avec  ses  armées  à  Balkli,  il  distribua 
des  aumônes  et  accomplit  de  bonnes  œuvres,  témoi<^nant  ainsi  sa 
fjratitude  envers  Dieu  pour  la  victoire,  et  construisit  à  Balkli  le  temple 
du  Feu  connu  sous  le  nom  d'Adharnoûsch.  Il  conféra  à  Isfeudivàdh 
la  charge  de  Sipahbadh  et  lui  donna,  ainsi  qu'aux  autres  chefs  d  armée 
et  aux  grands,  des  robes  d'honneur.  Les  envoyés  des  rois  vinrent  lui 
apporter  des  cadeaux  et  des  tributs.  Puis  il  ordonna  à  Isfendiyâdh 
d'aller  à  la  tète  des  troupes  qu'il  commandait  inspecter  l'Empire  et 
d'employer  toute  son  énergie  pour  allermir  la  religion  des  Mages. 


HISTOIRK   DES  ROIS  DES  PERSES.  277 

4 wL,A_**vJ|  *'*— '  >-^iw^)4  <^«s-*^|  ,^_j,A_,*,  :>r.<  ^  ^j_oJ|  J.xI»-5  J^_Â.4i<_)»  '-i^l 

<<_^.La .n    J|   ^    ^^ s— tt— J I   ^    W  âÀ^   iLsXÀJ-wl   ^Ljj   <Jt^   "^<S^'  -:mJoo  [ju^m 

>"  M  layillj.  —  (^)  M  ^Ul  i  :,iV.  i-  —  W  Mss.  J^o...,.  —  '''>  C  o.^^^. 


IIISTOIHK   D'ISFENDIVADH    ET  CE  QUI   LUI   ADVINT. 

Isfendiyàdh  partit  à  la  tète  de  rarniée  et  se  mit  à  parcourir  le.s 
provinces  de  l'Empire,  à  étendre  l'autorité  de  l'Etat,  à  consolider  les 
Fondements  de  la  religion,  à  assurer  le  respect  de  la  loi,  à  faire  régner 
le  bon  ordre  et  à  exercer  le  gouvernement  d'une  façon  parfaite  à  la 
place  de  son  père,  aussi  bien  dans  les  provinces  centrales  que  dans 
les  provinces  frontières.  Tout  était  dans  une  situation  régulière  et  le 
peuple  docilement  soumis.  La  renommée  des  succès  et  de  la  pro- 
spérité d'isfendiyàdh  se  répandit  dans  toutes  les  contrées  et,  par  lui, 
le  règne  de  son  père  jouissait  d'un  calme  parfait.  Il  n'avait  pas  son 
pareil  en  beauté  et  en  libéralité,  sa  force  et  sa  vaillance  étaient  pro- 
verbiales, on  ne  trouvait  pas  d'expressions  pour  désigner  ses  qualités, 
lesquelles  ne  rentraient  pas  dans  l'ordre  des  choses  ordinaires.  Aussi 
fut-il  frappé  par  le  mauvais  œil  et  assailli  par  cette  adversité  à  laquelle 


^  ^ 


278  IllSTOIRK   OKS   ROIS   DF.S   PERSES. 

^  ^''-^  Ui«  oJ>  g<   "CaoI    .v-i->«  "O^Aj  i_jC.,^<à_?  4'  Jv  «w-v.  iLuNv^ï-u-Jl 

— i-à-*v'     ■-'    ^^l   4'    Jâ_Lj»    "^-^J    .iw«'    i>  ♦-va    .^-S*-*^    oJ^^i^C   4jLsk.    iL**^l 

'  '^>_^  «0>jtj.-J^^_«_.  U  e:.^J^  ^!    "îi^  J-J^   <jLi^!  LlL^o  jLijlc 


sont  exposés  les  hommes  supérieurs,  et  il  lui  victime  de  la  laiblesse 
de  jugement  et  de  l'ingratitude  de  son  père  envers  Dieu  qui  lui  avait 
donné  parmi  ses  eiilants  un  tel  fils. 

Bischtàsf  avait  un  ami  intime,  nommé  Kordam,  qui  avait  un  grand 
ascendant  sur  son  esprit  et  jouissait  d'un  grand  crédit  auprès  de  lui. 
Cet  homme  nourrissait  une  haine  profonde  contre  Isfendiyàdh  et  lui 
portait  envie;  il  s'ell'orça  de  semer  la  discorde  entre  lui  et  son  père  et 
chercha  constamment  à  le  desservir  auprès  de  Bischtàsl  et  à  le  déni- 
grer. —  «Certes,  disait-il  au  roi,  jamais  femme  n'a  donné  le  jour  à 
un  fds  comme  Isfendivàdh  et  on  n'a  pas  encore  vu  son  pareil;  mais 
il  fait  œuvre  de  prétendant;  il  se  porte  avec  l'espoir  de  s'emparer  du 
trône  de  son  père  et  il  veut  l'attaquer  et  le  surprendre.  Sa  puissance 
est  déjà  si  grande  que  j'en  suis  elfrayé  pour  toi,  et  je  crains,  matin 
et  soir,  qu'il  n'arrive  par  lui  quelcjue  événement  qu'il  sera  dilTicile  de 
parer.  »  Ces  propos  finirent  par  iaire  inqjression  sur  Bischtàsf,  par 
linquiéteret  le  mettre  dans  un  état  de  grande  agitation.  Il  envoya  donc 
Djàmàsf  auprès  d'Isfendivàdh,  pour  le   sommer  de  venir  promj)te- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  270 

C  .M  Js-jliillj.  —  '■-)  Manque  dans  C.  —  W  C  tjl^5)tj.  —  '''  Mss.  JI^JI. 


Jv.;^ 


ment  à  la  cour.  Djàinàsf  se  rendit  auprès  de  lui  et  lui  (  onunuuicjua 
le  message;  puis  il  lui  fit  connaître  les  dénigrements  dont  il  était 
l'objet  de  la  part  de  Kordam  et  ses  calomnies  dont  le  bruit  était  déjà 
parvenu  à  Islendiyàdli.  Celui-ci,  embarrassé  et  fort  perplexe,  dit  en 
lui-même:  Si  je  résiste  à  l'ordre  de  mon  père,  je  confirme  entière- 
ment les  allégations  de  mon  ennemi;  si  je  me  rends  à  son  appel,  je 
suis  certain  qu'il  me  lera  subir  un  mauvais  traitement.  Cependant  le 
mieux  sera  de  ne  pas  lui  désobéir  et  de  ne  pas  m'insurger  contre  .son 
ordre.  Il  demanda  donc  à  Djâmàsf  de  rester  avec  lui  quelque  temps, 
pour  lui  permettre  de  profiter  et  de  jouir  de  sa  compagnie,  avant 
de  se  rendre  avec  lui  à  la  cour.  Mais  Djàmàsf  refusa,  disant  :  «  Le  roi 
m'a  ordonné  de  ne  pas  te  laisser  prendre  de  délais,  ni  d'atermoie- 
ments, et  de  ne  rien  épargner  pour  faire  diligence  et  éviter  les  len- 
teurs et  les  retards.  »  En  conséquence,  Isfendivàdb  remit  le  comman- 
dement de  l'armée  à  .ses  fils  et  partit  avec  Djàmàsf  pour  la  cour  de  son 
père.  Arrivé  en  pré.sence  du  roi,  il  se  prosterna  et  se  tint  humblement 
devant  lui.  Bischtàsf  lui  dit  :  «Est-ce  là  ma  récompense  pour  t'avoir 


280  IIISroiRK    OKS   ROIS    DFvS   l'KUSKS. 

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elev('',  comble  de  hicnlails  cl  pour  l'avoir  doniir  un  si  liant  rauj;-,  (|U(> 
niainlcnant  lu  songes  à  te  mettre  en  révolte  ouxcrtc  conlic  moi?» 
Islcndivadli  répondit  :  «Quand  ai-je,  o  roi,  contrevenu  à  tes  ordres 
ou  me  suis-je  insurgé  contre  ta  volonté?  Ne  plaise  à  Dieu  que  je  mé- 
connaisse ton  autorité  et  (|ue  j'oublie  le  respect  que  je  le  dois!  n  Et 
il  se  mit  à  démontrer  son  entière  innocence  et  la  pureté  de  ses  inten- 
tions et  s'elTorça  de  se  disculper  auprès  de  lui.  Mais  tout  cela  ne  Ht 
qu'augmenter  la  sévérité  et  le  courroux  de  Bischtàsf,  cpii  lui  dit  : 
<i  Je  veux  te  faire  subir  un  traitement  qui  servira  de  leçon  pour  dé- 
tourner les  fils  de  conspirer  contre  leurs  pères  et  les  sujets  de  se  ré- 
volter contre  leurs  maîtres!  »  Il  fit  venir  des  forgerons  et  leur  ordonna 
de  mettre  à  Isfendiyàdli  de  lourdes  entraves,  de  le  lier  avec  des  chaînes 
et  de  le  charger  de  carcans;  puis  il  donna  l'ordre  de  le  transporter 
sur  un  éléphant  dans  le  château  de  Koumendhan  et  de  le  laire  garder 
par  des  geôliers.  On  exécuta  ses  ordres  et  Isfendiyàdh  se  trouva  réduit 
dans  sa  prison  à  un  état  inspirant  la  pitié  et  l'épouvante.  Ses  ([uatre 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  281 


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(ils  vinrent  ly  rejoindre  pour  partager  son  infortune  et  lui  témoigner 
leur  dévouement. 

Bischtàsf  se  mit  en  route  avec  ses  troupes,  pour  visiter  ses  Etats, 
laire  de  nouveau  connaissance  avec  ses  provinces  et  pour  travailler 
énergiquement  à  établir  sa  religion.  Mais  à  peine  la  nouvelle  de  ce  qui 
était  arrivé  à  Isfendivàdh  se  fut-elle  répandue  que  l'Etat  fut  troublé  et 
que  l'Empire  dépérit;  les  rebelles  se  soulevèrent,  les  troupes  se  révol- 
tèrent, les  provinces  furent  sans  défense,  et  le  désordre  et  le  brigan- 
dage firent  leur  apparition.  Ardjàsf  saisit  l'occasion  pour  attaquer 
l'Irànschalir  en  disant  à  ses  chefs  d'armée  :  «  Ce  sot  de  Bischtàsf  a  en- 
chaîné le  soutien  de  son  empire  et,  de  sa  propre  main,  s'est  réduit  à 
l'impuissance.  Maintenant  qu'il  n'est  plus  sous  la  sauvegarde  d'Isfen- 
diyàdh  et  qu'il  est  en  complet  désarroi,  il  ne  compte  plus.  Je  pense 
donc  que  nous  devrions  nous  jeter  d'abord  sur  Balkh,  puis  sur  les 
autres  villes;  nous  prendrons  notre  revanche,  nous  ferons  du  butin 
et  réduirons  les  ennemis  en  notre  pouvoir.  Les  chefs  approuvèrent 
son  avis  et  se  conformèrent  à  ses  ordres. 


282  ilISTOIRK    DF.S   ROIS    DKS   PKRSF.S. 


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^vJ^_â_>  ^     '    J-JLïj.   ^Ij   J.I    <JC_x>.>JLo   ^_4c  v<S-**o  ^1  41    f^JJ    4^^    7^'"'^1^ 

^Lj  j__?\'' ^  1^ — ^-  ,^*>— <S— ?-  ^  3' ^»  •>>— ^'  r*T4~^    LiL*-/ols  ?*L*«J  ^<jw*tv_)» 

'     C  JjJbj.  —    -'    Manque  dans  M.    —  !"    C  Jué.  —  '*'    Mantiiir  dans  C. 


ASSAI  T  QUE  LES  TURCS  LIVRENT  AU   VENERABLE   LOIIRASF. 

ILS  SACCAGENT  ini.KII   ET  PRENNENT   LEUR   REVANCHE  EN   INFLIGEANT 

UNE  SÉVÈRE  DÉFAITE  À   RLSCHTÀSF. 

A rdjâsf  chargea  son  fils  Kohram  d'attaquer  à  Timprovisle  la  xilic 
deBalkh.  H  le  fit  partir  à  la  tète  d'un  gros  détachement,  le  pourvut  de 
tout  ce  qu'il  lui  lallait  et  lui  ordonna  de  marcher  avec  les  troupes  de 
son  avant-garde  sur  la  ville,  d'y  tuer  tous  les  gens  de  Bischtàsf  qui 
tomberaient  entre  ses  mains,  de  saccager  leurs  maisons  et  leurs  palais, 
de  faire  main  basse  sur  leurs  biens  et  d'emmener  leurs  femmes  cap- 
tives. Kohram,  conformément  à  son  ordre,  se  mit  en  marche  et  arriva 
devant  Balkh.  Lorsque  Lohràsf ,  qui  alors  avait  atteint  le  terme  extrême 
de  la  vieillesse  et  se  livrait  entièrement  à  la  vie  spirituelle,  en  fut 
prévenu,  il  dit  :  «Honte  à  Bischtàsf!  Quelle  folie  que  de  s'en  aller 
loin  de  cette  pauvre  ville,  d'y  abandonner  ses  biens  et  sa  raniille.  <li' 
mettre  aux  fers  Isfendiyàdh  à  cause  du  langage  fl'un  homme  trop  vil 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  283 

xIJ^—LjO    ,')  J^il    <JLw    lix.    ^v-S^    ,Jc    <_>]    ^    ôi^*.*J    ^uy_*«_5L    4_X^l_i    <Os.>| 

u.'s-i  y-^  ^o-^  "^^J"^  *^-'^'-*^=^  *.J^  ^.^-^^  ^^y<SS-'^iJ  <_iLs*.*_» 

_,:  ^i  fy-*l^  J^jJil  ^^^  _L^  ^5v^  ^^.6?-U'^i  J-scls'Nl;  4j«J 
i|^  j^.g->J'  _r-r>  •^'-^!jr^^^^==t  1^^-*^  |j-L*J-5  ^.^--Jl  jj_â-^yjj 


•''    M    -Jv^l,    llKill(|ilc    dans    ('..  -     (;    UULC*.  '     M    «qj^j      ('.    M  a   (i  — ;' 


pour  être  nommé  et  pour  (|ii('  1  On  pense  à  lui,  cl  de  consacrer  son 
activité  au  service  de  la  relififion  ([ui  lui  a  été  funeste  et  dont  la  détes- 
table doctrine  l'a  perverti!  »  Puis,  malgré  son  très  grand  âge,  Lohràsf 
forma  une  troupe  de  deux  mille  hommes  avec  la  garnison  de  la  ville 
cl  la  milice,  prit  les  armes,  monta  à  cheval  et  marcha  avec  ces 
hommes  contre  les  Turcs.  Lorsqu'il  fut  devant  eux,  il  les  apostropha 
cl  exhorta  ses  compagnons  à  leur  livrer  bataille;  puis  il  chargea  les 
Turcs  et  les  combattit  avec  tant  de  vigueur  qu'ils  le  prirent  pour  Isfen- 
diyàdh;  car  il  fendait  en  deux  tout  ennemi  qu'il  frappait  du  sabre,  et 
ceux  qu'il  touchait  de  la  lance  furent  désarçonnés.  11  continua  ainsi 
ses  étonnants  exploits  jusqu'à  ce  que  Kohram ,  élevant  la  voix,  or- 
donnât que  tous,  les  uns  après  les  autres,  devaient  diriger  leurs  efforts 
contre  lui  et  le  couvrir  de  traits.  Ce  qui  fut  fait,  et  ils  tuèrent  la  plu- 
part de  ses  compagnons.  La  chaleur  était  accablante,  le  soleil  ardent, 
et  Lohràsf,  à  qui  la  faiblesse  de  l'âge  avancé  se  fit  sentir,  tremblant 
d'épouvante  et  succombant  à  ses  blessures,  tomba  de  son  cheval.  Les 


2Si  IIISTOIRF.    OF.S   ROIS   DES   PERSES. 

^1  i_>l — * — i — !|  sj. — 5  <_«_^^  -'  J.  g  xJI  .x-<i|  ^1  <jLgjvj>i  5S.J0  iLj^-i^i-tvL 

J i^   U  J f-  ^__à_«.'>_gJ   J>!   r^— 1-£   t«!   f>y~i-^   (^   jLiiJ  c_/ws;iJ!   <_Su^ 

^>_^o!  Lj^-a  b  "^-s  OO  il.  <_AJ  (.:>xS-à-e  c^oLb  (j;Ul  <.Â^i|  S:>L*_t<J|  ■^-isS-se 


sabres  s' abattant  sur  lui  le  mirent  en  morceaux.  Ce  fut  le  terme  de  sa 
vie  et  le  lieu  fie  son  trépas.  Les  Turcs  étaient  étonnés  du  courage  et 
de  la  vigueur  dont  il  avait  lait  preuve  avec  un  corj)s  débile  et  des  os 
fourbus  et  malgré  son  extrême  vieillesse.  Ils  dirent  :  «  S'il  accomplis- 
sait de  tels  exploits,  lui  cpii  était  arrivé  à  la  limite  de  la  vie,  que  faut-il 
craindre  d'Isfendiyadli  qui  est  dans  la  force  de  fàge  et  joint  à  la  vi- 
gueur de  la  jeunesse  la  prudence  des  cheveux  blancs!  »  Kohram  leur 
dil  :  "  \e  savez-vous  pas  que  Lohràsf  a  effectué  ces  prouesses  par  ce 
([ui  lui  était  resté  du  reflet  de  la  majesté  divine.^  Eli  bien,  nous  en 
sommes  débarrassés  pendant  que  Bischtàsf  est  loin  et  Isfendiyàdh 
dans  les  chaînes;  allons,  mettons  Balkh  en  ruines  et  emparons-nous 
des  richesses  de  Bischtàsf  qui  s'y  trouvent!  »  Les  Turcs  répondirent  : 
"Nous  sommes  à  tes  ordres.  »  Et  ils  se  ruèrent  sur  la  ville,  la  sacca- 
gèrent, détruisirent  les  temples  du  Feu,  tuèrent  soixante-dix  niolmlli.s 
et  herbedhs  et  éteignirent  avec  leur  sang  les  feux  sacrés;  ils  s'empa- 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  285 

,^J-J<JLJ:^  J\j-a\  J^  \jjj:i^\j  L^LaJ  jî^U^  l^jliislj  l^^s»  s  J^l^lj 

4_/«jJj  ci^jix  J^-^o-s»..  ^^  j_j  w  g  *<j  Lv^==lj  w«ji-i_4v|  s_yo|j3J|  i_,xs-<i<J  ^^5U| 

C  Manque  dans  C.  —  t^'  C  iojlsîj-  —  '''  Mss.  v_juMLiUij.  —    ''   Manqiu'  dans  M.  — 
(••)  Mss.  *j>>j  Syji^j  x«>j  'T.  jjjie'  iù*  J^  J^'^^^^j-  —  '''^  C  ijx4- 


rèront  des  ricliossos  de  Bisclitàsf,  vidèrent  ses  trésors,  enlevèrent  ses 
trésors  cachés  et  emmenèrent  captives  ses  deu.v  fdles  Kiiomàï  et  Beh- 
Afrîdh. 

BISCHTÀSF  REVIENT  AUPRES  DE  BALKII. 

IL  LIVRE  BATAILLE  AUX  TURCS. 

IL   EST   BLOQUÉ  PAR   EUX   ET   OBLIGE    DE   METTRE  ISFENDIYÂDH    EN    LIBERTÉ. 

Lorsque  Bisclitàsf  fut  informé  des  désastres  survenus  à  Balkli,  dont 
riiorreur  faisait  blanchir  les  cheveux,  il  jjleura  et  se  repentit,  et  la 
faute  qu'il  avait  commise  lui  causa  de  vifs  regrets.  Il  donna  f  ordre  à  ses 
généraux  d'appeler  les  troupes  des  provinces  et  de  les  lui  renvoyer,  fit 
ses  préparatifs  pour  se  mettre  en  campagne  et  marcha  avec  ces  troupes 
vers  Balkh.  Au  moment  où  il  arrivait  sur  le  territoire  de  la  ville,  Ar- 
djàsf  parut  à  la  tète  de  troupes  innombrables.  Les  deiux  armées  s'étant 
rapprochées  fune  de  l'autre,  cavaliers  et  fantassins  formèrent  leurs 


281)  IIISroïKI,    DKS    IU)IS    DKS    l>KUSKS. 

^_û'w.^\  i^-v'^    ^>-_s.    \j  >_^>^_a_>C^^   J.  g  ..>,1U  ^y*-  ^î^^'^'j   J^Si^JL   Js-^il 

o>-J>N — ^~_£    j>— H— J  ^  LjiJls    ,^_à-*vLA_i^>  ^Jlc  is-jjJl  c^oLij  ^L^CJU   JitakâJl 

^<;^^^  ?•> — N^Lk^  o>'|>-Jjli  it-)    sj^=».U  <-->  >..gjàA_*vU  ,5^-i-'^  ^^\  J^-^r*-  ii,i 

^.g-^sj-i.  J-:==L    j?^>ji   <-i^^-«v_^_[.    J-^vil   j^i   Jji  \jj}a.^'\i    ^LtLit   ^j__^l 


lignes;  les  liauteiirs  cl  la  plaine  en  Inrent  couverles.  La  bataille  s  en- 
gagea et  devint  acharnée.  Elle  dnra  trois  jours  et  trois  nuits,  et  des 
deux  côtés  il  y  eut  un  grand  nombre  de  blessés  et  de  tués.  Ferascha- 
ward  tomba  mortellement  blessé.  La  mort  frappa  plus  de  vingt  fds 
de  Bischtàsf  brillants  comme  de  nouvelles  lunes,  courageux  comme  de 
jeunes  lions;  elle  frappa  aussi  Kordam,  le  calomniateur  d'isfendiyàdli, 
et  la  plupart  des  chefs  et  des  grands.  Bischtàsf  lut  vaincu  et,  en  sa 
déroute,  se  réfugia  avec  le  reste  de  son  armée  sur  une  haute  et  inacces- 
sible montagne,  où  il  se  mit  en  sûreté.  Les  Turcs  les  ayant  entourés, 
bloquèrent  les  Iraniens,  qui,  les  vivres  venant  à  leur  manquer,  se 
virent  obligés,  pour  se  conserver,  d'égorger  les  chevaux  et  de  se  nourrii- 
de  leur  chair.  Ils  éprouvèrent  de  dures  misères  et  eurent  à  supporter 
de  cruelles  souffrances. 

lîischtasf  exhala  sa  peine  et  son  grand  chagrin  dans  le  sein  du  sage 
Djamàsf  et  lui  demanda  conseil.  Djàmàsf  lui  dit  :  «  Pour  mettre  lin 
à  cette  grave  situation,  il  n'y  a,  après  Dieu,  que  le  seul  Isfendiyàdh.  « 


IIISTOIKK    DKS  ROIS   DES   PERSES.  287 

il  oJoL-iJé  ■y^  3v  \>  <S^  '^'  j-ï;  "^^  s^j-^  j-^  '^■^l  O'^^'  w^ji-' 
^î  J^-^tj  j3_«Jl  J^^b  <'  S^  "iJ  ^l^J^\  J    LxJ  c^t^  d^  :Uj 

'      s- 

—  '^'  MaïKnic  dans  (', ;  M  L^joj>«  '■6*»r!  W- 


Bischtàsf  répliqua  :  «  l'^l  il  n'y  a  (juc  loi  pour  1  anu'iipr.  »  Djaniàsl  dil  : 
«Si  k'  roi  me  rordonnc,  je  le  Icrai  sans  hésiter.  —  \a  donc  le  trou- 
ver, dit  Bischtàsf,  fais-lui  accepter  mes  excuses  et  dis-lui  de  ma  part  : 
«  J'ai  été  injuste  envers  loi,  ô  mon  fils,  quand  je  t'ai  traité  en  coupable 
«  sur  la  parole  de  ce  calomniateur,  de  ce  menteur,  qui  a  cueilli  le  fruit 
«  de  ce  qu'il  avait  machiné  contre  toi  et,  en  ta  personne,  contre  moi- 
«  même.  Tu  sais  que  l'on  ne  peut  détourner  la  destinée.  Accepte  donc 
«  mes  excuses,  viens  me  rejoindre  et  me  sauver,  et  venge  la  mort  de 
«  ton  grand-père  et  de  tes  frères.  Porte-toi  au  secours  de  l'Empire,  afin 
«de  le  conserver  ]X)ur  toi  et  tes  lils,  et  délivre-moi  de  cette  pénible 
«  situation  par  ta  bonne  étoile.  J'aurai  alors  contracté  envers  toi  l'obli- 
"  "[ation  de  l'abandonner  la  couronne  et  le  trône  et  de  te  remettre  l'em- 
«  pire  du  monde,  ainsi  que  me  l'a  remis  Lohràsf  et  comme  celui-ci  l'a 
«  reçu  de  Kaïkhosra;  je  n'aurai  plus  d'autre  soin  que  de  m'occuper  de 
«  la  vie  future  et  de  faire  mes  provisions  pour  la  route  du  Paradis.  » 
Djàmàsf  promit  de  faire  parvenir  ce  message  et  de  l'appuyer  ])ar  des 
arguments  qui  en  assureraient  le  succès. 


288  HISTOIRE   OKS   ROIS   DKS   PERSES. 

^>L3  ,jjw)|  <_k_LjlJ|  *'._sij  <^y>j  j?Lii-c  Jl^  ^j?^  ^r^JJ  ''  l^y^  '^r*-' 

Jc^ >    l — 3'v — 5  .X_5«    L>wjis_>l    ù]\\  J'^-S-9   "^-JtA-sJl  O^^aJU  '^y^   o*3       /^>^^ 

^_A >.  oLx_^«   4'   0^_^^^  Jl._K_ijl|  •.z\xj  ^  jJiyOo  4)L^  4_aJlx  ^wviao  xjj. 

..ii ?'> ci    ç.l'>_j   J  J3i IV  s^Uaii.  ijtf*  iL.XAi_**t  <Lj  i2)i^_a£w^  4_jJv_>  I- y^J 

^  ^  ^      ..  .         .      ^  ..     ..  (JJ-- . 


Ci  C  j^y.  --  1-^'  Mss.  .^4^. 


Comme  Djàmàsf  devait  passer  par  les  rangs  des  Turcs,  il  prit  leur 
costume  et  traversa  ainsi  leurs  lignes;  puis  il  fit  route  vers  le  château 
dans  lequel  Isfendivadh  était  détenu.  Les  gardiens  de  ce  chcàteau 
l'avant  vu  de  loin  avertirent  Isfendiyàdh  que  l'on  apercevait  un  cava- 
lier turc  se  dirigeant  vers  le  château.  Isfendiyàdh  dit  :  «Je  crois  que 
c  est  un  Iranien  qui  a  pris  le  costume  des  Turcs.  »  Lorsque  Djàmàsf 
arriva  à  la  porte,  le  gouverneur  lui  demanda  qui  il  était.  —  «Je  suis 
Djàmàsf,  dit-il,  fenvoyé  du  roi.»  Le  gouverneur  le  reconnut  et 
donna  l'ordre  de  lui  ouvrir  la  porte  et  de  l'introduire  auprès  d'Isfen- 
diyàdh.  En  le  voyant,  Djàmàsf  fut  épouvanté  par  le  spectacle  qu'il 
offrait,  chargé  comme  il  était  de  ses  fers.  Il  se  prosterna  devant  lui, 
lui  présenta  ses  vœux  et  pleura  en  se  tenant  dehout  devant  lui.  Isfen- 
divadh lui  souhaita  la  bienvenue  et  dit  :  «  C'est  une  circonstance  grave 
qui  t'a  forcé  de  venir;  ce  n'est  pas  un  sentiment  de  sympathie  qui  t'a 
inspiré  le  désir  de  me  voir!  »  Puis  il  lui  demanda  ce  cjui  était  arrivé. 
Djàmàsf  lui  donna  connaissance  des  malheurs  et  des  catastrophes  et 
lui  fit  le  récit  complet  des  événements.  Isfendiyàdh  pleura  sur  le  sort 
de  son  grand-père  et  de  ses  frères.  Il  écouta  Djàmàsf  jusqu'à  ce  qu'il 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  289 

^>-*-:^   ^*-i'^»'  ^   l'^^'  •-^  i,S^-^^^J   1^^-^^^'   ^  <L^^^K   ;_ç>-i-«'  'jJjiA»   ^:> 
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1"  C  JJai.   -       -'   M  ^ilj.*i«,t,.  •    M  *juLJI,  C  ^  i  ■---  1'  '    M  c,.Lj.  — 


(;iU  tlolivrc  le  message  de  Blschtàsf,  puis  il  dit  :  «C'est  à  présent  qu'il 
parle  ainsi,  après  m'avoir  auparavant  couvert  de  honte  et  m'avoir 
infligé,  malgré  ma  parfaite  innocence  et  les  grandes  actions  que  j'avais 
accomplies,  ce  traitement  par  lequel  il  a  foulé  mon  sang;  après 
m'avoir  déshonoré  et  avoir  réjoui  mes  ennemis  du  spectacle  de  mon 
malheur,  et  après  m'avoir  mis  vivant  dans  l'enfer!  Quand  il  est  atteint 
y)ar  l'adversité,  qu'il  est  assiégé  par  les  Turcs,  que  la  mort  frappe  a 
sa  porte,  il  se  meta  m'envover  un  message,  à  ordonner  de  me  mettre 
en  liberté  et  de  m'appeler,  non  par  bonté  pour  moi,  mais  pour  que 
je  l'arrache  de  la  dent  du  dangereux  serpent  et  de  la  grilTe  du  lion  et 
pour  que  je  m'expose  cà  la  mort  en  le  rendant  à  la  vie!  Mais  je  ne 
répondrai  pas  à  son  appel  et  je  ne  serai  séparé  de  ces  chaînes  et  de 
ces  entraves  que  lorsque  je  quitterai  ce  monde  avec  ma  peine  et  que 
j'irai  me  plaindre  de  mon  infortune  à  Dieu,  pour  qu'il  me  venge  de 
mon  persécuteur!»  Djàmasf  répondit  :  «Tu  as  raison,  c'est  comme 
tu  le  dis.  Mais  les  malheurs  viennent  de  te  quitter,  les  temps  heureux 
se  lèvent  pour  toi.  Ton  père  et  tes  parents  sont  forcés  d'avoir  recours 


290  iiisioiuK  nr.s  unis  dks  pkusks. 

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Lli;    "^ — fu^-^    ^^    L  .g   fT  J'X-CilL    i^iJI   ^jyi-'i-J   <_**wàj   ,_<lc   i-i^v^   »_i=»-«^ 

'"  C  c-ài,.  —  (•-)  c  AL,.  —  (')  M  l^.  —  (■')  C  e**fi,  M  c^. 


à  toi;  c'est  sur  toi  que  reposent  leurs  espérances  et  celles  de  Tlràn- 
schalir.  La  Fortune  te  promet  un  spîendide  avenir.  Chasse  donc  de 
ton  cœur  ces  folies  et  agis  selon  ta  vraie  nature.  Va,  en  prononçant  le 
nom  de  Dieu  et  en  mettant  en  lui  ta  confiance,  pour  éteindre  le  mal 
et  répandre  le  bien.  Travaille  pour  toi  et  tes  fils,  afin  de  t'assurer  la 
possession  de  l'Empire  et  pour  réaliser  les  espérances  que  l'on  place 
en  toi.  ')  Et  il  continua  à  faire  des  efforts  pour  le  fléchir  jiar  ses  conju- 
rations et  à  l'impressionner  par  ses  douces  paroles,  jusqu'à  ce  que 
isfeadiyàdh  fut  touché  et  qu'il  consentit.  Djàinàsf  alors  lit  appeler, 
pour  détacher  ses  chaînes,  les  forgerons.  Ceux-ci  étant  arrivés  et  s'étant 
mis  à  fœuvre,  mais  ne  parvenant  que  lentement  à  les  rompre  à  cause 
de  leur  solidité,  Isfendiyàdh,  s'impalientant,  interpella  rudement  ces 
artisans.  —  «  Vous  êtes  prompts,  leur  dit-il,  à  imposer  des  entraves  et 
lents  à  les  ôter!  »  Et  sous  finflucnce  du  chagrin  intense  qu'il  éprou- 
A'ait  de  la  mort  de  son  grand-père  et  de  ses  frères,  de  sa  grande  colère 
contre  son  père  et  de  la  violente  indignation  ([u'il  ressentait  d'avoir 


IIISTOIRK   DKS   ROIS   DKS   PKRSES.  291 

<jJ    Js-v^    "^Uj    ,_>iij!   iJ^J    ^-slvial   ;J^   3vs*.|^    /«U-*-    J-^-^   ^®i  t5*=^ 


été  haloué  par  ses  ennemis,  il  se  lendit  et  se  secoua  et  rompit  toutes 
les  chaînes  et  les  entraves,  qui  tombèrent  de  son  corps.  Vovant  fle- 
vanl  lui  leur  masse,  haute  comme  une  montagne,  il  dit  :  «Voilà  le 
cadeau  (\o  Kordem.  »  Puis,  épuisé  ])ar  l'eflbrt  violent  qu'il  venait  de 
laire,  il  tomba  évanoui.  Djàm.àsf  l'avaul  aspergé  avec  de  l'eau  de  rose, 
il  revint  enhn  à  lui.  Il  se  rendit  au  bain,  coupa  ses  ongles,  revêtit  le 
])lus  pur  de  ses  vêtements,  bénit  Dieu  et  lui  rendit  grâces  de  l'avoir 
délivré  de  sa  prison  et  lui  demanda  son  assistance  dans  ce  qu'il  allait 
entreprendre. 

Isfendiyàdh,  ensuite,  se  réconcilia  avec  Djàmàsf,  but  avec  lui,  lui 
demanda  conseil  et  se  montra  très  gracieux  envers  lui.  Au  matin,  il 
revêtit  son  armure,  monta  à  cheval  et  partit  avec  ses  fds  et  sa  suite, 
en  hâtant  sa  marche,  il  demanda  à  Djàmàsf  de  prendre  avec  lui  un 
chemin  conduisant  vers  l'endroit  où  était  tombé  Feraschàward,  son 
frère  de  père  et  de  mère.  Djàmàsf  l'v  ayant  conduit,  il  trouva  en 
arrivant  Feraschàward  sur  le  point  de  mourir.  Il  mit  pied  à  terre,  se 
frappa  le  visage  et  pleura.  Feraschàward  le   regarda  et  dit  :  «  Mon 

37. 


'102  IIISTOIliK    DKS   IlOIS    DKS    PKUSKS. 

^_5 — ivU-^  IajI    ^^5JoCJj   .''^U   ^IsJjIi    ^i"  j^^JlJULj  1   ..crà"!   [j    J^^  oI-«.<-flJ  ^j 
'Ji   (J7^-C   ^•^ — -^ — ■^ — 'I    i_j«-*^'  ^    ^J^'   "^-"^   ««--JJsls    ^Joi^   ...^>^'   lT-*^ 

<jj_j^t  ^  J-^ol'I  .i^x^  <j^^^^  'uêLj  «Cijpjti!  J,|  IpLv  ._^j  ;i;S  <Ai^. 

«.«jij  oJàU. .         ''    ('  ■,->'^^ ■  —  '■''  MaiK]uo  dans  C.  —  '^'  C  nj\^. 


frère,  l'état  clans  lequel  je  me  trouve  m'empêche  de  me  réjouir  de 
ta  délivrance  et  de  ta  visite.  »  Isfendiyàdli  lui  répondit  :  «  Mon  Lien  - 
aimé,  joie  de  mes  yeux,  la  pitié  que  tu  m'inspires  m'anéantit  et  ternit 
ma  vie.  Nomme-moi  celui  sur  (jui  je  dois  venger  ta  mort  et  fais-moi 
connaître  tes  dernières  volontés.  »  Ferascluhvard  dit  :  «  Ce  ne  sont  pas, 

0  mon  frère,  les  Turcs  qui  sont  cause  de  ma  mort;  c'est  uni(juement 
Bischtàsf,  notre  père,  qui  m'a  tué,  moi,  ainsi  cpie  mes  frères  et  mon 
grand-père;  c'est  sur  lui  que  tu  dois  me  venger.  Et  ne  néglige  pas  de 
faire  de  bonnes  œuvres  en  mon  nom.  »  Puis  T'eraschàward  expira. 
Isfendiyàdli  fut  désolé.  Après  avoir  pourvu  à  ses  funérailles  et  à  son 
enterrement,  il  continua  sa  route  et  arriva  au  champ  de  bataille,  qu'il 
vit  couvert  des  cadavres  de  ses  frères,  de  ses  guerriers  et  des  guerriers 
de  son  père.  Ce  spectacle  fit  couler  ses  larmes.  Voyant  le  cadavre  de 
Kordem,  celui  qui  l'avait  calomnié,  il  l'apostropha  en  ces  termes  : 

1  Malheureux,  toi  qui  as  perdu  cette  vie  et  la  vie  future,  qu'est-ce  qui 
t'a  poussé  à  amener  une  conflagration  sur  l'irànschahr,  en  tenant  de 
méchants  propos  contre  moi  et  en  me  calomniant  auprès  de  mon 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  293 

<->J_^   Js-d)|  ^    li  «O'^-SuJI    ^  ^Lj^lt  s_«-LjiJ  ^Js^.  j^5<.M..Aji.  ,j;vî». 

(j-oji — ivjjLiJt  ij-0  oLil-Ss^  j  L«i».]^'  ■v.jJ^t  JLj  ijjsj  Al>i\  <>^_*vli- "^ 

,J — rîj; — ia — 'I    i^-<i— i—ik.    il   ^«>SUjC-âjJ    ^♦SsaJi   L^â^   jjj    f'y-^   J)'    iL^>-^<-ft-**'' 
,_è_w'U^  ^p3s.».OL^    J.'    iLjw;.i_vvt  jLvj    lLKi\j    SJvAj    ?wï-Si=!   1^1^ 


|)(','re,  (le  telle  sorlc  quo  celui-ci  m'a  emprisonne  el  enchaîné  et  que 
les  Turcs,  prolilanl  alors  de  mon  éloignemenl  el  de  mon  emprison- 
nement, ont  osé  porter  le  deuil  et  la  ruine  dans  ma  famille  et  dans  le 
royaume  de  mon  père?  Le  mal  que  tu  as  fait  avec  ta  vilaine  langue  ne 
sera  jamais  guéri!  Subis  maintenant  la  peine  de  ton  œuvre  et  va-l-en 
dans  l'enfer  où  est  ta  place!»  Isfendiyàdh,  ensuite,  quitta  ce  lieu. 
Lorsque,  à  l'ombre  de  la  nuit,  il  eut  atteint  le  camp  des  Turcs,  il 
parvint,  grâce  à  une  faveur  spéciale  de  sa  bonne  étoile  et  grâce  à  son 
audace,  à  combler  le  passage  du  fossé  qu'il  traversa  avec  ses  compa- 
gnons. Il  rencontra  quaIre-A'ingts  cavaliers  des  avanl-postes  d'A  rdjàsfqui 
demandèrent:  «  Qui  étes-vous.^  "  Isfendiyàdh  répondit  :  «  Nous  sommes 
envoyés  par  Kohram  pour  vous  tuer,  parce  que  vous  avez  laissé  passer 
Isfendiyàdh  qui  a  réussi  à  traverser  vos  lignes.  »  Puis  lui  et  ses  com- 
pagnons les  chargèrent  avec  leurs  sabres  et  en  tuèrent  la  plupart.  Les 
autres  s'enfuirent.  Isfendiyàdh  se  rendit  ensuite  au  camp  de  Bischtàsf. 


294  lIISrOinK    DF.S   ROIS   DKS    PKHSKS. 

_lw*J|  rJ 4mJ>.  ^^jvJ^  t_i  -Xc*j|  ^\L^L  iï)^L^->)  l3■'^-^  ^  Ji^xs»-»./©  ^_J^ 

("  Mss.  i;5  U.  —  (-'  -Mss.  Ai**.  —  P)   .\Iaiu|iR"  clans  M.  —  ('"   C  ,^i. 


ARIUVEE  IVISFKNDIVADH   AUPHES  DR  SON  l'EKK. 
!L   LIVRE  RATA  II. LE  AUX  TURCS  Ol  1  SONT   MIS   EN   DÉROUTE.     . 
CE  QU'IL  LUI   ADVINT  AVEC  LE  TURC  KOURKSAR. 

Lorsque  Isfendiyàdh  arriva  auprès  de  Bischtàsf,  il  se  prosterna 
devant  lui  el  lui  rendit  les  hommages  qui  lui  étaient  dus.  J3isclitàsf  se 
leva  et  alla  vers  lui,  le  serra  dans  ses  bras,  lui  baisa  les  yeux  et  kii  dit  : 
"Mon  fils,  je  désire  que  tu  pardonijes  ce  qui  a  eu  lieu,  que  tu  ne 
gardes  pas  de  ressentiment  de  ce  qui  s'est  passé  et  que  tu  aies  entière 
confiance  en  ma  promesse  de  te  proclamer  roi  et  de  te  remettre  la 
couronne  et  le  trône,  quand  tu  auras  terminé  la  guerre  contre  les 
Turcs  et  que  tu  les  auras  châtiés.  »  Islendiyàflh  répondit  :  «  Je  ne  puis 
assez  te  remercier,  ô  roi,  de  m'avoir  gracié  et  de  m'avoir  fait  sortir  de 
ma  prison.  Avec  faide  de  Dieu,  je  te  débarrasserai  de  tes  soucis  et, 
par  ta  bonne  étoile,  j'obtiendrai  une  vengeance  comjilète!  »  Les  chefs 
d'armée  et  les  guerriers  étant  accourus  auprès  d'Isfendiyàdh  se  pro- 


IHSTOIRF.    DKS   ROIS   DES   PERSES.  295 

^j-ibj  <_^i  ij-»  O^-^'   *-:^^-^  3  <^^yJij\  ,";jpgJ<ÀJ^  4).-tt.A-*-^^  ^j  iLj^Xi_w| 
(«)  Mi. -m  M^j^;,.^  ^>  CjùJii!. 


slciiK'iriit  (levaul  lui,  le  coniplinientùrcnl  et  tonioignèronl  leur  joie 
de  son  arrivée.  H  les  remercia  et  leur  ordonna  de  se  préparer  pour 
infliji^er  une  bonne  défaite  aux  Turcs.  Ils  lui  promirent  de  lui  obéir  et 
d'exécuter  ses  ordres,  de  rivaliser  de  zèle  et  d'empressement,  et  lui 
déclarèrent  que  leurs  corps  et  leurs  âmes  étaient  sa  rançon. 

Lorsque  Ardjàsf  lut  informé  qu'lsfendiyàdh  était  en  liberté,  qu'il 
avait  tué  les  avant-postes  et  qu'il  avait  rejoint  son  père,  il  fut  en  proie 
à  une  extrême  agitation  et  la  peur  et  le  chagrin  se  glissèrent  dans  sa 
peau.  U  réunit  ses  chefs  d'armée  et  ses  familiers  et  leur  dit  :  «  Nous 
aurions  dû  chercher  à  surprendre  Isfendiyàdh  dans  sa  prison  et  saisir 
l'occasion  d'arroser  la  terre  de  son  sang  alors  qu'il  était  dans  ses  fers 
et  ses  chaînes.  Le  voilà  libre,  ce  terrible  Satan,  ce  lion  féroce,  cet 
éléphant  furieux,  ce  dragon  qui  engloutit  les  créatures,  et  nous 
sommes  impuissants  contre  lui!  Le  mieux  sera  de  nous  en  retourner 
dans  notre  pays,  victorieux  comme  nous  sommes,  de  partir  sans  avoir 
subi  de  pertes,  nous  contentant  du  butin  que  nous  avons  fait.  »  Parmi 
ses  chefs  d'armée  et  ses  familiers  était  un  homme  portant  le  surnom 


296  IlISromK    DKS    UOIS    DKS    I>K1\SKS. 

. ii 1 :^»   l   à    1  '^    ^j-LU|    <.A_*il  <Jj    xL*m3s_So  vI'^^-JLLLi  'C^Lik..   ^iUi> 

^^i  x\  ^'-^  LJL  U  ^1  L^l  4  J'^^kII  ^^jlx^j^  ^^  ^^j  j^JI 

'     Cwsiil'.         '      Manqiu- dans  M.  —  '•    M  o4^. 


fie  Kourksar,  parce  que,  par  son  extérieur  et  son  naturel,  il  ressem- 
blait le  plus  au  loup. 

On  lie  voit  guère  un  homuie  dont  le  caractère,  si  l'on  observe  bien,  ne  soit  itj- 
<Ji((ué  par  son  surnom. 

H  était  jjlein  de  fourberie,  d'astuce  et  de  bravoure,  expert  dans  les 
coups  de  surprise  et  dans  la  bataille,  ne  se  lassant  point  de  ravager, 
avide  de  combats  et  emplovanl  la  ruse  avec  une  grande  habileté. 
Il  dit  :  "  Pourquoi,  ô  roi,  devrions-nous  nous  enfuir  devant  des  gens 
que  nous  avons  taillés  en  pièces,  mis  en  déroute  et  enfermés?  Ont-ils 
reçu  d'autres  renforts  qu'un  seul  homme ,  dont  on  sait  ce  que  vaut  la 
force  et  ce  qu'il  peut  faire?  Si  tu  me  charges  de  lui  livrer  bataille,  je  le 
provoquerai  en  combat  singulier,  lutterai  avec  lui  et  ferai  disparaître 
du  monde  sa  renommée.  «  Ardjàsf  lui  dit  :  «  Si  tu  fais  ce  que  tu  dis,  je 
partagerai  avec  toi  mon  rovaume  et  mes  possessions  et  te  donnerai  en 
mariage  ma  fille.  »  Kourksar  s'écria  :  «Je  suis  l'homme  pour  cela  et 


lirSTOIRK   DES   ROIS   DES  PERSES.  297 

«^-^i-^L-iauj  fj-^\j  ^.r-^s?-  <-i-"  }~^j  «-r^r^  ^i-*^>T»'>'  •i'^'»-'  3j^jj^_»i  J-SJj 

^  jL4»Ji^  *^^  «wi^lr'j  ^'-^'  '■!?^  <>ois|^  <__y_fi-vaJI  «L>â_**sjj  ^L.so-'' 
J^ — i  ,^  ^_^__w^=k.j!  s_i^J  ^*~^^J  ?*"^"*^  i__>L5_c  ^_Jic  ._^i  «oLi.  <_^<}.^ 

J — wjb   O-ii  ^^^^  fy^^='  c^^  J-^l»  '^\r^\  O*  -isL-»^^-»-^!  >  >>^|^ 
<')   C  114^.  —  '-'   C  ^^4=-^.  MaïKiu.'  dans  C. 


pour  loulo  allaire  (lilficile!»  En  conséquence,  Ardjàsl  lui  confia  la 
direction  de  la  bataille  et  lui  donna  le  commandement  des  troupes, 
qui  eurent  l'ordre  de  lui  obéir,  de  se  conformer  à  ses  instructions,  de 
suivre  son  exemple  et  de  ne  point  enfreindre  ses  dispositions. 

Le  quatrième  jour  après  son  arrivée,  auv  premières  lueurs  de  l'au- 
rore, Isfendivadli  sortit  du  camp  avec  son  armée,  fit  battre  les  tam- 
bours, former  les  lignes  de  bataille  et  établir  selon  les  règles  les  difie- 
rentes  positions.  Kourksàr,  pareil  à  un  loup  monté  sur  un  aigle,  se 
présenta  à  la  tète  de  ses  troupes  qu'il  répartit  et  disposa  en  bon  ordre. 
Ardjàsf  se  tenait  sur  une  liauteur  qui  les  dominait.  Le  soleil  était  à 
peine  levé,  que  déjà  il  était  couvert  par  la  poussière  que  soulevaient 
les  sabots  des  chevaux,  et  bientôt  la  bataille  était  engagée,  les  lances 
et  les  sabres  s'entre-choquaient,  les  champions  étaient  aux  prises;  on 
luttait  avec  rage  et  les  massues  et  les  masses  d'armes  tombaient  sur  les 
cuirasses  et  les  cottes  de  mailles  comme  les  marteaux  qui  frappent  le 
fer.  Isfendiyàdh  réduisit  les  Turcs  à  l'extrémité  et  en  écrasa  la  plu- 


298  IIISIOIKK    DKS    HOIS    DKS    IM'.USKS. 

J — w  >.^  j\ — ^ — yj_b  ^.>wvaJL?  <_>Ll  <_>!  fjjj  <-^w?  >  gk  ^^^  L^jL^Jt 

''■   M  \Sjt>.  —  '-'   C  JX».  —  '■'   l.a  place  de  ces  dcuv  mots  esl  restée  en  hiaiic  dans  M. 


part  comme  la  meule  écrase  les  grains.  Ardjàsf  envoya  un  messager 
a  Kourksàr  el  lui  (il  dire  :  «  Si  tu  veux,  dans  cette  bataille,  remporter 
une  grande  victoire,  fais-le  avant  qu'il  ne  reste  plus  de  Turcs.  »  Alors 
Kourksàr  se  tourna  contre  Isfendiyàdh  et  tira  une  flèche  qui  perça 
sa  cuirasse.  Isfendiyàdh  se  laissa  tomber  de  cheval,  comme  s'il  était 
blessé  à  mort.  Kourksàr  courut  vers  lui,  le  sabre  à  la  main,  pour  lui 
couper  la  tête.  Isfendiyâdli  se  releva,  lança  sur  lui  son  lacet,  l'enleva 
de  dessus  son  cheval,  se  remit  en  selle  et  partit  en  le  traînant  derrière 
lui.  Il  donna  l'ordre  de  le  lier  et  de  l'envoyer  à  Bischtàsf,  auquel  il  fit 
dire  :  «  Garde-le,  ne  le  fais  pas  mourir;  car  nous  avons  besoin  de  lui 
vivant.  »  Quand  Ardjàsf  vit  ce  qui  venait  d'arriver  à  Kourksàr,  il  ne 
tarda  pas  à  s'enfuir  avec  ses  familiers  sur  des  dromadaires,  en  donnant 
l'ordre  de  mener  les  chevaux  à  la  main,  et  s'enfonça  dans  le  désert, 
emporté  et  aiguillonné  par  la  terreur.  Isiendiyâdh  et  les  siens,  entiè- 
rement maîtres  des  Turcs,  les  brisèrent  et  les  fauchèrent.  Alors  les 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  299 

L_i_^l_5j   Aji  -s^  «..|  USL-^  ^_p^-à^  ^^^'«a^Lv^)  y~^\j  '■îUj.l   /«y^jl  ->-9^  ^''^b^   ^ 

L^'L-.i— A^    5> -â— >    Jl3  ^_>>-^2J|  3n_0  (J-o  l  g  g<>    .'''i(_53Jl  jL>Jil^  *U^|  ^jlv^ 

4I  J^— >j   >-<S-^  •^'jr?^  ^-nLc  (^5o'|j  «oJl  |J>L«L5  c>Jj\j  ^  S^^   -^  ^\^yj<j 
—  C"''   M  IftJLft.   —  i"'   M  AjLi.  —  '^    MaïKiuc  dans  C. 


soldats  lurcs  diicnt  cnlrc  eux  :  "  Pourquoi  reslons-uous,  puisque  le 
roi  a  pris  la  fuite  et  que  le  chef  de  l'armée  est  prisonnier?  »  Et  ils 
jetèrent  leurs  armes,  ôtèrent  leurs  casques,  se  prosternèrent  devant 
Isfendivàdli  et  demandèrent  quartier.  Islendiyàdli  leur  accorda  la  vie 
sauve,  pourvut  à  leur  bonne  garde  et  les  fit  enfermer. 

La  bataille  était  terminée  et  Isfendivàdli  rentra  dans  son  camp.  Sa 
barbe  et  sa  tète  étaient  entièrement  couvertes  de  sang;  il  avait  un 
aspect  épouvantable  dans  ses  vêtements,  si  bien  que  ses  gens  ne  le 
reconnurent  pas.  Il  lui  fut  impossible  de  détacher  sa  main  et  de  la  re- 
tirer de  la  poignée  de  son  sabre,  à  laquelle  elle  était  collée  par  le  sang 
chaud  et  jwr  l'engourdissement  qui  l'avait  gagnée,  tant  elle  avait  porté 
de  coups.  On  ne  parvint  à  séparer  l'une  de  l'autre  qu'en  versant  sur 
elles  beaucoup  d'eau  chaude.  11  ôta  ensuite  ses  vêtements  de  combat, 
revêtit  des  habits  de  dévotion,  bénit  Dieu  et  lui  adressa  des  actions  de 
grâces  pour  ses  bienfaits  et  accomplit  les  vœux  qu'il  avait  faits.  Puis 
il  entra  chez  son  père,  qui  alla  à  lui,  le  complimenta,  le  remercia  et 

38. 


300  IllSIOIUK   DKS   ROIS  DES  PERSES. 

jL*«-iv3sj  Lx:s  ^^s^]  LlLj  J^-«"«-'  A-^J  ÀjuaJ]  ^  J^j  ijXjy^^j^^  J^\  jv^ 

JyJl  ci-^-L-^î-Ji— *vl  ^  •.  r^  L  ^1  <!  Jls^  ^^^^^^  bj^"^^  l^*"^  Ij-iLiJ 

—   (5)    M;Uj    *ljs*i)!. 


lui  dil  :  <i  llciilre  clans  ton  pavillon,  restaure-toi  et  prends  du  repos.  » 
Isfendiyàdh  fit  ainsi.  Le  lendemain  matin,  il  se  lit  amener  Kourksàr 
qui,  tremblant  comme  la  feuille  sur  l'arbre  au  souffle  du  vent,  lui 
dit  :  «Laisse-moi  la  vie,  ô  prince,  pour  que  je  puisse  te  servir,  te 
conseiller  et  te  guider  vers  la  Ville  d'airain  où  Ardjàsf  s'est  retiré  avec 
ses  troupes.  »  —  «J'aviserai  sur  ton  sort",  répondit  Isfendiyàdh.  Et  il 
le  fit  ramener  dans  sa  prison.  Puis  il  monta  à  cheval,  se  rendit  au 
champ  de  bataille,  ordonna  de  réunir  le  butin  et  de  le  distribuer  à 
l'armée,  et  de  relâcher  ceux  qui  avaient  demandé  quartier  et  de  les 
laisser  libres  de  partir. 

Isfendiyàdh  étant  retourné  au  pavillon  de  son  père,  ils  causèrent 
et  délibérèrent  longtemps  ensemble.  Bischtàsf  dit  :  «  Tu  viens  de  faire 
preuve,  ô  mon  fils,  de  la  plus  grande  énergie,  d'accomplir  des  faits 
extraordinaires  et  de  nous  délivrer  de  cette  grave  affaire.  Il  te  reste 
à  anéantir  les  derniers  vestiges  du  roi  des  Turcs  et  d'arracher  tes 
deux  sœurs  à  la  captivité;  car  si  elles  devaient  rester  entre  les  mains 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  301 

>>s_C^|  CiJjVpSil   ^j-UJl  J  «A?«|^  ^:i/wsà-Âjj    JoL^t    <-iJLj   (jsL?  j^  ;^j]^ 
«^  <xLLj  Lji.<Vv   i>Ljs^Li-*v|   j'^ij  ^ilUt  O^aJI  ;.::..4w^» 

i  g  ^L^  Jj-Ll\  <_.LLj^-*.|^  •■i.l^t  |?lLa^j  ''LU  ^Li!  J^IjsJ^ 


de  rennemi,  ce  serait  une  honte  inexcusable  que  le  temps  n'effacerait 
jamais.  Quand,  scellant  avec  du  musc  ce  que  tu  as  écrit  avec  de 
l'ambre,  tu  auras  terminé  ce  que  tu  as  commencé,  oté  de  mon  cœur 
les  dernières  préoccupations  et  que  tu  m'auras  rendu  l'honneur  parmi 
les  hommes,  j'accomplirai  la  promesse  que  je  t'ai  donnée  et  te  remet- 
trai le  pouvoir.  »  Isfendiyàdh  répondit  :  «Je  suis  prêt  à  t'obéir.  » 

ISFENDIYÂDH    SE   MET   EN   CAMPAGNE   ET   .MARCHE   VERS   LE   PAYS   DES  TURCS 
PAR  LA   ROUTE   CONNUE  SOUS  LE  NOM  DE   HEFT  KHÂN. 

L'histoire  suivante,  du  commencement  à  la  fin,  v  compris  les  der- 
niers faits  de  Thistoire  de  Roustem ,  est  de  celles  que  la  raison  ne  peut 
admettre  et  que  f  examen  réfléchi  rejette  comme  apocryphes  Mais  je 
ne  veux  pas  qu'elle  manque  dans  le  présent  ouvrage,  attendu  qu'elle 
est  célèbre,  que  les  gens  la  racontent  les  uns  après  les  autres  et 
l'aiment,  que  les  princes  sont  charmés  par  ses  incidents  merveilleux 


302  IlISroïKK    DKS    1101 S    DKS   PKHSKS. 

J<Jit,   L_g_AjJ'^-A_tv  J.t  '.-^  <JC2fc.L2^   t_>LA.SJ|   ,^_j^:i-Nia_?  ^j-0 


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r^-^v-w 


.lit  J  jJL^  :>ljjJl  Jlc  ^_^  ^t;^^| 
^- — ^.2 — i — )  r-^l;  "^^^j-^  Jv^  -^  ^_)~|;  A^  c5^  "^  J^  i* i^i^  Ji 


et  en  multiplient  les  représentations  dans  les  livres  et  sur  les  monu- 
ments; attendu  enfin  qu'elle  se  relie  aux  récits  qui  précèdent  et  ([ui 
ont  besoin  d'èlrc  complétés  ])ar  elle.  Nous  avons  déjà  ju.stifié  l'inser- 
tion de  tels  récits  à  propos  de  l'histoire  de  Zàl  et  d'autres.  Nous  ne 
retenons  de  ces  relations  que  ce  qu'elles  ont  de  plaisant. 

Or  Bischtàsf  donna  l'ordre  de  faire  revenir  les  troupes  des  difïe- 
rentes  provinces,  de  les  réunir  et  de  les  faire  passer  en  revue  par  Isfen- 
diyàdli,  qui  choisirait  celles  qui  lui  conviendraient  et  en  disposerait. 
Isfendiyàdh  prit  douze  mille  hommes,  leur  distribua  la  solde,  donna 
des  vêtements  d'honneur  aux  chefs  d'armée  et  mit  un  extrême  soin  à 
se  préparer  pour  la  campagne.  Puis  il  fit  battre  les  tambours  pour  le 
départ  et  se  mit  en  marche  avec  ses  fils,  avec  Beschoùlhen  et  ses  autres 
familiers,  emmenant  Kourksàr,  bien  gardé,  dans  une  litière.  Arrivé  à 
la  frontière,  il  s'installa  dans  sa  tente,  donna  l'ordre  de  j)Oser  les  tables 
et  d'arranger  les  salles  des  banquets  et  se  disposa  allègrement  à  donner 
libre  cours  au  plaisir  et  à  faire  jaillir  le  joyeux  divertissement.  Il  se 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  303 

< «Lji_LL  wols   \L*»J!iv3Nj  [^:>j  t_}>-la^  i^y-iuj  <OU.xj  ;oo    '  ,>otJjj_gJ!i 

iij!iA_>  L^^Jl  UidLî»  ^j«  (Jr^l  c)'  i-^'  ^L^l  L^'  ci.'laB.*v  '  ^^jp^AJtl  ^ 
J-a.1^1^  ^;r-^!^  ^^1^  ^^^-^'  J^  J'Jjr^^  ^'^'  ■'  '^''^^'  <j'— ^ 


mit  donc  à  boire  avec  ses  convives  et  à  s'amuser.  Puis,  avant  flemandé 
que  l'on  amenât  Kourksàr,  il  lui  fit  donner  à  manger  et  lui  lit  boire 
trois  coupes  de  vin.  L'ayant  ainsi  bien  disposé  à  causer,  il  lui  dit  :  «  Je 
vais  t'adresser,  ô  Kourksàr,  quelques  questions.  Si  tu  me  dis  la  vérité, 
je  te  récompenserai  largement  et  te  ferai  roi  du  pays  des  Turcs,  quand 
j'en  serai  revenu  victorieux.  Mais  si  lu  me  trompes,  je  te  ferai  goûter, 
avant  la  chaleur  du  feu  de  l'enfer,  la  chaleur  du  sabre.  »  Kourksàr  ré- 
pondit :  «  Demande-moi,  ô  prince,  ce  que  tu  veux,  je  te  dirai  ce  dont 
je  suis  absolument  certain.  »  Isfendiyàdh  dit:  «  Renseigne-moi  d'abord 
sur  les  routes  qui  conduisent  d'ici  au  Château  d'airain  et  sur  le  temps 
qu'il  faut  pour  les  parcourir,  et  en  second  lieu  sur  l'état  du  château 
lui-même.»  Kourksàr  répondit  :  «C'est  sur  l'homme  bien  renseigné 
que  tu  es  tombé,  ô  roi!  Sache  que  les  routes  qui  mènent  d'ici  à  ce 
château  sont  au  nombre  de  trois.  L'une,  qui  est  de  trois  mois  de 
marche,  traverse  des  contrées  où  l'on  trouve  du  fourrage,  des  villes, 
des  villages,  des  stations  de  halte  et  des  aiguades.  La  seconde  route  est 
de  deux  mois  de  marche;  elle  aussi  passe  par  des  régions  cultivées  et 


304  IIISTOIRK    DES   ROIS   DES   PERSES. 

^^J ^J ^j    i^\jL-i<. lî    ^    Lvi_)|    ^j    ^>'>-g-^    ^V=>''^t    <iL4.^    J,jl>Uj.U 

4I    'W>^    J^^    ,-^-^^      -^^   c;--À«6    ^^    J'-^T^     r»^l    '^-«-S-"'    ^jJbol    <jL«.^» 
Sv^-l-.«*JU     .>Ls*^Ij   '^-«'Jl^   t_^JO|    (^^    iJs-vals    "Cî-Lj.    jiJ^-v^U    4_aJSJ    '-•g'^ 

'._A_>Js !'    ^—K—^  J  ^_jM-J    ^I    ^j    <JvJ^^!    «Lo^l   ;i)..::,oLL)   J)'%-^i 

^v^w^a-ib'j.    ^J-^»-''    ^  L«<S^    l.gAx>    ^j\j    ^j\j   ^\j    ';Vl  ^^j^s^a^t   ^;)-^i^ 

^_jî]ai^  i^Lû!  ^__Pj  ^jp>'  '-''cj^-"-  ib^-i-à-^vl  JiÂj  G^il  Lgjy;^  Ij  J^I 

'     C  JjlJvjJi.    -    -1    C.  ooiL,.  —  '•■'!    Manque  clans  C.  —  ('')   M  ^^^^ . 


])ar  (les  cités.  La  troisième  est  de  sept  jours  de  marche;  on  l'appelle 
Heit  Khàn.  Mais,  à  chaque  station  de  celle-ci,  il  y  a  un  écueil  qui  te 
guette,  un  fléau  prêt  à  te  saisir  :  loup,  lion;  dragon,  sorcière,  l'oiseau 
Anqà,  froid,  désert  où  personne  n'a  encore  pénétré.  Quand  tu  auras 
traversé  ces  lieux  avec  leurs  horreurs,  tu  arriveras  à  la  Ville  d'airain. 
Dans  le  monde  entier  il  n'existe  de  forteresse  plus  puissante,  plus  pro- 
tégée contre  toute  attaque,  ayant  une  enceinte  plus  élevée,  occupant 
un  plus  vaste  espace.  Elle  renferme  des  sources  d'eau,  des  palais,  des 
trésors,  des  vivres,  du  fourrage  et  d'autres  ressources  que  l'on  ne  sau- 
rait dire  et  dont  ie  nombre  est  illimité;  sa  garnison  est  de  cent  mille 
soldats,  si  elle  ne  dépasse  pas  ce  chiffre.  »  Isfendiyàdh  dit  :  «  Pour 
nous,  ce  que  nous  avons  à  faire,  c'est  de  passer  par  cette  route  qui 
est  de  sept  jours  de  marche.  >'  Kourkscàr  répliqua  :  «  Cette  route,  ô  roi, 
n'a  jamais  été  foulée  par  un  homme;  jamais  un  être  humain  n'y  a  pé- 
nétré. —  Tu  verras,  dit  Isfendiyàdh,  comment  j'aborderai  ses  horreurs 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  305 

—  y^.M*j\   (^jw-^A  ^^jJ^   J^\  ^jfïs-64-     '    .^-**'  i-ivJ>l*  cJ)'-^  '^^^^  1^^  ci^i-£6 
<-_>l — 6 — >\   jO — ^   't — ^ — -^   ,_;>— 6-*— 6-"— '^"^  ^'"^-^1  ^— ~b\Lo  iCjww   A-«J^^', 

w  <_j  ,_5-^^  "^-2-*-^  J— *v  li  jj.». j^.tt>JuL5  '^wi.-v3j  L^LûjL  L,?làj*.|  ^^5!^ 

-         -  s- 

\ — ^z — ii  «^ — ^^LiJi  ^  '^->^-^j  <~s^^  s-c  •4!  ij-soj  ^-''^^ï;  U'^-^^aï^  U'^-^J^ 

U_^JS_A_?     ''wsWik.L>     .v-i^«wv2_/0       v,-SAJ^|    IjIjJ    ;jiv>s4-î    .0— 'V-*^   J^^  ^ 

''!  Ces    mois    maiiqiiciil  dans   M.    —    -'   C   i_jj iL_^.    —    '•*'   Maii(|iie  dans    M.    — 


et  coinmciit  je  la  traverserai.  Ainsi  fais-moi  connaître  ce  qu'il  y  a  dans 
la  première  station.  —  H  y  a^  dit  Kourksàr,  deux  loups  grands  comme 
des  éléphants,  ayant  des  défenses  comme  eux,  dont  les  chocs  sont  ter- 
ribles en  proportion  de  leurs  énormes  corps.  »  Isfendivàdh  fil  ramener 
Kourksàr  en  sa  prison  et  passa  le  reste  de  la  nuit  à  manger,  à  boire  et 
à  se  divertir.  Au  matin,  il  fit  battre  les  tambours  et  se  mit  en  marche, 
en  prenant  la  route  de  Heft  Khàn.  Lorsqu'il  arriva  en  vue  de  la  sta- 
tion, il  donna  le  commandement  à  Beschoùlhen,  jjrit  ses  armes  et, 
précédant  ses  troupes,  se  porta  en  avant.  Les  deux  loups,  pareils  à 
des  éléphants,  se  trouvèrent  devant  lui,  lui  faisant  face,  montrèrent 
des  dents  comme  des  lames,  se  dii-igèrent  de  son  côté  et  bondirent  sur 
lui.  Il  les  cribla  d'une  grêle  de  traits  de  telle  sorte  qu'il  leur  fit  perdre 
leur  force,  qu'il  les  paralysa  et  les  réduisit  à  l'état  de  deux  masses 
inertes;  puis  il  tira  son  sabre,  les  assaillit  et  leur  fendit  le  corps.  Il  se 
purifia  ensuite  et  bénit  Dieu  et  lui  rendit  grâces  de  l'avoir  sauvé  d'eux. 
Lorsque  Beschoûthen  et  l'armée  arrivèrent  et  virent  les  deux  loups 


306  HISTOIllK    DF.S   ROIS   DKS   PERSES. 

u  t.:iA_>l\   |J^_C   LotjO  tc-',^    .\|   Jis«  4U-5  ^  LSsïk.Lvi>   iL.X^vÀ-*v|  jt^û-S^j  L^*^ 
"'   C  iojJli»,  M  wjJ^  jtt(^>je.  —  '-'  Manque  dans  M. 


étendus  par  lerre  coniiiir  deux  monta«^nes,  ils  en  furent  stupéfaits 
et  félicitèrent  leur  exterminateur.  Kourksàr,  au  contraire,  vit  avec 
peine  (pi'il  avait  échappé  au  danger;  mais  il  cacha  ses  sentiments. 

Isfendiyàdh  s'installa  dans  sa  tente,  s'assit  à  table  avec  son  frère,  ses 
(ils  et  ses  familiers  et  mangea  avec  eux.  Il  fit  venir  du  vin  qui  les  mit 
tous  en  très  grande  joie.  Puis  il  donna  fordre  d'amener  Kourksàr, 
après  lui  avoir  fait  servir  un  repas.  Il  lui  donna  à  boire  trois  coupes 
de  vin  et  lui  dit  :  «  Eh  bien,  misérable  Turc,  que  penses-tu  de  ce  que 
Dieu  a  fait  pour  moi  et  par  moi,  et  que  dis-tu  des  deux  loups,  qui  de 
toutes  les  créatures  de  Dieu  te  ressemblent  le  plus  et  que  tu  as  vus 
étendus  devant  toi.^»  Kourksàr  répondit  :  «Je  n'aurais  pas  cru,  ô 
roi,  que  personne  oserait  entreprendre  seul  ce  que  tu  as  osé.  Aussi 
Dieu  te  fera-t-il  triompher  demain  des  deux  lions,  comme  il  t'a  lait 
triompher  aujourd'hui  des  deux  loups I  »  Et  il  se  mit  à  donner  une 
description  terrible  de  ces  lions  et  à  l'elfraver.  Isfendiyàdh  rit  de 
ses  paroles  et  dit  :  «  Si  tu  es  avec  nous  demain,  tu  verras  des  choses 
dont  tu  seras  encore  plus  étonné.  »  Quand  la  tunique  du^soleil  devint 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  307 

^woj    <L_)s-^    <_i.A.^^    iLj^>^i_wl   <jwvb-5  s33J|    ^■>^\j  ^y^  J,!  LgJ>^ 

^_^v<SA-s^l  \j\y~^  ^J*^if^  ^-^J  ds^N-wj  41)1  uk^  <Jlc  J^Ij  J«4^sJj   ;>  <-*vls_» 

^')  M  L«fc.  —  '-'  C^^I  J«3j.  —  W  Mss.  j.jJii.  —  '"  MaïKiuedansM.  —  >'■  M  Ua^ 


jaune,  il  lit  donner  le  signal  du  dcparl  el  se  mil  en  roule  à  la  tète  de 
l'armée,  effectuant  après  la  marche  du  jour  une  marche  de  nuit. 

AVENTURE   DMSFENDIYÂDH   DANS    LA   SECONDE  STATION    DU   HEFT  KHAN. 
IL  ABAT  LES   DEUX   LIONS. 

Lorsqu'il  arriva  en  vue  de  la  station  qui  était  le  repaire  des  deux 
lions  dont  on  n'avait  jamais  vu  les  pareils,  Isfendiyàdh ,  comme  il 
avait  fait  la  veille,  prit  les  devants.  A  peine  avait-il  parcouru  une  faible 
distance,  qu'il  aperçut  les  deux  lions,  tels  que  deux  masses  détachées 
de  deux  montagnes.  La  femelle  ayant  bondi  sur  lui,  il  lui  asséna 
sur  la  tête  un  coup  de  sabre  qui  la  fendit  jusqu'au  dos.  Le  mâle 
s'étant  approché  à  son  tour,  Isfendiyàdh  le  frappa  avec  le  sabre  de 
façon  à  faire  sauter  sa  tête.  Alors  il  descendit  de  cheval  et  se  mit  à 
louer  Dieu  et  à  lui  rendre  grâces.  Lorsque  les  troupes  arrivèrent, 
elles  virent  les  deux  fauves  comme  deux  montagnes;  elles  furent 

39- 


308  IIISTOIHK   DES   UOIS   DKS   PERSKS. 

-i^ •>-*£'   J'wÂJ  'w^îlJ^  ^«;iJi>cyi  ;•!;  ^XUt    ^>X-u,^l   ^   ^^'U->t  c^/jU    ,^J-6^ 

^J^  j^^iJ'    _.J^_5_-i^    J--Nr*-    <Jtk3    >_^^    ^->-''t   ^nLaJlXJ!    ;t^    |j^    L^La. 
"'   Mss.   Uij.  —    -    M.mquo  dans  M.   —  '^)   M   manque  ^1^,   hlnnr   (Mifri-  ^iLU!   <•! 


émerveillées  et  transportées  de  joie.  Kourksàr,  en  les  regardant, 
témoigna  sa  satisfaction;  mais  son  embarras  et  sa  confusion  indi- 
quaient qu'il  mentait;  en  son  intérieur  s'agitaient  et  bouillonnaient 
des  sentiments  d'amertume  et  de  haine. 

Isfendiyàdh  s'assit  dans  sa  tente  avec  ses  familiers  et  ses  convives;  on 
avait  dressé  les  tables  et  arrangé  la  salle  du  banquet.  Quand,  après 
avoir  fini  le  repas,  il  se  fut  mis  à  boire,  il  fit  venir  Kourksàr  et  lui  fit 
donner  à  manger;  il  lui  ser\dt  ensuite  trois  coupes  de  vin  et  lui  dit: 
«  Que  penses-tu  de  la  manière  dont  j'ai  expédié  les  deux  lions  dont  tu 
m'avais  fait  peur?»  Kourksàr  répondit  :  «Que  Dieu  te  protège,  ô 
prince!  Je  jure  que  jamais  je  n'ai  vu  un  homme  comme  toi,  ni  entendu 
parler  d'un  pareil,  et  je  ne  crois  pas  qu'un  tel  doit  exister!  Tu  viens 
d'atfronter  deux  affaires  difficiles  et  surmonter  deux  périls.  Mais  je 
ne  sais  pas  quelle  sera  ton  attitude  demain,  en  présence  du  dragon. 
Ce  dragon  ressemble  à  une  montagne  isolée;  de  ses  dents  jaillissent 
des  étincelles,  la  fumée  sort  de  sa  bouche;  avec  son  haleine  il  attire 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  309 


*^— 9>.jL^    ■'    (J-«    iJo^-^    (L,^avU|   t_/-<3w*o    ^>X-ftJ»   jOyl*   '^    ^«^>-«>.,vo   Lg^JLC 

^jLs*>Jl  'Oui^  XJJLiJI  XJlai^l  j    '  '^JL-ai 

w^jol  ,^5>^  v<s^!  '>«i|^  ,j*^-is^  >»^x-âj  o^bul  JyvXI  i>Ljs>>i-*ul  ^_à\i-^  ci, 


l'éléphant  ot  encore  plus  facilement  les  cavaliers  et  les  piétons.  » 
Isrendiyeklli  se  mit  à  rire  et  dit  :  «  Tu  verras,  ô  Kourksàr,  ce  qui  fera 
sauter  les  globes  de  tes  yeux.  »  Et,  immédiatement,  il  lit  préparer  un 
char  de  bois  portant  une  caisse  avec  deux  ouvertures  et  ordonna  de 
munir  cette  caisse  extérieurement  de  lames  effilées.  Il  lit  charger  le 
char  sur  deux  ch(>vaux  vigoureux  et  bons  coureurs;  jiuis  il  se  mit  en 
route  avec  l'armée  et  marcha  pendant  toute  la  nuit. 


AVENTURE  D'ISFENDIYADH   DANS  LA  TROISIEME  STATION. 
IL  TUE  LE  DRAGON. 

Quand  Isfendiyàdh  approcha  de  la  troisième  station,  il  prit  les 
devants  et,  accélérant  sa  marche,  arriva  à  l'endroit  où  se  trouvait  le 
dragon.  11  prit  ses  armes,  donna  l'ordre  de  faire  passer  le  char  et  la 


310  HISTOIRK   I^KS   ROIS   DES   PERSES. 

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caisse  sur  deux  chevaux  plus  vigoureux  et  plus  rapides  que  les  pre- 
miers, moula  dans  la  caisse,  dont  il  ouvrit  la  porte  antérieure,  et 
lit  retentir  un  cri  pour  enlever  les  cheAaiLX.  Ceux-ci  coururent,  traî- 
nant le  char  et  son  chargement,  comme  s'ils  avaient  été  lerrés  des 
quatre  vents.  Quand  ils  furent  à  une  portée  de  flèche  du  dragon, 
celui-ci,  s'élançant  sur  eux  comme  une  nuée  noire,  les  attira  par 
aspiration  pour  les  avaler;  mais  son  gosier  fut  obstrué  par  la  caisse, 
les  lames  restant  attachées  à  son  palais,  et  il  ne  parvint  ni  à  l'avaler,  ni 
à  la  rejeter.  Isfendiyàdh,  ouvrant  la  porte  de  la  caisse  qui  était  en 
arrière,  sauta  dehors  et  se  mit  à  le  frapper  avec  son  sabre  jusqu'à  ce 
qu'il  l'eût  haché  et  fendu;  puis,  par  l'elTet  de  l'horreur  du  dragon 
et  de  la  puanteur  qu'il  avait  aspirée  de  son  corps,  il  tond)a  éva- 
noui. Beschoûthen,  arrivant  avec  l'armée,  le  trouva  étendu,  le  visage 
contre  terre.  Il  fut  consterné.  Il  descendit  de  cheval  et  ne  douta  pas 
que  le  dragon  n'eût  fait  son  œuvre.  Les  troupes  étaient  affligées  et 
Kourksàr  se  réjouissait,  car  il  le  croyait  mort.  Beschoûthen   ayant 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  311 

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fail  asperger  avec  de  l'eau  froide  le  visage  et  la  poitrine  d'Isfen- 
diyàdli,  celui-ci  revint  à  lui  et  dit  :  «Ne  t'inquiète  pas,  mon  frère, 
je  suis  sauf;  je  n'ai  éprouvé  aucun  mal;  c'est  seulement  la  puanteur 
(|ni  m'avait  saisi.  »  Les  soldats  entourèrent  le  .corps  fendu  du  dragon, 
(lui  remuait  encore.  Ils  étaient  stu]iéfaits  de  sa  masse  énorme,  de  son 
terrible  aspect,  de  la  grande  quantité  de  son  sang  et  de  la  durée  de 
ses  dernières  convulsions.  Ils  félicitèrent  Isfendiyadli  et  firent  des 
vœux  j)our  lui.  Isfendivàdh  se  lava,  revêtit  des  habits  d'adoration  et 
bénit  Dieu  et  lui  rendit  grâces  avec  effusion  de  l'avoir  tant  protégé  et 
assisté. 

Isfendiyàdh,  ensuite,  s'assit  dans  sa  tente  avec  son  frère,  ses  fils  et 
ses  familiers  et,  après  avoir  mangé  avec  eux,  il  se  livra,  selon  son 
habitude,  au  plaisir  de  boire  en  société.  Il  fit  venir  Kourksàr,  lui  donna 
à  boire  et  lui  dit  :  «  Que  penses-tu  de  la  grâce  que  Dieu  m'a  faite  et 
de  la  façon  dont  il  a  fait  périr  le  dragon  par  ma  main.^»  Kourksàr 
répondit  :  «En  vérité,  ô  roi,  je  ne  me  croyais  pas  réservé  pour  voir 
ce  que  j'ai  vu  de  mes  yeux.  Il  me  semble  que  c'est  en  rêve  que  je 


312  iiisroiiiK  i)i:s  IlOIS  dks  pkkses. 

s-  p 

^JsJl  ^•— jU  _?— «   l->^-£   c:.wC>    ^^1    Jis^    iLjs-vi-w!  JiUiki    Uk3s^    Jlk.."^! 

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conlfiiiple  les  prodiges  et  tes  merveilleux  exploits.  Mais  demain  nous 
rencontrerons  sur  notre  chemin  une  magicienne  diabolique,  dont 
l'action  malfaisante  défie,  le  courage  et  contre  laquelle  la  force  et  l'hé- 
roïsme ne  peuvent  rien.  Elle  fait  disparaître  les  armées  par  ses  en- 
chantements et  choir  les  héros  par  ses  artifices.  »  Isfenchyàdh  dit  en 
riant  :  «  Si  demain  tu  es  avec  moi,  tu  verras  telle  chose  qui  te  fera 
oïdilier  ce  que  tu  as  vu  de  moi  aujourd'hui.  » 


AVENTURE   D'ISFENDIYADH    DANS   LA   QUATRIEME   STATION. 
IL  TUE  LA  MAGICIENNE. 

Lorsqu'il  fut  soir,  Isfendiyàdh  donna  l'ordre  du  départ.  Il  fit  avec 
son  armée  une  marche  de  nuit,  dévorant  l'espace  comme  l'cclair 
éblouissant  et  comme  le  vent  impétueux,  et  arriva  près  de  là  station 
quand  le  soleil  s'élevait  à  fhorizon.  Alors,  prenant  avec  lui  des  pa- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  313 

^ il    l^  ^-yJ^Xl    J,\   (J'^JoI  (..^«^^  |3^jL/o  jLi4^   <.JiLjL3      CX<s^   j^X_«Jj  uLAJaJ 

L_£t>.ij.>^  i-T  L^_jjLcl  jjJil  JjLS  U>-^^j)  \j^_.ys.j  ^^jjj   -l-^-^Ai».  LjoJ  (_5U 
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j^5V_-j^_j!   ^3o|  ^\j  ^y-iJ\  HJjLà/Oj  ^_^U»v.^  ^jji^jj  jj^-^^l    ^^Jj  (__>pa-àl 
^jjjilt  jlayU!  Joi.  -    ^'    M  ^vyl^.  —  '«)   Manque  clans  C.  —  t'»  C  6;^^.  —  W  M  ^^;a^^. 


quels  (le  pâté  zotimùu'ard ,  une  outre  de  vin,  une  coupe  d'or  et  un 
luth  d'une  exquise  tonalité,  il  devança  l'armée  comme  il  avait  fait 
précédemment  et  alla  rapidement  jusqu'à  la  station.  Là  il  vit  un 
champ  couvert  d'une  luxuriante  végétation,  un  jardin,  un  étang  et 
des  arbres  auxquels  les  Houris  avaient  prêté  leurs  tailles  et  qu'elles 
avaient  revêtus  de  leurs  atours.  11  fit  halte  sous  un  arhre  à  l'épais 
ieuillage,  au  bord  d'un  étang  dont  l'eau,  quand  le  vent  avait  efQeuré 
sa  surface,  ressemblait  aux  plis  de  la  traîne  de  la  tunique  bleue.  Il 
entrava  les  pieds  de  son  cheval,  étendit  par  terre  la  couverture  de  sa 
selle,  déploya  la  nappe,  ouvrit  l'outre  et,  prenant  en  main  le  luth,  il 
le  toucha  et  en  fit  résonner  les  cordes  et  chanta  une  chanson,  dont 
voici  le  sens  :  «  Jusques  à  quand  serai-je  balloté  entre  les  déserts  et  les 
montagnes,  combien  de  temps  encore  la  patrie  et  fobjet  de  ma  pour- 
suite me  fuiront-ils?  Jusques  à  quand  serai-je  engagé  dans  les  combats 
et  endurerai-je  les  peines?  Où  est  le  joyeux  divertissement  avec  les 
belles,  où  le  déduit  d'amour  avec  les  jouvencelles?  Pourtant  celui  qui 


31 'i  IIISTOIHK    l)i;S    IlOIS    I)KS    l'KUSKS. 

ji_ç_*^   1  <_>xLs:  ,J^>x  J_âJ  ^^I  ^jils  ^L^ii  >_^-^  ^«^Jt  ^\L-5sit  t-xjû 

<^  L^^o>>£i  v:>-\-v3  ^vij'^Jl  ">L^  ylr-*^  i^^^l  ^L?^  i_^  ■^T-^y'i  (^  t'-'iÇ'wv^ 
<"  M  AijLsr-  —  (■-'  C  i^ï.  —  W  Mss.  ,^v^y,.  —  ''"  C  iUL+_4I,  M  aJL^.  — 


m'a  amené  en  cet  eiulroil,  qui  ressemble  aux  jardins  du  Paradis,  peut 
me  rendre  heureux  par  une  belle  et  lorte  fdle  qui  me  charmerait  par 
sa  vue  et  me  tiendrait  agréable  compagnie!  » 

La  magicienne,  qui  avait  vu  et  entendu  tout  cela,  dit  :  «i  Le  lion  est 
tombé  dans  le  filet,  voilà  du  gibier  pour  moi!  »  Et,  sans  tarder,  elle 
se  montra  sous  la  forme  d'une  jeune  fdle,  pareille  à  un  quartier  de 
lune  brillant  au-dessus  d'une  tour  d'argent,  portant  des  parures  et 
des  atours  qui  excitaient  l'admiration  et  le  désir.  Elle  vint  s'asseoir 
auprès  d'Isfendiyàdh  qui,  levant  le  bras,  s'écria  :  «Que  tu  es  grand, 
ô  Dieu!  Que  ta  puissance  et  la  bonté  sont  sublimes!  Tu  me  donnes 
dans  un  tel  lieu  une  telle  beauté  qui  n'est  que  grâce  et  perfection!  » 
!^^is  il  versa,  de  foutre  dans  la  coupe  d'or,  un  vin  qui  y  brillait  comme 
si  les  coqs  y  avaient  versé  leurs  yeux,  la  vida  en  son  honneur,  la 
remplit  de  nouveau  et  la  présenta  à  la  magicienne  qui  but.  Us  se 
mirent  ainsi  à  boire  ensemble  et,  entre  deux  coupes,  ils  mangeaient 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  315 

al_«_s_j!  ^5UJlLIj  ^!jJ.L  <j«-^|^|^  ^UkJL  <i.Ull  <-o^  ^^..^  ï.  *_^_.v 


(lu  zoiimàii'urd.  Isfendiyàdli  aviiil  une  chaîne  que  lui  avait  donnée 
Zardousclit  et  sur  laquelle  la  magie  n'avait  pas  d'action.  Il  la  prit 
à  la  dérobée,  la  tint  prête  et,  au  moment  où  la  magicienne  éternuait, 
il  la  lui  jeta  au  cou  et  la  garrotta  avec  elle.  La  magicienne  prit  la 
figure  d'un  lion  vomissant  des  flammes  de  feu  et  s'eflbrça  de  s'arracher 
de  sa  main.  Islendivàdh  lui  dit  :  «Je  suis,  moi,  Isfendivàdh  et  ceci 
est  la  chaîne  de  Zardousclit;  tu  ne  m'échapperas  pas;  monlre-toi  donc 
à  moi  dans  ta  véritable  forme.  »  11  apparut  alors  une  vieille  femme 
hideuse,  avec  une  large  bouche,  plus  horrible  que  la  misère  après 
l'opulence  et  plus  affreuse  que  la  mort  subite.  Elle  lui  dit  ;  «  Ne  sois 
pas,  ô  Isfendiyàdh,  un  mauvais  hôte  et  n'oublie  pas  que  je  te  suis 
sacrée,  ayant  partagé  ton  repas  et  bu  du  vin  avec  toi.  Relàche-raoi, 
je  te  rendrai  service.  «  Isfendiyàdh,  avec  son  sabre,  lui  asséna  un  coup 
qui  sépara  la  tète  du  corps.  Alors  une  épaisse  poussière  s'éleva,  un 
tourbillon  formidable  se  déchaîna,  une  obscurité  se  répandit  dans 


316  msToiuK  ni:s  rois  des  pkusks. 

J^_A.-s-^»  J^-A^Jo-J'  .>xi-v^->»  J--^^l  '-•  ^ ^ ^   I^^Jls  v<>^i  cS'^-^^^l  -'^'LiÀjJt 


Ci  M  o^Ij.  —  t-'  M 


l'atmosphère  el  cliangea  le  jour  en  nuit.  IsJendivadli  pria  Dieu  de  faire 
cesser  ces  ténèbres  et  elles  se  dissij)èrenl  après  peu  de  temps.  Puis  il 
lixa  la  tête  de  la  magicienne  sur  un  |)ieu  (pi'il  planta  sur  une  liauleur. 
Beschoûthen  el  les  troupes,  en  arrivant,  regardèrent  avec  étunnement 
une  tête  terrifiante  comme  le  jugement  dernier,  et  une  figure  horrible 
comme  une  sinistre  fatalité.  Ils  remercièrent  Dieu  avec  efiusion  de  la 
grâce  qu'il  venait  d'opérer.  Quant  à  Kourksàr,  il  faillit  mourir  de 
dépit.  Isfendiyàdh,  suivant  sa  coutume,  adressa  à  Dieu  des  actions 
de  grâces  et  se  mit  à  manger  et  à  boire  avec  ses  amis.  11  fit  venir 
Kourksàr  el,  après  lui  avoir  donné  à  boire,  il  lui  dil  :  «Ne  m'avais-tu 
pas  dit  que  la  magicienne  faisait  périr  des  armées  par  ses  enchante- 
ments? Y\\  bien,  j'ai  fait  sauler  sa  tète!  Qu'en  penses-tu.'^»  Kourksàr 
répondit  :  «  Dieu  t'a  lait  réussir,  ô  prince;  il  ta  favorisé  el  secondé. 
Mais  la  cruche  ne  reste  pas  toujours  intacte  et  la  lortune  est  chan- 
geante. Retourne  d'ici,  te  contentant  de  tes  succès.  11  ne  faut  pas 
qu'il  t'arrive  le  plus  grand  des  malheurs  du  fait  de  TAnqà  qui  enlève 
l'éléphant,  fait  sa  proie  de  l'éléphant  mâle  et  anéantit  une  puissante 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  317 


''UjLjJI  s.>sju05  jLwM^lii  XX&^I  ^  '5  «^-ijilî 

^L«_«i  ^'-^Ja  ooj  JyUI  s-v)^  c5^^  J~^!  <_i*-*^jj  J-<sa^v^y  v^l  '^'  I>S 

f)  \I  O^i,.  —  C-^l  Cyu.^.  —  W  M  *.^i*i;5  J^u^à.  —  W  Mss.  e,;!y .  —  '"'  Mss.  ii^. 


L 


armée;  qui,  par  sa  puissante  action  et  sou  pouvoir  destructeur  des 
humains  en  grand  nombre ,  est  un  être  céleste ,  différent  des  adversaires 
terrestres  dont  lu  t'es  débarrassé  par  ta  force  et  ta  vaillance.  »  Isfen- 
diyàdli  dit  :  «  Tu  as  vu  et  tu  verras  encore,  mais  tu  ne  verras  que  ce 
qui  fera  pleurer  tes  yeux  el  te  brisera  les  reins.  Cependant  prends 
bien  garde  de  me  ti'omper;  car  alors  le  doux  souffle  de  ce  monde  ne 
passerait  plus  sur  toi!  »  Kourksàr  répondit  :  «Je  te  dis  la  vérité  pour 
mon  propre  salut,  non  pour  le  donner  de  bons  conseils.  »  Isfendiyàdh 
le  lit  ramener  dans  sa  prison  et  continua  à  boire  jusqu'à  ce  que  le 
soleil  disparût  sous  l'horizon. 

AVENTURE    D'ISFENDIYÀDH    DANS    LA    CINQUIEME    STATION.    IL    TUE    L''aNQÂ. 

Isfendiyàdh,  ayant  donné  foi'dre  du  départ,  marcha,  s'avançanl 
avec  la  nuit,  jusqu'à  ce  qu'il  arrivât  près  de  la  station,  au  moment  où 
les  rayons  du  soleil  étaient  déjà  attachés  à  l'horizon.  11  fit  préparer 


318  lllSTOniK    DKS   ROIS    OKS   PERSI'.S. 

^    ■'  ^>ol5«   ^v-?-   ^-^î^î    i3""*~*-^'  iailwii    ^-A^»JC.»»wO       s-^s-^^v-*     -   ^j^    ^■g-''-*-^ 

4!^ — ^ 'I    .Ji.    c:^'~-^r^     ii.>|^    Lg-iL:io».|    ^_9-AjLïk^    L-g-fU.^    ■»U  T  J 

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-L    Ln— ^J^   u:.oK    ,"'L_t.3.    jSjiX-^^-vaJl   ^   <_oJ,|    ^A-^v^L   ^_J}.a.^| 

> — g — ^s ^    J- vaU    ^   >l:^— g— *—- si»    (.^^i^    <.>C4_;uJ,|    jLg.^lj    L.gJL«is-?   -iO^^SJIj 

s- 

'"'  -Mss.  aJL£.  —    -    MaïKjue  tlaiis  C.  —    ''   M  OJlcj  ts?4»  *>T»-i  •  —   ''   M<i"(l"''  i'<i"s  C. 
—    W   Mss.AÛà.   —    C'i   M    .UJI.   —    (''   C  *j,    inaiiquc   dans    M.  M   C  c:,j^JbU  — 


promptement  le  char,  fixer  solidement  à  l'extérieur  de  la  caisse  qu'il 
portait  des  sabres  elTilés  et  des  fortes  pointes  et  le  charf»^er  sur  deux 
chevaux  de  la  meilleure  race  et  excellents  coureurs.  Il  s'assit  dans  la 
caisse  et  poussa  un  cri  pour  enlever  les  chevaux  cpii,  avec  la  rapidité 
de  l'eau,  traînèrent  le  char  juscju'à  un  arbre  élevé  sous  l'ombre  duquel 
il  les  arrêta.  L"Anqà  descendit  de  l'air  comme  une  nuée  tonnante, 
tant  son  corps  était  énorme  et  le  bruissement  de  ses  ailes  effrayant. 
Il  se  jeta  sur  le  char  pour  l'emporter  avec  les  chevaux.  Mais  lorsqu'il 
s'abattit  sur  lui  et  s'y  cramponna,  les  sabres  et  les  pointes  fixés  à  la 
caisse  le  harponnèrent,  et  à  mesure  qu'il  frappait  avec  ses  ailes,  les 
lames  s'ancraient  davantage  dans  toutes  les  parties  de  son  corps.  Isfen- 
fUyàdh,  sautant  Adte  hors  du  char,  tira  sur  lui  des  flèches  empoi- 
sonnées, de  sorte  que  foiseau  perdit  ses  forces;  puis,  sans  disconti- 
nuer, il  le  laboura  avec  son  sabre  jusqu'à  ce  qu'il  tombât  inanimé. 


HISTOIRE   DKS  ROIS   DES  PERSES.  311) 

^jjsj  U  J^C>  Lg-oUi»  J^Ljtil  ^J-<l  ^^^v  ^  .»  ri c jj!)  Ld)\Lft^ooj  j,U t  Ji 

2i  <_-A.JL_4*j  ^-«LjiiaL  y«\s  jL4MJi^S>o  Ici»  (_>s_^i«  J>.^=jL  <jUwXo   ;t^ 

^'^  jsjjjLwg_ii  L  Jv-âj  Ijsx  LooUI  ^jJI  JyJ.1  ^^  ^wsi.1  t:juî)  j'is 

■m]    Ji. Ï_J   r^>JL^   c)!?"*^   ^-'J^   O^l    l^r'î   ^-■-^^   ->^-*-sl!   J^l  ia-tt-*-^^ 

_  .      ^  ^ t    ,  ^^ 


Lorsque,  en  arrivant,  les  soldats  virent  l'oiseau  étendu  par  terre 
comme  une  énorme  montagne,  son  bec  comme  un  pic,  le  plus  grand 
qui  existât,  ses  serres  comme  les  plus  longs  des  javelots,  ils  furent  stu- 
péfaits; ils  félicitèrent  le  chasseur  qui  l'avait  mis  à  mort  et  furent  pleins 
de  confiance  dans  l'heureux  succès  de  l'expédition,  pour  la  partie  qui 
restait  à  accomplir.  Isfendiyàdh  se  mit  à  prier,  à  louer  et  à  remercier 
Dieu;  ensuite  il  se  livra  au  plaisir  de  manger  et  de  boire  avec  ses 
convives.  Il  fit  venir  Kourksàr  et,  après  lui  avoir  fait  donner  à  manger 
et  à  boire,  il  lui  dit  :  "  Allons,  parle-moi.de  la  station  que  nous  ren- 
contrerons demain.  »  Kourksàr  répondit  :  «Dieu  t'a  sauvé,  ô  prince, 
toi  et  tes  compagnons,  des  cinq  fléaux.  La  sixième  station  est  un  lieu 
où  règne  un  froid  mortel,  où  la  neige  tombe  en  telle  quantité  qu'elle 
fait  tout  disparaître  et  où  souffle  un  vent  qui  laisse  les  êtres  vivants 
à  l'état  d'os  pourris.  »  Isfendiyàdh  répliqua  par  une  sentence  que  le 
poète  exprime  en  ces  termes  : 

Le  Seigneui"  nous  a  favorisés  dans  le  passé,  il  nous  favorisera  de  même  dans 
l'avenir. 


:V20  HISTOIRE    DES   ROIS    DES   PERSES. 

LgjjLi-o  t^*L^i>u  Lgj.>is_«<  ,?'-"-'ji  ^ 

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(«)^4-^«^^>— ^1    ^J^i^l   ^_C    i^:^>-'^^   c_3lwv^'U   k_S^^i.S*.iJ   ^Lsby^.   L:i,■o^_^i>•    ^^.A.-?- 

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'''  M  ^^I.  —  f^)  C  x2u.  —  W  M  j£,  C  Jfi  iO,5Uj.  —  •')  C  l^j.  —  >■  MaïKiuc 
dans  M.  —  W   C  oJlïJ.  —  '"'  Mss.  ^^Jl. 


Il  donna  aussitôt  l'ordre  du  départ  el,  après  avoir  doublé  la  marche 
du  jour  par  une  marche  de  nuit,  il  arriva  à  la  station  au  moment  ou 
le  soleil  venait  de  se  lever  et  l'Orient  de  s'illuminer. 

AVENTLRF.  D'ISFENDIYÀDH   DANS  LA   SIXlÈ.MK   STATION. 
IL  DEMEURE  SAUF   DANS   LES  CALAMITES  QU'IL   Y  RENCONTRE. 

Isfendiyadh  et  ses  trou])('s  arrivèrent  à  la  station  par  une  journée 
claire,  d'une  température  douce,  une  journée  fort  agréable.  Mais  à 
peine  avaient-ils  dressé  leurs  tentes  et  s'étaient-ils  installés  que  les 
nuages  s'amoncelèrent,  que  le  soleil  se  couvrit,  que  l'air  se  troubla, 
que  la  température  changea,  qu'il  s'éleva  un  vent  violent  qui  renversa 
les  tentes  des  soldats  et  fouetta  leurs  visa"-es  de  «rravier  et  de  sable, 
et  que  la  tempête  de  neige  et  le  froid  intense  menacèrent.  Puis  la 
neige  se  mit  à  tomber  en  masses  serrées  se  succédant  et  se  suivant 


il- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  321 

K   ^    r^   i — J_-<iJLisi— ?   À^}   <3'y3  1.^  1  ^mSAj  L^Jj-gJ  o^^'  ;.:>^L2  ,^_5l«=w 

,^_^^  s_y=5^'  ^3"^  i-S-V^  "^^-o-i^  ''h^  •<JiJJl  «c^LSj 

^j    ^_^*.-_£wJ|  ^JaJk-tv  c5J-^  i3)4-<5sàJ!  v^J-i^    '^-?%-'l  c:-JyO    'LejJJ^ 


sans  inlerrii|)ti()ii,  de  telle  sorte  que  la  terre,  fraj)pée  fie  terreur, 
devint  toute  blanche.  La  neige  continua  à  tomber  ainsi  pendant  trois 
jours  et  trois  nuits,  couvrant  le  sol  d'une  couche  qui  dépassait  la 
hauteur  d'une  lance.  Quand  le  ciel  se  lut  un  peu  éclairci,  le  Iroid 
devint  extrêmement  rigoureux  et  commença  à  sévir  cruellement,  au 
point  de  faire  congeler  la  salive  dans  la  bouche  et  les  larmes  dans 
l'intérieur  de  Td'il.  Lurine  des  bêtes  se  convertissait  en  glace  à 
l'instant,  avant  d  atteindre  le  sol,  et  devenait  comme  un  bâton  de  bois 
planté  dans  la  terre.  Lorsque  l'armée  fut  sur  le  point  de  périr,  car  il 
y  avait  beaucoup  de  mains  et  de  pieds  gelés  et  quantité  de  nez  étaient 
tombés,  Isfendiyàdh  dit  à  son  frère,  à  ses  fils  et  à  ses  familiers  :  «  Nous 
avons  fait  notre  devoir  d'hommes  vaillants,  nous  devons  encore  accom- 
plir le  devoir  de  piété.  Allons,  frappons  à  la  porte  du  ciel  pour  jDrier 
que  la  calamité  cesse  !  »  x\lors  ils  se  mirent  tous  ensemble  à  prier  et 
à  invoquer  Dieu.  Et  la  miséricorde  descendit  du  ciel,  le  fléau  se  dis- 
sipa, le  soleil  recouvra  sa  vigueur,  le  froid  se  modéra  et  la  neige,  en 
très  grande  partie,  fondit.   Les  soldats  séchèrent   leurs  vêtements. 


yil  IIISTOIKK   DKS   UOIS   DKS   PKRSES. 

iL-X-^i-â-wl  wcis    •'  ^-aJ^  -^v-vI  S^>^-«i  1^  <^-^}>  w   '^r-''   J-**'  ^  ufiCa^  '*'>-!sJ» 


soiji^iièreiit  les  plaies  produites  dans  leurs  niendjres  par  le  iioid  et 
remercièrent  Dieu  de  leur  avoir  manifesté  sa  miséricorde  après  leur 
avoir  fait  éprouver  sa  puissance. 

CE  QLI    \I)VINT  À  ISIF.NniVÀDH   SLIU  LE  CHEMIN   DE  I.  A  SEPTIEME   STATION 

DISTANTE  DE   DEl  \   l'ARASANGES  DE  I,A   MELE   D'AIlîAIN. 

MISÉr.ABLE  FIN   DE   KOimKSÂn. 

Isfendiyàdli  lit  appeler  kourksàr  et  liiilcrrofrea  sur  la  septième 
station.  Kourksàr  dit  :  "  Cette  station  est  à  deux  parasanges  de  la 
Ville  d'airain.  Mais  le  chemin  ([ui  y  conduit  est  un  désert  où  il  est 
impossible  d'échapper  au  tourment.  U  n'y  a  point  de  fourrage,  pas 
même  ce  dont  pourrait  se  nourrir  une  brebis,  ui,  en  fait  d'eau,  de 
quoi  humecter  le  bec  d'un  oiseau.  La  chaleur  y  est  aussi  funeste  que 
le  froid  dont  tu  as  éprouvé  l'extrême  rigueur.  »  Isfendiyàdh  donna 
l'ordre  de  laisser  en  cet  endroit  la  plus  grande  partie  des  bagages  et. 


HISTOIRE    DKS   ROIS   DES   PERSES.  323 

LufiU»  Jli  ^  U  ''Ul  >-*i=  i^lj-v^'  ^■^-«J  Jls  JsJ  J^s  ijLj-lt  ^-^Jt»  «J  ""U  N 

«^ 9.x. --■    ">  LgJ^   e:.M->^-^  >^    v-i-ia-''    J^-*-'?    "^J-*^   ^^V^"^  ^     cL«J    '' U    ^v-^^ 

l_g_j|  <'  Jtf^  "^-^J  <j::JJl5  jL*JbsSo  Lcij  ,j*"-^t  cj^  tg»  «-.^  .o,  »  g  â  )  I 
<JL_â_5  ^ilL^-Ll  t_>JsSJ|   l3v^  oJwO^  oC>U.i  ^Js:.  c^xs^i:^^  ■>-'  jy^-*<Ji  ;Jr^' 
'"'   M  Juiiu-tj.    -  '-'   Mss.  ^3-lU.  —  '  '   MaiH|iie  dans  M. 


à  Ipur  place,  de  charger  les  chameaux  d'eau  et  de  vivres.  Et  il  marcha, 
sans  s'arrêter,  jour  et  nuit  avec  son  armée  et  ses  compagnons.  Oi', 
à  minuit,  le  cri  d'un  oiseau  d'eau  frappa  son  oreille.  H  fit  appeler 
Kourksàr  et  lui  dit  :  «Ne  m'avais-tu  pas  déclaré  qu'il  n  v  avait  pas 
d'eau  dans  ce  désert?  —  En  elïet,  répliqua  Kourksàr.  —  Et  ces  cris 
d'oiseaux  d'eau,  que  signifient-ils.^"  kourksàr  répondit  :  «Il  v  a  ici 
une  source  d'eau  anière  que  l'on  ne  peut  boire;  peut-être  les  oiseaux 
en  viennent-ils.  «  Isfendivàdh  ajouta  foi  à  ses  paroles.  Oui  écoute, 
s'en  lait  accroire.  Poursuivant  sa  marche,  il  n'avait  encore  parcouru 
qu'une  courte  dislance,  quand  on  se  trouva  devant  une  large  rivière 
pleine  d'eau.  Les  chameaux  qui  marchaient  en  tête  ayant  touché  l'eau 
de  la  rive,  les  chameliers  poussèrent  des  cris,  craignant  de  les  voir 
s'enfoncer,  et  appelèrent  au  secours.  Isfendivàdh  saisissant  les  cha- 
meaux par  leurs  queues,  les  tira  et  les  ramena  en  arrière  et  leur  fit 
prendre  pied  sur  le  sol.  Puis  il  fit  venir  Kourksàr  et  l'accabla  d'injures 
et  de  menaces.  «Misérable  Turc,  lui  dit-il,  tu  A^ens  d'exposer  notre 
vie  et  la  tienne  par  ce  mensonge  pernicieux  !  »  Kourksàr  répondit  : 


32/1  HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES. 


J^—^^v^l  Li^  ^i)-4-^l  ]^^j-*v5  ^^Lv  ;j:i]jJt  \jy<Sij   JU4  ^^  ^>4JJsUjj 

(3j — ^   <-^ls|j   ;_^,;>^|   iVl^::,/wVo  ^_,,wva^|   (_Jb  ^  gUx...j»   <.^\^s^    5t^    ijJLiJt 
'"  M  J2^l.  —  C^)   Mss.  |_y«iii!.  —  l-^)  M  aJ  yl^j.  —  (*'  M  o^s+i,  C  o^  et  manque 


"  Je  ne  craignais  pas  de  périr,  pourvu  que  vous  périssiez  en  même 
temps.»  Isfendiyàdh,  maîtrisant  sa  colère,  lui  dit  :  «Ne  gâte  pas  ce 
que  tu  as  si  bien  fait,  ne  détruis  pas  ce  que  tu  as  fondé  et  ne  mens 
pas  après  avoir  dit  la  vérité.  Songe  aux  richesses  et  à  la  royauté  cpie 
je  t'ai  promises,  et  montre-nous  le  gué  et  le  passage  de  cette  rivière, 
et  cela  d'abord  dans  ton  propre  intérêt,  puis  dans  le  nôtre.  »  Kourk- 
sàr,  pris  du  désir  de  parvenir  au  pouvoir  royal  après  s'être  résigné  à 
mourir,  indiqua  aux  Iraniens  le  passage  et  les  y  conduisit.  Isfendiyàdh 
donna  l'ordre  de  vider  les  outres  et  de  décharger  les  chameaux.  Les 
Iraniens  traversèrent  le  fleuve  sains  et  saufs  et  continuèrent  leur 
marche  de  nuit  en  toute  sécurité.  Aux  premières  lueurs  de  l'aurore, 
le  Château  d'airain  se  trouvait  devant  leurs  yeux  comme  perché  sur 
un  observatoire  et  semblable  à  une  nuée  surmontée  d'un  casque. 

Isfendiyàdh  fit  faire  halte.  Comme  de  coutume,  il  s'assit  avec  ses 
compagnons  et  se  prémunit  contre  la  fatigue  en  buvant  du  vin  et  en 
donnant  libre  cours  au  plaisir  et  au  divertissement.  Ayant  fait  venir 


mSTOIRF.    DF.S   HOIS   DES   PERSES.  325 

i_5  ^^Jl^I^  J,^>^|^  J-j^jiiJ'  j  j^jJl  -s^ii)^!  Jj-âj  ^1  i>\j\j  ajI^jj 

:>L.X— i^_i «,1   ^- — ;i\    IJ   <~X—^  <J,^^.^  ^_?-'^^  ^"^  •   *^-^   >^-r?-^^  ^'  '*^-'^ 

l — it- '}■>■ — )j    L_^JoLf,    a^^^-^a_»«    <Jli_5J|  ^1    L^XjC  yjàJu    >v  <^U   ^   J~^J^J 


Komis,  sàr,  il  Im  lit  (loriiicr;!  innDji^cr  <'l  ;'i  hoin-;  puis  il  lui  dil  :  >  Nous 
\()il;i  ;iii  hul;  rohjcl  visi' est  dcvaiil  nous.  Driuiiiu,  quand  nous  nous 
serons  rondus  ni.nlns  du  riiàtran  d  airain,  (luand  nous  aurons  tue 
Ardjàsf,  ses  lils  el  .ses  ])roches,  (|uand  nous  aurons  brûlé  leurs  mai- 
sons et  leurs  palais,  réduit  à  la  captivité  leurs  femmes  el  leurs  en- 
fants, —  il  voulut  ajouter  :  alors  nous  remplirons  à  ton  égard  notre 
promesse,  nous  te  mettrons  en  possession  des  richesses  et  nous  te 
nommerons  roi»;  mais  kourksàr,  ne  |)Ouvant  contenir  Tinlempé- 
rance  de  son  lanj^age,  se  laissa  em|)orter  à  dire  :  «  Que  toutes  ces  cala- 
mités tombent  sur  toi,  non  sur  eux!  Puisse  le  malheur  atteindre  non 
])as  eu\,  mais  toi-même!»  Isfendivàdh,  bouillant  de  colère,  étancha 
dans  le  sang  de  Kourksàr  la  soil  du  sabre  el  fil  prononcer  sa  con- 
damnation par  l'injustice,  et  il  ne  resta  de  lui  que  la  mémoire.  Sou- 
vent la  morl  est  vite  amenée  par  une  parole. 

Isfendiyàdh,  ensuite,  monta  à  cheval  el  se  porta  sur  une  hauteur 
d'où  il  regarda  le  château.  Il  le  considéra,  l'examina  attentivement  et 
songea  aux  moyens  de  s'en  rendre  maître.  Puis,  regardant  dans  la 


320  IIISTOIUF.    DKS    \U)IS    DKS    PKHSKS. 

i( — i — )1  >.V«_=ill9  ^if»  J^-Âl-NaJOo  ^iwj^l  ^^  ^>L«-w5  <J^C)'  ^'v^  ^>-~£a->  (__ji->^^ 
j, — C  j?^ — ■> — '.^ — >  ^v-iS-i^j-^-à-^^  ^»-i^U_*v[s  <^W  Aj|»-i  ,jr^i  A-VSJ  i3y^ 
^•—^L^lj   k_g_i_?   <>>l^?U  ^__4-*vLa». \ i  U^  o>~'^*   <J^_iL^^I   <-t.i-L)l   <Âi^3 

^_^__i;l9  L_.g__i>_5  Uj  (j^  ^r^j  ^•^'^-e^  JvcNi  >jJl<wJ|  LgJytj  ■.■■;  U>^u.  '!)>-?- 

. Ci»   ^'w^l       vT  -"^  n   ( >)»_^<aJ!  wJ   ^jJlc      l^vn  -^    ».i»^«^  4K<S^^^   vJ^^^I  ^-^x*^) 

;î_1 — pi  4k-^_s!_j  «Lijsl^l^  SsjL4j.|j  i^LSsiL  J^  is-s^L^|j  (■-')  Ssji54,]^ 

'    MaiHiiic  dans  M.        '■■•  M  ll«w- —   ■''   M  ,>(}»»Cj.         ''   iMss._j.)jjj.  —  '■''  (Is^mij. 


plaine,  il  vil  trois  cavaliers  turcs  se  livrant  à  la  chasse.  Il  descendit 
de  la  montagne,  se  dirigea  vers  eux  et,  avec  sa  lance,  les  désarçonna. 
Us  demandèrent  grâce  pour  leur  vie.  Isfendiyàdh  les  questionna  sur 
le  C^lîiiteau  d'airain  et  sur  Ardjâsf  et  ses  gens  qui  se  trouvaient  dans 
la  lorteresse.  Ils  lui  donnèrent  les  mêmes  renseignements  que  lui  avait 
donnés  Kourksàr,  décrivant  le  cliateau  comme  inexpugnable,  culmi- 
nant au-dessus  de  l'astre  des  Gémeaux  et  s'élevanl  si  haut  qu  il  évin- 
çait l'Kpi  de  la  Vierge;  ils  lui  firent  connaître  sa  nombreuse  garnison 
et  la  grande  quantité  de  ses  provisions.  Islendiyàdh  alors  se  précipita 
sur  ces  Turcs  avec  son  .sabre  et  les  tua  tous  les  ti-ois.  Il  rentra  en  son 
camp  et  demeura  à  ruminer  et  à  combiner,  et  à  réfléchir  longtemps, 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  trouvé  la  vraie  solution  et  le  meilleur  plan  à  suivre. 
Il  fit  appeler  Beschoûthen  et  lui  dit  :  »  Sache,  mon  frère,  qui^  le  (Ihà- 
leau  d'airain  se  dresse  fier  et  altier,  car  il  est  inexpugnable,  et  il  défie 
toute  attaque.  On  ne  saurait  l'enlever  de  haute  lutte,  non  plus  par  le 
nombre,  ni  en  y  mettant  le  siège.  Ce  n'est  que  ])ar  le  stratagème,  la 


HISTOIRE    DKS   ROIS   DES   PERSES.  327 

^_^-_jij  J_iLj;^L  o*->->-^  -^-^jl;  S""^^  ^r-^^  J^'  c;,-J:iji|j  Jsf-  v^i-f- 


^pjj*.  —    -'   M  ç^lij-  —     '    M;iii(|iii'  dans  (1. 


(lissiiniilalion  cl  la  Iroinj^eric  que  Ton  pourra  s'en  einpaivr.  I^a  ruse 
est  |)lus  ellicace  que  la  iorce  el  Tasluce  j)lus  |)roinpte  que  la  vigueur. 
On  ne  réalise  ses  espérances  qu'en  allrontanl  les  terribles  aventures 
cl  l'on  iTohlient  ce  que  l'on  recherche  (ju'en  s'ex|)osant  au  danger.  J'ai 
donc  résolu  de  me  rendre  sous  un  déguisement  au  château  et  de 
mettre  en  œuvre  mes  ruses  les  plus  subtiles  pour  m'en  rendre  maître. 
Or,  je  le  confie  l'armée  et  t'investis  du  commandement.  Remplace- 
moi  comme  chef  auprès  de  mes  gens  et  aie  soin  des  alTaires  comme 
mon  lieutenant  pendant  mon  absence;  demeure  à  ton  poste  et  lais 
bonne  garde.  Place  des  avertisseurs  sur  les  sommets,  jour  et  nuit,  et 
lorsque  vous  verrez,  le  jour,  s'élever  du  château  une  grande  lumée 
et,  la  nuit,  un  vaste  embrasement,  tu  sauras  que  j'ai  mené  à  bonne 
fin  mon  entreprise  et  que  j'ai  réussi.  Alors  revêts  mon  armure,  monte 
mon  cheval,  arme-toi  de  ma  lance,  accours  au  château  avec  les 
troupes  et  prends  mon  nom  jusqu'à  ce  que  tu  m'aies  rejoint.  »  Be- 
schoùthen  répondit  :  «  \  tes  ordres;  je  vais  faire  ce  que  tu  com- 
mandes. M 


3i'8  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

,^_<o  i-)(JL»_jS».L  jL4vj  jLiJi  ^Vpj  '~?yï;  ij]j-*^l  <_i^-'>>-v3j  c_>U;iJ|  ^^LâJ^ 
4!  .>w^^>_5  ^Q — w'v_j^j|  ïj,..,vb_a.  J,|  f«>^^ï^  <J^^\  J^!/t>  ?-'-î>^^'  J^^ 


l"   Manque  flans  C.  —  W   C  JU4.. 


ISFENDIYADH,   DEGUISE  EN  MARCHAND,  SE   REND  AU  CHATEAl    D'AIRAIN. 
SON   ARRIVÉE  À  LA  COUR  D'ARDJASF. 

Isfendiyàdh  donna  l'ordre  de  choisir  cent  chameaux.  Sur  quatre- 
vingts  d'entre  eux  il  plaça  quatre-vingts  doubles  caisses,  ayant  leurs 
fermetures  à  l'intérieur,  dans  chacune  desquelles  il  fit  asseoir  un 
liomme  puissamment  armé.  11  chargea  les  vingt  autres  des  marchan- 
dises les  plus  précieuses,  de  vêtements  de  grand  prix  et  de  toutes 
sortes  de  richesses,  se  déguisa  en  marchand  et  partit  avec  les  cha- 
meaux conduits  par  des  chameliers.  Lorsqu'il  arriva  à  la  porte  du 
château,  Ardjàsf  en  fut  informé,  et  il  le  fit  appeler.  Isfendiyàdh  rem- 
plit de  joyaux  une  coupe  d'or,  prit  avec  lui  deux  chevaux  de  race  cou- 
verts de  housses  de  brocart  et  de  capuchons  de  soie  peinte  et  alla  à 
la  cour.  11  se  prosterna  devant  Ardjsàf,  plaça  devant  lui  la  coupe,  hxi 


('■-) 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  321) 

s-  ^ 

4'L_**^  *^-<sJ^-E  'y^y^  c5^1j  "^-^i  ^A-*-"'-,jJI  f^^  '^.'^.  jyi^!  f^  T'-^jj 

^s-A-k-La^    jL^I    ^U^I    vJ^    -T^J      "'     jLttJ    A,y.^JDjL>ej    4)12».    ^y£.    ,^_^_*vU^j  I 

J^UJ,!   Ss ^1^    <    Lg-O  ï\Li-U    .^-^^aJ   4_*Jool   ^   >:1^»  t^>  I     A-<S^«   s  g  <i'     .>lvJu 

s. 

"t   M  JJUl.   —  (■-'  M  Jju^.         (3-   Manque  dans  C.  —  1^)  M  «iy».  —  l^)  .\Ian(|ti.' 

dans  M.  ''     \l  .Xinj. 

f 


présenta  les  deux  chevaux  «-t  lui  iulnssa  de  lougs  complimeuls.  Ardjàsl 
le  questionna  sur  sa  personne  et  le  but  de  son  voyage.  Isfendiyàdl» 
répondit  :  «  Je  suis  un  grand  et  opulent  marchand  d'entre  ceux  de 
riràn.schahr.  Ayant  amassé  des  uiarchandises  dignes  d'être  négociées 
à  la  cour  royale,  j'y  suis  venu  de  ce  pays  lointain  avec  de  vastes 
espérances.  Le  roi  voudrait-il  étendre  sur  moi  sa  protection,  ni'ac- 
corder  la  faveur  de  son  patronage  et  me  faire  donner  un  petit  abri 
|)()ur  me  loger,  moi  et  mes  marchandises  .^  »  Ardjàsf  dit  :  «Ta  de- 
mande est  accordée.  »  Et  il  donna  l'ordre  de  le  loger  dans  une  maison 
magnifique,  dans  son  voisinage,  et  de  lui  fournir  des  provisions.  Is- 
fendiyàdh  s'y  installa  et  y  transporta  les  caisses  et  les  marchandises. 
Il  eut  grand  soin  de  visiter  souvent  les  hommes  renfermés  dans  les 
caisses  et  de  pourvoir  à  leurs  besoins,  ainsi  que  de  tenir  leur  pré- 
sence cachée.  Il  ouvrit  près  de  son  habitation  une  boutique  pour  le 
trafic  et  s'occupa  à  acheter  et  à  vendre. 


330  HISTOIRE   DKS   ROIS   OKS   PKRSES. 

«^•-La^.  ^.-po    ^  vj^  '=1'   ijlsj  >^o>X.il  4|_jLLj   *<  Vi  >..  jj   ^5^   ^3^  s-^U^ 
A — A — ; — A — c    kJ^.si^:? — )|   io'v àfc.  (^_5V— ^.  ^__o_wLakN|   A  »  g  il"  *>  ^L^  ci---«-<î)  l^)^ 


''!   M  sJju^S .  -    i'-i  AIss.  i,Lj>jou.i) 


jr^- 


Deux  jours  s'élant  ainsi  passés,  islendiyàtlli  porta  à  Ardjàsf  des 
boîtes  de  vêtements,  à  titre  de  présent,  rt  lui  dit  :  «  f^e  roi  voudrait-il 
envover  l'un  de  ses  officiers  à  ma  boutique  pour  choisir  ])armi  mes 
marchandises  ce  qui  pourrait  convenir  à  son  trésor?  »  Ardjàst  répon- 
dit :  «Nous  donnerons  des  ordres  pour  cela.  »  Il  le  fit  approcher,  lui 
parla  gracieusement  et  causa  longuement  avec  lui.  Il  lui  demanda  par 
quelle  route  il  était  venu.  Isfendiyàdh  indiqua  celle  qui  était  de  trois 
mois  de  marche.  "  As-tu,  demanda  Ardjàsf,  quelque  information  con- 
cernant Isfendiyàdh.^  — -  Oui,  j'ai  appris  sur  ma  route  c[u"il  se  dirige 
vers  cette  \ille  par  la  route  de  Heft  Khàn.  »  Ardjàsf  éclata  de  rire, 
d'un  rire  si  violent  que  ses  petits  yeux  se  fermèrent  et  qu'il  tom])a  à 
la  renverse.  Puis  il  dit  :  «S'il  est  un  \rai  homme,  qu'il  le  tente!» 
Isfendivàdh  se  retira,  retournant  à  sa  boutique,  où  il  se  remit  à 
vendre  et  à  acheter. 


IIISTOIIU'.    I)F,S  ROIS   DES   PERSES.  331 


c_>L_A_>'  c^-,Ji:    "OJI    ^^>^    '^'^J    S-^J    i>\j^JJu^\   ^-r^J^   4JoLOo|   ^Ij.    4_J1 


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CE  QUI  AUniVA  A  ISI'ENDIYADH  AVPX:  SKS  DEUX  SOELRS 
KHOMÀÏ   ET   BEH-AEKÎD  ET   AVEC    KOHHAM,  EIES   D'AUD.lÀSE. 

Isteiulivàdh,  ensuite,  aperçut  ses  deux  sœurs  captives  sortant  du 
palais  d'Ardjàsf,  couvertes  de  haillons  et  tenant  dans  leurs  mains 
deux  cruches  en  or  pour  puiser  de  i'eau  dans  la  rivière.  Il  Ifs 
reconnut,  mais  elles  ne  le  reconnurent  pas.  Elles  s'approchèrent  de 
hii  et  lui  dirent:  «Quelle  nouvelle,  ô  marchand,  d'islendiyàdh?  — 
Il  leur  répondit  avec  rudesse  :  "  Que  sais-je  d'Isfendiyàdh?  Que  Dieu 
détruise  la  ville  dans  laquelle  se  trouve  Isfendiyàdh!  "  Les  deux  sœurs 
le  reconnurent  à  sa  voix  et  comprirent  qu'il  était  venu  de  l'irànschahr 
pour  les  délivrer.  Renfermant  en  elles  leur  joie,  elles  invoquèrent 
Dieu  pour  lui  et  rentrèrent  dans  leur  demeure  au  palais. 

Koliram,  fils  d'Ardjàsf,  se  rendant  à  la  chasse,  passa  près  de  la 
boutique  d'Isfendiyàdh.  Il  le  regardait  attentivement  ainsi  que  ses 
marchandises.  Isfendiyàdh  se  leva  précipitamment,  baisa  son  étrier. 


332  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

«.4-SJI    1-  v->'*  a    <i}~^à,    £u../>>0    ,1  4.'â.^sJL>      ^C_*«_>»    ^<oL,«X_>     .^|   ,^_è_4vL^J   "^wAjI 
ïj^^  (.5^-*^;—^   J^-ia-ll  -^^^  vjc  <Jy^J  ^^'1  v5^  /^7^1^^     ■^' 


lui  présenta  une  boite  de  magiulujucs  vêtements,  un  arc  et  trois 
flèches.  Kohrani  s'arrêta  et  dit  :  «  Lare  et  les  flèches  suffisent,  ô  mar- 
chand; remets  la  boîte  dans  ta  boutique.»  Islendiyâdh  dit:  «Je  de- 
mande au  prince,  par  la  vie  de  son  père  Ardjàsf,  de  me  faire  l'hon- 
neur et  le  plaisir  de  l'accepter.  »  Kohram  sourit  et  l'accepta.  Il  prit 
l'arc,  y  mit  la  corde  sur  laquelle  il  ajusta  le  bout  d'une  des  flèches,  le 
tendit  et  le  trouva  à  son  goût.  Voyant  sur  les  flèches  le  nom  d'Isfen- 
diyàdh,  il  dit  :  «  Mais  j'y  vois  la  marque  d'Isfendiyàdh!  »  Isiendiyàdh 
répliqua  :  «  Que  Dieu  maudisse  la  terre  où  séjourne  Isfendiyàdh  et 
détruise  par  le  fen  la  ville  dans  laquelle  il  se  trouve  !  Sache,  ô  prince, 
que  je  lui  avais  vendu  des  vêtements  et  des  joyaux  dont  il  ne  m'a  pas 
payé  le  prix,  me  traînant  comme  sur  une  claie  de  délai  en  délai  et  me 
frustrant  de  ce  qui  m'avait  été  promis.  Alors  j'ai  cherché  à  gagner  ses 
bonnes  grâces  et  lui  ai  présenté  à  titre  d'hommage  des  arcs  et  des 
flèches  marquées  de  son  nom,  espérant  qu'il  me  payerait  ce  qui 
m'était  dû;  mais  il  ne  l'a  pas  fait  et  ces  trois  flèches  m'étaient  restées. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  333 

^:>k__?^    << ^Ll^     ^    4 JwVJ    ^    ,^_j_A-Nil    ^1    ^I    ^^^   .^L,-~.(U,     «J^î*-    <J.i'ut_*v 

JL(L_5  '■^' J^.*-?  ^j^-^:i^    U   Je   J-.S^'u^j    ^y^i  jj^^l^   J   |îU  ^ïNlL 
'"'   M  *xjl«.  —    ■'    Man(|iie  clans  C. 


C'est  que  la  l)oniu'  éloilf  du  prince  les  lui  a  réservées,  afin  que  je 
lui  en  fasse  homnia<je  maintenant.  »  Koliram  le  remercia  et  s'en  alla  à 
son  affaire. 


ISFENDIYADH  SE  HEM)  MAITRE  DU  CHATEAU   D'AIRAIN  ET  TUE  ARDJASF, 
SES  DEUX  FILS  ET  LES  PRINCIPAUX  TURCS. 

Ensuite  Isfendiyâdh  alla  trouver  Ardjàsf,  se  prosterna  devant  lui, 
le  complimenta  et  dit:  «  Le  roi  a  été  gracieux  et  bon  pour  moi,  il  ma 
comblé  de  laveurs,  m'honorant  de  sa  protection  et  m'enveloppant  des 
rayons  de  son  heureuse  fortune.  Je  désire  donc  ardemment  offrir  un 
repas  aux  personnes  de  sa  cour,  à  ses  chambellans,  à  ses  chefs  d'armée 
et  à  ses  autres  officiers;  je  me  tiendrai  honoré  de  leur  compagnie 
et  leur  témoignerai  une  cordiale  amitié.  Le  roi  voudrait-il  ajouter 
à  mon  bonheur  en  leur  permettant  de  se  rendre  à  mon  festin  et  en 


3;vi  iiisroinF.  dks  rois  dks  pkrsfs. 

< — « — ;>_-!  oiv_d)  Joi_>   ;î_L>'  I   Jtfj  <'  Jv^  ^->ji.\  ,j^j»^^  Jlj  c^sjil  Jsi 

;t_>w^  ^^^î.   >i'%>aî>  >^w/<JOi  >-^»  Js^ls^'j   N j^XjJ!  ,^/^v2_J.  >.a;oO|  i_Ja^ 
j y  J^j:^   f^-^J   fj'-^'   ^   j?U-LÏ.    ?-^'    /?L?~L'   4-^^t  .,:^ji! 


niaidant  à  réaliser  le  désir  que  je  nourris?»  A  rdjàsf  répondit  :  "Je  le 
permets  et,  si  tu  m'invitais,  j'accepterais  moi-même.  »  Isfendiyàdh  se 
prosterna  et  dit  :  «Je  n'ai  pas  encore  atteint  ce  degré  d'honneur.» 
A  rdjàsf  se  mit  à  rire  et  ordonna  à  tous  de  se  rendre  à  son  festin. 

Isfendivàdh  s'occupa  avec  ardeur  à  égorger  des  bœufs,  des  mou- 
tons et  des  agneaux  de  lait  et  à  préparer  tout  ce  qu'il  fallait  pour  le 
festin,  acheta  tout  le  vin  qu'il  pouvait  trouver  et  compléta  les  apprêts. 
Alléguant  que  sa  maison  était  trop  étroite  pour  la  loule  des  convives 
et  que  seul  le  toit  du  château  serait  assez  vaste  pour  les  contenir,  il  le 
fit  couvrir  de  tapis  et  le  décora  avec  toute  la  magnificence  possible. 
H  y  fil  amasser  une  grande  quantité  de  bois,  poser  les  marmites  et 
les  chaudrons  et  chaufiFer  les  fours.  Puis  il  fit  appeler  tous  les  gens  de 
la  cour,  les  chambellans  et  les  chefs  d'armée  et  les  officiers  jusqu'aux 
gardes  et  aux  factionnaires.  Ils  arrivèrent  et  prirent  place.  Lue  grande 
fumée  monta  de  tout  ce  que  l'on  faisait  cuire  et  rôtir.  Lorsque  les  mets 
furent  prêts,  Isfendiyàdh  servit  ses  hôtes,  les  fit  boire  et  fut  plein  de 
prévenances  pour  chacun,  selon  son  rang,  et  leur  fit  des  présents. 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  335 

iL.>wOL_*vIj^jj  jUb-^l^  jLaJK-;'    (^    ^_^L^^|    .i)l_jL    !îAik.^    -^L>^     ji^^. 

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i_iL   ^l,\    A_Ji_/0  i'^  ^__o_:i.-v_S   _!^A_4^|  L^'jjD   ^J*^-^J^  t_5pt  ?.iU».|  !^j 

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Ij   4>-JL_B_S  ijjL^wNi)  <_),,_s^  ^.y-vl  ^^Ji.  sjJ. 
(')  Alaïujuc  dans  M.         ^    M  >_*-.^.  —    ■    Mss.  JU.. 


de  sorte  qu'ils  lurent  tout  à  lait  à  l'aise  et  en  liesse  et  que,  huvant  à 
longs  traits,  ils  devinrent  complètement  ivres;  avant  que  l;i  nuil  cùl 
laissé  tomber  ses  voiles,  aucun  d'entre  eux  n'avait  gardé  sa  raison.  La 
cour  d'Ardjàsf  était  vide;  aucun  ollicier,  ni  grand  ni  petit,  n'y  était 
resté. 

Isfendiyàdh  fit  mettre  le  feu  au  bois  accumulé  sur  le  toit  du  châ- 
teau, ayant  au2)aravant  ordonné  aux  hommes  renfermés  dans  les 
caisses  de  sortir,  de  prendre  leurs  armes  et  de  se  tenir  prêts.  Ils  étaient 
cent  soixante-dix  hommes  dont  chacun  valait  mille.  Après  s'être  armé 
lui-même,  Isfendivàdh  se  porta  avec  eux  à  la  résidence  d'Ardjàsf  dont 
l'accès  était  absolument  libre.  Ils  se  précipitèrent  dans  le  palais,  frap- 
pèrent de  leurs  sabres  tous  ceux  qui  cherchaient  à  les  arrêter  et  ar- 
rivèrent ainsi  à  la  chambre  d'Ardjàsf.  Celui-ci,  réveillé  par  les  cris, 
tira  son  sabre  et  marcha  sur  eux.  Il  dit  à  Isfendivàdh  :  «Oui  es-tu .«^ 
—  Je  suis,  répondit  Isfendivàdh,  le  marchand  iranien;  voici  mon 
sabre  que  je  t'apporte  à  titre  de  cadeau,  reçois-le!  »  Et,  lui  assenant 
plusieurs  coups,  il  le  tua  et  lui  trancha  la  tète.  Au  moment  où  il 


330  UlSTOIRb:   DES   ROIS  DKS   PEUSKS. 

l?L-jj^_>t  j^ — A_jj  ^jS^^mjJ!  j  ,^;j-jj-^  -^jj  4^  cr°  "^(jT^  ij^iîj  **-*^|; 

iLox-^* — B — J  <fy-^  "^—i-Jl  f^J   "W^i»  ^^   (.^^  ^jiiXJI  ^ji   ^ijû   ^ 

jIj^ i|  i^ * Il    Jl_<*  (^^^■>JI  <jLijj  «LjL^?!  s^l^  <-<s^l  ?«-^  p-y^  "^-<y^^i 

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ILXJLJ  4k-é*"  Jr'^'^J  jrh-^J  i>L.>^Là_*v|  jJLsLc  J~«^  <£jLâJ.|^   <jjL^I 


venait  de  le  tuer,  arriva  Beschoûthen  avec  les  troupes  devant  les- 
quelles on  portait  des  torches  et  des  flambeaux;  car  ayant  vu  la 
fumée  pendant  le  jour  et  le  feu  dans  la  nuit,  il  était  parti  incontinent 
et  avait  couru  jusqu'à  ce  qu'il  eût  rejoint  son  frère.  Isfendiyâdh  pourvut 
à  la  garde  des  trésors,  balaya  du  palais  tous  les  Turcs,  donna  l'inten- 
dance des  appartements  des  femmes  à  ses  deux  sœurs  et  sortit  avec 
son  frère,  en  recommandant  à  ses  officiers  et  à  ses  hommes  de  con- 
fiance chargés  par  lui  de  la  garde  du  palais  d'en  fermer  la  porte  à 
l'intérieur.  Il  prit  position  à  la  tête  de  ses  troupes  devant  la  porte. 
En  entendant  les  cris  qui  sortaient  du  château,  les  Turcs  accou- 
raient en  désordre  et  se  rassemblaient.  Ils  se  réunirent  autour  de 
Kohram  et  de  Kandarimàn,  (juand  ceux-ci  furent  arrivés  à  leur  tour, 
et,  ignorant  la  mort  d'Ardjàsf,  ils  engagèrent  le  combat.  Isfendiyâdh 
et  Beschoûthen  et  leurs  troupes  firent  une  charge  vigoureuse  qui  rompit 
leurs  rangs  et  les  dispersa.  Lorsqu'il  fit  jour,  les  Turcs  se  relormè- 
rent,  amenèrent  des  renforts  et  luttèrent  énergiqu-ement  contre  les  Ira- 


IIISTOIKK   DKS   UOIS   DES   PERSKS.  337 

^s^   Jn'    '^   J^JjjJ]^   ^ISvJL    î<J\y^  <lA^j    L«^^2_«_^2j.     ^iPioiilj    jfUxS' 
L_.g A >  ^^__q w^i^v'  ^o^:>,  u6j4>J>  ,_Jlc  J^JO*ls  <-îsix  LgJL^I 


niens  à  la  porte  du  cliàtcau.  Isfcudivàdh  avani  fait  jeter  la  tète  d'Ar- 
fljàsfdans  leurs  rangs,  ils  lurent  découragés  et  abattus  et  manifestèrent 
leur  cliagrin  par  des  pleurs  et  des  gémissements.  Kohram  et  Kan- 
dariman  les  excitèrent  au  combat  et  firent  de  suprêmes  eflorts.  Islen- 
diyâdh  cria  aux  Iraniens  :  «Que  valent  ces  chiens  dont  nous  venons 
de  tuer  le  roi  et  prendre  les  femmes?  F^aites  sauter  leurs  tètes!  »  Les 
soldats  chargèrent  comme  un  seul  homme,  enveloppèrent  les  Turcs, 
les  taillèrent  eu  pièces,  en  tuèrent  le  plus  grand  nombre  et  mirent  en 
fuite  ceux  que  le  sabre  avait  épargnés.  Kohram  et  Kandarimân  et 
d'innombrables  chefs  restèrent  sur  le  champ  de  bataille.  Isfendiyâdh 
ordonna  à  ses  soldats  de  camper  dans  leurs  lentes  à  la  porte  du  châ- 
teau et  expédia  des  détachements  de  cavalerie  à  la  poursuite  de  ceux 
qui  avaient  pris  la  fuite,  leur  recommandant  de  ne  donner  aucun  quar- 
tier. Le  château  fut  à  lui  et  toutes  ses  richesses  allèrent  à  lui.  Il  prit 
possession  de  tout  l'argent  et  des  trésors  d'Ardjàsf  qui  s'y  trouvaient 


338  IIISTOIUK   l)i:S   ROIS   DES    l'KUSKS. 

(_5^  <;  il  i'.'U^   ^'LâJt-o   ,^_qJ|   <iU  <-AJ  v_>U-«'(ji[  ^^L3  w^i  Wv.«v  vi-k^ 

«LjL^Is  j^xj^  jL^L  ^>>Nii.L  (5)«ô|  ixj  «co^I  .x.**<îl^  «Oisjj  j  ^Vpil  j_t«|^ 

;')   M  oill  aSU,  C  L.  JUu^  iuL..  —  '-)   M  àlylj-  —  '•''   M  J^i)'-  -  '''   .Mihhiih'  dans  M. 
—  W   Manque  clans  C. 


et  s'empara  du  trône  d'or  de  cent  mille  nnlhcjàl  i\m  avait  appartenu  à 
Afràsivàl),  ainsi  que  des  innombrables  objets  précieux  provenant  de 
son  béritage.  H  assigna  un  palais  comme  demeure  à  ses  sœurs,  leur 
donna  de  grandes  richesses  et  les  laissa  maîtresses  de  choisir  toutes 
les  esclaves  qu'elles  voulaient.  Enfin  il  annonça  par  une  lettre  ses 
victoires  à  son  père.  Celui-ci,  tout  en  s'en  montrant  heureux,  res- 
sentait dans  le  secret  de  son  âme  du  chagrin  et  était  jaloux  de  son 
(ils,  qui,  il  le  prévoyait,  l'obligerait  à  tenir  sa  promesse.  Il  lui  ré- 
pondit en  le  félicitant  et  en  le  remerciant  et  lui  ordonna  de  revenir. 

l'.I-.TOlU  D'ISFF.NDIVÂDII  À  LA   COUR   DE  SON  PERE  BISCHTÀSF. 

Isfencbyadh,  après  avoir  rassemblé  de  toutes  paris  ses  troupes  et 
établi  ses  agents  comme  gouverneurs  dans  les  provinces  turques,  en 
leur  imposant  l'obligation  de  payer  tribut,  se  prépara  à  retourner  dans 
rirànschahr.  Il  accorda  des  robes  d'honneur  à  son  frère,  à  ses  lils  el 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  33«) 

j^s-j  J\j-Ji\  ej9>-i--^  ^  J-^  J-^^yb]^  f^L*  f  ^'  ^*^  f^-^jj 

•^\L^   ^^^JU    ^y^    O-^'   P'-*   "OtÀjl    j_ll*  l  g  t-   **«    J^-i>^  ,J^  s_sJÎ)^l    vr?r-^ 

»jJl.à_(6   "^^ B    i  ■^     .v>3     U    J.  ^•^    o)  ■.L.^^Ji-tt    ■' ViJvio   |.Xsk.|*  <->iUifc.  ^  jJÛ 

ojLi^l  J^— V3J  i,^'^-^  "^ — J  vi.Os^  *xil  ^j«U    ilo  Li^    ')  JU-«jl|j  JLijil!  (J-» 

j!x^ji!  (j-«  .jl»..  i^yj-^  ^■~j==>\s  sXjLiU  *L«JJ|  ^  ^Lâ_Lj  j__j_wUl^ 

'''   Ces  mots  iiiaiu(ui'[il  djins  (",.  -    ('.  tVJl.  '    T.cs  mots  maiH|uciit  dans  (!.   — 

(*'  Manque  dans  (',. 


à  SCS  clicls  (rarm(''(î  cl  leur  (it  tant  de  largesses  qu'il  les  curicliil  et  les 
mit  dans  la  situation  de  n'avoir  plus  rien  à  désirer.  Avant  lait  charger 
toutes  les  richesses  sur  deu\  mille  chameaux  et  le  trône  d'or  sur  un 
élépiiant,  il  les  fit  |)artir  par  la  grande  route,  sous  la  garde  de  ses  fils, 
avec  mille  esclaves  hommes  et  mille  esclaves  lemmes  et  avec  ses  deux 
sœurs,  leurs  esclaves  et  leurs  biens.  Quant  à  lui,  il  prit  avec  sa  suite 
le  chemin  de  Heft  Khàn,  pour  emporter  le  gros  bagage  et  les  biens 
qu'il  y  avait  laissés.  Arrivé  à  l'autre  bout  du  passage,  il  y  attendit  que 
ses  fils  avec  leur  caravane  l'eussent  rejoint,  et  ils  continuèrent  tous 
ensemble  le  voyage  vers  l'Irànschahr. 

La  nouvelle  de  l'arrivée  d'Isfendivàdh  lut  accueillie  avec  joie  par 
les  habitants.  Les  grands  et  les  personnages  de  haut  rang  mirent 
le  plus  notable  empressement  à  aller  à  sa  rencontre  et  à  lui  rendre 
hommage.  Lorsqu'il  approcha  de  la  résidence  de  son  père  Bisch- 
tàsf,  celui-ci,  accompagné  des  principaux  dignitaires  et  des  mobedhs, 
vint  au-devant  de  lui,  le  reçut  avec  de  grands  honneurs  et  lui  témoi- 
gna tous  les  égards  qu'il  méritait,  jusqu'à  ce  qu'il  fût  installé  au  pa- 
lais, au  sein  de  toutes  les  joies.  Alors  Bischtàsf  se  mit  à  boire  avec  lui , 


;U0  IllSTOIUK   DKS   ï\0\S    DKS    l»Kl\SKS. 

__i   < — « — *^  ^_jji_A_à_)  ^«  <_)\_à_*v  ^  n'u^fc-I     s_£  4)^L**w>A  <_j:>L.g^  <_à_L'^« 
(2)|5»^Ni>   vj^^^*"   •^J-^J-***   '^->''-*-'  '*)'-*^'*   "^--^VS'-t"   (,J*   "^^i   .iO^x»  ^*-^    Li*    "i.S^- 

L_f    ^_jls»      .>_£    ^ — *-_>|    __ja|s^l      .v^jUcJi    <_i|    Jjl   OSw4i.    ^jw»>.,v3    cT-î^î    ^\J^.\^ 

C'    C  Aiii^l^.  —   -    M.UKiiu'  (l;.ns  M.  "    M  JL.!.  —  (')   .M  Gj.  —  :5)   .Ma,„||„.  dans  C. 

—   '"'  Manque  dans  C.  —  f''  C  A*JL>. 


à  le  choyer,  à  lui  faire  des  présents  et  à  le  questionner  sur  ce  qui  lui 
était  arrivé  pendant  son  expédition;  mais  il  n'aborda  point  avec  lui  le 
sujet  de  la  promesse  qu'il  lui  avait  faite  de  lui  remettre  le  pouvoir  et 
de  lui  donner  la  couronne  et  le  trône.  Enfin  Isfendiyàdh,  fort  mé- 
content et  perdant  patience,  s'en  ouvrit  à  sa  mère  Katàvoûn.  Il  se 
])laif(nait  que  son  père  manquait  aux  engagements  qu'il  avait  pris 
envers  lui,  qu'il  n'avait  cure  de  le  satisfaire  et  qu'il  cherchait  à  oublier 
sa  promesse;  il  la  consultait  sur  ce  (ju'il  devait  faire  pour  sommer  et 
exiger,  stimuler  et  obtenir.  Katàyoùn  lui  dit  :  «  A  quoi  te  sert,  mon 
(ils,  de  discuter  et  d'agiter  en  toi-même  un  sujet  qui  t'est  désagréable 
l't  de  demander  à  ton  père  ce  qu'il  ne  donnera  pas  bénévolement  et 
qu'il  ne  te  cédera  pas  tant  qu'il  vivra .^  Mais,  s'il  en  porte  le  titre, 
c'est  toi  en  réalité  qui  es  le  roi  :  ton  autorité  est  grande,  tout  ce  que 
lu  ordonnes  se  fait  et  l'armée  est  dans  ta  main.  Ton  père  n'a  jdIus  que 
peu  de  temps  à  vivre.  Laisse-lui  donc  le  titre,  la  couronne  et  le  trône 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  3'4l 

L^-^UL^  ,^^;;  l.^:/^  <^^  ^  J^^^Ul  ^ y^  Jj^Ll[s^_^i..v^i. 

c.,J.-,:^_^.  .^bil  ^5COsàJ)'  U  JLL  Jsj,  e:_ol  IrJU,  ^Jj^  4l  JLiJ 


et  sois  le  maître  dans  tout  le  reste;  attends  avec  patience  et  espère;  car 
espérance  vaut  mieux  que  jouissance.  »  Isfendiyàdh,  nullement  satis- 
fait du  lanjii^age  de  sa  mère,  la  quitta  en  colère. 

BISCHTÂSF  ENVOIE  ISFENDIYÀDH   DANS  LE  SEDJESTÀN 
l'OlR  ARRÊTER  ROLSTEM. 

Isfendiyàdh,  contrairement  au  conseil  de  sa  mère,  réclama  de  son 
père  l'exécution  de  la  promesse  qu'il  lui  avait  faite  de  lui  remettre  le 
pouvoir,  lui  rappelant  les  hauts  faits  et  les  grands  exploits  accomplis 
par  lui-même  pour  obtempérer  à  ses  ordres  ainsi  que  pour  sauver  son 
empire  de  la  ruine.  Bischtàsf  lui  dit  :  «  Tu  as  raison;  c'est  comme  tu 
le  dis.  Voilà  longtemps  que  tu  t'emploies  à  me  délivrer  de  mes  em- 
barras et  que  tu  réalises  toutes  mes  poursuites.  Il  ne  me  reste  main- 
tenant qu'un  seul  désir,  réalise-le-moi  et  exige  ensuite  l'exécution  de 
mon  ancienne  promesse.  "  Isfendiyàdh  demanda  quel  était  ce  désir. 
Bischtàsl  répondit .  «  Tu  sais  que  Roustem  est  un  de  nos  serviteurs  et 


342  IIISTOIRK    DKS   ROIS   DKS   PKllSKS. 

^j^^^-jj]^     ^^^^p_*v.     ^'Ow    ^J-^j\j     _^J>-9    O^    ^^!    ^_;^l     t^S'-S»-     ijUJi 


fie  nos  clients.  Or,  il  est  devenu  plein  d'orgueil,  la  grandeur  Ta 
enivré,  il  s'est  laissé  aller  aux  dernières  limites  de  l'ingratitude,  et  sa 
jactance  et  son  insolence  sont  au  comble.  11  ne  tient  aucun  compte 
de  moi,  me  traite  avec  dédain  et  ne  me  rend  pas  les  hommages  (|u  il 
rendait  aux  rois  mes  prédéces.seurs  ;  enfin  il  ne  cesse  d'attiser  l'irri- 
tation qui  me  dévore.  Si  tu  fais  entrer  le  calme  dans  mon  cœur  et 
ajoutes  de  nouveaux  gages  à  ceux  que  tu  as  sur  moi,  en  allant  l'ar- 
rêter et  en  l'amenant  enchaîné  devant  moi,  je  ne  goûterai  pas  une 
gorgée  d'eau  fraîche  avant  que  je  ne  t'aie  cédé  mon  pouvoir  et  que  je 
ne  taie  donné  ma  couronne  et  mon  trône;  et,  à  l'exemple  deLohrâsl, 
je  me  consacrerai  au  service  de  Dieu.  "  I.sfendiyâdh  lui  dit  :  «0  roi, 
Pioustem  n'est  pas  un  homme  dont  on  puisse  méconnaître  les  droits, 
oublier  les  hauts  faits  et  récorajienser  les  belles  actions  par  un  mau- 
vais traitement,  attendu  surtout  qu'il  est  nanti  fies  engagements  fie 
Kaïkâous  et  fie  kaïkhosra,  lui  donnant  le  privilège  d'être  entière- 
ment inflépendant  et  de  n'être  pas  considéré  comme  sujet.  —  Mon 


IIISTOIHE   DKS   HOIS  DES   PERSES.  3'i5 

-X j« s  JiL^osJ^  <^Li^,  «La^»-».»^.  4_à_*v'^  _gv^-^  i  ^j-<,  cAjjJl  .x^»l 

O/l^-^L-^-*    ,J(?^-;S-C      >-<S^    ^V>a_>   ^'js^    J~^>^    bl     Ufi*    ^__^jJoL<"»    1^  M  '^  ■« 

L.g-îs-'  '^  »  >  I >-J  j_j  ï.xjik.L^l  ^->^-^  ^-iJ--s^!  ^Jc  ^  j^y  i?  JLii  ^^_à_w  ^ 
i> — 4v>  '\i  i— *-J  L<'  (j^w  y  ci-J^i^  i>-*^>  ^\Li  (^  oLjI  4.8 ul;  Lç  Li6s-«^|j 


fils,  reprit  Bischtàsf,  cosso  do  le  dôfriidre  et  occupe-toi  de  porter  re- 
mède à  ma  peine.  »  Isfcndivàdli  dit  :  i  Je  jure  par  Dieu,  ô  roi,  qu'il 
n'a  aucun  tort  envers  toi  et  qu'il  est  absolument  innocent  de  ce  dont 
tu  l'accuses.  Il  est  contraire  à  la  loi  divine  et  à  la  nature  d'arrêter  un 
lionune  incomparable  tel  que  lui,  cpii  est  unique  dans  le  monde  et 
dont  les  belles  actions,  les  exploits  et  les  batailles  ne  peuvent  se 
compter.  Ce  que  tu  veux,  c'est  gaji^ner  du  temps  et  employer  des 
movens  dilatoires  envers  moi.  Mais  voici,  je  vais  exécuter  strictement 
et  sans  m'en  écarter  ton  commandement,  marcher  contre  Roustem 
à  la  tête  de  mon  armée  et  m'exposer,  au  sujet  de  cette  campagne, 
aux  traits  des  censeurs  et  aux  pointes  des  médisants.  »  Bischtàsf 
dit  :  «Mon  fils,  donne  à  ton  père  cette  satisfaction  seulement  et  ne 
cherche  pas  à  le  faire  changer  d'avis.  »  Isfendiyàdh  répondit  :  "  Je 
suis  prêt  à  t'obéir.  »  Il  se  leva  et  se  rendit  auprès  de  sa  mère. 

Islendiyàdh,  exposant  de  nouveau  à  sa  mère  ses  plaintes  contre 
Bischtàsf,  lui  parla  de  la  pénible  mission  de  faire  la  guerre  à  Roustem 
qu'il  venait  de  lui  imposer.  Sa  mère  lui  dit  :  «Ne  sais-tu  pas,  mon 
fils,  que  Roustem  a  fait  plus  de  bien  dans  l'irauschahr  que  ne  fait 


:\'l'[  IIISTOIUK    DF.S   UOIS   DES   PKRSES. 

-V    ->.^  <__>  ^»— a-_>  "^Li  ^Lvi    .vAJLf  SLs  4.1.,  j^^i\À_»*J|  ^y_^^aJ.  j^^sUU-^l 

J  4!1  j_ï|^  jJ^^i  j|r^  J='  ^jJ^^xJL.  jt_*«J  ^j  i^l;!»  J-î^Ij  W ,,;>-^5^.^x^ ! 

''    M  yLiuiJI,  ('.  yLâjOl.  -    (>  Jti).    —  >    -M   ^^y-yX«^il   d    in;iiK|iU'  »Uj6jJi^.      - 


iiiif  abon(l;int('  pluie  clans  un  pré  flcssoclié,  et  rnic  1  amour  quOnt 
pour  lui  SCS  comijaliioles  est  aussi  ardcnl  (pie  le  désir  d'un  homme 
sufibquant  de  soif  pour  l'eau  froide?  C'est  lui  qui  a  vaincu  les  dé- 
mons et  secouru  les  souverains.  Il  est  de  la  force  de  quatre-vingts 
éléphants  et  personne  n'est  capable  de  lutter  avec  lui.  Tu  devrais  faire 
ce  que  je  te  conseille,  ne  point  marcher  contre  lui,  ne  point  l'attaquer 
et  laisser  le  titre  de  roi  à  ton  père,  car  il  ne  te  le  cédera  pas.  »  Isfen- 
diyàdh  dit  :  «Tu  sais  qu'il  n'est  pas  possible  de  négliger  son  com- 
mandement, ni  d'agir  autrement  qu'il  ne  décide.»  Alors  Katâyoûu 
pleura,  se  frappa  le  visage,  se  meurtrit  la  poitrine,  en  s'écriant  : 
"  Mon  fds,  comme  tu  es  avide  de  posséder  le  pouvoir!  Celui  qui  est 
avide  est  déçu;  chacun  reçoit  sa  part  sans  qu'il  la  demande.  Si,  ce- 
pendant, tu  ne  veux  pas  suivre  mon  conseil,  parce  que  je  suis  une 
femme,  consulte  d'autres  personnes,  des  hommes  d'expérience,  des 
gens  perspicaces  et  sages  et  agis  selon  leur  avis.  Ne  cours  pas  à  ta  mort, 
montre  de  la  piété  en  épargnant  ta  mère  et  ne  l'afflige  pas  par  la  perte 
d'un  fds  tel  que  toi.  »  Puis  elle  se  tut.  Isfendivàdh  ne  réjiondit  pas, 


IllSTOIHK   DES    ROIS  DES   PERSES.  345 

s- 


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M-JoU.  —   -!  C^u*]!.  -    'I  CajjjLsî^. 


sortit,  (it  SCS  ])r('' para  tifs  de  de-part  pour  le  Scdjestàn  et  ordonna  à  ses 
lils  de  se  préparer  ])()iir  l'accompagner.  l*uis  il  se  mit  en  marclir  à  la 
tète  de  son  armée,  emmenant  avec  lui  Beschoùthen. 

Lorsque  l'on  arriva  au  point  de  jonction  des  routes  et  que  l'on 
s'engagea  sur  la  route  du  Sedjestàn,  le  cliaincau  qui  marchait  en  tête 
de  la  troupe  des  chameaux  chargés  des  bagages  se  coucha;  c'est  en 
vain  qu'on  le  talonnait  de  rude  façon  et  qu'on  l'accablait  de  conps; 
il  ne  put  être  amené  à  se  relever.  Isfendiyàdh  considéra  cet  incident 
comme  un  mauvais  présage.  Il  tira  son  sabre  et,  d'un  coup,  trancha 
la  tète  au  chameau.  Puis,  poursuivant  son  voyage,  il  arriva  au  bord 
du  fleuve  Hinmand.  Il  y  établit  son  camp  et  il  s'avisa  d'adresser  à 
Houstem  un  message  et  de  conférer  avec  lui. 

ISFENDIYÀDH   ENVOIE  SON    FILS  BAHMAN  ALPI'.ÈS  DE   KOUSTEM. 
ROUSTEM  SE  REND  AI  1>RÈS  DE  LUI. 

Isfendiyàdh  donna  l'ordre  à  Bahman  de  se  rendre  à  cheval  auprès 
de  Iioustem  et  de  lui  dire  de  sa  part  :  «  Il  m'est  pénible  de  venir  dans 


■Mi(}  IIISTOIHK    DKS   ROIS   DKS   PERSES. 


^J^-g-'î  o>^ 


Ion  navs  flf  cette  niamère  et  de  le  contraindre  a  nne  cliose  devant 
laquelle  tn  reculeras.  El  pourtant  je  reconnais  tes  titres  glorieux  et 
ti's  «grands  mérites  par  lesquels  lu  l'es  élevé  au-dessus  de  tes  contem- 
porains, les  hauts  faits  que  tu  as  accomplis  dans  l'Irànschahr  et  la 
belle  renommée  dont  tu  jouis  dans  les  pays  voisins.  Mais,  tu  sais  que 
Ton  ne  peut  s'insurger  contre  un  ordre  du  roi  Bischtàsl,  ni  refuser 
d  t'xécuter  ses  commandements.  Or  il  e.st  iort  mécontent  de  toi  et 
le  reproche  de  t'ètre  abstenu  de  lui  rendre  tes  hommages  et  d'avoir 
négligé  de  te  pré.senter  à  sa  cour  dans  les  graves  événements  (pii 
lui  sont  arrivés  et  dans  les  guerres  qu  il  avait  à  soutenir.  Il  m'a  donc 
ordonné  de  me  rendre  auprès  de  toi  et  de  te  ramener  enchaîné.  Si 
lu  obéis  à  son  ordre,  j'intercéderai  pour  toi  auprès  de  lui  pour  cpiil 
rompe  tes  chaînes,  pour  qu'il  soit  bien  disposé  envers  toi  et  qu'il  le 
pardonne  ta  faute  en  considération  de  tes  hauts  laits  d'autreiois;  et 
je  ne  serai  content  qu'en  obtenant  de  lui  qu'il  te  donne  l'investiture, 
qu'il  t'accorde  une  robe  d'honneur  et  qu'il  te  rétablisse  dans  le  rang 
le  plus  élevé  que  tu  aies  jamais  occupé  et  dans  les  ])lus  éminentes 


HISTOIRE   DES  UOIS  DES   PERSES.  347 

J\j     "'i^\>^.^    -il^J  <;^-i]p!  ySSj   Jr^  J^àJj  jXj\  ^j-o  j  j>>xl  JyJij    <jjL^Ji) 

<-i^j~>j  JjJd\  -Loi  ^j  J  ^jlsj^^^^  (-2)  Jl^^^t;  J^  4i  a- 

ÂiLi.  Je  ,^_o\ — C — «  <l  ^.-J^   ^  JK   Oot^v^  >-*-*Ll'    IJoLo   jJsJu   " Ltt-i J 
J^jli  <_>L  Je  >>_«_J^   Jyjj  J^t  ^^^..^a^;^   ^^  "^1^   U   JuLi  j^_^  wv22^j 

^1;     Jl^    LiLLL]   <l    P'  Jlî^    ^j_4t>^    J^I    ^,1   ^^^   ^^    ^uûjJt    ^j    Je 
^_9__wLjL.ii^    jdlil     ^»t    iL>XAi_*v|    ^1    «ïlLvj     <jLL>}1     rw*vj     Je    ,JjJjO    r^^v 

JJjT-**^'  ^yJ.j4-wj  usLoJsiiJ    ■  w^pSw*^  ^jjJl  jJ^U  Jvr>  J^'-ii-ttJ  J\\  4I 

'"   M  ylJyi.  —  (•-)   Manque  dans  C.  —  W   yj  j-^^^  _  (»)    yj^^    l^^^-. 


(Ii<;iiil('.s  dont  lu  aies  été  revêtu.  Mais,  si  tu  refuses  et  résistes  et  que 
lu  continues  à  être  rebelle  à  ton  souverain,  prépare-toi  à  la  guerre. 
(À'iui  (pii  prévient  demeure  sans  reproches.  » 

Bahman  partit  et  traversa  la  rivière.  Le  guetteur  de  Zàl  l'ayant  vu 
du  haut  de  la  montagne,  avertit  son  maître  qu'un  cavalier  portant  le 
çostunic  des  princes  venait  de  passer  le  fleuve  et  se  dirigeait  ra])i(le- 
ineiil  vers  la  ville.  Zàl  avait  un  observatoire  dominant  la  route;  il  y 
monta  et,  après  avoir  attentivement  regardé  Bahman,  il  dit  :  «H  est, 
certainement  de  la  famille  royale.  »  Il  descendit  et  s'assit  à  la  porte  de 
son  palais  à  la  laçon  des  dihqàns.  Bahman  ne  tarda  pas  à  arriver 
et  lui  dit  :  «  Je  pense  que  tu  es  Zàl,  père  de  Boustem.  Dis-moi  où  je 
le  trouverai  pour  lui  communiquer  le  message  de  mon  père  Isfen- 
diyàdh,  fils  du  roi  Bischtàsf.  »  Zàl  alla  à  lui,  lui  souhaita  la  bien- 
venue et  se  prosterna  devant  lui.  Bahman  mit  pied  à  terre  et  l'em- 
brassa, puis  remonta  à  cheval.  Zàl  lui  dit  :  «Daigne  descendre  dans 
ton  palais,  où  nous  demeurerons  comme  tes  serviteurs  et  aussi 
|)our  que  nous  puissions  nous  réjouir  de  ton  arrivée  et  avoir  l'hon- 


IIISTOIRK    DKS   ROIS   DKS   PERSES. 

jjs,'w>sj  ï^_*.,^  ^1  I  U  -x.^1  JvA^  JyJi  ^  ^y  ^T-^i  ^-'o*^  J)'  ^Sr^ 

>«L*i   Jw>^  ^   »JÎ)«   r^-**'^    Js-X-s^aJC^   Jjl  jLv^   (^^v^^fc.  jLtv  <j|    2i 

(.  sjv^ki.;^.  M  sJvjyta^.  —    -'   (j  4.  —  '■''   I.a  place  de  ces  deux  iiiiils  est  restée  en 
hiaiic  dans  M.  —    '     Mj-f^.  —  '•'    C  ^jy*^.     -    ''    ('.  LLL-s^.  M  U^li-i^ . 


iicur  (le  J)oir('  avec  toi  en  aUeiidaul  (|ue  liouslem  rcvieiiuc  (le  la 
chasse.»  Bahnian  répondit  :  «L'ordre  de  mon  père  est  de  ne  in'ar- 
rèter  chez  personne  avant  d'avoir  vu  Roustem.  Fais-moi  donc  con- 
naître le  lieu  où  il  se  trouve,  pour  que  je  me  rende  auprès  de  lui  et 
lui  communique  le  message  dont  je  suis  chargé.  »  En  conséquence, 
Zàl  envoya  avec  hii  quelfju'un  pour  le  conduiic  au])rès  de  Rousleni. 
D'après  les  légendes  des  Perses,  ce  lut  un  corbeau  vivant  an|)rès  de 
Zcàl  qui  servait  de  guide  à  Bahman  et  que  celui-ci  suivait.  Il  marcha 
ainsi  |us(ju'a  c<'  cpi'il  arrivât  sur  le  parc  de  chasse  de  liouslem  ([iii. 
à  ce  moment,  se  trouvait  sur  une  montagne  élevée;  nue  montagne 
sur  une  montagne,  tel  il  paraissait  aux  yeux  de  15ahman,  épouvanté 
])ar  son  énorme  corps  et  son  formidable  aspect. 

Bahman,  avant  mis  pied  à  terre,  attacha  son  cheval  et  gravit  la 
hauteur  jusqu'à  un  point  d'où  il  dominait  Roustem.  Celui-ci,  assis, 
ayant  devant  lui  un  grand  leu  et  une  outre  de  vin,  tenait  dans  sa 
main  droite  une  lance  sur  la([U('lle  était  embroché  un  jine  sauvage 
qu'il   faisait   tourner  et   rôtir,  el  dans  sa  main  gauche  une  grande 


HISTOIRK   DKS   1U)IS   DES   PKKSES.  3'i0 

J — i — .i  ^^\  JJj_<s-à-^==J  <-'>v-ft-J>  J*  jr^  jLiLi  \L^lL^  y^S \y<  ^j.[L 

.x_5«    r. — ivj  J.I  s_.-— i>  •  ^wik.!     LjwJo  ^  1>X^1  ia.>uî>«  ^-i^l  ^Jk.  'UOo  <_à-j.^. 

^>_C   4'w*^    ^JotJJ^    ^^    <<_J!    ^'yJLi  <'   J^^.    J-^v->     ■  <-Oo   L^     .^-^:^«    '-^^ 
'*'  C  (^LJo,  M  ^J„yLJo.  —  '-'   Ces  mots  iikiikhiciiI  diiiis  ('.,  M  jl  au  lieu  de  j| .  — 


coupp  leinplio  de  vin.  Raliman  se  dit  :  «  Je  veux  délivrer  mon  ])ère  de 
sa  préoccupation  au  sujet  de  ce  démon.  Ce  démon,  je  veux  le  tuer 
par  surprise!  »  Et  il  lit  choir  sur  lui  un  bloc  de  pierre  en  visant  sa 
tète.  Lorsque  la  pierre  détachée  se  mil  à  rouler,  Roustem,  l'enten- 
dant arriver,  leva  les  yeux,  mais  ne  s'en  inquiéta  pas;  seidemenl, 
cjuand  elle  fut  proche,  il  détourna  la  tète  jusqu'à  ce  qu'elle  eût  passé 
sur  lui,  puis  il  la  ivpoussa  avec  son  pied  et  la  jeta  en  bas  en  disant  : 
"('/est  peut-être  quelque  lauve  qui  l'a  fait  partir  avec  son  pied.» 
Baliman ,  avant  vu  cela,  se  mit  à  craindre  et  à  redouter  pour  son  père 
lui  tel  adversaire.  Il  descendit  par  im  autre  chemin  et  se  dirigea  vers 
Roustem  qui  avait  été  rejoint  par  son  frère  Zehareh,  assis  auprès  de  lui. 
Roustem,  en  voyant  Rahman  de  loin,  dit  cà  Zebàreh  :  «Mon  frère, 
ce  cavalier  qui  se  dirige  vers  nous  est  assurément  de  la  famille  royale.  » 
Quand  Bahman  se  fut  approché,  il  mit  pied  à  terre  et  se  prosterna 
devant  lui.  Roustem  alla  à  lui,  le  fit  asseoir  et  lui  demanda  quel  était 


350  MISTOIUF.   DES  ROIS   DKS   PKUSRS. 

^ a   ^i    .v-c  •'^ ?^T^^  ** — *3.JL<»  ,_,■-*_«/  ^^j-Cj  ^Jv^  ,^y-^J  "^-i^i  ^o-^  4JL*v 

2ij   ^-OLZjfcT».^   yi5>J  ,jr^^  LU_^=|  J-i->  ^iUJ,!  -'Loi  ^^-^  (jLii  (__>N^vâJU 
t_j|^  b|  Jls^  Lg^l  iS^j  ,>-^ls  SjLà^l  ^^j-^^o^l;  4'Lw^l  ^sl  ^^)-^  Jjt 
'     Mss.  L^bil . 


son  nom  et  à  ([urllc  finnillc  il  appartenail.  Bahmaii  le  lui  ayant  dit. 
lioustem  se  prosterna  devant  Ini,  le  visage  contre  terre,  et  se  mit  à 
lui  baiser  la  tète  et  la  main;  puis  il  le  questionna  sur  son  père  et  son 
i(rand-])ère  et  Sur  le  motif  de  sa  visite,  lîaiiman  répondit  à  tout  cela 
et  dit  :  ".Mon  perc  Isfendivadh  est  campé  au  bord  du  Hînmand;  d 
m'a  envoyé  vers  toi  avec  un  message;  si  tu  permets  de  le  présenter, 
je  vais  te  le  faire  connaître.  —  Mangeons  d'abord,  dit  l»oustem,  de 
ce  que  nous  avons  ici.  »  Le  rôti  étant  à  point,  il  le  posa  devant  lui  en 
disant  :  «Nous  mangerons,  nous,  pour  satisfaire  notre  appétit,  toi, 
tu  mangeras  pour  nous  tenir  compagnie.  »  Puis  il  se  mit  à  manger  et 
à  boire  copieusement  selon  son  liabitude,  tandis  que  Bahman  ne 
touclia  (pu-  modérément  à  la  viande  (>t  au  vin.  Rouslem  lui  dit  :  "  Il 
ne  faut  pas  que  le  prince  soit  un  petit  mangeur  et  un  petit  buveui-; 
car  alors  il  serait  peu  apte  à  porter  des  coups  de  lance  et  de  sabre.  » 
Bahman  répondit:  «  Nous  autres  princes,  nous  mangeons  peu,  mais 
nous  sommes  vaillants.  »  Ensuite  il  délivra  le  message  et  s'acquitta 


iilsïoirp:  dks  uois  des  perses.  351 


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c>-5;j  cS-^jpl  c^l-^  J,l  c:)-^  .^'^  J  1  fi.'jj  <-s*:Ss  <->!  j^XJJ  .il  iLj^.;>i_w| 

L—fJO  JlSy   :>Lj^_;^_ft_4v|  ùy-s^-y-S  'LJLJj  <JviJj^j   ,3,^^^^i.,,^2_,  Jsa^t^  oJ^j^., 

^^L;:  J,I  ^-^js  <—^j-L^  L_£ij  A^j'  (^^-^  f>-^j  -^^^  >s^  j[LJ)î\j 

'     M  Lj^aJI  ■   -      '■'    -Miinqui'  dans  ('..   —    '    MaïKiiu'  dans  ('..  '     Maii(|iu'  dans  C.   — 


fl«'  sa  mission.  Iioiistt'in  .ivant  ccoiilf'  avec  altciilioii,  dit  :  «La  ré- 
ponse, c  est  nioi-nionit'.  Je  vais  Taccompagner  auprès  de  Ion  père. 
Allons-y  ensemble!  »  Et  ils  montèrent  à  cheval. 

lîoustem  ordonna  à  son  frère  Zebàreh  de  retourner  à  la  maison  el 
de  tout  préparer  pour  traiter  Isfendiyàdh;  car  il  supposait  qu'il  accep- 
terait son  invitation.  Quant  à  lui,  il  fit  route  avec  Bahman  jusqu'au 
bord  du  fleuve,  où  il  s'arrêta.  Bahman  entra  dans  l'eau,  traversa  le 
fleuve  et  se  rendit  auprès  d'Isfendiyàdh.  11  lui  annonça  l'arrivée  de 
lioustem,  venant  sans  escorte,  et  se  mit  à  lui  parler  de  sa  bravoure  et 
de  sa  force.  Islendiyàdh  lui  dit  d'un  ton  sévère  :  «  Il  y  a  longtemps  que 
l'on  a  dit  :  «  N'envoyez  pas  les  petits  pour  traiter  les  grandes  aflaires. 
Quels  champions  et  quels  héros  as-tu  vus,  toi,  pour  compter  parmi 
eux  Roustem  ou  pour  le  placer  au-dessus  d'eux  ?  " 

Isfendiyàdh  ayant  demandé  son  cheval,  monta  et  se  transporta  au 
bord  de  la  rivière.  Roustem,  en  le  voyant,  la  traversa.  Arrivé  près  de 
lui,  il  mit  pied  à  terre  et  se  prosterna.  Isfendiyàdh  lui  tendit  la  main, 
se  montra  fort  gracieux  et  lui  dit  de  remonter  à  cheval.  Roustem 


332  msTOiuE  i)i:s  iiois  i)i:s  persks. 

Jjt  L_j* — ^ — ij  ,^'i>  J_<s-g-*>^-^  ^'i  f*-*j|  ij'^^  ^^jr*  ^^^--is^  oJjuu-vit 

i[*l — ^>^j  L-L-j^jlJj  i>-^j  <-<sJt  f-'-Ji-'  ^j^  J-S*!;  "^-^  "^jr^  J^!s_«J| 


s'étant  remis  en  selle,  dit  :  «Je  rends  grâces  à  Dieu  de  ta  conserva- 
tion et  de  cette  rencontre  avec  toi;  je  le  remercie  de  la  faveur  ([uil 
m'accorde  de  te  voir  en  bonne  santé,  ici  dans  mon  pays,  et  me  don- 
nant occasion  de  te  rendre  mes  hommages;  car  je  te  regarde  des 
mêmes  yeux  que  je  regardais  Siyàwousch  !  »  Isfendiyàdh  répondit  : 
«Moi  aussi,  je  loue  Dieu  de  m'accorder  de  te  voir  en  bonne  santé 
et  en  bon  état;  car  tu  m'es  aussi  cher  que  mon  frère  Beschoûthen. 
Il  y  a  longtemps  que  j'aspirais  au  bonheur  de  t'approcher  et  que  je 
désirais  me  rencontrer  avec  toi.  Enfin,  Dieu  a  favorisé  mon  désir!  « 
Ils  se  rendirent  au  pavillon  et  y  descendiienl.  A  l'arrivée  de  Be- 
schoûthen, Roustem  alla  à  lui;  ils  s'embrassèrent  et  s'adressèrent  les 
questions  d'usage.  Fuis,  tous  les  trois  se  mirciil  à  causer. 

Isfendivàdh  développa  tous  les  arguments  qu  il  avait  dans  la  tète, 
répéta  les  considérations  du  message  cjue  Bahman  avait  été  chargé 
de  porter  à  Houstem  et  continua  toujours  à  exiger  de  lui  de  se  sou- 
mettre et  de  venir  avec  lui,  en  chaînes,  à  la  cour  de  son  père,  où 
il  se  proposait  d'intercéder  en  sa  faveur  pour  le  faire  réhabiliter  et 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  35;^ 

J_^j  ciiU-^l  ^j^  <'  ,^5Ui_5^j  JJi_«J!  p^y-Â-i|^  ^L«4^  jj^*^!  ^J-«  ^J^ 
^^^...-a.    w'^^j  Aj[jb  Jljil^    A^Ij^I^^.  jîUjLcl^  oi^l  <J-Ut^  i-^lJilU! 

^  c)'  c)"^'  ^!r-'l>    '  ^^>-^^  cT  ^-^M^j  3r^  ^  c)'^  J»^'  «^j;Kj  ^J^'' 


le  rdaMir  dans  sa  dignité.  Uousteni  répliqua  :  «  Je  ne  veux  pas  croire, 
o  Isfondivàdli,  qu'avec  tes  éminentcs  qualités,  ton  rang  si  élevé  et  tes 
hautes  vertus  royales,  tu  puisses  entretenir  la  pensée  dont  tu  viens 
de  parler  et,  encore  moins,  que  tu  l'exprimes.  Ce  n'est  pas  là  un 
langage  que  tiennent  des  hommes  sensés  et  raisonnables  et,  n'était 
le  respect  que  je  te  dois,  je  dirais  que  ce  sont  des  paroles  de  fous  et 
didiots.  Qu'à  Dieu  ne  plaise  que  je  subisse  la  honte  et  que  je  me 
soumette  à  l'humiliation,  alors  qu'il  m'a  accordé  une  telle  force,  une 
telle  puissance  et  cette  haute  fortune;  qu'il  a  fait  accomplir  par 
moi  de  si  grandes  choses  et  remporter  de  si  éclatantes  victoires  et 
qu'il  m'a  mis  en  mesure  de  sauver  l'empire  d'une  ruine  imminente, 
de  prêter  aide  et  assistance  aux  rois,  de  réduire  leurs  ennemis  et 
de  les  venger  d'eux  !  Sans  mes  exploits  et  mes  succès  il  y  aurait  eu 
des  événements  que  je  suis  honteux  de  dire.  Maintenant  je  te  con- 
seille de  ne  point  te  laisser  envahir  par  les  suggestions  de  Satan, 
ni  de  te  flatter  d'obtenir  ce  qui  ne  sera  pas,  ce  qui  ne  se  peut  pas. 


35'i  HISTOIUK    OKS   ROIS    DF.S   PKUSKS. 

^ — fu> — >  '  l^ — g_-i^-Ss — ... — >  ^ — 1\  >)]•>■ — )'  J,!  ^-^v^L  JwnLàaJ    ^J  o)"^^^" 
^->J.I  J  <-J^-«-?-  U*  LsULcj^  ^_^jjjJ:ij  i_s^\y^  ^\j->\  -^  ^\  'J  ^j^'^l} 

S*L_>  Je  >Xi6|^_^!    fOJj  (^^^'  ^_^|j  ^j.X£^  J,L^  ^^  .^AJls  cjJLlt  t-jJ-s?! 

>_4.c^.  >-«-b  ovXs  -^lUt  w«l  ,_5JU^  i^  J)!  Juo  jJJSsJj  <^dj  U  ^^>_i..r^|  U 

!'    Mss.  L^jXiixj".  —  '"-'  C  jsjswjj.  —   ■''  Manf|ii('  clans  M. 


cr  qui  est  impossible;  de  daigner  venir  au  palais  où  nous  demeure- 
rons à  tes  ordres  et  où  lu  disposeras  de  nous  comme  de  tes  servi- 
teurs, pour  que  tu  y  passes  quelque  temps  à  manger,  à  boire,  à  te 
divertir  et  à  t'amuser;  ensuite  je  t'ouvrirai  les  portes  de  mon  Trésor 
et  de  nos  trésors  réservés  et  te  donnerai  ce  que  j'ai  amassé  pen- 
dant de  longues  années,  de  l'argent,  des  objets  précieux  et  exquis 
et  les  richesses  les  plus  rares.  Je  payerai  la  solde  de  tes  troupes, 
ferai  des  cadeaux  à  tes  fils,  à  ton  frère  et  à  tes  familiers  et  leur  don- 
nerai des  robes  d'honneur;  puis  je  t'accompagnerai  comme  ton 
humble  serviteur,  quand  tu  t'en  retourneras  à  la  cour  du  roi,  ton 
père.  Alors  j'exposerai  mon  cas  et  me  justifierai,  je  plaiderai  ma 
cause  et  produirai  les  preuves  de  ma  parfaite  innocence  et  ne  serai 
satisfait  que  lorsque  je  t'aurai  fait  proclamer  roi  et  posé  la  couronne 
sur  ta  tête.  »  Isfendiyàdh  répondit  :  «Ce  que  tu  dis  est  parfait.  Mais, 
tu  sais  que  celui  qui  désobéit  au  roi  fait  acte  d'infidélité  et  perd  sa 
part  dans  ce  monde  et  dans  l'autre.  L'ordre  que  le  roi  m'a  donné 
a  ton  sujet,  je  ne  |)uis  me  dispenser  de  l'exécuter,  ni  le  transgresser. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  355 

<_^s_c  o,-N-è   J^-tt_s  ^jJ|^  ■».>v4jJt  v>o>>^  J^y-o  S.ijLjL/0  J,l  (■■il'i^Ls^ 

^,-^d»3v-Aj    ^.X-*o   Ja^l     .>l    jjii^Livj      J*-Ci    ^Ir^l   ^-^y-'   ij^  V^i   ^   '^'' 

C'  M  jl.  —  '"■''  La  place  de  ces  deux  mots  est  restée  en  l)Iaiic  dans  M.  —  W  Manque 
dans  (",. 


ni  m'en  ('carlor,  quand  luènic  le  ciel  tomberait  sur  la  terre.  Mais  il 
laut  que  tu  restes  avec  nous,  pour  que  nous  mangions  ensemble.  » 
Uoustem  dit  :  «J'ai  besoin  de  retourner  à  ma  maison  et  de  revoir 
mon  père;  car  voilà  plusieurs  jours  que  je  suis  loin  de  lui.  Je  vais 
me  rendre  auprès  de  lui,  changer  de  vêtements  et  attendrai  le  mes- 
sager cpie  lu  enverras  pour  m'appeler.  »  Puis  il  se  leva  et  monta  à 
cheval. 

CE  QUI  SK   l'ASSV  KNTHE   ISFENDIVÀDH  ET   ROI  STEM   AVANT   LE  COMBAT. 

Roustem,  lorsqu'il  revint  d'auprès  d'Islendiyàdh  chez  lui,  raconta 
à  Zàl  tout  ce  qui  s'était  passé  entre  lui  et  le  prince;  puis  il  dit  :  «Je 
ne  sais  vraiment  comment  finira  l'aflaire  entre  nous.  Il  refuse  abso- 
lument d'accepter  mon  inAntation  et  veut  me  contraindre  à  me  laisser 


;^r>0  IHSTOIUK   OKS   HOIS   DES   PERSES. 

AU.\  ^^j  iLj^^-à— '  ^v!  Juo  ut  4f^-  ^sJ\  l^ofc  U  3y  L  Jl;  <'  Jbij 
s^  ^  <jLi>vl  ji  iJjJjJlj  c-'jt.^l  ^--Ojj  <Js"!lXjî)  ^  <jtxi  '.l'c^^w? 


(»-■■  C, 


**>• 


conduire  par  lui,  encliaîné,  à  la  cour  de  son  père.  Je  crains  bien 
d'être  forcé  de  lui  résister  et  de  le  combattre!  — Que  dis-tu  là,  mon 
fils  ?  s'écria  Zàl.  Ne  sais-tu  pas  qu'lsfendivàdh  est  le  fils  du  roi  et  quand 
on  est  rebelle  au  roi,  c'est  contre  Dieu  qu'on  est  en  révolte?  Je  ne 
vois  pas  d'autre  moyen  que  de  se  montrer  conciliant  et  d'avoir  une 
attitude  liumble  devant  lui,  de  cbercber  à  en  faire  notre  liôle  et  à 
gagner  sa  bienveillance  par  de  l'argent  et  des  présents.  »  Roustem  dil  : 
"J'ai  épuisé  avec  lui  tous  ces  moyens;  je  n'ai  rien  épargné  et  lui  ai 
fait  toutes  les  concessions,  sauf  de  me  soumettre;  mais  il  n'en  est  que 
plus  inflexible,  plus  dur,  plus  implacable  et  plus  impérieux.»  Zàl, 
plein  de  tristesse,  dit  :  «Ayons  recours  à  Dieu  contre  les  mallieurs 
(pii  nous  arrivent!  » 

Lorsqu'il  fut  l'heure  du  repas,  Isicndiyàdli  dit  à  Besclioûlhen  :  uJe 
ne  ferai  pas  appeler  Itousteni,  ])as  plus  que  je  n'accepte  son  invi- 
tation; car  nous  sommes,  moi  et  lui,  sur  le  point  de  nous  battre.  On 
ne  mange  pas  ensemble  au  moment  où  l'on  en  vient  aux  mains.  »  Be- 
schoûthen  répliqua  :  «  J'ai  été  heureux  quand  tu  lui  as  proposé  de 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  357 

^>> — \\jj  JK  Uj  iJ^-jUJ^  i'')^_A>^JàJl  f*~»J>j  ù<x.^\j  lly\  pt-JtJ  "^^  <Jy^':^jLj 

Jv—J.  41. — s — i  U   J. — S — ï  1 — I   ^\  L  iîLjv-^^i-»*!  4'  jLiJ  y^  c)'r^^  <.iUoo 

1"  Manque  dans  C.  —  '-'  M  L..   -     "   M  .eJu.  —  <')  C  »jjà\^.    -   ■'    M  _^1.  — 


partager  ton  repas  et  tu  l'as  trouvé  disposé  à  la  conciliation  et  à  raccom- 
modement; à  présent  je  suis  affligé  de  ta  résolution  de  prendre  les 
armes  contre  lui  et  d'écouter  le  conseil  d'iblis  qui  te  pousse  à  le  com- 
battre. Quoi  que  ce  soit  dont  tu  puisses  douter,  ne  doute  point  qu'il 
ne  se  soumettra  pas,  qu'il  ne  déshonorera  pas  sa  belle  renommée  et 
qu'il  ne  descendra  pas  de  la  hauteur  de  l'astre  de  l'Epi  au  fond  de  la 
poussière,  en  supportant  ce  que  tu  veux  lui  imposer.  Maintenant,  au 
lieu  de  le  heurter,  tu  devrais  plutôt  le  ménager  et,  au  lieu  de  le  traiter 
en  ennemi,  te  lier  avec  lui  par  un  pacte  d'amitié.  Tu  devrais  te  rendre 
à  son  invitation  et  converser  amicalement  avec  lui.  L'excellent  ami  et 
soutien,  le  parfait  protecteur  et  auxiliaire!  Ces  hommes,  lui  et  son 
père  Zàl  et  son  aïeul  Sàm,  ont  toujours  été  célèbres  par  leurs  vertus  et 
les  grandes  actions  qu'ils  ont  accomplies,  ainsi  que  par  les  nombreux 
services  qu'ils  ont  rendus  aux  rois  de  l'Irànschahr!  »  Isfendiyàdh  dit  : 
«  Pourquoi,  mon  frère,  parles-tu  ainsi,  ayant  entendu  toi-même  l'ordre 
que  le  roi  m'a  donné  à  son  sujet  .-^  Notre  religion  enseigne  que  celui 
qui  se  révolte  contre  l'ordre  du  roi  doit  être  mis  à  mort  dans  ce 


358  mSTOIllK    l)i:S    UOIS    DKS    PKUSKS. 

»^3J1  i    '  JJ  i)'  J  ^X-îljiL»  ,^U:Js5  ja  ^j>~^  lP»^  cj_j*i 

.M;m(|ii.-  dans  C.  —  M    Mss.  J.i,.  —  W    C  JLi.   —  '')   M  JJ^.   —  !='    Mss.   c^^-s?-';  • 


monde  cl  subir  le  Ifii  (\r  renier  dans  l'antre.  »  Besclioùthen  ré|)Ii(]ua  : 
"  En  te  donnant  ces  conseils,  je  viens  de  parler  selon  mon  intelligence 
et  mes  lumières;  mais  tu  es  le  meilleur  guide  et  sais  le  mieux  ce  qu'il 
V  a  à  faire.  Il  Isfendiyàdh  se  tut;  |)nis,  ayant  demandé  le  repas,  il 
mangea  et  se  livra  au  plaisir  de  ])oire  avec  son  Irère,  ses  fils  et  ses 
lamiliers. 

Pioustem  attendait  le  messager  d'Isfendiyàdh  qui  devait  l'appeler. 
Ce  messager  n'étant  pas  venu,  il  monta  à  cheval,  traversa  la  rivière 
et  se  rendit  à  la  tente  d'Isfendiyàdh.  Celui-ci,  lorsqu'il  arriva,  se  leva, 
lui  souhaita  la  bienvenue  et  le  fit  asseoir  sur  un  siège  d'or  incrusté 
de  jovaux.  Pioustem  lui  dit  une  parole  (pii  a  été  exprimée  ainsi  par  le 
poète  : 

Je  nit;  suis  invité  moi-niènie,  puisque  tu  ne  m'avais  pas  a|)p('li''.  C'est  donc  à  moi. 
non  à  toi  qu'est  dû  le  remerciement  pour  l'invitation. 

Isfendiyàdh  répondit  :  «  Le  jour  était  avancé  et  le  soleil  déjà  ardent. 
.lai  craint  de  le  fatiguer  et  j'ai  voulu  te  laisser  tranquille.  Mais  comme 
tu  as  en  la  bonté  de  venir  spontanément,  prends  part  à  notre  partie 


IIJSTOIKE   DKS   IIOIS   DES   PERSES.  359 

^L_3|  ^'ï\j-x>j  ^'  ^\}—^  "^'w-a-^v^    'Jc.^^  ^^1^   t3^J^  j'^ii  ^./jftjJl  *L^ 
(^Li^ — wi — la — !|    2( — i — 1 — c  (.^L>>'^  4M--0  i>lj.>s^\j_«-l  (__>j_«i,  <.g^,  ^_j£.  <_)j_»;^ 

isL^-^Oi — wj   i>-«*'^  J'"-''-*  ^--s^-L^o  ^ooij*   «Cyo«lJL«  s_jjs_»»   .i^J:k.>-i_/o  s-iU^t 

>^L^I    tJâJJ    ^J-e    ^Lot^    Sr'r-'^    '.-)^t5 


(le  plaisir.  —  Très  volonlicis,  dit  Roustcin.  »  Alors,  prenant  en 
main  un  hanaj)  d'ov  n'ni|)li  diin  vin  qni  élail  comme  de  l'or  llnidc, 
il  dil  :  «  Ce  vin  limpide,  je  le  jnre,  est  l'image  de  la  sincérité  de  mon 
allection  pour  toi  et  de  mon  amitié!  >■  Et  il  vida  la  coupe  en  son  hon- 
neur. Isfendiyàdh  fit  comme  lui  et  les  hanaps  et  les  coupes  circu- 
lèrent parmi  les  convives,  jusqu'à  ce  que  le  vin  eût  envahi  leurs 
os  et  leur  fût  monté  à  la  tête.  Les  deux  champions,  adversaires  et  con- 
vives, commencèrent  à  se  vanter  et  à  revendiquer  la  prééminence; 
cliacvm  d'cnix  se  mit  à  énumérer  ses  exploits,  à  proclamer  ses 
triomphes,  à  rappelei-  ses  combats,  en  critiquant  l'autre.  Enfin, 
l'ioustem  dit  à  Isfendiyàdh  une  parole  exprimant  à  peu  près  ce  que 
le  poète  dit  dans  ce  vers  : 

La  vie  est  de  trop  courte  durée  jjour  cpi'elle  soit  encore  amoindrie  par  les  récri- 
minations récipro([ues. 

Puis  il  recommença  à  insister  auprès  du  prince  pour  qu'il  vînt 
dans  sa  maison  et  à  lui  renouveler  ses  promesses.  Isfendiyàdh  ré- 


360  IIISTOIRK  DES   IIOIS   DES   PERSES. 

J  A  8.:.  __^vJ,  J— «^i-j  I  ^Is  ^')LJi\  JjlX  ^-^^^^  ^\  iiLJ!  SiLc^l|j 

s- 

'    ^1  j>^T*-*J'-  —     '  ^•''*  'iT'ts  iiiaiK|ucnt  dans  M.  C  yl  Uj^j .   —  '''   Mss.  tilJUil  jl  ■ 
—  <"  M  Lbl*,.  —  1*1  Mss.  J^iU... 


pondit  :  «  Tu  m'invites  chez  loi  el  tu  me  fais  de  telles  oflVes  alin  de  me 
rabaisser  aux  ycu\  de  mes  compagnons,  pour  qu'ils  disent  qu'lsfen- 
diyàdh  agit  mal  envers  l'homme  qui  le  comble  de  bontés,  et  traite 
■avec  injustice  et  violence  celui  qui  est  plein  de  prévenances  pour  lui. 
Je  t  ai  (lit  et  répété  plus  d'une  fois  et  le  le  dis  encore  :  je  ne  serai  pas 
en  |jaix  avec  toi  tant  que  lu  ne  te  soumettras  pas,  pour  que  je  te  con- 
duise enchaîné  à  la  cour  de  mon  père,  ainsi  qu'il  me  fa  ordonné. 
J'interviendrai  ensuite  en  ta  faveur  pour  te  faire  relâcher  et  te  faire 
rendre  l'ancienne  position  à  laquelle  tu  as  des  droits  acquis  auprès 
des  précédents  rois.  Mais  si  tu  ne  le  fais  pas,  et  tu  ne  le  feras  certai- 
nement pas,  eh  bien!  prépare-toi  au  combat  et  cesse  tes  tentatives 
pour  nous  circonvenir.  »  Roustem  dit  :  «  Si  tel  est  Ion  sentiment,  tu 
seras  mon  hôte  demain  quand,  t'ayant  désarçonné,  je  te  conduirai 
dans  la  maison  de  mon  père,  Ion  serviteur,  et  quand  je  m'acquitterai 
de  tout  ce  que  je  t'ai  promis.  «  Isfendiyàdh  répliqua  :  «  Jusqu'à  quand, 
ô  Roustem , pèseras-tu  le  vent  et  t'oindras-lu  d'une  amphore  vide?  Tu 
verras  comme  je  t'assaillirai  et  comme  je  ferai  de  toi  ma  proie,  et 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  361 

c^-^j)   Jtii  J^Liit  J._*vUJ|^   J-WJ!  J-r^^I  '-^  cT"   }~^J   ^^^  s_SvoLu3|^ 
<-_^;:^-A.^   ^  <  t  n  s  ^  ^_0\  *  'C:i.!:A_*.,  ^>_4V5      >«-v    .>oL)i  ^^  ^Li     lii 


lu  sauras  ([ui  fie  nous  (lru\  is|  |r  vrai  héros  et  le  preux  champion!  » 
Iiousteni  dit  :  «Je  te  ferai  voir  de  telles  clioses  que  tu  te  repentiras 
de  faire  la  guerre  à  qui  t'olTre  la  paix  et  de  traiter  en  ennemi  celui 
([ui  te  propose  son  amitié!  »  Et  s  étant  levé,  il  monta  à  cheval  et  re- 
tourna chez  lui. 

PUEMIEU  COMBAT  DE   UOLSTEM  ET   D'ISFENDIVÀDH. 

MOin    D'Àl)H.\RNOÛSCH   ET    DE    MIHR.NOÛSCH    DANS   LA   LUTTE    DES    IRANIENS 

ET   DES  GENS  DU  SEDJESTAN. 

Le  lendemain,  Pioustem  prit  ses  armes,  monta  à  cheval  et  partit 
avec  un  détachement  de  ses  troupes  accompagné  de  son  frère  Zebàreh 
et  de  son  fds  Faràmorz.  Arrivé  au  bord  du  fleuve  Ilinmand,  il  leur  or- 
donna d'y  rester  et  leur  dit  :  «  Je  suis  convenu  avec  Isfendiyàdh  que 
nous  laisserons  nos  gens  tranquilles  et  que  chacun  de  nous  se  présen- 
terait seul  pour  combattre.  »  Ayant  traversé  le  fleuve,  il  se  dirigea  vers 

:16 


362  IIISTOIUK    DES   ROIS    DES    PERSES. 

i)L>X.;^â-«.!  ^Lâi  .J*l^  <_ç>iJ|  '^y'  J,'  iL>>-*-à«ivI  L  p»i  <Jj-v3  Jk:l  >_<::>Ui 
Jls  -lA-*."^!  ^;.->J^  l^ljt^^^-  "^  <-^l  Jlij  ^JJ  ,M-uJt  ^^ 
L  if. — *vj  <'  Jl — 5—5  <-X^  ^_vp5  ,j^£».  J^l;  v-S'^^^^  "^J  1^  "^JJ-^  c)^  ^ 
^'»_c:>  <<-_»La».L  J^^^   i  'ij  .^jw^aJI  j^^i-^  wT-^^jî  >-^"-"-*^  (JiLis£    c,:>  iLtX-i>i_M,| 

L^-^l   ^jJl    <_ijy    il   J— 6— «;  SJjr-^  J  iS^J)   ^  J^   ^]^   J^  <^ 

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'J-—)t-S<—^<^^  ,^_^vJj-^=L  u>J>  iLjv-i-à-ivI  JLLs  .>xS*_>  ,j-«  Jàvo  lO-^î  S-^J-^  cT* 


la  tente  d'Isfendiyâdh,  et  s'étant  arrêté  sur  une  liaiiteur  qui  y  faisait 
lace,  il  cria  de  toutes  ses  forces  :  «  Isfendiyâdh,  viens  trouver  ton 
adversaire  qui  est  arrivé  !  »  Isfendiyâdh  se  leva ,  prit  ses  armes  et  monta 
à  cheval,  en  disant  à  ses  troupes  :  «Ne  prenez  pas  la  peine  de  vous 
armer,  car  je  dois  aller  seul  me  mesurer  et  combattre  avec  lui.  » 

Quand  Isfendiyâdh  fut  près  de  Roustem ,  celui-ci  lui  dit  :  «  Ecarte 
l'animosité  et  accepte  mes  propositions  conciliantes;  daigne  te  rendre 
à  mon  invitation  et  consens  à  venir  chez  moi;  au  lieu  d'échanger  des 
coups  de  lance  et  de  lutter,  nous  mangerons  et  l)oirons  ensemble  et 
nous  remplacerons  les  actes  d'hostilité  par  des  témoignages  d'amitié. 
Je  nrac([uitterai  envers  toi  et  te  ferai  tenir  tout  ce  que  j'ai  déclaré 
vouloir  dcjnner  et  ce  que  j'ai  formellement  promis.  Si,  cependant, 
tu  veux  la  lutte  et  que  tu  aimes  mieux  verser  le  sang,  nous  mettrons 
aux  prises  les  Iraniens  et  les  gens  du  Sedjestàn,  pour  qu'ils  se  jettent 
les  uns  sur  les  autres  et  combattent;  la  Mort  enlèvera  ses  victimes  de 
près  et  nous  regarderons  de  loin.»  Isfendiyâdh  répondit  :  "Tu 
viens  d'arriver  chez  moi,  de  grand  matin,  prêt  à  engager  la  lutte  et 


IIISTOIUK   DES   UOLS   DES   PERSES.  363 

J  o"^-^'  <^1^  ^-^^^  i^j>>-£l  JLfti  ^.k<sj  ^Jajtj  ^!  U]^  ^_^jjjLj"  ^1  U^ 
Jr  jLsj  x^  Ui^Jl  "^t  v;^-^!  sxij  }i\j  (jLiiLuJ,  r^y^j  ciUJU-wi 

JvJiiJt   JOOi|,    *Ls5s-gJ!   ,::,,,s».L4J   A,AA^^    ^j^-V    ^V*   l^'^'A'VS^   ^i.iiA..-:vJ| 

^^  <_:ydl  .•■.^.J^I  :i  ^^yi  ^^^j  ^UjJi  ^>^^  Jl^'îil  J^UlJj 

W    Maiiqu.'  (hins  M.  —  («)   C  os-Jl=wl . 


lu  viens  de  m'appeler  au  combat;  puis,  lu  recommences  tes  tentatives 
pour  nie  leurrer  et  me  circonvenir.  Mainten;uit,  ou  bien  tu  le  me- 
.sures  avec  nu)i,  ou  tu  te  soumets.»  iioustem  réplif[ua  :  «Je  suis 
exempt  de  tout  reproche  envers  toi  et  envers  les  hommes,  ayant  fait 
tous  mes  efl'orts  pour  t'amener  à  la  conciliation  et  pour  montrer  que 
j'étais  disposé  à  un  arrangement  pacifique  avec  toi,  tandis  que  toi, 
tu  ne  veux  que  la  collision.  Eh  bien,  viens!  »  Alors  ils  se  précipitèrent 
l'un  sur  l'autre  et  s'assaillirent  comme  deux  lions  féroces  et  comme 
deux  éléphants  furieux.  Ils  luttaient  longtemps  avec  la  lance  et  le 
.sabre,  sans  qu'aucun  d'eux  eût  l'avantage,  ni  même  que  l'un  pût 
blesser  l'autre. 

Pendant  qu'ils  étaient  ainsi  engagés  dans  la  plus  terrible  des  luttes, 
les  compagnons  d'Isfendiyàdh,  vovant  les  compagnons  de  Roustem 
armés  et  montés,  prirent  également  leurs  armes  et  montèrent  à 
cheval,  et  Satan  les  poussa  les  uns  contre  les  autres,  comme  il  avait 
poussé  leurs  maîtres.  On  en  vint  aux  mains,  on  luttait  avec  acharne- 
nement,  les  champions  étaient  aux  prises,  le  sang  coulait,  la  mêlée 


364  HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES. 

U'  i> ^j  L  Jlî^.  ^j_A_;_«Jl  k_A_iiJ|^  ^Jv-^t  ^yJl  <.a1£  ;si-t^ls  ^_çs^ 

i_«w|  bjj    3t_5j    U    ^J-9;   ^  ■■v-^r?   J^    '^   -^r^'  ^:>-C   c?-^  f    ^  '^-^•^-^r"   "'-^si^ 
rw»vj  L  jLii  dX.Aj^\  Aja^  L^L^jiSaJj  t-sUU  U'LaJ  ^yO  \.^\yjj  ijU  cAaJI 

''   C   ^JOLll.  —   -'   C  xff^Jl.  —  i*'   Ces  mots  inanquont  dans  Vj.  —    ''   M  Ji^j,  *'  r>^' 


—  (î*)  M  ^_^U. 


devint  ardente.  Adharnoùsch  et  Mihrnoùsch,  les  deux  fils  d'Isfen- 
diyàdh,  restèrent  sur  le  champ  de  bataille.  Bahman  étant  venu 
avertir  son  père  de  l'événement,  Isfendiyadh  fut  en  proie  à  la  fois  au 
plus  grand  chagrin  et  à  la  plus  violente  colère,  et  il  s'écria  :  "  N'as-tu 
pas  honte,  ô  Roustem,  de  manquer  à  la  parole  donnée  et  de  faire 
acte  de  perfidie.^  Psétions-nous  pas  convenus  que  nous  combattrions  à 
nous  deux,  moi  et  toi,  en  laissant  de  côté  les  deux  armées.^  »  Roustem, 
fort  affligé,  jura  que  cette  lutte  témérairement  engagée  par  son  armée 
avait  eu  lieu  sans  qu'il  l'eût  ordonnée,  et  il  ajouta  :  «Je  suis  peiné 
de  ce  qui  est  arrivé.  Je  te  livre  Zebàreh  et  Faràmorz,  pour  que  tu 
en  disposes  comme  il  te  plaira  et  que  tu  venges  sur  eux  la  mort  de 
tes  deux  fds.  »  Isfendivàdh  répliqua  :  «  Faire  mourir  des  esclaves 
pour  des  maitres,  ô  Roustem,  n'apaise  pas  les  âmes!"  Puis  il  se 
mit  à  tirer  sur  lui  des  flèches  qui  le  blessèrent,  ainsi  que  son  cheval, 
tandis  que  les  traits  de  Roustem  n'eurent  aucun  effet  sur  la  cuirasse 
d'isfendivàdh  et  encore  moins  sur  son  corps.  Une  flèche,  partie  de 
l'arc  d'isfendivàdh,  cloua  ensemble  les  deux  cuisses  de  son  cheval 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  365 

>  A  Jj  "^y-^    .v-c  |iS^  ia_â_«*j  <.^'y:fc.  J^-âJU  "Od^  ;?  h  âj]  (^5»^  ■_>.  u  .^l« 

euL-^-'w-i.   -iUjO  iS-**"i   ,„$>*>-«-'  4'yOo   S.^*Ot./o  ^  4'     .\-iN   *^— *-vl   ^   <0>>>yvaj,l 
i>Ljs_À_jL_*v|^   ^il^I     SwJiLik.1   (^5»^^*.  *WLc   L^LLj  o^JjiJ^   <-Oo  i,:^b   ^^_^| 

J ^a-^a-.    4}-?-'   cT*   J— :?^-«-'lJ   ''^^^vJt    c^I^-v^"^'    L^-^  ci^otjjjls    Oj!i  J,t 


Uakhsch.  Celui-ci  s'a<i[ilail  et  se  débattait,  de  sorlc  que  ses  hrides 
et  sa  san<rle  se  rompirent.  Iloustem  toniha  et  le  cheval  .s'enluit  et  re- 
gagna la  maison,  ayant  une  housse  formée  par  le  sang  et  une  entrave 
formée  ])ar  sa  blessure. 

Roustem  se  retira  sur  une  hauteur,  se  traînant  avec  peine  et  se 
raidissant  contre  la  douleur  que  lui  causaient  ses  blessures.  Isfen- 
diyàdh  lui  cria  :  «Que  signifie  cet  arrêt,  ô  Roustem?  Pourquoi  ne 
reprends-tu  pas  le  combat.^»  Roustem  répondit  :  «Monseigneur,  le 
jour  est  avancé  et  la  nuit  est  proche.  C'est  elle  qui  sépare  les  com- 
battants. \  a-t-en  en  paix  et  donne-moi  un  répit  jusqu'à  demain.  » 
Isfendiyàdh  consentit  de  bonne  grâce,  malgré  son  courroux  et  son 
excitation  et  le  chagrin  cuisant  qu'il  éprouvait  de  la  perte  de  ses  deux 
lils,  et  lui  permit  de  retourner  chez  lui.  Roustem  s'en  alla,  tout 
épuisé  et  accablé  qu'il  fût  par  ses  blessures;  arrivé  au  fleuve,  il  le  tra- 
versa, au  grand  étonnement  d'Isfendivàdh  qui  le  regardait,  admirant 
sa  fermeté.  Ses  officiers  venant  au-devant  de  lui,  le  transportèrent  sur 


36(î  IIISTUIRK   DKS   HUIS   DKS   PERSES. 

L  g  a:^  w->>^-^  :^'wK_c|^  ^^r^J  (^*-'L^l  ^'^  r^'  I-S  ^JjLs».  «UOy*^  <L«oU 


Il  II  char  à  son  palais,  d'où  s'élevèrent  les  cris  et  les  lamentations.  Zàl, 
les  veux  on  larmes  et  l'àme  désolée,  dit  :  «  Que  mon  àme  soit  ta  ran- 
çon, ô  mon  111s!  Qu'est-ce  que  ce  malheur,  ou  plutôt  l'époux  a ntahle 
catastrophe  qui  marrive  à  mon  âge  et  à  la  fm  de  ma  vie!  Voilà  le  lot 
de  celui  qui  n  est  pas  mort  avec  ses  contemporains  !  » 

ZÀL   DEMANDE   SECGUUS  À    SON  OISEAU  'a.NQÂ. 
nncONSTANCES  Qlil  AMÈNENT  LA  MOHT  n'ISEENDIVÂDII. 

Ce  grave  événement  détermina  Zàl  à  avoir  recours  aux  moyens 
artificieux.  Il  brûla  la  plume  de  TAnqà  qu'il  avait  reçue  de  celui-ci 
dans  son  enfance  avec  la  recommandation  de  la  brûler  et  de  faire  des 
fumigations  avec  elle,  quand  il  se  trouverait  dans  quelque  grave  dif- 
ficulté et  s'il  lui  arrivait  un  malheur.  Puis  il  fit  égorger  des  moutons 
et  des  agneaux  et  les  avant  fait  dépouiller,  les  fit  préparer.  L  "Anqà  ne 
larda  pas  à  arriver  comme  une  nuée  tonnante,  descendant  d'une  haute 


HISTOIRE   DKS   UOIS   DES   PERSES.  ;^67 

(^  ^-^xvp-^  Lg->JL^  LûjLft^  «O-.''  <.jjjjî)l  ijj  <jL:^I^  ^Juôbcj  Lg<s-'! 

;;S  <_cL4»J|^  ,:i^jj\  J  c^^^o-^ls  U^*-*^  U-*-*]^  ^:^-»^Xx»  'J  Jo^il  ^ 
t_>U__!>''  ^j« — -> — Jj  ^l — i  U  2p'  •i^;  J-iLs-»vU  iS-»*)  J^^  LgjLwJo  '  g ^  —  «- 
f^-^yJ    '  l-^'*-'^-»-'  ^^T*^)  "^— **'V-*r'  *Li>^I  v-ii-Joti.   ^JLÂw.iX^»   «Ull     .^i5lJ   <_ajLjlJ| 

'ULolJ'    ^^Ji/09    ^w*_>    ;J|\    ^^-^    W  ...  *JU    W  .•".•.  U    J^.^^v3*     -       vàJJoU    V^-^» 

'''    Mss.  xJLui.     -     -'    Mss.  ijàJiJul^.  ■''    M  SyJa.  '     \hiiii|in'  clans  C 


monlagne  dans  le  verger  de  Zàl.  Celui-ci  s'approcha,  se  prosterna  et 
fit  placer  devant  lui  les  arnniaux  préparés  et  l'Anqà  en  mangea.  En- 
suite, Zàl  lui  exposa  en  ])leurant  ce  qui  lui  était  arrivé  et  lui  présenta 
Roustem.  L"Anqâ  regarda  attentivement  ses  blessures,  puis,  posant 
sur  lui  son  bec  et  ses  serres,  il  retira  de  ses  membres  plus  de  vingt 
pointes  de  llèches,  quantité  de  fer  qui,  dit-on,  formait  presque  une 
charge  de  chameau;  il  passa  son  aile  sur  les  plaies  ([ui  se  fermèrent  à 
l'instant  même,  et  les  lécha  avec  sa  langue,  liouslem  se  trouva  com- 
plètement rétabli,  redevint  plus  lorf  qu'aupai-avani  et,  par  la  grâce  et 
la  volonté  de  Dieu,  il  recouvra  la  santé  ])<irraile.  L'Anqà  lit  de  même 
avec  son  cheval  Uakhsch,  retira  de  son  corps  (piantité  de  pointes 
de  flèches,  passa  sur  lui  son  aile  et  le  lécha  avec  sa  langue.  Uakhsch 
fut  entièrement  guéri,  se  secoua,  se  mit  à  hennir  et  fut  plein  de  viva- 
cité et  d'allégresse. 

L"Anqà  qui  avait  été  le  nourricier  de  Zàl  pendant  sept  ans  et  dont 
celui-ci  connaissait  le  langage,  lui  dit  :   «  11  faut   maintenant  que 


308  HISTOIRE   DKS  ROIS  DKS   PKRSKS. 

- — ilv_5   >^«.3   f-^y^    JK  J'y'^  ù^Ksb   ^f~*^  4N>-=^   '^-<S'  ^::-->-**xV;   «iv^l   ^^^-Jv^J 
LLL;^^   <—}  k^Jo^lj   <Jtia_tt3  -^IswaJl   ^   ^^j.,.^a_)Ji   Je   <jJ^    ,-■     SwJl  ^ 

^_JL^I  L_gJ  i^_c'  .y^j  J\j  _,Loo  J.I  <jta.U  -^LjLoJt  <-j  ^^j^j  <.aJ«c 

"'  M  Âjy^..  —    -'   (".  Uy^,  \I  L«L^.  —  !■''  Les  mots  ^jj^t  ^  t_«,t  l^it-^ls  i  ,gj  sont 
écrits,  dans  les  deux  mss. .  après  la  phrase  *  .  1^  ij  ^  ^\  %  U  II  ^_^  (j-»^'*!'  J^  *jJii«.    — 


Iiousteni  monte  sur  mon  dos  :  je  veux  le  porter  vers  une  île  dans 
laquelle  se  trouve  le  tamaris  et  lui  en  montrer  une  branche  qu  il  cou- 
pera et  dont  il  lera  une  llèche;  et,  lorsqu  il  ira  combattre  Isfendiyàdh, 
il  la  lancera  et  l'enverra  dans  son  œil  pour  être  débarrassé  de  lui.  Il 
n'y  a  pas  d'autre  moyen  que  celui-là.  »  Zàl  traduisit  ces  paroles  à 
Roustem  qui  reçut  la  proposition  avec  joie  et  se  disposa  à  partir.  Il 
se  munit  d'un  couteau  plus  tranchant  que  la  mort  et  d'un  eflet  plus 
siàr  que  l'inévitable  destin,  et  monta  sur  l'Anqâ.  L'oiseau,  dont  le 
vol  était  plus  rapide  que  l'éclair,  le  ])orta  à  l'ile,  lui  montra  la  branche 
de  tamaris  que  Roustem  coupa  et  serra  soigneusement,  et  le  ramena 
au  palais  de  Zàl.  (Iclui-ci  lui  avait  ])réparé  des  moutons  écorchés  et 
des  agneaux  rôtis.  Quand  il  fut  descendu  et  eut  déposé  Roustem  à 
terre,  Zâl  se  prosterna  devant  lui  et  lui  présenta  ses  aliments.  L'Anqà 
en  mangea.  II  recommanda  de  chercher  à  concilier  Isfenrlivàdh  et  à 
apaiser  son  ressentituent,  attendu  que  c'était  l'homme  le  ]j1us  glorieux 


HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES.  369 


,   X  »  .^^ .  ;;.  ^     v_^£y^  ^^-A.^=y  -iU-â-J^j  .^"^J  ^y"^  <lwsJU_wl  <j5iL_4v 

*i  ->■  »  '  L-fi A ■»»■'»«  i>->->^  iv^-va  iljj^-iwi-wl  iJul?  f^y>y.^j  ^y>\'y\  J-*-a-J 
<L_>L>o  s—^\  Ji  i^lSvJ  .xJj  •i) ^^^jju^  Jls^  <JiL)ui  t_>w<::Jjj  J-^=^lj 


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rfNXLà.  —  -''  <;  ^^1^. 


(le  son  t('ni[).s  et  le  plus  parfait  héros.  Et  il  ajouta  :  «Enfin,  s'il  ne 
veut  que  le  combat,  eh  bien!  sa  mort  est  clans  celle  llèche  !  »  Il  lit  ses 
adieux  à  Zàl  et  s'envola.  Uouslem  fit  de  la  brandie  d'arbre  une  flèche 
el  V  fixa  une  pointe  de  ier.  11  se  purifia,  pria  el  implora  Dieu,  lui 
denuindani  le  succès  de  son  entreprise.  Puis,  il  mangea  el  pri!  du 
repos. 

Lorsque  Isfendiyàdh  revint  dans  sa  tente,  Beschoûtlien ,  Bahman 
et  les  chefs  d'armée  le  reçurent,  fondant  en  larmes,  accablés  et  dé- 
solés de  la  mort  d'Adharnoûsch  et  de  Mihrnoûsch.  Il  leur  dit  :  «  Con- 
solez-vous et  soumettez-vous  à  la  volonté  de  Dieu,  contre  laquelle  on 
ne  peut  pas  lutter!  »  Après  avoir  donné  l'ordre  de  faire  à  ses  deux  fils 
des  funérailles  comme  on  faisait  pour  des  personnages  de  leur  rang, 
il  se  mita  manger  et  à  boire,  selon  sa  coutume.  11  dit  à  Beschoûtlien: 
«J'ai  mis  Roustem  dans  un  triste  état;  ou  il  mourra  de  ses  blessures, 
ou  il  sera  obligé  de  se  rendre.  » 

Le  lendemain  matin,  Roustem  prit  ses  armes,  monta  sur  llakhsch. 


370  IIISTOIIIK   DKS    UOIS    l)KS    1>KUSES. 

"*■ «_ai:=?_>0    ij^    jIs^    << — *Vt5    ii-Jj    J\*^)S_^    (^    «^■«^sj»    <J»^vl_>    <_>Jol9    «Oj| 

Li\ — ï^«  ^ — «— *-^  "^ — ...— ft-j  ^     v«_sk..i«  ^-jj-*;*-^  *LaJ|  JiÀi  w|vj-^  o'X£  Jo. 
il — ^j  Jj^j-ù.^  J— ^-s]^  ^_5^ii^^-^l  J>1  L  <l  Jlsj  ii:'4(L  tJ^**^  4lU^'^ 


plein  deiili'aiii  et  en  excellonl  état,  et  se  jjorta  vers  la  lente  d'Isfendi- 
yàdh,  qui  dormait  encore.  Il  l'appela  en  criant:  «  Isfendiyàdh,  voici  ton 
adversaire  qui  te  réclame!  Viens  combattre!»  Islendiyàdh  se  réveilla 
à  son  appel,  loul  étonné  de  son  arrivée  si  matinale  et  de  la  force  de  sa 
voix.  Il  se  leva  de  sa  couche,  mais  il  elail  las  et  exténué.  Beschoùlhen 
le  regarda  et  lut  ellrayé  de  son  état  de  faiblesse  et  de  prostration.  Il 
lui  dit  :  «  Écoute-moi,  mon  frère,  et  accepte  mon  conseil;  fais  la  paix 
avec  lioustem  et  ne  reprends  pas  le  combat  avec  lui;  ne  risque  pas 
de  perdre  l'avantage  que  tu  as  remporté  hier  en  le  mettant  hors  de 
combat;  car  je  redoute  pour  toi  l'accident  imprévu  et  ne  suis  pas  ras- 
suré contre  les  fâcheuses  surprises  cjue  réserve  la  Fortune.  Tu  as  été 
frappé  hier  déjà  par  la  mort  de  tes  deux  fils  et  tu  ne  sais  pas  comment 
finira  la  rencontre  d'aujourd'hui.  >'  Isfendiyàdh  dit  :  «J'ai  toujours 
entendu  dire,  ô  mon  frère,  que  Zàl  était  un  habile  magicien,  agis- 
sant par  artifice  en  tout  ce  (ju'il  entreprend,  .le  ne  le  croyais  pas. 
Mais,  à  présent,  il  est  certain  pour  moi  qu  il  pratique  la  sorcellerie, 
quand  je  vois  avec  quelle  promptitude  il  a  rétabli  lioustem  qui  m'avait 


IIISTOIIIE   DKS   UOIS   DKS   l'KUSES.  371 


ou 


J — j^ls^l'  ^^^wg__>   ^*^t  ,^'^Lt  J.  ^j^  _iJ^vx   _sj'  i  j^'  iL,>J.i_«-|  J 


quitlô  liici-  cnhlc  de  Mcssuros  et  si  épuise",  qu'il  uir  paraissait  près 
fie  sa  inoil,  cl  (pii,  dr  i^Maïul  malin,  vieut  pour  combattre  avec  moi, 
iiilacl  et  plein  (I  entrain,  se  pavanant  eu  sou  insolence.  Mais  je  le 
mellrai  aujourd'hui  en  un  tel  état  que  Zàl  ne  pourra  pas  l'en  guérir!  » 
lîeschoûthen  dit  :  «  Ne  te  fie  pas,  ô  mou  frère,  en  ta  force  et  ton  cou- 
rage. Prends  garde  de  la  défaite  résulta  ni  de  l'injustice  et  ue  fais 
pas  la  guerre  à  c|ui  l'offre  la  paix.  Tu  viens  de  voir  d'ailleurs  un 
exemple  de  sa  lermeté,  de  son  énergie,  de  sa  force  et  de  sa  bravoure.  » 
Isfendiyàdli  ne  l'écouta  pas,  car  son  derni«'r  jour  était  venu.  Avant 
demandé  ses  armes  et  son  cheval,  il  s'arma,  monta  et  partit. 

Isfendiyàdh  s'étant  avancé  vers  Iloustem,  celui-ci  lui  dit  :  «Mon- 
seigneur, crains  Dieu  et  n'expose  pas  ta  vie.  Arrache  la  haine  de  ton 
cœur;  ne  fais  pas  acte  d'injustice  contre  moi  et  contre  toi-même;  ne 
préfère  pas  l'infortune  au  bonheur  et  prends  ce  que  je  t'ai  promis  : 
mon  entier  dévouement  et  les  richesses.  »  Isfendiyàdh  répondit  :  «  Si 
je  ne  t'avais  pas  laissé  aller  hier,  tu  ne  recommencerais  pas  aujour- 
d'hui à  me  tenir  ces  vains  discours.  Maintenant  reprends  le  combat 


•M2  IIISTOIIIK   DES  UOIS   |)KS   PF.RSF.S. 

(')  M  11$:*.  —  P)  C  Jlii^li. 


OU  rends-toi!  »  Rousteni  le  supplia  humblement  et  chercha  à  l'adoucir; 
il  n'épargna  rien  pour  le  faire  revenir  de  ses  mauvaises  dispositions, 
pour  le  fléchir  et  pour  calmer  son  irritation.  Isfendivàdh  persista 
dans  son  emportement,  n'en  fut  que  plus  ardent  à  la  lutte  et  fondit 
sur  lui  avec  sa  lance,  lioustem  manœuvra  de  telle  sorte  qu'il  put  le 
repousser,  leva  sa  main  vers  le  ciel  et  s'écria  :  «  Tu  sais,  ô  mon  Dieu, 
que  je  subis  de  sa  part  la  violence,  qu'il  agit  mal  envers  moi  et 
qu'il  exige  de  moi  ce  que  je  ne  puis  faire.  Ne  m'impute»  donc  pas  à 
jx'ché,  ô  Seigneur,  si  je  fais  ce  que  je  peux  pour  me  défendre  contre 
lui  !  »  Il  ajusta  l'entaille  de  la  llèche  de  tamaris  à  la  corde  de  son  arc 
qu'il  banda  de  toute  sa  force,  et  tira.  La  flèche  entra  dans  l'œil  d'Is- 
fendiyàdh  et  pénétra  jusqu'à  la  nuque.  Isfendiyàdh  se  pencha  sur  le 
pommeau  de  sa  selle,  retira  la  flèche  de  son  œil  et  la  tint  dans  sa 
main.  Affaibli  et  épuisé  par  la  perte  du  sang  qui  coulait  abondam- 
ment et  ne  pouvant  plus  se  soutenir,  il  descendit  de  son  cheval  et 
s'étendit  en  appuyant  sa  tète  sur  son  bras. 


IIISTOIKE   DES  ROIS   DES   PERSES.  373 

Jv  »  4 )     v_i'»_;i._)  w^j^i-ls  <-v>^  UaLJL*v    .^~~^-~j  ^-iJ'   -  ■^  '> 

'^— j>« ^i3   J^y   ~^^— ?^   '~-'^^^^— :?'    ((>—**'>    J^^y-'î   "^V^_î   ^<ï"^^V}   ^'^Y-*-'  4-£>^v-a.xi 


jUçvJI    ^vj^V-^   — .LA-^vaJj  ^j-0_xjj  eulviOl  ^jJJJa^j  eiiU-oLJ!  ^^l>s^»»_> 
1^1     '\l    X—S-\  f wv   L   J^î   *^— «*'n   ->^A£   JolÏ.   "^aJi    jJvJiJO 


(')   M;iii(|Uc'  (l;iiis  C.  —  '-'   MaïKjui'  diiiis  M. 


Bahman,  voyant  son  perc  par  terre,  couché  sur  le  côté,  eu  in- 
forma Besclioùllien  et,  ensemble,  ils  accoururent  au  lieu  on  il  était 
t()n)l)e;  ils  mirent  ])iefl  à  terre,  pleurèrent  et  furent  désolés,  lloustem, 
lui  aussi,  descendit  de  clieval,  (il  retentir  fair  de  ses  sanglots  et  dé- 
chira ses  vêtements  et  sa  cuirasse.  Arrivèrent  ensuite  Zàl  et  Zebàreh ,  les 
chefs  d'armée  du  Nimroûz  et  les  Iraniens.  Tous  versaient  des  larmes, 
poussaient  des  soupirs  et  des  cris  et  déchiraient  leurs  vêtements.  Ils 
entourèrent  Isfendiyàdh,  lui  arrangèrent  un  lit  et  le  couchèrent.  Il 
demanda  de  l'eau  et,  après  avoir  bu,  il  dit  :  «  Appelez-moi  Roustem.  » 
Olui-ci  s'approcha  et  s'assit  près  de  sa  tète.  Isfendivàdh  lui  dit  : 
«Sache,  ô  Roustem,  que  celui  qui  m'a  tué,  ce  n'est  pas  toi,  mais 
mon  père  Bischstàsf;  c'est  lui  qui  m'a  fait  périr  par  ta  main.  Que 
Dieu  le  punisse!  Or  donc,  le  destin  avant  accompli  son  œuvre,  je  te 
confie  et  remets  à  ta  garde  mon  fils  Bahman,  y>out  que  tu  l'instruises 
des  talents  que  tu  possèdes  toi-même  et  que  tu  lui  enseignes  ce  que 
Dieu  t'a  enseigné;  car  Djàmàsf  (que  Dieu  anéantisse  sa  mémoire!) 


T'i  IIISTOIIIK   l)i:S   UOIS    DKS    l'KUSKS. 


. 1,    't    ■Ov- ,2,, ï,   4 iLJi_A.— v^«   '^wSJ'>-g-'«   "C^'s-^sl   ^_i      ^..LawM'  ^St^  ^->^-^ 

o  à  X  -^^  ^\  J_5  ^'  L  4'  jLaJ  jri^-^  ^  -ilJsJjL^]  Js-ol  l2  <_Oi 


lui  a  adjuge  rcmpirc  de  1  Inuischalir.  "  Roustcni  répondit  :  «  Tu  seras 
])onctueiiemenl  obéi.  Je  me  charge  de  Ion  fils  que  tu  viens  de  me 
confier  et  m'en<raj^e  à  le  traiter  comme  j'ai  traité  Sivàwouscli,  de 
[)onr\oir  larj^ement  à  ses  besoins,  de  le  former,  d'en  avoir  soin  et  de 
l'élever  pour  la  position  (pie  lu  viens  de  dire.  »  Isfendiyàdli,  ensuite, 
s'adressant  à  Besclioûtbeji,  lui  dit  :  «  Dis  à  mon  père  :  "  Garde  main- 
«  tenant  ton  empire,  après  t'ètre  débarrassé  de  moi  et  avoir  foulé  mon 
1  sang!  »  Salue  aussi  ma  mère  et  dis-lui  :  "  Je  viens  de  cueillir  le  fruit 
«  de  la  résistance  que  j'ai  opposée  à  tes  conseils  et  de  mon  indocilité 
«envers  toi;  pardonne-moi  de  t'avoir  désobéi  et  espère  la  meilleure 
«des  réconqxMises  dans  la  plus  parfaite  résignation.  »  Après  ces  pa- 
roles, Isfendiyàdh  ne  tarda  pas  à  expirer.  L'air  rclcntil  des  cris  des 
deux  armées  qui  |)leuraienl  et  gémissaient. 

Zàl,  en  proie  au  [)lus  ])rolond  cliagrin,  dit  à  Roustem  :  «  En  vérité, 
mon  fils,  je  pleure  sur  toi  comme  je  pleure  sur  Isfendiyàdh;  car  j'ai 
entendu  dire  que  celui  qui  l'aura  tué  ne  lui  survivra  pas  longtemps.  » 
Iioustem  répliqua  :  «Ne  sais-tu  pas,  ô  mon  père,  que  la  mort  avec 


HISTOIRE   DES   UOIS   DES   PERSES.  'M5 

"\ls   iJa__aJ_£     .\»-A    ,i*l    L    i> "-v    J> S— 5   ^^X_)  ^Jr.   LiJOS:»   i__>'j^     .v»_Kj  ^1 

^Ll'  |*j-tvj  c^->*vj]^  *L^|^  Jv^J|^   (*^1j 
(')  C  àXs:.  —  M  C  Jui  JJii.  -    (^)  Ma.uiu.-  dans  M.  —  (')  M  J^  ^X\. 


riioMiicur  est  préférable  à  la  vie  avec  la  lioiilc?»  /ehàrcli,  à  son  tour, 
s'adressant  à  Uouslcin,  lui  dit  :  «Tu  as  eu  tort,  ù  mon  Irèrc,  d'ac- 
cepter de  son  père  la  charge  d'élever  Bahman;  c'est  le  lionceau  d'un 
lion  dont  tu  as  versé  le  sang  et  je  crains  bien  que  c'est  par  lui  (pic 
périra  notre  famille.  »  Roustem  répondit  :  «  Ne  te  tourmente  pas,  mon 
frère.  On  ne  peut  lutter  contre  ce  que  réserve  l'avenir;  le  destin  est 
le  plus  fort,  l'arrêt  de  Dieu  est  immuable;  il  est  inutile  de  se  préoc- 
cuper. Dieu  nous  a  toujours  été  lavorable!  » 

ÉVÉNEMENTS  QUI  SLIVIRENT  LA  MOUT  D'ISFENDIYÀDH 
JUSQU'À  L'AVÈNEMENT  DE   BAHMAN. 

Les  funérailles  d'Isfendiyàdh  ayant  été  célébrées  et  son  cercueil 
porté  à  la  résidence  de  Bischtàsf,  tout  l'Irànschahr  fut  mis  en  commo- 
tion par  les  pleurs,  les  gémissements  et  les  lamentations.  Cette  mort 
fut  pour  les  grands  et  le  peuple,  les  hommes  et  les  femmes  une 


370  insrOIRK   DKS   nOIS    DKS   l'ERSES. 

j>Js ^^  ('\:^'~^N_ïfc.l   i^_»*sJi.  ^^  ,^_5»ia-il   «OJLtvj   «LiLLiL   <JC_Ai_5  j^_j_u/L*»^ 

!î^-A_?-    (2)U^L_«    ^^^-^^      T'T-^J     J-*-"-'    "^-^W    Ji-***-^-^     <J>^rH'S.     J.I    Jr^J 

.> — i'î--»    ^\  >    <_i-Aji^    "i-i^iij    <_«^ÀÀj   <.xiJ^ji*.«    <JLÂ-«i.    l>-<yO    *lja£    «iUaxU 


immense  calamité,  et  on  se  réunissait  selon  l'usage  dans  les  assem- 
blées de  deuil.  Quant  à  Bischtàsi,  lorsque  Beschoûthen  lui  fit  le  récit 
de  la  mort  d'islendiyàdli  et  qu'il  lui  conimuuicjua  sou  message,  il 
conçut  un  violent  repentir  qui  1  accablait  d'angoisse,  lui  faisait  verser 
beaucoup  de  larmes  et  assombrissait  sa  vie. 

Roustem  se  dévoua  au  service  de  Baliman  et,  fidèle  aux  recom- 
mandations de  son  père,  s'appliqua  à  pourvoir  largement  à  ses  besoins, 
à  le  traiter  avec  de  «grands  égards,  à  faire  son  éducation  et  à  le  former. 
11  adressa  à  Bischtàsf  une  lettre  lui  j^résentant  ses  consolations,  dé- 
montrant d'une  manière  évidente  son  innocence  et  in  vot[iuuit,  pour  cor- 
roborer son  exposé  des  faits,  le  témoignage  de  Bescboûtlien.  Bischtàsf 
accueillit  son  apologie  et  se  représenta  la  situation  dans  laquelle  il 
s'était  trouvé.  11  lui  manda  de  renvoyer  Bahman  à  sa  cour,  pour  qu'il 
pût  se  consoler  par  lui.  Roustem  mit  Bahniau  en  route  avec  un  magni- 
fique équipage  et  le  combla  de  cadeaux.  Il  l'accompagna,  lui  faisant 
cortège  lui-même  avec  les  membres  de  sa  famille  et  son  armée,  et 
le  renvoya  à  son  grand-père  parfaitement  heureux  de  sa  fortune. 
Bischtàsf  fut  charmé  de  sa  beauté  et  de  sa  sagesse,  heureux  devoir  qu'il 
avait  acquis  les  talents  de  Roustem  et  qu'il  s'était  approprié  ses  qualités. 


lirSTOIRK   DES   KOIS   DKS   PERSKS.  377 

^—V"»    "^ *^-?  41]'    "Lsà-S  JoLJ.    43>«J.>o   |^j-«  c:,-^»^!.^    <Owtv    ^»w^Lx<    <CjU   Jot_> 


^„  i 


^  ^  *  ^ 


Lorsque  l'extrême  vieillesse  eut  conduit  Bischtàsi  à  la  fin  de  ses 
jours  et  à  la  coupe  fatale,  il  remit  le  pouvoir,  le  trône  et  la  couronne 
à  Baliman,  après  avoir  régné  cent  vingt  ans,  et  il  subit  le  décret  de 
Dieu.  Basschàr  ibn  Bord,  entre  plusieurs  autres,  a  lin-  une  compa- 
raison de  la  personne  de  Tiischtàsf  dans  ces  vers  : 

Allons,  donne-nous  à  boire,  car  le  jeune  lioniine  n'est  pas  fomié  de  pierre;  mais 
les  pierres  et  les  tombeaux  l'attendent. 

Arrose  mon  àme;  car  le  Temps  plein  d'enseignements  a  lait  disparaître  Qobâdli 
et  a  ébranlé  l'empire  de  Biscbtàsf. 

RÈGNE  DK    HAIIMXN,    IMI.S  n'ISl-ENDIVÀDH. 

Après  avoir  procédé  aux  funérailles  de  son  grand-père  et  accompli 
la  cérémonie  de  son  deuil,  Bahman  s'assit  sur  le  trône,  se  ceignit 
de  la  couronne  et  donna  audience  aux  grands  et  au  peuple;  il  leur 

48 


;i78  IIISTOIUK    DKS   UOIS   DES   PRRSES. 


adressa  un  très  beau  discours  en  leur  prodij^-uant  les  meilleures  pro- 
messes. Possédant  à  un  degré  éminenl  le  rellet  de  la  majesté  divine, 
doué  d'une  intelligence  supérieure  et  des  plus  grandes  capacités,  s'ap- 
pliquant  à  procurer  aux  hommes  la  sécurité  de  la  justice,  Bahman 
consolida  l'État  et  affermit  la  religion.  H  était  à  la  fois  craint  et  aimé 
de  ses  sujets,  il  fit  de  nombreuses  campagnes  et  s'occupa  à  rendre  le 
pays  florissant.  Ibn  Khordàdlibeh  rapporte  qu'un  autre  nom  de  Bali- 
mcfn  était  Kaï  Ardaschîr  et  que  les  lettres  que  l'on  adressait  aux  pro- 
vinces portaient  cette  formule  :  «  De  la  part  de  Kaï  Ardaschîr  le  ser- 
viteur de  Dieu,  gouverneur  des  serviteurs  de  Dieu.  «  Il  fonfhi  la  ville 
de  Bahman  Ardaschîr  qui  est  Obollah. 

Parmi  les  adages  de  Bahman,  devenus  proverbes,  se  trouvent  ceux- 
ci  :  "  C'est  par  les  mérites  personnels  que  s'élèvent  les  hommes.  — 
La  reconnaissance  l'emporte  sur  le  bienfait;  car  celle-là  demeure, 
celui-ci  s'efface.  —  Mettre  à  fépreuve  fhomme  qui  déjà  a  été  éprouvé, 
c'est  perdre  son  temps.  » 


IIISTOIKK   DKS  ROIS   DKS   PKUSKS.  379 

>»^  CH  -^îj)  o^  f^^^j  J»-*-*-< 

^^'    ^_«k   ^>-.^-^   "-^l^J   "^yS»^J  J'vs*~=*-j'y   '<--'-à-'  c:i«J^:*..    e^^yJ  JJ>-^   ^-^^l 
O  C  y*.  —  M   C,  innn<|Ufi.l  Lua.  H  Js!/iJl5'.  —  "'  M  *«^. 


MKI  UTI\I.  ni:   KOI  STEM,   Fil. S  DE  ZAL,   lll.S  DE   SAM. 

Il  clail  ne  à  Zàl,  vers  la  lin  de  sa  vie,  un  (ils  ([u  il  avail  iioiiune 
Scliai^liàï.  Les  astrologues  lui  ayant  annoncé  que  llioroscope  de  cet 
entant  indiquait  qu'il  serait  fatal  à  sa  famille,  Zàl  l'éloigna  en  dou- 
ceur, le  relégua  dans  le  Kaboul  et  demanda  et  obtint  pour  lui  en 
mariage  la  fille  du  roi  de  ce  pays.  Schaghàï  demeura  donc  un  certain 
temps  auprès  de  son  beau-père,  comme  associé  à  son  pouvoir  et 
{■oninie  son  assistant.  Or,  le  roi  de  Kaboul  était  tenu  de  paver  un  tribut 
annuel  à  Doustem.  Scbaghàï  avait  espéré  que  ce  dernier,  par  égard 
pour  sa  personne  et  afin  de  l'honorer  auprès  de  sa  famille,  lui  aban- 
donnerait cette  redevance  et  ne  l'exigerait  pas  de  lui;  mais  Roustem 
n'en  fit  rien.  Alors  la  jalousie  et  la  haine  envahirent  peu  à  peu  le  cœur 
de  Schaghàï,  de  sorte  qu'il  devint  un  mortel  ennemi  de  Roustem  et 
qu'il  songea  aux  inovens  de  l'assassiner  traîtreusement. 

18. 


380  IIISÏOIRP:    DKS   ROIS    DES   l'KRSES. 

(^  "^^ — ^^-c  ,_o_:^,  .»j_g-\^  LfL^I  Ij>^.  ('>"**'5  •^'>^U  J'3  »*yl  r*''^'^?    .nLa  ...^ 

JLJij   ^:i/-9^l   -«Ss-s».   ^  jlai^  jjS.w**oJ|    pViV-^    J,|   <jt>9    -^'>^^^*-l    L<   c))j"^' 

«.ijCi-*-»*'    i^>^    w«j|    (_^    U  «L^io»    i>-«'\    *     «r^^    "^r-S"^^    ï""^^^!?    t^^"*-**'    ^— «>->^-Â-i> 


'')  Mss.  joIX,.  —  I-'  Mss.  l<ywj;,  (^  uU,.i^:J!. 


Schaghài,  ayant  résolu  de  concert  avec  son  beau-père  d'attirer 
lioiistem  sous  un  prétexte  au  Kaboul  et  de  chercher  à  le  faire  périr, 
partit  pour  le  Sedjestàn,  présenta  ses  hommages  à  son  père  Zàl  et  à 
son  frère  Roustem  et  se  plaignit  à  eux  de  son  beau-père,  rapportant 
de  lui  des  propos  si  blessants  et  si  injurieux  concernant  Roustem,  c[ue 
celui-ci  fut  amené  à  se  rendre  au  Kaboul  et  à  le  châtier.  Il  dit  :  «  Je 
vais  venir  au  Kaboul  comme  à  une  partie  de  chasse,  ne  considérant 
pas  ton  beau-père  assez  important  pour  croire  nécessaire  de  déranger 
pour  lui  l'armée;  je  veux  agir  selon  les  circonstances,  le  punir  ou  lui 
pardonner.  »  Et  lorsque  Roustem  se  mit  en  route  avec  un  petit  nombre 
de  ses  compagnons,  Schaghâï  le  précéda  et  annonça  son  arrivée  à 
son  beau-pere.  Ils  délibérèrent  et  finirent  par  décider  de  creuser, 
dans  le  bocaee,  sur  le  chemin  de  Roustem,  un  irrand  nombre  de 
fossés  qu'ils  garniraient  de  lames  tranchantes  et  de  ])iques  très  poin- 
tues et  de  les  recouvrir,  pour  que  le  sol  s'enfonçât  avec  Roustem 


HISTOIRE   DKS   ROIS   DKS  PERSES.  .581 

«LjJs^  jr-*-^  S->|r^'  J  '''AH^  '^'  '■^^   '^U»'  UjU^  ^'^I  «Ows»-'^-*^! 

«( )L_fl_i     5  >>w-Â.^NjaJi^    Li-ifiLiÈ   4.!   i_JviL5   <.,^à-A-)L)|  ,_i,I  Os-)L*vj  «_^n-5  t_jâ3sJlj 

U    i^-*vj    jLiLJ   ^LtkJl    uiijOo  ^vl   ^1  4   \iiy«   ia.^i-^   J-^   <-^~i!^\j    ^Jr^ 

JLJ  ioâ—itJL  <_*— I— S-J  ^_^»  v-à^  J-  t -C  ^-^Ij  ^_/*-=^j   ^j*"-^^    si  Vi*l'  jy^l 


et  ses  compagnons  cl  avec  Iciiis  nionluics  et  (ju  ils  lussent  précipités 
dans  ces  fossés.  Et  ils  exécutèrent  ce  plan. 

Lorsque  Roustem,  accompagné  de  Zebàreh  et  d'un  petit  nombre 
de  valets  de  chasse  s'approcha,  le  roi  de  Kàhoul  alla  à  sa  rencontre 
nu-pieds  et  nu-têle,  se  prosterna  et  se  roula  dans  la  poussière  devant 
lui,  et  lui  présenta  ses  excuses  des  propos  f[u'il  avait  tenus  dans 
l'ivresse.  Uoustem  lui  pardonna  et  lui  dit  de  remonter  à  cheval.  Le 
roi  s'étant  remis  en  selle  et  ayant  conduit  Uoustem  au  bocage,  lui 
dit  :  «  U  y  a  ici  un  parc  de  chasse  extrêmement  agréable.  Monseigneur 
est-il  disposé  à  s'y  mettre  à  l'œuvre  tout  de  suite,  jusqu'à  l'heure  chi 
repas?  —  J'en  ai  bien  envie,  répondit  Roustem.  »  U  se  dirigea  donc 
vers  ce  parc  de  chasse  et  entra  dans  le  bocage.  Lorsqu'il  arriva  aux 
fossés  recouverts,  Rahhsch,  percevant  du  danger,  commença  à  se  jeter 
de  côté  et  à  faire  des  sauts.  Roustem  ayant  cinglé  sa  tète  avec  le  fouet, 
le  cheval  ne  résista  pas  davantage,  s'avança  et  fut  précipité  dans  le 
fossé  avec  Roustem.  Ils  tombèrent  sur  les  lames  et  les  piques  dont  il 
était  garni  et  furent  atteints  par  de  graves  et  cruelles  blessures  qui  les 


,^8:2  IIISrOIRK    DKS   KOI  S    DKS   PKHSES. 

^^..uU   :>  ^50ai>l  ^!  L  4t  jLiL^  jLil  ^;^J  jj^l^  ^.Ll^  ^clp5  <J| 

>— t  L_g_x_5i|  ^J—Jtij  ^u>s-^x  cu^^o'  »|  ^-^JoL^io  ^.^  LgjL>^àJ»  <3^^  T^y^ 
<_jL_:i^_^  (f>-*^)  .iUji  iXvj  "^^i  *^^  L<  ^^uL^i  JœJJ  <j>^  J^'S*  t_SV"-ÀJ 
rs »v>    ^^ii-J   vJCÂ^   jaJLw»    «^>-^w^^    _Uv^a_?  'LÀJaj   ,^j«   ^::„.,^s.^.    .>s  g  Là   v;:^O.^i 


paralysèrent  et  les  firent  succomber.  Ze]:)àreh  et  les  valets  de  chasse 
que  les  fossés  avaient  engloutis  également,  se  trouvèrent  dans  la  même 
situation. 

Iioustem,  par  son  énergie  et  par  ce  qui  lui  restait  de  vie,  pendant 
que  son  sang  coulait  et  que  les  envoyés  de  l'ange  de  la  mort  allaient  et 
venaient  auprès  de  lui,  chercha  le  moyen  de  sortir  du  fossé  et  de  re- 
monter. Voyant  Schaghàï  qui  se  tenait  à  proximité  pour  observer  ce  qui 
adviendrait,  il  lui  dit  :  «  Mon  frère,  tu  as  amené  ta  perte  et  la  mienne.  » 
Schaghàï  répondit:  "  Jusques  à  quand  tuerais-tu  les  hommes.^  N'est-il 
pas  temps  que  tu  sois  tué? —  Tu  as  raison,  dit  Uoustem,  te  voilà  dé- 
livré de  moi  et  ma  fin  est  proche.  Mais  préserve-moi  des  bêtes  fauves 
en  fixant  la  corde  à  mon  arc  et  en  le  posant  près  de  moi  avec  deux  ou 
trois  flèches;  peut-être  pourrai-je  me  défendre  contre  leurs  atteintes 
avant  de  mourir.  «  Schaghàï  fit  ce  qu'il  lui  demanda  et  s'en  alla.  Alors 
Iioustem  lui  lança  une  flèche  qui  entra  dans  son  dos  et  sortit  par  le 
vpntre;  il  poussa  un  cri  et  tomba  mort.  Roustem  s'écria  :  «Loué  soit 


mS'lOlKK   DES  ROIS   DES   PERSES.  ;^8;i 

^>LjL.*-_âr  J,|  iji-jj  £-^j  Jj--><i  J-âJ*  «CLJi^.  <.;J5^^v^''  ^  J-^j 

("   M  oJlxï.  —  W    M  *i«Lï.  —         M;.n<iur  (h.ns  C. 


Dieu  ([ui  a  iail  |)(Mir  mon  iiifurtricr  par  ma  main  el  m'a  ])ormis  de 
pouvoir  me  venger  avant  d'expirer!  »  Puis  il  entra  en  agonie,  tondra 
comme  une  puissante  montagne  et  s'éteignit.  Le  roi  de  Kaboul, 
lorsqu'il  vit  en  arrivant  son  gendre  mort  et  Roustem  expirant,  fut 
terrifié.  Il  fit  porter  Schaghàï  chez  sa  femme  et  fit  garder  le  corps  de 
Roustem  jusqu'à  ce  qu'il  eût  rejoint  son  frère  dans  la  mort. 

Un  seul  valet  avait  échappé  à  cette  catastroplie.  Il  courut  rapide- 
ment en  porter  la  nouvelle  au  Sedjestàn  et  raconta  comment  cette 
haute  montagne  avait  disparu,  comment  cette  lune  brillante  avait 
cessé  de  luire.  Zàl  en  perdit  l'esprit  et  Faràmorz  fut  consterné.  L'air 
retentit  des  lamentations  qui  s'élevaient  de  leurs  palais  et  de  tout  le 
Nîmroûz.  Faràmorz  se  rendit  incontinent  avec  ses  compagnons  à  l'en- 
droit où  avaient  péri  son  père  et  son  oncle.  Il  retira  Rakhsch  du  fossé, 
l'ensevelit  et  l'enterra,  et  transporta  les  cercueils  de  Roustem  et  de 
Zebàreh  au  Sedjestàn.  Le  ciel  faillit  vaciller  et  la  terre  se  soulever. 
On  se  réunissait  en  assemblées  de  deuil  et  on  se  livrait  à  d'intermi- 


38/1  HISTOIRE  DES   l\()IS   DKS   PERSES. 

owi^jt-/*  U  ,Jj— â_)  J-  t>^  t^>LsiV^'  ij^  1^^  f*7'H^  •ïj-i-*^  J^  '"(^  (jl) 

^I    -■     0    ^    -^     ^jJl.    ^♦-XJ    iJLii    s  <_>    U-Ajti    L<»    |?^r*^5|J    '■^^-**'    U'J'^JI    ^J    *;J>i 
")L_g J   ■>    g  >  »    Lg>vS<"   L^''^'"'^'^   '-^   Lii^y-ë'-'*']^   •^:^y-ï    j^^^    ULxJo   ^^.«io   N 

^b"  ^ «_*_**/'  ooLj   .^L3  Lllvj  JoLÀj  13  Ig B ^j  ijA.***^  U  JjUj  ^  L^jL^ 

(')  Mss.  ^^.   -  W  M  '^-^^  »j  .--^  ■  —  '■    M  ^^jUI.  ~  *■"  Mss.  ,.-.  Il    t   j.  — 
W   C,  manque  *j;  M  a.  bldi  Le.  -    "■'>   M  L^^  l^ . 


nablcs  com])laintes.  Zàl,  las  de  sa  longue  vie  et  la  prenant  en  dégoût, 
accablé  con)ine  il  Tétait  par  les  malheurs,  disait  comme  s'exprime  le 
poète  : 

Les  enfants  de  ce  monde,  quel  bien  en  peu\eiit-ils  e.sjjérei-,  puistju'il  ne  cesse  de 
tacr  ses  enfants  ■* 

Qui  vit  longtemps  est  affligé  par  la  perte  de  ceux  qui  lui  sont  chers;  celui  qui 
meurt,  le  malheur  est  pour  lui  seul. 

Lorsque  le  chagrin  de  Roûdhàbad,  la  mère  de  lloustem,  lut  devenu 
absolument  intolérable,  elle  dit  à  Zàl  :  "  Y  a-t-il  dans  le  monde  une 
doideur  plus  cruelle  que  celle  dont  nous  sommes  affligés?  —  Oui, 
répondit  Zàl,  la  faim!"  Alors  Roûdhàbad  jura  qu'elle  ne  prendrait 
plus  aucune  nourriture,  afin  de  mourir.  Elle  ne  manqua  pas  de  tenir 
son  .serment  et  refusa  d'écouter  .ses  e.sclaves  rjui  la  pressaient  de  manger 
pour  soutenir  le  peu  de  vie  qui  lui  restait.  Après  une  semaine,  elle 
fut  en  proie  à  la  folie  de  la  faim  ;  elle  entra  dans  la  cuisine  et  mit  la 
main  sur  une  marmite  hors  d'usage.  Il  s'y  trouva  par  hasard  le  cadavre 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES.  385 

AilLJJ      "i^   »    '  ~^lL>oj  .j*L*4»->  ,^^--<*j  «VjLj-^  *^3"^  '^U-^l  ^j§-^a.*  «"U    .ivJNwt*<x. 

J'i^Jl  ît»<  JoLOi^j  <jLjL»_y  JoïJL^ls  iLj^^oLtvl   > jli"  tjic  •>j'>^ 
dans  C. 


(l'un  serpent  noir.  Elle  le  prit  et  le  porta  vite  à  sa  bouche.  Les  esclaves 
l'avant  rejointe  le  lui  arrachèrent;  elles  lui  donnèrent  à  manger,  et  la 
nourriture  calma  son  esprit  trouMé  et  ramena  sa  raison.  Alors  elle 
dit  :  «  Zàl,  certes,  avait  raison  (piand  il  disait  (pic  la  faim  est  ce  qu'il 
Y  a  de  plus  terrible,  n 

Ensuite,  Faràmorz  se  rendit  avec  son  armée  au  Kaboul  pour  venger- 
la  mort  de  son  père.  Il  livra  bataille  au  roi,  le  tua,  extermina  ses 
troupes,  s'empara  de  ses  biens,  détruisit  ses  palais  et  emmena  ses 
lemnies  captives.  Après  avoir  établi  un  de  ses  chefs  d'armée  roi  du 
kàboul,  en  lui  imposant  l'obligation  de  payer  tribut,  il  retourna  dans 
le  Sedjestàn.  Sachant  que  le  roi  Bahman  ne  manquerait  pas  de  l'atta- 
([uer  pour  venger  la  mort  d'isfendiyàdh,  il  fit  ses  préparatifs  pour 
résister  et  s'occupa  à  enrôler  des  troupes. 


49 


380  IIISrOlUK    DI'.S   IU)IS    DKS    PKUSKS. 

Js 9  Jls  J^ >y — i  -^IL_/*  \.—«^j-S  J-*-'j  |(S-*^^  J"-*-'  vN^  ^^ï-^'^-V  J^-^^'  '-^ 

^5_JJ|  51^  ^.X-A.AJi-'»  "^-«^^-S^    .v-^^  r^''  ^_jl  Vi  tX  «<.j1|    Çj-^-i  c5>'^];  JL^jH 
(.js—i  ^^y.-^L^  ^^^■--^ij'j^  ^_à_AjïJ)  ^Ji^<s>'  tj  ^'-*-**J-j[)  o^  jjr^W-^  J^J  "^ 

M  aJIî-Ij.  —    -    MaïKiup  (lansC.  —  '^i   M  J^i^j. 


BAHMAN   SE  REND  DANS  LE   SEDJESTAN, 
Tt  K   K\r,  \M()I',/.   KT  EMP(^nTE   LES   P.ICIIESSES   DE  HOl  STEM   ET  DE  ZÀE. 

Bahman,  en  apprenant  que  Rousteni  avait  été  lue  et  que  Faràmorz 
avait  tué  le  roi  du  Kaboul,  dit  :  «  Schafi;-hàï,  en  tuant  Roustem,  m'a 
devancé.  Mais  il  faut  que  je  tue  Faràmorz  pour  Islendiyàdh,  comme 
il  a  tué  le  roi  du  Kàhoul  ])our  son  père.  «  Il  se  mit  en  marche  avec 
son  armée  vers  le  Sedjestàn  et  élahlil  son  camp  au  bord  du  Ilinmand. 
Faràmorz  se  trouvait  alors  dans  le  Zàboulislàn,  pour  appeler  le  peuple 
aux  armes.  Zâl  se  transporta  à  la  tente  de  Bahman,  se  prosterna  devant 
lui  et  fit  les  suprêmes  efforts,  supplia  et  se  justifia,  rappela  les  titres 
qui  le  rendaient  inviolable,  promit  des  richesses  et  chercha  à  exciter 
sa  pitié  en  versant  d'abondantes  larmes.  Bahman,  tout  en  lui  témoi- 
gnant de  la  sympathie,  donna  l'ordre  de  l'emprisonner  el  de  lui 
mettre  des  chaînes. 

Faràmorz  approcha  avec  une  puissante  armée  du  Zàboulislàn. 
11  attaqua  Bahman  et  la  bataille  dura  trois  jouis  sans  disronlinuer, 


IIISTOIRF.   DES   ROIS   DES   PERSES.  ;i87 

,jf=>^-^    (_jLjU|^    ^.Sva   «LL   ^J^J   <:^y^j    <.aJo'-JU    <Jy^l   ^   ci^iSsi 

^l g    <■>    )L    ^ a — w\  «    <LAji_^ia_>     A-^-r»    >--«*    "\?r'^'î    '*>^J~'^Î    ^-v'j-:?^' 

^i-ifij  L^-û     LifcL:^»    <-i^^  <jU   ;o._4*  ÏJ^^   ^  Ljêol^  ,^^1  l^x  ♦-i^ 
M  t.J^.j.  —  '-'    Mss.  *JXlÛt,.     -     '     Manqii.' (I;uis  M. 


fie  sorte  que,  des  deux  côtés,  il  v  eut  un  grand  nombre  de  morts,  de 
blessés  et  de  prisonniers.  Le  quatrième  jour,  le  soleil  commençant  à 
décliner,  il  s'éleva  un  vent  violent  qui  soufflait  contre  les  troupes  du 
Sedjestàn  et  du  Zàboulistàn  et  faisait  voler  à  leurs  visages  du  gravier 
et  du  sable.  Bahman  excita  ses  soldats  au  combat,  en  s'écriant  :  «Le 
secours  vous  vient  du  ciel!»  Ils  cbargèrenl  et  firent  de  vigoureux 
elïorts  pour  rompre  les  rangs  de  l'ennemi  et  abreuver  leurs  sabres  de 
sang.  Les  troupes  du  Sedjestàn  et  du  Zàboulistàn  furent  mises  en 
déroute.  Faràmorz,  avec  sa  suite,  continua  à  combattre  et  à  faire  face 
à  l'ennemi  jusqu'à  ce  qu'il  fût  entouré  par  les  Iraniens  qui  le  jetèrent 
bas  et  le  firent  prisonnier.  Baliman  donna  l'ordre  de  le  mettre  en 
croix  et  de  tirer  sur  lui  des  flèches,  de  sorte  que  sa  chair,  ses  os  et 
son  cerveau  tombèrent  par  morceaux.  Piiis  il  saisit  les  biens  de  Zàl 
et  de  Roustem  et  les  trésors  amassés  par  eux  pendant  sept  cents  ans,  et 
en  prit  possession. 

Bahman  voulait  aussi  mettre  à  mort  Zàl,  mais  Beschoûthen  lui  fit 

49. 


388  HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES. 

1  JK  4 — «^ — à^  ^wJisXj»,  <_o    .^-^^'  ^K    >■*"->  «C^^tS^  i3^7^  <i  .•:-.i  .-^  »w  . 

. — bi,  4'U  ^j-«  <Ok_«^  __^>_c  4'  _Ljj[|^  4L0)  J.I  ^isy  jpx»L  <c^  Là-o 


des  représentations,  lui  rappela  que  Zàl  avait  des  droits  à  sa  recon- 
naissance, qu'il  lui  était  sacré  et  qu'il  était  absolument  innocent;  et  il 
ajouta  :  «Tu  viens  de  tuer  Faràmorz  et,  par  lui,  obtenir  une  ven- 
geance complète.  Pourquoi  tuer  ce  vieillard  si  avancé  en  âge,  dont  la 
vie  touche  à  sa  fin  et  dont  il  ne  reste  plus  qu'un  vestige  et  un  souille?  » 
Ce  langage  répondait  au  sentiment  d'estime  que  Bahman,  lui  aussi, 
avait  pour  Zàl,  dont  il  se  rappela  les  actes  de  dévouement.  Il  lui  fit 
grâce,  donna  l'ordre  de  le  ramener  dans  sa  demeure  et  de  lui  aban- 
flonner  une  faible  partie  de  sa  fortune.  Masoûdi  de  Merw,  dans  ses 
Moa-dawidja  persanes,  dit  qu'il  le  tua  et  qu'il  n'épargna  aucun 
membre  de  sa  famille. 

GOLVERiNEMExNT   DE  BAHMAN 
APRÈS  SA  CAMPAGNE  DL    SEDJESTAN   ET  JUSQU'À  SA   MORT. 

Lorsque  Bahman  eut  satisfait  sa  vengeance  sur  les  gens  du  Sedjes- 
tàn  et  qu'il  se  fut  emparé  de  richesses  dépassant  tout  ce  que  Ton  pou- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   l'ERSES.  389 

i_)L«-^|  JJi^  <r->'»;r^l  -::1Uj  4-A^jpJl  x-L  .j^ji.  c_»-jlII  Lc^  eusljLfïJl  ^j-« 
^^<_£wJ  "Ool  4'  t::^Ji^  «OJ  :>.x_ixJj  <ji..v-ii_)  t_>js^  ^•«.iijj   ^:i  '^J^J 

<-âJj   L  g  1    t>    i^^iL:».  o>^l   ^5«-^-?-  ^^vSO^    <-<sl-£   .Li^-J-»-'  ^   ""^'1  UOvxJt 
'''   \Ian(|iR'  dans  C.  -'    M  Aj,aj  J^. 


vait  allfiidic  cl  plus  nombreuses  que  les  grains  de  sable,  il  retourna 
dans  sa  résidence.  Il  aciieva  les  villes  qu'il  avait  Fondées  et  les  con- 
structions qu'il  avait  commencées.  Il  fit  une  exjx'dition  en  Occident 
jusqu'à  lioùmiya;  il  l'ut  maître  du  peuple  et  assujettit  ceux  qui  résis- 
taient. U  rallermit  la  relif^non  de  Zardouscht,  la  releva  et  la  mit  en 
ii^rand  lionneur,  et  s'appliqua  à  la  propager. 

Bahman  avait  une  fille  appelée  Khomàï  ou,  dans  les  livres  persans, 
Homàï,  nommée  aussi  l)jehràzàd,qui  était  la  plus  belle  lemme  de  son 
temps,  de  figure  et  de  taille,  et  la  plus  éminente  par  son  intelligence 
et  ses  capacités.  Il  faima  d'amour,  l'épousa  et  ne  vit  le  monde  qu'en 
elle.  Elle  avait  un  empire  absolu  sur  lui  et  dirigeait  toutes  ses  affaires 
et  il  Unit  ])ar  la  désigner  comme  héritière  du  trône  et  maitresse  du 
souverain  pouvoir  après  lui.  Il  avait  aussi  un  fils,  nommé  Sàsàn,  à 
qui  manquait  le  reflet  de  la  majesté  divine  et  qui  n'était  pas  apte  au 
gouvernement  de  l'univers.  Quand  Bahman  proclama  Khomàï  héri- 
tière du  trône,  Sàsàn,  mécontent  de  voir  que  son  père  lui  eût  préféré 
sa  sœur,  s'exila  et,  errant  par  le  monde,  s'en  alla  dans  une  province 


.100  inSTOIRK    DKS   ROIS    DKS   PKRSKS. 

IjlM      U    <y«— C    J^-^I    *OOoO    (J^     «^.^^    SyM^    LaAJ'U     *CjU    (_5V2^    LlLj     iiLoLjLl 

»_<\à_/««  ^'i  ,_Jc  ^L{S-cjU  ii3wLl|  Js.g_û;U  ijL^sJl  ^-L>>»  (^-^^  o^'-^  ^1 
^^^-♦4^  t^i^  (^'^  ^^^ 

>ôUk.  k.::^il»  >_/-ifi>>J,l   -^La-j^xJi   ^^   i\Uc_*v  L-^-aXc   eijsX^»  ^^^^ii,|  vrîj-**'  ^J^^-?" 
"  -M  i,yi..  —  '2'   C  ajoute  ^^yJI    4WLj.  —  '■'!   C  ^^«ai;  M  «^  ^^j  ^^j^  Cl. 


éloignée,  vivant  dans  la  rcliaitc  et  se  livrant  aux  prali([ii('.s  de  la  vie 
s])iritupHe. 

Après  avoir  régné  cent  douze  ans,  lialunan  tond)a  malade  de  la 
maladie  fatale,  alors  que  Khomâï  était  enceinte.  Il  la  proclama  de 
nouveau,  en  présence  des  mobedhs  et  des  grands,  héritière  du  trône 
qu'elle  devait  transmettre  à  l'enfant  qu'elle'portait  dans  son  sein,  au 
cas  où  il  vivrait  et  atteindrait  l'âge  d'homme;  puis  il  mourut. 

RÈGNE  DE  KHOMÂÏ,   Fil, LE   DK   liAHMAN. 

Ce  fut  la  plus  grande  et  la  |)lus  illustre  reine  du  monde.  Après  la 
mort  do  Bahman,  Khomàï  s'assit  sur  le  trône,  fit  tendre  devant  elle 
une  tenture  de  brocart  d'or  et  donna  audience  aux  grands  et  au  peuple. 
Les  gouverneurs  des  provinces  s'étant  rangés  autour  de  la  salle,  elle 
harangua  l'assemblée  de  derrière  le   voile  en  belles  et  excellentes 


lllsrolKK   DKS  ROIS   DES   l'ERSKS.  391 

J. ?-|   (_sLi_wj  w-a_*mJ!  ^^^j_*m^I  •'Us»'!»  ^rL-o*."^!^   JsXjJI  J  Js  g^'   csvajj' 

.:^._^jl^  ^1  ^L^L  ^Jju_*v|  L^i  -j  [LgJj  l^^x^j  U-!^  l^y**-*  ô^l 

cSv^ls"^]^  (0  jU"^!   p^^Uj]^   ^«I;!'^'^  LLv."^!   ks-ij    SjL?Jl^    <iLwLs-Jl  J 

'js_ïfc.  LfifcÂ.2».is  '^L....î^  1  jL^  Lsli*  L^-oô'  ^:>-<H  o*       ^y^  (.^iso^-vaJU 


|)a rôles  :  «  Dievi,  dit-elle,  mous  avant,  en  sa  f,n'àce,  (Icjniié  I  Kmpire,  nous 
prenons  rengagement  de  iau-e  tous  nos  plus  grands  ellorls  pour  gou- 
verner avec  justice  et  honlé,  de  pralicpier  les  plus  belles  vertus  et  de 
suivre  la  meilleure  voie.  »  Les  assistants  se  réjouirent  de  son  langage 
et  se  prosternèrent.  Khoniaï,  ensuite,  s'acquitta  eu  personne  des  devoirs 
du  gouvernement,  s'appliqua  à  bien  administrer  l'Etat,  à  développer 
sa  prospérité,  à  diriger  avec  sagesse,  dans  les  provinces  centrales 
comme  dans  les  provinces  frontières,  les  all'aires  publiques,  et  à  bien 
ordonner  toutes  les  parties  de  l'Empire,  mieux  que  n'avaient  lait  plu- 
sieurs des  meilleurs  rois.  Elle  expédia  des  détachements  et  des  armées 
entières  contre  des  ennemis  et  des  rebelles  et  elle  eut  la  satisfaction 
de  la  victoire  et  du  triomphe.  Elle  s'occupait  avec  sollicitude  des  inté- 
rêts de  ses  sujets;  elle  fit  fortifier  les  villes,  élever  de  nombreuses 
constructions  et  répandre  les  ollrandes  et  les  aumônes.  Les  popula- 
tions, heureuses  de  la  prospérité  de  son  règne  et  jouissant  des  résul- 
tats de  son  excellent  gouvernement,  lui  étaient  fort  attachées  et 
demandaient  à  Dieu  de  prolonger  ses  jours  et  de  faire  durer  son  règne. 


392  IIISTOIIIK    DKS    HOIS    DKS    PKRSKS. 

o>-^'  ^— à-à^ls  sJLkJl  J^i^Li  Y^j^j^  c^oL-v^  ^Lr  •»->'^  '^^^  ^l^s»-  ^ 

'In — ?-  <J»JJL  J>>wvb_E  j_^  tU^X.«i»  v_^,Jfi.>J,|  —Uo^U 
i^'>^'»  j-iSJ"-  ^*»-i-^  *^-<sJ^>  ^>s-»-Cj  s-£bU-i.  ^JlC  J—iLiio  4Ja_>%^  *C-*vU  Js-<>x 
^   J^ — }   J_AJ«    \— :^-^^'    v^  ^  ^^^^><sJ    *OLajL    ^j.>.<iJiJ»  u:jijL*Jl    ,J\\   O^-iio 


'"   C.  J*iiii. 


HISTOIRE  1)K   DARA,    I-II.S    DE  BAHMAN. 

Kliomàï,  arrivée  au  terme  de  sa  grossesse,  mit  au  monde  un 
enfant,  beau  comme  la  nouvelle  lune  qui  se  lève.  Elle  s'en  débarrassa 
secrètement  et  fit  croire  qu'il  était  mort;  car  elle  se  plaisait  à  com- 
mander, soit  ordonner,  soit  défendre,  et  trouvait  une  grande  satisfac- 
tion dans  l'exercice  du  pouvoir  souverain  qu'elle  désirait  garder  pour 
elle  et  qu'elle  enviait  à  son  fils;  elle  prévoyait  avec  appréhension  le 
moment  où  son  fils  avant  grandi,  elle  serait  forcée  de  le  lui  trans- 
mettre, ainsi  qu'en  avait  disposé  Bahman.  Cependant,  reculant  devant 
le  crime  de  tuer  fenfant,  elle  le  plaça  dans  une  petite  caisse  tendue  de 
brocart  d'or,  attacha  à  son  bras  un  rubis  rouge  de  grande  valeur  et 
mit  près  de  sa  tête  un  sachet  contenant  des  joyaux  et,  à  ses  pieds,  une 
bourse  pleine  de  pièces  d'or;  elle  fit  fermer  la  caisse,  l'enduire  de 
poix  et  la  fit  jeter,  pendant  la  nuit,  dans  le  fleuve  d'istakhr,  ou, 
selon  une  autre  version,  dans  le  fleuve  de  Balkh. 


HISTOIRE    DES   ROIS    DES   PERSES.  393 

i")_s_ftJ|  <^^2k.L  s'i^LjJaj  UlSnj  ^-Ajb^t,  r*W^  ^  'sjixj  "CvjtiJ^^  ^y-> 
ilLjLi  «L-6_Lc  L^>^-s^  Jv^X^L   ;:4-^_^\'  J  ^i-^-^i5^  3V  ^^  J^'  ^^*-^  «-^ 

LiÊ.>J«J  i.:^Lb    L^gXsi  ^Jic  <'  LgJCj^  i^Lii'^\   (.5*^^-  <_>>_^  '^-^J'-i    ■'  'x->^  <-^l>! 


La  caisse  fut  entraînée  par  l'eau,  entre  les  arbres,  jusqu'à  un 
endroit  où  se  trouvait  un  foulon  qui  était  venu,  avant  le  jour,  pour 
laver.  Le  foulon  la  saisit  ])n)nipt('inent  et,  à  la  faveur  de  lobscurité 
qui  n'avait  pas  encore  disparu,  il  la  porta  en  courant  dans  sa  maison. 
L()rs(|ue,  de  concert  avec  sa  leninie,  il  se  décida  à  fouvrir,  un  (juartier 
de  lune  dans  du  brocart  d'or  apparut  à  leurs  yeux  et,  en  apercevant 
les  joyaux  et  les  pièces  d'or,  ils  faillirent  s'élever  en  l'air  sur  les  ailes 
de  la  joie.  Comme,  dans  la  même  semaine,  il  leur  était  mort  un  petit 
enfant  et  qu'ils  éprouvaient  un  grand  chagrin  de  cette  perte,  ils 
dirent  :  «  Dieu  nous  envoie  à  sa  place  cet  enfant  arrêté  au  passage  !  » 
La  femme  pleura  de  joie  et  elle  aurait  voulu  se  souder  h  lui.  Puis  elle 
lui  donna  son  sein;  à  peine  l'enfant  eut-il  commencé  à  sucer,  qu'il  en 
eut  abondamment  du  lait  dont  il  se  rassasia.  Cette  lemme  finit  par 
l'aimer  plus  c[u'eHe  n'avait  aimé  son  propre  enfant.  Elle  et  son  mari, 
le  foulon,  se  dévouaient  à  lui,  l'entouraient  de  tendres  soins,  rele- 
vaient, le  formaient  et  veillaient  sur  lui;  ils  gardaient  sa  fortune,  n'en 


394  IIISTOIUI.    DKS   ROIS    DKS   PKIISKS. 

'    »-ib     >'i.      'sj.'»     >-.^X."       .v-A_>    -K=».^     -O^     C_^'^U     ^'wS-CwJ    >^^M.à->'        ic. 


V 


'>'n      l /s_i_;    'w^''    _s_la_)    ,fw\'   "J^JC        à«r>.    "j    '  J.'  ^^  i_^'.    <-;_4v-,LaJL 

■'  ^'. S_;  ^.g_-N_c   '  wOLA_»vi'  j^,<£  3>wv^  g  J  ^j-*-?  >  g >  * ">  Je.  S's^'  (.^j\L<iU 

'^5?^^''     JU|.     ^çvi's-."    -UJi     ij^     J,l    ^-^^'    C^J^     <£'w^-v:=    O.^-KX    \ 

^^ On_L'  ^  i— **'  ^>-^r-'  ^:^'<ï^  J'~*-?-  "^  "^^-^r^^i  3  '  Sy^y^J  J^4-'' 

■     (.  AJùJoii  jL~j^l. .  Miiiuiiic  dans  M.  —    -^1    C  caJIx».  —    '     M  J^.i_ioJ . 


dépensant  qu'une  certaine  somme  pour  son  entretien  et  pour  leur 
propre  subsistance.  Ils  le  nommèrent  Dàrâh,  parce  qu'il  avait  été 
trouvé  entre  les  arbres  et  l'eau.  Ddr,  en  persan,  signifie  «l'arbre»  et 
àb  «  l'eau  h.  Ce  nom,  ensuite,  par  le  retranchement  de  la  lettre  bd,  lut 
prononce  Dàrà.  La  femme  avant  conseillé  à  son  mari  d'abandonner  sa 
profession  de  foulon  ])arce  qu  il  n'en  avait  plus  besoin,  le  mari  dit  : 
•'  Je  ne  veux  pas  me  séparer  (fun  métier  par  lequel  j'ai  eu  l'occasion 
de  trouver  le  cher  enfant  et  le  bienheureux  trésor.  H  y  a  un  vieux 
dicton  :   «  Qui  quitte  son  métier,  sa  fortune  le  quitte.  " 

Daràb  croissait  comme  la  nouvelle  lune  et  l'éclat  de  la  beauté  bril- 
lait sur  son  A-isage.  Quand  il  fut  grand,  on  le  mit  à  fécole,  où  il 
devint  instruit  et  formé  aux  jjonnes  manières.  Il  aspirait  à  acquérir 
les  aptitudes  de  la  chevalerie  et  les  talents  des  princes,  et  le  reflet  de  la 
majesté  divine  ravonnail  sur  lui.  Un  jour  il  dit  au  foulon  :  Il  m  est 
venu  à  l'esprit  que  tu  n'es  pas  mon  père.  Tu  n  as  rien  à  rraiiuhe  si  tu 
me  dis  la  vérité  sur  ta  situation  envers  moi.  »  Le  foulon  répondit  : 


lUSTOIUE    DKS    ROIS    DKS    l'KRSES.  395 

L^  J\èj  SL_L'  ^  ^j»>s-4^'  J"-*^  v^LJl  iji-cls  «oLiJ  v'^,>22_âJt  — jvà' 

s- 

l;U  J._i^b-  J--6^«-''   -^-J^-^^J    ^^j"^"'    <^   <-^J-C   ^U    Jy3   ^>_^t 
')    Ces  iiii)t>,  iiKiiKiiii'iil  dans  M.  -     M    ,  .,-'1     —     ■     (;  J  3yj     \|  J^,   \) , . 


«Je  suis  ton  père  et  lu  es  uiou  lils.  M;ils  si  lu  doules  de  ma  ]);Ueruité, 
interroge  ta  mère  à  mon  sujet.  ■>  Donc,  un  jour,  avant  guetle  le  départ 
du  toulon  allant  à  son  travail,  Hàràh  lerma  la  porte,  tira  le  sabre  et 
dit  à  la  femme  en  l'en  menaçant  :  "  Fais-moi  connaître  mon  histoire 
et  les  circonstances  de  ma  vie  et  dis-moi  la  vérité,  ou  je  te  tue!  »  Elle 
répondit  :  «  Mon  lils,  remets  le  sabre  au  fourreau  et  écoute!  »  Et  elle 
lui  raconta  ce  qui  était  arrivé,  puis  elle  ajouta  :  «  Il  ne  s'en  est  allé  de 
ta  fortune  qu'une  faible  portion;  la  ])lus  grande  partie  existe  encore, 
fais-en  ce  que  tu  voudras.  »  Dàrà  dit  :  «  Je  savais  bien  qu'une  femme 
comme  toi  ne  donne  pas  le  jour  à  un  rejeton  tel  que  moi.  Maintenant 
il  laul  que  je  trouve  ceux  qui  me  rendront  mes  droits.  "  Il  acheta  un 
cheval  et  des  armes  et  changea  sa  manière  de  vivre.  H  alla  trouver 
iiaschnewàdh,  un  des  chefs  d'armée  de  Khomàï,  ([ui  lui  ht  le  meilleur 
accueil,  le  prit  en  allection  et  l'aimait  comme  son  lils.  Tous  les  re- 
gards commençaient  à  se  fixer  sur  Dàrà  et  tout  le  monde  parlait  de 
sa  beauté  et  de  sa  perfection. 

Or,  il  arriva  que  Khomàï  chargea  Raschnewàdh  d'une  expédition 


■Mj{\  iiisrolUK  i)i:s  uois  m: s  pkusks. 

?I_>o'.  Ldiw-o'  Jwi-Ji-^ls  L.^_aXc  <L.^u..yi^  ^jrV  "^V*i>  '^'^^  O^^-V  vi^ 
<j1j  L4-0J5  y  g  ■■>  LgjJo  _■  '  ■^'  4_ÎAaûft  U~<...^  Lg-^-s-c  y^-A*     ç^À.  ,jf>y^  ^ 

J^'     Li[  4L't  ij  wVi  JÎSù  LfijXc  J-<^  l^gJ  -^-^  ^i   -^}  <_)'Lx(|_j,  jLîiJLJt 
(1)  C  1.1.  —  (-*   M  Jjj  o.i.  —  '-■^'  C  c:»yUU.  —  '"  Mss.  Uj.  —  *''  ('.  iLoy . 


vers  une  certaine  contrée  et  qu(\  sur  ses  ordres,  ce  général  fit  défiler 
son  armée  devant  elle,  pendant  (ju'elle  se  tenait  dans  un  belvédère 
dominant  l'hippodrome.  Quand  Oàrà,  j^armi  les  soldats,  passa  devant 
elle,  charmant  ses  regards  par  sa  beauté  et  sa  noble  prestance,  le  lait 
coula  du  sein  de  Khomàï  et  son  cœur  lui  dit  que  c'était  son  lils.  Elle 
le  fit  appeler  et  le  questionna  sur  les  circonstances  de  sa  vie.  Dàià  hii 
avant  raconté  son  histoire,  elle  fit  venir  le  foulon  et  sa  femme  ([ui, 
interrogés  par  elle  au  sujet  de  Dàrà,  confirmèrent  le  récit  de  celui-ci 
et  lui  apportèrent  le  rubis  qui  s'était  trouvé  attaché  au  bras  de  l'enfant. 
Alors  elle  n'eut  plus  aucun  doute,  le  jour  apparut  à  ses  yeux  et  elle 
dit  à  Dàrà  :  <-  Mon  fils,  tu  es  l'enfant  ([ue  j'ai  eu  de  Bahnian.  Pardonne- 
moi  ce  que  j'ai  f\it  à  ton  égard  et  fais-en  remonter  la  cause  au  décret 
de  Dieu,  car  il  était  décidé  en  sa  ])rescience  que  tu  devais  être  élevé 
par  le  foulon  et  sa  femme,  et  non  par  moi.  ■>  Dàrà  se  prosterna  devant 
elle  et  accepta  sa  justification,  en  disant  :  «Dieu  rend  à  chacun  son 
droit  et  met  chaque  chose  en  sa  ])lace.  «   Elle  s'approcha  de  lui  et 


HISTOIRE    DKS    IlOIS    DKS    PKHSKS.  397 

'■-■  ,:i./,.iw*v.   L^_,iLii    w^JC^a-lii. .    v-AjiJli     Jk-f    <J '  wO U  j  L^-ia-ôJ.'   ejwo|^  j j|s_**J  I 


ICinhrass;!  cl  piciiia  de  joie,  l'ilr  lil  (loiiiicr  au  foulon  t'I  à  sa  Icnimc 
une  «grande  soninic  d  arj^cul  elles  lil  cnlrcr  ])arnii  les  gens  de  sa  suile. 
Mlle  l'einil  à  Dàrà  les  richesses  el  les  trésors  de  l'empire  et,  ayanl  tait 
venir  les  chels  d'armée  el  les  mobedlis,  elle  leur  exposa  lidèlement 
ee  qui  s'était  ])assé  et  dit  :  «Voici  Dàrà,  fils  de  Bahman,  votre  roi 
désigné!  »  Comme  le  rellet  de  la  majesté  divine  qui  reposait  sur  Dàrà, 
confirmait  sa  déclaration,  les  assistants  se  prosternèrent  devant  lui, 
lui  prêtèrent  hommage  et  se  soumirent  à  lui.  Cet  événement  eut  lieu 
après  que  Kliomàï  eut  régné  trente  ans. 

UÈGNE  OK   nvKÀ,   FII.S   OK  UAHMAN,  OL    DÀUÀ  L'ANCIEN. 

Lorsque  Kliomàï  eut  remis  le  pouvoir  à  Dàrà,  celui-ci  s'assit  sur  le 
trône,  se  ceignit  de  la  couronne  et  donna  audience  aux  grands  et  au 
|)euple.  Il  leur  adressa  un  discours  dans  lequel  il  rendit  grâces  à 
Dieu  de  l'avoir  élevé  au  pouvoir  et  s'engagea  à  bien  gouverner  et  à 


398  IIISTOIHK    DKS   UOIS    DKS   PKIISKS. 

^lïjj  pjr-'î  c<^-^  L4a2)sw^_[j  ^X^b'-^  <yj>^  ^J-  ^^^  <-à^^\j  ^\Ji-i^\ 

v_v^  jJSj   ^«i^yv-."  JiJ-^-^^   ^l>>J"Vl   O^   LiÊv<Sè    ,^50j   ^La^I  ejj-<SJ  l»-^ 

iUx   j^jj'^l  Jis  ^^  JjUI  <_> 

.illc^cr  les  impôts  ([ui  pesaient  sur  le  peii|)le.  Les  assislanls  se  pros- 
lernèrenl  devant  lui  el  riicclamèrenl.  Il  dirigea  avec  sagesse  les 
alFaires  de  l'Etat,  veilla  à  la  bonne  administration,  soumit  les  rois  et 
leur  imposa  des  tributs  et  des  conlribulions.  Comme  il  aimait  les 
lieu\  bâtis  et  les  inonumenls,  il  londa,  dans  la  province  de  Fars,  la 
ville  de  Darabdjerd,  v  étal)lit  les  prisonniers  gix'cs  et  y  lit  élever  fies 
temples  du  Veu.  Il  fonda  encore  d'autres  villes  et  construisit  le  plus 
célèbre  édifice.  11  (;st  cité  proverbialement  comme  exem|)le  |)ai-  le 
|)oele  qui  a  dit  au  sujet  d'ibn  '.\l)bàd  : 

l^f  vi/.ir  a  construit  un  palais.  Que  la  félicité  (Iciiicur'c  clan.s  .ses  appartements! 
•laniais  sous  le  règne  de  l'Islâin  ii-i  lr|  nioiHiiiirnt  n'avait  été  élevé.  Dârâ  lui-inênu' 
n  en  a  pas  construit  de  pareil. 

Dàrà  lut  le  prerrner  (pu  établit  la  |)Oste  (A^z/vV/j,  en  allectant  à  ce 
service  des  chevaux  auxquels,  comme  signe  dislinc iil,  il  lit  couper  les 
queues.  D'après  ITamza  d'Isj)alian,  le  m(j|  Inirid  serait  un  mol  arabisé 
et  dérivé  de  dliaiiah  hoarid  «  queue  coupée  ". 


HISTOlKK   DKS   ROIS  DKS   PKRSES.  399 

■1  ^^•_5">Li_5   «_g5s_Lo  ^^JiS   fij-J^  jf>\^  ''vi   ws:i=5\'  U':s   Jjl  ^jU^'  S-'-^ 

^^    ,_y>Jt)i"    4^-^i_^J     ^_Q-.'     "OU     <-/i.-^    JS'    «Ojl    i5-^     -)'    >J^    <.i».^-^     ^ 

'•   La  place  df  ce  mol  est  resli-t'  en  blanc  dans  M.  ■    Ces  mots  manquent  dans  M. 


Les  chroniques  rapportent  que  Dàrâ  l'ancien  envaliit  le  pays  de 
Roùm,  vainquit  le  roi  de  ce  pavs,  Faïlàqoùs  Philippe),  et  conclut 
ensuite  la  paix  avec  lui,  paix  aux  termes  de  laquelle  ce  roi  devait 
lui  envoyer  chaque  année  cent  mille  œufs  dor,  contenant  chacun 
quarante  mhhqàl.  11  demanda  aussi  la  fille  de  Philippe  en  mariage; 
celui-ci  la  lui  donna  et  Dàrà  retourna  avec  elle  dans  le  Fàrs.  H  eut 
d'une  autre  femme  un  lils  qu'il  chérissait  excessivement  et  à  qui, 
pour  cette  raison,  il  donna  son  propre  nom.  C'est  lui  qui  est  Dàrà, 
fils  (le  Darà,  appelé  Dàrà  le  jeune. 

COMMENCEMENTS  DE  L'HISTOIRE  D'ALEXANDRE. 

Les  Persans  prétendent  qu'Alexandre  était  le  fils  de  Dàrà  l'ancien. 
Dàrà,  disent-ils,  lorsqu  il  eut  épousé  la  fille  de  Philippe,  roi  de  Koùm, 
eut  commerce  avec  elle;  mais  il  fut  rebuté  par  son  haleine.  Il  éprouva 
de  la  répugnance  pour  elle  et  la  renvoya  en  secret  à  son  père  alors 
que,  enceinte  de  ses  œuvres,  elle  portait  dans  son  sein  Alexandre. 


'jOO  lilSTOlUK    DKS   ROIS    DKS    l>KI\SKS. 

^  .'■>''  i  J^_i»_>o  ;?_JLi3  4_Ai_c  J:>  ,1  U,  |^>>wc;  LI.s^  <C\i».li^  <,<i_v->  jj^  <Ooi 
v^^':>'^-JL_4<Jl  ^  «L_C4_L^  i^l>J:  ^iLoL;^-^|j  ^iVUt  «^v*^  (fr^^l  "=CkL« 


I'liili])|)f'  en  fut  très  mécontent  et  garda  le  silence  sur  la  situation  de 
sa  lilie.  Celle-ci  se  traita  au  moyen  d'une  herbe  appelée  Ahskan- 
ilaroih  et  son  infirmité  disparut,  au  temps  où  elle  mit  au  monde  un 
(Ils  cpi'elle  appela,  en  en  tirant  bon  augure,  du  nom  de  cette  herbe, 
nom  qui,  par  abréviation,  devint  Ahskandar.  Philippe  le  fit  passer 
pour  son  propre  fils  et  lui  voua  une  grande  affection;  car  rhorosco|)e 
d'Alexandre  annonçait  qu'il  serait  le  souverain  de  l'univers,  qu'il  vain- 
crait tous  les  rois,  qu'il  assujettirait  les  plus  fiers  et  qu'il  obtiendrait 
fies  fortunes  et  la  réalisation  d'aspirations  de  toute  nature,  comme 
n'en  avait  obtenu  aucun  roi  avant  lui. 

Cependant  les  historiens  sont  en  grand  désaccord  en  ce  qui 
concerne  la  personne  d'Alexandre.  Les  uns  disent  qu'il  est  le  Dhoû  '1- 
Qarnaïn  dont  Dieu  a  parlé  dans  son  Livre,  ce  que  d'autres  contestent. 
D'aucuns  prétendent  qu'il  était  un  ange,  d'autres  qu'il  était  prophète. 
Mais  la  plupart  s'accordent  à  l'identifier  avec  Dhoû  'I-Qarnajn.  Dieu 
seul  connaît  la  vérité  I 


•  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  401 

4'  '.i^^ — «j^_fs:  Lià_=k.  41)1  ^^jj  *J9w  y  <.À-v-^^^>ÀJ I  <_»  ^■Jj.x.a^'  jo.  U^  4' 

U    J,I    <.J^—j    ^<u.    <_<S-'     .\U-w''    ->VSC  *»   C^.    «OÙS-O     xJ^-iSs-w*^'!   JilLo 
'     M  ,j.jj.«vXlajj  ^-.iU^^-J  .  Manque  dans  (^ 


Quand  Alexandre  eut  grandi,  Philippe  lll  vcnii-  pour  lui  les  sages 
et  les  philoso])hes  de  la  Grèce  et,  parmi  eux,  Aristole  et  Plolémée. 
Alexandre  s'initia  à  leur  sagesse  et  puisa  à  leur  science.  Aristole,  en 
particuli(M-,  demeura  constamment  à  ses  côtés  et  lui  iin  nl(|M;i  la  sa- 
gesse comme  la  colombe  donne  la  becquée  à  son  poussin;  il  lui  en- 
seigna la  ])liilosoj)hie  et  le  forma  pour  gouverner  le  monde.  On 
rappoile  ([lie  la  mère  d'Alexandre,  un  jour  qu'il  était  entouré  des 
philosophes,  lui  dit  :  >  Mon  fds,  que  Dieu  te  favorise  d'un  .sort  heu- 
reux, en  raison  duquel  les  hommes  de  talent  se  vouent  à  ton  service; 
(jnil  ne  te  donne  pas  un  talent,  au  moyen  duquel  tu  servirais  les  gens 
lortunés!  » 

Après  la  mort  de  Philippe,  Alexandre  régna  à  sa  place.  Il  demanda 
à  la  Fortune  la  réalisation  de  ses  promesses  et  aspira  à  accomplir  sa 
haute  destinée. 


402  IIISTOIUK   DES  IIOIS   DES   l'EUSES. 

^,Xj>X*«N)I   «^  XÀj^ai^  jJLMs^\  l^^-Jj-^j  !_;'•>  ^  1^^^  JJ^ 

,^_<^J'     "^ * as «     .^y^J-^      <Ow4«.     ikswuXX      UCsj'l     yA  '^— -ijll     Uli     jd.L«     (J^     Cl^'w^i.XI     Lli, 

oi'i_i>  ^^j;:^_a^|j  •''n-^JI  <-iLi».|^  *U.xJI  «LsKt  ^j^  sJsSvC-wL  >-ss^  ySsXi 


KEG.NE  DE  DAHA,   FILS  DE  DAUA  ,  Oi;    DAKA   I.E  ,IEI  NE. 
DÀr.À   ET  ALEXANDHE. 

Dàrâ  rancien,  après  avoir  régné  douze  ans,  tomba  nialadc  de  la 
maladie  qui  le  conduisit  aux  portes  de  la  mort.  Il  désigna  comme  son 
successeur  son  (ils  Dârà  et  le  mit  en  possession  de  la  couronne  et  i\\\ 
trône,  puis  il  mourut  et  Dàrà  le  jeune  prit  le  pouvoir.  Ce  roi  était 
dans  les  premières  ardeurs  de  la  jeunesse,  dont  on  ledoute  les  écarts 
et  dont  on  craint  les  fautes.  Il  réunissait  en  lui  les  ivresses  que  le 
poète  a  ainsi  énumérées  : 

tl  y  ;i  cinq  sortes  d  ivresses;  l'iiomiiie  (|ui  en  est  alliiiil  dcvirnl  la  |)i()ie  du  sort  : 
Celles  de  la  richesse  et  de  la  jeunesse,  l'ivi'esse  dr  l'amour  et  celles  du  \in  il  du 
pouvoir. 

Or,  Dàrà  devint  allier  et  orgueilleux,  il  versa  beaucoup  de  sang  et 
terrorisa  de  toutes  manières  les  innocents;  il  rehuta  ses  chefs  d'année 


■    IIISTOIIU';    DKS   UOLS    DES   PERSKS.  '[(VA 


el  SCS  siijrls  cl  ne  (il  ;iii(iiii  cas  des  rois.  (]cii\-ci  se  garantissaient 
de  ses  lioslililcs  en  lui  envovanl  des  tributs  et  cherchaient  à  gagner 
sa  faveur  par  des  cadeaux,  à  Texception  d  Alexandre  qui  ne  lui  fit 
pas  parvenir  le  tribut  (jue  Philijipe  avait  eu  couluin*-  d  envoyer  et  dont 
il  a  été])arlé  plus  haut.  Darà  lui  expédia  un  ambassadeur,  pour  exiger 
de  lui  cet  argent  et  le  i-éj)riniander  sévèrement  en  le  menaçant,  parce 
qu'il  négligeait  et  bravait  ses  ordres.  Alexandre  répondit  à  l'ambas- 
sadeur :  «  Dis-lui  que  la  poule  qui  pondait  les  œufs  d'or  est  morte.  » 
Cette  parole  est  devenue  proverbe.  L'ambassadeur  s'en  retourna  et  fit 
son  rapport  à  Dàrà  qui  fut  très  irrité  et,  par  messages  et  par  lettres, 
renouvela  ses  remontrances  et  ses  menaces  contre  Alexandre.  Il  lui 
envova  une  racjuette,  une  balle  et  une  charge  de  sésame,  pour  indi- 
quer qu'il  le  considérait  comme  un  enfant,  incapable  de  gouverner 
un  rovaume;  qu'il  était  lait  pour  jouer  avec  la  raquette  et  la  balle 
comme  les  enfants,  et  que  lui,  Dàrà,  mettrait  en  campagne  contre 
lui  des  troupes  aussi  nond^reuses  que  les  grains  de  sésame.  Alexandre 


'lO'i  lllSiOlKK    DKS    ROIS    DKS    PKUSKS. 

1^  l>U  ^^   t  X-x)ls  4|«LjOo    •'  ^^-SJj   "^-^'v^  SLâJt   7^-9^.  ^«>J|  JiN-iwLi 

>->^— <3s_w^l  ^ Lj»  LiJ|    ^^Lf  ^  ^j^^jj  <J<jslA  ^_,/a6'j^  Hluti^  <'LjL« 

^jiaJO  ^«   *&liij    <-i_^'Xijt   ^•,*ir'JO*U   LaJI^-Xe    ,^50'|   ^J   "^_ji..gjj   ^v'Sà»- 


■'•    -M  Jjt».  -      ■-■    (Jfs  mots  iiiaiii|uriil  dans  C.  —  ''i    IM  (iC»jj.  —  '■''>   Man(|iit'  (hiiis  M. 


lira  hon  augure  de  cet  envoi  de  Dàrà  et  dit  :  «  Il  vient  de  me  jeter  son 
rnipiic,  ainsi  que  la  raquette  jette  la  balle,  celle-ci  ayant  la  forme 
fie  la  terre  que  je  posséderai  toul  entière.  Le  sésame  est  une  graine 
liuilcusc,  son  goût  n'est  ni  amer,  ni  acre;  j'en  augure  (jue  je  lui  en- 
Ifnerai  les  plus  agréables  et  les  plus  profitables  de  ses  biens.  Il  écrivit 
a  Dàrà,  en  réponse  a  sa  lettre,  en  un  langage  provoquant  et  lui 
envoya  un  sachet  de  moutarde,  pour  indiquer  que  ses  troupes,  bien 
que  peu  nombreuses,  avaient  une  grande  force  et  une  action  éner- 
gique, ainsi  que  la  moutarde  qui  est  à  la  fois  forte  et  acre  et  fait 
j)leurer  celui  qui  en  mange. 

Dàrà,  irrité  du  langage  et  du  procédé  d'Alexandre,  se  prépara  à 
lui  faire  la  guerre  et  marcha  contre  lui  avec  quatre-vingt  mille 
hommes.  Alexandre,  à  cette  nouvelle,  .se  mit  en  campagne  avec 
douze  mille  hommes,  emmenant  avec  lui  les  philosophes  et  les  sages. 
D'après  certaines  traditions,  il  emmena  aussi  Khidhr  (que  le  salut 
soit  sur  lui!  .  Il  commença  par  attaquer  le  souverain  de  l'Egypte  et 


■  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  405 

J,|   4 — ^j—Jj   '^— ^   J.'   ^j-9  L^   ^^^j\^   ^jj"^  <^\j^^  ^  Jiy<-^\j  j-^:'^ 

^ il  vJv./Ovw«,!xJ  J^^-«-5  ujLiJ!  ia_*i  |_Jlc  iJLsL  U\:>  J^U  jn-Ss.**.^:  Ji  ^^r*-^' 

^Jk_£6  <_/C_i_3  <_^>jL*^  roJ'  i^Jt-b  ^iL-^'  ^  c_>L^jjJ|  JULi  IjttJt  ^^-ajU-'  ^ 
^  ,_S^-=^  ^  ^^  g  >  '*^\  ^ij  yjj--^  "^jJji  <J>_Â_^^  *Uai»^  U  VtS>»  ^''Mr^ 
U'i  s_-S — »M « — <o  :i\  «  vJ4v — î  Jwol  ^j-»  S>-A.^^2_)  ^^    .\»I>>vAj  <O^J,^  ^v.Ljij^ 

c^^^L^-A.^  J_^L."  j>'  Jj^j  ^"^L^"  J.a1£  LiL,^vjv.6^\^'  jsl  jLjLj 

'      MSS.  |;j*. 


s'empara  de  ses  richesses  et  de  ses  trésors  par  lescpicL  il  .iiii;inenla  sa 
puissance;  ])uis  il  se  dirigea  avec  son  armée  vers  l'Iraq.  Dàrà  s'étant 
|)orl(''  en  avant,  clahlil  son  camp  au  bord  de  l'Euphrale.  Alexandre, 
lorstpion  lui  annonça  cpie  Dàrà  avait  avec  lui  (pialre-vingt  mille 
hommes,  dit  :  «Le  boucher  n'est  pas  ellravé  du  grand  nombre  des 
moutons.  »  Celte  parole  est  devenue  proverbe.  Il  s'ex[)rin'.ail  habi- 
tuellement en  sentences  qui  étaient  incomparables  pai- leur  élégance 
et  leur  concision. 

Alexandre,  ensuite,  se  lançant  dans  le  risque  et  le  péril  et  com- 
mettant une  fausse  démarche  que,  cependant,  sa  bonne  étoile  ht 
tourner  à  son  bien,  partit  avec  un  petit  nombre  de  ses  serviteurs,  en 
prenant  le  rôle  d  un  ambassadeur  envoyé  par  Alexandre  à  Dàrâ,  dans 
I  intention  de  se  rendre  compte  personnellement  de  la  situation  de  ce 
dernier  et  d'observer  par  lui-même  son  rovaiime,  afin  d'être  tout  à  fait 
bien  informé  à  son  sujet.  Arrivi^  au  camp  de  Dàrà,  il  fut  reçu  suivant 
l'usage  établi  pour  les  envoyés  de  son  rang.  Dàrà  l'ayant  fait  appeler 
et  lui  ayant  ordonné  de  délivrer  le  message  dont  il  était  chargé,  il 
parla  ainsi  :  «  Alexandre  te  salue  et  dit  que  la  paix  est  un  bien  et  la 


40G  IIISTOIUK    DKS    llOIS   DKS    FKUSKS. 


guerre  une  affaire  périlleuse;  quéjiargner  le  sang  est  un  gain  et  se 
méfier  du  sort  est  de  la  prudence.  Or  si  le  roi  veut  faire  la  paix  avec 
moi,  j\  consens  de  même;  mais  s'il  veut  absolument  la  lutte,  je  re- 
jette sur  lui  la  responsabilité  de  l'injuste  attaque  et  le  combattrai.  » 
Dàrà  dit  :  "  Nous  répondrons  à  ce  que  tu  viens  de  dire.  »  Et  il  lui  or- 
donna de  rentrer  dans  sa  demeure.  Ensuite  il  le  fit  inviter  à  sa  table 
et  à  son  banquet.  Alexandre,  chaque  fois  qu'on  lui  présentait  une  des 
coupes  d'or  ornées  du  portrait  de  Darà,  la  vidait  et,  au  lieu  de  la 
rendre  à  féchanson,  la  mettait  dans  sa  botte  ou  dans  sa  manche. 
Quand  il  en  tenait  ainsi  plusieurs,  les  échansons  en  avertirent  Dàrà  qui 
lui  fit  demander  pourquoi  il  gardait  ces  coupes.  Alexandre  répondit  : 
"Telle  est  notre  coutume,  à  nous  autres,  ambassadeurs  de  Roûm, 
quand  nous  buvons  chez  les  rois.  »  Dàrà  se  mit  à  rire  et  donna  Tordre 
de  les  lui  laisser.  Puis,  fun  des  ambassadeurs  (|ui  avaient  été  envoyés 
par  Dàrà  à  Alexandre  et  qui  assistait  au  baïujuet  pour  lui  rendre 
respeclueusemoiit  hommage,  dit  secrètement  à  Dàrà  que  cet  homme 


iiisroïKK  i)i:s  iiois  dks  pkiisks.  ^iot 


-^0  *    k_A,:3_ 


<_^!   —Lia».!    U  ,.:i..,i>  PS.J   J^JJ:  j'joLo  s^JwC.   okJ>s.4...£.   InI^   JLsÇ  o-^ia:::».! 
■'    M  Ajo-yal.  -    Ces  mois  iiiaiii|ii>'iil   dans  (..  \l   ^Jdi'l .  M^^.   L«. 


était  Alrxaiidic  ni  pcrsoiiiic.  I^c  roi  dcmaiula  (iiion  lui  apportât 
(lu  Ticsor  un  vrtcmciit  de  soie  sur  lecnicl  était  peint  le  portrait 
d  Alexandre,  pour  l'examiner.  Alexandre  se  leva  comme  pour  aller 
lâcher  de  l'eau,  et  étant  sorti,  il  s'élança  sur  un  de  ses  chevaux, 
coursier  sans  rival,  et  courut  précipitamment  vers  son  camp  en  recom- 
mandant à  ses  compagnons  de  le  suivre.  Jusqu'à  ce  que  l'on  eût 
cherché  le  vêtement  de  soie,  qu'il  eût  été  trouvé  et  apporté  à  Dàrà, 
(pie  celui-ci  eût  luni^ucmcnt  examiné  le  portrait  d  Alexandre  et  donné 
l'ordre  de  le  laire  garder,  Alexandre  avait  déjà  parcouru  deux  para- 
sanges  et  les  hommes  lancés  à  sa  poursuite  ne  purent  le  joindre,  il 
revint  dans  son  canij)  sain  et  saul,  ayant  atteint  son  ohjet,  et  dit  à 
ses  officiers  :  k  Je  viens  de  me  rendre  compte  de  la  situation  de  Dàrà 
et  de  son  armée,  je  suis  parvenu  à  le  connaître  à  fond,  j'ai  appris 
d'une  manière  certaine  tout  ce  qu'il  me  faut  savoir  de  ce  qui  le  concerne 
et  j'ai  emporté  ces  coupes  ornées  de  son  portrait;  j'en  augure  que  je 
le  vaincrai  et  lui  enlèverai  son  rovaume  et  tout  ce  qu'il  possède.  " 


'108  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^L:  bl^  ^b  :iljtj  ^^l  ]^^\j  -^  J^^'  l^j^y  «cyd' 


'•   Ces  mois  inaii(|uciit  duiis  C.  —  '-'   Manque  dans  M. 


MEURTHE  DE  DARA,    EILS   DE   DATiA. 

L'étal  des  choses  existant  entre  Dàrà  et  Alexandre  ayant  conduit 
aux  hostilités  ouvertes  et  à  la  guerre  qu'ils  avaient  projetée  en  se 
mettant  en  campagne,  ils  se  rencontrèrent,  à  la  tète  de  leurs  troupes, 
aux  bords  de  l'Euphrate  et  se  livrèrent  une  Jiataille  acharnée  qui  dura 
une  semaine  sans  que  la  victoire  penchât  d'un  côté  ou  de  l'autre. 
Alexandre,  comme  on  lui  conseillait  de  surprendre  l'ennemi  par  une 
attaque  de  nuit,  dit  :  «L'attaque  de  nuit  est  un  brigandage  et  le  bri- 
gandage ne  sied  pas  aux  rois.  " 

La  perte  de  Darà  fut  causée  par  les  mauvais  sentiments  que  nour- 
rissaient envers  lui  ses  officiers  qui  le  trahissaient  en  cessant  de  com- 
battre sérieusement.  Deux  de  ses  chambellans,  des  gens  de  Hamadhàn , 
hrent  parvenir  à  Alexandre  un  message  et  s'engagèrent  à  tuer  Dàrâ 
sur  le  champ  d(!  bataille.  Alexandre  promit  de  les  combler  de  biens  et 
de  richesses  s'ils  exécutaient  ce  qu'ils  proposaient.  Lorsque  les  deux 
armées  reprirent  le  combat  et  que  la  lutte  lui  dans  toute  son  ardeur, 


HISTOIRE    DKS   ROIS    OKS   PKRSES.  409 

L   Jls^  <'L.:^  ^  Ij^wk—;;  ^-^jr^    "   ^y^J  '*^-^>^^'^^   '^^   <'fXs.   ^^«    OnjS" 


,.^--*^. 


priidaiil  (juc  Dàrà,  pl;ice  au  cciilrc,  se  Iciiail  en  t^ardc  cou  lie  rriirn'iiii, 
mais  non  contre  ses  propres  }:fens,  la  hkhI  \inl  suiprcndir  Ir  roi  dn 
côté  où  il  se  croyait  en  sûreté;  il  ne  se  doulail  de  rien  (piand,  ino- 
pinément, ses  den\  cliamhellans  de  llamadlian  le  liappèrent  de 
deux  coups  de  lance;  d  loiid)a  di-  son  ciicxal.  blessé  à  mort.  Des 
cris  sélevèrenl  dn  milieu  de  1  armée.  La  confusion  était  ])armi  ses 
compagnons;  les  uns  prenaient  la  fuite,  l(>s  autres  se  rendaient  en 
demandani  ([uarlici-. 

Alexandre,  iniormé  de  ce  qui  venait  d'arriver  à  Dàrà,  courut  avec 
quelques  hommes  de  sa  suite  vers  l'endroit  où  il  était  tombé,  mit  pied 
à  terre  devant  lui,  lui  essuya  la  poussière  du  visage  et  posa  sa  tète  sur 
son  giron.  Il  versa  toutes  les  larnu's  de  ses  yeux  et  fut  en  proie  au  plus 
profond  chagrin  en  le  vovant  en  un  tel  élat.  11  dit  :  «  0  le  plus  noble 
et  le  ]jlus  illustre  des  hommes,  ô  toi  qui  es  le  roi  des  rois,  je  suis 
désolé  de  ce  cpii  xicnl  de  t'arri\er!  Mais,  grâce  à  Dieu,  ce  n'est  pas 
moi  qui  suis  cause  du  coup  (jui  l'a  frappé.  Dieu  sait  les  bonnes  in- 


'lIO  IIIsrOlliK    DKS    ROIS    DKS    PKllSKS. 

*L5^— * — -'L  4 ^. — ^ — Si  o^-^n-àjjjj  <-vsi^  J-vf^'i..!  ,^5^0^  jj^j^y.^)!]  ^J<^ 

)i  ^^  J  ^1  l^^^S^-JJ  y.  jLiL_3  ^_,^|,  ^^1  ^  .  J^^i, 
j-x O^^-will  4)  jLii—J  ^>x  g  r   n  B.-s.  ^   r'y-^^  '-î^'^^i^'  ilwvs»  ?t-<uls  Jt-à-O 

M  ^^Us»j.         ■'    Maii((U(' dans  M. 


Iciilions  ([lie  j  ;t\ais  a  Ion  sujet;  il  sait  ({ue  je  me  projiosais,  si  je  rem- 
])()rlais  la  victoire,  d'agir  envers  toi  avec  bonté  et  de  respecter  les  liens 
de  notre  parenté  et  aussi  ceux  que  j'ai  contractés  par  le  lait  d'avoir 
|)artagé  ton  repas.  »  Dàrà  ouvrit  les  yeux  et  dit  d'une  voix  faible  : 
«  Mon  frère,  que  ce  spectacle  soit  un  enseignement  pour  toi.  Regarde 
ce  roi  de  l'univers  blessé,  couché  dans  la  poussière,  abandonné  de 
ses  com])agnons  et  loin  de  ceux  qui  lui  sont  cliers.  Son  règne  est  fini 
et  sa  dernière  heure  est  venue.  ><  Les  larmes  d'Alexandre  coulaient  de 
telle  sorte  que  sa  barbe  en  fut  inondée  et  l'air  relenlissail  des  san- 
glots et  des  lamentations  des  Perses  et  des  Gr(>cs.  «  Mon  Irère,  reprit 
Dàrà,  il  ne  sert  a  rien  de  se  désoler-,  mais  écoute  les  tlernières  \olunlés 
de  ton  frère  et  fais-moi  la  grâce  d'être  son  fidèle  mandataire.  » 
Alexandre  lui  dit  :  «Commande-moi  sans  me  cacher  aucun  de  tes 
désirs;  sois  certain  que  j'accomplirai  fidèlement  l'engagement  que  je 
prends  envers  toi  et  que  j'exécuterai  tes  ordres.  »  Dàrà  dit  :  "  Je  te 
donne  en  mariage  ma  fille  Roûschanak;  témoigne-lui  les  égards  aux- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  411 

jLs.5ol  tjlc  jLjl^I  JjJ  ^j  L^'cAxjj  ^_j-j^  j'r^'  J^j  '^'j-^  fr^li 


1 ii ujj  LJ^.^  r :••!; l5>.^;o!  U  \j\^  ^  \S\^xj\  ^„à^\    v-Jt^Jt  ^^J_s^2_, 

'"  MjjA^^^.  -'  IMiruso  suppléée  (le  Tahiiri,  I,  J).  (i()G. —  '■'''  C  |--iïwl.  '    Mss.  LjLi»; 


quels  elle  a  droit,  traite-la  avec  Ijoiitc  coininc  Ion  ('"pousc  et  doiinc- 
Ini  lin  lai'fi^o  étal.  Honore  les  nolîlcs  et  les  fjrands  fie  Perse,  ne  lais 
|);is  (loniiner  les  oelils  sur  les  i^rands,  ne  deirnis  pas  les  leni|)les  du 
l''eii  el  \en^('-nioi  de  cenx  (|ni  inOnI  Inc.  ■  \le\andi-e  dit  :  ■  Tes  ordres 
seront  |)onrluelleinenl  obéis.  > 

Onand  Dàrà,  après  avoir  régné  cjualorze  ;ins,  enl  e\|)ii-é,  Alexandre 
lil  laire  ses  lunérailles  et  suivit  son  corps  avec  ses  cliels  d'armée  au 
lieu  de  la  sépulture.  Il  donna  l'ordre  dç  pendre  au  gibet  les  deux 
hommes  qui  avaient  mis  une  main  sacrilège  sur  Dàrà.  On  les  pendit 
el  on  lança  sur  eux  des  llèches  et  des  pierres,  de  sorte  que  leur  cliaii- 
el  leurs  os  toniber-enl  en  morceaux.  Alexandre  dit  :  <  Voilà  le  châti- 
ment de  ceux  qui  attentent  à  la  vie  des  rois!  » 

lu  (;\r  i)v\i.i;\AM)iu:.  oielqles-lnes  de  ses  paroi.es  hemakolables. 

Le  gouvernement  de  Dàrà  avant  pris  lin,  Alexandre  régna  sur 
rirànschahr  en  même  temps  que  sur  l'Eg^^te  et  le  pays  de  Roûm. 


'il  2 


U-) 


■^y  ^- 


^4' 


IIISrOlllK    DKS    HOIS    DKS    PKUSKS. 

»  e::.%LxLi^|^  J^mi  ^  Lg.eJ>sai^  L4-)  i-^H^Ij    LgJLgr^   L-g^l^*»^^  ^ 

^J^-^^,    ^vI.X_L>J|    J    ^oLL^     S^^-OSJU     Jl^"^!    Jlc     J^y^\j    \^ 
.=».       L^\     ^1    >-àLJ«    wOnJI     3î-.<^^2j>    ^_o-AJ^   v-*-<iJ|    vC-'-Jt/^^O 

_5  ^jiue-V    Jis.   jJuÊ   J^Jixi  s4-i    '  v^f  JS\:i^   jLftJ  is^   ^ 
\'  ^>L    N'>_jLJt   J:)j.\-£.   JJ  '-^^^^^^  "-rz^r^  O^"-*-^   4_»0o  jJj' 


\l    â^=S^Ul. 


Il  lui  ainsi  maître  d  un  vaste  empire  el  les  dilTéreiils  i-ois  lui  adi-es- 
sèrent,  par  lettres,  leur  entière  soumission.  Lorsqu'il  consomma  son 
mariaf^c  a\ec  Roûschanak,  il  fut  émerveillé  de  sa  heauté  et  de  sa  grâce 
et  il  lut  charmé  d'elle.  Il  lui  donna  la  libre  disposition  du  domaine 
pii\c  cl  des  biens  acquis  et  l'entoura  du  plus  grand  respect.  11  piil 
|)ossession  des  l'ichesses  et  des  trésors  de  l'empire  et  parcouru!  les 
pro\  inces. 

\lr\andri'  sinspii'ail,  dans  ses  actes,  des  conseils  des  sages  et  des 
philosophes  el  laissait  tomber  de  sa  Ijouche  de  précieuses  sentences. 
Ainsi,  un  jour,  il  dit  à  un  vieillard  ayant  les  cheveux  teints  :  «  Si  tu 
as  teint  tes  cheveux,  comment  teindras-tu  fa  vieillesse  .3  »  Voyant  un 
homme  vicieux  ([ui  a\ait  une  belle  figure,  il  dit  :  «La  maison  est 
belle,  mais  celui  qui  l'habile  est  abomiiud^le.  "  Voyant  une  femme 
pendue  à  un  arbre,  il  dit  :  »  Je  vcnidrais  que  tous  les  arbres  portassent 
de  tels  fruits!  ■  il  dit  à  l'un  de  ses  chefs  d'armée  ([u'il  envoyait  laire 
une  canqiagne  :  "  Rends  a  l'ennemi  la  fuite  aisée,  en  t'abstenant  de  le 
poursuivre  quand  il  est  en  fléroute  el  agis  comme  si  chaque  homme 


IIISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES.  413 

Ul  <_,  "l^'t  ^-^"îi'  ^.  <^'^i-^_^!  \'*^'  ^;^  J^  ^b^  -L^!  <.Juu- 

J— a-J'  <->  ^AijL  J-^Li-    ^U'  Jv,-â^-..J  \'  ^:>]p  0^^-«-v'   J^ 


^^-<- 


'    M  pli.         -    M  ^yJ!j.         '"  -M  ^J...^.  <:  ^^y-^. 

W    M   X.ljU-.i)I.  ''l    MSS.   yl^i-O.   —   i"'    -M    L«^. 


•  le  loii  iiiim-c  cl, ni  un  (•>|)i()ti  (|iii  l'observerait.  »  \  ceux  (|iii  lui  n'- 
préseiilaienl  ([ue  .s'il  prenait  beaucoup  de  femmes  il  aurait  beaucoup 
(le  fils,  |)ar  lesquels  .sa  mémoire  serait  perpétuée,  il  répondit  :  «  Une 
mémoire  durable  s'acrpiiert  par  des  vertus  et  de  louables  actions;  il 
ne  sied  pas  à  crini  (pu  a  subjut^uf  les  lionnnrs  d  être  subjugué  par 
les  lemmes.  »  Il  avait  coutume  de  dire  :  «La  crainte  est  indisjX'u- 
sable  à  chacun  ])Our  sa  bonne  direction;  l'boinme  relii^ieux  craint  le 
ciialiincnl;  I  lioninic  d'Iionncur,  la  lionlr;  l'homme  intellif<;enl  craint 
les  suites  de  ses  actions.  "  Il  dit  à  l'un  de  ses  chefs  d'armée  :  «  Ne  mé- 
prise point  un  excellent  avis  que  tu  reçois  d'un  homme  méprisable; 
car  la  perle  précieuse  n'est  pas  avilie  par  la  bassesse  du  pêcheur.  »  Il 
avait  pour  habitude,  lorsqu'il  allait  livrer  une  bataille  qui  lui  inspirait 
des  craintes,  de  boire  une  certaine  quantité  de  vin  pour  mettre  en 
mouvement  son  sanj;  et  réchauffer  son  cœur;  puis  il  disait  au 
musicien  de  lui  chanter  une  chanson  guerrière.  x\près  avoir  ainsi 
conlorté  le  corps  aussi  bien  que  l'esprit,  il  engageait  hardiment 
la  bataille  et  pavait  de  sa  personne  en  combattant  avec  énergie  et 


liï'\  mSTOIRK   DES   ROIS   DKS   PERSES. 

\j,j   I^U  ^^  '^■'^\   LJlil   ^   Jls    U|.i   s_N_w  Jlc  ^_^J.^  ill 

>''  .Manque  dans  (1.  —  '-'   (>  t^y=w.  —    •'    Man(|iie  dans  M. 


ardeur,  sans  s'cllraver  de  ses  danj^ers  cl  sans  éprouver  la  moindre 
faiblesse. 

(iOliVERNEMENT   W  \Li:\ ANDRK. 

(juand  \l('\andre  lut  assis  sur  le  Irône  de  Dàra,  il  dil  :  "  (>  est  nous 
que  Dieu  a  lail  triompher  et  ce  cpi  il  nous  a  donné  n'est  pas  ce  doni 
Dàrà  nous  menaçait.  Cependant  j'ai  exécuté  ses  dernières  volontés, 
saul  en  ce  qui  concerne  les  temples  du  Feu.  »  Quant  à  ces  temples, 
il  donna  l'ordre  de  les  détruire;  il  tua  les  mages  qui  les  desservaient 
et  brûla  les  livres  de  Zardouscht  qui  étaient  écrits  avec  de  lencie 
d'or.  Il  ne  laissa  debout,  dans  T'iràq,  dans  le  Fàrs  et  dans  les  autres 
]irovinces  de  rirànsclialir,  aucun  beau  monument,  aucune  solifle 
lorleresse,  aucun  château  élevé;  il  fit  raser  toutes  ces  constructions. 
Il  fonda,  en  Occident,  la  ville  d'Alexandrie  et  la  ville  de  .Malatie; 
en  (Jhine.  plusieurs  villes,  entre  autres,  lîordj   al-llidjàrat  ;  dans  le 


liiSTOIRK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  415 

Ljfirwj     _^l   -«gl    .•^.    ^   y.  ■^  ^Jsi  -OV*»-}    ^'yl»    "O-J^X-jCj   .X^Owfv.    "O-jOs^     .\Lt«.'>Jil 

j^_«__)  ^.>.-<2k.  s.y'r^    '  '^'  <->:>':>>.=».   jV.U  ^w^la^'I  >-^-^  *_^o->^>-<*  -^^-*-^y 
j^_î^_^v  ^iJ'  <_5U  ;5t-j_;|;  ^\  >3-''  J-<s»  L^J  f -^'-^t^^  |;'-^;r^'  ^  AIt^' 

^^     '^^-^J   >-_9— ''   '^^-^-*^  Ij'-^  Jv^v^   ^.    ^_o-'''    Ou   ^>L(r   iJv^sJ:^.   ^   |?LO<< 

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''    ('.  «jLs^.    m   iul=.>.  -      \1.1II(|UC  dans   ('..  M    Jyy..:*".  |^;_j^'   ^f^i  l^i^^  • 


Klioràsàii,  il  loiid;!  Sainaicaiidc  cl  llt'ial  l'I  ciiloura  Marw  ascli-Schà- 
liidjàn  dun  imir  d  iiiir  |)arasan};t'  en  lonj^iiciir  et  en  lar<j;eur.  H  fonda 
anssi  Nasa  cl  la  \illc  d'Islahàn,  à  l'imaj^M"  d'iin  serpent,  cl,  dans  l'Inde, 
Sarandîl).  Tahaii  et  Ihii  Kliordàdlibeh  rapporicnl  (juc,  passani  en  re- 
vue son  année  après  avoir  vaincu  Dàrcà,  il  Irouva  (piellc  se  conij)()sail , 
dit-on,  d'un  million  cl  quatre  cent  mille  hommes  :  huit  cent  mille 
de  ses  propres  soldats  el  six  cent  mille  des  soldats  de  Dàrà. 

Comme  il  considérait  que  rien  ne  serait  pins  préjudiciable  à 
rirànschahr  et  n'amènerait  plus  promptemenl  sa  ruine  que  de 
mettre  la  division  entre  les  gouverneurs  des  provinces,  de  séparer 
leurs  intérêts  et  de  les  opposer  les  uns  aux  autres,  \lcxandre  donna 
aux  principaux  chefs  la  souveraine  possession  de  leur  contrée,  afin 
d'empêcher  qu'ils  ne  fussent  sous  la  dépendance  d'un  seul.  Il  en  fit 
des  rois  souverains,  tous  également  indépendants,  mais  en  les  assu- 
jettissant à  lui  paver  des  redevances  et  du  tribut.  Ces  princes  souve- 
rains sont  les  rois  régionaux  qui,  après  Alexandre,  se  partagèrent  les 


416  IIISTOIRK   DKS   ROIS    DES   PKRSKS. 

\jL4J    pLjL^^U    -^If^   ^^\  J    i^:^\j^  j^^jS^'i}  JS^    J\i)l\  JyL 
J,t  ^   g  «  '^  '  ^'  J-*-i;  ^r^  Jjj-o'^t  J-€^  (f^^"^'  J  SJ;-^!;   v_/->^^pi;Jt;, 

•''  C  ii;:^-  —  '    -M  UL,!,^.  —  ■■''  C  Jij.  —  !■')  Mss.  »,y,  plus  Iws  ^y.  —  W  M  J^^i. 


provinces  de  llrànschahr  el  régnèroiil  jusqu'à  ce  que  Arclascliîr,  fils 
de  Bâbak,  devînt  roi  de  l'Univers. 

Alexandre,  constamment,  parcourait  les  divers  pays,  traversait 
toutes  les  régions  et  soumcltail  les  ])opulations;  il  était  toujours  en 
mouvement  et  ne  s'arrêtait  jamais  dans  ses  courses,  soit  vers  l'Orient, 
soit  vers  l'Occident,  ni  dans  ses  expéditions  j)our  conquérir  toutes  les 
parties  de  la  terre,  amassant  les  richesses  de  tous  les  pays,  enfouis- 
sant une  partie  de  ces  trésors  et  en  faisant  passer  la  ]:)lus  grande 
partie  dans  le  pays  de  Roûm  qui,  pour  cette  raison,  est  demeuré 
le  plus  riche  de  tous,  jusqu'à  présent. 

FAPKDITIO.N   D'ALEXANDRE  DANS  1,'INDE  ET  GL  ERIU.  AVEC   I.E   ROI    EOÙR. 

Alexandre  envoya  à  l'^oùr,  roi  de  IIikIc,  une  and)assa(le  et  une 
lettre,  le  sommant  de  reconnaître  son  autorité  et  exigeant  le  tribut 
de  son  royaume.  Four  refusa  de  se  soumettre  et  répondit  avec  hau- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  417 

_,  U  jL^U  i^tJt  ^   '  ^'^  U  ^  «C^'ij  <i^'  so^y.!  <^Uîu't 


1^1  MiU^.  -    '-^t  C^j. 


leur,  |)arlaiit  (les  lruii|)i'>  aii\(Hiillfs  il  aurait  recours  et  de  la  puis- 
sance et  des  ressources  sur  lesquelles  il  comptait  pour  se  déleiidre. 
En  conséquence,  Alexandre  laissa  Plolémée  comme  son  lieutenant 
dans  I  lianscliahr  et  se  mit  en  marche,  se  dirigeant  vers  l'Inde  tel 
(liiuM  nuage  menaqanl,  loiilinuaul  toujours  à  concpiérir  les  pavs 
(|M"il  traversait  et  à  ramasser  les  richesses  qui  lui  tomhaient  entre 
les  mains.  Il  en  lut  ainsi  jusqu'à  ce  qu'il  arrivât  aux  Irontières  des 
Etats  (le  l'oûr,  à  (pii  il  adressa  un  message  avec  sommations  et  me- 
naces. 

Four  marcha  à  la  rencontre  d  Alexandre  avec  ses  troupes  et  ses  élé- 
phants; il  ne  craignait  pas  de  lui  résister  et  se  disposait  résolument 
a  lui  livrer  bataille  et  à  le  combattre.  Alexandre  établit  son  camp  en 
lace  de  lui  et  ht  creuser  un  fossé  tout  autour  de  son  armée.  Il  n'était 
inquiet  qu  au  sujet  des  ele])hants,  au  nombre  de  six  cents,  dont  Four 
se  prévaliait  et  auxquels  il  se  fiait.  U  donna  l'ordre  de  torger  des  sta- 
tues de  cuivre  et  de  fer,  creuses  à  l'intérieur,  représentant  des  hommes, 
et  en  fit  remplir  les  cavités  avec  du  naphte  et  du  soufre.  Le  jour  du 


418  IIISTOlllK   DES   ROIS    DES   PEUSES. 

jj—!  s_«-^jj  ^-i-a-^'l  Jj-Jt>  ,_jjijj  ^>LX\j  ^Uit  <jj-^  <^\ji\j 

^U  jjLJl  JL^-.L  ^0.^6x^1^1  jLk.\'t  J;L^3  -U^t  ..:^^ 

^j_(6  J^_^_s^  <_i_ù;Li  <J:>Lv3  4)^-6-  4)^-sJ!  J5-a>^-^  jJs^vSs^vNl!  Jk**^ 
J — sJ'Li^l  L^^L^  ^-^j^^  ■^iJl    i.ciJ'-r  l-^-l-i  ^^I;j  <~^l^?t  s-sU-it 


cninbal,  il  les  fil  Iriimcr,  sur  (les  chars,  au  champ  de  i)alaillc  cl  |)lacfr 
(Icvaul  les  rallias,  aj)rès  avoir  assigné  aux  soldais  les  positions  qu'ils 
devaient  occuper  et  les  avoir  convenablenienl  réjjartis  à  l'aile  droite  et 
à  l'aile  gauche.  Quant  à  lui,  il  prit  position  au  centre.  Four  se  mil  eu 
mouvement  avec  ses  troupes,  après  avoir  caparaçonné  et  barde  de  ier 
les  éléphants;  il  fit  battre  les  tambours  et  sonner  les  trompettes  in- 
diennes et  employa  tous  les  moyens  possibles  pour  terriliei-  l'ennemi. 
Quand  les  guerriers  se  provoquèrent  au  combat,  c[ue  la  bataille  lui 
engagée  et  que  les  champions  lurent  aux  prises  les  uns  avec  les  autres, 
Alexandre  lit  mettre  le  feu  aux  statues  qui  s'échaulïèrent  et  devinrent 
incandescentes.  Four,  de  son  côté,  donna  fordre  aux  conducteurs 
des  éléphants  de  laire  contre  l'armée  d'Alexandre,  avec  tous  les  élé- 
phants à  la  lois,  une  charge  vigoureuse,  elïéctive;  il  se  proposa  de 
charger  lui-même,  derrière  eux,  avec  f élite  de  ses  gens.  Les  éléphants 
arrivant  à  l'assaut  et  prenant  les  statues  incandescentes  pour  des 
hommes,  les  frappèrent  avec  leurs  trompes,  qui  furent  grillées.  Alors, 
torturés  par  la  doideur  des  bridures,  ils  tournèient  le  dos  etse  mirent 


IIISTOIKK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  419 

Jlc  ,.y^_>^Sw*v\''  c-^'-.^'  J— 5"'  ■■  g  .'^  ^^^  J^  ^i^^  ^jj!^  e^^wi^s  Ij^i^ 

f^^,  ^^^  ^^'ij  o-jjr''  c^oL=u^j  ^-y^^'  ^^^L^^j  ^-^_^  _<-?:; 
Je  ^.jS^  :^;->^'  ^^^^j  f  ^^^1;  i?^"!;^  J^  ^^l^  "^r-  <~y'y^ 

^-^  '—  ■  y  ^  '-'  ^^  <-'       ^      ^ 

1')  C.  l«j^. 


a  liiir  <>l  se  jetèrent  sur  lims  propres  gens.  Les  soldats  d'Alexandre, 
selancant  à  leur  snite,  iniligerent  aux  Indiens  une  sévère  défaite  et 
en  firent  un  grand  massacre.  Ils  ne  cessèrent  de  les  assommer  que 
lorsque  la  nuit  sépara  les  combattants. 

Le  lendemain  matin.  Four  reprit  le  combat,  rallia  ses  truuj)es  et 
concentra  toutes  ses  forces,  et  il  lui  \int  des  renforts  de  tous  cotes. 
La  bataille  recommença  comme  auparavant,  la  mêlée  deAÏnt  ardente 
comme  un  four  allumé,  les  existences  furent  emportf'es  en  pleine  lorce 
et  les  tètes  sautèrent.  La  lutte  dura  pendant  vingt  jours  et  lit  dis- 
paraître les  cohortes  et  les  individus.  Alexandre  étant  sur  le  point 
d'être  vaincu,  envova  à  Four  un  messager  et  lui  lit  dire  :  «  Si  la  lutte 
continue  ainsi,  elle  nous  dévorera  tous  et  il  ne  nous  restera  pas  une 
àme.  11  vaudrait  mieux  que.  épargnant  nos  troupes,  nous  combattions 
nous-mêmes,  moi  et  toi  seuls,  au  combat  singulier:  celui  de  nous  deux 
qui  sera  vainqueur  aura  l'empire  de  l'autre,  la  guerre  ayant  déposé 
ses  armes  et  éteint  ses  feux. ..  Four  fut  enchante  de  ce  message.  H  es- 


53. 


HISTOIRE   DES   UOIS   DES   PERSES. 

^AJiLâJj  L/i^liaJ^  ^Lv^aJ^   bj^^  JU-iiJl  ^^_c  ^^^OL   ^.NSvtMjUl  r-i)|^ls 

•-      g     ^ ils    l.g  <s— 'I  s.:^^— «— *wJU   4_A_i— 5  ci^JuLvi    <.0l^   <■  9  I-^    (^    ^«_?    x_cw^ 

•^^ (L.><j5   ^_Ji:   <( ^>_/s3    ,^_j<S'i4*JL   "<_>j_Nà_5  <_)LbJU|   Jwi^    -^  <^v^j_iJ|    \kX,»3s_wjl 

J>. — ^^-^ — -"    t^'^   L"^  i  4 — 4«_i_;o    iU^   "K-^yi  ^^  JaJLw   (^_^s:i.  ^iJo.   (^5^^ 
\Js_À_K-**jl    s_)v^**vi   Je   U_Lj".   l«./oJa-vbl«   U_>sJa.^si>l»   U-^i2_)tA^|    \  4.3     Ç.j^v2.>0 


péniil  l'emporter  sur  Alexandre,  ou  plutôt  il  se  croyait  certain  de  la 
victoire,  car  il  était  puissamment  conformé,  d'une  stature  et  d'une 
force  colossales,  tandis  que  l'extérieur  d'Alexandre  en  était  l'opposé. 
Ayant  donné  à  leurs  armées  l'ordre  de  suspendre  le  combat,  les  deux 
rois  s'abordèrent,  s'assaillirent,  jouèrent  de  la  lance  et  luttèrent  corps 
à  corps.  Four  ayant  entendu  derrière  lui  des  cris  qui  l'inquiétaii'nt 
et  s'elant  retourné,  Alexandre  ])rufila  du  moment  où  il  regarda  en 
arrière  et  lui  asséna  un  coup  de  sabre  sur  fépaule,  puis  un  second 
et  un  troisième,  de  telle  sorte  ([ue  i'^oûr  lonilia  de  son  clieval  et 
expira.  Les  Indiens,  lorscpTils  le  virent  à  teire,  liircnl  exas])érés;  ils 
furent  pris  de  rage  et  de  fureur  et  cliargèrent  tous  ensemble  farmée 
d'Alexandre.  Celui-ci  fit  proclamer  dans  leurs  rangs  :  «  Pour  quelle 
cause  combattez-vous,  votre  roi  étant  mort?  Craignez  Dieu,  ne  sacri- 
fiez pas  vos  âmes  et  ne  leur  faites  pas  partager  le  sort  de  votre  maitre  I 
Déposez  vos  armes  et  vous  aurez  la  vie  sauve!  »  Ils  reconnurent  (|ue 


IIISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  'i2l 

'     M   ^I^Jo«.  M  Nyl.^^..  M.L.aAll.  '    Man.]..- dans  C 


Jv-âJi 


c'clail  jii>li'  ri  (lue  lii  •■l.iil  Ir  -aliil.  ll>  iinifiil  ha^  l'>  armes  et  se  reu- 
(lin'iit  cil  (IcinaiHlanl  (luarlici-,  iiiii  Inir  lui  accorde  par  Alexandre. 
Celui-ci  lit  un  l)utin  innond^rahle  en  arf;ent.  en  eirets  el  en  armes, 
prit  possession  du  pa\s  de  Tour,  s'assit  sur  son  Irone  et  fil  exhumer 
ses  trésors  qu'il  con(is(|ua.  Il  investit  ensuite  du  gouvernement  du 
paxs  l'un  des  parents  de  Four,  en  lui  imposant  redevances  et  tribut, 
re^la   l'aduiinislratiou  de  ses  provinces  et  se  prépara  an  flépnrt. 

KXPi.nirioN  n'\i.KX\Nni\i-:  n\>s  i.k  pays  oks  iuîahmans. 

Alexandre  se  dirii^ca  ensuite  vers  !<•  |)avs  des  Bralimans  qui  étaient 
des  i^^ens  faibles  et  pauvres,  dont  les  plus  notables  étaient  des  hommes 
sa"-es  et  de  v  ie  austère ,  parlant  par  de  belles  maximes.  H  voulait  prendre 
exemple  à  leur  manière  de  vivre  et  entendre  leurs  instructions.  Il 
donna  l'ordre  à  son  armée,  non  seulement  de  s'abstenir  de  tout  acte 
(l'Iioslilité  à  leur  égard,  mais  même  de  les  traiter  avec  douceur.  Ces 
hommes  vinrent  à  sa  rencontre  nu-pieds  el  n'ayant  pour  tout  vête- 
ment qu'une  ceinlure  tressée  de  brins  d'herbe;  ils  firent  des  vœux  pour 


'i22  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

Ii1^]5  *U^|  L'LLS  ^"^t  J—*-^  fi—'!  ^y:>-i  ys.  4,1!  Jji  ,^5ot_ç  ^U^ls 

__u:_c  '--^>-£;  5-^  LjiUj  *î^i  LjQ=j  yii^  |?u]^i^u  ^^ 

t"    M  j^^L*-».  —  '-'   C  *-^i_jj^l  AiUôj.  '''    Manque  dans  ('.. 


lui  cl  le  c()iri|)limentèreiil.  Alcvaiidi-c  s'iinrla  |)ai-iiii  envol  vil  avec  éton- 
iic'iiuMil  Tc^alc  pauvreté  de  tous  et  de  chacun ,  et  la  condition  misérable 
dans  latjuelle  vivaient  les  hommes  aussi  Lien  que  les  femmes.  Il  lit 
appeler  les  principaux  d'entre  eux  et  les  interrogea  sur  les  demeures 
de  leurs  vivants  et  de  leurs  morts.  Ils  lui  répondirent  dans  le  sens 
de  la  parole  de  Dieu  dans  le  Coran  :  «  N'avous-nous  pas  lait  la  lerre 
pour  contenir  les  vivants  et  les  morts .'^»  Ils  direnl  :  «Nous  sommes 
les  fils  de  la  terre;  nous  sommes  créés  d'elle,  nous  \  iclounierons 
et  nous  en  sortirons  en  ressuscitant.»  Questionnés  sur  leur  manière 
de  vivre  en  général,  ils  répondirent:  «Notre  lit  csl  la  terre,  notre 
couNcrture  le  ciel  et  notre  nourriture  l'herbe  des  champs  el  les  Iruils 
des  arbres.  »  L'un  d'eux  formula  une  pensée  cpie  le  poêle  a  exprimée 
ainsi  : 

D'-barrassi'-toi  des  choses  de  ce  monde,  car  c'est  loiil  iiii  (|iii'  Ui  y  es  venu. 
Alexandre  dit  :  «Vous  êtes  des  gens  cpii  ne  laites  [)oinl  de  mal  aux 


IIISTOIHK   DES   ROIS   DKS   PERSES. 


423 


I?ljL..^  ^^  fjU  J  fj_^j  ,?UI^'  ^.  (AiU^  <JU|.  ^UJi 

^^  ^^  ^.^i  U^  -^i  Uj  o!.-  ^j^^  ^^^^  c>l  ^^!/'  '  i^'-^>--j 

^_^^Uj    4n    Jx^    c5^J    :';rJ>.X-v^    jlij    Lftjljjj!    ^oUOi^   WV^-    J^^ 

-L^U-ct  ^  r*~«^^lî  <_.^.li.^.  OL^^iU  <xi|  U    c:>l^  4o«ji  U  J^aJl 


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aulrcs  liommcs;  (Uissi  nK'rilcy.-Nnus  dr  ii't'lrp  point  molestes  el  (le 
i-ccexoii-  (les  laveurs;  (lem;m(le/,-m(il  ce  {[ue  \oiis  v(jiilez.  n  Ils  iv[K)ii- 
(lliviil  :  .(.Nous  le  (lemandoiis  riiiiiii(irlalit(''.  —  Commeiil,  dil-il, 
(•rii\  (loiil  la  destinée  est  (le  mourir  pourraient-ils  (Hre  immortels?" 
Ils  repartirent  :  '<  Si  tu  sais  (pie  des  iMres  humains  no  sont  pas  immor- 
tels, (pu'l  est  ton  olijet  en  ap|)ortant  la  f^nerre  aux.  hommes,  en  ver- 
sant leur  sang,  en  t'emparant  de  leurs  biens,  en  envahissant  leurs  de- 
meures et  en  jetant  la  terreur  parnù  leurs  femmes  el  leurs  enfants? 
Que  le  send)le?  Si  tu  |)Oss(''dais  la  terre  entière  avec  Ions  ses  habi- 
tants et  tout  ce  (pii  est  sur  elle,  ne  mourras-lu  pas  bientôt  en  la  lais- 
sant derrière  loi,  tout  en  portant  la  responsabilit(''  des  actes  de  vio- 
lence qui  ont  été  commis?»  .\le\andre  répondit:  "Vous  avez  raison. 
Mais  je  suis  le  serviteur  de  Dieu  et  son  mandataire;  c'est  en  vertu  de 
son  décret  el  de  sa  volonté  que  j'agis  ou  que  je  m'abstiens.  Je  châtie 
ses  ennemis  et  épargne  ses  amis.  On  ne  peut  résister  à  son  comman- 
dement et  ses  décisions  sont  sans  appel.  Tous,  nous  lui  appartenons 
et  à  lui  s(>ul  nous  sommes  soumis!  »  Puis  il  prit  congé  d'eux  et  s'en 
alla  avec  ses  compagnons. 

J'ai    appris   que    Ma'moûn,    lorsqu'il   entendait   citer   ces   paroles 


'i2-'j  HISTOIRE  DES  ROIS  DES    PERSES. 

.iju_î_i-_ij  4'  l..^iwcils  <Jjij_Lil  ■C_)'.._(fi  ^J-N  IjiU  vxsl  (j^  jJvvlSvwwjI  tyj  ci 
<< — * — ;^3  j,_A_a^  Jwi^gJl  ^iLLo  uVji.t  uX-A^  Ay  ^JJCiL  «LcLiaJL  «.fwJlj 
J,  J)l  Jls^   <_3ij_-s-«Jl  .2  jL-g-kL   <-jL^I  "OowviJi  «L/oUt  J  jJ^S^] 


(1  Alexaiulre,  dit  :  "Anciennement,  les  rois  ])r()fessaient  la  doctrine 
d  a])rès  laquelle  riiomme  n'ai,nt  que  sous  l'impulsion  de  Dieu.  " 

KAÏI)  l/liMMEN   ET   ALEXANDRE. 

Lorsque  Alexandre  eut  vaincu  Dàrà  et  Four,  tous  les  rois  le  redou- 
tèrent et  s'empressèrent  de  le  reconnaître  comme  souverain  cl  de  lui 
olTrir  leur  entière  soumission.  Ainsi  fil  également  Kaid ,  l'un  des  rois 
de  I  Inde.  Quand  Alexandre  lui  adressa  une  lettre  le  sommant  de 
payer  tribut,  il  se  déclara  prêt  à  lui  obéir  el  dans  sa  réjjonse  il  ajouta  : 
«Je  possède  quatre  choses  extiaoïdinaires,  merveilles  du  monde, 
comme  n'en  a  aucun  autre  roi.  Je  t'en  fais  hommage  et  m'en  dépouille 
en  ta  faveur;  car  seul  tu  en  es  digne,  nid  autre  que  toi  ue  mérite  de 
les  posséder.  J'ai  une  fille  dont  le  soleil  n'a  jamais  vu  fégale,  pour  la 
beauté  et  la  perfection.  Elle  attire  et  retient  tous  les  regards  et  est 


L  't 


^ «_^  «—(fi   -  1» 


HISTOÏKK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  425 

^  >'—'>■  -^  ^         ^       ^  y         ^ 

«^]^  4l'!  ^b'  ^^^..J-AJ  j^   ^_.Vo  'w^-^j  o^jd-c   '^_;r^j  J^Gi?  ^jL-^  J^ 

•  1  a  .  ..\'t  s',  o  s'    ;  <_^"  _^^'.  <_,  ;_^  vj..6^"^'  Je  J}S^  <j'«^ 

J^^^^^ls     ^1^"    jL^L   ;p>sk.'t    4-.^'    J^jJj    <J;-.i^ 

..^X^^v-)..Cv^\''  :>^,..^^   ^'    .  <5vv3'  L«^U   <-.jU 


l'objet  delà  plus  graiule  admiration.  J'.ii  im  nirdfcin  (jiii,  dans  larl  de 
la  médecine,  dans  la  connaissance  des  maladies  et  des  remèdes  et 
dans  l'art  de  traiter  les  aOeclions  chroniques,  semble  inspiré  par  Dieu. 
Tant  qu'il  demeure  auprès  de  toi,  sois  assuré  de  conserver  ta  santé 
et  de  i,niérir  toute  indi.sposition  accidentelle.  J'ai  dans  ma  société  un 
philosophe  à  qui  Dieu  a  donné  la  quintessence  de  la  sagesse.  Il  voit 
derrière  un  mince  voile  tout  ce  qui  est  caché.  Enfin,  j'ai  une  coupe 
laite  de  bois  du  paradis;  lorsque,  une  fois,  elle  a  été  remplie  d'eau,  elle 
donne  à  boire  au\  soldats  de  toute  une  armée  sans  que  l'eau  s'épuise.  » 
Alexandre,  en  recevant  la  lettre  de  Kaïd,  fut  enchanté  de  ce  quelle 
annonçait.  Il  écrivit  à  Kaïd  d'envoyer  ces  quatre  merveilles  à  sa  cour 
par  les  movens  les  plus  rapides,  fût-ce  sur  les  ailes  des  oiseaux  et  les 
nuages  de  poussière  portés  par  les  vents.  Kaïd  obtempéra  à  son  ordre. 
La  jeune  fille,  dont  le  nom  était  Kanka,  étant  arrivée  à  la  cour 
d'Alexandre,  celui-ci  en  fut  ébloui  et  charmé,  et  elle  s'empara  de  son 
àme  et  de  son  esprit.  Il  ne  put  détourner  d'elle  ses  regards  et  fut 


'1-26  HISTOIRE    DES   KOlS   DES    PERSES. 

-^  >J^|^  s^wsK.;^L  Jjj  ^j^j  >-j^-*i;  (—"jj-^y  --J^f  ^1  ^~^rb  s^'^^ 
SiL^I  Jls  Lfi'^oi^.  <JLaJL:w  Uj  Jls  <«jiJt  JLls  -\j:>)l\  j^^\  ^^  4lLw 

O  C  *«*5.  —  (-'  M  ylytJ.  —  W  c  ^j^5 

lasciné  par  ses  charmes.  H  sécria  :  "Gloire  au  créateur  de  cet  adnii- 
ralîle  corps  et  de  ses  élonuautes  perjections!  »  U  donua  l'ordre  de  la 
bien  traiter  et  fit  d'elle  le  régal  de  .ses  yeux  et  les  délices  de  son  àme. 
Alexandre  lit  ensuite  appeler  le  médecin  dont  le  nom  était  Man- 
kat.  Celui-ci,  à  toutes  les  questions  qu'il  lui  adressa  touchant  les 
principes  et  les  doctrines  dérivées  de  la  médecine,  ne  laissa  pas  de 
réponflre  judicieusement  et  donna  sur  toutes  clioses  des  explications 
.satisfaisantes, péremptoires  et  complètes,  en  un  langage  plein  de  traits 
d'esprit,  et  épuisa  la  matière.  Alexandre  lui  deman(hi  quelle  était  la 
cause  des  maladies.  "  L  indigestion,  répondit  le  médecin.  —  Et 
qu'est-ce  exactement.^  — -  C  est  de  manger  et  de  boire  plus  que  ne 
supporte  la  nature  et  cjue  puis.se  absorber  la  faculté  digestive.  »  Il  lui 
demanda  ensuite  quels  étaient  les  meilleurs  moyens  pour  conserver 
la  santé.  «  C'est,  dit  le  médecin,  de  manger,  boire  et  se  livrer  au  com- 
merce charnel  avec  modération.  »  La  même  pensée  a  été  exprimée 
par  Mansoûr  al-Faqîh  en  ces  vers  : 

Sois  modéré  (puissé-je  être  ta  rançon  I)  ([uantl  tu  nianj);('s,  (juaiul  tu  bois  et  (|uand 
tu  te  livres  à  l'amour. 

Et  je  te  garantis,  si  tu  agis  ainsi,  ([ue  tu  te  porteras  l)ii>n  tant  (\w  lu  \i\ 


ivras 


HISTOIRK   DKS   ROIS   DKS   PERSKS.  427 

_>^jU!    .^»JL-aJL5   |£W-ii   <jsJv^   jLâJ   *^^!  Sr^jr*^  o)-^  '^'''-**'  ^ 

^a^^Lil^-^S^  .iUli:j  ^nI:^^]^  ^\j  jUiJl  ..-^^I 

^  :>L.^2.jc_5"^'!  pi-^  y^w^^l  '-^'V-'t/*  •^^J-^^I  v^^^t  w^jjla^ 

4 5-,  X     v'viL    s K)^     '   «< w — à — ^^ — .'    <_^i_lji_*^j^   ^^-V   ^r^ls 

'     MaïKiue  dans   (..  ^'  ^^J  ^«4^-      "         <  •    >tx3:^Dl  ■  '     Maii(|iir   dans  ('.. 

'    Manque  dans  (j.  ■    \K>.  ^^ 


\lr\;iii(l  ic  le  (iiicsl i(»iiii;i  ciisiiitr  sur  li'>  rciiirdcs  iiilcriics.  Le  iiic- 
(Icciii  ic|)()ii(lil  :  «  Le  roinèdc  iiili'inc  est  |)t)iir  le  corps  c('  que  le  savon 
est  pour  le  \èl('nienl;  il  le  uetloie,  mais  il  l'use.  -  Doune-nioi,  dit 
Mexandre,  pour  conserver  la  santé,  une  instruction  dans  une  phrase 
la  plus  concise  qui  se  présente  à  ton  esprit,  n  Le  médecin  répondit  : 
«  Evite  trois  choses  nuisibles  et  use  de  quatre  choses  prolilables,  et  tu 
n'auras  pas  besoin  de  recourir  au  médecin  :  évite  la  poussière,  la 
puanteur  et  la  fumée;  use  de  pain  de  froment,  de  viande  d'agneau,  de 
pâtisseries  préparées  avec  du  sucre  candi  et  boisdu  via  de  raisin,  tout 
en  observant  la  sobriété  dans  le  repas  principal  du  jour.  "  Alexandre, 
charmé  de  ses])aroles,  fattacha  à  sa  personne  et  lui  assigna  de  larges 
émoluments. 

(}uanl  au  pluloso])h(\  dont  le  nom  était  Schanlca,  Alexandre  re- 
commanda de  l'installer,  de  le  bien  traiter  et  de  pourvoira  tous  ses 
besoins;  puis  il  lui  envoya  un  pot  rempli  de  beurre.  Schanka  enfonça 
dans  ce  beurre  mille  aiguilles  et  le  lui  renvova,  scellé  de  son  sceau. 
Alexandre  donna  l'orflrede  fondre  les  aiguilles  et  d'en  faire  un  lingot 


428  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 


("  Mv=,J«e.  -  2)  M  Jod»^. 


noir  qu'il  fit  rapporter  à  Schanka.  Celui-ci  en  fit  un  beau  miroir  et 
le  lui  renvoya.  Alexandre,  avant  fait  plonger  le  miroir  clans  l'eau 
salée  jusqu'à  ce  qu'il  fût  rouillé,  le  fit  rapporter  à  Schanka  ([ui  le 
polit,  le  rendit  brillant  et  le  lui  renvoya.  Alexandre  fut  étonné  de  la 
perspicacité  du  philosophe  et  de  sa  faculté  de  pénétrer  sa  propre 
pensée.  11  le  fit  appeler,  approcher  de  sa  personne  et  se  mit  à  l'in- 
terroger. «Quelle  était  ma  pensée,  lui  dit-il,  en  t'envovant  le  pot 
rempli  de  beurre  ?  —  Tu  as  voulu  dire,  répondit  le  philosophe,  que 
ton  cœur  était  plein  d'intelligence  et  de  sagesse  et  qu'aucune  autre 
chose  ne  pourrait  y  entrer.  —  TTest  vrai,  dit  Alexandre,  mais  (jue 
voulais-tu  dire  parles  aiguilles  que  fu  as  enfoncées  dans  le  beurre? 
—  J'ai  voulu  dire  que  je  possédais  de  subtiles  et  belles  instructions 
f[ni  pénétreront  dans  ton  cœur,  tout  rem])li  de  sagesse  qu'il  puisse 
être.  —  C'est  juste;  mais  qu'ai-je  voulu  indiquer  en  translormant 
les  aiguilles  en  un  lingot  noir.^  —  Tu  as  voulu  dire  que  ton  cœur 
s'était  endurci  et  était  devenu  insensible  jîar  les  crimes  nombreux 
que  tu  n'as  pas  craint  de  commettre  et  parle  sang  que  lu  as  versé. 


HISTOIRE  Di:S  ROIS  DES  PERSES.  /l29 

/ç>>-^    ->^  vjJwS-1-5   Jd   ^\   ^JJ    Jls    iii^    ^>-j->   ^^J^    ^.jJ'    U-^   -i|;-^ 
jL_5_5  j_i»LiJ|    3o|jsj.  ^3^   ^_4jUalj  ^LioiJ   u.   <J<^   J^'^[;   4)oU^l  ^Is 

4      .     1     ^.    ^-^a-r»  <'  >--«'9    ^J-«-"  jb^ls    «Ojoj     '  J,I    ^J-*-" j'   "^-^^-W-  J 
'     M  ..-oJUb.  -     M  Xil^IJo.  ■'    M  ovi^.  '     MaiK|Ut' dans  (.. 


—  Très  bien.  Et  que  sip^niliait  la  transl'onnalùin  de  ce  lingot  en  un 
miroir?  —  J'ai  voulu  dire  que  je  n'-ussirai  bien  à  scruter  ton  cœur, 
à  le  redresser  el  à  le  ,<,nierir  par  le  ii'uiede  ;i|)|)ro|)iie.  —  Parlaite- 
nienl.  El  quelle  élail  ma  pensée  en  renvoxaut  le  miroir  rouillé?  — 
Tu  as  voulu  dire  cjue  ton  cœur  corrompu  ne  pourrait  ])as  être 
amendé  |)ar  mes  instructions.  —  En  effet,  je  n'ai  pas  voulu  dire 
autre  chose.  Mais  en  renvoyant  le  miroir  poli,  qu'as-tu  voulu  expri- 
],ier?  —  J'ai  voulu  dire  que,  quand  même  ton  cœur  serait  rouillé, 
je  le  polirai  et  en  ôterai  ce  qui  le  recouvre  par  mes  élégants  dis- 
cours et  par  mes  paroles  ingénieuses.  »  Alexandre  s'écria  :  «  Tu  es  un 
homme  merveilleux!  Jamais  je  ne  ruinerai  un  pays  qui  a  produit  un 
homme  tel  que  toi!  »  Il  lui  laissa  le  choix  ou  de  rester  dans  sa  suite, 
ou  de  retourner  dans  son  pays.  Le  phi!os()|)he  ayant  choisi  ce  der- 
nier parti,  Alexandre  lui  ht  remettre  des  cadeaux  et  une  robe  d'hon- 
neur et  le  laissa  partir. 

Le  lendemain,  après  son  repas  avec  ses  convives,  Alexandre  de- 
manda la  coupe  et,  l'ayant  fait  remplir  d'eau,  il  en  but  ce  qu'il  fallait 
pour  étancher  sa  soif  sans  que  l'eau  se  trouvât  diminuée;  il  la  fit 


'430  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

A^^i.^^^  AIj  ^  ^^#^  <^^  ^^\j  fài"  <x.«  \j^y^  w  «oLj^  Je 

0^.0  ^'  J  4I  lo^  -J  «LJ^  ;sJLi[  iilsLjK  ^-i-  Je  ù_^>yjjj  iL^"^!  J 

, fols     '  oJ^—i^c   (^^vjoij      *^5oJ    UtjJjj   J,t  Lû^ij  "^t  ^Ul  ,j^j  ^L*4v-J| 

^_<jw)'  Sv« .^    Jl  jJ-UO  l-g-Ltô    ^i^'Jtii»  l.g.^*^iJ>  ci^'JLv^    .^'  Je  Js.^30U  ià-;S*-'l 

'■'>  Ces  mots  manquant  dans  (',.  —  (-'  MaJUji«;.  MoJvj.  '    Maiicjnc  dans  (',. 

'''  M  50. 


ciiTiiIer  ensuite  parmi  ses  convives  qui  tous  burent,  et  Teim  restait 
toujours  au  même  niveau.  Alexandre,  étonné  de  la  M-itu  de  cette 
coupe,  dit  :  "  Kaïd  a  acquitté  sa  dette;  il  reste  de  nous  acquitter 
envers  lui.  «  Et  il  donna  l'ordre  de  lui  écrire  une  lettre  dans  laquelle 
il  lui  adressa  des  compliments,  le  confirma  dans  la  possession  de 
son  Etat  et  lui  fit  savoir  qu'il  lui  envovait  des  robes  d'honneur. 

Alexandre,  ensuite,  se  ravisa  au  sujet  de  Kanka.  Il  dit  :  «Elle  est 
une  troj)  i^rande  tentation  et  une  chaîne  exti-aordinairement  forte; 
elle  m  absorliera  entièrement  et  m'empêchera  de  poursuivre  mon 
but  qui  est  de  conquérir  le  monde,  de  soumettre  les  rois  et  de  gou- 
verner les  Etats.  Il  est  honteux  pour  quelqu'un  qui  a  subjugué  les 
hommes  d'être  subjugué  par  les  femmes.  Il  n'v  a  qu'une  chose  à  faire, 
c'est  de  la  renvoyer  à  son  père,  pour  qu'il  me  la  garde.  "  En  con- 
séquence, il  donna  Tordre  de  préparer  son  équipage  et  de  la  faire 
partir  dune  façon  convenable.  Mais  Kanka  fut  indignée  de  se  voir 
renvoyée  par  lui  et  l'exaspération  et  l'extrême  chagrin  la  portèrent  à 
s'étrangler.  C'est  ainsi  qu'elle  ravit  à  sa  lamille  cette  beauté  dont  la 
pareille  n'avait  jamais  été  créée. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  'iIM 


4_ft> 


-      ■■■    *      ^L_t-*_5J     :>    'L_fi-AjC_^!.    <.^'Ax»,    <.^Lv^^    4!^-^   >-i  f    ^"^Ai   >_/.A.SJU| 

4k^oL) 

M  xLc  aM!  ^j  ^IxiJI  j^axU_jjI  -Uill  iftjiJl.         -'   .M;m<|iiedaiisM.         ■''    ('.,lju*,l. 
(',  SiLci.  •    M^^.— '")   Mss.  Ji^f.  ''   M;iii(|iio  dans  C. 


Luc  histoire  ;iii;il(»mi<',  (lit  r.mlciii-  dr  ct'l  ouvivif^c,  m";i  été  rap- 
porlcc  (le  Qiiboùs,  lils  de  W  ;i.s(|iiiii;im'.  On  lui  ;i\;iit  riivoNc  (!<'  la 
Mcdle,  comiiie  un  jjlicnuiiicuc  cxtraordinain',  un  jcuiie  jifar(,;()u; 
jamais  on  n'en  avait  vu  daussi  graciouv  et  d'aussi  cliarmant,  avant 
toutes  les  formes  de  la  hcaulc  Et  parce  que  sa  figure  était  si  parfai- 
tement lielle  et  que  tous  les  regards  et  tous  les  cœurs  étaient  fascinés 
par  lui,  il  portait  un  voile.  Qàboûs,  avant  jeté  un  coup  d'oeil  sur  lui, 
demeura  étonné  que  le  monde  offrit  une  telle  merveille.  Il  donna 
des  ordres  pour  qu'il  fût  gardé  à  sa  disposition  et  bien  traité.  Ensuite, 
craignant  de  se  passionner  pour  lui,  il  dit  :  «  Si  je  le  garde  pour  moi, 
il  prendra  possession  de  mon  cœur,  il  tiendra  ma  raison  sous  son 
charme,  il  m'asservira  et,  m'occupant  entièrement,  me  détournera 
de  mes  autres  affaires.  Si  je  fabandonne,  un  autre  en  jouira  et  mon 
àme  le  désirera  toujours.  Le  mieux  sera  de  n'avoir  plus  à  m'en  occu- 
per et  d'être  tranquille. ..  Et  il  donna  l'ordre  de  le  mettre  à  mort. 


432  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

g(>.  »>'    «i-^^JÛ  i^J^-^^J-S    ^J«    J|fc.^jl|    ^»-À>^\^   ,_Jlc    ia-s-JUl    'Ovi.xi    <3ljs-0    ^iLv^J« 
'i^fti   |<W\    ^j-o  ..i^T^v  -^  »   ,^_àil-^!OI    c:^v-*.X.-wN    ^y:i^^a-aj\    Ly^AjLf)    c:./>^_svJO*U 


P:\PEDITI0.\   D'ALEXANDRE   EN  OCCIDENT. 
IL  PÉNÈTRE   DANS  LES  TÉnÈrRES. 

Ensuite  Alexandre  se  mit  en  campagne  vers  1  Occidenl,  pai'  terre 
et  par  mer,  car  il  se  proposait  de  pénétrer  dans  les  Ténèbres  et  de 
chercher  l'eau  (h:*  la  vie  dans  la  source  de  rininiortalité.  Sur  toute 
sa  route,  selon  sa  constante  habitude,  il  réduisit  les  rois  et  les  puis- 
sants potentats.  Il  fit  reconnaître  son  autorité  ])ar  les  rois  de  Syrie, 
du  ^emen  et  des  contrées  occidentales  et  leur  ini|)osa  tributs  et  re- 
devances. Tous,  sans  exception,  se  soumirent  à  sa  domination.  Il 
obligea  Qaïdhafa,  la  reine  des  Coptes,  de  lui  remettre  des  richesses 
de  toutes  sortes.  Si  je  voulais  entrer  dans  le  détail  et  rapporter  ces 
récits  tout  au  long,  ils  rempliraient  des  volumes  et  dépasseraient  le 
plar)  de  cet  ouvrage,  qui  n'apovir  objet  que  de  donner  les  principaux 
laits  et  les  plus  intéressants. 

En  arrivant  à  l'endroit  où  se  couche  le  soleil,  Alexandic  le  trouva, 
comme  Dieu  dit  dans  le  Coran,  m  (Jescendant  dans  une  lonlaiiu'  de 


IIISTOIRK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  'l'SS 

Li»  c^Lj.   là  Jl  J-^i-.i    'Ji  Lg>^  i|\'   U  <^y-^J  ^^J)'-^  'XLftj^  ^  «-tJ;-*-' 
Lj'^_*v.   <__>L^'   ^j-o    «LjU    ÎOjI   ^    "C^fcy^i.   ^^«-fwJ!^   JjUuJl  i^JaJiJl  ,J_> 

■^j^jo  L.gj:yi  ^j*  ^Jo  L^.^  Jki^'  ^  j>'  ^jX-&\j  U- 

L^jTisl^j    ^    'ib    Sis^_i».Ll'   ijL^'  |j_L«L-   ^_^»._4wJ'  jjJ   J,'   L::jl4-iâJ!   ^j^ 
C  C  1*1^^,  M  LaIJ>.  —  '-'  Ces  iiKils  iii;iii(|iii'iit  (liins  (1.  ■''   Maii<|iio  dans  (',. 


houe  noiro".  Il  le  vil  (Irscciulir  dans  ses  pertiiis  et  ses  maiisioiis  et 
s'iiislruisit  (le  tout  ce  qu'il  désirait  savoir  à  son  sujet.  Ensuite  il  pé- 
nétra, a\ei'  quatre  cents  de  ses  compagnons,  dans  les  Ténèbres,  du 
côté  du  |)ôleNord,  le  soleil  étant  au  sud.  Ils  y  marchèrent  |)endanl 
dix-huit  jours,  sur  des  cailloux  dont  ils  ignoraient  la  nature.  Alexandre 
Icui  (lit  :  «Prenez-en  et  sachez  que  ceux  qui  en  prendront  et  ceux 
qui  les  laisseront  se  repentiront  également.  ^  Quek[ues-uns  en  mirent 
dans  les  musettes  de  leurs  chevaux;  mais  la  plupart  d'entre  eux  n'en 
prirent  point.  Quant  à  la  source  de  rimniortalité,  Alexandre  ne  par- 
vint pas  à  réaliser  son  désir.  Ce  fut  Khidhr  (([ue  le  salut  soit  sui-  lui!) 
qui,  dit-on,  la  trouva  inopinément  devant  lui  et  en  but  et  qui  ne  la 
lit  connaître  à  personne;  il  était,  en  eflet,  décrété  par  Dieu  quil  de- 
vait vivre  jusqu'au  jour  de  la  Résurrection.  Quand  les  compagnons 
d'Alexandre  lurent  sortis  des  Ténèbres  à  la  lumière  du  soleil,  ils  exa- 
minèrent les  pierres  cpi'ils  avaient  emportées  :   toutes  étaient  des 


'l3û  lllSTOIRK    DES   ROIS    DES    PERSES. 


Lg_5s_i_>)  <— ^-'  ;»'^-s2.  ^lySxj^  ^\\  J.'  j^-i-'ViaJ.'  <j  ,_<\À5l  ,.5^  r^l;  r^' 
^j !'  jJ_*-_i'  3  ^1,  J— r  <-Sl«  ^^jJ'  ,j-«  <'  ^->^\j  <^->^  <cLUL 

i')  Manque  dans  M.  -     -'   C  o**J).  —  î^'   M  ^J^.  —  <*)   Manque  clans  M. 


émeraudes.  Ainsi  que  1  avait  dit  Alexandre,  ceux  qui  en  avaient  em- 
porté regrettèrent  de  n'en  avoir  pas  pris  une  grande  quantité;  ceux 
qui  nen  avaient  pas  emporté,  regrettèrent  d'avoir  négligé  d'en 
prendre.  Les  émeraudes  les  plus  précieuses  que  les  hommes  possèdent 
encore  de  nos  jours  proviennent,  dit-on,  de  celles-là.  Dieu  seul  con- 
naît la  vérité.  On  prétend  aussi  que  le  mont  Moqattam,  en  Egvpte, 
est  la  seule  montagne  du  monde  où  se  trouvent  des  émeraudes. 

p:\pfj)ition  d'alexandrk  k.n  orient,  ie  pénètre  dans  i.e  thibet. 

Après  a\oir  terminé  sf)n  expédition  en  Occident  et  ayant  vu  ses 
merveilles,  Alexandre  se  dirigea  vers  l'Orient,  par  terre  et  pav  mer. 
Il  arriva  ainsi  au  Thibet.  Le  roi  de  ce  pays  se  transporta  auprès  de 
lui,  fit  acte  de  soumission,  lui  rendit  hommage  et  lui  offrit  cent 
charges  d'or  et  mille  ratl  de  musc.  Alexandre  fut  étonné  de  sa  richesse 
et  de  sa  munificence  et  le  remercia.  11  trouva  son  ])avs  extrêmement 


HISTOIRE    DES   ROIS   DES  l'ERSES.  435 

'J   pj  LgJ  j^'  <-i->i,Lil[  ^  4'  y  ^f^  U  ^.tcj  lis?»-  <^-^j\  i_>lk;;-w|^ 

^t  <^Lt-_kJ'  ^    _.s.a.  js.^^   <-^    -^'OL^Jl  ^^-i^>  i.  j.X-Ôv-^v'lsIl  J>'   JLâ^ 
J   i?L^L^   Jlc   I^Y^    f-i"^    ^Ij-V    j^J^   ,J>LJ'   ^^  j^l^jpjjJ'  oJji^ 

^  <wJi  l^^j^t.  e^LLJ'  ..sNoit  il  ^^1  j  44;o'^i^^L^'^l  ^Lkxl 

^^^L  il  J\j^'i\-^'^j  <-^^   i' 

'''M  Jua..  -     Miiii(|iir  (lall^  C. 


•ifjfréahlt'  ri  \  ()I)S(m\;i  de  ses  piopres  veux  une  p;irti(iil;iiit<' ddiit  on 
lui  avait  j)arlé,  à  savoir  ([ue  lorsqu'on  v  arrivait  on  se  trouvait  dans 
un  étal  d'hilarité  et  de  fijaieté,  saus  cause  déterminante,  qui  durait  jus- 
(|n  an  dcparl.  Le  rire,  dit-on,  n'avait  pas  épanoui  les  lèvres  d'Alexandre 
(l<  pnis  (pi'il  était  sorti  des  Ténèbresjusqu'à  ce  qu'il  vînt  dansleTliibet. 
Il  s"\  abandonna  donc  un  peu  au  plaisir  et  à  la  joie.  Il  reçut  la  sou- 
mission des  rois  des  Turcs,  nomades  et  sédentaires,  qui  lui  ofi'rirenl 
à  titre  d'Iionimaj^e  des  produits  de  leurs  pavs  et  snixircnt  leur  dispo- 
sition natui-elle,  qui  était  d'honorer  les  grands  et  de  les  traiter  avec 
une  extrême  maf^^niUcence.  Ils  s'excusèrent  de  l'insullisance  de  ce  qu'ils 
lui  offraient  et  de  cette  réception  qui  ue  répondait  pas  à  celle  qu'ils 
auraient  désiré  lui  faire,  parce  que  les  désastres  d'Afràsiyab  et  d'Ar- 
djcàsf  leur  avaient  fait  perdre  le  meilleur  de  ce  qu'ils  possédaient. 
Alexandre  accepta  leurs  excuses  et  emmena  un  certain  nombre  d'entre 
eux  pour  son  expédition  de  la  Chine.  Puis  il  nMnova  le  roi  de  Thibet 
el  les  autres  Turcs,  chacun  dans  son  |)avs. 


'j.Ui  lllSTOIRI-:    DKS   IIOIS   DKS   PERSES. 

J^    ^.-S-r»-^    ^J^-A>^_v^^[l    J,|    J^à-i    ^via_*i   Jw6-i'l   ^   ^_<\i2^    ll^   '^^7^1? 

Jot_J  ,jjs>iji.-*<Aj    .vl  v-ilUl  '-'^U    .>!  Jls   lï  /-*^  ^'^  o>"<^  i-^-V*  "^-^-'^ 
\LE\ANDHK   PÉnÈTRE  EN   CHINE. 

Lorsque  Alexandre  entra  avec  ses  troupes  en  Chine,  le  l'oi  de  ce 
pays  fut  saisi  de  crainte  et  perdit  le  sommeil.  Il  simula  d'être  ma- 
lade et  envoya  à  sa  rencontre  plusieurs  de  ses  chefs  d'armée  qui  le 
reçurent  respectueusement  et  le  conduisirent  à  ses  quartiers.  Vers 
minuit,  le  chambellan  d'Alexandre  vint  lui  annoncer  qu'il  y  avail 
un  envoyé  du  roi  de  Chine  à  la  porte  et  qu'il  demandait  audience. 
Alexandre  avant  donné  l'ordre  de  linlroduire,  le  ciiandx'llan  fit  en- 
trer et  avancer  cet  homme  qui  se  tint  debout  devant  Alexandre, 
salua  et  dit  :  "Le  loi  voudrait-il  m  accorder  une  audience  pailicu- 
lière?).  Alexandre  ordonna  aux  serviteurs  et  aux  gens  de  sa  suite 
(jui  étaient  présents  de  se  retirer.  Le  chambellan  étant  resté,  l'autre 
dit  :  I'  Le  message  pour  lequel  je  viens  ne  peut  être  entendu  que  de 
toi  seul.  )i  Alexandre  le  fit  fouiller  et  aucune  arme  n'ayant  été  trouvée 
sur  lui,  il  hii  rlit.  aj)rcs  avoir  posé  devant  soi  un  sabre  nu  :  "Main- 


lUSTUlUK   DKS   UUIS   DES   PKRSES.  437 

U.  j^^^li't  <'  jLâj  ^j2  j^  j^^-i^r.  «ud^  o^^^j'  _o.^t  J^  j-î? 

^_^.^_g-   J   OiU6vJ-_f»     5^'^-«-^jl    ^^-'i^    ^>'    ^jJl    J)'    j'^^    JjiL^    J^i^r    «o' 

J:\  j^^s^l.  ^_^J^  Jrt  J.^  ^^.-=1  J^  j^u^  jj'^  ^,y>o-  _^6>o 

''U;  UI  >jo.         -    Mss.  ^y^.  '    CiL-j  i).  M  ^  Loi-..         '    Mi);- 


Iriiaiil  liriis-loi  I  r,iii(|  iiillc  cl  (li^  ce  (|iic  lu  \ru\.  ■  \l[  il  lit  sif^Mic  ;ni 
cliiiiiihcll.in  (le  sortir.  Je  suis,  (lit-il.  le  loi  dcdliiue,  et  non  son  eri- 
voyt'.  Je  viens  pour  U-  dcnuinrler  ce  (|ne  tu  veux.  Si  ce  que  tu  demandes 
peut  se  Aiire,  quand  même  ce  serait  la  chose  la  plus  didicile,  je  le 
lerai  et  te  dispenserai  d'avoir  recours  aux  armes.  "  Alexandre  lui  dit  : 
«Qu'est-ce  qui  t'a  inspiré  une  telle  sécurité  vis-à-vis  de  moi?»  Il  ré- 
pondit :  "La  certitude  que,  si  tu  me  tues,  ce  ne  sera  pas  un  motif 
pour  les  habitants  de  la  Chine  de  te  donner  leur  pavs,  et  aussi  que 
ma  mort  ne  les  empêchera  pas  de  se  donner  un  autre  roi;  et  (juant  a 
toi,  tu  seras  réputé  comme  un  homme  méchant  et  dépourvu  de 
jugement.»  Alexandre  se  lut  en  baissant  les  veux;  il  reconnut  en 
lui  un  homme  intelligent.  Puis  il  dit  :  «Ce  que  je  te  demande,  c'est 
le  revenu  de  cinq  années  de  ton  royaume.  —  Veux-tu  encore  autre 
chose?  dit  le  roi  de  Chine.  —  \on.  —  Je  consens  à  te  le  donner. 
—  Mais,  dit  Alexandre,  quelle  sera  alors  ta  situation?  —  Je  .serai, 
dit-il,  la  victime  du  premier  meurtrier  et  la  proie  de  la  première  bête 
lauve.  '    Alexandre  dit  :  ..Et  si  je  me  contente  du  revenu  de   trois 


fl3S  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

wJ.  ^^^     .\»3s_ï    ^o-*3     >.>-i_w  cL>^i^    cLàJnLi    ^iLioO  s::^Ot.O    ^W    jls       -.jJLL<« 
<— . — ^    S;L_i_JvL   .jJ^;^  ci,olO  ^^Is   Jls  pj]^  s_tl'i  ^^  ^L^l  ^_^^3nJ  J^ 

.y_Aw^a_j'   ^pwS-?*>   J~-S-»'    ^j**-£viJ|  i.:^OLiJoj   JsjU|   ^   ^Li     Ll^j  ^jj_^ajL 
^■—i >1^-Jj   ^_à_LjcJ|   \^ls^   ,^_5Vji.  jJ..>Os^jl|    ^_ji^<S?^    ial^s»-!)  O^^'  ^3"^    *.5*^^^ 

S- 

jl-a41  13^-4  Lo_s  Jls  4)1;  "^  Jls  ^jj^  jj>.jS^'i\  <l  jLii  ^^Ji\  jj3j 

(')   Maïuju.-  dans  M.  —  W    M  iUilJI . 


années,  quelle  sera  la  situation? —  Elle  sera  meilleure  et  plus  aisée. 
—  Et  si  je  me  contente  du  revenu  d'une  seule  année?  —  Ce  sera 
un  moyen  de  salut  pour  mon  Etat,  mais  me  privera  de  tous  les  agré- 
ments de  la  vie  —  Et  si  je  me  contente  du  tiers  ?  —  Alors  un  sixième 
sera  pour  moi  et  le  reste  pour  mes  serviteurs  et  les  autres  besoins 
de  mon  Etat.  —  Eh  bien,  dit  Alexandre,  c'est  à  cela  que  je  borne 
ma  demande.  »  Le  roi  de  Chine  le  remercia  et  se  retira. 

Le  lendemain,  an  lever  du  soleil,  les  troupes  chinoises  se  présen- 
tèrent en  si  grand  nondiie  quelles  couvrirent  la  terre  et  entourèrent 
l'armée  d'Ale.vandre  qui  se  croyait  sur  le  point  de  périr.  Les  oUiciers 
accoururent,  se  jetant  les  uns  sur  les  autres;  enfin  ils  montèrent  à 
cheval  et  se  préparèrent  au  combat.  Alexandre,  étant  sorti  du  camp, 
se  tint  au  milieu  d'eux.  A  ce  moment  parut  le  roi  de  Chine,  la  cou- 
ronne sur  la  tête.  En  apercevant  Alexandre,  il  descendit  de  cheval  et 
baisa  la  terre.  —  "  Tu  as  usé  de  perfidie!  lui  dit  Alexandre.  —  Non, 
dit  le  roi  de  Chine,  je  le  jure.  —  Alors  quf  signifie  cette  armée?  — 


IIISTOIUE   DES   ROIS   DES   PERSES.  439 

f  Ul  ^I;  ^j^  ^^j^  \  ii  ^  .A*Lt  f  J  ^J  J  0.:.^!  Jl  Jlè 

(.jjL:*.  ^j^  ^jJ^-i-^   ,_54_9l  »_ji6      s_i»   jj.'  oiSvi*  >jJv>l-C   "^LsS-x»  >-4j"j!    Jkv^^' 

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j^^Ui—J  'i'  ■  ■"  •^"  c>'~*»>-'  jLâJ  vjJwnx  ^__^s-^>^ivOo  b'  uÊ«  vjJwOo  <J:>v  U   ?s-(S?" 

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*''  .Mss.  jJ.xjJiJ  »v«U.  -    M  JaaojLJI.         -^    Mss.  ^^.  -      '    (.  «jo>,  M  »0v/- 


J  ai  voulu  l«'  nioiihrr,  répondit  le  roi  de  (IJiine,  que  je  ue  t'ai  pas 
fait  ma  soumission  par  lail)lesse  ni  parce  (pie  mes  lorces  seraient  peu 
nombreuses.  J  a\ais  vu  que  le  monde  supérieur  et  élliéré  te  lavorisait 
et  te  faisait  triompher  de  rois  plus  puissants  (pie  toi.  Quiconcpie 
lutte  contre  le  monde  supérieur  est  vaincu.  C'est  povuxpioi  j'ai  voulu 
nie  soumettre  à  lui  en  me  soumettant  à  toi  et  lui  obe'ir  humblement 
en  t'obéissant  et  en  obtempf'ranl  à  tes  ordres.  »  Alexandre  lui  dit  : 
D'un  homme  iel  ([ue  loi  on  n'exige  rien.  Jamais  je  n'ai  \u  personne 
méritant  comme  toi  d'tMre  plus  particulièrement  (pudilié  d  homme 
sage.  Or  je  le  liens  rpiille  de  tout  ce  que  je  t'ai  demandé  et  je  pars.  » 
Le  roi  de  Chine  réplicpia  :  «  Tu  n'y  perdras  rien  alors.  »  Alexandre 
étant  retourné  à  son  pavillon,  le  roi  de  Chine  lui  envova  mille  pièces 
d'étoÛé  de  soie,  mille  autres  de  soie  peinte  et  mille  de  brocart;  mille 
mann  d'argent;  des  peaux  de  martre  zibeline,  de  renard  de  Tartarie, 
d'hermine,  de  petit-gris  et  de  castor,  mille  de  chaque  espèce;  mille 
mith(jàl  d'ambre,  mille  bourses  de  musc,  mille  ratl  de  bois  d'aloès. 


'liO  IIISTOIRF.    DES   ROIS   DKS   P  F.  US  ES. 

<_iU«   "^ ^^_it>.X^    <.ÂU.A...v^    r*^^    '   ^1^5   /^î"**   "OU»   N_<64_i.»  i_^JJij    i'Xi 

..::>s_)>X^i.  ^  .X^ly^i  J  ^^L5ryJî   ^^iA.^  ^ISoi.  ^^\j  U^^^j^  '-«^'1? 
<jjuLja.^\L==    e:_>L^|>XjjjU     ■>   —Lc-LLU    Js_h.JLJ|    ,^_4.^v^»    iiiL-â_*JU   (_>UJt 

^i_?  ^j£   ^  \  h ."i   Lê-Xs.^    ^j*JiwJ|    îdJa-*    iXj   Ul   (.5^   J^'*    ^  jpC    4l)|    Jis 
''     .Man([iir  dans  C.  —    '-    M  Ajo.Ai!l.  '     M  Joùiil  l't  iii:iiK|Uf  ^LÀiU . 


mille  vases  dOr  el  (l'aigenl,  cent  sabres  indiens  ornés  d  or  et  de 
jovaux,  cent  selles  et  cent  brides  chinoises  dorées  el  cent  colles  de 
mailles  longues.  11  s'engagea,  en  outre,  à  payer  un  tribut  annuel. 
Alexandre  se  mit  en  roule,  emportant  tous  ces  objets,  et  se  dirigea 
vers  le  lever  du  soleil. 

ALKXANDRK  ASSUME  LA   MISSION    HE  CONSTRUIRE   I.A   MURAIUUE 
DE  VÂDJOLDJ    ET   MÀDJOÙDJ. 

Dans  cette  histoire,  il  n'y  a  rien  à  ajouter  à  ce  que  Dieu  a  (Ht  dans 
le  Coran,  dont  le  récit  est  le  plus  vrai,  le  plus  précis  et  le  mieux  ex- 
posé. Quant  à  ce  que  rapporte  Sallam  l'Interprète ,  en  parlant  de  la  mu- 
raille, de  la  porte  et  de  son  portant,  de  la  serrure  et  de  la  clef  dont  les 
dents  seraient  pareilles  à  des  piliers,  cela  ne  mérite  aucune  créance, 
comme  étant  en  désaccord  avec  ce  (pie  dit  le  (^oran.  Dieu,  dont  la 
parole  impose  silence  à  tonte  antre,  dil  :  »  .  .  .  et  il  arii\a  an  lieu  où  se 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  hdl 

^  ^    J^^ci    0>    "^     *^i    <LjL=w    ^J  V    Jv-C.    *Uk.    'ils    ^j    ^J-«    "C?'^    '3sJt)    Jls 


M  .  ,^. 


"lève  le  soleil,  Cjiiil  lrou\a  se  levant  sur  un  peuple  autpiel  nous 
'<  n'avions  donné  aucun  abri  pour  se  protéj^ei'  contre  ses  ardeurs.  Il  en 
Il  était  ainsi;  et  nous  connaissions  les  forces  (ju'il  possé(l;iil.  Puis  il 
Il  suivit  un  clieniMi  jus([u  à  ce  que,  quand  il  arriva  entre  les  deux  nion- 
M  tagnes,  il  trouvai  un  peuple  qui  comprenait  à  peine  ce  que  Ton 
«disait.  Ces  gens  dirent  :  0  Dhou  1-Qarnaïn ,  Yàdjoûdj  et  Màdjoûdj 
Il  dévastent  le  pays;  veux-tu  que  nous  te  donnions  une  redevance  à 
Il  condition  que  tu  établisses  une  barrière  entre  nous  et  eux?  il  ré- 
«  pondit  :  La  puissance  que  Dieu  m'a  donnée  vaut  mieux.  Mais  aidez- 
«  moi  vigoureusement  el  jCtablirai  entre  vous  el  eux  une  digue.  (H 
«dit:]  Apportez-moi  du  1er  en  morceaux,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  com- 
«  blé  l'espace  entre  les  deux  parois  des  montagnes;  alors  il  dit  : 
Il  Souiflez,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  chauffé  le  fer  au  rouge;  alors  il  dit  : 
<i  Apportez-moi  de  l'airain  londu,  que  je  le  verse  sur  le  fer.  Alors 
«  Y  àdjoùdj  et  Màdjoûdj  ne  pouvaient  pas  escalader  ce  mur,  ni  le 
«  percer.  Dhoû'l-Qarnaïn  dit  :  Ceci  est  une  grâce  de  mon  Seigneur. 
«Mais  quand  arrivera  l'événement  que  mon  Seigneur  a  annoncé,  il 
«  le  réduira  en  poussière.  L'événement  que  mon  Seigneur  a  annoncé 

,'.G 


'l'rl  IIISrOlHK    DES    KOI  S    DES    PEKSES. 

Lf  »    <i    <.-:».'.w2w  ^1.   >X.«w'l    <L^2iJ   ^>_^  ^    <<S»I-^    'LiiS<J^  ^^i]  ^Jk^   ^  i  5.C 
^-«-X'    ^-J^   ^vpïj    ^Jl  ^vvi  ^^^  lli   <->!   /î^-^i2-JO   Jls^   ^^j^l   |i  ^_<-iû^ 


"est   indubitable.»  Ces  versels  soiil  un  exjjosr  ])i('(is  cl  couiplel  de 
I  hisloire  de  la  muraille;  ils  nOnl  pas  besoin  d'rlre  coiiipiélés. 

l'Ol  \\in()\   ALIA  \M)r.l.   l'I   I'   NOMMÉ   OlIOl'I.-Q  AUNAÏN.   QUELQUKS   ni'.TAII.S 

sip,  SON  i:\Ti':uii:un,  son  (;aka(;tki;k  kt  ses  faits  kt  cestes. 

Les  historiens  sont  en  désaccord  au  sujet  du  nom  de  l)h()ûl-()ar- 
naïn  par  lequel  Alexandre  est  désiî^né.  Les  uns  prétendent  que  dans 
un  songe  il  avait  cru  tenir  entre  ses  mains  les  deux  disques  du  soleil, 
c[ue  ce  songe  lui  lut  iiilcrj^rélé  comme  annonçanl  sa  doniination  sur 
Ions  les  pays  qui  ctaienl  sous  le  soleil  el  cpie  c'est  ]iour  celle  raison 
(piil  fut  nommé  DhoiVl-Qarnaïn.  IVautres  disent  (pi'il  lui  ainsi  ap- 
pelé lorsqu'il  eut  réuni  en  sa  main  la  région  de  Roûm  et  la  région  de 
Fàrs.  D'après  d'autres,  au  contraire,  il  aurait  eu  sur  la  léte  deux 
petites  cornes  qui  étaient  les  signes  distinctils  de  sa  royauté  et  qui 
le  caractérisaient  spécialement,  de  même  qu'il  était  spécialement 
caractérisé  par  sa  domination  sur-  ioul  l'univers.  Dieu  seul  connaît 
la  vérité. 


HISTOIRE   DKS  ROIS   DES   PERSES.  'l'i:^ 

^  L-s-cU  '''l-*— Ji  ^J  I^XjfiK  *l9j)V-i'  <-vs«-'   ^âaL^  o>^J  J~ii^  >J  f*'*^^>-Vj 

^"L-A.^a^    '  ^ws-^  ^i^.  <_A^LàJ|  ^U=>-  ^-v^  ^'  J)"^'  jLâJ  :3  oJ^A^^I 

J          -•        w      ^      ■                  ■       -^      ■  J^            ■         ^  ^  ^  ••> 

'     M  jjjyfVAj.                 \l;iii<|iic  (hiiis  („  —  l'i    M  kiL»ji)I .            '     ('.  wv~~J  ■  Mnii(|iii' 
(l;iiis  ('.. 


Les  liistorieiis  lapportenl  iju  Ak'xaiulre  clail  de  pclile  slatiirr. 
mince  de  taille,  ayant  les  ven\  de  roideurs  dillérentes,  c'est-à-diro  un 
(jeil  noir,  l'autre  bleu,  ce  qui  est  considéiV-,  dans  riiomme,  comme 
d'heureux  auyiire  et  comme  un  signe  défavorable  dans  le  cheval.  Il 
tenait  habituellemeni  l'd'il  bleu  fermé.  Il  s'abstenait  du  commerce  des 
lemmes,  recherchait  la  compagnie  des  savants,  tenait  en  grand  hon- 
neur la  philosophie  et  les  philosoplies,  profitait  des  leçons  de  son 
précepteur  Aristote,  agissait  d'après  ses  principes  et  suivait  ses 
exemples.  Comme  on  lui  demandait  pourquoi  il  honorait  son  précep- 
teur plus  que  son  propre  père,  il  répondit  :  «Parce  que  mon  père 
n'est  que  l'auteur  de  ma  vie  périssable,  tandis  que  mon  précepteur 
est  l'auteur  de  ma  \ie  éternelle.»  Aristote  était  un  des  plus  grands 
parmi  les  philosophes.  Il  professait  l'unité  de  Dieu  et  la  création  du 
monde  du  néant,  crovait  à  la  résurrection  et  admettait  le  dogme  de 
la  récompense  et  du  châtiment.  C'est  rians  ses  traces  que  marchait 
Alexandre,  c'est  sur  lui  qu'il  prenait  modèle  et  c est  son  svstème 
de  conduite  qu'il  pratiquait.  Il  n'usait  pas  de  contrainte  pour  amener 


'l'i'i  III.MOmr.    DKS    KOIS   DKS    l'KHSKS. 

*L_i^''  Jlc  îj^>^_^  ^^"-^j  |?LjKUxi^U  f'^j\j  f^-^j  i_j.^\  J^  o*-'-^' 
■=( -h  8  .'\  ^-tfijwl'  IjLli  LcLLo  LcL^  Ljish.  (')'^U^  o)'~^  f^^^  ^  '>-*^ 

^■Jl-c'    J^J^^'l    ^L^    JL_^\'    ^    o^wcL^l    Jlc    'wsiiJw^    <./vsiJl    V^U^ 


les  hommes  à  la  religion,  mais  les  laissait  libres  avec  louis  o])iiuons 
et  les  crovances  qu'ils  avaient  choisies.  11  était  sévère  à  l'égard  des 
gens  puissants,  bienveillant  pour  les  faibles  et  aimait  faire  de  belles 
actions.  Après  avoii"  détruit  dans  l  Irànschahr  les  forteresses  et  les 
autres  édifices,  parce  ([u  il  \oulait  satisfaire  son  désir,  il  fonda  les 
villes  mentionnées  ci-dessus,  réparant  ce  qu'il  avait  brisé  et  raccom- 
modant ce  qu'il  avait  mis  en  pièces.  Et  il  restaura  ])lus  (pi'il  n'avait 
détruit,  et  ses  constructions  étaient  supérieures  à  celles  ([u  il  avait 
démolies.  11  parcourait  constamment  le  monde,  recueillant  et  ne 
donnant  jamais  rien,  amassant  l'or,  l'argent  et  les  joyaux  de  grand* 
\aleur,  désirant  surtout  posséder  des  métaux  précieux.  L'avarice  pré- 
dominait en  lui  sur  la  générosité  et  il  préférait  l'économie  à  la  pro- 
fligalité.  11  n'y  a  pas,  dit-on,  chez  les  gens  de  lioûm  de  mot  pour 
la  générosité,  de  même  que  chez  les  Turcs  il  n'y  a  pas  de  mot 
pour  la  lovauté.  Selon  Ibn-Khordàdbbeh,  Alexandie  lut  le  premier 
qui    fit  préparer   le   sairûi  de  froment,  d'orge   et  d'amandes,   (piil 


IIISTOIUK   DKS   ROIS   DES   PERSKS.  'l'if) 

C^  ^1  "Us  ^  LLLsL  ^J  ^^y^  ^\  Jy  <^^j  j-*-^\  ^r?;r^  cT 

LÎêj^j-w  |.^.^  ^jUyiJI  li  <*^L»  ajL>»X*  <;i>-s?  (jfrjy^l  s^  y*^  «^5 

'    Mss.  JuLdi. 


maii<^eait  avec  du  sucre  caiuli.  I^a  viande  qu'il  préférait  à  toute  autre 
était  la  chair  du  coq  de  bruyère,  et  son  dessert  de  prédilection  était 
la  pomme  et  la  canne  à  sucre. 

QlKf.QI  KS  COMPARAISONS  QUK  LES  POETES  OM"  Tri'.ÉES 
DES   FAITS  ET  (iESTES   D'ALEXANUHE. 

nVnlre  les  plus  élé<>anls  et  les  plus  heau.v  vers  sont  ceux  d'AboiVI- 
llasan  Ibn  Tabàtabà,  dans  une  satire  sur  Aboù  'Ali  al-liostami  al- 
Isfahànî,  composée  alors  que  celui-ci,  pour  ajouter  le  terrain  à  son 
palais,  fit  démolir  un  côté  de  l'enceinte  de  la  ville  d'isfahàn,  appelée 
Djaïv  : 

Certes  Djiiiy  brille  par  la  justice  de  son  gouverneur;  mais  ce  bâtard  fait  pâlir 
son  éclat. 

Tandis  que  Dlioù'l-Qarnaïn  a  construit  une  ville,  ce  cornard  s'est  mis  à  en  dé- 
molir l'enceinte. 


'l'Kî  IIISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES. 

'  u^j-j»  j*  ^l  ij-i-'       j^'  ti?  i>"  Sy-  cr^ 

<_^i-;-'  ^^^^..^a-v"  ^iJ-SvJ  ^.  j,-é-»«Ji^!  Jls  Jcpx^.j^  ySv j^l  ^js.iot. 

(1)  M  ,^.  —  (^)  C  JH.  —  W  Manque  dans  M. 

Du  même  poète  sur  le  même  personnage  : 

O  loi  qui  démolis  un  mur,  démolition  qxii  est  un  acte  de  pure  folie, 

Sache  que  ce  n'est  qu'un  cornard  qui  puisse  détruire  le  mur  de  Dhoù'l  ();irn;iiii: 

Ahoû  Bekr  al-Klnvàrizniî  m'a  récité  ces  vers  composés  par  AJ)où  i- 
Hosaïn  Ibn  Lankak  al-Basrî  : 

Elle  y  fui,  la  jeunesse  où  tu  fus  heureux,  jouis-^ant  à  toute  heure  de  tous  les 
plaisirs. 

Tu  ne  pourrais  la  rattraper,  quand  môme  tu  courrais  après  elle  comme  cornait 
Dhoù'l-Qarnaïn  dans  les  ïénébres. 

\  ers  fl" AboiVl- l'aÏN  il)  al-Motanabl)!  : 

11  me  semble  que  c'est  moi  qui  ai  étendu  la  terre,  tant  je  la  connais  bien;  il  me 
semble  que  c'est  parce  que  je  l'ai  voulu  qu'Alexandre  a  construit  la  muraille  de 
^àdjoùdj  et  iMàdjoùdj). 

Aboû'l-Fadhl  al-Hamadhànî,  la  merveille  flu  siècle,  ma  récite  les 


IIISTOIKK    DKS    KOlS   DKS    l'KUSKS.  Mil 

y_«v_Ji xi >  Lj_LJ|        JÎ>iL*  Jvï  *  »>JJI  p' 


vers  suivants  composés  j)ar  lui  et  tirés  d'un  poème  sur  l'illustie  sullaii , 
le  roi  (le  lOiieiit,  \l)OÙ"l-Qàsim  Malimoùd  ihn  Nàsir  al-Din  (cjue  Dieu 
sanclilie  son  es])rit!     : 

(iriiiul  Diiii,  (|iicl!('  inerveilli'  1  Que  Dieu  fasse  grandir  ma  foi  ! 

Esl-ce  Alrullioùn  couronné  ou  le  second  Alexandre? 

(^u  la  Rriiunttion  nous  a-l-elle  rendu  Salonion? 

Le  soleil  do  Mahmoud  regarde  de  haut  les  éloiles  de  Sàmàn. 

Kt  la  (Kiiastie  (le  Bahi'àm  est  assujettie  au  fds  du  khà(|àn. 

FIN    DL    RÈGNE  D'ALKXANDRK. 

Lorsque  l'œuvre  d  Alexandre  fut  achevée,  cju'il  lut  maître  de  l'uni- 
vers entier,  qu'il  eut  subjujj^ué  tous  les  souverains,  dressé  les  tableaux 
d'administration,  amassé  des  trésors,  institué  des  rois,  fondé  des  villes 
et  construit  des  forteresses;  que  Dieu  lui  eut  tout  accordé,  excepté 


Vis  iiisioiul:  dks  uois  dks  i>i:iisivs. 

<— i—Lc    ti:-''^-^    Js-X.^u<j   >-i-*^'   1<SJ->J'   J>*-^    U**"'*?^    -^^-^^   iJ'jT*^'    >J>'   '"•frr^^V^ 
1  «    oil^v-s*.   l  g  T  <i   "^-^^-JO  i  .    ^*LâJoI   Lg-O   "O^     .v-*J  f 

< — ...-LJj    -i^^-r^J    ^-€^   iJ;— "— '1   1-^   "^-^^^^    ,?^-f^    l-^i-'  ^iW-C   ^^^L^   Jki^vsi 
^.^J-C    -g  {^  ~w  I    »  »v^_g_»2  (^vlwii     v_A^i,      [ULXj  "OJ.^.   "O'y^  j^_4^»   j^_o_)t./viiJ» 

.•t  ainsi  i)lus  i)as.         .'■)   M  J[ij.         (-)   (;^^.»js?. 


une  loiif^ue  vie  et  la  (lécouvcrtc  de  la  source  de  I  iimnorlalilc,  et 
lorsque,  après  avoir  traversé  le  Djaïhoùii,  se  (liri^eaiil  veis  l"lrà(|,  il 
arriva  à  Ooûmis,  le  nionrle  paraissant  marciier  avec  lui,  alors  la  For- 
lune  vint  lui  redemander  ce  qu'elle  lui  avait  donné  et  lui  arracher  les 
atours  dont  elle  ra\ail  paré.  Il  y  lond)a  malade  de  la  grave  maladie 
dans  lacpielle  ses  médecins  ne  lui  lurent  d'aucun  secours,  dont  ses 
sages  ne  l'aidèrent  pas  à  triompher  et  pour  laquelle  ses  armées  et  ses 
richesses  lui  furent  inutiles.  Il  poursuivit  sa  marche,  ayant  poui- 
compagnon  la  langueur,  la  douleur  étant  son  hôte,  la  crainte  son 
fidèle  camarade  et  la  mélancolie  son  ami  familier. 

Plolémée,  sur  l'orflre  d'Alexandre,  ayant  tiré  son  horoscope  et  oh- 
servé  son  étoile,  lui  dit  :  «  Tu  es  horsde  dangerjuscpi'à  ce  (pie  lu  voies 
au-dessous  de  toi  un  sol  de  1er  et  au-dessus  de  toi  une  voûlt!  d'or; 
c'est  alors  qu'il  faudra  craindre  pour  toi.  "  Lorscjue  Alexandre  eut 
entendu  ces  ])aroles,  son  espoir  se  releva,  tandis  (pie  son  âme  languis- 
sait; sa  tristesse  diminua,  tandis  que  sa  maladie  s'aggra\ait.  Quand  il 
arriva  près  de  Schahrzoùr,  il  était  accablé  à  la  lois  par  la  fatigue  de  sou 


IllSTOlKE   DES   KOlS   DES   PERSES.  449 

ç^Op^"^!  jIjJI    J,|     <Â.jX}\    J    sJ-.,.M   ,._,.^^ij;    Uj^'    ùS^    JjJl^^    ^^.^^^ 

4_*.^iJ  ^JUl  j^y^  =^'  O")-^  OsJ.  ^o«J  ^J^   ^wX_*^   <jijj_*v  J*V^1  rJ'^ 
^ji_xi    Jv_^«   C4— '   s_^^-£6:>  ^_j-wC_>   «O^     I   J~-i-^   ^j»»_fvxJ|    Jïj    ^U|^    "^-i-^ 


■,s,^^^_^ 


M  jJOàj. 


voyage  Icrrcslif  cl  j)ai-  celle  du  voxaj^e  ([u  il  allail  lairo  vers  laiilic 
monde,  (loin me  il  désirait  laii-e  halle  nii  nionieiil  jjonr  se  reposer 
de  la  fatif^ue  de  la  niarclie,  on  mil  par  terre  une  cuirass(!  sur  ia- 
(pndle  il  se  jeta  et,  comme  l'ardeur  du  soleil  l'incommodait,  on 
lui  (loiHia  de  l'omhre  au  moyen  d'un  bouclier  d'or.  Lorsqu'il  se  fut 
lin  peu  repose,  il  \  it  au-dessus  de  lui  une  voûte  d'or  et  au-dessous 
de  lui  une  couche  de  fer.  Alors  il  n'eut  plus  d'espoir  et  sut  f[ue  sa 
dernière  heure  était  venue.  Il  se  lrans])orta  à  Schahrzoùr  el  adressa 
une  lellre  à  sa  mère  pour  la  consoler  et  lui  recommander  la  résigna- 
lion  et  de  com|)ler  sur  la  récompense  de  Dieu.  H  écrivit  dans  le  même 
sens  à  Roùschanak  et  leur  Ht  connaître,  à  l'une  et  à  l'autre,  ainsi  cpi'à 
ses  lieutenants  l't  à  ses  compagnons,  ses  dernières  volontés;  puis  il 
expira.  H  mourut  après  un  règne  de  ([uatorze  ans,  à  l'âge  de  trente- 
huit  ans.  La  terre  par  des  cris  et  le  ciel  par  des  gémissements  annon- 
cèrent sa  mort.  Son  corps  ayant  été  placé  dans  un  cercueil  d'or  fut 
promptement  porté  à  Alexandrie.  Et  parce  qu'on  le  considérait  comme 
trop  grand  pour  être  enterré,  on  le  déposa  sur  un  terrain  élevé.  Le 


'i50  mSTOlUK  i)i:s  uois  dks  persks. 

J^li»  's_<s-wl  ^>— ^^t  <p~w!  ^.-v^l  ijLjLJ  <  8À<  ïws«J|j  tjj^LxJl  ^^«Ic  o^ 

j'wH_5     4   r    .8_.wO     ^^i-j    J-T?^'    ^^^    c)A"^'    f"^"-^'    ^    '^^^-^    -^:y^' 


inoiulr  lui  ébranle  par  les  sani^lols,  et  les  i^loires  el  les  vertus,  telles 
(jue  des  pleureuses,  se  lamentèrent   pour  lui. 

U'HOKISMF.S  PnOrSONCÉS  PAU  LES  PHILOSOPHES,   LES  SAVANTS 
ET  PAR  D'AUTRES  AUPRES  DE  SON  CERCUEIL. 

Lorsqu  un  grand  nombre  de  pbilosophes  et  beaucou^j  de  savants 
de  Babvlone  furent  réunis,  au  milieu  de  la  foule  assemblée,  autour 
du  cercueil  d'Alexandre,  Arislote  leur  dit  :  «Allons,  soulageons  nos 
poitrines  par  des  sentences  subtiles  et  des  a])liorismes  c[ui  soient  des 
leçons  pour  les  grands  et  des  avertissements  [)our  le  peuple  !  »  Et 
s'avançant  lui-même,  il  posa  la  main  sur  le  cercueil  et,  sulTocpié  par 
les  larmes,  il  dit  :  «  Celui  qui  a  réduit  en  captivité  les  autres  est  de- 
venu captif;  celui  qui  a  mis  à  mort  les  rois  est  mort.  »  —  Platon 
s'avança  ensuite,  tandis  que  les  gémissements  et  les  sanglots  reten- 
tissaient, et  dit  :  «  Alexanrlre  nous  remue  par  son   repos.  »  — ■  Ptolé- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  451 

'    Miiii(|iif  dan»  \l.   —    -    \l  »yoi.  (^    «,»^.-j.   M  ^•-»j^ô-  '    ^'  asjJ  . 

.Maru|iu- dans  (^.  —  '■'''   M  L«j.làcjl.         "    (1  ^y^. 


niée  s'étant  avancé  ensuite  dil  :  "  Voyez  comme  le  songe  de  celui  (|iii 
dormait  s'est  évanoui  et  comme  l'umbre  des  nuages  a  disparu.  »  — 
Diogène  s'étant  avancé  ensuite,  dit  :  "  Alexauflri'  ([ui  ne  cessait 
d  enfouir  l'or,  le  voilà  miiinlenant  cnloiii  dans  loi'.  ■  —  Dorothéos 
sétant  ensuite  avancé,  dil  :  c  Que  les  hommes  sont  avides  fde  la  ma- 
tière) de  ce  cercueil  et  qu'ils  ont  de  la  répugnance  à  y  être  déposés  !  » 

—  Balînàs  s'étant  avancé  ensuite  dit  :  «  Pourquoi  ne  peux-tu  soulever 
aucun  de  tes  membres,  toi  qui  étais  à  même  de  porter  seul  la  charge 
du  gouvernement  des  hommes  et  des  pays?»  —  Toubîqà  (?)  s'étant 
avancé  ensuite  dit  :  "  Tu  ne  flevais  pas  tant  faire  le  superbe  liier, 
plongé  comme  tu  es,  au  jounlhiii ,  dans  cette  profonde  humilité!» 

—  Démocrates  sétant  avance  ensuite  dit  :  «  Pourquoi  ne  cherches-tu 
pas  à  quitter  cette  demeure  étroite,  toi  pour  qui  le  vaste  monde 
n'était  pas  assez  vaste?»  —  Socrate  s'étant  avancé  ensuite  dit  :  '<  Hier 
tu  étais  très  éloquent,  mais  aujourd'hui  tu  donnes  des  enseignements 
plus  édifiants.  »  —  Philagrios  J^?)  s'étant  avancé  ensuite  dit  :  «  Ce  lion 


'l52  lllS  rOll^K    DKS    ROIS    DKS    PKKSKS. 

^:,,jJ:>  u  jLii  s^i  jJvJiJ^  ^^^^jII  Ji\jjt)\  ^j-«  ^sJC-t«J  ,__jkS^  v^^  Uj^I 

C  JLiii!.    -  l-'   M.ss.  ijuij. 


(lui  cliassiiit  des  iions,  est  niaiiilenaiil  lonihc  dans  le  lilel.  »  —  Un  antre 
s'étant  avancé  dit  :  ><  (lliacnn  récolte  ce  qu'il  sème,  récolte  maintenant 
ce  que  tu  as  semé  !  »  — ■  Un  autre  s'étant  avancé  dit  :  "  L'ornement 
d'or  convient  mieux  aux  vivants  qu'aux  morts.  »  —  Un  autre  s'étant 
avancé  dit  :  «Tu  es  délivré  et  te  reposes  des  labeurs  de  ce  monde, 
vois  maintenant  comment  tu  seras  tlélivré  des  terreurs  de  l'autre.  " 
—  Un  autre  s'étant  avancé  dit  :  «Tu  aurais  bien  pu  te  dis])enser  de 
tuer  tant  d'hommes,  ta  mort  survenant  sipromptement!  »  —  Un  autre 
s'étant  avancé  dit  :  «Nous  ne  pouvions  parler  en  ta  présence,  main- 
tenant nous  ne  pouvons  nous  taire.  »  —  Un  autre  s'étant  avancé  dit  : 
«Combien  il  était  (bificile  d'atteindre  ce  que  tu  poursuivais  avec  ar- 
deur et  comme  il  était  facile  d'abandonner  ce  (|ue  tu  viens  de  quitter 
maintenant!  »  —  Un  autre  s'étant  avancé  dit  :  «  Après  iivoir,  de  ton 
vivant,  si  longtemps  fait  pleurer  les  hommes,  tu  les  lais  pleurer  à  ta 
mort.  i>  —  Un  autre  s'étant  avancé  tUt  :  «  Tu  n'étais  pas  aussi  patient 
dans  la  baignoire  que  tu  l'es  à  présent  dans  le  cercueil.  »  —  Un  autre 
s'étant  avancé,  dit  :  «  Tu  es  entré  dans  les  Ténèbres  à  la  recherche  de 


IIISTOIKE   DES  ROIS  DES   PERSES.  45;i 

J«^   jLiJ    si».T  ^is-iJj    <S->J;p^   -:^-i-4;    ^^    ^^jJj   ^'   ^4-£    ^v"^'    J-à-* 

>_^i  ^■^^hJ,   v'wiJ'  :>«U'  '>^      i-^  '.JsLi'  J'wii  ,^'  ^J^-âJ,  « '-  j-vi' 


la  luinicre  de  la  vie,  i|j^iioranl  que  lu  allais  à  robscurifé  du  cercueil.  » 
—  Un  autre  s'élanl  a\aucé  dit  :  ^  Tu  avais  uu  endroit  ])Our  passer  la 
nui!  el  mi  aiilrr  |)()ur  faire  la  sieste;  pourquoi  te  contentes-tu  a  ]) re- 
sent, pour  la  nuit  et  la  sieste,  d'un  seul  endroit?  »  —  lu  autre  s'etant 
avance  dit  :  «  (Kianfl  tu  pouvais  agir,  nous  ne  ])ouvions  parler; 
uiainttnaiit  que  nous  pouvons  parler,  tu  ne  peux  agir.  "  —  Un  autre 
s'étant  avancé  dit  :  «  Le  vent  a  déraciné  l'arbre  majestueux;  le  pâtre 
est  parti  et  le  troupeau  est  abandonné.  »  —  Un  autre  s'étant  avancé 
dit  :  «Suivez  un  autre  roi,  car  le  vôtre  que  voici  est  parti  pour  un 
voyage  dont  on  nr  revient  pas.  »  —  Un  autre  s  étant  avancé  dit  : 
'<  A  présent  je  .sais  que  tu  étais  né  pour  la  mort  et  créé  pf)ur  la  des- 
truction. »  —  Un  autre  s'étant  avancé  dit  :  "  Tu  as  parcouru  la  terre 
en  sa  longueur  et  en  sa  largeur  de  telle  sorte  c[ue  tu  l'as  possédée  tout 
entière,  et  tu  as  fini  par  en  avoir  l'espace  de  quatre  coudées.  »  —  Un 
autre  s'étant  avancé  dit  :  "  Vovez  cette  fière  montag'ne  comme  elle 


/l5'l  IHSTOFRK    DES    UOIS   DKS    PERSKS. 

.\ill   iJJL^L^    c:,'—**»—»'   J^-?»       ^_aJw^1   Jou»   k-iLvSJj    i^^^i^'.    <^y^\\   >^L^jJ^   ^ 
.^-jl_fl_xi  ^.k_(6  JwJLJ    .>jLisi   jJ^JLjj  <  ^'  <Joi_^  U  ^jI    .LuJO  -1\J|^j| 


s'est  écroulée,  ce  plein  océan  comme  il  a  tari,  cette  nouvelle  lune 
brillante  comme  elle  est  tombée!  »  —  La  mère  d'Alexandre  s'étant 
avancée,  dit  :  «  0  mon  fds,  j'espérais  te  revoir,  alors  qu'il  y  avait  entre 
moi  et  toi  la  dislance  de  l'Orient  à  l'Occident;  maintenant  je  n'espère 
plus  te  voir,  et  cependant  tu  es  plus  près  de  moi  que  mon  ombre!  " 
—  Roûschanak  s'étant  avancée,  dit:  «Je  ne  croyais  pas  que  celui 
qui  a  vaincu  mon  père  serait  vaincu.  »  —  L'intendant  des  finances 
s'étant  avancé,  dit  :  «Tu  m'ordonnais  d'amasser  des  richesses; 
reçois  maintenant  ce  que  j'ai  amassé  pour  toi.  »  —  Le  trésorier  s'étant 
avancé,  dit  :  «Voici  les  clefs  de  tes  trésors;  ordonne  qu'on  les 
prenne  d'entre  mes  mains,  avant  que  l'on  ne  me  demande  compte  de 
ce  que  je  n'ai  pas  reçu  de  toi.  »  —  Le  chef  de  la  cuisine  s'étant 
avancé,  dit  :  «Les  coussins  sont  jetés,  les  oreillers  sont  posés,  les 
tables  sont  dressées,  mais  je  ne  vois  pas  le  maître  qui  préside  le 
banquet!  » 

L'auteur  dit  :  .l'ai  remarqué  qu'Aboû'l-'Atàliiya,  dans  ses  élégies  et 
dans  ses  poésies  spirituelles,  exprime  assez  souvent  les  pensées  de  ces 


IIISTUIUE   DES  ROIS   DES   PERSES.  -'i55 

La-J-j  -^  S.XJLJ  J^  ,.^^Us         iS—^  t)'— ^  c>— iLJ;  |J_)  ^^«-«  L) 


•  vJy      T'  -y  '-Si  '  ..y  -^ 

Ll^  JkL*  LaS^I  i^^l  cluli  cjl  \-i  s.    J  >^Ia:^  i  ^^) 


apliorismes.  Tels  ses  vers  (|iii   reproduiM'iil   l;i   sciitciMi-  de   Philoii. 
"  Alexandre  nous  remur*  jKir  son  rrj)os  "  : 

()   Ali  ibii    riiàhit.  un  ;iiiii  m'a  (|iiilti'';  ^raiid  fut  li-  ipgnl,  le  jniii-  m'i  lu  o  piutil 
Par  ma  foi,  je  lo  jure,  tu  m'a>  fait   coiinaitiT  k-s  angoisses  di-  la  mori  ;  tu  mas 
poussé  vers  elles,  tandis  que  tu  es  dans  ton  repos. 

El  ces  vers  qui  feproduisent  la  sentence  d'un  autre  [)liiloso|)lu'  : 
"Hier  Aiexandi-e  elait  Ifès  «Moquent,  mais  aujourd'hui  il  donne  des 
enseigneinciils  plus  <'dillanlsi>  : 

.le  lai  appelé,  ù  mon  cher  frère,  et  lu  ne  m'as  pas  répondu;  la  réponse  qur  mon 
appel  m'a  rapporté,  ce  fut  la  douleur. 

C'était  assez  de  la  douleur  de  l'avoir  enterré,  puis  «lavoir  si'coué  <le  mes  mains 
la  terre  de  ta  tombe. 

De  ton  vivant,  je  recevais  tes  avertissements  salutaires;  mais  aujouidimi  lu 
donnes  des  enseignements  plus  édifiants  cjue  pendant  ta  vie! 

Et  ce  vers  qui  reproduit  la  sentence  d'un  autre  pliiiosophe  :  «  A  pré- 
sent je  sais  que  tu  étais  né  pour  la  mort  et  que  tu  avais  été  créé  pour 
la  destruction  »  : 

Engendrez  pour  la  mort  et  créez  pour  la  destruction  I  (liiacun  de  vous,  cependant , 
devra  dispaialtre. 


/j51)  histoire  des  ROIS   DES   PERSES. 

j^^v  ^>L3j  f '^-^-vj  fjr^b  i^jHVj  f^J^J  (^"^-^-ç  <J^  s_>L^2Jo|  j  |tu.J| 
Jv^j  4— LLa  g  ji  JL^j  ^^\^-<^\j  J--.^'  ^jjJ\  ^^j  J^j  ^j\s 

LES   HOIS  HÉ(;iO\Ar\    M'I'iKS  AI.KXANDIiK. 

Lorsqu  Alexandre  fut  mort,  les  États  fie  riràiischahr  et  des  autres 
contrées  étaient  gouvernés  suivant  ses  intentions  et  conformément  à 
ce  quil  avait  établi,  à  savoir  que  chacun  des  rois  exerçait  le  ])ouvoir 
sur  une  portion  du  rovaume  et  que  l'ancien  usage  d'après  lequel  il  \ 
avait  un  souverain  leur  donnant  leur  investiture,  soit  de  rois  feuda- 
taires,  soit  de  gouverneurs,  et  avant  le  droit  de  les  déposer,  de  leur 
commander  et  de  leur  délendre  certains  actes,  était  aboli.  U  y  avait, 
dans  la  région  comprise  entre  le  pays  des  Turcs  et  le  Yemen,  l'Egypte 
et  la  Syrie,  plus  de  soixante-dix  rois,  qui  usurpaient  ainsi  les 
royaumes  à  titre  héréditaire.  Les  Aschkaniens  possédaient  Tlràq,  les 
provinces  de  Fàrs  et  le  Djebàl;  les  Grecs,  Mossoul  et  le  Sawâd;  les 
Hevàtelites,  Balkh  et  le  Tokhàristàn;  les  Tarkiioûn  turcs,  le  Khoràsân. 
Les  autres  qui  se  partageaient  le  reste  des  provinces,  étaient  com- 
plètement indépendants;  ils  respectaient  et  iionoraient  seulement  les 
Aschkaniens  et,  dans  leurs  missives,  ils  plaçaient   leurs   noms  au- 


IIISTOIUK    l)i:S   MOIS    DES   l'ERSES.  'i57 

^' :>>—*-£   JLjLjj   iLs-tt-^s^  ^.  ^Ji;^!  J.   ^.  ^LSv-Ail  jJj  ^  J^  J'>-'i-Jj 

^;.  (?L^'w_^l  J  .o)^:iU[  ^_^  L^^i  ^1  Â\\j  ^..^^1  ^Ut^^^  ^ 

«^^ — >\  ji|  ^ — «L  ,j. — ci  i_j^JsJb  ^^,:u.^-v^  «CjjJ'  ^Jvjî)  ^  <JL5U.   <.,iw*v  ^>v_;;x^« 
^    Jç>_>.-jaJI    >— ^-i    Ixi      .V— (S'» — "■   >-<i.-£   w^oO   .''.  JLSJ  jJJlLI    iO^.»    ^    <_ttJ^=k. 


dessus  (le  leurs  proj)res  noms;  et  cela,  (laijord,  eu  cousidéralioii  de 
la  noble  ori<,due  des  Asclikanieus,qui  descendaient  de  la  race  royale, 
et,  en  second  lieu,  parce  (jue  le  siège  de  leur  gouvernement  se  trou- 
\  ail  au  cciilrc  de  la  Icrrc. 

Asclikau,  dil-ou  ,  élail  un  descendant  de  Dàrà  l'ancien.  Certains,  au 
coniraire,  prétendent  cpi'il  descendait  d'Aschkàn,  (ils  de  Kaï  Ariscli, 
lils  de  Kaï  Oohadli.  D'au  Ires  lui  (lonnciil  une  au  Ire  origine.  Mais  seule 
la  lllialion  des  Asclikaniens  est  incertaine;  on  ne  conteste  pas  leur 
descendance  de  l'ancienne  dynastie  royale.  Dieu  seul  connaîtla  vérité! 
Et  comme  pour  leur  généalogie,  on  n'est  pas  non  plus  d'accord  sur 
leurs  noms,  sur  l'ordre  dans  lequel  ils  se  succédaient  et  sur  la  durée 
de  leurs  règnes.  Tabarî,  dans  une  de  ses  versions,  rapporte  cjue  le 
])remier  roi  de  cette  dynastie  fut  Aschk,  (ils  d'Aschkàn,  qui  régna 
vingl  el  un  ans.  l/aulcur  du  Schdh-nàmcli  est  d'accord  avec  lui  dans 
celte  NCision,  saui  pour  la  durée  du  règne  qu'il  dit  avoir  été  de  dix 


'458  MiSTOIUK    DKS    IU)1S   DES    PEKSKS. 

(a_^^_(ul.   fjU--^'  J  L^J^-j^j   ,j?Jl   kjbiJl    '.'  i^X^   ^J^  lp>'  bu   ils 

J ^. L'    ^     .n'^   ^-^''   ^r-''  -—g-'»    ■'  '^-iJ'— £^  ioJC^t,   «OoLi   ^.>^=^-*r' 


;ins.  D  après  une  autre  version  menlioiinée  par  Tahari,  le  preinu-r  roi 
lui  A([r<)ùrschàh  ( Afqoùrscliàhj,  qui  aurait  légué  peudauf  soixaute- 
(leu\  ans.  (]'est  ce  que  rapporte  également  Ihu  Khordàdliheli  qui 
donne  un  récit  plus  circonstancié.  Or  le  récit  appartient  à  celui  qui 
rapporte  beaucoup  de  détails.  Quant  a  moi,  je  ne  prends  pas  la 
responsabilité  des  contradictions  que  jai  trouvées  dans  l'histoire  rie 
ces  rois,  dans  leurs  noms  et  dans  la  durée  de  leurs  règnes,  et  consi- 
gnerai les  principaux  laits  que  je  considère  comme  certains. 

AQFOURSHÂII    I.'ASCHKANIEN. 

Ce  prince  était  souxerain  de  Maflâïn  et  de  la  majeuic  partie  de 
T'iràq  et  du  l'àrs.  Les  dillerenls  princes,  dans  les  lettres  (piils  lui 
adressaient,  le  qualifiaient  de  Hoi  et  lui  olïraient  des  présents  pour 
en  recevoir  eux-mêmes,  non  à  titre  de  tribut.  Ayant  découvert  l'en- 
droit où  était  caché  le  drapeau  des  Kaianides,  il  l'en  ht  sortir  el  le 
conserva  avec  soin.  11  vainquit  le  prince  grec  qui,  établi  par  \lexandre. 
gouvernait  Mossoul   et  le  Saxvàd   et   le   chassa  de  ces   pays.    Puis  il 


lIlSroiHE   DES   HOIS   DES   PERSES.  'i59 

\  J^^i-J*^— »*al    J~ — (LJ     .\L.i     U    ^l^^«   SLJj^n  -fc    i^j-o   'waX3    jJ.u6«   jlKXwo  y<^ 

^_J*     <»V_*^       x_<Ov_tv»    ^.^JLÀJ'i    >Xjtj     -    \|j>J^l    L3^U3    "^j-L    l"  Ij      '    iv^S-*"-    ^    .-'^  I 

<jj  ^U  t_jUfc>|^  «Col  j^Lw  ^1  >x-^  :»s_i- 

aJJ>_ll  jL^'   ^^^-iW  J!' -»■■■<■  -i^-i^  ^^JJ  "^U-^  JU'^'  J  -^'  ^i»'  u:.;;j 
^l i   ,iJv_.g_c     ij  ^%— ïa'  j_>s^=>l«_j  ^^^VJ^«    .vU'nJ'  ii\L~âJ  ^4-'-^';  'W^S'S-**^'^ 


('ii\;iliil  le  |)ii\s  (le  lloiiiii  fl,  voiiLiil  xcnj^n-r  l;i  in(»i-t  (le  Dàrà,  il  (il 
seiilii'  \n  iii;iif'iir  di'  s('>  nriiics  a  hi  iiliis  t;i'.m(l('  ijarlic  (le  la  nation, 
•  ■niincnanl  les  honmics  sur  des  navires  cl  1rs  nuvanl  ensuite,  (le  sorte 
(ju  il  lit  périr  une  nuillilude  fie  Cîrecs.  Il  (lelruisil  aussi  un  «fraïul 
nombre  de  leurs  lorleresses  et  ra[)|)orla  les  ouxraj^cs  de  médecine, 
d  astronomie  el  de  pliilosopliie  qu  Alexandre  avait  fait  passer  dans  leur 
pa\s.  Il  allégea  la  charge  de  ses  sujets  en  diminuant  riinpol,  et  son 
gouvernement  fut  des  meilleurs. 

l>ors([u'Aqfoùrschàh,  âgé  de  soixante-deux  ans,  reçut  la  visite  du 
lalal  visiteur,  il  désigna  son  fds  Sàboûr  comme  son  successeur  et  re- 
|)oiidit  à  lapi^'l  de  Dieu. 

kÈ(;nk  m:  sàboir,  fils  d'aqkoùhschàh. 

Sàboûr,  ayant  hérité  du  pouvoir  de  son  père  alors  qu'il  était  encore 
adolescent,  à  la  fleur  de  l'âge,  bénéficiait  à  la  fois  des  avantages  de 
la  royauté  et  de  la  jeunesse,  jouissant  pleinement  de  toutes  les  délices 
du  monde  et  cueillant  les  prémices  de  la  xie.  De  son  temps  vivaient 


'l»)(t  IIISTOIIIK    DKS   KOIS    DKS    l'ERSES. 

jL^i  efcU^'t  J^.^  \  ^uy  JLlj*  ^1^^  ^1  ^M  U  <jU^ 

<— Os_H_**v_)j    '  <CLà_^o  .   «Ci-A-Â^  <A^LX.i^  <.;îJo^[|  ^j-0  ^  Ul  ..     i  ^_ji^ 
J) — 8 — ^ — ^^^^ — r'^    ■''  ^^.^-*— )»■  Vi   _>.    "\ — g_.^=_s».Lvà_)  ij6»   <-vS.giJ5   <_^Jaj» 

''   (jes  iiiDts  maïKiiirnl  dans  Al.  —    -'    {',  ^.  —  !■')    M  ^JJu^ .  !''    C  <  :  i  -a  ..  .  — 


Jésus  et  Jean,  le  fils  de  Zacharie  (que  la  paix  soit  sur  eux!.  Ou  ra- 
conte qu'il  dit,  un  jour,  à  l'un  de  ses  amis  :  «Quelle  belle  chose 
serait  le  pouvoir,  s'il  durait  !»  —  «  S'il  durait,  répliqua  cet  ami,  il  ne 
te  serait  pas  échu.  »  —  «  Tu  as  raison  %  dil  Sàboûr.  Il  avait  ])our  lia- 
bitude  d'aller  chaque  jour  à  la  chasse  et  j)rétendait  que  la  chasse  était 
un  exercice  pour  le  corj)s  et  une  école  jjour  les  joutes  des  cavaliers. 
Puis,  en  revenant  à  son  ])alais,  dans  la  matinée,  cent  jeunes  esclaves 
venaient  le  recevoir,  toutes  extrêmement  belles  et  bien  faites,  cou- 
vertes de  parures  et  de  riches  étoffes,  tenant  dans  leurs  mains  des 
instruments  de  musique,  des  coupes  remplies  d'un  vin  limpide,  des 
plantes  odoriférantes,  des  beaux  bouquets  et  des  cassolettes  de  parfum , 
ainsi  que  des  plateaux  chargés  de  mets  légers  et  délicats.  Elles  lui 
rendaient  leurs  hommages,  le  saluaient,  lui  présentaient  des  fruits  el 
du  vin  et  le  divertissaient  par  la  nuisicpu'  et  les  chants,  tandis  cju  il 
riait,  plaisantait,  jouait  et  badinait  avec  elles;  et  alors  son  âme  s'épa- 
nouissait et  son  boidieui'  était  com])let.  i^iis,  après  avoir  dormi  et 


IIISTOIIIK    DKS   KOIS   DES   PKHSES.  461 

ïL^  "^1  ^^_;xJl  J;  «OXc  ^>iL  "^  ^nL^  ^Js-ÂL^^aJ  J  ï^UlI'  i^Jt^J  ^.Xïwl^ 

<_5Ujs-J  w-^  ^^L5J  «ojj  4l  fy-^='  ^^--"^1  J^  o-^'  ■'1;^'  -i-H^» 


iJv_/>wNiaJ 


'    M  JUii.  M  *4^.  Nh.iKiur  dans  C.  -     '>'   M  ^\.   -      ""^  C  sy^. 

i«)   Manque  (luiis  M.   -       "    C  l^iw^l, .  —  '"  Divan  d'Al-Bolitori    nis.  ;ir.  (!.•  hi  Bil.li(illM(|i 
nationale,  n"  3o8G,  fol.  38i)  :  L»«à  oJj  L*^  et  Jlaj  ^J^. 


s'èlrp  repose  le  leinps  iicressjiire,  il  se  leiidiiit  (huis  une  salle  dorée, 
(liiiall  avec  ses  convives,  l)uvait  et  causait  avec  euxjusqu'au  milieu  de 
la  nnil  et  se  retirait  ensuite  dans  l'appartement  de  ses  femmes  où  il 
prenait  du  repos  jusqu'à  ce  qu'il  lût  jj^rand  matin.  Alors,  selon  son 
lialntiide,  il  allait  à  la  chasse. 

Sàl)oûr  ne  donnait  audience  c[u'une  lois  par  mois;  car  il  disait  : 
.1  L'homme  le  plus  hardi  pour  attaquer  le  lion  est  celui  qui  le  voit  le 
plus  souvent.  "  Les  objets  précieux  qu'il  ollrait  à  ses  convives,  il  les 
donnait  pendant  qu'il  était  maître  de  sa  raison  et  cessait  la  distribu- 
tion quand  le  vin  lui  montait  au  cerveau ,  afin  que  sa  munificence  ne 
lût  pas  attribuée  à  l'ivresse.  L'auteur  dit  :  C'est  dans  ce  sens  que  Boh- 
torî  dit  dans  un  de  ses  jîoèmes  : 

Tu  ne  cesses  pas  d'être  un  généreux  ami  pour  tes  convives,  quand  ils  sont  ivres  et 
(|u' ils  sont  devenus  l)rillants  comme  des  pleines  lunes  chassant  devant  elles  les  étoiles. 

Tu  es  généreux  envers  eux  avant  d'avoir  vidé  des  coupes;  ce  ne  sont  pas  celles-ci 
(jui  peuvent  produire  en  toi  la  générosité. 


/iC2  lilSTOlliK    DKS    liOIS    DKS   PERSES. 

Lî!iA_j  <_^-ji ^a-J'  <_;«^_/J!»  <,ô^^i>Ut  "Oiv-iJtJt  ^^^  ^J  v-sc  JJ^       c)'  -^ 

<— aJ|  -^l    s  ■>  4l!L  *Uxct  ^^  Jls  ^>>.jr_L>c  JKJtij  <^\  uX_*_)  J:1LLL  jji^ 
''   .M;iiH|uc'  tliiiis  M.  -    ('.  iUj\ .     -    ''    l.t's  mss.  ajoiilciil  j^l^I  Jl  <!<>_*_«_> L_s-«j  •  — 


Après  que  Sàboûr  eul  passe  dans  les  conditions  d'une  vie  si  lien- 
reuse  et  dans  cette  parfaite  félicité  cinqnante-li-oisans,  sans  avoir  été, 
depuis  le  commencement  de  son  régne,  atteint  par  aucune  maladie, 
ni  avoir  éprouvé  d'adversité,  et  n'ayant  été  attaqué  par  aucun  ennemi, 
les  infirmités  différées  exigèrent  Ai-  lui  sa  dette  et  le  ramenèrent  là 
on  toute  àme  doit  revenir. 

HEG-NF.  DK   U.IM  OIIAHZ,  KII.S  DE  SÀBOÎR. 

Sàboùr  avait  désigné  comme  son  successeur  son  iifs  f)jaudliarz  et 
lavait  lait  reconnaître  par  les  dignitaires  de  sa  cour.  Djaudliarz  ayant 
pris  en  mains  le  gouvernement  après  son  père  et  s'étant  assis  sur 
son  trône  dit  :  «Nous  sommes  riches,  car  Dieu  nous  suffit;  pauvres, 
car  c'est  de  lui  que  nous  avons  besoin;  c'est  lui  (|ui  nous  dispense  les 
moyens  qui  aident  à  nous  rapprocher  de  lui.  " 

Djaudliarz  inaugura  son  règne  par  une  campagne  contre  les  fils 


IIISTOIKK   l)L-:S   KOIS   DES  PERSES.  463 

A_^i_^  Jw—«LJ   ^^l_^'  'v-^îî-iJ-t   "^Ur^j   ^^.  «J?r^  j'-^  '^•^'-^  J-<sS|;r^' 

ci/_-sQ^   LlLj  _^-g-*i!     I  jL    <jUu«_^.   ^_/jÊJjt  J^!i^  L^-isi-C   -M^   "^^    z'^^' 
<_)    ^jj  yÀJ^   "^"^    <-w^  ^   LiÛsXï».'   ^_^^     -  VT»\'-^   .>s>S-^a_>   ^v^    <<_>' 


ijJJL  iJsjJ|^  J-J^y 


C^jb.  -     <-    M5^Ls4L-  '    M  iL.;- 


(l'Israël,  pour  venger  la  mort  de  Jean,  fils  de  Zacharie  (que  la  paix  soit 
sur  eux!).  Il  en  tua  soixante-dix  mille,  jusqu'à  ce  que  le  sang  de  Jean 
cessât  de  bouillonner.  En  effet,  au  moment  où  celui-ci  avait  été  misa 
mori,  une  goutfe  de  son  sang  était  tombée  sur  le  sol  et  avait  continué 
à  bouillonner  comme  l'eau  d'une  marmite,  jusqu'à  ce  (|ue  Djaurlliarz 
accomplit  son  œuvre  de  vengeance  et  détruisit  Jérusalem. 

Djaudliarz  était  un  des  paladins  renommés.  Il  allait  à  la  chasse  avec 
quatre  cents  léopards  munis  de  colliers  d'or  et  cinq  cents  laucons  gris 
de  larlarie.  Quand  il  eut  régné  cinquante-sept  ans,  il  arriva  cpu', 
dans  uue  de  ses  parties  de  chasse,  il  devint  lui-même  la  proie  de  la 
mort.  Pendant  qu'il  chassait  des  sangliers,  l'un  de  ces  animaux,  d'un 
coup  de  sa  défense,  bles.sa  son  cheval.  Celui-ci  ht  un  écart  et  jeta  son 
cavalier,  qui  ne  s'y  attendait  pas,  à  terre,  et  Djaudharz  se  rompit 
le  cou.  J'ai  appris  (dit  l'auteur)  c[ue  Waschmguîr,  fils  de  Ziyàr,  périt 
également  en  chassant  le  sanglier  et  exactement  de  la  même  manière. 


/lO'l  IIISIOIUK    DKS   UOIS    DKS   1>K11SES. 

4'  J — à—ils  jL_il  Ci.. — \->  ^   -J  «LaLvi»!  jr<s^  "-^  jj^j^  "^  "^^-^^  ^'^ 
^w-*3  jjy^  — ^-^^'l  ^xb  ^1  j^^^^ll  <i^iU-)  ..pUII  J  ^jLiii  ^;j--.^l 


lîEGM-:   n'IRANSCIIAIII'.-SCIlAH,  FILS  DK  liALASCH  , 
Fil. S   DF  SÀlîOin  l.'\SCIIk\MF!N. 

Ce  roi,  succédant  à  son  oncle  Djandliar/.,  avani  pris  le  pomoir  a 
un  nioinenl  où  le  trésor  j)ublic  était  en  détresse,  eut  la  bonne  fortune 
de  mettre  la  main  sur  la  liste  des  trésors  f|u'Alexandre  avait  enfouis 
dans  r  Iracj,  de  réussir  à  les  enlever  et  de  pouxoir  s'en  servir  pour  les 
besoins  de  l'Etat  et  pour  laire  bonne  figure.  A  défaut  de  ces  trésors, 
son  gouvernement  aurait  été  réduit  à  la  gêne  el  il  aurait  été  exposé 
au  mépris.  Mais  (ju  elles  sont  grandes  les  grâces  que  Dieu  prodigue 
aux  hommes  en  général  et  au.v  rois  en  particulier,  venant  à  leur  aide 
dans  la  peine  et  les  secourant  dans  l'adversité! 

Irànschalir-Schàh  mourut  après  un  règne  de  (piaiante-scpt  ans  et 
après  avoir  désigné  comme  son  successeur  son  (ils  Djaudbarz  lej(nine. 


HISTOIRE   DES  UOIS  DES   PERSES.  465 

stwjJL  ^iJJ— l!    sLj  .X-o-?  jj^àâ  >   <^'  -^ILo    -  ^'k_4i  v_^  o^W'  "-^^  ^ 


''    \r    sUyLjl;    m;iii([iii'  dans  C.    —    -    C.  ^1^1  JJL«  Cl-  *'    Maiiqur   (laii>.    M. 


HEGNE   DE  DJ  Al  DU  AI'./.  I.E  JEL.NE,  FILS  D'IHANSCIIAII  l'.-SCllAll . 

\près  la  mort  d'Iràiischalir-Schàli  régna  son  fils  njaiidliarz,  qui 
réunit  sous  sa  domination  T'Iràq  et  le  Fàrs.  Il  administrait  bien  ses 
Etats  et  les  rendait  très  florissants.  Voici  une  anecdote  curieuse  de  sa 
vie  :  Djaudharz  avait  trois  favorites  qui  résumaient  pour  lui  toute  la 
félicité  du  monde.  Chacune  d'elles  était  extrêmement  belle  et  réunis- 
sait en  elle  tous  les  genres  de  la  beauté.  Il  les  faisait  venir  toutes  les 
trois  à  ses  banquets,  pour  avoir  le  bonheur  parfait  en  jouissant  simul- 
tanément de  leurs  charmes  et  plein  contentement  en  les  regardant 
ensemble.  Or  elles  lui  demandèrent  avec  insistance  de  leur  dire  la- 
quelle d'entre  elles  était  la  plus  aimée  de  lui.  Il  leur  répondit  qu'il 
le  leur  dirait  dans  quelque  temps.  Puis  il  donna  à  chacune  d'elles  un 
anneau  muni  d'un  rubis  de  grand  prix  en  lui  recommandant  de  le 

39 


/it)6  IIISroiliK    OKS   KOlS   DKS    1»K1\SKS. 

v-S'"^'0«  ^.X:».'  "OnJoc     .\0,    ">  g  *  ^   <_^;x>^   i__>Lb*  ^jr<ï«-^^ 


Jls  ^-y>  olLo  LiL 


:')  Mss.  »Ui„,\wi-       -   M  .uti- 


'  u. 


tenir  caché  el  de  nVn  point  parler  à  ses  doux  coni|)ai^n('s.  Quand 
l'Iles  lui  demandèrent  de  tenir  sa  promesse  et  de  dire  latjuelle  lui  était 
la  plus  chère,  il  répondit  :  "Celle  qui  a  lanueau.  »  Cihacuue  croyant 
que  c'était  elle-même,  elles  étaient  toutes  satisfaites  el  il  passait  sa  vie 
affréablement  avec  elles.  Son  rè<>;nedura  trente  et  un  ans. 

KF.GNK  DKNVUSÎ,   III. S   1)' I  HÀNSC.H  AU  H-SCUÀH  . 

\arsi  avani  pris  le  pouNoir,  harangua  sou  armée  el  ses  sujets  et 
dit  :  ".le  suis  un  serviteur  obéissant  de  Dieu.  ()béissex-nu)i  vous- 
mêmes,  tant  qu(^  je  lui  obéirai.  Promettez-moi  une  entière  soumission 
à  mes  ordres,  et  je  vous  promets  la  justice  et  le  bon  gouvernement.  » 
Il  prit  |)i'isounellemenl  eu  mains  le  gouvernement,  s'occupa  avec  toute 
lapiilication  nécessaire  des  all'aires  matérielles  et  spirituelles  et  lit  de 
grands  travaux  dans  le  Sawàd  de  l'Mràq  el  dans  le  Fàrs.  On  raj)porte 
qu'il  avait  |»our  eiïouses  (pialif  rniimes,  (illes  de  grands  rois,  dont 
Tune,  |)ar  jalousie,  l'enqjoisonna .  et  il  mourut  après  avoir  règne 
trente-quatre  ans. 


IIISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES.  'i07 

j!_j  >JiJt  ^-^t  ,J3^  «lSXo  ^i^  j  ^_jLL  ^I)^^  ^^JJ^  ^ 

*L**^^|    5t_^    'L*«_j   ?    Jj-*-rî  c)^^   (^^"^JJ   |?L«>XJ4-*v|^    |fLOo  yi_5vïw*vl9 
jj^j-^    ^.X_^C_a_.  ^L-^    -i^J-m    ^>>-^   ^iU.=.l   ^j   Jla^yi   ^    JU-JJ 

•■!  ■x-^\j  Uj__»  <<>^t9  k_./-g.^t  ilys"  ^  ^>=V^  ;^jW"  '^-*^'  ^J  ■r>-^='^l 

RÈGNK   HK   nOI\MOZÀN,   FILS   DE   BALÀSCII. 

Hormozàn  ayant  pris  le  pouvoir,  parcourut  les  provinces  de  son 
royaume,  réprima  Tiujuslice,  lit  justice  aux  personnes  lésées  et  s'oc- 
cupa avec  sollicitude  des  pauvres  et  des  misérables.  Aimant  beaucoup 
les  eunuques,  il  en  avait  un  grand  nombre  et  leur  donna  des  charges 
et  des  dignités,  ayant  coutume  de  dire  :  «  Us  sont  femmes  avec  les 
femmes,  hommes  avec  les  hommes  et  sont  d'excellents  serviteurs  pour 
les  rois.  »  A  l'exemple  de  Djaudharz  l'ancien,  il  possédait  des  animaux 
de  proie  et  aimait  surtout  les  faucons  gris.  Un  jour,  frappé  de  la 
beauté  et  de  la  gentillesse  extraordinaires  d'un  de  ces  oiseaux,  il  le  ht 
passer  de  la  main  du  fauconnier  sur  sa  propre  main  et  se  mit  à  le  ca- 
resser avec  sa  manche.  L'oiseau  se  montrait  content  de  ces  caresses; 
mais  subitement  il  se  secoua,  battit  des  ailes  et  tomba  mort  de  ses 
mains.  Hormozàn  fut  allliiîé  de  cet  accident  et  en  tira  un  mauvais  au- 


46cS 


HfSTOIRK    DKS   ROIS   DKS   PF.USES. 

■^  (2  iLkJl^^^-Ua-l'    ^«-iJi   ^UjJ.'   JLLw   ^^^-s^.    ^Ji^ 
^1    .«ily^jji)  ^<ÂJ  AJiJ^^  w>vJv_f«  ^j-f- 


>,nirp.  H  demanda  à  ses  amis  quelle  était  la  durée  de  la  vie  du  faucon. 
Ils  lui  répondirent  qu'elle  dépassait  rarement  vingt  ans.  Puis,  comme 
on  discutait  sur  la  durée  de  la  vie  des  différents  oiseaux,  l'avis  gé- 
néral fut  que  c'était  le  vautour  qui  vivait  le  plus  longtemps.  Hor- 
mozàn  demanda  combien  d'années  il  vivait.  On  lui  répondit  qu  il  vi- 
vait fie  cinq  à  sept  cents  ans.  —  «Chose  étonnante,  dil-il,  que  celle 
longévité  du  vautour,  oiseau  si  vil,  et  la  brièveté  de  l'existence  du 
faucon  qui  est  si  noble!  »  H  fit  appeler  le  plus  savant  de  ses  Mobedhs 
hI  lui  demanda  la  cause  de  la  vie  si  longue  du  vautour  et  de  la  vie  si 
courte  du  faucon.  Le  Mobedh  répondit  :  «Je  ne  croyais  pas  que  le 
roi  l'ignorât.  Le  roi  ne  sait-il  pas  que  le  faucon,  malgré  ses  belles 
formes  et  ses  qualités,  est  un  être  sanguinaire  qui  persécute  des  oi- 
seaux? Or  le  persécuteur  n'a  pas  une  longue  durée.  Le  vautour,  au 
contraire,  est  inolfensif,  sans  méchanceté  et  n'attaque  pas  les  êtres 
\ivants.  C  est  pourquoi  il  vit  longtenqîs  et  atteint  un  si  grand  âge.  " 
Hormozàn  dit  :  "  A  la  bonne  heure;  tu  m'enlèves  mes  doutes  el  lu  me 
montres  ce  que  je  dois  faire  poui-  mon  propre  ])ien  :  éviter  l'injustice 
et  aimer  la  justice.  » 


HISTOlKK   DES   HOIS   DES   PERSES.  469 

-  ^_jj-iS-'U^'  J^^^j  JjoJt  jix.1^   iUt  ^-^^  eT  ^5^-«^^ 


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J^^\  j  jwcLyi!  j^i,^  JL.J  JUI  Je  L'unis  <^\ 

h!     'i'^jiL      *L**^^'      ^>XJÏS-«.I     ^     —Lj;^'     J^     ùy^^     ^     iKs^jA.^     JsJ>i 


oj^r^^ 


^ 


«Oljsxl 


Horinoznii  vi'ciil  (niiilit'-vin<>ts  ans  et  ré<,ni;i  [)cii(l;iiil  (ni;iianlc-se|)l 


HEGNK  l)K  !•  VinOlZ,   FM. S  OE  IIOUMOZAN. 

Faïrouz  avant  succédé  à  son  père,  prit  grand  soin  du  gouvcrni'- 
inent  et  suivit  la  Noic  du  devoir  en  pratiquant  la  justice  et  en  proté- 
geant ses  sujets,  (loniine  il  emplovait  à  son  service  de  beauv  jeunes 
gens,  choisis  parmi  les  captifs  grecs  et  turcs,  qu'il  attachait  à  sa 
personne,  il  eut  avis  que  les  grands  le  désapprouvaient  de  se  fier  aux 
llls  de  ses  ennemis  et  qu'ils  étaient  mécontents  de  le  voir  s'entourer 
d'un  grand  nombre  de  ces  gens;  il  apprit  aussi  que  le  peuple  tenait 
des  propos  malveillants  sur  lui  au  sujet  de  ses  adolescents,  le  blâ- 
mant et  l'accusant  de  ce  qui  ne  saurait  être  dit  honnêtement.  Il  les 
éloigna  donc  de  son  palais  disant  :  «  Celui-là  est  trancpiille  qui  emploie 
à  son  service  des  lemmes.  " 


'l70  HISTOIRE   DES   ROIS    DES    PERSES. 

j._«_>  ^JJ^i^JoL  N-«'  ^  "^-^  J^  r^^'  .^'-"-Ïj  J'-^^  cJ^  "^Vt»-  t'^  J^ 

^^^  .M    >   •^^_«_S^   (j^-j^  ^<vàJLiJ  ^rl   J.I   L^^Nij  (Jjy  L   Jlsj  <-^  LckXJ  iJs^ 
— «"ÀJ  J^_«_J  Ij   4)w«_J  ^   <<sJl  t_>lj^   iw^iO^  <!   vX^îvi    'LisJil  i-iiJLo  i.::^ 


Faïrouz  avait  un  fils  parvenu  à  là'^e  d'homme  nommé  Khosni. 
Avant  appris  que  celui-ci  faisait  acte  de  maître  dans  l'Etat,  il  le  fit 
mettre  en  prison,  disant  :  «Voilà  le  châtiment  de  celui  qui  est  trop 
impatient  et  usurpe  le  commandement  avant  son  heure.  »  Puis,  après 
quelque  temps,  l'ayant  fait  mettre  en  liberté,  il  le  fit  venir  et  lui  dit  : 
«  Attends,  mon  fils,  que  mon  temps  soit  fini  et  que  le  tien  soit  venu; 
car  le  régime  du  monde  est  une  série  de  révolutions  de  la  Fortune  où 
chaque  roi  a  une  part.  Tant  que  les  périodes  assignées  aux  pères  ne 
sont  pas  révolues,  le  temps  de  gouverner  n'est  pas  venu  pour  les  fils!  » 
Khosra  se  prosterna  devant  lui,  se  repentant  de  ce  qu'il  avait  fait,  et 
ne  prenait  plus  les  allures  d'un  maître,  jusqu'à  ce  que  Faïrouz  quittât 
le  monde  après  un  règne  de  trente-neuf  ans. 

l'.ÈGNK  DK  klIOSHA,  !■  ILS  OK  FAÏimrz. 

Khosra,  arrivant  au  j)ouvoir  alors  que  les  adversités  1  avaient  cor- 
rigé et  que  le  temps  avait  fait  son  éducation,  gouvernait  sagement 


HISTOFRK    DKS   ROIS   DKS   PKRSES.  471 


Je  J^"  j  Jjo  j:^  i-^U'  1.4^".  Jj 


rÉtal,  exerçait  un  bon  réprime,  rendail  le  pavs  très  florissant  et  ai- 
mait la  sagesse.  On  raconte  qu'il  tint  auflienre,  un  jour  fie  Mihnljàn. 
|)Our  recevoir  les  cadeaux  d  usage,  cl  on  Ini  cii  apporta  une  fpiantite 
iniiondjrable.  Un  envoyé  du  grand  Mobcdli  se  jufsenta  tenant  un 
plalean  d'or  recouxeit  dune  ser^ietle  de  soie  peinte  d  Alexandrie 
(pi  il  plaça  devant  Ini.  Le  roi,  avant  lait  découvrir  le  plaleau,  x  vil 
d(ii\  charbons  éteints.  Il  lut  étonné  de  trouver  ce  niiséi-able  cadeau 
dans  une  si  magnifique  enveloppe;  puis  il  flit  :  '.le  suis  certain  que 
cela  renferme  un  enseignement.  Appelez-moi  le  Mobedhl  »  (lelui-ci 
ne  tarda  pas  à  arriver,  et  Khosra,  fils  de  Faïroùz,  le  fjuestionua  au 
sujet  des  deux  charbons.  Le  Mobedh  dit  :  «Sache,  ô  roi,  que,  ces 
jours-ci,  je  passai  près  d'un  bocage  qui  était  en  feu,  de  telle  sorte  que 
les  flammes  l'enveloppaient  complètement  et  dévoraient  les  arbres.  Je 
vis  un  épervier  lancé  sur  un  coq  de  bruvère  qui,  luxant  devant  lui. 
se  jeta  en  sa  frayeur  dans  le  feu.  L'épervier,  acharné  à  sa  proie,  le 
ponrsui^^l  jusque  dans  les  flammes.  Les  deux  oiseaux  y  périrent  et 


472  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

Uo»     ^i>Ljv_)Js_(6       ri    £  »|       Uo     \    «s_A_5  y        '     S.,       -lU     ■^       JLL?     "^ws^y.^     ^.XJ^     4_*4*_fi_> 


tombèrent,  réduits  à  deux  morceaux  de  charbon  que  je  recuediis, 
en  en  tirant  cette  moralité  :  L'homme  redoutant  un  ennemi,  ne  doit 
pas  se  laisser  envahir  par  la  crainte  au  point  d'avoir  recours  par  ter- 
reur à  des  moyens  qui  causeraient  sa  perte,  comme  a  fait  le  coq  de 
bruyère  qui,  dans  l'excès  de  sa  frayeur,  s'est  jeté  dans  le  feu  et  a  été 
consumé.  Il  ne  faut  pas  non  plus  que  l'homme  soit  trop  ardent  à 
rechercher  les  biens  de  ce  monde,  au  point  d'exposer  sa  vie  pour  les 
avoir,  ainsi  qu'a  fait  l'épervier  qui,  par  sa  grande  avidité,  s'est  détruit 
lui-même.  «  Khosra,  fils  de  Faïroûz,  dit  au  grand  Mobedh  :  «  Que  ton 
cadeau  est  donc  instructif  et  que  j'en  suis  charmé!  Je  n'en  ai  pas  reçu 
aujourd'hui  d'aussi  précieux!  »  Et  il  passa  la  journée  avec  lui. 
La  durée  du  règne  de  Khosra  fut  de  quarante-sept  ans. 


IIISTOIHK   DKS   ROIS   DES   PERSES.  473 

^bl  cuLIjsJI  .jf^-*-;  3  y^\  c)!?'^)^  |*.x_ttJO  ^jL^jil   -^j^y  <_6-<wJ  <_^^l 

(•■»)U-X 8 X o    <_>Us   >-=*--   ^   4-_>Ofv^   >-s^iI|  ^|ji\'   <-*-£w_)'   ^j«>jJ|^ 


'     \Iss.  jiXiyi.  M  ^'ji^y.  M    Ujol«.  '     M  J^L?.  "•!   ainsi   plus   Iniir, 

plusieurs  fois.  ">   M  (,L><_«. 


UEGJiE   D'AHDAU  AN  ,    IlLS  DE   HAIinAM,   K1I..S  DK  BAI.ASCH, 

i)i:nMi;i'.  r.oi  dks  \sciik  \mi.n.s. 

Les  Arabes  appellent  ce  roi  Ardawàii  le  Jeune,  parce  que,  dans 
quelques  relations,  il  y  a  avant  lui  un  autre  Ardawàn.  Les  Perses  le 
iionmienl  Ardawàn  le  Grand,  parce  que,  tout  en  venant  après  un 
autre,  il  le  surpassait  par  l'étendue  de  ses  Etats  et  par  la  durée  de 
sa  vie.  H  était,  en  effet,  le  plus  grand  des  Aschkauiens  par  son  pou- 
voir, le  plus  puissant,  le  plus  renommé  et  celui  qui  avait  réduit  sous 
sa  domination  le  plus  grand  nombre  de  rois  régionaux.  11  régnait 
en   maître  absolu  sur  r'Irà([,  le  Fàrs  et  le  Djebàl  jusqu'à  Raï. 

Ardawàn  avait  pour  habitude  de  dire  :  «  Celui  qui  agit  bien  trouve 
de  l'aide;  celui  qui  fait  le  mal  est  abandonné.  » 

IlISTOinE   DE  BÀBAK,   DE  SÂSAN  ET  D'ARDASCHÎR. 

Bàbak,  d'après  les  Perses,  était  marzebàn  d'Ardawàn  et  gouvernait  la 


IIISTOIHR    DES   nOIS   DKS   PERSES. 

^cL*-*^  J>^  '"^^■r^'  "I  <^-^n  •  ^LwL*v  ("4)  (jLiLi  ^\>J\  "^-Lc  cj^3  *'"-'  '^^^^ 
^^|  J^_«__)  <_>  .i^p^i».ls   «Cs^^o  j^  oLL  <IL«J  (-^  Uv>  ^Is"^!  ^^^^  ,^5^   ;?-7^ 

s-o3    UxJ.  ctloL  J.t  v.<s-^:>j|  ^^.w*u^  J-iS^i)  llf-  ^L«.Lv  (^Uj  <>i-£  ;^j-l-j 
is)^o>_v3.   <<s-i-c  J_<Uil9   |j^jjv_*2  IZ^i.  (TiooL  <-s2^|^  Jj^t  <-jL^?t  Lui.-v> 

(')  -M  jL,.x^^l.  —  -^l  C_y*-i!i.    -  '■''  M  ii^i..  ^  ■')  Mss.  jUi  *J.  —  (^'  C  !y.  —  "■)  C  j. 
—  C'  Manque  dans  M.   —   ")   C  -oj. 


])rovince  de  Fàrs,  etSàsàn,  descendant  de  Sàsàn,  fds  de  Bahman,  fds 
d'Isfendiyàdh,  était  l'un  des  officiers  de  Bàbak  et  faisait  partie  de  sa 
suite.  Bàbak  ayant  vu  en  songe  que  le  soleil  et  la  lune  s'élevaient  du 
Iront  de  Sàsàn,  lit  appeler  celui-ci  et  lui  raconta  le  rêve  qu'il  avait  eu. 
Sàsàn  lui  dit  :  "Et  moi  aussi,  j'ai  rêvé  que  des  rayons  de  lumière 
sortaient  de  moi  et  éclairaient  toutes  les  régions  de  la  terre.  Bàbak 
l'interrogea  sur  sa  famille,  et  Sàsàn,  qui  avait  toujours  cache  son 
origine,  la  lui  fit  connaître.  Babak,  désirant  s'allier  à  lui  par  des  liens 
fie  parenté,  lui  donna  en  mariage  .sa  fille,  l'éleva  à  un  plus  haut  rang 
et  l'associa  à  son  gouvernement.  Sàsàn  eut  de  la  fille  de  Bàbàk  un  fils, 
Ardaschîr,  sur  qui  brillait  le  reflet  de  la  majesté.  Sàsàn  étant  mort 
peu  de  temps  après,  on  tenait  Ardaschîr  pour  le  fils  de  Bàbak.  L'en- 
lanl  grandit  comme  grandit  un  prince  de  famille  régnante.  Bàbak,  qui 
l'aimait  tendrement,  l'entourait  de  soins,  se  dévouait  enlièremcnt  à 
bii  et  s'occupait  de  lui,  ainsi  que  de  son  éducation  el  de  son  inslruc- 
tion.  Ardaschîr  devint  ainsi  un  jeune  homme  sans  pareil  par  ses  qua- 
lités et  ses  perfections;  il  attirait  et  retenait  tous  les  regards  et  tous 


IlISrOlIlK    l)i:S   ROIS    DKS    PKRSKS.  /i75 


«L_jLs.(s  ^>_.^ii:  ^l   1'  ^--O.  >-^^4i^>'  ,;-^cls  '  4-P  <-o-JI  ,j-«  <_>  Js^. 

•'■   C  UtI.  —  '-J    \lss.  J;jw.  '    C  Jlftill,  in;mi|iM;Ufci)l,.  ''    M  *i^. 


les  cœurs  lui  .ippailLMuiicul.  Vrdawàn,  ayant  eulendu  parler  di'  lui. 
écrivit  à  Bàbak  lui  (leniaudanl  de  l'envoyer  à  sa  cour,  pour  qu'il  lût 
le  compagnon  dt'  ses  llls.  Bàbak  obtoni|)éra  à  son  ordre  et  l'iivoya  avec 
Ardaschir  de  ntnnbreux  cadeaux. 

Quand  Ardascbîr  se  lui  icudu  auprès  d'Aidawan.  celui-ci  lui 
accorda  sa  laveur,  |)ourvul  larj^enieiit  à  son  entretien  et  le  traita  avec 
bonté.  Mais  bientôt  il  le  prit  en  aversion,  parce  que,  nial<,M-é  sa  jeu- 
nesse et  le  défaut  de  maturité,  il  aspirait  aux  rangs  des  grands  princes 
auxquels  on  ne  parvient  que  par  le  mérite  acquis  et  par  l'âge.  Le 
voyant,  un  jour,  à  la  chasse,  surpasser  ses  fils  dans  les  exercices  du 
parlait  cavalier  et  dans  les  exploits  de  la  chasse  aux  antilopes  et  aux 
ânes  sauvages,  il  lui  dit  :  «  Fils  de  Bàbak,  est-ce  ton  affaire  de  chasser 
et  de  te  livrer  aux  exercices  des  princes.^  Je  te  donne  la  charge  de 
grand  écuyer;  occupe-toi  donc  de  l'écurie,  inspecte  les  chevaux  et 
surveille  les  palefreniers  !  »  Et  Ardawàn  chargea  quelcpi'un  de  tenir  la 
main  à  ce  qu'il  remplît  sa  fonction.  Ardaschir,  plein  de  chagrin,  in- 
forma de  ces  faits  Bàbak,  qui  lui  repondit  en  lui  recommandant  de 


'iTC. 


illSIOIKK    DKS   UOIS    DES   PERSKS. 

jj^V  X  J^J^^^\j  <<_J|  ^y>  U  jLL;i-<i]^  «JUlLJjj  i'uJLi'^Il  <t  £^jj 

I  j.jt)    LcyS>-'  •>Ql  Vt^   Lij    ^>>ot_j  V-  s^jJL  <JLiwi'   <_**«_ij.    4)^»   <_iLSv>o 


li  <_.  c5;|^^  <J=^h   ■'  "^-^^r*^  vLi^b  ^j].:»;'^  <^^^ 
w-i-fc?^  ^>]^^j!  jlp«.i  ^  ^«>^r»'  cr°   ^^"^1  ^:>I^  U-^U^ls  J^^l  J 

;;i\'    Ak.[>   o\  fc_.;w_^=j   <-;jtyii.  y,A^^^a^j   iJ^L  t::^»-f  v-sJs!    ^njJ 

ij    ^-y^lj     jLïyO    "^-C^Xj      .>'    ^U-i>jl    1^    r^Vïj     ^-*-;y^^' 


se  soumettre  et  d'obéii-,  de  remplir  exactement  le  service  dont  il 
était  chargé,  d'exécuter  l'ordre  reçu  et  d'attendre  la  fin  de  ses  peines 
et  un  heureux  dénouement.  Et  il  lui  envoya  de  l'argent  pour  ses  dé- 
penses. Ardaschîr  demeura  donc  dans  sa  position  et  remplit  sa 
charge,  tout  en  se  sentant  au-dessus  de  cette  situation  et  alors  que  la 
Fortune  lui  promettait  ce  qu'elle  allait  bientôt  lui  donner. 

Un  jour,  comme  Aniaschir  était  assis  sur  un  siège  dans  l'écurie 
d'Ardawân,  voila  (juuiic  esclave  de  celui-ci,  son  intendante,  et  celle 
(le  toutes  les  esclaves  qui  jouissait  de  sa  plus  grande  faveur,  vit  Arda- 
schîr du  haut  de  la  terrasse.  Elle  s'éprit  de  lui  et  lui  fit  tenir  un 
message  pour  demander  une  entrevue.  Ardaschir  consentit,  dans 
l'intention  de  surprendre  par  elle  les  secrets  d'Ardawàn.  Puis  cette 
femme  trouvait  un  moyen  pour  le  rejoindre  et  elle  se  rencontrait 
avec  lui  de  fois  à  autres  et,  avec  le  temps,  elle  l'aimait  de  plus  en  plus. 
La  nouvelle  alors  arriva  que  Bàbak  était  mort  et  que  ses  richesses  et  ses 
trésors  revenaient  à  Ardaschir.  Celui-ci  accomplit  les  rites  de  deuil 
et  il  s'attendait  à  ce  que  Ardawan  lui  donnât  la  charge  de  Bàbak.  Mais 


IIISTOIHK    DKS   KOI  S   DES   1>EUSES. 


kll 


'     M  iL»jL«-Ai.     -    ■    -M  àajU^^.  M;iii(|iii'  dans  \I.       -    '     M  0^«L*i. 


\f(la\\àii  II  m  lil  iirii;  il  iiivcsiil  son  (ils  aine  du  i^ouvcriHMiU'iil  dos 
|)i()viiues  de  b\irs  auparavant  i^ouvt'iiUM's  par  Hàbak  ri  W  cnvova. 
I"^n  ce  temps,  [)eudant  (|ue  Ardaschir  méditait  le  ])njjet  de  preiidn; 
la  luile,  de  laire  acte  de  prétendant  et  de  s'emparer  du  [)()uv()ir,  il 
advint  ([ur  les  astrologues  d'Ardawàn  cpii  s'étaient  réunis,  sur  son 
ordre,  dans  rappartemcnl  de  rintendanlc  pour  observer  les  étoiles 
et  chercher  à  connaître  Tavenir,  lui  firent  la  déclaration  suivante  : 
«Si  l'un  des  gens  de  ta  cour  s'enfuit  dans  cette  semaine,  il  sera 
maître  de  l'Irànschahr.  » 

Ij'intendante  ayant  rapporté  les  paroles  des  astrologues  à  Ardaschîr, 
celui-ci  fut  encore  plus  résolu  à  mettre  ses  projets  à  exécution.  U  dit 
à  la  lemme  :  "Je  vais  prendre  la  luite  et  me  rendre  dans  mon  pays; 
veux-tu  m'accompagner?  »  Elle  répondit:  >i  Certes,  je  ne  me  séparerai 
jamais  de  toi  et  ne  veux  vivre  qu'avec  toi!  "  Ils  convinrent  donc  du 
départ  et  finlendanfe  retourna  chez  elle;  elle  revint  ensuite  au  rendez- 
vous  à  l'heure  qui  avait  été  fixée,  munie  d  une  certaine  somme  de 
pièces  d'or  et  de  quelc[ues  joyaux.  Ardaschir  monta  un  cheval  d'Ar- 


/iTS  lllSrOIHK    DKS   ROIS    DKS    PKIISES. 

JwA_^>      <_JvLi     ^_,^_^^|^     ^>Ls4    ^1^     vj:>Lf^      Jl     cjIj'^J  Lvv^     S-A_4iij!     w-^nJ» 

^\ — iw__8_Jt  ij_i  jL.g_J!  pLijjl  vx-i^  "11!!!  jU^L  ^\jij] yt^xj  ij  lk\j 

A^.j<S^^t  <^\>  i^J<^s>\  <-vl  x-ë^s^^  \yXX.*^*-«  ^Jia_v^l  J-=».i  wA_,2:>j)i  "^1  "ji 
L_«_<s?'  '«>•,  -i  4'    .MuyvTi  ».m  «OU-w  (_j  iss^u  ^t-x-jb^  Oiâ_»jL»  4lU^)  (^ 


flawàn,  un  coursier  sans  rival,  et  donna  une  monture  pareille  à  la 
jeune  esclave.  Voyageant  ])endant  la  nuit,  protégés  par  l'obscurité, 
ils  avaient  déjà  parcouru  une  distance  de  vingt  parasanges  lorsque 
le  soleil  montait  à  l'horizon.  Ardawàn,  qui  ne  connut  l'événement 
qu'au  lever  du  jour,  envoya  pour  les  poursuivre  et  les  arrêter  un 
flétacliement  de  cavaliers.  Mais  ceux-ci  ne  purent  les  atteindre,  el  Ar- 
dawàn se  rongeait  les  poings  de  dépit  et  de  colère. 

AUDASCHÎr.  AIir.IVE  DANS  LE  FARS  ET  SE  HEISD  ]\1AÎT1'.E  D'ISTAKHl!. 

Ardaschir  étant  entré  secrètement  dans  la  ville  d'Islaklir,  les  olli- 
ciers  de  J3àbak  se  réunirent  auprès  de  lui,  le  mirent  en  possession 
de  ses  biens,  lui  rendirent  hommage  de  fidélité  et  se  placèrent  sous 
ses  ordres.  Ses  partisans,  étant  accourus  dans  ses  rangs,  marchèrent 
tous  ensemble  avec  lui  contre  le  fds  d'x\rdavvàn  qui,  chassé  par  eux 
d'istakhr,  alla  rejoindre  son  père.  Ardaschir  lut  maître  de  la  ville. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   l'ERSES.  479 

l   g   ">vsc'   ^-X^o-S»   ^rjtj    \j^  >jLw  ijU-<«|  <-A-Lc  ^n./^-^^a-j'j  visS->oI  ws_4ij>A 
1^— ï^'à— ils    i_j.'   JS'^  s_.g__.i  ^'vJ'  t^^la..j    o*U>i..   <Jtx5   SJs.^',   '>>o  '.vwvaj 


On  lui  apporta  de  grandes  sommes  d'argent  du  trésor  public  des 
autres  cantons  du  Fàrs,  les  grands  de  la  province  se  rendant  auprès 
rie  lui  firent  cause  commune  avec  lui,  et  les  ])rincipaux  p»'rsonnages 
de  rirànschahr,  arrivant  de  toute  part,  embrassèrent  son  parti  et  Ini 
rendirent  h()niinay;e.  Il  adressa  des  lettres  aux  rois  fies  dilTérentes 
régions,  leur  annonçant  qu  il  avait  lait  acte  de  prétendant  et  ramené 
la  royauté  dans  sa  famille,  les  invitant  à  reconnaître  son  autorité  et 
à  suivre  son  drapeau  et  les  mettant  en  garde  contre  les  suites  de  leur 
résistance.  Un  certain  nombre  d'entre  eux  se  soumirent  sans  réserve; 
d'autres  lui  fournirent  des  ressources  en  argent  et  en  hommes; 
d'autres,  voulant  attendre  l'issue  de  son  entreprise,  gardèrent  la  neu- 
tralité. 

AUDASCHin  ASSIÈGE    vrDWVÀN  ET  LE  TIE. 

Ardaschir  avant  adressé  à  Ardawàn   la   même  sommation  cju'aux 
autres  rois,  Ardavvàu  lui  répondit  en  ternies  violents,  le  considérant 


'l80  IIISTOIUK   DKS   UOIS    l)l".S   PF.RSF.S. 

.w^^-i--*    .\|j-i\'*  J-<s>-->  "Co»x^   ii^jLvi  t,^^  1~^]  ^J^  ri  '-.^j  l>->J^ 

yja-^'   (J?-^^   y<sil   *^-vC       i*ws^    *WLc   ^^.Â.>v^   <J  ioLs»"U     -  Os-n^L^   ''^<S' 


AJ    J._L?  <0J-£  Iv^Ij  '^'  l^-t?    "  '^-^'-^^'-^'-^i'  •iV6^   f*^l?  o^^ 


d'ailleurs  coninic  un  iuhersaire  sans  linportaïue.  Ardascliîr  marcha 
contre  lui  avec  ses  troupes,  s'emparant  d'une  ville  après  l'autre,  et 
soumettant  les  populations,  jusqu'à  ce  qu'il  arrivât  aux  portes  de  la 
ville  de  Dodjail,  où  Ardawàn  s'était  enfermé.  Il  l'assiégea,  le  bloqua 
et  le  réduisit  au\  ahois  et  l'empêcha  de  s"a])provisionner  de  vivres,  de 
telle  sorte  qu'il  le  lorça  de  sortir  (h'  la  forteresse  et  de  livrer  halaille. 
Ardawan  se  présenta  avec  le  désavantage  d'une  situation  qui  rétro- 
gradait, d'un  pouvoir  qui  se  dérobait  et  d'un  règne  qui  hnissail. 
Vrdaschîr,  qui  combattait  avec  une  fortune  qui  s'approche  et  un  plein 
bonheur,  triompha  de  lui,  mit  son  armée  en  déroule  et  le  tua.  \r(hi- 
wàn,  alors,  avait  régné  cinquante-cinq  ans. 

RÈGNE  D'AROASdUH. 

Ardaschir,  après  avoir  vaincu  Ardawàn,  s'assit  sur  le  trône  d'or, 
ceignit  la  couronne  et  donna  audience  aux  grands  et  au  peuple, 
qui  le  saluèrent  du  titre  de  5c/(«/(SrtHc/(dA,  l'acclamèrent  de  leurs  vœux 


HISTOIRF    DKS   ROIS   DES   PERSKS.  481 

p,;_«^    j'^^"^!  <__)3^  jj^"^'!  L_^j   «ûl   J  ^>L*vja.'^|^   JjoJl 


elle  félicite rc  11 1.  Aidasclin-  leur  dit  :  >  Dieu  ;i  l.ill  (Icscciidn'  sa  <>;ràce, 
a  établi  riinion  et  a  mis  le  sceau  à  sa  laveur  eu  me  déléguaut  le  pou- 
voir sur  ses  serviteurs  et  sur  ses  contrées,  pour  restaurer  la  religion 
et  la  royauté,  qui  sont  deux  sœurs  jumelles,  et  pour  laire  régner  la 
justice  et  la  bonté.  "  Puis  il  ordonna  les  afl'aires,  fit  des  réformes  dans 
l'administration  et  envoya  des  troupes  dans  les  provinces  du  centre  et 
des  frontières.  Il  adressa  des  lettres  aux  rois,  leur  signifiant  ses  com- 
mandements, et  tous  se  soumirent  et  lui  obéirent.  Il  clail  maître  absolu 
de  rirànschahr;  il  recevait  en  abondance  les  produits  des  royaumes 
et  les  cliarges  d'argent  provenant  des  contributions  et  des  tributs 
arrivaient  à  sa  résidence.  Il  était  droit  et  juste,  bienveillant  envers  ses 
sujets,  implacable  pour  les  oppresseurs;  il  aimait  à  restaurer  et  s'oc- 
cupait avec  ardeur  à  rendre  le  pays  prospère.  Il  était  plein  de  sagesse 
et  travaillait  au  développement  de  l'emjjire  qu'il  avait  fondé,  à  sa  con- 
solidation et  à  sa  stabilité.  H  était  prolixe  dans  ses  discours  et  ses 
lettres,  car  il  avait  le  talent  de  la  parole  et  était  fort  disert;  mais  l'abon- 
dance de  son  langage  n'était  pas  dépourvue  de  conseils  profitables. 

6i 


482  IllSTOIUK   DES   ROIS  DES  PERSES. 

^jU   J.<i-S^''    ^'wO^I  ]^->^  iaa^t   ^«-5sL£>iX.AJ  i'^jlS^'^t  j^-jLs:  "^JJoJ  | 
(1)  Manque  clans  M.  — '-^l   Manque  dans  C.  — '-^l   CJU.— <"   C  jUjii^yi .  —  !-^'   M^^J^. 


nUELQlES  PAROLES  REMAUQUABLF.S  D'ARDASCHIR 
SLR    DIFFÉRENTS    SUJETS. 

Point  de  souverain  sans  soldats;  |)i)iiit  de  soldats  sans  argent;  point 
d'argent  sans  ])rospérité,  et  point  de  prospérité  sans  justice  et  sans 
bonne  administration.  —  Ne  nourrissez  pas  de  haine  pour  n'être  pas 
surpris  par  votre  ennemi.  Ne  vous  laissez  pas  aller  à  accaparer  les 
vivres,  pour  n'être  pas  envahis  par  la  disette.  Soyez  hospitaliers  envers 
les  voyageurs,  et  vous  serez  reçus  dans  la  demeure  future.  Ne  vous 
attachez  pas  à  ce  monde,  qui  ne  demeure  à  personne;  ne  l'abandonnez 
pas  cependant,  car  c'est  seulement  par  lui  que  l'on  obtient  l'autre.  — 
H  n'y  a  pas  de  prospérité  pour  les  grands,  quand  le  peuple  se  livre  au 
désordre;  la  masse  de  la  population  est  en  mauvaises  conditions  lorsque 
la  populace  turbulente  est  maîtresse,  et  il  vaut  mieux  pour  les  sujets 
qu'ils  craignent  leur  souverain  que  d'être  craints  par  lui.  —  Il  ne 
peut  y  avoir  d'Etat  prospère,  là  où  le  souverain  exerce  un  pouvoir 
tyrannique.  Un  souverain  juste  vaut  mieux  qu'une  ondée  bienlaisante; 


IIISTOIRF,   DES  ROIS   DES   PERSES.  483 

jj-8  >— *-î^     -    'j    '-'  "^    >X.*wL   J^Ij   via-'C   ^    '  V*^   J-^'-^   ^l  h  \  «>j   ^Ih  I  w  Jl 

,  -  —      i 

^ji^A^t  J--~a_j  <,aJ_£  SUjJ^  jJjM\  "^yj  J  Î;-^  (^^1j  r*r^-  *'-^^' 

<L_?'^Ji.   ^    i'^-^sL^i^s^l   Z_4i   I  Jwvo-jj  ^>UvJ1  ^...-^^ai*.  ^   ;5_ttj|  ^l.'nl....  'l 


'I  Man(|ue  dans  (",.         -    M  -.'"-^        -     '   Manque  dans  M.  —    ''   .Manque  tians  M. — 
!5)   Mss.  yllaJUl.  —  !«)   C  Jïl  JjôJl,  M  JiiU  Jil  JuôJI.  —  l"  Mss.  yJvJL. 


un  lion  féroce  o.st  préférable  a  un  souverain  oppresseur  et  un  souve- 
rain injuste  est  préléral)le  à  la  guerre  ci\ile  |)erinanente.  —  Tous  les 
hommes  sont  à  même  d'être  généreux;  les  moins  excusables  de  né- 
i^lif^er  cette  vertu,  ce  sont  les  princes,  jiarce  ([u  ils  ont  les  moyens  de 
la  pratiquer.  —  Ce  cju'il  v  a  de  plus  pénible  pour  les  princes,  c'est 
que  la  tête  devienne  la  queue  ou  que  la  queue  devienne  la  tète.  —  La 
justice  du  souverain  est  plus  profitable  que  fabondance  des  biens 
de  la  Fortune.  — Le  plus  mauvais  souverain  est  celui  qui  est  craint 
par  l'homme  innocent.  —  Le  pouvoir  roval  se  maintient  par  la  reli- 
i^Mon,  l'action  de  la  religion  s'accroît  par  l'appui  du  pouvoir  roval. 
—  Les  rois  corrigent  par  la  disgrâce;  ils  ne  punissent  pas  par  la  su|> 
pression  du  salaire.  —  La  mise  à  mort  est  le  meilleur  moven  de  pré- 
venir le  meurtre.  —  Moi  et  vous,  nous  formons  comme  un  seul  corps. 
Tout  ce  qui  arrive,  plaisir  ou  peine,  à  l'un  de  ses  mend^res  a  son  effet 
sur  les  autres  et  les  atteint  tous.  Certains  d'entre  vous  tiennent  la 

6i. 


48'l  IIISTOllU:    DKS   KOIS   DKS   PKUSF.S. 

^  l.g  jj:>  U  <'jpÂ-f  f^j-^  r^-^ jr^^"^  <^'  i-^>jiJiJt  4lv^  ^jSj  xiUit 

tit   ,?5-5;-»  ia_=iJt   >-J1   •'j—wj  s_ia_flJl    JL**wo|    ^^^_5s^  sjSs-v^t  J-iûl   <-Jl 
^_-i_4  Lf   j«SU  bs_x»t  ^^^   LèJO-o  LiJCjUr   ejiLi.  LfcJaÀj  -»UwJt  i'\.:iU_^: 

r^J-^  <S^J  (♦"V**^ 


Cl    CoJLi?!. 


place  de  la  tète  qui  maintient  ensemble  les  membres;  d'autres,  la 
place  des  mains  qui  écartent  les  choses  nuisibles  et  attirent  ce  qui  est 
profitable;  d'autres,  la  place  du  cœur  qui  pense  et  réfléchit;  d'autres 
la  iilacc  des  organes  iiiférienrs  qui  servent  au  corps  à  atteindre  ce 
(lui  lui  est  utile.  De  même,  il  faut  que  vous  vous  assistiez  les  uns  les 
autres,  que  chacun  aide  son  prochain  de  ses  bons  conseils  et  que  les 
inimitiés  et  les  haines  disparaissent.  —  L'impôt  est  le  support  de 
l'État;  rien  n'augmente  son  rendement  comme  la  justice,  rien  ne  le 
diminue  comme  l'oppression.  —  On  avait  présenté  à  Ardaschîr  un 
rapport  l'informant  que  les  habitants  d'Istakhr  se  plaignaient  du 
manque  de  pluie  et  des  fâcheuses  suites  de  la  sécheresse.  Il  y  écrivit 
cette  décision  :  ■<  Si  le  ciel  refuse  sa  pluie,  c'est  notre  libéralité  qui  ver- 
sera ses  ondées  bienfaisantes.  Nous  donnons  des  ordres  pour  (pic 
vous  soyez  dédommagés  de  vos  pertes  et  mis  à  l'abri  du  besoin.  » 


12) 


(3) 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  485 

^L_J    ^3^1    ^— ÂL/0»-;4Jl«    4_Â.ÂiaJ|»    «CÂ^^I  r^^JOOl]  ^hJ  Js.;i^v7  -^^   j.^1 

<-Lj^  jc^j_5j_Jl_j  <_Ai^  J-^L  fj^lj  ^.^1^1  j  *l-«^_pij  ^iJj-UÎ 

JJ—^J   ^'^  yà-^^y   ^1->^I  ^  c5^  "^Ut»;^   J!xik.2l|  ?jjsji^    <J^_a^ 

t^i^Ls-j  (j-e    '  ^«  yA»»i.ijl  r*j  î  >-6-^-^\'  ^o-^'^-iJ  ^^■**''j-^  j*'~^'^rî  vj*^^^ 

'■'  Ces  mots  iiiaii(|uciit  dans  M.  —   -)  .Mss.  oùl^.  —  '•''   Mss.  Lûjw.X;*'.  ■ —  '''  M  Irfj. 


COMMl-NT   AnnASCIIin  1\EGLA  SES  AUTRES  AFFAIHF.S 
PF.NDANT   LE   RESTE  DE  SA  VIE. 

Ardaschîr  fit  recueillir  les  livres  religieux  et  les  ouvrages  de  méde- 
cine et  d'astronomie  dont  Alexandre  avait  brûlé  une  partie  et  dont  il 
avait  lait  jjorter  le  plus  grand  nondjre  dans  le  pays  de  Uoùin.  11  les 
lit  transcrire  à  nouveau  et  en  fixer  la  leçon,  n'épargnant  aucun  efï'ort 
et  dépensant  de  grandes  sommes  d'argent.  11  étal)lit  l'ordre  des  Mobedhs 
et  des  Hirbedhs,  chargés  de  rendre  la  justice  et  de  décider  ce  que  la  loi 
permettait  et  ce  qu'elle  défendait.  Il  adressa  aux  rois  et  aux  chefs  ses 
instructions  au  sujet  de  la  religion,  leur  ordonnant  de  la  pratiquer 
et  d'observer  fidèlement  ses  dogmes  et  ses  préceptes  et  les  mettant 
en  garde  contre  sa  colère  s'ils  négligeaient  les  œuvres  obligatoires 
qu'elle  prescrit.  Il  fonda  les  villes  d'Ardaschîr-Khorra  et  de  Djoûr 
dans  le  Fàrs;  Bàdhgîs  dans  le  Khorâscàn;  Bahman-Ardaschîr  et  Ràm- 
Ardaschîr,  qui  font  partie  du  territoire  de  Basra;  Astàrâbàdh  ou  Ka- 


486  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

«_g.^oo  ^vJ!  ._1^  ^yjl  ^'\_jL«'N-=»'  J^-«-r^  fjjj^  <A_>j^j«  '-^^1  (.^y  "^t 

<Ow.t    ^^   ^_^!   Lllj^^p^l   *Tjj   U   ^>U;r^   J^lr''  ^^'   4a^  iM^UL^vjUJpj 
<— 3s_i_/o    \  «—/ol  4'  e-A— â-wâ-X-i*!  ^^_Aa..»  "(Vie»  (j-e  L-<l3\^  jÀ.^  I  »  4->4>jL> 

«Làjji  jyJLil  >-i^>-5j  ^Jj  <^i-î>  s-j'^i  ^-î^LikjufcLiiJL  >_^Jo»jik.  ji^ 

'''  M  ilj,U»«l^.  —  '■'  Mss.  (jj.  —  '')  Ici  commence  dans' M,  le  scribe  ayant  passé 
quatre  feuillets,  une  lacune  qui  s'étend  jusqu'à  la  fin  du  chapitre  du  règne  de  Bahrâm, 
fils  d-IIormiz.d.  —   "   Ms.  J^^i-  —(3)  Ms.  ylu.^.     -  "■'   Ms.  ji^Ji. 


rakh-Maïsàn  dans  le  Koùr  Didjla.  Iba  Kliordàdlibeh  rapporte  qu'il 
fonda  également  la  ville  de  Khwarizm.  Il  divisa  le  Khoràsàn  en  quatre 
départements  et  donna  le  gouvernement  de  l'un  au  marzebàn  des 
deux  Marw,  deTàloqàn  et  de  Djoûzdjàn;  celui  du  second  au  marzebàn 
de  Hérat,  de  Boùscbandj,  de  Bost  et  du  Sedjestàn;  celui  du  troisième 
au  marzebàn  de  Balkh  el  (ki  Tokbàristàn;  celui  (bi  (juatrième  au 
marzebàn  de  la  Transoxianc. 

Ardascbîr  ayant  reconnu  la  parfaite  aptitude  de  son  fds  Sàboûr,  le 
désigna  comme  l'héritier  du  trône  et  comme  son  successeur:  il  lui  lit 
connaître  ses  dernières  volontés  et  ne  laissa  pas  de  lui  prodiguer  ses 
meilleurs  conseils.  Lorsque  son  gouvernement  fut  solidement  établi, 
alors  que  les  heureux  effets  de  sa  justice  et  de  sa  haute  vertu  s'éten- 
daient sur  tous,  de  près  et  de  loin ,  quatorze  ans  s'étant  écoulés  depuis 
le  jour  où  il  fut  salué  du  titre  de  Scliâhânschâli,  il  répondit  à  l'appel  de 
Dieu  et  laissa  le  royaume  à  son  fils. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  487 

s- 

|fU  ,^^j^  >>J^I  J-:S5^  Jj^l  o>-**^  ^  (^^'  «-^  ^  I^WU-lj  {'^^^\ 

(')  Ms.  c^l^^. 

nÈGNK  DF.  SÀBOÙR,  FII.S  D'\ni).\scnîn. 

Sàboûr  ressemblait  à  son  père  par  la  beauté,  la  sagesse  et  la  pru- 
dence, par  la  douceur  unie  à  l'habileté  dans  l'administration  de  l'Etat 
et  par  son  grand  zèle  pour  le  bien  général;  mais  il  le  surpassait 
encore  en  générosité  et  en  éloquence.  Quand  il  eut  pris  le  pouvoir  à  la 
place  d'Ardaschir,  les  hommes  l'acclamèrent  de  leurs  vœux  et  le  com- 
plimentèrent. Il  leur  répondit  par  de  bonnes  paroles  et  de  belles  pro- 
messes qui  iortidèrent  leurs  espérances;  il  s'engagea  à  marcher  sur 
les  traces  de  son  père  et  à  faire  revivre  ses  nobles  actions  et  ses  glo- 
rieux exploits.  Il  adressa  des  lettres  aux  rois  et  aux  marzebàn,  les 
confirmant  dans  leurs  gouvernements  et  les  invitant  à  être  ses  fidèles 
et  dévoués  auxiliaires  et  à  demeurer  attachés  au  plus  saint  des  devoirs, 
celui  de  fabsolue  obéissance.  Tous  se  déclarèrent  ses  serviteurs  sou- 
mis et  se  conformèrent  à  ses  ordres.  Ensuite  Sàboùr  s'appliqua  à  agir 
et  à  exécuter,  à  fortifier  les  frontières,  à  diriger  le  peuple,  à  rendre  le 


'i8S  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES. 

^  ._)'^_*.  4'  Jv-â-»'  v_yu-''  W-— >'w3;  <JC^>L;-/o^  «O^LL  |?LaJ-c  o^ri?  "^-^v^ 


pays  prospère  et  à  combattre  les  ennemis.  Les  bienfaits  de  la  justice 
et  du  bon  gouvernement  dont  il  faisait  jouir  ses  sujets  implantèrent 
dans  leurs  cœurs  l'affection  pour  sa  personne  et  leur  imposèrent 
l'obéissance  et  la  fidélité  envers  lui.  Les  Arabes  l'appelaient  Sâboûr  des 
armées  à  cause  de  ses  troupes  nombreuses  et  de  sa  puissance  guerrière. 

SÂBOÛR  S'F.MPAUE   DE   MSIBE  ET  ENVAHIT  I.E  PAYS  HE  HOIJM. 

Lorsque  Sàboûr  vit  que  Constantin,  le  roi  du  pays  de  Roùm,  ces- 
sait de  le  reconnaître  comme  son  suzerain  et  refusait  de  payer  le  tribut 
auquel  il  était  obligé  envers  lui,  il  voulut  le  mettre  à  la  raison  et,  par 
le  ciiàtiment  qu'il  lui  infligerait,  intimider  les  autres  rois.  Il  se  mit 
donc  en  marche  avec  ses  troupes  et,  arrivé  devant  Nisibe  qui,  à  cette 
époque,  était  dans  les  limites  de  l'empire  grec,  il  y  établit  son  canq) 
et  assiégea  les  habitants.  Il  dressa  des  manj^onneaux  et  des  balistes 
contre  les  murs  et  les  tours  et  fit  apporter  de  Schahrzoùr  des  scor- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  'i80 

^!jJ.I  J,I  ^'^'^fiJl»  ^-^-Lft^l^  J>-«-à-'  -i-i»^  jr^  ^j^j-'^  <'L*<^  <Cw)jP^I 

'•■i)   Ms.  ;^.  —  '■''   Ms.  aJ.  —  i*l   Ms.  JlU!. 


pions  dans  des  vases  qu'il  fit  jeter  dans  la  ville.  Les  habitants  en  eurent 
beaucoup  à  souffrir,  ils  manquèrent  de  vivres  et  Sàboûr  finit  par 
s'emparer  de  la  ville  de  vive  force.  Il  y  laissa  comme  gouverneur  un 
de  ses  marzebàn;  puis,  continuant  sa  marche,  il  pril  la  ville  de  Tarse; 
de  là,  il  se  dirigea  vers  Constantinople.  Le  roi  Conslanlin  lui  dé- 
puta des  andjassadeurs,  cherclia  à.  le  bien  disposer,  lui  donna  tie 
nombreux  cadeaux,  s'engagea  à  payer  tribut  et  lui  demanda  de  quitter 
son  pays.  Sàboûr  alors  s'en  retourna  victorieux  à  Madàïii. 

HISTOIRE  DE  SÀTIHOÛN,  APPELÉ  ÇAIZAN,  SEIGXEL  lî  DE  HAHR. 

Entre  le  Tigre  et  l'Euphrate,  il  y  avait  une  ville  nommée  Hadr,  qui 
était  au  pouvoir  de  Sàliroùn,  surnommé  Daïzan.  Ce  roi  ayant  fait 
des  incursions  sur  les  frontières  de  la  Mésopotamie  et  du  Sawâd,  pro- 
voqué le  mécontentement  de  Sàboûr  et  bravé  ses  ordres,  Sàboûr 
marcha  contre  lui  et  vint  camper  aux  portes  de  Hadr.  Daizan  se  retira 


V-9wA4*^l 


490  IIISTOIUK   DES  ROIS  DES   PERSES. 

..is  Lg-v»  jti-M»  cp  A-^^  ^-6-"-^]^  Li6s_g-*«i  i^v^^ 


t>l    Ms.  *ix,i,.  —  (-)   Ms.  AXJuïo.  —  ™   Ms. 


et  s'enferma   dans  sa  ville  qu'il  défendait   énerf,nquemcnt.   Sàboùr 
fassiégea  sans  réussir  à  le  faire  sortir,  ni  à  détruire  la  ville. 

Or  il  advint  que  Nadira,  fille  de  Daïzan,  regarda  un  jour  du  haut 
d'une  tour  de  Hnclr  le  camp  de  Sâboûr  et,  pendant  qu'elle  le  contem- 
plait et  qu'elle  l'examinait  de  tous  côtés,  elle  vit  Sàboûr  qui,  revenant 
de  la  chasse,  rentrait  dans  sa  tente.  Charmée  de  sa  jeunesse,  de  sa  belle 
stature  et  de  l'élégance  de  ses  manières,  elle  s'éprit  pour  lui  d'un 
violent  amour  qui  lui  ôtait  le  sommeil,  la  mettait  dans  un  état  de 
constante  agitation  et  la  subjugait  entièrement.  Alors  elle  prit  une 
flèche  et  y  traça  ces  mots  :  «  Si  tu  me  promets  de  m'épouser  et  de  me 
bien  traiter,  je  t'indiquerai  le  point  de  la  ville  qui  n'est  pas  fermé,  de 
sorte  que  tu  pourras  t'en  emparer  très  facilement  et  avec  un  minime 
f'ffort.  Il  Et  elle  jeta  cette  flèche  vers  la  tente  de  Sàboûr.  Celui-ci  la  ra- 
massa, prit  connaissance  de  ce  qui  y  était  écril  et  y  traça  ces  mots  :  «  Je 
m'engage  à  faire  ce  que  tu  désires,  donne-moi  le  moyen  de  tenir  mon 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  491 

4!  ^z.^~L-^jj  Jr•^-^y  f*J"^^~^  "*-V?-^  yi-><-^  S-^V  vj^  <JJ:ij  <-^\  w^wOlSo 

^1    Sj_<s-^ij_jJl    ic^^Jï-JL™^   J-M.!   <J^  sia_4i  cSVÏjo   'Jli-J  <.À^    «CoJvil  4Lik.i. 
*  III 


(')    Ms 


rj^^ 


engagt'iiiciit.  "  Puis  il  lança  la  llechc  vers  l'endroit  d'où  elle  dait  venue. 
Nadîra  lui  adressa  une  lettre,  lui  indiqua  une  petite  porte  de  la  ville 
barricadée  avec  des  briques,  lui  en  marqua  exactement  l'endroit  et  lui 
j)roinil  d'enivrer  cette  même  nuit  les  hommes  cjui  la  «^^ardaient,  atten- 
dant ([u"il  s'en  rendit  maître  et  pénétrât  par  elle  dans  la  ville.  \  ers 
minuit,  Nadîra  envoya  aux  gardiens  de  cette  ])orte  barricadée  des 
mets  et  une  grande  quantité  de  vin.  Quand  ils  eurent  mangé  et  bu  et 
qu'ils  lurent  ivres,  Sàlioùr,  arrivant  avec  une  escouade  de  cavaliers,  fit 
pratiquer  avec  des  pi([ues  une  ouverture  dans  la  clôture  de  briques. 
H  entra  dans  la  ville,  alors  que  ses  habitants  ne  s'y  attendaient  nulle- 
ment, et  les  troupes  y  pénétrèrent  après  lui;  ils  s'en  emparèrent  avec 
tous  les  êtres  vivants  et  tous  les  biens  qu'elle  renfermait  et  tuèrent  Sà- 
tiroûn  sur  son  trône.  Les  gens  de  Sàtiroûn  demandèrent  quartier  et 
Sàboùr  le  leur  accorda.  H  prit  possession  de  la  ville  et  exécuta  l'enga- 
gement qu'il  avait  contracté  envers  Naclira;  il  l'épousa  et  consomma 
son  mariage  avec  elle. 

Une  nuit,  comme  Nadîra  se  trouvait  à  ses  côtés,  Sàboùr  vit  le  lit 

62. 


492  HISTOIRE   DES  ROIS  DKS   IM^USKS. 

;aJ]*  45JL  ^Jls  ^^y_>!  ,1  ^j^_)L_)  ^L^  jii  L^  Jlsj  L.g>.^L,^.ij5  U-^^-;^ 

<OOSJ>-J  .y  «"  ~>  .>-£  4JOSl^  U  vw-V  J'»-"-'  •)  0  V  ^__o!iA_*v.  ,>.g,«»J|.  ^X_>JL 
->v — 8 — «-J  >L  > — «1  2ii  ^.iLj-<s  ■J^l  i  J~-^  (.iT^r  "'  '^î  ^^^^^<S*-c  "^  "'^  j-  '•-■  r  "i  iJ^L>| 
'-^>^1  O^'  >J  '■  t.5^T^  ^-J"!/:'  ^■~*-^  P'M'  ^^VsUi  ^j-j^  ^_^Jvj  ^■fr^jj^'i 
yA.^=)\   JvJ.    L6^L_-^^l^l  c:,/UajLitsJ.    LgJL%^.|   c:,/Jtla_aJ   (^5^   ^::4Ji   l  g.»   JoLÀJ 

rempli  de  sanp^.  Regardant  de  plus  près,  il  aperçut  une  feuille  de 
myrte  qui  avait  déchiré  la  peau  de  Nadîra  et  en  avait  fait  couler  beau- 
coup de  sang;  elle  adhérait  à  l'un  des  plis  de  son  flanc.  Il  fut  fort 
étonné  de  la  complexion  délicate  de  cette  femme  et  de  sa  peau  si 
tendre  et  il  lui  dit  :  «  Avec  quoi  te  nourrissait  ton  père?  »  Elle  répon- 
dit :  «  Avec  de  la  moelle,  du  jaune  d^L'uf,  de  la  crème,  du  miel  et  du 
meilleur  vin.  —  Comme  tu  l'as  mal  récompensé,  dit  Sàboùr,  de 
t'avoir  élevée  avec  de  si  tendres  soins  et  de  tout  ce  que  tu  lui  devais! 
Je  crains  bien  qu'il  ne  m'arrive  de  toi  pareille  chose!  »  Alors,  sur  son 
ordre,  elle  fut  attachée  par  les  cheveux  à  la  queue  d'un  cheval  fou- 
gueux et  ardent  que  l'on  ht  courir  sur  un  terrain  couvert  de  ronces, 
de  sorte  que  les  articulations  de  la  femme  se  détachèrent  et  que  ses 
membres  furent  disséminés. 

Les  poètes  du  temps  du  paganisme  parlent  beaucoup  de  la  ville 
de  Hadr  et  de  son  seigneur.  Ainsi,  Aboù  Do'àd  al-lyàdî  est  l'auteur 
de  ce  vers  : 

Et  je  vois  la  mort  sus|)fii(lu('  du  iiaul  de  Iladr  .sur  le  soigneur  de  ses  habitanls. 
le  Sâtiroûn. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  493 

.y^yV^.   liLji    \»jL*«-   Ïj-vsL^  ^_c>--va_>  Ufi*  ^_^i-£jl|   JS^ 

j_^Lj.  3U-L4-J  ^1  p  o'^     r^y'  «^^^  ^r*^  ^r^  tr?' 

A'sclià,  (Ml  parlant  de  lladr  assiéf,n''  parSàbonr  pondant  deux  ans, 


N'as-tu  pas  vu  comme  les  habilants  do  Iladr  vivaient  heureux?  Mais  quiconque 
vif  heureux,  est-il  éternel P 

1,1'  Scliàhloùr  des  armées  v  demeura  deux  années  en  y  enfonçant  ses  haches. 

C'est  'Adî,  fils  de  Zaïd  ,  qui  a  fait  les  plus  beau\  vers  surl'existence 
éphémère  des  hommes  et  la  disparition  des  règnes  el  sur  renseigne- 
ment que  l'on  peut  en  tirer  : 

Ô  toi  qui  te  réjouis  de  l'infortune  des  autres  et  qui  leur  en  fais  un  reproche, 
es-tu  toi-même  sans  faute  et  à  l'abri  de  toute  atteinte? 

Ou  a.s-tu  une  garantie  certaine  du  sort?  Non,  tu  n'es  qu'un  sot  étourdi! 

As-tu  ^-u  quelqu'un  dont  la  fortune  fût  permanente  ou  qiii  fût  protégé  contre 
lout  danger? 

Où  est  Kisrâ  Anoûscharwàn,  le  Chosroès  des  rois,  ou  bien  Sâboûr,  qui  a  régné 
avant  lui? 

Et  où  est  l'homme  de  I.Iadr.  lui  qui  avait  bàli  cette  citadelle  et  qui  recevait  le 
tribut  des  contrées  arrosées  par  le  Tigre  et  le  Khàboûr  ^ 


/i94  HISTOIRE    DES  llOIS   DES   PERSES 


SiL 


•^-^ ol  ^_^j  jj^L*  <0>_>jv^  ^j»jLa_)  ,^_50j  jj_»L*v  iLi  ^Lixsç  <^5^  fl!v  ' 


(')  Ms.  »^|.    -    :-'  .Ms.j^i)!. 


11  l'avait  consti-uite  de  marbre  et  l'avait  recouverte  de  chaux,  et  les  oiseaux  avaient 
leurs  nids  sur  ses  cimes. 

Considère  aussi  le  cas  du  seigneur  du  Khawarnaq,  cfuand  un  jour,  comme  il  regar- 
dait du  haut  de  sa  terrasse,  il  méditait;  —  la  direction  divine  fait  naître  la 
réflexion;  — 

Sa  royauté  et  ses  vastes  possessions,  la  mer  qui  était  étendue  devant  lui,  et  le 
Sadîr,  tout  cela  le  rendait  heureux  ; 

Alors  son  cœur  s'efTi'aya  et  il  dit  :  Quel  peut  être  le  jilaisir  de  l'être  vivant  (jui  va 
à  la  mort? 

Après  cela,  ils  sont  devenus  comme  des  feuilles  desséchées  que  font  tourbillonner 
le  vent  de  l'Est  et  le  vent  de  l'Ouest. 

LES  Al  T ru: S  FAITS  REMARQUABLES  Dl!   RÈGNE  DE  SÂliOÛH, 
FILS  D'ARDASCHÎH. 

Après  avoir  vaincu  Daïzan  cl  avoir  assuré  la  sécurité  du  côté  fies 
gens  do  Pioûni,  Sàboûr  se  mit  à  fonder  des  villes  et  s'appliqua  à  cette 
tâche  avec  la  plus  grande  ardeur.  Il  fonda,  dans  l'Ahwàz,  Djondaï- 
Sàboûr  et  la  peupla  avec  les  prisonniers  de  Roûm;  dans  Maïsân, 
Schàdh-Saboùr  et,  dans  le  Fàrs,  la  ville  de  Sâboûr.  Il  investit  son 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  /i95 

^l— «^  J>— i>1  ^ — >"■  -fc   (,5*>-=»>  "^-5^v^l  ^'^^  ■''.Xcjil  ,5î.«-^  l  g  8-^    4wwLs**<-'' 

■''  Ms.  Ai^Lji.  aJIc  i^jU;  ms.  araljo  de  la  Bibliothèque  nationale  8087,  fol.  fii  : 


fils  Hormoz  le  Preux,  du  gouvfM'nement  du  Kiioi'à.sàn  et  l'y  envoya, 
plaçant  sous  ses  ordres  les  marzebàn  de  la  province.  Ilormoz  y  exerçait 
le  gouvernement  en  pleine  indépendance,  s'occupait  avec  tout  le  soin 
nécessaire  de  l'administration,  domptait  les  ennemis  et  protégeait  les 
sujets,  de  telle  sorte  qu'on  était  content  de  lui  et  que  sa  renommée 
s'étendait  au  loin.  Ensuite  Sàboûr  le  rappela  et,  quand  il  se  présenta 
devant  lui,  il  lui  adressa  cette  parole  :  «Mon  fils,  maintenant,  je 
viens  de  rattacher  au  faucon  son  aile.  »  L'auteur  du  présent  ouvrage 
dit  :  «  Ihn  al-Mou'tazz,  s'appuyant  sur  cette  e.vpression,  parle  ainsi  à 
Mou'tadld,  ([ui  avait  rappelé  son  fils  Mouktafi  de  Raï  : 

Il  a  ramené  à  lui  '.\ti,  comme  le  faucon  ramène  son  aile.  » 

Lorsque  Hormoz  lut  revenu  à  la  cour  de  Sàbotàr,  celui-ci  lui  donna 
une  longue  instruction ,  dont  les  sentences  suivantes  m'ont  paru  les 
plus  belles  :  Sache  que  les  contribuables,  lorsqu'on  exige  d'eux  le' 
payement  immédiat  de  l'impôt,  sont  forcés  de  vendre  leurs  produits 


liÇlG  HISTOIRK   DES   ROIS   DF.S   PKRSKS. 

^'v  Ol  \n  g!  ^v-c  ^il_*.^j_;o  iwls  ^J^l^.^-'O  jl  -'U^  V^"^  c:jw«|  ut  '^jij 
J:Xi>    ">ls    ,_iJ^p^j_>  <3>J^_>  >^--<S=»-  *t  vJ;U*Jc^  ^  <OJ|  <-3lS^  wx»jIj|  ci^uSs^o 

jya'  ,_^-^A^  'ij  <i  ^IU%  J«^  (.  u  jixSw^^t  Je  4-^  ^  Jj^ 

^    ^L-i-Lz     '  ^^-fs;  u  LgJufil  ,_5V<*J^  ^UJl  '-r->j-^l  i^^^Lli  i^s  ii  1  ^  I  L-g-^oi-M/j 

«cjlj  f*U'^'_|^  J,LU!1 5-^  >>^-g-«-'t  f>^  J^  *U-*i'^t  wLv.'  c?^"^'^  '^  Lèn-S^ 

')  Ms.  t^.  —  (2)  Ms.  u.  —  <3)  Ms.  u^^.  —  (■')  Ms.  .^^. 


à  un  moment  où  k'  débit  est  difficile,  ce  qvii  leur  porte  dommage. 
Si,  d'un  autre  côté,  on  leur  accorde  de  longs  délais,  ils  espéreront 
pouvoir  se  dispenser  de  payer.  Par  conséquent,  ordonne  à  tes  agents 
de  répartir  l'impôt  annuel  en  dix  termes,  pour  qu'il  revienne  au  trésor 
public  ce  qui  lui  est  dû  et  que  les  sujets  soient  soulagés  et  aient  la 
faculté  de  s'acquitter  par  acomptes  et  sans  être  pressés.  —  Quand 
sur  ton  ordre  il  est  accordé  à  quelqu'un  un  don  par  faveur  ou  à  la 
suite  dune  requête,  dédaigne  de  lui  donner  l'objet  de  ta  propre  main 
ou  de  le  lui  faire  remettre  dans  ta  salle  de  réunion  ou  dans  un 
endroit  où  tu  le  voies,  car  on  dirait  que  c'est  la  façon  d'agir  de  gens 
qui  attachent  de  l'importance  et  un  grand  prix  à  leurs  dons;  il  ne  sied 
pas  aux  princes  de  faire  ressortir  leurs  libéralités,  à  cause  de  leur 
grandeur  et  de  leur  puissance.  —  Sache  qu'un  bienfait  que  l'on  con- 
fère à  quelqu'un ,  et  qui  n'est  pas  complété  et  entretenu  comme  il 
faut,  se  consume  comme  un  vieil  habit  et  ceux  qui  ont  reçu  le  bien- 
fait oublient  la  reconnaissance  qu'ils  doivent.  lien  est  de  cela  comme 


dL 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  497 

^  c^^y^^t  ^1^  .A-il   Le'  <|^      :>L<ij  ^ji-ijl    &Ls~à 


*L^_iI^    «LU^I  js-joj  4]s.-v^L  ?.x.^jl;cj  ,^_5V2i.  ^y^  <î^J<s.  ;ï-Hs  "Is^  f  ^j 

^5^^    4-^LJl    J   ^"^'1  j^^^du..^^   ^'  <j\     ixl  4lji^       «UÔj   J  <-5K^j 
(J-»  Z^-^   U   ;ï_L-sJ  j[  alj>L  5j'.^_cjJt5  ^-Jw'I  J>-(tJ  iîX^Li  (.Jj-i.  ^j^v 


(le  loiilc  chose;  tout  a  une  fin,  depuis  réternité  et  la  succession  des 
temps.  Car  il  n'est  aucune  chose  (h'  ce  monde,  lorsqu'on  l'ahan- 
donne  et  que  l'on  néglig^e  de  rentrelenir,  qui  ne  soit  exposée  à  se  dété- 
riorer ou  à  périr  et  à  disparaître.  —  Sache  que,  quand  même  tu 
rétribuerais  libéralement  les  gens  de  ta  suite  et  de  ton  entourage,  les 
membres  de  ta  lamille,  les  généraux  qui  commandent  tes  armées, 
les  gouverneurs  de  tes  provinces,  les  serviteurs  attachés  à  ta  personne, 
et  que  tu  fixerais  très  largement  leurs  allocations,  cela  ne  suffirait 
pas  à  les  satisfaire  entièrement,  ni  à  te  rendre  quitte  envers  eux  de 
tout  autre  salaire.  Il  fîiut  encore  que  tu  leur  envoies  fréquemment 
des  cadeaux  et  des  gratifications  et  que,  chaque  fois  que  f  un  d'eux  se 
sera  distingué  par  une  belle  action,  tu  l'en  récompenses  à  Theure 
même.  —  Sache  que  le  peuple  ne  jouira  pas  d'une  entière  sécurité 
à  moins  que  les  gens  mal  famés  et  les  malfaiteurs  ne  se  sentent  me- 
nacés de  tous  côtés;  et  ces  gens,  tu  ne  parviendras  à  les  atteindre  et 
à  t'en  rendre  maître  que  si  leurs  parents  et  leurs  voisins  te  servent  à 
les  surveiller  et  t'aident  à  les  punir. 

G  3 


/j9S  lllSTOlllK    DKS   UOIS    DKS    l>i:USi:S. 

^   4   ^^;^-^>^->.   I^J    <_:a-UN-J    ^j^^'^Li   |?LjULt)   ^   CUiLis:]^   <jl>Xct    ^Uj^ 

sJL];  ^,x^  J>'  |^t-^^i.  Jlsj  4  \ys.^  f»'-*-'!?  ij'^  ''c)-^l  -r^^  -^i? 
'    Ms.  p?iLs^lj.  —  -  -Ms.  UL.  —  :3i  Ms.  yi!,.  —  '■')  \is.  ^. 


Quand  Saboùr  eut  régné  trente  et  un  ans,  il  reçut  la  visite  de  la 
mort,  qui  l'arracha  de  son  trône,  et  Horinoz  hérita  de  son  grand 
em])ire. 

RÈGNE  DK   HOnMOZ,   FILS  DE  SÀUOL  K. 

Ilorinoz  était  surnommé  le  Preux,  à  cause  de  son  grand  courage 
et  de  sa  grande  force,  et  parce  que,  du  sang  de  ses  ennemis,  il  tei- 
gnait les  pieds  des  chevaux  et  que,  de  leurs  crânes,  il  faisait  des  calottes 
pour  ses  lances.  Il  n'avait  ni  la  perspicacité,  ni  rhal)ilelé  de  son  père 
et  de  son  grand-père.  La  P'ortune,  d'ailleurs,  ne  le  laissa  pas  vivre  assez 
longtemps  pour  qu'il  parvint  à  la  dent  de  la  sagesse  et  qu'il  fût  dressé 
par  le  Irein  du  Temps.  Lorsqu'il  se  fut  assis  sur  le  trône  et  qu'il 
eut  ceint  la  couronne,  il  donna  audience  aux  grands  et  au  peuple. 
Ceux-ci  l'acclamèrent  de  leurs  vœux  et  leur  porte-parole  lui  parla 
ainsi  :  «  Ton  grand-père  et  ton  père  ont  laissé  parmi    nous   tant  de 


iiisroiur-:  des  rois  dks  perses.  409 

^j   4-j'  ^    ^^L{^à_Jt    -  ^L«<ai.l.    t_)lf^2lL    AjU^ls    i^JsJJ   '^-Jj    ï»_*^'     1   ^-i^î-iJ 

's._«o%j6   j^\  4,.à_»>>vxi  x'âjûjL  (^_5V>«  J>XjlJ'  ^  \>_>k_<«^  wAw«i:>\i  J«.Â_a_»»  J^x«JL 
'■'  Ms.  l^.        -'   \ls.  ^.L^ii;.        !■    Ms 


preuves  de  ce  quils  oui  hiil  ]K)iir  iiolif  l)()iili(Mir,  ]>oiir  noire  prospé- 
rité et  pour  notre  sécurité,  (pie  nous  soninies  incapables  fr('\j)riniei- 
notre  reconnaissance.  Ils  ont  retahli  I  nnilede  noire  nation  rpii  élail 
dénienibrée  et  loruié  une  seule  relif^iou  de  nos  croyances  qui  s'étaient 
Iractionnées;  ils  ont  mis  fin  aux  attaques  de  nos  ennemis  dont  ils  nous 
ont  délivrés  et  nous  ont  préparé  une  heureuse  existence.  Maintenant 
le  pouvoir  t'est  éciiu  grâce  à  la  bonté  de  Dieu  pour  toi,  La  sécurité  des 
provinces  est  assurée,  le  peuple  est  tranquille,  les  armées  sont  nom- 
breuses, les  ressources  du  Trésor  abondantes,  le  pays  est  llorissant. 
Tu  n  as  qn  à  imiter  les  deux  rois  et  (juà  suivre  la  même  voie.  »  Hor- 
moz  leur  en  donna  l'assurance  et  leur  fit  de  l)elles  promesses. 

Hormoz  lut  fidèle  à  rengagement  qu  il  avait  pris  et  gouverna  avec 
justice,  à  l'exemple  d'Ardaschir  et  de  Sàboûr.  11  fonda  la  ville  de  Ràm- 
Hormoz  dans  l'Alnvàz,  et  la  ville  de  Daskarat  al-Malik.  Il  fit  une  cam- 
pagne contre  les  Haïtalites  ou  Soglidiens,  les  vainquit,  leur  imposa 
tribut  et  érigea  à  leur  frontière  une  colonne  de  pierres  cju'ils  ne 
devaient  pas  franchir.  Il  revint  ensuite  à  Lstakhr  ou,  d'après  une  autre 
relation,  à  Madàïn,  où  il  mourut,  étant  encore  jeune,  son  règne  avant 
duré  moins  de  deux  ans. 

63. 


500  IIISTOIRK   L)1-:S  ROIS   DKS   PKRSES. 

^_i-5_J  lLjt><s  J>>oJl«  ^L«»a>N|  f«j-*Mj  --^^Ij   ^?.^'   vj-^t  >J  L»J   L^jtf'  Jsi 
^IjOufi"^].    ?rlii    *Lft;i3'ï  ^^JtJ'y}^   4)1   JL^  c?-^^    UftJva^  jjL^'l^   LûJ^^^ 


M 


^•>>- 


l'.KGNF.   DK  RAHIW.M,   FILS   1)1.   IlOUMOZ. 

Bahràni,  fils  de  Hormoz,  prit  ensuite  le  gouvernement.  Malgré  sa 
jeunesse,  il  était  renommé  pour  son  intelligence  et  son  jugement,  sa 
douceur  et  sa  modération.  Les  hommes  se  réjouissaient  de  son  a\è- 
nement,  espérant  que  son  règne  serait  heureux  et  prospère;  ils  l'accla- 
mèrent de  leurs  vœux  et  le  félicitèrent.  Bahràm  leur  répondit  digne- 
ment et  leur  dit  :  '<  Les  rois,  Jios  prédécesseurs,  ont  établi  pour  nous, 
en  tout  ce  qui  concerne  la  religion,  le  gouvernement,  les  institu- 
tions de  la  bonne  conduite  et  de  la  justice,  des  directions  auxquelles 
nous  nous  tiendrons  et  que  nous  ne  transgresserons  pas.  Mais  nous 
demandons  l'assistance  de  Dieu  pour  suivre  leurs  traces  et  pour  nous 
guider  dans  la  voie  qu'ils  nous  ont  marquée.  Nous  le  supplions  de 
nous  aider  à  vous  donner  joie  et  contentement,  à  vous  soutenir  et  à 
rendre  durable  votre  bonheur.  »  Ils  se  prosternèrent  devant  lui,  puis 
ils  s'en  allèrent  en  manifestant  leur  reconnaissance.  Bahràm  sn]>pli- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  501 

|fu.j  J^^>j_^»    <_s-<s-g— Ji    c3-^s^    '■ '^r^   ij\j-«^\  y<^j  Jw^Ji    ''-»^->-.^» 

<_jLiJi  Jf    '  3^Js_a.iI  wbij   —j.^i\  "CO^i»  ,^_5y^^|  'VjJ->  CJoL)  <<_jjLjL> 

'"    Ici  liiiil    la  lacniif  du    lUs.   \l.  \I  jjj*"^.    -     "'    M  aMI  ^JJLllJ  AxXfi.  ^w*jiXJi  j'w^. 

—  (^)  M  ^^JolM.  -  '■"   C  ^Lw.    -  ;'■"    Manque  dans  M;  C  axaX- 


f|ua  avec  zèle  à  gou\oiiier  sagement  le  royaume,  à  rérliiire  les  enne- 
mis, à  améliorer  l'adminislralion  des  provinces,  à  accroître  les 
recottes  (In  Trésor  public,  à  tenir  en  respect  les  mallaiteurs,  à  déve- 
lopper la  pros2)érité  et  à  déployer  la  bannière  de  l'autorilé. 

HISTOIUK   DE  MÀNÎ  L'ATHÉK,  LE   FAPX  PROPHETE 

(que  FM  eu  le  mvudlsse!). 

Ce  maudit  parut  du  temps  de  Sàboùr;  mais  il  ne  promulgua  sa 
doctrine  que  sous  le  règne  de  Baliràm,  croyant  que  celui-ci,  dans  son 
inexpérience,  se  laisserait  tromper  par  ses  fallacieuses  paroles  et  sa 
religion  mensongère  qui,  au  rapport  d'Al-Maqdasî,  en  son  ouvrage 
Les  Oricjines  et  l'Histoire,  fut  la  première  doctrine  athéiste  sur  terre; 
seules  ses  dénominations  ont  changé  successivement  et  on  l'appelle 
aujourd'hui  la  doctrine  des  Batèniens. 

Lorsque  Màni  présenta  son  imposture  à  Bahràm,  celui-ci  assembla 
les  Mobedhs  qui,  en  sa  présence,  devaient  discuter  avec  lui.  Le  grand 


502  IIISTOIRK   DES   ROIS   DKS    PKRSKS. 

Jw«.LiJl  JylOs.**^   ILJI   |j^j£>    J^^^^ouJ.    Jw*»^!    îîiaJLvJ    ■'Lis^l    <Jl_vi.LsX! 

jr-^-Jc-s^sJ  L^— ^— *-j  ^_^-^jjJ|  ^  <_xji.rjj  <^jLm  ^j^-gj  <^iL^  c^'-^y^j 
^1  SjLp  j_(fil  i-ilL^  ^^j_£  L^_>^Li  Jls  p^lj;'^!  "'SjLp  Jjv"^!  <^l^  Jls 

< >lj    Je   ,_^s_Lv^«    oOo    ^_<Us.^.»    i_^v.*.»_5    ,i.>J^^    T-^'î    '-^V^   -^'«j«L*-J5    ciOjs.,^ 

'■'  Mss.  SjlSj.  -    ('.  JJLùij.  M  JJuju.  -       '   M  a^l*. 


Mobedh  lui  ayant  demandt'  quelle  était  la  doctrine  qu'il  leui-  pro- 
posait, Màni  répondit  :  «  C'est  de  faire  abandon  de  ce  monde  et  de  le 
détruire  et  de  renoncer  au  commerce  des  femmes,  afin  que  la  géné- 
ration soit  supprimée  et  que  ce  monde  matériel  et  corrompu  dispa- 
raisse; car  les  âmes  pures  et  divines  se  sont  combinées  avec  les  corps 
impurs  d'Aliriman;  Dieu,  c[ui  est  offensé  par  ce  mélange,  sera  satisfait 
par  leur  séparation,  pour  produire  d'autres  créatures  et  créer  un 
nouveau  monde  comme  il  veut  qu'il  soit.»  Le  Mobedh  dit  :  «Est-ce 
la  destruction  qui  est  méritoire  ou  l'étlification?  —  La  destruction 
des  corps  est  l'édification  des  âmes,  répondit  Mànî.  —  Dis-nous  alors, 
reprit  le  Mobedh,  ce  que  tu  penses  de  ta  pro])re  mort;  sera-ce  une 
édification  ou  une  destruction  ?  —  Ce  sera  la  destruction  du  corps.  " 
Le  Mobedh  dit  :  «  Alors  il  faut  que  nous  te  fassions  mourir,  pour  ([ue 
ton  corps  soit  détruit  et  ton  àme  édifiée.  »  Le  mécréant  demeura  con- 
fondu. Bahràm  dit  :  »  Nous  allons  commencer  l'œuvre  de  destruction 
par  ton  corps,  en  te  traitant  selon  tes  théories.  »  Et  il  donna  fordre  de 
lui  arracher  la  ])eau.  Mànî  fut  écorché  et  sa  peau  empaillée  suspendue 


HISTOIRE   DKS   ROIS   DES  PERSES.  50;^ 

cT*  J"'*-^    (^^   ^r  c)    I  'i''  '-r^  •    '  '-^^  U^^j  JJ^'^-^  c^^'^^-S^  m|>^I  (J^ 

<J-^0.  ^)-6'^  ti^"^'  «CSO^  ^  Jy^\  ^j  <<sU  ]^1^  o~'^'  <J^l5 
.19    iLxJt  "O^   ^_^C..a^^j.X_*w|.  ^Lil  <J  >^ii^  S-'^'r-'l  S->>-^  ;-<SC 


à  l'une  (les  ])ortes  de  Djoiulaï-Sàlwùr  qui,  encore  aujourd'hui,  est 
appelée  la  Porte  de  Màni.  Sàboùr  lit  aussi  mettre  à  mort  douze  mille 
des  sectateurs  de  Mànî  et  sévit  contre  tous  ceux  qui  avaient  subi  l'in- 
lluence  de  son  athéisme.  Cette  action  gagna  à  Sàljoùr  l'amour  et  l'ap- 
|)robation  des  hommes.  Après  avoir  régné  trois  ans,  trois  mois  et 
trois  jours,  la  vie  lui  lit  faux  bond  et  il  mourut. 

lîÈGNE   l)K   UAIin.Ut,    III.S   DE  HAIIHÀM,   KII.S   HE   UOWMOA. 

Ce  lut  le  Bahràm  qu'on  appelait  h'  Hautain,  à  cause  de  son  or- 
gueil et  de  sa  morgue.  Il  était  brutal  et  dur,  enivré  par  la  jeunesse  et 
le  pouvoir,  plein  d'arrogance  et  de  présomption,  ne  faisant  cas  de 
personne,  traitant  avec  dédain  nobles  et  prolétaires  et  ne  connaissant 
d'autre  manière  de  punir  que  la  décapitation.  Les  grands  étaient  mé- 
contents de  lui  et  le  peuple  le  redoutait.  Ils  vinrent,  les  uns  et  les 
autres,  se  plaindre  de  lui  auprès  du  grand  Mobedh  et  lui  deman- 


50'i  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

"  M  *iy^-  —  '-'  Manque  dans  C.  —  <■'')  Manque  dans  C.  —  ''''  M  ^v^i  \j  u!J^  ^! 
^.   —  (5)  M  A.Lj^.  —  W  M  ^O.  ~  C)  Manque  dsns  C. 


(lèrent  conseil.  Le  Mobedh  dit  :  «  En  vérité,  vous  apportez  vos  plaintes 
à  quelqu'un  qui  se  plaint  et  vous  venez  vous  lamenter  auprès  de  quel- 
qu'un qui  se  lamente.  Cependant,  si  vous  voulez  écouter  mon  conseil, 
suivre  mes  recommandations  et  ne  point  vous  écai'ter  de  la  ligne  de 
conduite  que  je  vous  indiquerai,  je  vous  le  corrigerai  et  vous  le 
rendrai  tel  que  vous  désirez  qu'il  soit.  »  Us  s'engagèrent  à  se  laisser 
guider  par  lui  et  se  conformer  exactement  à  ses  ordres.  Le  grand 
Mo])cdli  dit  :  «Demain  matin,  vous  devez  rester  dans  vos  maisons  et 
vous  n'irez  pas  chez  lui;  qu'aucun  de  vous  ne  l'approche  !  Vous  tous, 
ses  vézirs,  ses  chambellans,  ses  marzebân,  ses  pages  et  gens  de  sa  suite, 
d'un  commun  accord,  lenez-vous  éloignés  de  sa  cour,  abstenez-vous 
de  paraître  devant  hii,  ne  vous  rendez  pas  à  son  appel  et  laissez  sa 
salle  d'audience  et  sa  salle  de  réception  vides.  Et  gardez-vous  bien  de 
vous  trouver  chez  lui  avant  que  je  vous  donne  avis  d'y  retourner  !  » 
Ils  s'engagèrent  à  suivre  religieusement  ses  recommandations  sans 
s'en  écarter,  et,  se  donnant  des  assurances  réciproques,  ils  convinrent 
d'exécuter  ce  plan. 


HISTOIRE    DKS    1U)IS   DKS    l'RRSES.  505 

•^ — iwlx   J^-ssU    TT^  -^T^  ^-6^   /'^-^   -^i   5^-8^'  i-_>L.*-^  4_5«JC-«-I  wXj.  Oj-ol 


Le  lendemain  matin,  quand  Bahràm  se  fut  assis  sur  son  trône  et 
qu'il  ne  vit  dans  la  salle  aucun  de  ses  pages,  ni  aucune  personne 
de  sa  suite,  qu'il  n'aperçut  aucun  de  ses  serviteurs,  ni  aucun  mar- 
zebàn,  et  ([ue,  regardant  les  places  des  dignitaires,  il  les  trouva  plus 
vides  c|ue  la  paume  de  sa  main;  lorsqu'à  ses  a|)pels  aucun  page  ne 
répondit  et  aucun  cluunl)ellan  ne  se  présenta,  il  lut  incpiiel,  elïravé, 
aluni,  et  se  laissa  aller  à  toutes  sortes  de  suppositions.  Pendant  (pi'il 
réilccliissait  et  cpi'il  considérait  avec  étonnement  sa  situation  et  alors 
cpie  le  jour  fut  déjà  très  avancé,  d  vit  arriver  à  sa  grande  joie  le 
Mobedh.  H  lui  fit  un  gracieux  accueil  et  lui  demanda  des  explications. 
Le  Mobedh  dit  :  «Ne  sais-tu  pas,  ô  roi,  que  tu  dépends  d'abord  de 
Dieu,  puis  des  hommes  et  cpie  tu  es  roi  seulement  tant  que  ceux-ci 
("obéissent  et  te  servent?  Mais  si  tu  les  rebutes  par  tes  mauvais  trai- 
tements, que  tu  les  effrayes  par  ta  rudesse  et  que  tu  les  terrorises  par 
ta  violence,  attends-toi  à  être  abandonné  et  délaissé  et  représente-toi 
l'état  de  l'homme  réduit  à  l'inaction  !  »  Bahràm  comprit  alors  ce  qui 

6/, 


:>0()  iiisToiRK  ni:s  kois  dks  pkksks. 

jjs â 5  ^ ï.X_jU   ^_^  L^V^  ^^  ^^'  «^j-^S*-^  iSiT^-i   -i^y^l  ij^  ^;>-***-^>-*^ 

f'i   (".  iJolktJi.  -      -    il  in;iii(|iir  dans  M,  nJ!  ,Jwij  i)  dans  C.  —  W   Manque  dans  C. 


s'était  passé  et  promit  de  se  départir  de  ses  défauts.  Le  Mobedh  se 
retira  et  fit  retourner  à  la  cour  tous  les  serviteurs.  Ceux-ci  se  proster- 
nèrent devant  Bahrâm,  qui  fut  gracieux  envers  eux  et  les  traita  avec 
bienveillance.  Dès  lors,  ayant  définitivement  abandonné  ses  manières 
rudes  et  étant  devenu  doux  et  affable,  il  se  trouvait  content  lui-même 
et  les  autres  fêtaient  également.  Il  remercia  le  Mobedb  de  favoir  mis 
dans  la  bonne  voie  et  de  lui  avoir  donné  un  salutaire  avertissement; 
il  n'agissait  désormais  que  d'après  ses  conseils  et  ne  prenait  aucune 
mesure  sans  le  consulter.  Un  jour,  éprouvant  un  grand  ressentiment 
contre  la  première  de  ses  femmes,  à  laquelle  il  reprochait  d'avoir 
transgressé  ses  ordres,  il  voulut  la  laire  mourir;  puis  il  hésita.  x\vant 
fait  appeler  le  Mobedh,  il  lui  dit  :  «Quel  châtiment  mérite  la  per- 
sonne qui  désobéit  au  roi  ?  —  La  mort,  répondit  le  .Mobedh,  à  moins 
que  ce  ne  soit  une  femme,  un  enfant,  un  homme  ivre  ou  un  fou.  » 
Bahrâm  renonça  à  mettre  à  mort  la  femme. 

Un  des  beaux  traits  qu'on  rapporte  de  lui  (certains  l'attribuent  à 
un  autre  prince)  est  le  suivant  :  Un  jour,  comme  il  se  trouvait  à 
table  et  c|ue  le  chef  de  cuisine  lui  présenta  un  plat  (ïas/'idlicbàdj,  une 


HISTOIRK   DKS   1\()IS   DKS   PKKSKS.  507 

y^    vjJ^_<S-C    *^ J  ià-X-iAj   ^^-^U  jyJjOJ    jLg.)   jLii  ïLJ>'Ov.-%aJ>    I  ^^i  v<SJO 

|j._d)*  >^.L*-a-^    L^ib   JjOJ  vJwi^     •;  ^Jf-^^  ^1  s::.-i6^3  ^iU-l!  Lgj|   Jlij    Àj-^ 

*l  »Ur    <<-aJlc   j?-<^!  <-*vK  Jlc  —bJ!  vXJU  L_Lj  j>_:;xX(fiLi  4.'  JUL»  ^'ji 
C'   C  4^^-  —    ''   M  (tiy-j-  —   ■''   ^"'''  n\n[s  inanqiu-nl  clans  M. 


goutte  en  tomba  sur  le  hras  deBahràm,  (|ui  donna  Tordre  de  mettre 
à  mort  le  cuisinier.  Celui-ci  dit  :  «  Que  Dieu  garde  le  roi  de  me  laire 
mourir  injustement,  car  je  ne  suis  coupable  d'aucune  faute  commise 
intentionnellement.  —  Il  faut  que  tu  meures,  répliqua  Baliràm,  pour 
que  d'autres,  instruits  par  cet  exemple,  ne  soient  pas  négligents  dans 
le  service  de  leur  souverain.  »  Alors  cet  homme  prit  le  plat  et  le  versa 
tout  entier  sur  Bahràm,  en  disant  :  «Je  ne  veux  pas,  ô  roi,  qu'on 
dise  de  toi  que  tu  m'as  fait  mourir  injustement;  ce  qne  je  \iens  de 
faire  je  l'ai  fait  pour  mériter  la  mort,  afin  que  tu  ne  sois  pas  accusé 
ensuite  d'être  un  tyran  joour  tes  serviteurs.  Maintenant  fais  ce  que  tu 
voudras  !  »  Bahràm  se  mit  à  rire  et  dit  :  «  Comme  la  vie  se  délend 
bien  !  Je  te  pardonne  !  » 

RÈGNE  DE  BAHRÀM,    FILS  DE   BAHP.ÂM,    FILS   DE   BAHIÙM. 

Ce  roi  était  appelé  Schâltanschâli.  Lorsqu'il  fut  couronné,  les  grands 
de  son  royaume  sassemblèrent  auprès  de  lui  et  invoquèrent  Dieu 

64. 


508  IIISTOIUK   DKS   UOIS   DES   l'KKSKS. 


pour  qu'il  fit  prospérer  son  rèf^ne,  l'aidât  contre  ses  ennemis  et  lui 
accordât  une  longue  vie  exempte  d'adversités  et  heureuse.  H  dit  : 
"  Si  je  aIs,  vous  aurez  lieu  d'être  satisfait  de  la  manière  dont  je  vous 
traiterai  et  de  tout  le  bien  que  je  vous  ferai;  et  si  Dieu  me  reçoit  en 
sa  miséricorde,  j'espère  qu'il  ne  vous  laissera  pas  abandonnés  et 
qu'il  ne  vous  privera  pas  de  l'insigne  protection  dont  il  vous  a  toujours 
favorisés.  Nous  demandons  à  Dieu  de  nous  accorder  sa  grâce,  à  nous 
ainsi  qu'à  vous!  »  Alors  il  se  mit  à  pratiquer  la  vérité  dans  la  parole, 
la  probité  dans  l'action ,  à  mettre  bon  ordre  dans  le  gouvernement  de 
l'Etat  et  à  empêcher  l'injustice.  Mais  à  peine  son  règne  avait-il  duré 
quatre  mois,  que  sa  jeunesse  fut  fauchée  et  que  les  attaches  de  sa  vie 
furent  coupées.  La  satisfaction  qu'il  donnait  à  tout  le  monde  et  l'admi- 
ration que  l'on  avait  pour  lui  ne  lui  furent  d'aucun  secours. 

HÈGNE   DE   NARSi,   Fil. S  DK   BAIIRÂM,    FII.S  DE   BAHRÂM. 

Narsî  était  fils  du  second  Bahràm  et  frère  de  Bahràm,  troisième  du 
nom.  Lorsqu'il  eut  pris  le  pouvoir,  les  gens  notables,  les  chefs  et 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  509 

^^-i_Lji  J^  f^l  j^l^j  ,?lJUp'  ^y^^  J^  fjUl  4^'  ^"'  ^^' 
«<_J|  :;(  «<_;ci.^_;i^.  4!!  ^^iL  |?l^^  c)j-^  c;'-^^  -''isr^j  pj^jL^)i\ 

vjJjJlLi  I_»i  Jj-*^  sj)    }  ^-î>c>_l  v-ii/JU  Sw>s^l    .\l *t«~> L  <_JsJoo  \*-^!  J^^l 
.\L_j»  <_-s_oL  *L*v.  .j^LLi  -  c_w  ^_J^  <<wi^  i^n  =yoij  .^3.  4}Js  .>_♦>.-•>  ,^-0 

L>^        yw-vJo    3»  rUfcjl    CJo»    1<**T?  S-*)-**^  î    i.y!^^'   ^-^^-*^<   v-a&-/N£>|   .3  ^__o.^yNi2_> 
^j«L.«JU|  i^jMjSLàJj  (_jLyJ|  ^-oIn^  jJ-o     '  ^  JXj  ^I   Ji|   .j^Xj^L   S1>o  <_*4wO  jJJ 

iLjLJi  ^i";^!  p^_  \'|  |îuJ_c  sJ^  "li^  L^  f^j^.  J^\y->  <~>yi% 

''   .Manqui'  dans  M.  —     -    M  si»»-  '    M  ouaj.  ''   C  ijS^- 


les  grands  s'assemblèrent  auprès  fie  lui  ef  invoquèrent  Dieu  ])oui- 
qu'il  lui  accordât  une  longue  vie  et  un  règne  glorieux.  Il  leur  té- 
moigna de  la  bienveillance  et  leur  dit  :  «  Les  rois  ont  une  longue  vie 
seulement  s'ils  font  le  bien,  une  mémoire  durable  s'ils  ont  une  bonne 
renommée.  Nous  espérons  être  de  ceux-là,  si  Dieu  le  permet  et  le 
veut.  »  Puis  il  inaugura  son  gouvernement  en  ])rati(juant  le  bien  et 
veillant  aux  intérêts  de  ses  sujets.  H  avait  coutume  de  dire  :  Le  plus 
mauvais  roi  est  celui  qui  tient  un  beau  langage  et  agit  mal,  et  plus 
mauvais  encore  celui  cjui  cbarmc  par  son  extérieur  et  qui  a  de  mauvais 
sentiments. 

Narsî  résidait  en  été  à  Istakbr  et  en  hiver  à  Madàïn.  11  ne  buvait 
du  vin  qu'un  jour  sur  deux,  il  ne  se  servait  plus  d'un  habit  qu'il 
avait  porté  une  seule  fois,  à  moins  que  ce  ne  fût  un  vêtement  de 
grande  magnificence  et  un  costume  très  précieux.  Il  honorait  ses 
familiers;  il  ne  se  faisait  servir  aucun  mets,  ni  aucune  boisson  en 
particulier,  mais  mangeait  les  mêmes  plats  que  ses  convives;  il  ne  se 
prévalait  de  sa  supériorité  sur  eux  que  le  jour  de  l'audience  publique. 


IIISTOIRK    Di;S   ROIS   DKS    PERSES. 

<lj^\  J,I  j--g--£  ^v-6-^w-.  |j-**o  ji^s^J!  jLc  (,5^1  -^Ul  ,^j  J  ^j  Lilj 

ii>4_E««    "^ — U>  ri  9  .|   ^    ^'UJl    ja|w^a_)   «CL^io  ^Lj)   v_5*--vJ   rj*.  V*r^  -^IL«    ^ 
')  Mss.  ^Ui.  M  ^.v^U^j     —  3)   Maïuin.-  dans  G.  —  M  M  ^^Juiii. 


Il  ne  prenait  pas  un  grand  nombre  de  femmes,  se  bornant  à  deux 
lemmos  de  naissance  royale  et  à  deux  concubines  d'une  extrême 
beauté.  Il  ne  visitait  pas  les  temples  du  Feu,  et,  quand  on  lui  faisait 
des  représentations  à  ce  sujet,  il  répondait  :  «  Je  suis  trop  absorbé  par 
le  culte  que  je  rends  à  Dieu  pour  rendre  un  culte  au  Feu.  » 

Après  avoir,  pendant  neuf  ans,  savouré,  dans  le  jardin  de  plaisance 
du  pouNoir,  toutes  les  jouissances  et  avoir  cueilli  les  Iruits  de  la  vie, 
\arsi  désigna  son  fils  Honnoz  comme  son  successeur  et  lui  donna  ses 
dernières  instructions;  ])uis  il  quitta  la  vie  somptueuse  de  ce  monde 
|)our  aller  vers  l'éternité  de  lautre. 

RÈG.XE  DE  HORMOZ,  1  ILS  DE  NARSÎ. 

Ensuite  régna  Ilormoz,  fils  de  Narsî.  Comme  il  ressemblait  par  sa 
rudesse  et  sa  rigueur  au  second  Bahràm,  les  gens  appréhendaient  sa 
dureté  et  sa  sévérité;  ils  redoutaient  beaucoup  son  règne  et  s'atten- 


IHSTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES.  511 

^UL^'^L^bt  ...-^^^_^,  j,U[^  ^LJt  o^^î;^  ^Ut  <^ls  i'osx  ^Ji\ 

.y—LJ    ,^5^::^    J*^-^    J^  ei^'    iis-^C    <jd-C   >XJ.    jLO'    ,^3-**^   ^^^)    c)    *-^^=^^^^ 
.>_*40    ^J    4.1    ^j^-aJ}    *^_30oo   ^^  o---và.^     .^Lc■    »l    7f.y<-^   .Xjt_)   <OJ   ^U    '^-và_5 


daicnl  a\L'c  leiieur  a  sus  inau\ais  traitemenls.  Mais,  à  peine  lut-il 
établi  sur  le  Irùiie  et  eut-il  pris  en  mains  les  afi'aires,  que  son  tempé- 
rament se  modéra,  que  sa  violence  s'adoucit  et  que  ses  mauvaises  dis- 
positions se  changèrent  en  excellentes  qualités,  et  il  remplit  la  terre 
de  justice.  Aussi  était-il  aimé  des  gens  et  les  grands  et  le  peuple  lui 
étaient  dévoués;  les  jours  de  son  règne  passaient  heureux  comme  les 
jours  de  la  jeunesse  et  aussi  gais  que  les  jours  des  festins.  Mais  un 
jour,  il  partit  pour  la  chasse,  joveusement  et  plein  d'entrain,  et  ne 
tarda  pas  à  en  revenir  dans  un  clat  lort  grave,  car  le  nuage  opaque  de 
la  mort  venait  de  s'abattre  sur  lui,  et  avant  le  soir  du  même  jour  il 
mourut,  atteint  par  le  décret  de  Dieu,  après  qu'il  eut  régné  sept  ou 
huit  ans. 

Hormoz  n'avait  pas  de  fils  pour  le  remplacer,  au  grand  chagrin  de 
ses  vizirs,  de  ses  marzebàn  et  de  tous  ses  sujets,  qui  craignaient  des 
discordes  civiles  après  sa  mort.  Les  serviteurs  de  confiance  les  infor- 
mèrent alors  que  l'une  de  ses  femmes,  la  plus  illustre  par  sa  noblesse 
et  celle  qui  avait  le  rang  le  plus  élevé,  était  enceinte  des  œuvres  de 
Hormoz  et  que  celui-ci  avait  recommandé  de  proclamer  roi  l'enfant 


ril2  IIISTOIRI':   DES   UOIS    IM'.S   IMUISKS. 

S- 

^.>_)lJ,'   vl6^    >^L«*  ^jj<u^   ^'Lo^l  41  t,::^.,.Sfc.b'\L  ^L^>Jl   <j  eJ\Lloj  ^j-ÀJàJl 
'■   M  *jU..j  J^ -«-ji)l  ^.  —  '-'  Manque  dans  C. 


qu'elle  portait  dans  son  sein.  On  lit  demander  à  la  femme  comment 
elle  se  comjiortait  dans  sa  «^'•rossesse  et  elle  donna  cette  ré])onse  : 
"  D'après  l'éclat  de  mon  teint  et  les  mouvements  de  l'embryon  dans 
mon  liane  droit,  ainsi  que  d  après  la  facilité  de  la  grossesse  et  la 
légèreté  du  fruit,  je  crois  lermement  que  ce  sera  un  enfant  mâle.  " 
Les  gens  furent  heureux  de  cette  réponse  et  ils  espéraient  que  l'enianl 
ne  démentirait  pas  le  jugement  qu'avaient  porté  sur  lui  les  astrologues, 
à  savoir  qu'il  serait  heureux  en  ses  entreprises,  tjuil  vivrait  long- 
temps, que  son  règne  serait  glorieux  et  qu'il  aurait  un  vaste  empire. 
Ils  placèrent  la  couronne  sur  le  ventre  de  cette  femme,  se  proster- 
nèrent devant  elle,  lui  rendirent  des  honneurs  et  l'entourèrent  de 
respect.  Ils  avaient  constamment  l'attention  tournée  vers  sa  déli- 
vrance, juscju'à  ce  qu'elle  mît  au  monde  un  cnlaiil  paieil  à  une 
nouvelle  lune  naissante  qui  fnt  une  joie  pour  tout  le  monde  et  réalisa 
toutes  les  espérances.  L'Iienreuse  nouvelle  lut  rapidement  portée  de 
tous  côtés  et  les  provinces  lurent  dans  la  joie.  On  le  nomma  Sàl)oùr; 
il  fut  célèbre,  de  près  et  de  loin,  sous  le  surnom  de  Dhoû'l-AhlàJ 
I  Homme  aux  Epaules). 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  513 

^  > — ?— Ji  ^  JhLL!  -Jj— ta  ^i-*-*-**]^  ^-«'  ,.:>-^  ^  ^-^iLo  JmLo  vi^l^  J^l  j-'H 

<_<J-£  p-jJ-J'  jy«J'  c:^^-«  jJ^  dj-^  ^^  ^  *^:5;r^  <!'  <x^  ^r^ 


5    -i^^^^-i-    "^ — t  >•!    M    ,.  rV<S^   •r<Sr'>-^î    Jw'-'' 


C   ^\,y   —  *^'    M   pl;;^    6pl;;5   >î>.j  .    ^  '"     M   V^M^i" 


REGNE    DE  SABOUR  DHOl    L-AKTAK,    IILS   DR   lIOn.MOZ. 

Ce  lui  le  proniicr  souverain  et  le  dernier  qui  était  roi  dans  le  sein 
(le  sa  mère  e(  dont  le  règne  embrassait  toute  la  vie,  depuis  son  aurore 
jusqu'à  son  déclin.  Lorsqu'il  vint  au  monde,  parlaitement  constitué, 
de  noble  race,  avec  la  marque  de  la  majesté  qui  brillait  sur  lui  et 
tous  les  signes  caractéristiques  de  la  royauté  qui  se  le  disputaient,  on 
lui  choisit  la  nourrice  la  plus  dévouée,  la  demeure  la  plus  convenable 
et  la  nourriture  la  plus  appropriée.  Et  sa  jeune  splendeur  commençait 
à  s'étendre  et  sa  beauté  à  s'accroître.  Les  vizirs,  les  chefs  d'armée,  les 
marzebàn  et  les  gens  de  l'entourage  de  son  père  venaient  à  sa  cour  et 
étaient  assidus  dans  son  palais;  ils  continuaient  à  remplir  leurs 
fonctions,  mettant  en  état  de  défense  les  frontières,  assurant  la  bonne 
marche  des  affaires  de  l'Etat,  faisant  rentrer  les  impôts,  nommant 
des  agents,  dirigeant  les  troupes,  envoyant  des  armées  aux  frontières 
et  conduisant  les  allaires  comme  du  vivant  de  Hormoz. 


5l'l  IIISTOn\K   DKS   KO  [S    DKS    PKRSKS. 

jlki"^!  ^   vUà^"^'    uuyi::Jo'  L^  -yO^Jb    sUja.   ^    <-6i-£    ^r^   c:^b>     U    ^ 
Ç-L^Jd"^!   ti;  v;i>_3l_?^    LgJKi_-«     I    i^X^j   Lt^I    ^yvJ    i-^   ^    J-ftJo     Ç.J-L' 

,:^/-jL^  L^I^I  ^^^^.ajO  J.1  '-i[;p^]^  fUjrlj  'rr;;r«-"  iS-^}  ^^^yx^\j  L^ 

ujU  4)^_a_'    p-t«;r-^l  cj|;r^|;  (^j^^S^I  (J^  «.^/-^I-jScJ]^  i-^^jlJ!  J,|  ^^1| 
'»_/;_*^    .al  ....-à.)!   Lg^  Lyi'^^is   A.<s^L-o.  A-A-NijI  ^  LgJoftl  tfc-JuLJ  ^_r'jl9 


Or,  lorsque  la  nouvelle  se  répandit  dans  les  dillérentes  contrées 
que  rîrànschahr  n'avait  pas  de  roi,  que  les  fonctionnaires  de  Hormoz 
administraient  les  provinces  en  attendant  qu'un  enfant  qui  était  entre 
leurs  mains  eût  atteint  fàge  d'homme  pour  prendre  le  gouvernement 
du  pavs  et  restaurer  le  pouvoir  roval,  le  rovaume  devint  l'objet  des 
convoitises  des  ennemis,  et  les  Arabes,  les  Grecs  et  les  Jures  enva- 
hirent un  grand  nond)re  de  provinces  frontières.  Les  Arabes,  dont 
le  pays  était  le  plus  voisin  de  l'Iraq  et  du  Fàrs,  se  trouvaient  à  cette 
époque,  plus  que  toute  autre  nation,  dans  la  nécessité  d'émigrer  et  de 
chercher  du  butin  au  tranchant  du  sabre  et  à  la  pointe  de  la  lance, 
à  cause  de  leur  misère  et  parce  qu'ils  manquaient  de  vivres.  Une 
grande  multitude  de  gens  partis  du  pays  des  lyàd,  de  la  contrée  des 
'Abd  al-Qaïs,  du  Bahraïn,  de  Hadjar,  de  Kâzima  et  d'autres  régions 
s'étant  portés  sur  les  frontières  de  f'iràq  et  les  côtes  du  Fàrs,  en- 
levèrent aux  habitants  leurs  terres  et  leurs  troupeaux;  ils  y  commirent 
beaucoup  de  ravages  et  firent  des  incursions  de  tous  côtés.  Des  déta- 
chements de  troupes  grecques  envahissaient  le  territoire  do  l'Iraq 


IIISTOIRK   DKS   ROIS   DES   PKUSKS.  515 

tjljj  ^jwcLj  ^  Ij_wj1  U  J3I  ^LSo  j_^Lv  p^>^y  J  j,|  f>jj5  cjL^I 


e[  le  rlévastaienl;  ils  emmenaient  des  captifs  et  enlevaient  certains 
districts.  Les  Turcs  s'emparèrent  de  la  plus  grande  partie  du  Kho- 
ràsàn  et  de  ses  dépendances.  Les  Perses  s'elïorcèrent  de  garder 
l'onihilic  du  royaume  et  le  joyau  du  collier;  ils  s'a])plicjuaient  sans 
cesse  ni  repos  à  défendre  leurs  frontières,  à  bien  garder  leurs  pro- 
vinces et  à  conserver  ce  qu'ils  possédaient.  Ils  dévoraient  les  ennuis 
que  leur  causaient  les  ennemis  qui  les  entouraient,  se  félicitant  de 
les  voir  borner  leurs  agressions  aux  provinces  de  l'exlrème  frontière 
et  aux  dépendances  de  leur  pays  et  de  ne  pas  s'attaquer  aux  territoires 
qui  en  formaient  le  noyau.  Ils  supportaient  tout  cela  en  attendant 
que  Sâboûr  eût  grandi. 

Voici  en  ([uelle  circonstance  les  gens  eurent  la  première  preuve 
de  l'excellent  jugement  de  Sàboùr  et  observèrent  les  premiers  signes 
de  sa  haute  intelligence.  Comme  il  avait  été  réveillé  un  matin  par  le 
bruit  d'une  foule,  vociférant,  criant  et  s'interpellant,  il  demanda  à  ses 
serviteurs  et  aux  irens  de  son  entourasse  la  cause  de  ce  vacarme.  Ou  lui 


65. 


v_r 


51(î  IIISTOIRK    DKS   ROIS   DKS   PKllSKS. 

i-i' A_^_i_>_ft_^  ^  jiLi.:>j\î    l'^i  *^_^  ol?^    -  l^lî  '=^)^^ ■^  r-^'^r»'  J^  ^«^Ul 

<^'— J  «— 5*    «L^i^-**.   w_)L-v3*    ^L^s-v^   o!^   <_A^J    ^Jàj      y.  4»  <    L-s^Ij   "^N-^^J 

.g — ii:< — >  vss*^^  ^  «^l-u'    k-jLi^  ^ '    *?^  n  <0.>,..«M_)  kX_jO^_42  ,^4^a  j-  ■■•"^  'j 


ap])ril  qiiecétalcnl  les  cris  de  ceux  qui  passaient  sur  le  pont  du  Tigre; 
de  crainte  d'être  liousculés  dans  la  cohue  de  gens  suivant  la  même 
direction  et  de  ceux  qui  venaient  du  côté  opposé  et  pour  n'être  pas 
précipités  dans  l'eau,  ils  s'avertissaient  par  des  cris,  afin  de  se  livrer 
passage  les  uns  aux  autres.  —  «Par  ma  vie,  dit  Sàboûr,  une  cohue 
dans  un  tel  endroit  est  un  grand  dangei- !  H  laiidrait  établir  un  autre 
pont,  à  côté,  pour  que  l'un  puisse  servir  aux  allants,  l'autre  aux 
venants,  et  que  l'on  n'ait  pas  à  craindre  des  collisions  de  ioules  cjui 
se  pressent.  »  Les  gens  lurent  étonnés  de  sa  vive  intelligence  et  de  son 
ingéniosité,  admirèrent  la  sollicitude  qu'il  témoignait  pour  ses  sujets, 
bien  qu'il  ne  fût  encore  qu'un  tout  jeune  enfant,  et  se  conlirmèrent 
dans  leur  espoir  de  le  voir  parfaitement  diriger  les  affaires  de  son  em- 
pire. Et  ce  même  jour,  avant  que  le  soleil  fût  couché,  ils  avaient  établi 
un  second  pont,  qui  fut  fort  utile  et  dont  on  se  servait  avec  grand 
avantage,  et  les  hommes  cessèrent  d'être  exposés  à  un  gros  danger  et 
à  la  panique. 

Les  traits  (jui  manpiaient  le  caractère  de  Sàhoûr  dans  son  enfance 


HISTOIRE   OES  ROIS  DES   PERSES.  517 

^y^\j\j  -UU  L5J^  ^yS^_  J  U:iU  4-sUj  Uu  IjLs;^  Jy^  J. 


«OJ 


J^t  ?*L5ij  ?^}->j  ^^U^'   ïjLiJ  ;5t_?^  JU^'  ;5LLs>9  j^Lv  ;LL.  L1 

fLJ   <^^^i^j    ^}^_^^.  (?«-^  <JLs^  ^n'-^j  s->*-"  fj  t'^^<-^^^Sa^  j-y 
il)  M  l^.  _  :^)  C  A^Lc. 


(loiinaicMil  la  {Orliludo  {[u'il  allciiulrail  iiu  liaiil  mérite,  et  ses  qua- 
lités, quand  il  l'ut  adolescent,  montraient  de  même  qu'il  serait  un 
très  grand  roi.  Les  ordres  qu'il  donnait,  soit  prescriptions,  soit  dé- 
fenses, ses  premiers  actes  et  ses  premiers  exploits,  tout  indiquait 
qu'il  saurai!  obtenir  l'accomplissement  des  promesses  que  la  Fortune 
avait  données  à  son  sujet. 

SÀBOÙR   SE  MET   KN    CAMPAGNE   POUR   CHÂTIER   LES  ARARES. 

Quand  Sàboûr  lut  parvenu  à  la  pleine  virilité,  réunissant  l'éclat, 
la  force  et  la  vivacité  du  jeune  homme  à  la  gravité,  à  la  prudence  et 
au  jugement  du  \  ieillard  et  qu'il  excellait  dans  les  exercices  du  cheval 
et  dans  le  maniement  des  armes,  il  n'eut  d'autre  pensée  que  de  châtier 
les  plus  rapprochés  de  ses  ennemis  qui  avaient  envahi  des  provinces 
frontières  de  son  empire ,  c'est-à-dire  les  Arabes.  Son  courroux  contre 
eux  grandissait  à  mesure  qu'il  grandissait  lui-même  et  la  haine  qu'il 
leur  portait  était  en  lui  comme  son  sang.  H  résolut  donc  de  marcher 


518  IIISTOIUK   DES   UOIS   DES   PERSES. 

f; — ?'-^  ^  ^  j}  ^  ^'-À-Jj|^  |?LiJl  >-A^t  ,?t-?-lj  <-«.>  ^ys^  «<-Oo  ,1  ^^ 
^Jlc    ^_o — 1 — ii^ — M-U    ;-  c.::jLk_JLJ'    .il «.I»  ti>LLiJ|    'U^l   "OIX-a.^  ^^  ^^-J^JU 

^<^-ioo  ^_<k   -"'  <X£  4lM  ^5V3j  («^JLb  ^1  ^.  Jsic  <_)  J>-^  L^  jLJI  (J  "^iXxt 

'"  M  ^ys:.  —  '-)  Mss.  c:,L,ljiJ!.  —  M  M  *^^^  ^i  ^J^.  —  ''■'  M  ^uLs  aMI  ^^  aj^L** 
lOjjjdl  ^  |<\jC  ^^  Civile.  —  ^   ^F  A^U^l.  —  ■'''  Mss.  ^j)  dans  les  deux  hémistiches. 

contre  eux,  fie  l«>s  c()ni])atlre  a^ec  une  extrême  vigueur  et  de  les  exter- 
miner jusqu'au  dernier,  il  choisit  dans  son  armée  des  soldats  de  la 
plus  liaute  vaillance  et  des  guerriers  intrépides  comme  des  lions  ha- 
bitant les  fourrés,  confia  le  gouvernement  pendant  son  absence  à  un 
lieutenant  et  se  mit  en  marche  avec  sa  troupe,  se  dirigeant  vers  l'en- 
nemi qu'il  se  proposait  d'attaquer. 

Sàboùr  se  jeta  d'abord  sur  les  lyàdites  qui  occupaient  les  Ironlières 
du  Sawàd  et  en  fit  un  tel  carnage  qu'il  les  laissa  à  l'état  d'os  pourris; 
il  n'en  échappa  que  ceux  cjui  réussirent  à  gagner  le  territoire 
grec.  Leur  sort  est  devenu  fexemple  cfune  entière  destruction.  C  est 
ainsi  cju  il  a  été  cité  par  'Ali,  fils  d'Aboii  Tàlib  (que  Dieu  soit  satisfait 
de  lui  !j  dans  la  chaire  de  Koûfa,  lorsqu'il  apprit  que  Mo'âwiya  avait 
écrit  aux  Tamîm  pour  les  engager  à  se  révolter  contre  lui  et  qu'une 
partie  d'entre  eux  v  avaient  consenti  : 

Quiconcjue  prend  le  bien  pour  le  ni.il  ou  cpii  considère  l'eireur  (|iii  mène  à  1  in- 
fortune comme  la  bonne  direction 

Sera  bientôt  anéanti,  comme  ont  été  anéantis  par  -Sàboùr,  dans  h'  Sawàd.  les 
lyàdites. 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  519 

"J  ^Ll-^^!  /^'^-^  s->|.>-£  L^_*-  j?tJkc  J;,w^^  ^__f»^iJi-!!  ->^-sc  ii^Ç  J,! 


Ensuite,  avant  traverse  la  mer,  il  vint  dans  le  Khatt  et  passa  au  fil 
(le  l'épée  les  habitants  du  Bahraïn;  il  les  extermina  entièrement,  sans 
se  soucier  de  rançon,  ni  s'arrêter  à  faire  du  butin;  ce  lut  comme  s'il 
agissait  d'après  cette  parole  de  l'Imàm  Aboû  Tammàm  : 

Ces  Ik'tos  soiil  pareils  aux  lions  hiil)itant  k's  fourrés  ([iii,  lorsqu'ils  se  livrent  k 
leur  saiij,'lantc  besogne,  songent  à  la  proie,  non  au  Initin. 

Puis,  con  lin  liant  sa  roule,  il  arriva  à  Hadjar  où  se  trouvaient  de 
nondîreux.  {Bédouins  des  Tamim,  des  Bekr  ibn  VVaïl  et  des 'Abd  al- 
Qaïs.  Il  en  fit  un  tel  massacre  que  le  sang  coulait  comme  un  torrent 
produit  par  la  pluie.  Il  se  tourna  ensuite  vers  le  pays  des  'Abd  al-Qaïs, 
auxquels  il  inlligea  un  châtiment  consistant  à  leur  arracher  les 
épaules.  Puis  il  \int  dans  le  Yamàma  où  il  sévit  d'une  façon  épou- 
vantable. Il  ne  laissa  sur  son  passage  aucune  source  des  Arabes  sans 
la  boucher,  ni  aucun  puits  sans  le  combler.  Attaquant  ensuite  le  pays 
des  Bekr  et  des  Tay-hlib  situé  entre  son  rovaume  d'irànschahr  et  les 


5-20  HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES. 

jj^_fiJ]^  *L>iï_sJi  <j^5\j  L^ljfc!  j  ^A^  ^uJ!  ^_^|j  |j»J|  JiLooj  w^ 

r-!  Siljj-l  ,^;j— ç-i'  ^_y=CjtÂ_>  ij  ^U^^^Il  ^vXj  ^--ÏJ  t5<:^  ^*J^  LiJi  ^_a-**v_?- 

c:--— ^ji'  j^_fl_i  Hb-  ,._OJ=lj;  ^-,^0  ^I  jJUl  Lgjt  <'  ^Laj  l^As.  ^jj 

16)    C  ^ 


forts  des  Grecs,  en  Syrie,  il  les  traita  de  terrible  façon,  avec  la  ri- 
£(ueur  du  Sort  et  du  Destin,  et  fit  parmi  eux  des  ravag;es  comme  le  feu 
dans  les  broussailles.  Enfin  il  tourna  ses  armes  meurtrières  contre  les 
autres,  contre  tous  les  Arabes,  dans  leurs  demeures  et  dans  leurs 
retraites,  en  massacra  un  grand  nombre  et  arracba  les  épaules  à  cin- 
(juante  mille  d'entre  eux,  de  sorte  qu'il  fut  surnommé  VHomme  aux 
épaules.  Cependant  il  s'abstint  d'attaquer  le  Yemen,  parce  que  les 
princes  de  ce  pa^s  entretenaient  des  relations  d'amitié  avec  lui  et 
qu'ils  lui  témoignaient  du  respect,  ou  plutôt  parce  que,  dit-on,  il 
considérait  comme  un  mauvais  présage  le  grand  désastre  subi  par 
Kaï  Kàoûs,  lorsque  celui-ci  avait  envabi  ce  pays. 

Avant  que  les  épées  de  Sâboûr  fussent  désaltérées  du  sang  des 
Arabes,  et  que  lui-même  fût  satisfait  et  sa  vengeance  assouvie, 
une  vieille  femme  avant  le  talent  de  la  parole  se  plaça  sur  son 
passage  et  l'interpella.  11  était  de  coutume  que  les  princes  s'arrêtassent 
pour  toute  personne  qui  leur  adressait  un  appel.  Il  s'arrêta  donc  pour 
cette  femme,  qui  lui  dit  :  »  Si  lu  poursuis  une  vengeance,  ô  roi,  tu 


HISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES.  521 

yjj   LlvaL^   '  J^   J)'    i-cls    J^-^-^y   i-r-V*-^!   J^U^  fi-*-'  v.::-'-^   ^j)\j  <-^-^jJ 
JvJLJ  ^j.j_tt_J!  ^J-«  ^_>s_«_li  <-N^ ^-^aJCj L    i-*^*  '^-^J'-c  =^1  Js-'^^  i->«4-^  v.^^' 


(Iciiv  (liTiiicis  mots  l);irn's.  —  ^■'i   C  lioO^^.. 


as  atteint  ton  l)ut  et  au  delà;  mais  si  tu  veux  exterminer  toutes  les 
tribus  arabes,  sache  qu'il  y  aura  une  revanche,  quand  même  ce  serait 
dans  un  temps  éloigné.  »  Sâboiir  donna  l'ordre  de  cesser  le  massacre. 
(]ette  vieille  femme,  dll-on,  en  parlant  ainsi,  faisait  allusion  au  pro- 
phète Mahomet  (que  Dieu  le  bénisse  et  lui  accorde  la  paix  1)  et  laissait 
cntcnchc  qu'il  vengerait  les  Arabes  des  Perses.  Car  sa  venue  était  an- 
noncée, de  génération  en  génération,  si  longtemps  avant  sa  naissance, 
que  |)(Msonne  ne  savait  à  quelle  époque  remontaient  les  premières 
prédictions.  Sàboùr,  en  prenant  le  parti  de  iaii'e  cesser  le  massacre, 
lut  déterminé  par  la  crainte  des  événements  qu'il  avait  entendu  an- 
noncer, à  savoir  le  déchaînement  des  Arabes  lors  de  la  venue  de  Maho- 
met et  la  conquête  du  rovaume  des  Perses  qu'ils  feraient  par  son  nom. 

SÀBOUR  SE   UEND  SQIIS   UN   DEGUISEMENT    DANS  LF.   PAYS    OE   HOLM 
ET   Y   TOMBE    DANS   LE    FILET. 

Lorsqu'il  eut  pris  sa  revanche  des  Arabes  et  confiné  ceux  d'entre 
eux  qui  avaient  échappé  à  la  mort  et  qu'il  n'eut  plus  à  craindre  leurs 


522  IlISTOIRF    DF.S   ROIS    OF.S    PERSES. 

< — iJsjL_j»  1  \j^l\^j  <-^jy^  \j^\  \j->^  ^>^5J  pJi\  er°  '-^l  ,_>_^L 
jL*v  L;^  |?laJ!  |^L5v^^.o^j.a^|  «_^^]^  fjjr^^l  J^  f^^j  /^J^l  j^Lâ^ 

_^  Os_^^A_J  Je  *L^v^    »  J|  J^*j  t_>L_^^|  ^^^  >-à-*vl    .^U  IIt%. 
'    M    l^j-ia_,>.  -     M    ik-i_<v-^-.   —   P>   M  ;L,J^_;UL^I,  K   ainsi    |)lus   bas.    — 


déprédations,  Sàboûr  se  proposa  d'avoir  également  satislaclion  des 
Grecs,  qui  avaient  violé  ses  frontières  et  avaient  fait  des  incursions 
dans  son  royaume.  Comme  il  songeait  à  envahir  leur  pays,  à  en  laire 
la  conquête  et  à  les  .soumettre  à  son  joug,  il  désirait  auparavant  .se 
renfire  compte  exactement  de  l'état  de  leurs  aflaires  et  surprendre 
leurs  secrets,  et  il  résolut  de  .se  rendre  .sous  un  déguisement  au  milieu 
d'eux,  ainsi  qu'avait  fait  Islendiyàdli,  se  rendant  à  la  ville  d'airain, 
dans  le  pays  des  Turcs,  et  Alexandre,  allant  au  camp  de  Dârà,  lils 
de  Dàrà.  11  croyait  que  l'entreprise  si  dangereuse  dans  laquelle  il  se 
lançait,  cette  action  si  déraisonnable,  lui  réussirait,  comme  elle  avait 
réussi  à  Isfendiyàdh  et  à  Alexandre,  ignorant  que  la  faute  est  toujours 
une  faute,  même  si  elle  réussit.  Le  Destin  obscurcit  son  discernement 
et  son  jugement,  de  sorte  qu'il  chevauchait  l'illusion,  qu'il  frappait 
à  la  porte  du  malheur  et  qu'il  se  frottait  à  la  dent  de  la  mésaventure. 
Ayant  remis  le  commandement  des  troupes  et  le  gouvernemeni  de 
l'Etal  à  des  lieutenants  et  adressé  ses  ordres  à  ses  agents,   Sa])OÛr 


IIISTOIIIK   DES  ROIS   DES   PERSES.  523 

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4 «L_«J1    à-, «\    ^    3^— :"' *^   ^-^^T "^    "^     "^îi^tC    S«-C.i   Jv^l  jwva-AJ   _ji   |iiJU 

"A \-S   U   ( >s w   Lit 9    ^i—r ^   •ï>^->^   ^-<S9    /yU-,  «•■^    f°*^   -'U^XAJ!   k>o».|   s^ 

'^-^~^*'-^_>      LjuL?    \^^w   IjsJÈ,    x^jLav   S\«-Na    ^J^JÊ     .v<SC    •yjLj    \yj\   i^  \  'n  V    jl 

''>  C  ajjL*.  —  '-'  (i  c:>b;lj.    -    ''   M  yyiL-Jùj.    -     ''   M  ,3^lj-         '    Man([iie  dans  C. 


partit  sous  un  (l(''«^uiseuient,  gagna  le  territoire  de  Roùni,  airi\a  dans 
la  résidence  de  l'empereur  el  v  prit  toutes  les  informations  ([uil 
voulait.  Or,  en  ce  temps-là  même,  l'empereur  donna  un  leslin  au 
peuple.  Sàboiir  y  alla  avec  la  loule.  Les  serviteurs  et  les  courtisans 
que  sa  figure  exotique,  sa  belle  stature  et  son  aspect  distingué  intri- 
guaient, se  tournaient  les  uns  vers  les  autres,  se  le  désignaient  et 
s'interrogeaient  à  son  sujet.  Puis  quelqu'un  qui  l'avait  vu  dans  son 
pays  le  reconnut  et  allait  en  informer  l'empereur  qui  se  trouvait  au 
milieu  de  son  cercle  intime.  L'empereur  l'avant  fait  appeler  et  ap- 
procher et  lui  ayant  demandé  qui  il  était,  Sâboûr  répondit  d'une 
façon  embarrassée  et  en  balbutiant.  L'un  des  convives  tenait  dans  sa 
main  une  coupe  royale  de  Perse  ornée  du  portrait  de  Sàboûr.  L'ayant 
vidée,  il  examina  attentivement  le  portrait  et  trouva  cjue  c  était  limage 
même  de  Sàboûr.  La  montrant  à  l'empereur,  il  lui  dit  :  «  Sire,  ne 
courez  pas  après  l'ombre  en  tenant  le  corps.  Voici  le  portrait  de 
Sàboûr  et  voilà  Sàboûr,  comparez-les.  »  L'empereur  considéra  atten- 

GG. 


r>2'i  IIISTOIUK    DKS   IlOIS    DKS    l'KUSES. 

^i  J^J^^  J. «_?.  LjfcvL^I  ;e  W  ?  «  L.gJvyol  ^^^^-«ftj  L^'L^I  ,^_$-?^  L.g>JoLïj« 


[.a^    .vaA.^^1 


(1)  C  JJ.  —  l-^)  M  »^.  —  '.■)  Manque  dans  M. 


livemeiil  lun  cl  rautrc,  cl,  s'étanl  convaliicu  que  c'élail  Sàboûr  lui- 
même  et  comprenant  qu'il  était  venu  pour  espionner,  donna  l'ordre 
d'égorfj^er  une  vache  et  de  couvrir  Sàboûr  de  sa  peau,  à  l'insLanl, 
pendant  qu'elle  était  encore  chaude.  C'est  ainsi  que  l'on  procéda  avec 
Sàboûr  et  que  l'on  s'assura  de  sa  personne. 

Lenq^ereur,  prolilanl  de  la  bonne  occasion,  la  capture  de  Sàboûr, 
lit  proclamer  le  lendemain  la  marche  contre  llranschaln-;  il  fit  ses 
préparatils  et  se  mit  en  route  avec  ses  troupes,  emmenant  avec  lui 
Sàboûr  sous  bonne  c^arde.  Dans  chaque  ville  de  1 'Iraq  où  il  ])assait, 
il  tua  la  garnison,  se  fit  livrer  tout  l'argent,  détruisit  les  édifices  et 
coupa  les  arbres.  Il  traita  de  même  la  plupart  des  villes  de  l'Ahwàz 
et  du  Fàrs  et  arriva  ainsi  jusqu'à  la  ville  de  Djondaï-Sàboûi-,  où 
s'étaient  enfermés  les  principaux  personnages  des  Perses,  les  grands 
et  les  marzebàn.  Il  fit  halte  à  ses  portes  et  établit  son  camp  sous  ses 
murs.  Il  assiégea  la  ville,  mais  il  ne  parvint  pas  à  s'en  rendre  maître, 
tant  elle  était  Inen  loitifice  et  bien  fléfeiubie  par  ceux  ({ui  v  étaient 
enfermés. 


HISTOIRK   DES  ROIS  DES   PERSES.  525 

I?L_) .._«-»»    sLiÈJil   ^jLw|   ^  wÀJ  =v^-^  ^_^-Ai_NaJ|   .X^sc   4)^  j_4   <./Lc    ^j-v^ 

J^_*^U    L^-«>^  .J^.*^[s   "C^ix   isJLv'   ijJi^  >c^^   c5*^   T^^^"~?   T'^  UljuLs 
(?L)    ^^^^^ tw ïj   ^_^s_^L   _L.^.a_?   <-i^Js_lI  <-->lj  O^  !-•>   c5^-=*-  S->^  J^*^ 


SABOl  R   IIKCOIVIU:  LA   LIBERTE 
F.T   L'I.Ml'l.lUa  IJ  TOMBE  ENTRE  SES  MAINS. 

IN'iidaiil  (lue  rcinpcrcui- clail  campe  devanl  Djoiulaï-Sàboùr,  assié- 
j^caiil  les  lialulaiils,  el  cpic  Sàboûr,  se  troiivanl  au  nombre  des  ])ii- 
somiiers  qu'il  avail  dans  son  armée,  étail  eidermé  dans  ses  entraves 
el  bien  gardé,  il  arriva  que,  dans  la  nuit  de  la  lêle  de  la  (hoi\,  ses 
fjardiens  se  relâchèrent  de  leur  surveillance.  Sàboûr  avail  aulour  de 
lui  quelques  prisonniers  de  TAhwàz  et  près  d'eux  se  trouvaient  des 
outres  d'huile.  Leur  parlant  dans  une  langue  c[ue  les  Grecs  ne  com- 
prenaient pas,  il  leur  commanda  de  verser  sur  lui  l'une  de  ces 
outres,  ce  qu'ils  firent.  Ils  répétèrent  le  procédé  une  seconde  et  une 
troisième  fois,  de  sorte  que  la  peau  de  vache  qui  le  couvrait  s'assouplit. 
.Sàboûr  s'en  débai-rassa,  se  glissa  dehors  et,  se  traînant  jusque  près  de 
la  porte  de  la  ville,  il  appela  les  gardiens  et  leur  dit  son  nom.  Les 
gardiens  le  reconnurent  et,  lui  avant  ouvert  la  porte,  le  firent  entrer. 

L'heureuse  nouvelle  leur  apprenant  que  Sàboûr  était  sauvé  et  se 


526  IILSÏOIRK   DES   HOIS   DES   PERSES. 

A_^_î  <_^wsJ!  ^:,-.«'wX^!  ^  ^  L  |?U  jLâj  jjjJl  Jlc  i>j_SOt  ^'  .iw)  <j| 

4)._;sJl't  ùJ^^-ib  J  j?«_.    c'._(L_>\'].  |?LJC_A.<yvJ  IjJoUC-v^I^  fji^Lxi  ^jijULiioo 
A_^  jjJJJ^:*.]^   |îL-;S-i-C   ^_yj-S^\  ^^^--r»^    Jj"^!   o*^^'    fl;^'  ^i^j.^   lll-5 


(^  tt*J'-  ^    "    <^  -«^■i-ô^i-  —  '^'   Manque  dans  C. 


trouvait  au  milieu  deux  dans  la  ville  s'élant  vile  répandue  parmi  les 
assiégés,  ceux-ci,  portés  sur  les  ailes  de  la  joie,  accoururent  auprès 
de  lui.  Us  fureut  enchantés  de  le  revoir,  se  prosternèrent  à  terre  et 
versèrent  des  larmes  de  joie  devant  lui.  Us  lui  demandèrent  ce  rpii 
lui  était  arrivé  et  il  le  leur  raconta.  Alors  ils  dirent  :  «Dieu,  en  te 
délivrant,  a  eu  un  secret  dessein;  il  te  fera  sans  doute  triompher  à 
ton  tour  et  vaincre  les  Grecs  !  —  Mes  amis,  dit-il,  voici  l'occasion 
de  nous  en  rendre  maîtres;  car  ils  ne  se  tiennent  pas  en  garde  et  leur 
vigilance  est  en  défaut;  la  plupart  d'entre  eux  sont  dispersés  et  occu- 
pés à  faire  des  préparatifs  pour  leur  fête.  Donc,  promptement  faites 
une  sortie,  prenez  vos  mesures  pour  les  surprendre  par  une  attaque 
de  nuit  et  tomber  sur  eux  cette  nuit  même,  avant  qu'ils  ne  se  dou- 
tent de  notre  entreprise,  pour  qu'ils  ne  puissent  pas  se  préparer  et 
se  renforcer.  «  Comme  cet  appel  répondait  à  leur  propre  et  ardent 
désir  de  faire  ce  qu'il  commandait,  ils  prirent  leurs  armes  et  mon- 
tèrent à  cheval. 

Lorsque  les  Grecs  frappèrent  le  premier  coup  de  crécelle,  les  Perses 


HISTOIHE   DES  ROIS  DES  PERSES.  527 

jyJoL   <=L_>4.JO\   l  g   'j^irn'-)  à!^J<L  JS'j_^L5s/0   ^j-Y^]^  vjJwvijl  <-^U-*-^  ^-^^ 

r*Lwl    4    y^Lv    ^..>wi-a.     ''>y^J)     i^'''^y    <-ft-^*-«J!    «CojJ.]^    sJi-t»0    ^IjJ'^'-*^ 


opérèrent  leur  sortie  contre  eux,  les  enlourèrcnl  et  les  massacrèrent. 
Sâhoûr  leur  lit  porter  l'ordre  de  ne  point  tuer  l'empereur,  de  lui  faire 
(piarlier  et  de  le  lui  amener  prisonnier.  Le  soleil  était  à  peine  levé, 
(pi'ils  eurent  exterminé  les  Grecs,  rpi'ils  furent  maîtres  de  leurs  biens 
et  de  leurs  femmes,  qu'ils  eurent  lail  prisonnier  l'empereur  et  qu  ils 
l'eurent  amené  devant  Sàboûr.  Celui-ci  donna  l'ordre  de  renchaîner 
et  lui  dit  :  «Je  te  laisse  la  vie,  ainsi  que  tu  as  fait  à  mon  égard  en 
m'épargnant.  Maintenant  restitue  les  biens  que  tu  m'as  pris,  remets 
en  état  les  contrées  que  tu  m'as  ravagées  et  reconstruis  les  villes  que 
lu  m'as  détruites  avec  de  la  terre  de  ton  pays;  à  la  place  de  tout  pal- 
mier que  tu  as  coupé,  plante  un  olivier  et  engage-toi  à  payer  un  tribut 
annuel.  »  L'empereur  répondit  :  "  Je  suis  prêt  à  exécuter  tes  ordres.  .1 
Sàboûr  obligea  alors  l'empereur  de  construire  le  barrage  de  Toustar 
et  la  ville  ancienne  de  Madàïn,  de  restaurer  Djondaï-Sàboùr  et  d'éle- 
ver le  pont  du  petit  Tigre  qui  était  d'une  portée  de  mille  coudées, 
et  le  pont  d'Arradjàn ,  sur  la  route  du  Fàrs.  L'empereur  demanda 
par  lettres  qu'on  lui  envovât  de  Roûm  de  l'argent,  des  ouvriers  et 


528  IlISrOinK    DKS   UOIS    DKS    PF.IISES. 

<_«_vj    ^^>!w)J.|   J,ij_^'^_w  ^j^^^l  -J  L^A^  i^  ^l;-*^!'  ^l-iil  ^;>-^ 

'     M  y3\^  Jlc,;  C.  ^^i\4  j*.  -'    C  ^j  et,  plus  Ikis,  ^-i.  ■■!    M  jv^. 


(les  ini^énieurs  et  (juc  Ion  apportât  la  terre  sur  des  navires  et  dans 
des  chars.  Ce  (pii  lut  lait;  et  les  charges  se  succédèrent  les  unes  les 
autres.  Alors  les  Grecs  se  mirent  à  construire  Madaïn  et  les  ponts  et 
à  rebâtir  les  édifices  dans  l'Iraq  et  dans  le  Fars,  et  ils  y  plantèrent 
des  oliviers;  car  il  n'en  n'existait  pas  alors  dans  I  "Iràc[. 

Sàboûr  partit  ensuite  pour  Madaïn  accompagné  de  l'empereur. 
Celui-ci  l'ayant  prié  de  lui  rendre  la  liberté  et  de  convenir  avec  lui 
de  la  somme  f[u'il  aurait  à  payer,  comptant  et  à  terme,  Sà])oûr  con- 
sentit à  sa  demande.  Il  lui  coupa  les  talons  et  lui  mil,  en  guise  de 
bride,  un  anneau  muni  d'une  corde,  disant  :  «  Voilà  ton  châtiment 
pour  nous  avoir  attaqué  sans  provocation.  »  Ihiis  il  le  lit  monter  sur 
un  âne  et  le  renvoya  en  Grèce.  C'est  poui-cjuoi  les  Grecs  ne  mettent 
pas  de  talons  à  leurs  chaussures  et  ne  brident  pas  leurs  montures  au 
moven  d'un  anneau  dans  la  lèvre  et  dune  corde. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  529 

ijyf\  jA^  jyi\M*    XJlC   <^r^^    U    -Ti 

jj_t«^  .xJLcj  jLgj^'l  jLi-ii».'  J^t  jL^a^jII  ''3)*LiJo!  >xjtj  <Q*yL£^l  t_iv-^ 

<j|    ^  J^L«AjwAJ     S^.£wL|       '     <.yOOO^^     ^Llbj^J     ^^jj\_4*|^     ^j-jlS  JjJb     ^     j^JJ 


(iOI  VI.n.NLMr.NT  IM.  SAIiOLn. 


Sàhoûr  s"appli<[ua  ensuite  à  élever  des  éflifices  el  à  londer  des  villes. 
Il  bàlit,  dans  l'Aliwàz,  la  ville  de  Khorra-Sàboûr,  qui  est  la  ville  de 
Soùs;  dans  le  Sawàd,  la  ville  de  Faïroûz-Sàboùr,  qui  est  Anbàr; 
dans  le  Kboràsàn,  Naïsàboûr,  qui  est  Abraschahr,  el  dans  l'Inde, 
Farscliàboûr.  Après  avoir  bâti  des  villes,  il  s'occupa  j)rinci|)alenîent 
à  creuser  des  canaux,  à  jeter  des  ponts  de  bateaux  et  à  construire 
des  ponts  fixes,  ainsi  qu'à  créer  de  nouveaux  bourgs  et  de  nouveaux 
\illages. 

Voulant  se  concilier  les  Arabes,  Sâboùr  établit  les  captils  quil 
avait  emmenés  dans  des  contrées  analogues  à  leurs  propres  pays  :  il 
fixa  les  Taghlib  à  Dàrîn,  les  'Abd  al-Qaïs  et  certaines  tribus  des 
Tamim  à  Hadjar,  les  Bekr  ibn  Wàïl  dans  le  Kermàn,  les  Hanzala  à 
Tawwadj  dans  le  Fàrs;  il  fit  demeurer  leurs  chefs  dans  sa  ville 
nommée  Faïroûz-Sàboùr.  Réalisant  ensuite  son  désir  d'envahir  le 


oaj 


530  II1ST0II\K    l)i:S    l\()IS    DKS   PKHSKS. 

>_i_*»^ji  1?^ sh  *.f    .v3s_t».ls  IvA^i  l  ii  1  •^   ^-g-^  <Sy*^3  '^^-^^i  ^JU-L»  ^-  ^^  '^ 

c^v^''^!  ^    éyi   I  U  I^^yili^  c-.Uj>^I  '=L==U.  [^j  f^-^-^J  v_r^-**^|^ 

^^!^_^b_Jlj    AjoJ^ia^   ^  ^■^^-'-g-'];  ^^'-^♦Jl   uiij_L«    ■-:'(_,oLij  L^L/Lc   ^IJoLa,^! 

J^  ['  *  y\j  13  "J  JJj-^'iill^  UuV^^L  ,i^_iL'^  \y  ^j^\Ji  \y^}i\j  [jtyoyJls 

".\'  «^-JOx's.^»  <J^L>o  4.'  JULi  Ownoj  ^P^  <-^iàx  ^)-*j}  <_jw^  ,^_4JL,^à_? 
-jT  t  .)  '>  ....  !'  iix  "O-i  vJ'^  f  ;  ^v-4.^  f*T^  •  ^^^^'  cJ^  Jv"**''  î"'^  cJ*  ^-VS* 
c_>«  'n  s    j>^_«,^L/o»  i_>.s_i:«  vLà_4vjl|  j^  <_*«..iLJ>  i^^otj'l  «O^O.  J^lLil  j_j  ^1  U 


pays  (\v  lioùin,  11  V  pénétra  et  tonilia  sur  les  hal)itaiils  de  Sindjàr, 
de  Bosrà,  de  Towàna  et  d'Aniid,  et  emmena  un  grand  nombre  de 
captifs,  dont  il  établit  une  partie  à  Toustar  et  à  Soùs  comme  tisseurs 
de  brocart  et  do  soie.  Quand  il  en  eut  fini  avec  les  Arabes  et  les  Grecs, 
il  se  rr-ndit  dans  le  Kboràsàn  et  le  fokbàristàn,  examina  fétat  des 
deux  pro\inces,  en  bannit  les  Turcs  et  cbassa  les  Haïtalites.  Il  adressa 
des  lettres  aux  rois  du  Sindb  et  de  flnde  pour  les  sommer  de  payer  tri- 
but. Ils  en  prirent  fengagement,  se  soumirent  à  ses  ordres  et  recher- 
chèrent ses  bonnes  grâces  en  lui  oU'rant  des  cadeaux  et  de  fargenl. 
Sàboûr  retourna  ensuite  dans  le  Fârs  et  dans  f  Ahwàz,  étant  ma- 
lade, ses  campagnes  qui  l'avaient  forcé  à  un  continuel  déplacement 
ayant  porté  atteinte  à  sa  santé;  son  corps  dépérit,  il  devint  tout  à 
fait  débile  et  sa  vue  s'affaiblit.  Ses  mobodhs  et  ses  marzebàn  lui 
dirent  :  «Il  y  a  parmi  nous  des  gens,  bien  plus  âgés  que  le  roi, 
que  la  vieillesse  n'a  pas  éprouvés,  tant  s'en  faut,  comme  elle  éprouve 
le  roi.  Mais  le  roi  s'est  surmené  par  les  expéditions,  les  combats  et 


llISTOIF\F,   DES   110 [S   OKS   PKRSKS.  531 

<_î^|^^  Jjtjw.  «L^^Lc   J    ^L^ls    çJJt  J  <J\   ^y>_  Ul^  lliSsL 
^-Ji-pJ|^   i_>>_<i<>2J  J"-^==^i  ^    '  "^'-î»*^  i«wc.  J^-va»  ^:Pj  JoUO^U    '  J^jis 

'•'  Ciiyfti)!,.  -     -    Mss.  A53a.         '    M  J3U.         '    M  bb..  '    M^ui.in.' .hms  C. 


les  grandes  fatigues  (|ii  il  ;i  ciKliirées.  I^e  fréquent  changenu'iil  du 
sol,  de  l'eau  et  de  l'air  ne  lui  convenait  pas.  H  faut  maintenant  qu  il 
prenne  soin  de  sa  personne,  comme  il  a  pris  soin  des  affaires  de  son 
Etat  et  qu'il  rétablisse  son  corps,  comm»'  il  a  relevé  son  ])avs.  (Hi  il 
fasse  venir  de  l'Inde  un  médecin  habile,  (jui  traitera  sa  maladie;  car 
nous  nous  mêlions  des  médecins  grecs,  parce  que  nous  craignons  le 
mal  qui  peut  résulter  de  leur  secrète  hostilité  et  l'eflet  de  leur  haine.  " 
Sàboûr  lit  donc  écrire  au  roi  fie  l'Inde  et  celui-ci  envoya  un  méde- 
cin, à  qui  la  science  de  la  médecine  semblait  avoir  été  révélée.  Ce 
médecin  réussit  à  le  sfuérir  et  à  ré":énérer  sa  constitution.  Sàboûr 
recouvra  ses  forces  et  la  santé  et  fut  entièrement  rétabli;  il  reprit 
ses  habitudes,  mangeait,  buvait  et  se  livrait  à  l'amour  et  à  la  chasse, 
comme  auparavant.  Il  témoigna  sa  reconnaissance  au  médecin  et  le 
combla  de  richesses;  puis  il  lui  commanda  de  lui  choisir  pour  y  de- 
meurer la  ville  la  plus  saine  de  son  empire.  I^e  médecin  ayant  choisi 
Soùs,  Salîoûr  en  fit  sa  résidence  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  C'est  ainsi 
que  les  gens  de  Soùs,  parce  qu'ils  s'étaient  initiés  à  la  science  de  cet 
Indien,  qu'ils  avaient  reçu  de  lui  et  des  prisonniers  grecs  qui  demeu- 


6-: 


5;V2  IIISTOIUK    DF.S   ROIS   OKS    PKHSF.S. 

J^'^ î    ■>_/0> — ^     ■•    «CÂ    .T*^    ^j-«    >_g.^iX_>    ^Joi_)    OJ*    s-A_<2i^|       «r-f^»-:^    ;^'   }^^-*^ 

. i_4;^^'    «L.>s-=>'J    -^Lî,L    >_CO*!    <<_SsJ_>0^    ^N_f^    ^    <À_tv      >_AJL.>_«.«       v-a^'I 

\  «__>L-*v   v_5V2_^«    jA.  »   io   »>-.*-**_)     ,>Lb   il    NâjLw   ,   J[    ^tJL«(  <OoJ   ^Jotj  Ijj 
'     Manque  clans  C.  —  '-)   C  y  j^.  ^  '^'   C  Ai*t^.   M  ^c^^kiw.   —  "''   M  J^y      - 


raient  près  d'eux  la  doctrine  et  qu'ils  ont  hérité  la  science  médicale 
les  uns  des  autres,  sont  devenus  les  plus  hal)iles  médecins  de  l' Miwàz 
et  du  Fàrs. 

Sàbour  avait  un  frère,  nommé  Ardascliîr,  né  un  mois  api-ès  lui 
d'une  favorite  de  Hormoz.  Lorsque  le  Temps  l'eut  mené  à  la  fin  de  son 
existence  et  au  terme  fatal,  sa  vie  et  son  règne  ayant  duré  soixante- 
douze  ans,  il  nomma  comme  son  successeur  au  pouvoir  son  frère 
Ardascliîr  et,  après  lui,  son  propre  fds  Sàboûr,  car  celui-ci,  à  ce 
moment,  était  encore  enfant;  puis  il  mourut. 

RÈGNE  D'AROASCIlil',,   KILS  DE  IIOHMOZ. 

Quand  Ardascliîr,  lils  de  Hormoz,  eut  pris  le  pouvoir  après  son 
frère  Sàboûr,  il  tint  audience  pour  les  hauts  dignitaires  et  les  grands 
qui,    lorsqu'ils   furent   entrés,   l'acclamèrent  longuement   de  leurs 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  533 

-^lL.^_>  ^\  âJ  j^j  ^->^i-c:  «L<si^^l  f;r^>^  P^j^  Jr**^  f^-^]j  f^-^Jr>-\ 

LljLxI^  -[yl  ^j— ^'  r*-^^J  ^  ""j^'  ^!>^  •4r«  ^^J  *'-'^^];  ■'■^>^' 

^J.1  <_.  j-x>^t  U  <Jl  :^  ^Ul^  ^Ut  ^^U  <-iJ  U  Je  ^b!^ 

(■v.jj_x.t^is  <^jU.'  j^'i?  *Uiij«-''  ^_iU-t  ,^5^  j?L^  .x=^y  -^oo  j^yi 

C  C*5:3^!.  —  <2)   M  bly^l.  M  J..-JJI.    -   '    M  yU^.  —  f'^'   .M.iiui.ic  dans  C. 

—  (6)   M*j  ly.^=.U. 


vœux  et  se  répandirent  en  éloges  sur  son  frère  Sàboùr.  Ardaschîr 
leur  répondit  ^gracieusement,  leur  marqua  la  satisfaction  qu'il  éprou- 
vait du  bien  qu'ils  disaient  de  son  Irère  et  leur  promit  de  suivre  la 
même  voie  que  lui  et  fie  marcher  sur  ses  traces,  et  il  ajouta  :  «  Il  n'est 
aucune  de  vos  afiaires  que  notre  frère  n'ait  bien  réj^lée  et  parachevée, 
et  il  nous  en  a  épargné  le  soin.  Que  Dieu  lui  accorde  la  meilleure 
des  récompenses,  pour  nous  et  pour  vous  !  Qu'il  nous  aide,  ainsi  que 
vous,  à  obtenir  une  vie  heureuse  et  la  félicité  de  la  vie  future  !  » 

Lorsque  Ardaschîr  fut  solidement  établi  au  pouvoir  et  que  ses 
ordres  étaient  bien  obéis,  il  commença  à  satisfaire  sa  rancune  à 
l'égard  des  grands  et  des  hauts  personnages;  il  leur  faisait  expier  tous 
les  griefs  qu'il  avait  accumulés  contre  eux  dans  son  cœur  sous  le 
règne  de  son  frère  et  les  mettait  à  mort  l'un  après  l'autre,  de  telle 
sorte  qu'il  inspirait  des  craintes  aux  hauts  dignitaires  et  qu'il  mé- 
contentait les  marzebàn.  Ces  jDersonnages  se  concertèrent  et  réso- 
lurent de  mettre  lin  à  sa  tyrannie  en  le  déposant,  après  qu'il  eut 
régné  quatre  ans.  Ils  firent  paraître  en  public  Sàboûr,  fds  de  Sàboùr, 


r>3'i  IIISTOIRK    OK.S   ROIS    OKS   PKIISKS. 

?._iLi_x3  ^Jsx  ^.tL<5-^4_)  j..<s=»-  J-  »7^j  '-^>^  J^jî  ^^^^J-S*  ^iM-ll    -  f>^\  ■i"^^ 

<-jU^  JuK-hJî  *Ls=^I  |?J  jrf^  'IxeOt  3tj^t  j?La1£  ijj  ^LjlI'I  jf--os-L 


le  successeur  dési<^  11  (',  qui,  rie  iiouncIIc  lune,  clail  (Icxciui  une  jeune 
lune  et  qui,  manirestemenl,  inarcliail  dans  la  bonne  voie.  Ils  lui 
prêtèrent  le  serment  d'Iioinmage  ol  le  proclamèrent  roi. 

RÈGNE  DI'.   SÂnOÛr.,    l'Il.S   HK   S\150ri\. 

Lorsque  Sàboûr,  fds  de  Sàhoiir,  cul  pris  le  ])ouvoir',  les  gens  se  ré- 
jouirent de  voir  la  royauté  du  père  rendue  à  son  fils.  Ils  se  tinrent 
de])out  devant  lui  et  lui  dirent  :  «0  toi,  nouvelle  lune,  image  d'une 
lune  si  brillante,  brandie  d  un  arbre  si  majestueux,  que  ton  règne 
soit  heureux  pour  toi  ainsi  que  pour  nous  par  toi  !  Béni  est  le  jour  où 
tu  hérites  de  ton  père  la  couronne  et  le  trône!  Que,  par  une  grâce 
particulière  de  Dieu,  les  bénédictions  de  la  nouvelle  royauté  et  de 
I  heureuse  lortune  aient  jiour  ellél  de  lairc  durer  ton  règne  plus 
longteni])s  cpie  les  règnes  de  tes  prédécesseurs  !  (^)u'il  te  rende  puis- 
sant et  qu'il  lasse  cjue  chacun  de  tes  jours  ait  un  lendemain  plus  heu- 
reux! »  Sàboûr  leur  fit  le  meilleur  accueil,  leur  répondit  par  la  plus 
fervente  bénédiction;  il  leur  promit  de  faire  régner  la  justice  cl  de 


MISTOIUE   DES   ROIS   DES   PERSES.  5:^5 

Jj-U^  <-!iLL\j  5>J-^'  <-^  <'  J^jr'^j  ^  J>^j  ij  <û\-jjjl 

(3)  (.U'j— ^— i*    "^^ A^^J^ i^_5    -   .5* ^ >   4 — wU    o^> — à*    >>^j\l   ^i:^  ■*■  i'  -»-^  'i\^_4-N^Lc 


lairo  cesser  r()|ipression.  11  iionima  ensuite  de  nouveaux  ffouverneurs, 
en  desliliia  flaulres,  déiendil  tels  actes  et  ordonna  tels  autres.  .Son 
oncle  (jni  avait  été  dépose  lui  était  soumis,  les  rois  lui  oheissaieiil 
et  les  affaires  étaient  bien  réglées  dans  ses  provinces. 

Cinq  ans  s'étant  passés  ainsi,  Sàboùr  alla  un  jour  à  la  chasse. 
Pendant  qu'il  dormait  dans  un  grand  pavillon  cju'on  avait  dressé 
pour  lui,  une  tempête  s'éleva,  arracha  les  poteaux  de  ce  pavillon  et, 
en  renversant  sur  lui  un  pieu,  lui  écrasa  la  tète  et  répandit  sa  cer- 
velle. Sa  perte  fut  vivement  ressentie  par  les  grands  et  le  peuple. 
Certains  prétendent  que  Sàboûr  ayant  changé  de  disposition  d'esprit 
et  songé  à  inaugurer  une  mauvaise  conduite.  Dieu  déchaîna  contre 
lui  ce  vent,  qui  délivra  les  hommes  de  ce  roi. 

RÈGNE   DE  BUIRÀM,   FILS  DE  SÂBOLR,   FH.S  DE  SÀBOÙR. 

Bahràm,  dans  sa  jeunesse,  était  appelé  Kermdnschâh ,  parce  que  son 
père  lui  avait  donné,  à  titre  de  roi,  le  gouvernement  de  la  province 


530  IIISTOIUK   DES   UOIS    DES   l'KKSES. 

:j   '^Jjj  <-^<^^  '^U-kc  -cU-c   ;si_j^l  <--vt^  Jlc  p.LJ! 

jjJl  jjb-"^  LOw^  «OUiJ    liJUvo  <CLSsI_^    MjvxI  Jic 
'  <<_A_Lc  c^-mL^  "*)>-^'  i)^  *-.*  *^L«Jl  'OjLi  ui.''>-3sjls  "Oww  Sj.;;:»^  ^_çj..:i.| 

(')    Manque  dans  M.  --  P)    C  AiùO^.  —  P)    C  yLiûiLo^^.  —  Mss.  aJ!. 


de  Kerinàii.  Ouand  il  cul  ceint  la  couronne,  les  liauls  personnages  de 
son  royaume  et  les  notables  de  ses  sujets  s'assemblèrent  auprès  de  lui 
et  l'acclamèrent  des  vœux  dont  ils  avaient  coutume  d'acclamer  ses 
ancêtres.  11  répondit  :  «  Que  Dieu  exauce  vos  vœux  et  qu'il  nous  aide 
à  réaliser  nos  bonnes  intentions  à  \olre  égard!  »  Babràni,  ensuite, 
s'appliqua  constamment  a  bien  achninistrer  l'Etat,  à  combattre  avec 
énergie  les  ennemis  de  son  empire,  à  traiter  avec  bonté  ses  sujets  et 
à  exécuter  de  mémorables  travaux,  fondant  entre  autres  la  ville  de 
Kermàn  Schàbàn,  appelée  en  arabe  Qermisin.  Après  qu'il  eut  régné 
ainsi  pendant  onze  ans,  le  peuple,  mécontent  de  certaine  de  ses 
mesures,  s'ameuta  contre  lui  et  un  homme  lira  sur  lui  une  flèche  qui 
pénétra  dans  sa  gorge  et  le  tua.  Il  ne  lui  servit  de  rien  que  l'on  mît 
à  mort  pour  son  meurtre  vingt  mille  personnes. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  537 

,_Sw^  ^\y^^j  j'udi]  Jj-^^  i'^w^jj  i!js^t  J,!  <->  Jjyj  •^\ 


HKGM-:  l)K  YAZDIDJKUI),   l-ll.S   1)1.    liMIlUM,   IILS  l)K  SABOl  R. 

(rest  le  roi  qui  esl  appelé  ^  azdedjerd  le  Mauvais.  Il  était  extrême- 
ment dur  et  farouche,  et  au  plus  haut  point  orgueilleux  et  hautain. 
Les  Perses,  qui  ii"i<;noraient  pas  ses  lâcheuses  dispositions  et  sa  mau- 
vaise lif;ne  de  conduite,  ne  purent  cependaïit  se  dispenser  de  lui 
donner  le  pouvoir.  Ils  espéraient  que  1  heureuse  fortune  de  la  dignité 
royale  le  corrigerait  el  le  ramènerait  dans  la  bonne  voie,  comme 
elle  V  avait  ramené  Rahràm  le  second  et  Hormoz,  fils  de  Xarsi,  qui, 
malgré  leur  rudesse,  leur  mauvais  caractère  et  leur  brutalité,  s'huma- 
nisèrent et  se  corrigèrent  par  l'exercice  du  pouvoir  et  fournirent  une 
carrière  des  plus  louables.  Lorsqu'on  eut  mis  la  couronne  sur  sa  tête 
et  que  les  gens  se  tenaient  devant  lui,  tout  en  éprouvant  de  l'animad- 
version  pour  lui  et  tout  en  le  redoutant,  ils  l'acclamèrent  de  leurs 
vœux,  des  vœux  dont  ils  avaient  toujours  acclamé  ses  aïeux.  Il  les 
regarda  avec  indifférence,  dédaigna  de  leur  répondre  et  se  borna  à  un 

G8 


538  IIISTOIRK   DKS  ROIS  DES   PERSES. 

J^ — a^jl   ^^Z — ^  L — =,1.. — aL  < — Ji   Jil  ^   /i::>j«>J|  ?Lft_wj  âL>x^^  (I)  Â^Luil. 

^   ^La-,»-^à.J|  — 'vJC^jj  ^|^\'I  Jijj  *UJt  c_iL^ls  itvijUjj 


mouvement  de  la  tête  et  à  un  signe  avec  la  main  et  leur  fit  boire  la 
lie  du  dessus  de  sa  cruche.  Ils  sortirent  péniblement  en  traînant  les 
jambes,  tant  ils  étaient  émus,  et  en  grinçant  les  dents  dans  leur 
cuisant  regret. 

A  peine  Yazdedjerd  lut-il  solidement  établi  sur  le  trône  et  son  gou- 
vernement allermi,  la  nation  entière,  de  près  et  de  loin,  étant  sous 
son  obéissance,  cpie  l'orgueil  fie  la  puissance  le  poussa  à  faire  le  mal  et 
c|u"il  lit  régner  l'injustice  et  la  tyrannie.  Il  fit  trembler  les  innocents, 
abaissa  les  puissants,  brisa  les  faibles,  versa  le  sang,  effaça  toute  trace 
de  la  justice,  humilia  les  Perses,  agit  d'une  manière  absolument  arbi- 
traire, encouragea  les  dénonciations  et  opprima  ses  sujets  de  la  façon 
la  plus  cruelle.  Aucune  personne,  fût-elle  de  ses  amis  intimes,  ne 
pouvait  intercéder  en  faveur  d'un  homme  lésé  ou  plaider  la  cause  d'un 
malheureux  opprimé.  Si  quekpi'un  osait  le  faire,  voyant  dans  le  fait 
de  venir  en  aide  à  un  personnage  tombé  en  disgrâce  ou  à  un  prison- 
nier une  action  qui  serait  récompensée  au  Ciel,  le  roi  lui  dit  :  "  Quel 


HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES.  539 

>J>__£  J_à_^|j  «<-J^^I  «LjLi    3jl£  ^  ^JoUvvj  «^Li  nf^ij  .ïnIlOo 


Jl   <_X_A_^>— >    ^v-»*^-^    .i^-=^:îVp_>   ^Jc  |^jL_«i|j   tij'il^^!   ^\f?-J   t:j|:>L)t^lj 


(Ion  as-lu  reçu  pour  la  dcinarche?  l*our  quelle  soninie  I  es-tu  laissé 
corrompre?»  Ce  fut  à  tel  point  qu'il  rendait  toute  intercession  im- 
possil)le,  et  il  devint  avec  le  temps  de  plus  en  plus  mallaisant. 

IIISTOIIU:  DI-:   I5AHH\M-I)J0LI\,    LK  FILS   1)F.  YAZOEnjKRl)   LE   MAUVAIS. 

Yaxdedjerd  le  Mauvais  ne  conservait  aucun  de  ses  fils  vivant.  Lors 
de  la  naissance  de  Baliràm,  quand  il  vit  la  beauté  de  cet  enfant  et 
reconnut  en  lui  les  symptômes  et  les  dispositions  qui  le  marquaient 
pour  une  haute  destinée,  il  le  prit  en  affection,  eut  pour  lui  la  plus 
tendre  sollicitude  et  le  garda  comme  un  trésor.  Il  ordonna  aux  astro- 
logues de  tirer  son  horoscope  et  d'observer  son  étoile.  Les  astrologues 
se  prononcèrent  favorablement  sur  son  avenir,  lui  prédisant  une 
existence  pleine  de  prospérité  et  la  réalisation  de  toutes  ses  aspira- 
tions. Ils  conseillèrent  à  Yazdedjerd  de  le  faire  élever  avec  soin  à 
l'étranger  et  de  lui  choisir  un  lieu  dont  l'air  et  le  sol  fussent  sains.  En 
conséquence,  Yazdedjerd  le  confia  à  son  agent  Mondhir,  fds  de  No'- 

G8. 


540  IlISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES. 

js_^!«   ^ *r--^  <<_5C_*2     ,^l  >X-t-^  ^v<S*-  ^L^  ^j«.6iiJ|  ^v-a»!  jV.  ii^^L^oJ! 

i!i^  ^1    ^*  iis—cs-ii'y  4-3n_L<(  ZJLiL*».^  ^1  d^-ÂJu  j^xaIi  <:<j^.âjl;l?  <JCa»>n-*J 

'^— 'Oc.^o^  <<_c'^,^^i5^   ^j\.>J<i  r»-^-''  cT*  ^'■^■■s^'jij  s->v-*Jl  (j-«  ^_^UjJ>1  J[j-g-Oe 


niàn,  (Us  d'Amra  al-Qaïs,  roi  de  IJîia,  après  lui  avoir  conléré  un 
rang  élevé  et  des  dignités.  Il  lui  ordonna  de  choisir  pour  l'enfant  des 
nourrices,  de  veiller  avec  un  soin  parfait  à  sa  nourriture  et  de  l'in- 
staller pour  l'élever  dans  l'endroit  le  plus  favorable.  Mondhir  reçut 
l'enfant  et  l'emmena  à  sa  résidence,  à  Hîra,  qui  est  la  contrée  de  T'iràq 
dont  le  sol  est  le  plus  .sain,  l'air  le  plus  agréable  et  l'eau  la  plus 
douce. 

Mondhir  choisit  pour  allailor  reniant  trois  femmes  de  noble  famille, 
de  bonne  constitution,  intelligentes  et  de  bonnes  manières,  deux 
Arabes  et  une  Persane,  qui  l'allaitaient  à  tour  de  rôle,  tandis  que  les 
femmes  de  Mondhir  le  servaient  et  l'entouraient  de  soins.  Il  fit  en- 
suite construire  près  de  Hîra  le  Kliawarnaq  et  le  Sadîr,  qui  sont  les 
deux  édifices  les  plus  remarquables  des  Arabes;  il  les  lui  donna 
comme  demeures  et  pourvut  largement  à  son  entretien.  Il  ne  négligea 
rien  de  ce  qui  était  possible  de  faire  pour  l'honorer  et  le  bien  traiter. 
Aussi  Bahràm  grandit-il  rapidement,  il  progressa  de  la  façon  la  plus 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  541 

(j^  QL^  <!    rwJL>  .   "^-^   ^-^ij'  fi-*-:?     •^'   rj-§-:'  "^-i^   -^v^lj   4}sX/0  i_jj_«_l' 

<_£jL  j_L2  <-.^-^  jij  <^o.^  «ï^jL^  ^<'  ^^  -  <-Jl  <J=LwjL 

S\3s£     và^sj!»  J)-^  rT^  ^Ji.t^-*vls  (3'.«.j30|  euLo  ^  «L-U-c  x-^I».  ij''^^"^ 

v_^-_x_l''»  ^^.^.^NiajJU  '.—v  y»  JU  «-g-i'l  ^-io  *L/oL3l  j^-Jj    ".v-g->>-^^*->o  ^  c_>La_^I 


heureuse  et  devint  un  jeune  lioninie;  il  apprit  les  arts  des  x\rabes, 
parla  parfaitement  leur  langue  et  acquit  les  belles  qualités  qui  les 
distinguaient.  Avant  même  d'avoir  atteint  l'âge  viril,  il  était  déjà 
parvenu,  dans  Tart  de  l'équifation,  dans  le  tir  et  dans  l'habile  manie- 
ment des  armes,  à  un  lel  degré  de  perfection  qu'on  le  citait  pro- 
verbialement ])our  son  adresse.  Mondliir  lui  donna  la  libre  disposi- 
tion de  tout  ce  qu'il  possédait  et  se  dessaisit  en  sa  faveur  d'un  cheval 
dont  les  Arabes  n'avaient  pas  le  pareil.  Bahràm  le  pria  de  mettre  le 
comble  à  ses  faveurs  en  lui  donnant  quelques  jeunes  esclaves  et 
chanteuses,  pour  avoir  par  elles  et  avec  elles  toutes  les  délices  de  la 
vie  ensemble  et  pour  qu'il  ne  lui  manquât  rien.  Mondhir  fut  heureux 
de  sa  confiante  franchise  envers  lui.  H  fit  venir  pour  lui  toute  esclave 
bien  faite,  de  bonnes  manières  et  de  talent  accompli,  et  lui  donna  du 
vin  en  quantité.  Bahràm  en  usa  à  son  plaisir  et,  en  leur  compagnie, 
prit  à  la  jeunesse  sa  virginité.  11  partageait  sa  vie  entre  les  divertisse- 
ments, la  musique,  la  chasse  et  les  jeux. 

Un  jour,  voulant  jouir  tout  à  la  fois  des  plaisirs  de  la  chasse,  de  la 


542  HISrOlRF.   DKS   ROIS   DKS   PKRSKS. 

»■  g  *  '^j  <L^^_i_-^t  ''j]^'^|)i  •<— ^jl-^  cJ-^jIj  J^'  ^  ^~T^  .Jax^ls 
J^_^^2— i-Ll  ^I  jLu^  v_^v_d»i>  (*l-?«^  P'T"'^'  O^  ^T^^"^^  w^ii^^'-^i-wjj  L.^.^4>,v^ 

-jUiKjl   JLâJ    *L.UàJ|  ^  S-V-**'  '^-^J^-*-'  ^'-^'"^^J  '~>y-^J   Oxyv.a_)  J-3t4- 

Lf_L^jj  <Us^kJ|  JLj  ^t;  ^j-^  J-»-^  c)'  ^J  ^V"  "  ^^-^-*-^l 

Cl  C  iljl.  —  l--"  M  i,l;y.    -  P)  Mss.  *J.  —  (')  Mss.  JL^x,.  —  <=^i  CjIjijI;  CM  Jlii. 


musique,  fin  vin  et  de  la  compagnie  de  rainanle,  Baliràm  luonla  une 
chamelle  de  race,  prit  en  croupe  son  esclave,  la  cilhariste  Azàdhwàr, 
avec  sa  cithare,  emporta  une  petite  outre  de  vin  et  une  coupe  d'or, 
et  partit  pour  le  parc  de  chasse,  ovi  il  se  mit  à  chasser,  à  l)oire  et  à 
écouler  l;i  musique.  Un  ln)U|)('au  de  gazelles  se  présentant  devant 
lui,  il  dit  à  Azàdhwàr  :  «Laquelle  veu\-tu  que  j'abatte  pour  toi?  — 
Je  veux,  répondit-elle,  que  tu  fasses  qu'un  màlc  devienne  comme 
une  femelle  et  une  femelle  comme  un  mâle.  —  Tu  demandes  beau- 
coup, »  dit  Bahram.  Puis,  tirant  sur  un  mâle  une  llèche  dont  la  pointe 
avait  la  forme  d'un  croissant,  il  lui  enleva  les  deux  cornes,  de  sorte 
qu'il  fut  comme  une  femelle  sans  cornes  et  sans  qu'il  eût  éprouvé 
aucune  douleur  à  la  tète.  Visant  ensuite  la  tète  d'une  femelle,  Bahràm 
tira  deux  flèches  qui  y  demeurèrent  attachées  comme  deux  cornes, 
de  telle  sorte  qu'elle  ressembla  à  un  mâle.  «Bravo,  mon  Seigneur! 
dit  Azàdhwàr.  Il  reste  que  tu  couses  ensemble  la  tête  et  le  pied  de 
cette  femelle.  «  Bahràm  fut  outré  de  sa  demande  excessive.   Il  tira 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  543 

J,|  <_>jLswL  ^j  <-_«_)0.wJl  4)^)tiJ|^  <_A.4^1  <-<i-«Jl  ^-^jû  ^j^    c^  L^-j 

|.L_^    ^5i^>-^i^_H_J-    J    eji_;!  ^f  LgJ    Jlsj   l^-C^   «UUl  LèLioj]^  ^^j"^! 


une  l)allo  sur  la  lète  de  la  lemelle  et,  iiniiieclialemenl  après,  au 
moment  où  celle-ci  la  gratta  avec  son  pied,  une  flèche  qui  cousit  en- 
semble la  tète  et  le  pied.  Mais,  après  avoir  achevé  ce  coup  merveilleux 
et  ce  tour  d'adresse  extraordinaire,  il  jeta  l'esclave  à  terre,  la  fit 
piétiner  par  la  chamelle  et,  en  l'invectivant,  lui  dit  :  «Tu  as  voulu 
me  déshonorer  par  ces  demandes  exagérées!»  L'esclave,  gravement 
meurtrie,  ne  fut  pas  rétablie  avant  longtemps.  Certains  disent  qu'elle 
mourut  de  cette  chute  et  sous  les  pieds  de  la  chamelle.  Mondhir, 
dans  son  admiration,  lorsqu'il  apprit  ce  fait,  invoqua  la  protection 
de  Dieu  sur  Bahràm  et  fit  représenter  son  image  avec  la  cithariste, 
la  chamelle,  les  gazelles  et  les  scènes  de  leur  aventure  dans  une  des 
salles  du  Khawarnaq. 

Le  lendemain,  Mondhir  voulut  accompagner  Bahràm  à  la  chasse. 
Bahràm  monta  le  cheval  alezan  que  Mondhir  lui  avait  donné.  En 
suivant  leur  route  avec  leurs  comjDagnons,  ils  rencontrèrent  un  trou- 
peau d'ànes  sauvages.  Bahràm  f aborda,  lorsque,  tout  à  coup,  il  vit 
un  lion  qui  s'était  jeté  sur  un  de  ces  ânes  et  lui  avait  enfoncé  ses 


5'j/l  IllSTOlUK    Di:S   UOIS   l)i:S   PERSKS. 

^1  ^'     \3v.^im    JLJL-5     .v-^^i-î-o    ,1\.<S«JL   J^^il   Ja-(L^«    Lg>j   ejVJvis   ^_5i>Jl! 

ob!  Ul,.^!^  LL^I  ùi\jj  'lAj  JLoj 

''   Dans  .M,  la  ligne  _a*JI    .  .  .   i_i.w>l.  PSl  intervertie  avec  la  sui\aiite  linissant  par  yfjtl\}- 
Dans  C  elle  a  été  ajoutée  à  la  marge.  --  '-)   M  x*m^. 


jL^rilles  dans  le  corps.  Il  tira  sur  le  lion  une  llèclie  qui,  pénétrant 
dans  son  dos,  le  traversa  jusqu'au  venlre  de  l'àne,  puis  entra  dans 
la  terre  où  elle  demeura  fixée;  le  lion  et  l'àne  tombèrent  niorls. 
Mondliir  dit  :  «Si  je  n'avais  pas  vu  ce  cas  de  mes  propres  yeux, 
certes  je  n'aurais  pas  cru  la  ])ersoniie  qui  me  l'aurait  raconté.  "  Et 
il  fit  représenter  la  scène  à  côté  de  la  scène  de  la  cilhariste  et  des 
gazelles.  C'est  à  cause  de  celte  aventure,  dit-on,  que  Baliràm  fut  sur- 
nommé Bdhrâm-Djoûr.  Celui-ci  acheva  sa  journée  à  chasser  avec 
Mondhir,  et  lui  fit  voir  des  exploits  merveilleux  dont  Mondhir  lui 
enchanté  et  ravi  et  qui  augmentèrent  son  zèlo  de  lui  complaire  et  de 
le  combler  d'égards. 

I!\Hl'.ÀM-nJOi:H    SE    P.ENO    AUPRES    DE    SON    PERE    YAZDED.IERD    I.E    MAUVAIS. 
SON    RETOUR  AUPRES  DE  MONDHIR. 

Baliràm  demanda  ensuite  à  Mondhir  l'aulorisalion  de  se   rendre 
auprès  de  son  père  et  d'avoir  sa  part  du  bonheur  de  le  voir,  de  lui 


HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES.  545 

jj-^\  U  ^iUl  ^J  L  4I  jLfi_j  <_^'^-s-.  ^  "LâJj  1  ^^^jK-^j  <joJLLo 

^^^-—S—bJI    jy-cy  VpA<s<Jl  -i^v^   <jUi  <j^  ->ot<J|j  ^J!5Aà.}|I  Âjj^j   ^kLkiJt 
'•'   Maii(|iif  duiis  C.  —    -'   W,.^..  ■'■'    M  Jl.  '    Manque  clans  M. 


présenter  ses  lionimages  et  de  se  rencontrer  avec  les  <,'ens  de  la  cour. 
Mondhir  lui  dil  :  "  ['rince,  je  suis  on  ne  peut  plus  heureux  de  ce  qui 
fait  ton  bonheur  et  ne  désire  que  faire  ta  volonté!  Mais  le  roi  ton 
père,  ainsi  que  tu  las  appris,  est  rude  et  violent  de  manières,  nulle- 
ment porté  à  la  bonté  et  ne  faisant,  dans  son  extrême  rigueur  et 
sa  sévérité,  aucune  distinction  entre  les  proches  et  les  étran<^ers.  Je 
crains  que  tu  n'aies  à  regretter  de  t'étre  rendu  à  sa  cour  et  que,  de  son 
caractère  dilTicile,  de  sa  raideur  et  de  son  dur  ser\ice,  il  ne  t'arrive 
tout  autre  chose  que  ce  que  tu  désires.  "  Mais  Bahràm,  qui  voulait 
absolument  rendre  visite  à  son  père,  dédaigna  ce  conseil  de  Mon- 
dhir, et  celui-ci  h"  fit  partir  de  la  iaçon  la  plus  fastueuse  el  lui  donna 
un  magnifique  équipage. 

Lorsque  Bahràm  fut  arrivé  auprès  de  son  père,  il  ne  trouva  pas 
ce  qu'il  avait  espéré.  Il  s'était  attendu  à  ce  que  son  père  serait  heureux 
de  le  revoir,  qu'il  lui  témoignerait  des  égards  et  le  traiterait  absolu- 
ment comme  un  personnage  de  sa  position  devait  être  traité.  Se  rap- 
pelant alors  les  paroles  de  Mondhir,  il  regrettait  d'avoir  repoussé  son 
conseil  et  de  lui  avoir  causé  du  chagrin  en  le  quittant. Yazdedjerd  non 

09 


5/j6  IIISTOIRK    DES    IIOIS    DKS    I^KUSES. 

J«_Â-LÎ  <-o\Jt«  "Oi^J^  4'i^  43^-vl  ,JN^  <JLà_lo'ywo  ^sJ»  <jjy>^  O^ 

>_iw^l    i!->^-c!    ^J-i    -'^    ^    TT^-   f-î    P'T^"'^     ;^^-*^    i^W^  j'^J^^^! 
("   C  ^^.  -    C  ^wli.  —  '^'   MaiHiue  (hins  C.  —  (''   Maïunic  dans  ('.. 


seulement  le  tenait  au-dessous  de  son  rang  el  lui  refusait  toute 
marque  de  bienveillance,  mais  il  ne  iaisail  même  aucun  cas  de  lui, 
le  réduisait  à  une  condition  subalterne  en  lui  imposant  le  service  de 
la  cour  et  l'obligeait  à  se  présenter  devant  lui  au  milieu  de  tous  ses 
pages  et  les  personnes  de  sa  suite.  Un  jour,  étant  debout  devant  le 
roi,  lîabràm  lut  pris  de  lassitude  et  de  sommeil  et  laissa  tomber 
la  tête  de  façon  à  frapper  la  balustrade  du  trône.  Yazdedjerd  l'apos- 
tropba  violemment,  l'invectiva  et  donna  l'ordre  de  le  mettre  en  pri- 
son. Bahràm  y  demeura  jusqu'à  ce  qu'un  frère  de  l'empereur  qui 
était  venu  de  Roùm  auprès  de  Yazdedjerd  jiour  demander  une  trêve, 
intervint  en  sa  faveur,  \azdedjerd  donna  Tordre  de  le  mettre  en 
liberté  el  de  le  renvover  à  la  résidence  de  Morulliir. 

Bahràm,  à  (|ui  la  joie  donna  des  ailes,  se  hâta  de  se  rendre  à  sa 
destination  et  n'eut  d'autre  souci  que  d'accélérer  son  voyage  juscpià 
ce  qu'il  fût  arrivé  auprès  de  Mondhir.  Celui-ci  vint  à  sa  rencontre 
avec  son  armée  et  chacun  d'eux  mit  pied  à  terre  devant  l'autre.  Mon- 
dhir lui  demanda  comment  il  s'était  porté  pendant  son  absence. 
Bahràm  lui  réjiondif  :  "  One  Dieu  te  préserve!  Je  n'ai  pas  goiilé  la  joie 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  547 

*La_^|^  .._^^=,\jX\j   \j\j^\  ^  'ULVij  <^-XJL«  ^j-^=-\j  HJvpit  J  ^!i^l 


depuis  que  Je  t'avais  (juilte  el  je  u'ai  pas  eu  à  me  louer  des  con- 
séquences quand  j'ai  agi  contrairement  à  ton  avis.  Mais  Dieu  soit 
loué!  Voilà  qu'il  m'a  ramené  au  paradis  près  de  toi  après  m'avoir  jeté 
dans  l'enfer  auprès  d'un  autre!  »  Mondhir  dit  en  riant  :  «  Ne  sais-tu- 
pas,  ô  prince,  que  l'avis  d'un  vieillard  vaut  mieux  que  l'expérience 
personiieilc  fl  un  jeune  homme?»  il  l'installa  ensuite,  lui  (il  une 
ma,t;ni(i(pie  réception  et  chercha  à  lui  complaire  par  des  présents  et 
en  lui  donnant  des  chevaux,  des  esclaves  et  des  musiciennes,  le  tout 
d  une  valeur  de  près  de  cent  mille  dinars.  Et  Bahràni  se  livra  de 
nouveau  aux  plaisirs,  aux  divertissements  et  à  la  chasse.  Il  lut  en- 
chanté de  retrouver  cette  agréable  vie  après  avoir  supporté  la  peine 
qui  toujours  le  guettait. 

FIN   Dl    nÈGNl-,   DE   VAZDEDJERD   LE   .MALVAIS. 

Lorsque,  par  le  mauvais  régime  de  Yazdedjerd,  l'infortune  pesait 
sur  les  gens  d'une  manière  continue  et  qu'ils  subissaient  de  sa  vio- 


5'iS  HISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES. 

^jij'^l  ^  ,3  ^Lav  J-LLc  sjLc  ^_j-sJ  /^îA^  "V^Ij  '^'^  o-^^^-v  <-6i^ 


.*.  j^x-30|  ^L_*»<_5|  <_ïLi,A;;_«/i  ^j^ 


Jl!   lj^_£6    U    JlS.   <_*M_âJ  ^    iC-*m  i^\}^  t::j>j,UaJ  «O-^Li 


leiice,  (le  sa  rigueur  et  de  sa  mauvaise  nature  toutes  les  tribulations, 
ils  se  mirent  à  darder  le  Ciel  d'incessantes  prières  et  implorèrent 
constamment  Dieu  de  les  délivrer  de  ses  détestables  agissements  et 
de  les  débarrasser  de  son  règne  calamiteux.  Or,  un  jour,  dans  le 
Djordjàn,  pendant  qu'il  était  assis  sur  son  trône,  entouré  de  ses 
courtisans,  un  de  ses  chambellans  vint  lui  annoncer  qu'il  venait 
d'apparaître  un  cheval  errant,  sans  harnachement,  glissant  sur  le  sol; 
superbe,  parlaitemcnt  beau  et  fie  merveilleuses  proportions,  comme 
jamais  on  n'en  avait  vu  de  pareil;  qu'il  se  défendait  contre  quiconcpie 
voulait  l'apjirocher  et  ne  se  laissait  maîtriser  par  personne;  que  ce  che- 
val était  venu  jusqu'à  la  porte  du  palais,  où  il  s'était  arrêté,  et  que  les 
gens  l'entouraient,  émerveillés  de  ce  coursier  dont  les  qualités  réunies 
épuisaient  tous  les  termes  du  langage  et  qui  ca])tivait  complètement 
les  veux  des  spectateurs.  Yazdedjerd  ne  put  résister  au  désir  de  le 
voir;  il  se  transporta  vers  ce  cheval  et  admira  ses  beautés.  Il  fut 
ravi  de  joie  et  dit  :  <■  Ceci  ne  peut  être  qu'une  aubaine  que  Dieu  m'a 
destinée  et  dont   il    veut    me  favoriser  In   II  s'approcha  et  passa   la 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  549 

LiT?.'  CJ^   ^J^^  "^   "^-fr^   C^   09-^'   f^;  J^lijl  !J  l^^^jl^   0~^'    (^>^ 

Jl*-**i1  (^.^  liLUI    '  j3  i^^_»-(iJl  jj,  ffyii^i  J*:^  ùsj»j   (^rr*-  ^ 
'''  C  SâUi.  —  '-'  (]  iljJ^.  —  '^'  Maiu|ur  tlans  C.  —  '''  Manque  clans  C. 


main  sui'  le  Iroiil  cl  le  loiipcl  du  clicx;!!,  (|iii  le  laissa  faire  et  se 
mon  Ira  (lou\  et  soumis.  Alors  Yazdedjerd  demanda  une  selle  et  une 
hride.  il  voulut  lui  caresser  la  croupe,  mais,  lorsqu'il  se  trouvait 
derrière  lui,  le  cheval  lui  lança  avec  ses  deux  pieds  à  la  poitrine 
une  ruade  qui  le  fit  expirer  sur-le-champ;  il  tomba  mort  comme 
s'il  n'avait  jamais  été  vivant.  Les  gens  furent  frappés  d'effroi  et  de 
terreur,  puis  ils  se  rassurèrent.  Quant  au  cheval,  il  prit  sa  course. 
On  ne  savait  d'où  il  était  venu,  ni  où  il  était  allé;  on  s'accordait  à 
dire  que  c'était  l'œuvre  de  Dieu,  miséricordieux  et  bon,  qui  avait 
donné  aux  hommes  la  vie  par  la  mort  de  Yazdedjerd  le  détestable,  le 
mauvais.  Yazdedjerd  avait  alors  régné  vingt  et  un  ans. 

CONSEIL  CONSTITUÉ  APRES  LA  MORT  DU  MALVAIS  POIR  L'ÉLECTION  D'UN  ROI. 
LE  POUVOIR  DEMEURE  À  BAHRÂM. 

Après  la  mort  de  Yazdedjerd  dans  le  Djordjàn,  les  hauts  digni- 
taires et  les  grands  retournèrent  à  INIadàïn  et  délibérèrent  pour  choisir 


550  IIISTOIUK   DES  llOIS   DES   PERSES. 

<j_5L  «L_à_kJ  J-^^  «O-i^v^  jr*'^  '^^  ^^  ^  y ^J  ^4?-^^.  Jr^ 
J  tjijLil  oJv-J^  ^  tS>^!    I  jdLt'  ^>|  ^\jJ\  ,j^j  fOiJi\j  Jj-LLt  j-^i 

<_SoiJi^  <Jv-«-i!  ^_jj-<sj  ^'-^  ^^^j  v*^  jjJLjt;L5  ïj_*«_iJ|^  ^^-â-?-  vj  s-y«Jl 
«Ojt^t,  JjJdl  Ij-vbj  J}}>  Je  j^Lk;ci  L<sU  <Jxl^V5  <^jJ\j  <i\jJ\j 


o—^Jà-)   1».^ 


i^^v;^».   ■'  .^.J^  ^N!  i^p;::»^;  ^J  j^.is».jj  <-r^;r*-'l    '  O^  '^-*-*  ^J 
^'*  C  liULc.  —  '-'   M  «iJo.  —  >■"'   ('.  ^jjyuiJl.  —    ''   .\Ian(|U('  dans  C.  —    ■'    ('.  go^. 


un  roi.  Ils  (lij-enl  :  "  Dieu,  par  sa  lionté  et  sa  grâce,  nous  a  délivrés  du 
régime  néfaste  du  plus  mauvais  et  du  plus  Ivrainiique  des  rois.  Nous 
ne  devons  donner  le  ]X)uvoir  à  aucun  de  ses  fils,  qui  marchent  dans 
ses  traces;  il  faut  exclure  surtout  Baliràm  qui,  outre  qu'il  ressemble, 
sans  aucun  doute,  à  son  père,  a  pris  les  manières  rudes  et  grossières 
des  Arabes.  Choisissons  donc  un  homme  réunissant  en  lui  la  capacité 
et  fexpérience,  la  bonté  et  la  clémence,  et  faisons-en  notre  roi.  »  Ils 
tombèrent  d'accord  d'agir  ainsi  et  adressèrent  des  lettres  aux  rois 
vassaux  <'l  aux  in<irzc])ài),  les  appelant  à  \enir  et  à  se  réunir  avec  eux 
pour  léleclion  du  roi.  Tous  s'empressèrent  de  se  rendre  à  celle 
assemblée,  délibérèrenl  et  disculèrent,  et  leurs  suffrages  se  fixèrent 
enllii  sur  un  honinic  df  la  ianiille  de  Sàsàn ,  nommé  Khosra.  Ils  lui 
prèlerenl  le  serment  d  Jiommage,  sans  avoir  pris  favis  de  Bahràm  à 
son  sujet. 

Bahràm  fut  iorl  méconlenl,  ainsi  que  Mondhir  et  ses  Arabes  ([ui 
prirent  fait  et  cause  pour  lui  et  se  mirent  en  marche  avec  dix  mille 
guerriers  complètemeni  armés.  Xrrivés  sous  les  murs  de  Aladàïn,  ils 


HISTOIUK   DKS  ROIS   DES  PERSES.  551 

jLfi_3  ]j-«.<^I  'J  cUa.:^J  .>^]^L  f_^l^ls  ^^  <_,  ^Ul  ^!  ^^^ 

tiLïl  )l  ,_y|  jjjj  L  j^^-r!  j?^-vsj  t^'v.?^  t:jLku^  (^L^iÀ/o  Jou)  /«l-pf^  (î^ 


y  elabliix'iil  leur  cain|)  et  finoyerent  des  messages  aux  jneinbres  du 
conseil  d'élection,  leur  reprochant  sévèrement  d'avoir  refusé  le  pou- 
voir à  celui  qui  y  avait  le  plus  de  droits,  c'est-à-dire  à  Bahràm.  Ces 
personnages  leur  répondirent  en  proposant  une  entrevue.  On  se 
réunit  et,  après  de  longues  conversations  et  discussions,  Bahràm 
leur  parla  ainsi  :  «  Sac  liez  i\no  je  n'abandonnerai  pas  mon  (boil  cl  ne 
laisserai  pas  le  pouNoir  à  un  autre.  Si,  à  présent,  vous  me  remettez 
le  pays  voloiilaircment,  je  vous  témoignerai  ma  gratitude,  je  vous 
traiterai  avec  équité  et  bienveillance,  je  vous  reconnaîtrai  vos  droits 
et  vous  délivrerai  de  la  crainte  que  vous  nourrissez  de  me  voir  imiter 
le  mauvais  gouvernement  et  la  tyrannie  de  mon  père.  Mais,  si  vous 
vous  déclarez  contre  moi  et  si  vous  persistez  à  donner  à  un  autre  ce 
qui  me  revient  légitimement,  je  vous  ferai  voir  les  étoiles  en  plein 
midi,  je  vous  aurai  de  force  et  traiterai  chacun  de  vous  comme  il 
l'aura  mérité,  pour  m'avoir  méprisé  et  pour  m'avoir  repoussé.  »  Ils 
répondirent  :  «  Séparons-nous  aujourd'hui,  en  prenant  rendez-vous 
pour   demain.  »    Bahràm    et   Mondhir   retournèrent   au    camp.    Les 


552  IIISTOIKK   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^ol^mi  ^^-JL-b^j   L^^-AX    J,t    |?L^2_*^    3^;.^..:^.    J.!   i?Uij_!0.    j)t^.^    J^t   |îU.b-)0 

jf-«-ey  a*  ^It  p»-^->>^'-^  c^l?  >-?"^-^  J^'  c>'  ^  ^  ^^  "^^-^  r^^ 


membres  du  conseil  flélibérèrenl  entre  eux  et  discutèrent  pendant 
longtemps.  Les  uns  étaient  pour  Baliràm,  d'autres  pour  Khosra, 
d'autres  encore  pour  un  troisième,  et  leur  dissentiment  augmenta. 

Quand  ils  furent  réunis  le  lendemain,  Bahràm,  après  les  avoir 
laissé  parler  longuement  en  gardant  le  silence,  prit  la  parole  et  dit  : 
"On  n'a  droit  au  pouvoir  souverain  cpie  par  deux  supériorités  :  la 
naissance  et  le  mérite.  Or  vous  savez  que  je  suis  plus  noble  de  nais- 
sance que  celui  vers  lequel  vont  vos  préférences,  que  mon  éducation 
est  meilleure  que  la  sienne  et  que  j'ai  plus  de  valeur  que  lui.  Mais  si 
vous  doutez  de  ma  supériorité  sur  lui,  placez  la  couronne  royale  entre 
deux,  lions  féroces,  et  celui  de  nous  deux  qui  la  prendra  aura  droit  à 
la  royauté.  Si  c'est  moi  qui  la  prends  et  qui  sors  vainqueur,  alors 
prêtez-moi  le  serment  d'hommage  et  proclamez-moi  roi;  mettez-moi 
ensuite  à  l'épreuve  et  observez  ma  conduite  :  si  vous  en  êtes  satisfaits, 
tant  mieux;  sinon,  je  prends  envers  vous  l'engagement,  je  le  jure  par 
Dieu,  d'abdiquer;  je  serai  comme  l'un  de  vous,  prêterai  le  serment 
d'hommage  à  qui  vous  l'aurez  prêté  et  me  soumettrai  à  celui  à  r[ui 
vous  vous  serez  soumis!  » 


HISTOIRK   DES  ROIS   DES   PERSES.  553 

_\-AjuL^  f>)   *_>i->\L^  ^j^,>x_«*!  l»w.vii^i»  >_tU^>o  |»„Ni>|y,*j  ojtjL«i  ^j-o  «jLvii» 

^^  g  >!  (j^-^  ■ij-'?— 'L  <_^^^P-vi3_j  L^.>_a.|  «lJI  jUi  L^lJI  c_s«iwo^  (-Lg^ 

'''   Mss.  ^jjujLo.  —   -    Maïuiuc  dans  ('.. 


La  pioposilioii  (le  I5;iliràm  ayant  été  agréée,  on  fit  venir  doux  lions 
féroces  el  allâmes  et  on  plaça  la  couronne  entre  eux.  Bahràni  dit  à 
Kliosra  :  «Qui  de  nous  deu\  ira  le  premier.^ —  Toi,»  répondit 
Khosra.  Alors  Bahràm  alla  hardiment  vers  les  lions.  Assailli  par  l'un 
d'eux,  il  le  frappa  avec  la  massue,  et  le  fauve  s'enfuit  loin  de  lui. 
L'autre  l'ayant  assailli  à  son  tour,  il  lui  asséna  un  coup  de  sabre  qui 
le  décapita.  Puis,  ayant  pris  la  couronne,  il  la  posa  sur  sa  tète.  Un 
grognement  de  satisfaction  s'éleva  des  rangs  de  ses  compagnons.  Le 
premier  (pii  lui  prêta  le  serment  d'hommage  fut  Khosra,  celui  qui 
venait  d'être  dépossédé  de  la  royauté,  puis  Mondhir  et  son  lils  No'màn  , 
ensuite  les  autres  marzebàn  et  les  principaux  dignitaires.  La  joie 
était  générale  parmi  l(\s  gens,  en  particulier  parmi  les  Arabes,  parce 
que  J3ahràm  était  leur  nourrisson,  qu'il  avait  grandi  parmi  eux  et 
cju'il  était  leur  ami. 


554  HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES. 

<->  ^l^i-^U  r^'^  ^^^.a.^^I^  o-^'  a'^  f*!?^  <-*-^^-'l  ^^  L^ 
^  ^v-iJ'  ^*-^-i  jLs-?  <_aIx  *LuJ!  ^  ^^iA^SsJt  \j.^j<s\j  4-^  ^^^ 

l  g  jl  ^1)  L_Ji^_S_5  -»_!!>s_A^  iiw_A_**J[     •),-■■<]  ^4._Xà.^  "^b  ■^~w|  (^_^>2*-  ^♦-llïs^.vX^ 
'"'   M  JUi.  —   "-'   Manque  dans  C.  —  ''''   Manque  clans  M. 


REGNE    OF.    BAHRAM   <)L    BAH  l'.AM-l),IOl  R ,   FILS   DE    YAZDEDJERn. 

Lorsque  tous  eurent  prêté  le  serment  (riiommage  à  Bahrâm, 
celui-ci  tint  une  audience  publique.  [1  ceignit  la  couronne  au  milieu 
des  grands,  c'est -à-<lire  les  hauts  dignitaires,  les  marzebàn  et  les 
chefs  du  peuple,  qui  lacclamèrent  de  leurs  vœux,  comme  ils  avaient 
coutume  d'en  adresser  à  un  nouveau  roi,  et  commencèrent  par  faire 
son  éloge.  Bahràm  dit  :  »  Epargnez-moi  aujourd'hui  vos  louanges; 
attendez  que  je  les  mérite  de  vous  par  ma  bonne  conduite  envers 
vous.  »  Ils  répliquèrent  :  «  Nous  n'avons  pas  besoin  d'attendre,  ô  roi. 
Ce  que  nous  avons  vu  de  toi  et  ta  prééminence  que  nous  connais- 
sons par  le  fait  prouvent  sullisamment  que  tu  mérites  toute  louange 
et  tout  éloge.  Loué  soit  Dieu  qui  nous  a  donné  un  roi  tel  que  toi  et 
qui  ne  nous  a  pas  privés  de  l'avantage  de  vivre  sous  l'ombre  de 
ta  protection  et  de  recevoir  pour  nous  guider  la  lumière  de  ton 
règne!  »  Bahràm  inaugura  ensuite  son  gouvernement  par  des  actes 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  555 

.::..^:M>  4^   Jjl  Cîlli  ^LS^ijiir!  il    .  i^  ^^j^   U  jj^t  ^j   Jl^"^! 

'^iIIjl^L^  ^i^U!  j^^.Aii;j|  «Il  â^oo  /*L^  o)^  ■•i'I^Lo!  e)l^'^  't-^-^' 
<_6jyJL  :>Uj;^'^|^  JjJ  ^  J  J-Sôo  ^LSv3  t^Lii'L  L^^..^  ^^U50 


(le  justice  et  de  houle  II  (liiniima  riinpùl  (lu  peuple  et  s';ic(piitt;i 
envers  tous,  grands  et  petits,  de  ce  ([ui  leur  était  dû.  il  «dressa  ses 
ordres  aux  rois  vassaux  de  toutes  les  provinces,  de  près  et  de  loin, 
et  ceux-ci  lu!  repoiidireiil  par  des  déclarations  de  soumission  et 
d'obéissance.  Il  éleva  à  un  plus  haut  ranji^  Mondhir  et  son  fils  No'niàn, 
en  fit  ses  amis  intimes,  leur  conféra  des  robes  d'honneur,  leur  donna 
des  richesses  de  toute  sorte  et  nomma  Mondhir  roi  de  la  région  com- 
prise entre  Hira  et  le  Hidjàz.  Ce  fut  là  le  commencement  de  la  fortune 
(pii  venait  aux  Arabes  et  le  premier  indice  de  leur  puissance. 

Bahràm  était  unique  parmi  les  rois;  il  possédait  de  vastes  con- 
naissances et  le  talent  de  parler  facilement  les  langues.  Les  jours  de 
cérémonie  et  d'assemblée,  il  parlait  aral)e;  il  parlait  j)ersan  les  jours 
des  revues  des  troupes  et  des  distributions  de  la  solde;  l'idiome  deri, 
aux  audiences  publiques;  pehievi,  en  jouant  au  jeu  de  paume;  turc, 
pendant  le  combat,  et  l'idiome  de  ZàbouUstàn  à  la  chasse;  en  traitant 
des  matières  de  droit,  il  se  servait  de  l'hébreu;  pour  les  questions  de 
médecine,  de  l'indien;  pour  l'astronomie,   du   grec;   étant  sur  un 


556  HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES. 

o)'»^  fy-  çy  ^'  ^jjj 

i»  Mss.  y,.  —  '^)  M  ç^^^  p^  45JJ  ^  x.1^;  u^  'N?)  (^  t5'>^  (:^  ;'^-  '"  —  '^'  3^- 


navire,  il  parlait  en  nahaléen,  et  avec  les  femmes  dans  Tidiome  de 
Hérat. 

Ibii  Khordâdhbeh   rapporte,  d'après  Haïtliam,  fds  de  'Adî  :    «Le 
.râwiya  Hammàd    a    raconté   d'après   Simâk,    lils  de  H^'^i'l^^    f{UP    If 
rdwiya  de  Hîra,  Sauwâr,  lils  de  Zaïd,  fils  de  Adî,  fils  de  Zaïd,  avait 
récité  les  vers  suivants  composés  par  Bahrâm-Djoûr  : 

Les  créatures  de  toute  la  terre  savent  qu  elles  sont  devenues  mes  esclaves. 

J'ai  soumis  à  mon  pouvoir  leurs  rois;  j'ai  tué  leurs  maîtres  et  leurs  sujets. 

Et  cpiand  le  roi  d'un  pays  me  bravait,  j'armais  contre  lui  des  bataillons  et  des 
armées; 

.Mors  il  était  obligé  de  faire  sa  soumission,  ou  je  le  ramenais  avec  moi  et  il  se 
lamentait  de  ses  chaînes  et  de  ses  entraves. 

On  cite  encore  de  lui  les  vers  qu'il  a  composés  à  l'occasion  du 
combat  qu'il  livra  au  Khàqàn  : 

Je  lui  disais,  lorsque  j'eus  taillé  en  pièces  ses  armées  :  Tu  ne  me  parais  pas  avoir 
entendu  parler  des  exploits  de  Bahràm. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  557 

(^Li.  a]  (J^ÎÏ  i)  *iU*  ^Jà.  li^  l-fr^  0*'^'-*  '^^-^  <^'-^  a  'S 

dXljjj  <(  Lois:?!  «Ojw  s^^Jt  Ub  «Oili^  ^J  Jli 
(«)  ^j*JL^  J-J«-X_*it  JuL^i"^!  (5)^ji^  jLf"^!  s^jj  r»|;-«-N^  JilUl  LiJC-wl  Lll 

CilUt    ^;p5ww    ^^^_A^    ^?t_^    i_>Ls^l    ^U    V>^1j    *L^L    S^-i-4^    ^J^-i"^! 

j^_>^-c  <Jj_LLt  :s),vr-6-»!  o^  J>  ^J~'  '-^-^^^^h  <-i>-*-^'  '-^  sjLs^s"^]^ 

"'  Mss.  xjy.  —  '-'  M  *Jj.  —  '^'  M  ajoute  :  «JL«w_jj  >Ujt^^_ji>  -1^  ^^  -U  (ce  qui  est 
une  variante  du  second  hémistiche).  —  '*'  Cette  rubrique  manque  dans  M.  —  >*'  C  JiaAj}- 


Kt  que  je  suis  le  défenseur  de  tout  l'cnipirc  des  Perses!  Malliciir  ;i  un  ciMpirc  c[ui 
n'a  pas  de  défenseur! 

11)11  Khordàdhbeh  ajoute  :  «  Quant  aux  poésies  que  citent  de  lui  nos 
compatriotes,  en  voici  un  vers  : 

Je  suis  ce  lion  sanguinaire  et  je  suis  ce  tigre  furieux.  Je  suis  ce  Bahrâin  Gôr  et  je 
suis  celui  qui  est  surnommé  Boù  Djabala  ! 

BAHRÀM  TOMBE  SUR  LE  KHÂQÀN,  ROI  DES  TURCS. 

Lorsque  Bahrâm  fut  solidement  établi  au  pouvoir,  qu'il  eut  distri- 
bué les  gouvernements  et  qu'il  se  fut  débarrassé  de  toutes  les  affaires, 
il  se  livra  entièrement  aux  plaisirs  des  réunions  intimes  et  de  la  com- 
pagnie des  femmes,  s'abandonna  aux  passions  de  la  jeunesse  et  cumula 
l'ivresse  du  pouvoir  et  celle  du  vin.  On  lui  présenta  un  rapport  tou- 
chant les  propos  du  peuple  qui  disait  que  le  roi  ne  songeait  qu'à 
boire  et  à  se  plonger  dans  les  plaisirs  et  les  orgies.  Il  inscrivit  sur  la 


558  HLSTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

V— J=-*-    4)^-?'L«-f  "^-^sJ— c  IjJ      1>   f»^^^^^-''^'  t^-î^^  K-M^  c:)~^  rT^  "^ 
Li^jJ  4)1  Silc  Jli  ^1  Jlc  :>v_;  i-J  jJ-U!  ,jp;plt  er°  O^  '^  '"  '^-t^'-^^J 

f« — *-^ — * — ■'!  ^'  ij^."^Us^  tj  '-Sjr^  ''^^vj-^  ('^-J^  fj  "^y*  "^  LiJuJj  <Ls?- 


i'*  Ces  mois  inuii(]ueiit  clans  M.  -      -    Mss.  ^w».  —  '■'   C  yji-  —  '''  Mss.  iOs^aiJi. 


requête  cette  note  :  «  C'est  là   la   coutume  des  rois,  lorsque  la  paix 
règne  et  que  les  sujets  vivent  dans  l'abondance.  » 

Le  Rliàqàn  des  Turcs,  ayant  appris  que  Bahràni  ne  sortait  jamais 
de  1  ivresse  et  s'adonnait  sans  cesse  aux  divertissements,  espéra  pou- 
voir le  vaincre.  Il  s'avança  avec  cent  mille  hommes  vers  le  Djaïhoûn 
et  traversa  le  fleuve.  Cet  événement  parut  très  grave  aux  grands  de 
rîrânschahr,  qui  en  étaient  effrayés  et  bouleversés.  Ils  en  informèrent 
lîahrâm,  qui  lui-même  ne  l'ignorait  pas,  lui  parlèrent  longuement  et 
lui  conseillèrent  de  prendre  des  promptes  mesures  contre  le  danger, 
et  de  porter  remède  au  mal  cpii  venait  d'atteindre  l'empire.  Bahràm 
se  borna  à  répondre  :  «  La  laveur  de  Dieu  ne  nous  lait  jamais  délaul 
et  nous  avons  entière  confiance  en  lui.  »  Il  ne  renonça  pas  à  se  donner 
carrière  dans  les  arènes  du  plaisir  et  continua  à  se  livrer  avec  excès  à 
la  chasse  et  à  la  vie  joyeuse.  Puis  il  partit  pour  l'Adharbaïdjàn  pour 
y  faire  ses  dévotions  dans  le  temple  du  Feu  et  pour  se  rendre  ensuite 
en  Arménie,  afin  d'y  chasser  dans  les  bocages.  Il  laissa  comme  son 
lieutenant,  chargé  du  gouvernement,  son  frère  Narsî,  et  emmena 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  559 

<—>>~^   ^!  <<_JL.,>ia_gJ  ^j-^^\   ^j-^\  t-^V'-a-J  ^LMyÀj]  >i.\_>sii:  ,j-«   iJ^y^j 
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avec  lui  un  ccrlain  noiiibre  de  personnes  d  entre  les  jj^iands  el  un 
corps  des  meilleurs  cavaliers.  Les  gens  prenaient  son  départ  pour  une 
fuite;  ils  croyaient  qu'il  fuyait  Tennenii  el  qu'il  abandonnait  son  pays. 
ils  résolurent  de  négocier  avec  le  Kliàqàn  et  de  chercher  à  prévenir 
ses  hostilités  en  le  satisfaisant  par  une  grande  somme  d'argent.  Ils 
exécutèrent  ce  projet  et  s'engagèrent  à  lui  payer  cette  somme.  Le 
Khâqàn  consentit  à  leur  demande  et  s'arrêta  à  Marw  pour  attendre 
ce  qu  il  devait  recevoir  deux;  il  y  demeura,  s'abstenanl  de  ravager  le 
pays,  dispersa  ses  troupes  et  envoya  ses  chevaux  au  pâturage. 

L'un  des  espions  expédiés  par  Bahràm  étant  revenu  auprès  de  lui 
et  lui  ayant  rendu  compte  de  l'état  des  choses,  Bahràm  se  rendit  avec 
ses  compagnons  au  Djordjàn,  de  là  à  Nasa  et  marcha  rapidement 
sur  Marw,  où  le  Khàqàn  demeurait  immobile  et  dans  une  parfaite 
quiétude.  Il  le  surprit  pendant  la  nuit  dans  son  camp,  ht  périr  la  plus 
grande  partie  de  son  armée,  le  tua  de  sa  propre  main,  s'empara  de 
ses  chevaux,  de  ses  armes  et  de  ses  femmes,  et  prit  possession  de  son 
pays,  (ju'il  fit  gouverner  par  ses  propres  officiers.  Puis  il  retourna 
dans  1  Adharbaïdjàn,  emportant  avec  lui  la  tête,  la  couronne  et  les 


560  IIISTOIUK   DES  ROIS   DES   PERSES. 

Lg-)jL>.«    ^vvslifc.    =L*4sJ    S.X>wtv  ^*JL^    -»Ju  jUJl  v;i/-Aj  ^j-e    _UJ|   j^^^-AJotAj 

«UJÎ^  *|j^\'|  Jys:]j  -LJJi\ y:..<:i^\è  L^  ^^^^  Je  jju^lj 
u  ijL,^ij_Jl  iO^-A_fl-JL  «L-jjLvàJl  cLs*iJ!  JwXjj  ^  ■'  <jjvjs^  <<_«-lj  jbi  ,j-« 


richesses  du  Khâqàn.  Il  fit  suspendre  la  couronne  au  temple  du  Feu 
et  obligea  la  khâtoûn,  la  principale  femme  du  Khàqân,  avec  ses  esclaves 
de  servir  dans  le  temple  et  de  faire  partie  de  la  troupe  des  gardiennes 
du  Feu.  H  continua  ensuite  sa  route  jusqu'à  Madàïn,  où  il  s'installa 
sur  son  trône.  Ses  amis  furent  dans  la  joie  et  ses  ennemis  tremblèrent, 
les  tributs  lui  arrivèrent  et  les  adversités  s'éloignèrent.  Il  se  montra 
disposé  à  la  pak  vers  laquelle  inclinait  l'empereur  et  lui  accorda 
une  trêve  en  lui  imposant  de  payer  chaque  année  deux  millions  de 
dinars,  à  part  les  présents  qu'il  olfrirail  à  titre  d'hommage. 

BAHRÀM   Sr.    l'.EM)   DANS  L'I.N'DE. 

Baliram,  ensuite,  mettant  à  exécution  un  désir  avec  lequel  il  se 
portait,  se  rendit  sous  un  déguisement  dans  finde.  11  y  donna  de 
telles  preuves  de  son  courage  et  de  sa  force,  en  tuant  des  bêtes  lé- 
roces  et  des  éléphants  qui  ravageaient  la  contrée,  que  sa  renommée 


HISTOIRE  DES  ROIS    DES   PERSES.  561 

s-  _  _ 

^^—a-J^   L<L_)j    .__>jL*jJl    J,l   (^5ioi^^.Sk.|^  ^SU^-àJ  ^    ^^5ol=».|   <.^>>o  iajâ^   ^i 
;.;:,/Jl-AUiJ  j^J^    Jj|   ij-ijlj    <.UjJ  ^Lo    U   <'L*3|   t^l^^wCj   <jU1     a-**^:»-   ^ 

('•i;  L_)iX.^sQ_jc_<i  <_j^>o   I  <-Jv3  »^5^  ^-*J|  jL*v4  "OJ-E  -^v^  '^^■^«-^Jl  >-i|«-Lo  ^j^ 

('!   Ma.Kiuf  dans  M.  —  (-i-   > 


inspira  au  roi  Schankalal  l'envie  de  le  voir.  Il  le  fit  a|)|)eler  et  lut 
charmé  fie  ses  ])eilerlioiis.  il  le  (jueslionna  sur  sa  situation  présente 
et  sur  son  ])assé.  Hahràni  lépondil  :  i  Je  lais  partie  de  la  cour  du  roi 
Bahrâni.  J'ai  renij)li  dans  son  service  une  charge  dans  laquelle  je  n'ai 
pas  su  obtenir  tout  à  fait  son  aj)probation  et  le  contenter,  ce  qui  me 
valut  son  déplaisir.  Cette  disgrâce  me  lit  craindre  pour  ma  vie  et  me 
lorça  de  m'expatrier,  en  attendant  que  sa  colère  contre  ma  pauvre 
personne  soit  apaisée.  »  Schankalat  lui  dit  :  1  Voilà  pour  moi  une  occa- 
sion favorable  pour  faire  de  toi  mon  ami  et  pour  ])ronter  de  ton 
éclatante  fortune.  Apprends  donc  que  tu  jouiras  de  ma  faveur  et  que 
lu  auras  une  haute  situation.  Traite-moi  comme  Irnlant  traite  ses 
parents.  "  Il  en  fit  son  convive  et  son  compagnon  de  chasse.  Les 
talents  et  les  merveilleux  exploits  qu'il  vit  de  lui  le  ravirent. 

H  advint  qu'un  ennemi  de  Schankalat  d'entre  les  rois  de  l'Inde  prit 
les  armes  contre  lui  et  arriva  à  ses  frontières,  résolu  de  lui  livrer 
bataille  et  de  lui  enlever  son  royaume.  Bahràm  dit  à  Schankalat  : 


502  IIISTOIUK    DKS   UOIS   DES    PKHSES. 

'    M    , yi  v«  -    ('.  I_^yi.l .   —    ''    .Maii(|ii('  dans  (',. 


".\eii\-lu  nio  cliarf>;er  de  le  coniliattre,  afin  que  je  te  débarrasse  de 
lui?»  Schaiikalat  répondit  :  "  Si  tu  l'ollres  avec  tant  d'empressement 
ei  volontairement  à  inr  lemplacer,  je  ne  doute  pas,  étant  donnée 
aussi  ton  heureuse  lortune,  de  ton  succès,  et  grande  sera  mon  obliga- 
tion envers  toi.  »  Bahràm  fit  ses  préparatifs  et  se  mit  en  marche  avec 
les  troupes  indiennes,  tandis  que  le  roi  ennemi  s'aj)proclia,  lier  de  sa 
puissance  et  |)lriii  de  conhance  en  la  lorce  de  ses  armes.  Quand  les 
deux  armées  lurent  en  présence  fune  de  fanire,  Bahràm  dit  à  ses 
hommes  :  >(  Protégez  )nes  derrières,  et  regarde/,  les  prouesses  (jue  j'ac- 
compbrai  sur  mes  devants.  »  Les  Indiens  firent  ce  qu'il  ordonnait. 
Alors  Bahràm  exécuta  sur  farmée  ennemie  une  charge  qui  ébranla, 
abattit,  brisa  et  dispersa  les  troupes.  Puis,  se  mettant  à  altacpier 
leurs  guerriers,  il  tranchait  la  tète  à  un  homme  avec  son  sabre  ou 
le  fendait  en  deux,  ou,  fenlevant  de  la  selle,  le  jetait  à  terre,  le  faisait 
piétiner  par  son  cheval  et  le  tuait;  contre  un  homme  portant  une  cui- 
rasse, il  lançait  une  flèche  qui  transperçait  le  corps  de  part  en  part 
et  s'arrêtait  dans  le  sol;  saisissant  deux  hommes  par  leur  télé,  fun 
de  sa  main  droite  et  fautre  de  sa  main  gauche,  il  frapjiait  ces  tètes 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  563 

iti_^;_A«  J^-^^-flJl  L_x_^=(9  jpjb-l  |*lp-gj  c_jLi^!  j-^\j  ■>-=-!  Ji^  cjjj^  "^ 

!3i(^5oi.  4!  Lx:>j  ci.J^^>-«i  <'  J-f^r-»  '  (Tr-**^-?-  ^1j  (fr^^  ^^^  ^'j^  f*T*^ 


riiiic  coiilre  rauliT,  de  telle  sorte  que  leurs  cerveaux  jaillissaient  et 
se  répaiidaicnt;  allacjuaiil  un  éléphant,  il  lui  labourait  la  trompe 
avec  le  sabre  et  la  Iraucliait,  délogeait  ceux  qui  le  montaient  et  le 
faisait  tomber  à  terre.  Les  troupes  ennemies,  se  voyant  près  dépérir, 
abaTidonnèrent  la  partie  et  s'enfuirent  en  proie  à  la  panique,  sans  re- 
garder en  arrière.  Les  gens  de  Bahràm  les  poursuivirent,  en  tuèrent 
un  grand  nombre  et  les  dépouillèrent. 

Schankalat  se  tenait  sur  une  hauteur,  d'où  il  voyait  ce  qui  se  passait. 
Quand  Bahràm  revint  avec  cette  grande  victoire  et  ce  gros  succès, 
le  roi  mit  pied  à  terre  devant  lui,  ht  des  vœux  pour  lui,  le  félicita, 
le  remercia,  mit  à  sa  disposition  son  pouvoir  et  ses  biens  et  le  ramena 
avec  lui  en  son  palais;  il  but  avec  lui  et  le  combla  de  gracieusetés. 
Lorsque  Bahràm  fut  sous  Tinlluence  du  vin,  il  lui  fit  connaître  son 
nom.  Schankalat  se  leva,  ne  cessa  de  se  prosterner,  baisa  la  terre  et 
se  tint  debout  devant  lui.  Bahràm  finvita  à  s'asseoir,  lui  adi-essa  de 
bonnes  paroles  et  loi  demanda  en  mariage  une  lille  qui  lui  était  née 


56 'l  IIISTOIRF.    DES   ROIS   DES   PERSES. 

.,   g  -^j.   3_*_'|  ui^j-àj  U  jj^t  -^J-W^-J  T"^!?  V-^^1^  4)^-6-àJ|^  <LsL-wil|^ 
J^  (2)^^^-3[,      g   ,•;•,  ^Is—jI  -"LjlLj  ^.âLâJ  i^L^j  J)l  Ixl  «OJC-à-xi  j|j-^y  "Co^l 

AS-MsJ^  *>vj«J   S_/«l   AaAx    "  (Sj^  ^ 
•"•  <_âJL^  iXje_«JU  oO^^iLtu^  ^4-j   (_jj|>>Jiy  4-Ssi^  C_a.>L*iv>o  /*lv-g-^  ^Lc  Lli 


fie  la  lilledu  Faglifoùr.  Schankalatla  lui  donna  pour  iemnie,  lit  passer 
sous  sa  domination  Daïbol  et  Mokràn  ot  les  contrées  adjacentes,  s'en- 
gagea à  lui  payer  tribut  pour  ses  autres  provinces,  lui  donna  de  l'or, 
de  l'argent,  des  armes,  des  éléphants,  des  parfums,  de  l'ivoire  et  des 
peaux  de  panthères  en  quantités  innombrables,  et  constitua  à  sa  fille 
un  é(piipage  d'une  richesse  prodigieuse.  Bahràni  partit  ensuite  pour 
rirànschahr,  ]Hiissant  et  généreux,  joyeux  et  p\()iu  d'entrain.  Schan- 
kalat,  l'ayant  accompagné  aussi  loin  (pi'on  |)()uvail  le  laiio,  prit  rongé 
de  lui  i'\  s'en  retourna. 

GOUVERNEMENT   DE   BAUHAM   APRES    SON    r.ETOLlH. 

Lorsque  Bahràm  fut  de  nouveau  installé  dans  sa  résidence  à 
Madâïn,  le  bonheur  étant  son  fidèle  assistant  et  la  fortune  son  alliée, 
l'univers  soumis  à  ses  lois  et  le  siècle  acceptant  sa  domination,  il  re- 
commença à  cueillir  les  fruits  des  plaisirs  et  à  prendre  les  prémices 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES    PERSES.  565 

|ftj  C^~^\j  ^;)-!S-i--v  ;5t-s^'  ^1^  LU^I   tj^j  ^[£.\Ui\j  ^[^j}\j  ;dÂj 

«Csi-Cj  «^Is^l  f^Jf^^J  <-'i^-i-£   «L>lL!  Je   <CvS<tJj    <-:>^-^    "^Wh?   Lf  (^^Jà/J' 
J — LxjJj^  jLjLjLJI  S^L«_*  JjIjoJ!   sJui^  |jJut;oi|^  f -^^J  |?Ujî)^ 

Jic    JiU'^l     <_^L,,^l_>5,    JsiLc'^l    (5)    cLfWJ    W^^^l    ;jUjJ    ^5^     p^'^^^ 

j|j_*v^i|    i.:^,»^-:».    ^_5L:i>    <_*.^.^^    «Lc^xJl   ^_pLv'    J^   ^>-*yl   vJ->^   c3^^' jjr** 


(les  jouissances.  U  accorda  à  tous  les  uiarzebàn  et  à  tous  les  grands, 
en  distinguant  particulièrement  certains  d'entre  eux,  des  allocations, 
des  robes  d'honneur,  des  gouvernements  et  des  fiefs  et  fit  remise  au 
peuple  de  l'impôt  de  sept  années. 

\oulant  |)<)ur  ses  sujets  ce  qu  il  voulait  pour  lui-mthne,  Bahràm 
leur  commanda  de  se  livrer  au  plaisir  de  hoire  du  vin  et  de  passer 
leur  temps  à  se  divertir.  Il  dit  :  «  Si  quelqu  un  d'entre  vous  n'est  pas  en 
état  de  subvenir  aux  dépenses  des  festins  et  des  divertissements,  mon 
devoir  est  de  lui  procurer  les  moyens  qui  lui  créent  des  loisirs  et  lui 
permettent  de  mener  une  vie  agréable  et  d'embellir  ses  jours,  tandis 
que  lui-même  devra  mettre  de  côté  toute  fausse  honte  en  m'adressant 
ses  demandes  et  en  comptant  sur  ma  générosité  et  ma  bonté.  "  En 
conséquence,  les  gens  s'abandonnaient  entièrement  à  leurs  réjouis- 
sances et  à  leurs  plaisirs,  se  livraient  sans  contrainte  aux  douceurs 
du  vin,  tout  en  iolàtranl  avec  les  joues  des  belles  et  les  seins  des 
vierges,  et  passaient  leur  temps  à  écouter  des  chansons  et  à  satisfaire 
leurs  désirs,  dans  une  parfaite  quiétude  et  une  tranquille  félicité 


560  IIISTOIUK    DES   ROIS    DES    PEUSES. 

y     11    fl    ')\j  oj|^L_fîJj^   ',l'i.L,^â_L|  1.1,/JJaLj;    ,^îiPî   J-W^^     cU^^I  t_iLc^ 

J,|  \j^j—s.  W  ^j-L-Ut  j  ^^j-^  ^!^_g-_>^t  ^xj^-iw-isâ.  >^|^LiJ]^  v-Wi 

\y-^\  (.i>iLc   ^^^^  s^jIi  jyJjs^ls   i^vJjj  *.J<-**J|  ^^J-*^  S->r-*^_[j   V'-*"— ^1 
(')  M  ^Loil.  ■-'   .MaïKiuo  dans  M.  —  W  M  JSJkd^ilL. 


et  dans  l'aisance  et  le  bien -être.  Il  s  ensuivit  que  les  marchés  demeu- 
raient vides,  qu'on  ne  trouvait  plus  d'artisans,  que  les  laboureurs 
abandonnaient  le  travail,  que  les  cultures  périssaient  et  que  le  com- 
merce et  les  transactions  cessaient.  Halirâm  fit  alors  proclamer  parmi 
les  populations  :  «  Allons,  retournez  à  vos  professions  et  occupez-AOus 
à  gaj^ner  votre  vie  depuis  le  lever  de  l'aurore  jusqu'à  midi,  et  livrez- 
vous  ensuite  au  ])laisir  de  boire  en  société,  de  façon  à  mener  de  front , 
chaque  jour,  le  devoir  d'acquérir  les  movens  d'existence  et  le  ])laisM- 
de  boiix',  le  labeur  et  la  jouissance!  »  On  se  conforma  à  ce  comman- 
dement, de  sorte  que  les  choses  rentrèrent  dans  fordre  accoutumé 
et  reprirent  un  cours  régulier  après  la  confusion  et  le  désarroi. 

Un  soir,  Balirâm,  en  revenant  de  son  parc  de  chasse,  passa  près 
d'un  groupe  de  gens  du  peuple  qui  buvaient  du  vin  sur  flierbe  au 
coucher  du  soleil.  Il  les  blâma  de  se  priver  delà  musique  qui  charme 
les  esprits.  «  Sire,  dirent-ils,  nous  avons  cherché  aujouid'hui  un  mu- 
.sicien,  en  offrant  cent  dirhems,  sans  ])()u\oir  en  Irouxcr.  ■  I3ahràm 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  567 

^  ^.>_i_g_J|  ic->-Q-<»>u'  <<oL3>^  %-/«!  'Ji  /♦-^  (•' Jà>js^  rî-€-?  u^*^  \j^\i 

«LJ^—va.^  J,|    -^J  ^^j_Ajt<uJ.t  ^U>c]^  ^^^^j]ai\  jl^vji.  ^^  ^"^t   <-Vjl   ^^! 
Li6> — .a-JSj    l   g  -S^i— b   (^   L^l3.  'KJ^.m^     .^  «j_iXx»   t:i>!^'o'  <30^^  ^j-»    ,5  >.:i.A.,sii^ 

<jj_5sJ!  jU  J,|j'..-*v  <2}\  ^w<iJl  wiijj  ^_;>o\''  (^Ik.s-j  ji-<s*J'  oj!:Aji-c 

'     M^sùjUm.      -    -'   M  ^^,**«wil  .    .  jljJi.  M  L*cUI.   —   ■'■    MaïKnii-  dans  C. 

—  (à)  M  o**à^  a. 


(lil  :  Nous  vous  en  procurorons.  »  Il  fit  écriiT  à  Schankalat  rinrlien 
|)our  (lomaiuler  ([uil  envoyât  à  sa  cour  quatre  mille  des  j)lus  habiles 
musiciens  et  des  meilleurs  chanteurs.  Schankalat  les  ayant  envoyés, 
Hahràni  les  dissémina  dans  ses  provinces,  ordonnant  au  peuple  de 
les  employer  et  de  se  faire  divertir  par  eux  en  leur  donnant  une  juste 
rétribution.  C'est  de  ces  hommes  que  descendent  ces  noirs  Loiiris 
dont  la  profession  particulière  est  déjouer  de  la  flûte  et  du  luth. 

FIN    DU   RÈGNE  DE  BAHRÀM-DJOÙR. 

Après  un  règne  de  vingt-trois  ans  qui,  à  cause  de  leur  charme 
et  leur  brièveté,  paraissaient  des  heures  fortunées  prises  sur  le  Temps, 
arrachées  aux  vicissitudes  du  Sort,  uniquement  consacrées  à  la  vie 
sans  soucis  et  aux  instants  de  plaisir,  Bahrâm,  ainsi  que  rapporte 
rabari,  se  rendit  à  Màh  de  Koùfa  pour  y  chasser.  Un  jour,  étant 


568  lUSTOIRK   DES  ROIS  DES   PERSES. 

•=L-6-^  <JLL)\  Jl   ■>  ?jLs^=],  «L6J>~c  A^Vr»-  ■>>^^-^|^  ■4-^9  -^ydl  (^  ^X^t  J 
Je  <./ULà_»i.  ^\b'|     >■  «.»-^  "OUj  ^_^^6ia»  ^-^^1  iij»-^<2_i  j_Jic  lv<çi-i    LjJlU. 

^l'i  Manque  dans  C  —  '■^'  M   pl^  âL^  ^1  axL^.  ■''  M   ^;LL5i^.   --   <"  Mss. 


monté  à  cheval,  il,  courut  après  un  àne  sauvage  et,  le  poursuivant  à  une 
grande  distance,  il  tomba  dans  un  puits  très  profond,  s'y  enfonça  et 
disparut.  Sa  mère  se  transporta,  avec  des  foules  de  gens,  à  l'orilice 
du  puits;  les  puisatiers  et  les  plongeurs  travaillèrent  à  en  épuiser  l'eau 
et  à  déblayer  l'argile  et  la  vase,  de  telle  sorte  qu'ils  en  formèrent  des 
hautes  montagnes;  mais  ils  ne  réussirent  pas  à  retirer  le  corps  de 
Bahràm.  Lorsqu  il  n'y  avait  plus  aucun  espoir  de  le  retrouver,  ce  fut 
pourles  gens  une  immense  calamité,  quileur  causa  un  chagrin  comme 
ils  n'en  avaient  éprouvé  pour  aucun  de  ses  prédécesseurs;  ils  étaient 
désolés  de  sa  mort  et  de  la  grande  perle  qu'ils  avaient  faite  en  lui.  Ils 
regrettaient  profondément  son  règne  florissant  et  heureux,  ses  belles 
actions  et  sa  bonté  envers  ses  sujets.  Ils  célébrèrent  pour  lui,  dans 
toutes  les  provinces,  des  lamentations  et  organisèrent  des  assemblées 
de  deuil  et  de  condoléance  pendant  longtemps.  Et  ils  dirent  :  «  La 
première  marque  de  reconnaissance  et  de  gratitude  que  nous  allons 
lui  témoigner  pour  sa  bénignité  et  pour  sa  belle  conduite,  c'est  de 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  560 

^Jw>  jr-^>~J  ^j^\  J~<s-s-â-i'  Jic  \j^\j  j?U.N^  f '^^J    '  A)^  ^  ^-^ 

^jw^_c  |j_^j_i>  ,;^>-!s^  (^]r*]^  f  ^"^1?  |^'*-***-^l'  t;"^  f"!/*^  ej--  ^y^^jr^- 
^j\  Lii  ^^1  4)  j^  y I9  ^.iwJj^  -L5vJL  ^,^1  er  fjLL^l  c>^^ 
Jj_Lj-  Jl^^t  ^L  ^j_^^!  Lilj  jL'il  J^^t  >-^:^  ^;t^!  ^;,^I 

">    Man<nn'(l;insM.  —  (2)   M^j. 


lui  (loiiiuT  (le  bons  successeurs  pris  parmi  ses  descendants,  de  prodi- 
guer notre  vie  à  les  servir  et  à  les  honorer  et  de  faire  tous  nos  efforts 
pour()l)lenir  leurenlière  satisfaction  cl  leur  amitié.  "  En  conséquence, 
ils  allèrent  se  prosterner  devant  Yazdedjerd,  lils  de  Rahràm,  et  lui 
déclarèrent  que  leurs  j)ersonnes,  ainsi  que  leurs  enfants  et  leurs  biens 
étaient  sa  rançon.  Après  avoir,  en  sa  présence,  pendant  quelques 
moments,  manifesté  hautement  leur  douleur  par  des  pleurs  et  des 
sanglots,  ils  dirent  :  «  Loué  soit  Dieu  qui,  ayant  réclamé  ce  qu'il  nous 
avait  confié  de  plus  précieux,  nous  fait  obtenir  ce  que  l'on  peut  désirer 
de  plus  excellent  et,  nous  ayant  éprouvés  par  la  plus  terrible  des  catas- 
trophes, nous  favorise  parle  plus  noble  remplaçant!  »  Ensuite,  se  pres- 
sant autour  de  lui,  ils  lui  prêtèrent  le  serment  d'hommage  et  le  pro- 
clamèrent roi. 

RÈGNE   DE  YAZDEDJERU,   FILS   DE  BAIIRÀM. 

Lorsque  Yazdedjerd,  fils  de  Bahràm,  eut  pris  le  pouvoir,  les  gens 
l'acclamèrent  de  leurs  vœux  et  dirent  :  «  Que  Dieu  te  bénisse,  ô  roi. 


570  iiisr(^iiu-:  DKS  ROIS  nF:s  pkrsks. 

^<^^'i  <^^^.  jUi  ^^.^j  JLJ!  'L;  ^  4)-3  4111  o^  0^!  <.! 

-■i^jj   Lo3    LfijLpl  <-^3jij  *^  J--àJl  Ux  41'!  Ulysi^  *^-^l5  r*'^^-**^' 


dans  l;i  royauté  donl  il  la  lavorist",  qui!  l'accorde  conslaniment  loiit 
bien  et  toute  prospérité,  loui  bonheur  et  toute  grâce!  Qu'il  rende 
pour  tes  sujets  Ion  règne  aussi  prospère  que  celui  de  ton  jière!  Car  sous 
le  gouvernenient  d'aucun  de  ses  prédécesseurs  ils  n'ont  connu,  comme 
sous  le  sien,  une  telle  aisance  et  tant  de  bien-être,  une  telle  opulence, 
une  existence  si  agréable  et  tant  de  contentement  en  général.  Certes 
tous  les  rois  précédents  les  avaient  bien  traités  et  comblés  de  bien- 
faits, excepté  un  seul;  et  c'est  le  fds  qui  a  réparé  le  mal  qu'avait  fait 
le  père,  qui  a  restauré  ce  que  celui-ci  avait  brisé  et  qui  a  fermé  les 
plaies  cpi'il  avait  causées.  Nous  demandons  à  Dieu  pour  ces  âmes  le 
salut  et  la  miséricorde.  Qu'il  veuille  leur  accorder  pour  nous  la  meil- 
leure des  récompenses!  Et  de  même  rju'il  l'a  donné  l'héritage  de  leur 
pays  et  de  leurs  cités,  qu'il  le  fasse  hériter  aussi  des  années  de  leur 
vie!»  Yazdedjerd  leur  répondit  :  «Que  Dieu  exauce  votre  prière  et 
donne  à  vous  d'abord  tout  bien  et  toute  grâce!  n  Puis  il  dit  :  «Nous 
avons  vu  l'attachement  si  sincère  que  vous  avez  témoigné  à  notre  père 
pendant  sa  vie  et  votre  si  vive  gratitude  après  sa  mort;  ces  sentiments 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  571 


VOUS  ont  créé  (les  droits  à  notre  reconnaissance  que  nous  n'oublie- 
rons pas  et  dont  nous  ne  tarderons  pas  à  ac(|uitler  la  dette.  Vous  aurez 
de  nolic  solluiludc  poui'  \oiis  et  du  soin  (lue  nous  |)n'ndi'()ns  de  vos 
allaires  des  preuves  dont  vous  serez  contents  et  qui  réaliseront  vos 
espérances,  par  la  volonté  de  Dieu  et  avec  son  agrément.  i> 

\  azfledjerd,  jx'iidant  un  certain  temps,  marchait  sur  les  traces  de 
son  père,  se  conlormait  à  ses  louables  laçons  d'agir  et  suivait  la  même 
ligne  de  conduite,  étant  facilement  accessible  et  faisant  droit  aux 
requêtes.  Ensuite  il  commença  à  se  départir  de  Ihabitude  de  se  pro- 
diguer par  de  fréquentes  audiences.  Mais  l'un  de  ses  fidèles  conseil- 
lers lui  ayant  représenté  que  cela  causait  de  la  peine  à  ses  sujets,  il 
leur  donna  satislaction  et  revint  à  l'excellent  svstème  auquel  il  les  avait 
accoutumés.  Puis  il  leur  dit  :  "  H  ne  laut  pas  que  la  familiarité  avec 
laquelle  vous  avez  été  traités  par  notre  père  et  fexcessive  bonté  qu'il 
vous  a  témoignée  vous  induisent  à  croire  que  cette  manière  d'agir  est 
obligatoire  pour  tous  ses  successeurs,  et  que,  si  l'un  d'eux  manque  à 
vous  reconnaître  tous  les  privilèges  que  notre  père  vous  accordait, 
vous  attribuiez  cela  à  son  orgueil,  à  sa  parcimonie  ou  à  sa  dureté.  Les 


572  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^  ^'i  ^'^  '' -^i  -ivj-^t  *'L,^iî-'«'«  «oLixj  ^il^_àjU  'LjAj^  iJjJo  ^J  i_/Jvi 
JjoJI  ^  1*  iU  J-ï~âJ  'Ol  ^  <->U  \j\jj  ^-<s-Ni»j  Lç  ]y^jj  W<»j^  LLs8_s 

y_»>_iJ|   ^  t_>Ls^=^|j  tXX.A,ajJî  ^J  «LiJU»^   ïjLjîjL   <iUL  <_wLa.^L 
*< ^    4__C4_J«   (^   ^U  l_d).i   U,  <^Oo  yÂJaJ.   iiXawLj  <..AiiJ»    <_>ls   »XÂ.,saJU|   U| 

sLii^  •'Lx-c'^t  Jlc  SuX_^]^  *l*^>^|  SjjUx»  -OJ-c  Jlj^ï»''^!  v^!  c)^ 
(')  C  lil.  —  1-^)  C  ii^\SJ,y  —  •''  M  »iJ^.  —  ("i  c  «a!. 


rois  n'ont  ])a,s  tons  le  niome  caractère  et  leurs  idées  diflèrent.  Chaque 
temps  a  son  usage  qui  ne  convient  pas  à  tous  les  temps.  Le  roi  ne 
mérite  pas  des  reproches  s'il  demeure  le  plus  souvent  inaccessible, 
s'isole  et  s'occupe  de  ses  afl'aires;  car  c'est  pour  améliorer  la  condition 
du  peuple,  pour  maintenir  dans  l'Etat  le  bon  ordre,  pour  combiner  la 
guerre  contre  l'ennemi  et  pour  enraverles  calamités.  »  Les  gens  accep- 
tèrent ses  raisons,  approuvèrent  ses  idées  et  adoptèrent  son  sage  avis, 
^azdedjerd  imitait  son  père  en  pratiquant  la  justice,  en  veillant  à 
la  bonne  administration  de  l'Etat,  en  se  montrant  bienveillant  et  en 
rendant  le  pays  florissant.  Mais  il  ne  suivait  pas  son  exemple  relati- 
vement à  la  chasse  et  à  son  goût  pour  le  vin.  En  ce  qui  concerne  la 
chasse,  il  l'abandonnait  complètement,  la  considérant  comme  étant 
de  mauvais  augure,  à  cause  de  ce  qui  était  arrivé  à  son  père  par  le  fait 
de  s'y  être  livré  avec  passion  et  continutdlement.  Quant  au  vin,  il  en 
usait  modérément  et  n'en  buvait  pas  souvent,  afin  de  n'être  pas  distrait 
du  gouvernement  de  l'Etat;  il  se  contentait  de  boire  une  ou  deux  fois 
par  semaine.  Il  considérait  comme  son  principal  devoir  de  délibérer 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  573 

^Lot   h)  J<Sj   J^-^jjJi^t  ^^'^  .-«■j    <-î-Ç;Ji<   «UtjJj;   >XaxjJ|^   .Xc^t 
^l_4ijj|   LaJ»JC>wL    <->L^|  (^^Ivisij    I^XÀ.»  jjs^  s^ii|^  y^jr^  C5-^**^   L?*>X::k.I 

«L^j!^!  .»j-?«^j  4[j^l  (^Us-cl  ^i,t  ^-iJ»  ^Ip-lt  Js^j^"^!  ■.^)<ju^j 


(i|  M 


AiWÎn^a^      fi<.>w%M     y.y^  • 


avec  ses  conseillers,  de  faire  sentir  la  rigueur  de  ses  armes  aux  enne- 
mis, d'accomplir  les  promesses  et  d'exécuter  les  menaces,  d'exercer  la 
clémence  envers  le  peuple  et  de  veiller  au  bon  état  de  l'armée.  Il  avait 
deux  fds,  Hornioz  et  Faïroûz,  qui  se  distinguaient  par  les  plus  nolilcs 
([ualités  et  possédaient  toutes  les  vérins.  Yazdedjerd  qui  craignait,  en 
désignant  l'undoux  pour  lui  succéder  au  pouvoir,  le  mécontentement 
de  l'autre,  laissa  le  soin  d'en  décider  aux  grands  de  l'Etat  et  aux  prin- 
cipaux marzebàn.  Le  règne  de  Yazdedjerd  prit  fin  après  une  durée  de 
dix-huit  ans  et  une  fraction,  temps  rempli  d'insignes  vertus  et  de 
belles  actions. 

RÈGNE   DE   FAÏROÛZ,   FILS  DE  YAZDEDJERD,   FILS  DE  RAHRÂM. 

Après  la  mort  de  Yazdedjerd,  ses  deux  fils,  Faïroûz  et  Hormoz, 
se  disputèrent  le  pouvoir  et  s'efforcèrent,  chacun  de  son  côté,  à  s'en 
assurer  la  possession.  Les  gens  prenaient  parti  pour  l'un  ou  pour 


57']  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

^■-Lj:   ^s^  ^4-J^*->i  j^  ^T^  ^^^y^^j  LxjLàJj  >i}ULiJ  SXjuit  <si-v3 

oJv_d)  Jk-sw  ^<^J>^:>  _vi  ^>w..J>v.'l  ^j^  jls  (•"' ;i-«>>J|^  j>jJ|  <3U  ^^^.aj 

L^_sj^i  (j^  *  *ji  >  ^^wjw  lAili^L)         L*,^.>.>->a  ji>.A-fg  ^Ls^*  ^jLxjj 
'■'   C  ^Jla^i.  1p  ,„^Jt  L^_y,i.  on  lit  :  gjb  (j^  J^Nil  oJ^Ii 

'•-''  c  c:yiji.  ^ji5JU.  dJL*  jLJI  .>JU1  i  aJu  ^jjJJu.  j^l 

'*'  M  j.jjl^  j*Js!l  .  T**'l?  i5<\*»l'  uî"^T*ty^"   P"'*'  après  deux 

*'  Ici  finit  if  chaj)itre  dans  C  et  le  cha-  pages  blanches,  vient  la  table  des  chapitres 

pitre  suivant  y  manque  entièrement.  .\près  de  la  suite  de  l'ouvrage. 


laulre.  et  il  survint  des  événements  qu'il  serait  trop  long  de  rap- 
porter. Puis,  les  deux  princes  en  étant  arrivés  aux  hostilités  ou- 
\prtes  et  à  la  guerre  déclarée,  ils  luttèrent  et  s'assaillirent.  La  bataille 
lut  ardente,  de  telle  sorte  que  les  sabres  et  les  lances,  enivrés  de 
sang,  fléchissaient  et  se  laissaient  choir  dans  les  poitrines  et  les 
membres.  Les  deux  frères  combattaient  l'un  contre  l'autre  tout  en 
pleurant,  ils  faisaient  preuve  d'une  égale  valeur  et  versaient  à  la  fois 
du  sang  et  des  larmes.  Ces  circonstances,  dit  l'auteur,  me  rappellent 
les  vers  d'Al-Bolitori  qui  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  et  de  plus 
"bloquent  qui  ait  été  dit  au  sujet  de  la  guerre  entre  proches  parents  : 

Bien  des  fois  des  chevaliers  dont  les  poitrines  bouillonnent  de  haine,  de  sorte 
que  leurs  cuirasses  deviennent  trop  étroites , 

Quand,  un  jour,  ils  combattent  les  uns  contie  ie^  .iuLie>  et  que  ieut  sang  coule, 
se  souviennent  de  leur  parenté ,  et  voilà  que  coulent  leurs  larmes. 


HISTOIRE   DKS   ROIS   DES   PERSES.  575 

■'  '  j  -  ■  1^  •-  iLSj  L«  à^\j  14*^        I  a  «»y  »  '  j-*l  ^i  y-;  Jt^-Îj 
L^.   <_wK   <JJ\l3«   <_*— iJ  <JolJ   ^.  ■wCjpiîi  ^_^  ^y^   S»-s<l>  d^H.»-*"    >o|  2i 

w..:^-^«>i^j  ^Ul!  e^_;U.  «Ci^j  ^Jo  ^>-6^  Iw^  ^T'  L^i-^^vJ  ^<^J!  -L^! 
^UJI  i.^!^  ^UuJl  ..d^^^l^Nl'!  ...ulJ^I,  ^jjyt  c^.  ^_^' 

^:.^"Uj  -3^J_5  js^  r^^j  *3Aol^j:Ji^"  J^.  ^LikJl  jj_*iL  _^j  ^ 

'  Dans  l'exemplaire  du  divan  d'Al-Bohtori  de  latiihliotheque  iialiniiale  nis.  ar.  3o86  . 
011  lit  , g  :  ■  •  et  v=^l»e-  —  '  '"^  vers,  dans  le  divan,  se  trouve  entre  les  deux  vers  yLw^j 
etooy^l  lil.         ''   Ms.  omLj.  —   'I  Ms.  ^j^JUI.  —  '*'  iMs.  o»jali. 


Une  nièlee  de  lances  brise  des  liens  sacrés  de  lamiilc.  Celui  qui  brise  ces  liens 
encourt  le  blâme. 

Ils  égorgent,  par  vengeance,  avec  des  mains  qui  à  peine  leur  obi'issent,  ceux  qui 
leur  sont  les  plus  chers. 

Puis,  quand  la  poussière  de  la  bataille  était  dissipée,  llormoz 
fut  trouvé  mort,  sans  tète,  et  avec  lui  trois  personnes  de  sa  famille. 
Faïroùz  les  pleura  et  pourvut  à  leurs  funérailles. 

Faïroûz,  ensuite,  monta  sur  le  trône  et  ceignit  la  couronne.  Alors 
le  ciel  retint  sa  pluie  et  la  terre  ses  ruisseaux;  les  vents,  ces  messagers 
que  Dieu  envoie  pour  annoncer  sa  miséricorde,  cessèrent  de  souffler; 
les  eaux  disparurent  sous  la  terre,  les  sources  tarirent,  les  cultures 
desséchèrent  et  les  arbres  ne  donnèrent  pas  de  fruits.  Le  ciel  demeurait 
fermé,  la  situation  était  grave  et  la  détresse  permanente.  La  famine 
dura  sept  années,  plus  funestes  que  les  années  de  la  famine  de 
Joseph.  Les  vivres  étaient  extrêmement  rares,  la  pénurie  et  le  dénû- 


576  HISTOIRE   DES   UOIS   DES   PERSES. 

^J--N^^l      <-«-jJp!     <^.^>lJjj     ÇjjjjJl^      XjI-^\     ^-^J^.      J.^j}\jy^\ 

3f3<J>  jUl  jJ.U  ^  ,_5ulsj    s_^iî_«_^i_J^  jjj^  Jys^is  >^U.»Jl   «LsSLJ|j 

,xJ-_^,  ^iL_wU  <j\  'J  <-S\Lc  jj^j  <-#9^  <Jc  (f^  ^L  i-d>  ,^5i;a^  <-«bl 
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ment  rég^naient  partout,  la  misère  et  les  souffrances  étaient  épou- 
vantaLles.  Les  oiseaux  et  les  bêtes  fauves  périssaient,  le  bétail  et 
les  bêtes  de  somme  succombaient.  Ce  fut  la  gi-ande  Catastrophe, 
rÉvénement  terrible.  Faïroûz  était  brisé  et  anéanti;  il  endurait  des 
tourments  comme  s'il  avait  un  fétu  de  paille  dans  son  œil,  comme 
si  un  os  obstruait  son  gosier,  comme  si  une  anxiété  oppressait  sa 
poitrine.  Il  considérait  comme  de  mauvais  augure  cette  adversité 
prolongée  du  début  de  son  règne,  de  sorte  qu'il  fut  sur  le  point  de 
s'en  aller  au  hasarfl  et  d'abandonner  son  royaume;  puis  il  fit  bonne 
contenance,  supporta  courageusement  finfortune,  se  mit  en  devoir 
de  pratiquer  la  générosité,  vint  en  aide  aux  hommes  par  ses  secours, 
et  porta  remède  à  leurs  maux  par  ses  bienfaits.  Il  leur  remit  fimpôt, 
leur  défendit  l'accaparement  des  grains,  ordonna  de  fermer  les  bu- 
reaux des  recouvrements  et  d'ouvrir  ceux  de  la  distribution  des  dons 
aux  pauvres  et  aux  malheureux.  Il  écrivit  à  tous  ses  gouverneurs 
dans  le  Khoràsân,  Tlràq,  le  Fàrs,  l'Ahwàz  et  les  autres  régions,  leur 
recommandant  d'agir  envers  les  gens  de  ces  pavs  comme  on  agissait 
envers  ceux  de  la  résidence  et  de  les  secourir  par  des  vivres  et  de 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  577 

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M  s.  AiUlj.  —  -i  Ms.  cjo4^. 


laire  le  possible;  pour  nu  |);is  les  laisser  périr;  il  jura  iori  et  lernie  (pie, 
s'il  apprenait  (pi'iin  seul  homme  dans  une  fie  ses  provinces  était  mori 
de  faim,  il  punirait  les  habitants  de  la  province  et  de  la  ville,  du 
village  ou  de  l'endroit  où  cet  homme  aurait  péri  et  qu'il  leur  infli- 
gerait le  chatimen!  le  phis  ligoureux. 

Quand  les  seiit  années  malheureuses  arrivèrent  à  leur  fin,  Faïroûz, 
un  jour  qu'il  s'était  rendu  à  la  campagne  pour  se  distraire  et  se  di- 
vertir, vit  un  bouquetin  dont  la  barbe  était  balancée  par  la  brise.  H 
faillit  perdre  connaissance,  tant  était  grande  sa  joie  de  rencontrer  cet 
animal  vivant  et  d'apercevoir  le  souffle  de  l'air.  H  descendit  de  cheval 
et  se  mit  à  rendre  grâces  à  Dieu  et  à  lui  adresser  d'ardentes  prières 
pour  (pi'il  ouvrît  le  ciel  fermé.  Pendant  qu'il  suppliait  ainsi,  les  vents 
se  levèrent  pour  rassembler  les  nuages,  le  ciel  laissa  couler  ses  outres, 
la  terre  fut  abondamment  arrosée  et  ses  parages  ruisselaient.  Ensuite 
Dieu  réveilla  la  terre  de  son  engourdissement  et  ranima  les  créatures 
qui  avaient  été  sur  le  point  de  périr;  la  disette  s'éloigna  et  l'abon- 
dance arriva,  les  produits  augmentèrent  et  les  prix  baissèrent;  tout 


Ô78  IIISTOIRK    DES   ROIS    HKS    PERSES. 

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LiaÀ.L  Liw44ji>£|  SjLàJ.!  <>^>^  ^*^  '^;r^  <<sl-c  u_>s-^2^J.>oJt  J,!  ^vU! 


prospérait,  les  Iribulalions  se  dissipèrenl,  les  calamités  cessèrent  et 
Faïroûz  rencontra  de  toutes  parts  des  sujets  de  satisfaction.  Il  se 
mit  alors  à  élever  des  constructions;  il  fonda  sur  le  territoire  de 
Raï  une  ville  qu'il  nomma  Ràm-Faïroiiz;  entre  le  Djordjàn  et  la  Porte 
de  Soûl,  une  autre  qu'il  nomma  lioûsclian-Faïroûz  et  dans  l'Adhar- 
haïdjàn  une  ville  qu'il  nomma  Scliahràm-Faïroùz. 

Le  rèp^ne  de  Faïroûz  était  solidement  établi  et  les  rois  reconnais- 
saient son  autorité,  à  l'exception  de  Kheschounwàz,  le  roi  des  Heyà- 
télites  à  Balkh  et  dans  le  Tokhâristàn.  Faïroûz  se  mit  en  marche  avec 
ses  troupes  vers  le  Khoràsân,  et  comme  il  voulait  atteindre  l'ennemi 
par  le  plus  court  chemin  pour  tomber  sur  lui  inopinément,  il  passa 
par  le  désert,  en  dehors  des  chemins  tracés.  Ses  guides  se  trompèrent 
de  roule,  de  sorte  que  la  soif  fit  périr  une  grande  partie  de  son  armée. 
Faïroûz  se  vit  forcé  de  venir  avec  ceux  qui  avaient  échappé  à  la  mort, 
dans  un  piteux  état  et  honteusement,  auprès  de  son  ennemi  et  de  se 
rendre  à  discrétion,  en  faisant  la  paix  et  en  prenant  l'engagement 
envers  Kheschounwàz  de  ne  jîlus  revenir  dans  son  pavs,  de  n'y  envoyer 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  570 

\|j^s.i::^À.  ï^Ljuoj  J^gjJl  ,^_j.b-âj^  j>>oJi  Jlc  <-Â.^Ji^  <jSi\  <jXtÀ.  4-^ 

<<_Jw\L_.Oj    "^bjj   -^^-^-^  <-vJ^   <j<Jt\\   J^i^\j   <<_J|  s-6-*^|   Jl^ls   i-^j;-^ 
^'     Ms.  A^AxJ.  '-     Ms.  (jljU»^..4?'  jj*  Ai^l. 


aucun  corps  d'armée,  ni  d'attaquer  aucune  partie  de  son  territoire. 
H  lui  remit  un  acte  dans  lequel  il  attestait  d'avoir  pris  ces  enji^age- 
ments.  Alors  Kheschounwâz  le  laissa  partir  et  Faïroûz  retourna  dans 
son  pays;  mais  dans  sa  poitrine  roulaient  des  tourmeiils  et  bouillon- 
naient des  ressentiments. 

NOUVELLE  CAMPAGNE   DE   FAÏROÛZ  CONTIU'.  LE  l'AVS 
DES  HEYÀTÉLITES. 

Faïroûz  qni,  tourmenté  comme  il  était  par  la  ]iensée  d'être  revenu 
du  Tokhàristàn  avec  un  tel  échec,  trouvait  la  vie  intolérable,  fut 
poussé  par  l'orgueil  blessé  et  par  le  dépit  au  parjure,  à  la  violation 
de  ses  engagements  et  à  une  nouvelle  expédition  contre  Kheschoun- 
wâz. Il  résolut  de  marcher  contre  lui  et  prit  des  dispositions  pour  le 
soumettre.  Ses  vizirs  et  ses  marzebân  le  dissuadèrent  de  commettre 
une  action  injuste  et  le  mirent  en  garde  contre  les  suites  de  la  violation 

73. 


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HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 


Ms.  JoyS}.  —  '^'  Ms.  ijUk,-. —  '^'  Ms.  aJL**». 


du  serment;  mais  il  ne  fit  que  persister  dans  sa  volonté  d'agir  comme 
quelqu'un  qui  est  égaré  par  son  aveuglement  et  qui  fait  un  faux  pas. 
H  se  mit  eu  campagne  avec  son  armée,  partant  de  l'Ahwâz  et  se 
flirigoant  rapidement  vers  le  pays  de  Klieschounwàz  jusqu'à  ce  qu'il 
arrivât  en  lace  de  son  campement.  Klieschounwàz,  dans  un  message, 
lui  représentait  la  vilenie  de  son  action  et  sa  légèrelé  et  lui  reprochait 
sévèrement  de  s'attirer  la  honte  et  de  se  préparer  le  léu  de  l'enler,  en 
violant  le  pacte  qu  il  avait  juré.  Faïroûz  ne  prêta  pas  altenlion  à  son 
mes.sage  et  traita  Khe.schounwâz  avec  dédain;  il  persista  dans  sa  réso- 
lution de  lui  déclarer  la  guerre,  d'engager  les  hostilités  et  de  le  com- 
battre, et  il  indiqua  le  jour  qu'il  choisit  pour  lui  livrer  bataille. 

kheschounwâz  fit  creuser  derrière  son  camp  un  fossé,  large  de 
flix  coudées  et  profond  de  vingt  coudées,  le  fit  couvrir  de  planches 
légères  et  fégaliser  au  sol  avec  de  la  terre;  puis,  au  jour  fixé,  il  sortit 
pour  le  combat.  Lorsque  les  deux  armées  eurent  lormé  leurs  lignes 
debatailjf,  il  lit  demander  à  Faïroûz  de  venir  le  trouver  sur  le  terrain 
qui  séparait  les  deux  rangs  pour  conférer  avec  lui  sur  ce  (|ui  ne  pou- 
vait être  traité  que  dans  une  entrevue  personnelle.  Faïroûz  sortit  (les 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  581 

llsA  ^.-^l  LiJ^<si-c  wil'^  o^jl  ^1  ^^.w^.A^|  (,5^^^j  iS^y^=-  cr°  4-^  "^ 

Lli-j  «X-xJ!  ^  S-^jr-*^  (2)t^Lc^  '■^'-^  lJwNaj|^   <_*Ufc.2lt  iJ^ys» 
^J-»   Ij  >s    <^^«   '^-iS*-'5    «»>^^^   UJ>-*<0  \ j wO  ^_2k.«v£   Lg^l   Jà-vV   ^j    ,^1^ 


rangs  et  s'avança  vers  lui;  ils  s'arrclèrenl  lousdeuv  à  un  endroit  où  les 
deux  armées  ne  pouvaient  les  entendre.  Khescliounwàz  lit  fout  son 
possible  pour  le  Iléchir,  lui  parlant  avec  bonté,  le  suppliant,  le  met- 
tant en  garde  contre  les  suites  de  la  déloyauté  et  de  l'obstination  et 
ayant  recours  au  moyen  de  persuasion  qui  consistait  à  l'avertir  qu'il 
dégageait  à  son  égard  sa  responsabilité.  Puis  il  lui  dit  :  "  Sache  que  le 
langage  que  tu  entends  de  moi  ne  m'est  pas  dicté  par  un  sentiment  de 
pusillanimité,  ni  |)ar  la  crainte  de  savoir  mes  soldats  trop  peu  nom- 
breux. Mais  j'ai  voulu  mieux  démontrer  tes  torts  envers  moi  et  t'en 
convaincre  et  aussi  me  rendre  plus  digne  d'obtenir  l'aide  et  l'assistance 
de  Dieu.  Faïroûz  ne  daigna  pas  lui  répondre  et  tous  deux  s'en  retour- 
nèrent ce  jour-là;  ils  revinrent  le  lendemain  pour  livrer  bataille. 

Lorsque  les  deux  armées  furent  alignées,  Kheschounwâz  fit  exhiber 
au  haut  d'une  lance  l'acte  que  lui  avait  écrit  Faïroûz,  pour  que  les 
troupes  de  celui-ci,  en  voyant  ce  document,  reconnussent  sa  perfidie 
et  sa  déloyauté  et  refusassent  de  lui  prêter  leur  concours.  Les  gens 
de  Faïroûz  étaient  hésitants  et  se  demandaient  s'ils  devaient  combattre 


582  IIISTOIUK    I)1-:S   ROIS   DES   PKRSES. 

J^\  ^y^\  J^  <L^  \''  \yuX^,  f  ^,U^  JjUj-  'cU  ^^ 

\j^  SjLiî?'   <JUo,  ^^.4^_.  tJuuLJ  Jixiî  JJ^  jj^  ^\  fdJlj  i^LaIc 
''If  \/*     "•   "^   J~^  .j'   '-i'  <-JOs_^Lai^   <;OjL^  C)^!;    <-si]^J2wj  <^\yc,\j 

^.>— j  ^  L:^  j^  /^îr-'^'  w^~^^  "V"^^  ^^1  t-svaJj'  5^^-^  o>^  "^^-^^ 


•''  Ms.  iLjuJl.  —  (-*  Ms.  (_}L).   —  >''  Ms.  !,■;-.-    plus  bas  \^'...-  dans  lo  cliapilrc  du 
règne  de  Qohàdh  le  nom  est  orthographie  !và-_yw  et  aussi  Ci>»^     avec  le  teschdid   :  dans 


avec  lui;  aussi,  quand  les  deux  armées  furent  aux  prises,  ne  tar- 
dèrent-ils pas  à  s'enluir  et  Faïroùz  fut  entraîné  dans  leur  fuite.  Les 
troupes  heyatélites,  sur  l'ordre  de  Kheschounwâz,  leur  coupèrent  le 
chemin  et  les  forcèrent  à  traverser  le  fossé  couvert,  qui  s'effondra  sous 
leurs  pieds;  ils  y  furent  précipités  les  uns  après  les  autres  et  s'y  amon- 
celèrent, et  Faïroûz  y  tomba  avec  eux.  Les  Hevàtélites  les  eurent  en 
leur  pouvoir.  Les  Perses  subirent  un  désastre  complet  et  il  n'en 
échappa  qu'une  petite  troupe.  Kheschounwâz  ne  se  tenant  pas  de 
joie,  dit  en  riani  :  «Voilà  le  châtiment  de  celui  qui  agit  injustement 
et  déloyalement!  «  Il  demeura  luaitre  des  bagages  et  des  richesses  de 
Faïroùz  ainsi  que  des  personnes  de  ses  familiers,  de  ses  principaux 
marzebân  et  des  gens  de  sa  suite  jusqu'à  ce  que  Soùkhorrà,  le  mai- 
zebân  du  Sedjestàn  et  du  Zàboulistân,  vint  avec  son  armée  l't  hii 
adressât  un  message,  l'invitant  à  se  montrer  modéré  dans  le  triomphe, 
lexliortant  à  ne  point  pousser  les  choses  à  l'extrême  et  le  mettant 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  583 

<ij  >j  il  .i^p5L_-;;:^_i>  ij>l^l  J,!  I^j— *^  j?^  i^j.^aj\s  JUàJL  jlèj  |Wr 
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en  demeure  de  rendre  les  prisonniers  et  le  butin  ou  de  se  préparer  au 
combat.  Kheschonnwàz  se  décida  à  lui  céder  et  lui  remit  tous  les 
prisonniers  qne  Soùkliorrà,  après  avoir  obtenu  aussi  la  restitution  du 
bulin,  ramena  à  Madàïn.  Les  hauts  personnages  de  l'Etat  et  les 
grands  le  remercièrent,  célébrèrent  son  mérite  et  le  tinrent  en  grand 
honneur.  Balàsch,  lils  de  Faïroûz,  le  nomma  Sepahbadh  de  l'Iraq  et 
du  Fàrs.  Soûkhorrà  ne  cessa  jamais  de  jouir  de  la  laveur  de  ce  roi. 
La  durée  du  règne  de  Faïroûz  fut  de  vingt-sept  ans. 

RÈGNE  DE  BALÂSCH,  FILS  DE  FAÏROLZ. 

Après  que  Faïroûz  eut  subi  son  malheureux  sort,  ses  deux  fds, 
Balàsch  et  Oobàdh,  se  disputèrent  le  pouvoir.  Balàsch  l'emporta  et 
prit  possession  du  gouvernement,  tandis  que  Qobàdh  s  enfuit  chez  le 
Khàqàn,  le  roi  des  Turcs,  pour  lui  demander  aide  contre  son  Irère. 
Les  grands  et  les  principaux  personnages  de  l'Irànschahr  s'étant  as- 
semblés auprès  de  Balàsch  lui  prêtèrent  le  serment  de  fidélité,  se 


584  IIISTOIRK    DKS   1101 S    DKS   PERSES. 

^'^5w  J  J  «<_<sJ!  Ij-S^JJ    <-*Jl^    C^'Ij-O;}^  <!*  I^^i,   ^j\Sjtj  {^)sy^jjj 
U  ^|j   o«— 'lî  lli-  |?L^l>l9   <i!iL.  J-i-?;^  ^N-i1   ,^;>-*»»^  J^  Jv.sg-^^'^!  tp»;^-^ 

<_>>_)jv^    *.  i>|jL*i!Mo  uftLfu  «Coj.^  .iL^l  (^^Oj  ijL^t  C/»^!*  iJvXjlJ! 

^j^L;^   ii->o».|^   JS"^_çH(\*  ^^j_iJU_>Js.xi js^  ^l^i^  <$^J   (jy'^l  S-^r^  ioljLtv 

Jr^  ^5-_lo.j  ^â,AjJt  isL  i_^pju|  <_>  -ilLo  U  ^LS\-«ill  uk-i^  ^^L«.:i.^iL 

'    \laii(|iif  dans  C.  —  '-'   Ces  mots  iiiiiii(]iietil  clans  M.   —  1^1   C  j.UJI  (»L«ji)lj. 


souimrciit  a  ses  ordres,  le  coiiromièrciit,  le  félicitèrent,  racclamèreiil 
de  leurs  vœux  et  le  complimentèrent.  Us  le  prièrent  de  récompenser 
Soùkhorrà  le  Sepalibadh  pour  ses  hauts  laits  et  la  grande  bravoure 
dont  il  avait  fait  preuve.  Balàsch  répondit  à  leurs  discours  et  leur  ac- 
corda ce  qu'ils  demandaient.  Puis  il  inaugura  son  gouvernement  avec 
entrain  et  allégresse.  Il  répara  les  brèches,  redressa  ce  qui  joenchait 
et  fit  passer  avant  tout  la  justice.  (îomme  il  voulait  rendre  le  pays 
llorissant,  il  fonda,  dans  le  Sawàd,  une  ville  qu'il  nomma  Baiàscha- 
baclli,  (|iii  est  la  même  que  Sàbàl  près  de  Madâïn.  Dans  le  Ilolwàn  et 
le  territoire  de  Marw,  il  fonda  deux  villes  qu'il  nomma,  l'une  et  l'autre, 
lîalàschkird.  Par  sa  bonté  envers  ses  sujets,  j)ar  la  justice  dont  il 
laisait  preuve  dans  la  décision  judiciaire,  par  les  faveurs  (pi  il  accor- 
dait et  la  bienveillance  (ju'ii  montrait  dans  la  mesure  de  son  pouvoir, 
il  s'attachait  tous  les  cœurs  et  rendait  tous  les  hommes  heureux. 

Balàsch  exigea  des  habitants  de  chaque  province  de  fournir  leurs 
produits  particuliers,  ouvrages  rares  et  curieux,  vêtements  et  autres 
objets,  et  ordonna  de  compter  le  prix  de  ces  objets  dans  les  recettes 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  585 

|iLjtJt  ^iii\  ^j*JL^  ;i)t^!jJLjt;dl  i_^\y>  <j'^  J  «ucoJvj^  ^^  f  U^ 
'2)c^tijJi^  u-ir^l^  _U5^|,  ^%Jt^  ijLJlj  jU  -yJl^j  ^1 

^\j—^y-Jt)j    ^1 — kvL_st.    L-g.;^    :>j  w^JaJI  ^—K-^L   j^_ya>.A_i.^  ^_y3j_Na_l j^  J_-ics|j 


,^\!  ^_ji!xj  ~^LUo  (^  ^L^'^^ij.yo  LzJ,.    Q»J_*«m 


.tyilj.  ■'    Mt^^lJi^:  C-j^ULy 


(les  impùls  el  redcvancps.  Il  prit  à  son  service  des  bouDbiis  pour  l'ai- 
der par  leurs  ])laisanleries  dans  ICxpéflilion  des  affaires  sérieuses  el 
par  leurs  fantaisies  dans  son  applicalion  aux  choses  réelles,  et  aussi 
pour  le  mettre  en  bonne  humeur  et  lamuser  en  le  faisant  rire;  mais 
il  ne  leur  permit  pas  de  l'approcher  dans  trois  endroits  :  les  lieux  du 
culte,  les  audiences  publiques  et  les  champs  de  bataille.  Les  mets 
qu'on  lui  préparait  étaient  variés.  Il  y  avait  le  plat  du  roi  qui  consistaii 
en  viande  chaude  et  froide,  gelée  de  viande,  viande  au  vinaigre,  gelée 
de  poissons,  viande  au  riz,  feuilles  farcies,  volaille  marinée  et  purée 
de  dattes  au  sucre  candi;  le  plat  khorâsânien  qui  se  composait  de 
viande  rôtie  à  la  broche,  de  viande  cuite  dans  la  poêle,  dans  le 
beurre  et  le  jus;  le  plat  (jrcc,  préparé  avec  du  lait  et  du  sucre,  avec 
des  œufs  et  du  miel  et  du  riz  avec  du  beurre,  du  lait  et  du  sucre;  le 
plat  (les  dilicjàns  qui  consistait  en  viande  de  mouton  salée,  de  tranches 
au  jus  de  grenade  et  d'oeufs  cuits. 

Après  un  règne  de  quatre  ans  et  quelques  mois,  BaLàsch,  dans 
la   fleur  de  sa   jeunesse    et   dans   toute   sa    force,    suivit    la    route 


580  HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES. 

Jç^^jJO   ^    ils*   v^Xl* 

^'.JOç.    Ji^._Xl  ^\«U».   ^ w>  1  <Aifc.|  ^   ^«X^^s;L«_>  ^SUk.  Jjl   iLojLva   LlL 
1»   !.3s_^«    ^ ]>^  <'U  ^IsLÀ.  -^L_***_i  ïsX-ïLiv      »»J>Làfc.   4_p  ^.;i./yyOi3  ^_A.>w«<  ^)i 

LJL^^  hiLwL)  (^jJI  ^aàmJI  JùLo        h'T*"^  '^^^^-  iS"^^  ■Tjiiî'Jl  (jmJ 
11  -M  |.U^1  pL.ill.  —  -    C  oÔLii;  -M  l^^-^j  Ui^. 


([u  avaient  suivie  ses  pères  et  ses  aïeux.  On  pouvait  dire  de  lui  comme 
dit  Aboû-Tammàm  : 

Que  le  salut  de  Dieu  demeure  sur  loi;  car  je  vois  que  celui  qui  est  généreux  et 
noble  ne  vit  pas  longtemps I 

P.kcNK   Dli   QOIîÀDII,   KILS  DE   l'AÏnoi^Z. 

Lorsque  Qobàdli  vint  pour  demander  secours  contre  son  Irère  chez 
le  Khâqàn ,  celui-ci  le  reçut  avec  honneur,  lui  accorda  une  large  hos- 
pitalité, lui  donna  des  espérances  et  lui  fit  des  promesses;  mais  il  le 
traîna  sur  la  claie  de  l'atermoiement  et  lui  fit  attendre  la  réalisation 
des  promesses  près  de  quatre  ans.  La  Khàtoûn,  principale  femme  du 
KJiàqàn,  s'intéressa  à  lui,  fadopta  comme  fils  et  ne  cessa  d'agir  auprès 
de  son  mari  pour  qu'il  le  fit  partir  et  le  secondai.  Son  intercession 
•  •n  sa  faveur  finit  par  aboutir.  Il  en  lut  selon  la  parole  de  Farazdàq  : 

L'intercesseur  qui  vient  à  toi  couvert  de  son  vêtement  nest  pasconnin'  liiilerces- 
scurqui  vient  à  toi  nu. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  587 

As^    ^.    L^    J^    U-^    à^Ji^    C)^    (J-^J    0*^jl^    O"-^    ^^J-^.  X^ 
,  *         ùx   * 

^LLjl  il  .^^1  j^^  ^}^^  J\^\  il  ^^  <4^jj  J^  jr^! 

^k"^  ^JLsJt  j^  !f^j--  ''"..^^  c>'  -^bl^  ij^"^!  o*^LiJj  Jj^"^!  ^J^ 


Le  KluKiàii  le  lit  (loiif  pailir  avec  lirnle  mille  cavaliers.  Lor.sqiril 
arii\a  à  Naïsàhoùr,  Qobàdli  reçut  la  nouvelle  de  la  mort  de  Balascli 
el  se.s  alTain's  se  relevèrent  et  se  rétahliri'nl.  Il  Inl  de  lui  connue  dil 
'  \li  ihu  Djahni  : 

Je  saviiis  hieii  (|ik'  sa  mort  serait  ma  \'w. 

Il  liàta  sa  marche  vers  Madàin  où  il  arriva  sans  coujj  lérir.  U  s'assit 
sur  le  trône  royal,  les  grands  et  le  peuple  lui  prêtèrent  le  serment 
de  lldélité  el  il  lui  maître  incontesté  du  pouvoir.  H  confirma  Soù- 
khorrâ  dans  la  charge  de  Sepahbadh  et  lui  confia  la  haute  direction 
de  l'armée.  Il  expédia  les  troupes  aux  frontières  et  renvoya  l'armée 
hir(|ue  dans  son  pavs  après  l'avoir  largement  ])avée  et  fait  revêtir 
ses  chels  de  robes  d'honneur,  et  envoya  à  titre  de  présents  au  Kliàqàn 
el  à  la  khàtoiin  des  richesses  et  des  objets  jirécieux  en  cpianlité  in- 
nond^rable. 

Oobcàdh,  voulant  éloigner  Soùkhorrà  de  la  cour,  l'investit  du  gou- 
vernement du  Fàrs  et  le  ht  partir  pour  cette  province.  Or,  lorsque 


588  IllSTOlRb:  DES  ROIS  DES  PERSES. 

5. wé ^'1  ,>_^«  iLs-»  S^-^J3-s^  ^  <J>iS\jo  "^ki^  [zX-'  i-g^S-'!  ^->^-i->t«  ^j^\^ 

\jJj-^j  <^->J<^  J='a_^^  <'l=^  ^L^\  <A^  jr^^  il  J->-M-Jl  :>Llii^ 

^>^v^ls    .n^_j»^_jJLj    ^;;-^L    <xVLx^  <(   Ij^vjj    JxsLL'^l  J-r'jts'^t  «W^ 
<— ii_£  ^•Jajil  l.iLjii  <0>^  fLt*»Xil  ^Jlc  LiLà_^L  L'Si  1  >»,<  isLo   Ç-y^\  U-''^ 


Soùkhorrà  était  loin  de  la  cour,  les  détracteurs  et  les  envieux  trou- 
vèrent raoven  de  le  dénigrer,  de  le  diffamer  et  de  ruiner  sa  haute 
situation;  ils  lui  imputèrent  des  actes  coupables  et  représentèrent  au 
roi  la  nécessité  d'agir  promptement  contre  lui  en  le  destituant  et  en 
le  mettant  en  prison.  Qobàdh  les  écouta  et  se  laissa  tromper  par  leur 
langage.  Il  fit  venir  Sàhoûr  de  Raï,  qui  résidait  dans  cette  ville,  et 
l'engagea  à  se  rendre  dans  le  Fàrs,  à  mettre  en  chaînes  Soùkhorrà 
et  à  l'amener  à  la  cour.  Saboûr,  conformément  à  cet  ordre,  lui 
amena  Soùkhorrà  enchaîné.  Oobâdh  le  fit  incarcérer,  saisir  ses  pro- 
priétés et  confisquer  ses  richesses.  Mais  les  accusateurs,  craignant  que 
Oobadh  ne  lui  rendît  sa  faveur  et  redoutant  les  représailles  de  Soù- 
khorrà, produisirent  de  nouvelles  accusations  contre  lui  et  le  char- 
gèrent encore  davantage.  Alors  Qobàdh  donna  l'ordre  de  le  mettre  à 
mort,  éleva  le  rang  de  Sàboûr  et  lui  confia  la  direction  des  affaires. 
Les  gens  disaient  :  «  Le  vent  de  Soùkhorrà  a  cessé,  le  vent  de  Sàboùr 
s'est  levé.  »  Et  cette  parole  est  devenue  proverbe.  C'est  dans  ce  sens 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES. 


589 


.^4^   sSo    ^\j    <.:sLL   ^.   ^J»»-^i»  ^jlo   ^\  ^J   J<^\  <Jj-â~^.  ^Loi»  ^j  ^MjLxs 


{')  c.L>-tv  ^, 


4}jcj>  iLo  tjt^  ];)/^l  -i|ffiJ]^  e)^"^'  J)'  ^ 
iL_5  4)^JCj>  ^J  ^^yAxL*Jl  Je  l^-S^j  -»jW  ,.:>-***^ 

(I)   C  ^U.  —  '2'  M  ^L».  —  W   C  JI33L,.  Dans  le  Valîmat  alDahr  iras.  (!.•  la  Hihl.  nat. 
11°  33o8,  fol.  377  v»)  on  lit  :  JlOoL  i)l  Joi  J^. 


que  Lacldjàm  dit  à  propos  d'Aboîi  Màzin  Oaïs  ibn  Talha  et  d'Aboù 
Bekr  Mohaminad  ibn  Sibâ'  : 

Aboù  Màzin  est  parti  —  ce  n'est  pas  un  ilomniage  —  et  ini  vont  favorable  \ienl 
de  se  lever  pour  Ibn  Sibà'. 

Ainsi  la  Fortune,  étonnante  dans  ses  variations;  elle  ne  cesse  d'amener  après 
lies  lionuiies  vils  des  bonirn<'s  ignobles. 

I-.es  grands  et  les  chefs  d'armée  désapprouvèrent  Qobàdb  d'avoir 
lait  mourir  Soùkhorrâ  bien  qu'il  fût  entièrement  innocent  et  malgré 
les  hauts  faits  qu'il  avait  accomplis.  Us  se  jetèrent  sur  les  hommes  qui 
avaient  mis  tout  en  œuvre  pour  amener  sa  perte  et  les  tuèrent.  En- 
suite, comme  ils  craignaient  Qobàdh  et  appréhendaient  ses  sévices, 
ils  se  concertèrent  et  convinrent  de  le  déposer,  de  le  réduire  à  l'im- 
puissance et  de  proclamer  roi  son  frère  Djàmàsf. 


590  HISTOIRE  DKS  l\016  DKS  PERSES. 

'    M  «^..jj-s. ,  ('.  jU^,*  Ji  jiws».  y-  —  "■   Ms^-^;^jiT?i  •'*  ;iinsi  plus  l)as.  ■  M  J>g^^, 


REGNE  DE  DJAMASF,  FILS  DE  FAIROUZ. 
OOBÂDH  S'ENFUIT   DE   SA   PRISON   ET  SE  RÉFI'GIE 

AUPRÈS   1)1     ROI   DES  HEYÀTÉMTF.S. 

Lors(|ue  Djàniàsf  eut  pris  le  pouvoir  cl  ([u  il  cul  été  couronné, 
bien  qu'il  ne  possédât  cpie  dans  une  faiidc  mesure  le  reflet  de  la 
majesté  divine,  il  ordonna  avant  toute  chose  d'arrêter  Oohàdli,  de 
l'enchaîner  et  de  le  livrer  entre  les  mains  de  Bourzniilir,  hls  de 
Soûkhorrà.  Il  désirait  que  celui-ci  fit  expier  à  Qobàdli  la  mort  de  son 
père,  se  vengeât  de  lui  et  en  fît  selon  sa  volonté.  Mais  Bourzmihr 
était  trop  sage  pour  oser  le  tuer  ou  pour  ignorer  que  le  sang  des  rois 
ne  peut  être  impunément  versé  par  qui  que  ce  soit.  Vu  lieu  donc  de 
le  maltraiter,  il  était  crracieux  envers  lui  et,  loin  de  nourrir  de  mau- 
vais  desseins,  il  n'avait  que  de  bons  sentiments  à  son  égard;  il  s'ap- 
pliqua aie  serxir.  à  le  bien  traiter  et  à  le  combler  de  bons  procédés. 
Qobàdh   admira  sa  générosité  et  son  beau  caractère;  il  se  repentit 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  591 


d'avoir  fail  périr  son  pcre,  se  juslifia  auprès  de  lui  en  lui  donnant  de 
longues  e\])li(ations  et  lui  ])rodigua  les  meilleures  assurances;  il  se 
liait  d'amitié  a\(!c  lui  et  le  trouvait  j)leiu  de  jugement  et  de  droiture. 
Il  lui  demanda  de  couronner  ses  bons  procédés  en  lui  rendant  la 
liberté  à  Tinsu  de  Djàmàsl  et  des  chefs  d'armée.  Bourzniihr  con- 
sentit et,  s'étant  entendu  avec  lui,  il  promit  de  le  relâcher,  de  lui  four- 
nir le  nécessaire  et  de  l'accompagner  auprès  du  roi  des  Heyàtélites, 
pour  demander  aide  contre  Djâmâsf.  Bourzmihr  exécuta  tout  cela, 
lui  procura  ce  qui  lui  était  nécessaire  et  voyagea  avec  lui,  la  nuit, 
avec  une  troupe  de  cavaliers  et  de  braves.  Ils  firent  route  en  j)re- 
nant  toutes  les  mesures  de  prudence  et  de  précaution. 

Lorsque  les  voyageurs  arrivèrent  à  Isferaîn,  dans  l'arrondissement 
de  Naïsàboùr,  ils  prirent  leurs  quartiers  chez  le  dihqàn  de  ce  bourg. 
Qobàdh,  voyant  la  fille  du  dihqàn,  sentit  de  l'amour  pour  elle  et, 
d'api-ès  ses  instructions,  Bourzmihr  la  demanda  pour  lui  en  mariage 
à  son  père,  auquel  il  assura  les  plus  grands  avantages.  Le  dihqàn 
consentit,  donna  sa  fille  à  Qobàdh  et  la  fit  conduire  à  son  époux 
dans  sa  propre  demeure.  Qobàdh  aima  la  jeune  femme  de  plus  en 


592  HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES. 

L_g_cijU  >.  g  £.>.   ^ — >|  l2  L_cj-s-*v|  LjfcwX-ix  i^^i.'^-S^j  ii}<.Âji^Jœ  j-AU>.  ^X-ix 

4)wo>-»  g  i|  ^Lo  <^_aJI  ^^^a-J  ^AjJy/0«  ?«-»\lj  o^lsL-Ss»  ^>_**owL  ci^/wii^ 


plus,  lui  lit  cadeau  d'un  collier  de  perles  royales  et  demeura  avec 
elle  une  semaine;  puis,  lui  ayant  fait  ses  adieux  et  l'ayant  confiée  à 
ses  parents,  il  conliima  sa  route  avec  ses  compagnons  et  arriva  chez 
le  roi  des  Heyâtéliles.  (leJui-ci  le  combla  de  bontés  et  lui  accorda  la 
plus  généreuse  hospitalité;  il  se  monlra  à  tel  point  large  et  libéral, 
qu'il  ne  restait  à  Qobâdh  rien  à  désirer.  Et  il  lui  dit  :  n  Roi  des  rois,  le 
bien  le  plus  efficace  est  celui  qui  se  fait  promplement;  les  accidents 
sont  dans  les  retardements.  (lomme  tu  m'as  fait  f  Jionneur  de  ciierclier 
un  refuge  chez  moi  et  de  me  demander  assistance,  à  moi  plutôt  qu'au 
Khàqàn,  je  n'agirai  pas  envers  toi  comme  celui-ci  a  agi,  alors  qu'il  t'a 
retenu  si  longtemps  auprès  de  lui;  au  contraire,  je  vais  le  faire  partir 
de  suite  et  pleinement  satislait.  "  Qobadh  lui  répondit  :  «Jamais  je 
n'exigerai  de  toi  les  tributs  pour  les  pays  que  tu  détiens  et  je  te  les  aban- 
donnerai tant  que  je  vivrai;  je  te  récompenserai  largement  et  t'élève- 
rai  à  un  rang  éminent.  »  Le  roi  des  Ueyatéliles  mit  sous  son  comman- 
dement vingt  mille  de  ses  meilleurs  fantassins.  Daus  les  j)résents  qu'il 
lui   offrait  et  dans  les  bons  procédés  qu'il  avait   j)our  lui,  il  alla  à 


HISTOIRK  DES  llOIS  DES  PERSES.  593 


it 


■^;r-''  J-^  ^ 


'U  ^^;— 


3  _^ii='^ 


''     Manque  (l;iiis  (\.  '-'   C  y^y- 


\\'\[vvnw  limilc  de  la  lihci-alilc  et  il  le  lit   |);ti-lii'  en  j^jimikIc  poinjx'  et 
|)arlait('ni('nt  cquinc. 

Qobàdli  retourna  donc  dans  llrànschalir.  Lors([u'il  lit  iialle  à  Isfe- 
râîn,  chez  le  dihqân  son  beau-père,  on  lui  annonça  qu'il  lui  était  né 
un  fils  d'une  beauté  dont  jamais  on  n'avait  vu  la  pareille.  Il  se  le  fit 
présenter,  en  fut  charmé  et  l'appela  Kisrà;  c'est  lui  qui  lut  Kisrà  Anoû- 
scharwàn.  Le  dihqàn,  à  qui  Qobàdh  ht  demander  [)ar  Jiourzniihr  son 
origine,  lui  déclara  qu'il  était  de  la  race  d'Afridhoûn.  Qobâdh  fut  en- 
chanté de  lui,  le  rendit  ojiulent  et  riche  par  ses  dons  et  emmena 
Kisrà  et  sa  mère  avec  lui  à  sa  résidence. 


OOISADII    r.KC.OI  VUR  LF.  POLVOIU 


Lorsque  Qobàdli,  soutenu  par  la  forte  armée  qui!  amenait,  arriva 
du  pays  des  Heyàtélites  dans  f  Irànschahr,  les  grands  et  les  chefs  d'ar- 
mée se  consultèrent  sur  la  situation  dans  laquelle  ils  se  trouvaient  et 

75 


ri9/|  IlISTOIRF,  DES  ROIS  DES  PERSES. 

JoL—tvjill  ii^é_L^.  ^^_o_tvULïfc.  <^ — «j-_=fc.â  ^il^L  <_j>Jl^  )^î~**'  ^^  'Lâji^wi* 

J  «x_b-]^  -^1)— 4i  ^  ♦>*  -^1  "^Î^U»^  lj-à;;^-*v  ^_J)  [■>)j.^^j^  jjjX^lj  <i.y^\j 

<^s-:?' — ^1  f'jy\  ^J:^  à-J\j  ,jj|-*4^  s-u-i^  ^^^^j,4ijlsLÂ-/«j  J^l  yLàJ  jjsJl  Le. 
''   Mss.  8j_« Jvi.. .  -    ('.  i>j».!.  —  '^'  M  l^iCU.  '    ('.j.^j-_),  l'I  ainsi  plus  bas. 


(Iclibererenl.  Ils  résolureiil  dévitcr  ICniision  du  sang  et  d'arrêter  la 
jTuerre  civile,  en  donnant  le  pouvoir  à  Oobàdh.  Ces  personnages, 
parmi  lesquels  se  trouvaient  Djàmâsf  et  le  grand  Mobedh,  rendirent 
hommage  à  Qobâdh,  lui  présentèrent  leurs  excuses,  le  proclamèrent 
roi  de  nouveau  et  lui  prêtèrent  le  serment  de  fidélité,  en  stipulant 
(|u'il  ne  sévirait  pas  contre  Djâmâsl,  ni  contre  aucun  des  hauts  di- 
gnitaires de  l'empire.  Oobàdh  en  prit  l'engagement  et  s'installa  dans 
sa  résidence  à  Madàïn.  Djàmàsi  ainsi  que  les  rois  vassaux,  de  près 
et  clc  loin,  lui  rendirent  hommage.  Son  pouxoir  était  incontesté  et 
son  autorité  reconnue.  Qobàdli  renvoya  ensuite  les  troupes  heyàtélites 
comblées  d'honneurs,  acquitta  la  promesse  qu'il  avait  donnée  à  leur 
roi,  en  lui  faisant  remise  du  tribut  et  de  la  redevance,  et  l'honora  par 
des  robes  d'honneur  et  des  cadeaux.  Il  donna  à  Bourzmihr,  fils  de  Soû- 
khorrà,  la  charge  de  vizir  et  le  récompensa  de  façon  magnifique.  Puis 
il  se  mita  construire  et  fonda  les  villes  d'Aradjàn,  de  Qobcâdh-Kliourra, 
de  Qobâdhyân  et  d'autres.  Il  fit  une  expédition  au  pays  de  Roûm, 
s'empara  d'Amid  et  de  MeiyâfànYjîn,  fit  fies  prisonniers,  emmena  des 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  595 

LaLjI  <ju<^  '^\j  i>-^  ij^  <jUj  >-i».L  ^\  i\j\  3yvaJ|^  (J5^'>^  W*^  ^y^' 

^^\  ^ij-c  .ilîA;oU  «oy*.  N-^U  <ÀLi.  >^j  <K]^  4wv^ls  <ji'  j  ^lkA.;:xJl 

'    M  l^LJ.         -    M  Iflu-i-g^         •   <^^j>^-  —  '■"  ^I*s.  lybty. 


captils,  obligea  le  roi  de  llowiii  a   paver  liihiil  et  rrxiiit  \iclori<'ii\  à 
Madâïn. 

Qobàdh,  un  jour  qu'il  était  allé  à  la  chasse,  vit  en  s'approcliant  d'un 
\(M"f;er  une  leninie  avant  auprès  d'elle  un  enfant  qui  \oulait  cneillii- 
uni'  grenade  d'un  arbre  (>l  (pii,  coninir  sa  nicrc  l'en  empêchait,  se  mit 
à  pleurer.  Le  roi,  surpris,  envoya  demander  à  la  femme  pourquoi  elle 
refusait  parcimonieusement  une  grenade  à  son  enfant.  Elle  répondit  : 
«  Le  roi  a  un  droit  sur  ces  grenades;  l'homme  qui  doit  les  cueillir  n'est 
pas  encore  venu  chez  nous  et  nous  craignons  d'y  toucher.  »  Qobàdh 
dit  a  Bourzmihr  :  »  Mes  sujets  sont  vraiment  dans  une  position 
[)énible,  puisqu'il  leur  est  défendu  de  disposer  de  leurs  Iruits  et  de 
leurs  récoltes!»  Bourzmihr  émit  l'avis  qu  ils  lussent  déchargés  des 
impôts  fonciers  et  qu'on  leur  abandonnât  les  récoltes  et  les  fruits. 
Qobàdh  l'ordonna  ainsi.  Il  ne  cessa  de  gouverner  d'une  manière 
louable,  se  montrant  bon  pour  ses  sujets,  jusqu'à  ce  que  Satan  cornât 
dans  son  oreille  et  l'égaràt,  le  lit  tomber,  pervertit  son  moral,  fit 
apparaître  la  faiblesse  de  son  esprit  et  l'éprouvât  par  Mazdak,  (ils  de 


596  IIISTOIRI':   DKS  UOIS  DKS  PERSES. 

.3  J.  t  j.  ;  !  C>^    .xL_»*v_l'|  â_L^  ^JoLol  o^xss^  yji>Ùu\  ,__é,4aàj  «CjJbJI  ^aj 
sJaJ.  «OisL  ;î-tu4  «CÂi  ^U  s->^|;  <-SJ_4v  ^  :>LjJ  -Lv^]^  ^^  (__j2iAi^|^ 

^''    (^    ylil  -U;    M    (j'ilj  ^Ij.    |>1>"^    'ws   y!i)ly«lj    dans    les    deux    iiiss.    —    '-'    .Maii(|ii(' 
daiisC.  —  W   M  JJuc'l. 


Bàmdàclh,  de  Nasa,  de  telle  sorte  qu'il  le  désorienta  et  troul)la  ses 
idées,  le  rendit  méprisable,  aflaiblit  son  empire  et  fut  Tarlisan  des 
faits  que  je  vais  rapporter. 

lIlSTOinE  DE  MA/.DAK,   KII.S  DE  BÀMDÂDII 

(qu'Il  soit  imaudit!) 

Mazdak,  (ils  de  Bâmdâdh,  était  un  Satan  sous  la  lorme  humaine. 
Il  était  beau  de  figure,  mais  sa  nature  était  mauvaise;  il  était  d'appa- 
rence pure,  mais  son  àme  était  corrompue;  son  langage  était  doux, 
mais  ses  actes  étaient  odieux.  Il  s'ingénia  à  trouver  accès  auprès  de 
Qobâdh  et  le  séduisit  par  son  perfide  langage,  l'ensorcela  par  ses  dis- 
cours artificieux  et  lui  dressa  les  filets  de  l'illusion  et  les  pièges  du 
mensonge,  de  sorte  qu'il  s'empara  de  lui,  qu'il  le  subjugua  et  qu'il  de- 
vint absolument  maître  de  lui.  Qobâdh  suivait  aveuglément  sa  direc- 
tion et  se  lais.sait  entraîner  par  lui  dans  son  erreur;  il  entendait  par  ses 
oreilles  et  voyait  par  ses  xeiix. 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  507 


^i  iL_A 5 !  ^:>Vp^  JlJLJ  <-£.L^  2LJ<^  <xL^|  i^i/JkLêJj  ^^^^aJ:)  i^\j 

^  4 ïL-A-Sfc.   L_!i_)^x_J  ^v-J  »-*)  '-r'y^  lS-7^'  •^"^^'^  wT^^  ^  <— 5^  "^J"^'  ^"^1 

>_^L     <_>Ax     (.5^'^     "^U^    vU^l    "W-^      .^-^^    ^>^'    >^.>w«    JwOL?    J>./0LL' 


l"  M 


>N^;  r,  Jy_>.         -    <'y>t;  M  tw^  M  J^UjU*.i) .  '     Miin(|iir  dans  M. 


\  oici  (Ml  (|uolles  circonstances  se  produisit  1  une  des  premières 
inanilestations  de  la  j.;uerre  civile  allumée  ])ar  Mazdak  et  qu'il  j)Osa 
les  londements  de  l'édilice  de  domination  aucpiel  il  sonj^cait.  En  une 
certaine  année,  la  disette  éjîrouAait  cruellement  les  pauvres  et  les 
misérables  et  la  lamine  en  lit  périr  un  f^rand  nombre.  Mazdak  dit  à 
Qobàdli  :  Il  .le  te  demande  la  permission  de  te  consulter  sur  une  grave 
alFaire.  —  Je  te  le  permets,  dit  le  roi.  —  Que  dis-tu,  ô  roi  clément, 
d'nn  homme  possédant  une  thériaque  éprouvée  et  voyant  une  per- 
sonne piquée  par  un  serpent  qui  ]K)urrait  être  sauvée  par  cette  tlié- 
riaque  et  dont  la  mort  est  certaine  si  elle  lui  est  refusée,  ne  lui  conser- 
verait pas  l'existence  au  moyen  de  ce  remède.-*  »  Qobàdh  répondit  :  «  Cet 
homme  mérite  la  mort.  «  Mazdak,  très  heureux  de  sa  réponse,  baisa 
la  terre  devant  lui  et  le  félicita.  Le  lendemain,  il  fit  rassembler  les 
pauvres  et  misérables  et  la  plèbe  de  leur  sorte  devant  le  palais  de  Qo- 
bàdh et  leur  promit  de  leur  procurer  ce  cjui  les  mettrait  à  l'abri  du 
besoin.  Puis  il  dit  à  Qobàdh  :  «  Hier,  ô  roi,  je  t'ai  questionné  sur  une 


598  IIISTOIUE  DES  ROIS  DES  PERSES. 

s- 

^  "^^V     .v<S*-«^l  cl'  ^-^^'^   cj-»   ■p^y'^J   "^-iJ^C    -^UjUj^   '^Î'^  o>'<SJ  O^^' 

l;jLc|j  l^jLti    i)*!^"^!    xjlij  J   <^y]^    -O^^UxL^Jl  ]pjLw^  ^♦^sS^JL:^ 

J^iLl'  woL     N^Joti-j  iG!  \j-i''sji   ^-<J^  ijj^  '^  |J-^-fî-*-'iJ   f*l*iîJ|  '■^J^  ^ 

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c;jw^'  ^-^1  <'  Jis^  ^i-v-ç-  LccO  iLo  J,t  >-^  «■•JtJ'ols  ^iy^S  ^jL4*J  fjc 


(lifTicultc  (jui  me  tourmentait  et  tu  m'as  donné  une  réponse  qui  m'a 
soulagé  et  m'a  tiré  de  l'obscurité  du  doute  à  la  lumière  de  la  certitude. 
Daignes-tu  me  permettre  aujourd'hui  de  t'interroger  sur  une  autre 
difficulté  qui  s'agite  dans  ma  poitrine?  —  Fais,  »  dit  Qobâdh.  Mazdak 
reprit  :  «  Que  dis-tu  d'un  homme  qui  emprisonne  un  innocent  dans 
une  maison  en  lui  refusant  la  nourriture  et  le  laisse  mourir?  —  il 
mérite  la  mort,  dit  Qobàdh.  "  Mazdak,  de  nouveau,  baisa  la  terre 
devant  lui  et  le  félicita;  puis  il  le  ([uilta  et  alla  retrouver  les  pauvres  el 
la  plèbe  rassemblés  devant  le  palais  en  nombre  immense  et  leur  (Ht  : 
"  J'ai  parlé  au  roi  des  moyens  d'améliorer  votre  situation  et  j'ai  obtenu 
de  lui  l'ordre  d'établir  l'égalité  entre  les  riches  et  vous;  allez  mainte- 
nant, prenez  la  part  qui  vous  revient  et  partagez  avec  le  souverain  et 
les  sujets  les  provisions  gardées  dans  les  greniers  publics.  »  Aloi's  ces 
gens  se  ruèrent  sur  les  magasins  de  grains  et  en  enlevèrent  autant  qu'ils 
pouvaient,  prétendant  agir  sur  l'ordre  du  roi  transmis  par  Mazdak. 
Qobàdh,  informé  de  ces  faits,  fit  appeler  Mazdak  et  lui  dit  :  «  C'est  toi 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  599 

4^JC— 5_j  ...i^^^jK^i.  ej^  ijS^  ejjJUl  <_*^j  c:./-Aj  ^  L^^  ^,r-^  sj>~^ 

^L**»_;0   t^5>-=»'  |?L_']^!  ^j^    S-Us-ii     '  ^55--s^j    /tAj«£    Jj^l  ^■-S';^  1-^ 
l  g   ..  ^   ^1  4l,l|  ^l^jl  J  'Li_«_^_tj  ^L^^i'l  JjUjoj  •'l^-i-àJ|^  ^U^uNll 


qui  as  commandé  à  la  plèbe  et  à  la  populace  do  piller  les  nia<j^asiiis 
de  grains?  —  Non,  répondit  Mazdak,  c'est  loi  cpii  l'as  ordonné.  — 
Quand?  —  Lorsque  je  t'ai  demandé  ton  ju<j^ement  sur  l'iioninie  ([ui 
refuse  à  une  personne  piquée  par  un  serpent  la  tliériaque  qu'il  pos- 
sède et  alors  que  tu  as  prononcé  qu'il  méritait  d'être  mis  à  mort.  Or  il 
n'y  a  pas  de  morsure  plus  cruelle  que  la  faim,  ni  de  tliériaque  plus 
salutaire  que  le  pain.  Et  aussi,  lorsque  je  t'ai  demandé  ton  jugement 
sur  l'homme  cpii  enferme  un  innocent  dans  une  maison  et,  lui  refu- 
sant la  nourriture,  le  laisse  mourir,  et  que  tu  as  prononcé  que  cet 
liomme  devait  être  puni  de  mort.  Quand  les  hommes  possèdent  des 
vivres  et  ne  les  donnent  pas  aux  affamés  c[u  ils  laissent  périr  de  faim, 
ils  méritent  la  mort  selon  ta  parole.  D'après  la  loi  naturelle  et  reli- 
gieuse, la  peine  de  mort  qu'ils  ont  encourue  doit  leur  être  remise, 
mais  leurs  biens  doivent  être  employés  à  rassasier  les  affamés,  afin 
que  riches  et  pauvres  soient  égaux  et  que  les  puissants  et  les  faibles 
participent  aux  vivres  que  Dieu  a  départis  à  l'ensemble  de  ses  créa- 
tures. »  Qobàdli  garda  le  silence  un  instant,  puis  il  dit  :  "  Tu  te  jus- 
tifies en  t'armant  contre  moi  de  ma  propre  parole!  » 


600  IIISTOIUK  DKS  ROIS  DKS  PKRSKS. 

«L-A-?  Ljs-JLaxU  |jsj>X^  L^  ^«-Â.:».|^  ^yyj«   J}    'LèjjUIj   Jj-4.>.)|j   *LjL«J| 

l?L>>>->î  Lia_Mj.  (^^-^J)  lî^jr^  iJv-vvLàJt  i')  <Us-^i2_ftj|  ^3.j6  *Lè»jUL  Jv_à_*iJ| 


I^cs  pauvres,  le  bas  |)('iiple  cL  la  |)0])iilace  syinpalliisaieuL  a\ec 
Mazdak,  lui  étaient  fort  attachés  et  le  vénéraient  comme  un  proj^hète. 
En  allant  toujours  de  plus  en  ])his  loin  dans  ses  affirmations  men- 
sonf^ères,  il  arriva  à  prétendre  que  Dieu  a  mis  sur  la  terre  les  moyens 
de  subsistance  pourque  tous  les  êtres  humains  se  les  partageassent 
entre  eux  éf>[alement,  desorlc  (|u  aucun  d'eux  iicn  ])osséd;U  phis  (pTun 
autre.  «Mais  les  hommes,  disait-il,  se  sont  muluellemeiit  lésés  el  soni 
entrés  en  contestation  les  uns  avec  les  autres;  les  lorts  ont  vaincu  les 
laibles  et  se  sont  attribué,  à  l'exclusion  des  autres,  les  vivres  et  les 
biens.  Il  faut  donc  absolument  cpic  l'on  prenne  aux  riches  pour 
donner  aux  pauvres,  de  sorte  que  tous  aient  part  égale  aux  biens; 
celui  qui  possède  en  excédent  des  richesses,  des  femmes  et  du  mobi- 
lier, n'y  a  pas  plus  de  droit  qu'un  autre.  »  Le  bas  peuple  et  la  popu- 
lace, mettant  à  profit  cette  aiïreuse  doctrine,  se  livrèrentsans  frein  à 
tous  les  excès,  commirent  des  actes  de  violence,  s'emparèreni  des 
biens,  enlevèrent  les  femmes  et  j)er[)éli('i'eiit  tous  les  méfaits  (pi'ils 
voulaient.  Qobàdh  Icnuait  les  veux  sur  leurs  abominables  actions  et 


HISTOIHK   DES   UOIS   DES   PERSES.  601 

Ij_L«_i»..    «LSJl^I  i.:^/j:Lj>.    <iL«,'>.A»4j|  c^J.^s.y^à|^    <<J^  i::,..^LftJ.    <OJi-âJ| 
i^J^I  c_oV*J  "^j  4)u6L  <'Uj  4LO0  >jAJ-Ç  )i  ^L-o'yt  jLvaj   j?U^    5.U;i-«'^| 

v_/..^\_>  jj-0  ;i_l_j«   «C/viU^  jjL4v  <./i>£  U-»^,   <-jk.^p|  ^^-i-J»  4.-vs^  !»-.ji.« 

c:^K    L_o— J  J-^'!   (^^--S-*   ^   ;,J^-'!     Ï>-*«*J!   >-iJ-<C    Jj'v-*-'    >-g-=s^l   ^^^^1   ^«^Jaxls 


leurs  crimes  par  éfj^ard  pour  Mazdak  et  parce  qu'il  le  tenait  en  grand 
honnour,  et  aussi  parce  qu'il  n'était  pas  en  état  de  maîtriser  les  mal- 
laiteurs.  Le  désordre  était  extrême,  la  situation  excessivement  grave, 
l'autorité  se  perdait  et  l'empire  périclitait.  Les  misérables  entraient  dans 
les  maisons  dos  particuliers  sans  que  ceux-ci  pussent  les  en  empêcher 
et  enlevaient  leurs  femmes  et  leurs  biens.  Personne  n'était  plus  maître 
de  sa  maison,  de  ses  biens  et  de  sa  femme  et  ne  connaissait  ses  en- 
fants. 

La  peste  des  Ma/.dakites  s'étendait  toujours  et  ils  étaient  les  maîtres 
à  tel  point  que,  jugeant  Qobâdh  assez  faible,  ils  osèrent  lui  dire  :  «  Si 
tu  n'acceptes  pas  notre  doctrine  et  ne  fais  pas  ce  que  nous  voulons, 
nous  t'égorgerons  comme  on  égorge  une  brebis.  »  Ils  l'empêchaient 
de  communiquer  avec  les  gens  de  son  entourage  et  ils  éloignèrent  de 
lui  tous  ses  autres  familiers.  La  hardiesse  de  Mazdak  était  telle  et  son 
irrévérence  à  son  égard  alla  si  loin  qu'il  lui  dit  :  n  Si  tu  as  embrassé 
ma  doctrine,  livre-moi  ta  mère  pour  que  j'aie  commerce  avec  elle, 
afin  que  tu  sois  délivré  du  sentiment  de  jalousie  qui  est  la  cause  du 
mal.  1'  Mais  la  mère  de  Qobàdh  ne  cessa  de  supplier  Mazdak  de  renoncer 


l\0'2  IlISl'Ollil.    DKS    IU)IS   HF.S   PKRSF.S. 

l^ls^   U^  |jJL<v&.l5   ^ijj^  SwUUi  ïwXojjII    5t_?-  J  ^Aj"^  («1  (^iâJoCi  J^IU|« 

^i"^!  ^vjjv*j  ^i-cs^xj  JI^*^]^  -^L^!  j  ^_^^jLia>s  ^j-LJ!  ^b  Ul  4' 

<_>L^p!   <_aJ1  y   (V  >  U  Ls,^j_ixi  ^iyy«  jLttJ  40  o>>uî>  ;oo  LaJjJI  t__>vi^ 
G  jji>jjilJoy:   M  ji^^ilàv?  yj.   --   >-'   MiiM(|ii<-  (l;ms  M.    —    '»  Mss.  A^yçk».  '     \l 


7*'5 


il» .   —    '''   ('.  iOLiiJU,!. .         ■'■'   C  v_ÀXkA» . 


à  son  dessein  et  de  l'éparf^ner.  Les  gens  appelaient  le  roi  Qohâdli 
Herc'zàdlirisch ,  c'est-à-dire  «  qu'il  perde  les  poils  de  sa  barbe!  ",  à  cause 
de  sa  mollesse  et  de  son  faible  jugement. 

Le  fds  deOobàdli,  Kisrà  Anoùscharwàn,  qui  condamnait  l'œuvi-e 
de  Mazdak  et  la  trouvait  abominable,  et  qui  était  plein  de  zèle  pour  la 
religion  et  l'Etat,  sut  habilement  obtenir  de  son  père  qu'il  rassemblât 
les  mobedhs  pour  qu'ils  eussent  une  conférence  avec  Mazdak.  En  con- 
séquence, les  mobedhs  se  réunirent  un  jour  et  dirent  à  Mazdak  : 
«  Quand  les  hommes  posséderont  en  commun  les  femmes  et  les  biens, 
comment  reconnaîtront-ils  k'urs  enfants  et  établiront-ils  leur  parenté? 
Comment,  quand  tous  seront  égaux,  se  pourra-t-il  que  les  uns  tra- 
vaillfnt  pour  les  autres?  Et  comment,  dans  un  tel  état  de  choses,  le 
monde  ne  périrait-il  pas?»  Mazdak  se  leva  Furieux,  ses  partisans  se 
rassemblèrent  autour  de  lui  et  voulurent  attenter  à  la  vie  de  Oobàdh 
et  à  celle  de  kisrà.  Us  devinrent  de  plus  en  plus  audacieux  et  bravèrent 
de  plus  en  plus  les  lois.  Qobàdh  était  impuissant  de  les  en  empêcher 
ft  de  les  contenir.  Il  se  repentit  de  les  avoir  encouragés;  il  se  re])entit 


niSTOIUK    [)KS   ROIS   DKS   PKRSKS.  603 

^s"— » — ^   (.5^^  ^_?-«-^î— !   ■^'-S»  -^j  ^j-Âj  ^j^\  Jl^   Uj  JjjjJl  JLc  j^ 

C5^  L  <'  J^j  j^!  j  ^>l5^p_^!  J^l  ,x^j  >Xc_Ss.'i  ^^  ^j^j  <-vs=- 
^c^>>^!  j.^  Jjs.'!  c^^  ^U  -J  ^1  -li^lj^t  j^  j  À  ^>-*^t^ 

^y>j\j  SUa_j  fy^î.  '"^J^  (îûU  ^^Ju  ,?*-Jo'f;  L'...^  JjJlLI^j-6^  ^>L5' 


alors  que  le  rcpciilir  ne  lui  servait  à  rien  el  que  la  decliirurc  elail 
trop  larjfe  pour  que  le  ravaudeur  pût  la  raccommoder. 

La  puissance  de  la  secte  ne  cessa  de  s'accroitre  et  le  pou\oir  de 
(jobàdli  de  s'aflaihlii-.  Le  roi  finit  par  tomber  sur  son  flanc  et  il  lui 
malade  de  cliafj;rin.  H  désigna  Anoùscharwàn  comme  son  successeur 
au  pou\oir  et  lui  dil  :  «  Mon  fils,  il  u  v  a  que  loi  ([ui  puisses  réparer 
les  ruines  que  jai  laites  el  guérir  le  mal  que  j'ai  cause.  Remplace  ton 
père  et  implore  l'assislance  de  Dieu  pour  rétablir  Tordre  el  régénérer 
I  l'ilat.  »  Puis  il  mourul  misérablement,  après  avoir  régné  ([uarante  et 
un  ans,  y  compris  les  quelques  années  du  règne  de  Dj.Tinàsl.  i^es 
hommes  furent  ainsi  délivrés  de  son  gouvernement  néfaste  el  fie  sa 
laible  souveraineté. 

RÈGNE  nr.  KISRÀ  WOISCH  \i\\v\\. 

(le  lut  de  tous  les  rois  celui  qui  avait  le  plus  heureux  génie  et  la 
plus  haute  raison;  ce  lui  le  plus  juste,  le  plus  excellent  par  ses  (pia- 

7ti. 


00 '1  illSIOlUK    DKS    IIOIS    DKS    l'KllSES. 

'^3JSJ.  !^_Svij;  ^>t«A!  3>_*i!  j  <<J' v>«jI  <s^\  jr*^  *-^=^  ïiLK_**J!  ^^ 
«uj^J^  ^1  ^vbjL  .Vw^iJ^!  j?U^j  |?lLj^  /î^^v-l-Èj  <^^y.!  «Li^oJ 
Je  ^>UsJ^U  Soi.;^.!.  <-«Lkj  J,I  ^Ul  ^j  j  jJLj  «oL  ^  .:..-A^l  jlj 

"CjiUjpSw-  ^^>Jy:i>J  ^^jJ   wvtf."^'  J^i^L  |«^;^^  liJJil  yj9\j   <->l:^|;   ^iwo 

^> — ol    ^r'.    \>>' — *^^   >^ijj_>o  |?^-<SJj  <- si l.S    U^  Jls   <jI  .1,  <_)ijC)  Ji* 

l,K_d>  ^.>i_^\    <-<SJ-!  ->^  ^ilUl  LLLj  4l't  Je  >,.:^A.<s^  <-**■[;  Je-   ^1»      l«_ajJ( 

jJLl!  L^l  ^  Uj  jjJi-ttJ  ô-x^l^  c:,.-A^.  <;;_SJi^  j^j  ^J>-«Jt  Je  ,^5'^t 
>2)<J^]^  Jls  |?Ub  ^^LJ!  J^^   Je  j^JU^I  wiJ^y*  jLiJ  <iiuJ|  Jjsi  Jls 

'     MaïKnu' dans  C  —  i-    M  >iGlj  . 


lités,  celui  qui  eut  la  yihis  heureuse  fortune.  Quand  le  pouvoir  lui 
échut  dans  un  temps  lort  dillicile  et  troublé  à  cause  du  soulèvement 
des  Mazdakites,  de  leur  turbulence,  de  leurs  audacieux  attentats  et  de 
leurs  débordements,  il  fit  appel  aux  principaux  fonctionnaires  et 
officiers  de  l'Etat,  alla  droit  au  but  dans  f exécution  du  projet  qu'il 
méditait  et  prit  d'habiles  mesures  pour  rétablir  l'ordre.  Il  se  prépara 
à  faire  périr  Mazdak  et  ses  partisans  et  ordonna  aux  amis  et  aux  cour- 
tisans fie  prendre  leurs  dispositions  à  cet  eflét. 

Ibn  Khordàdhbeh,  dans  son  ouvrage,  ra])porte  qu'un  jour,  s'adres- 
sant  aux  personnages  qui  l'entouraient  et  parmi  lesquels  s;'  trou- 
vaient Mazdak  et  Moundhir,  fds  d'Amra  al-Qaïs,  qui  se  tenait  debout 
près  de  sa  tète,  Anoùscharwân  leur  dit  :  "  J'avais  désiré  et  demandé  à 
Dieu  trois  choses  :  le  pouvoir  royal,  et  il  me  l'a  donné;  d'être  à 
même  de  nommer  ce  jeune  homme  roi  des  Arabes,  et  je  le  nomme; 
reste  à  réaliser  un  seul  de  mes  vœux.  »  Les  assistants  ayant  demandé 
quel  était  ce  vœu,  il  dit  :  «  L'extermination  des  impies.  »  Mazdak  dit  : 
■'  Pourras-tu  faire  mourir  la  totalité  des  hommes?  "  Le  roi  dit  :  «  Te 
voilà  donc   ici,  fils  de  courtisane!»  Et   sur  son    ordre  on   enlraina 


niSTOIllE   DKS  ROIS   DES   PERSES.  605 

t^-sjjj  (?u  &'uL>:iAj  ^.iot;;..^  yj.1  jSj  yLo  j  u  \^j  ^y^  yUj 

4_^LJ1  ^^_*^^j-^l  -Jà  ^j-^^^\  ^j^p^  fj4rï>  ^^*^'^'  '■^^  (^^"^ 
(ijjjLJl  ^^)— -^-r»  ^^-^  A-«-?;>  fjr^l^ji^^T^  (^<c--^  i?LslL-)  <-/5L«J|^ 


Mazdak,  on  l'égorgea  et  on  le  pendit  au  j^ibet.  T.es  Mazdakites  se  sou- 
levèrent avec  rage,  engagèrent  la  lutte,  revenant  à  la  charge  après 
avoir  été  repousses,  et  projetèrent  de  faire  ce  (juils  ne  surent  pas  réaliser. 
Les  soldats  (pii  se  trouvaient  prêts  à  se  jeter  sur  eux  les  assaillirent 
comme  des  lions  et  les  laissèrent  couchés  sur  le  sol;  ce  fut  comme 
un  champ  de  blé  fauché.  Kisrà  ordonna  ensuite  aux  grands  et  au 
peuple  de  les  recherclier  dans  les  villes  et  les  campagnes,  de  les  arrêter 
et  de  les  amener  tous  sur  le  territoire  situé  entre  Djâzir  et  Nahrawàn, 
On  en  rassembla  quatre-vingt  mille.  Kisrà,  dans  une  seule  matinée, 
ht  arroser  la  terre  de  leur  sang  et  de  leurs  membres  dépecés  désal- 
térer les  sabres.  Et,  en  ce  même  jour,  il  fut  appelé  Anoùscharwàn. 
Le  pouvoir  d'Anoûscharwàn  s'affermit  et  son  autorité  était  bien 
établie;  sa  renommée  était  répandue  au  loin,  la  lélicité  de  son  régime 
était  éclatante,  ses  affaires  étaient  en  pleine  prospérité,  on  célé- 
brait son  gouvernement  et  son  règne  se  prolongeait.  Les  rois  lui  étaient 
soumis  et  les  tributs  arrivaient  sans  interruption.  Dans  la  ([uarantième 
année  de  son  règne  naquit  le  Prophète   (que  Dieu  le  bénisse  et  lui 


600  IIISIOIUK    DKS    KOlS    DKS    PKIISKS. 

^JlcI  Jcy.  -^.^^jo  J^LJl  A\X\  ^j  j  ei^jjj  JjjL^  <^^^jà~L>  ^')LJ\ 
l?u^^  ^  ^_j>'>->;oj"^U  ^j-âs-  -S-^aJ^  .jJjJdi  >-<s^  J  s-kJt  ,'*<>l£  j^"^! 

Jls  c:^--A^  <_,L^|j  -^-^jK  "^^t  f-'-^^l  y-^-^  ->-^  4l]^t 

ïpl-^  •CJ>Lji^|   ^Lw>|  ,_a-=s^   *'^j^  LaJjJI  L<-I  J«-â->    .^L3.,  <  ^bL>vxLtv 
'     Maïuiiii'  dans  M.  -     ('.  L>J«X.  —  '*'    M   iiil*. 


floiiiiele  salut!),  qui  s'en  glorifiait  eu  disant  :  «Je  suis  né  au  lenips 
du  roi  juste»,  c'esl-à-dire  d' Anoùscharwàn. 

Ce  qui  intéressait  surtout  Anoùscharwàn,  c'était  l'étude  de  la  vif 
des  anciens  rois,  il  tenait  à  bien  connaître  leur  esprit,  à  s'inspirer 
de  leurs  vertus  et  à  éviter  leurs  vices;  il  étudiait  notamment  les  faits 
et  gestes  d'Ardaschîr  qui  devaient  diriger  ses  propres  actions  et  (|u  il 
prenait  comme  modèles  de  sa  conduite. 

Aboù  Tammàm  a  parlé  de  fassaut  livré  à  Mazdak  et  à  ses  secta- 
teurs dans  ce  vers  : 

Et  lo  jour  des  Alazdakites,  quand  ils  iiiiposaienl  à  Anoùsfliaiwàn  une  tàclir  (|iii 
n'ptaif  pas  iacil''. 

Ql  KI.QLES  PAROLES  REM AHQl  ABl.F.S  ET  TRAITS  D'ESPRIT 
U'ANOÛSCHARWÂN. 

Quand  une  allairc  tournait  contre  son  désir,  il  disait  :  Si  le  Destin 
ne  nous  aide  pas,  nous  l'aiderons.  —  Le  monde,  disait-il,  n'est 
qu'une  demeure  prêtée  et  nous  sommes  des  hôtes;  ce  qui  a  été  prête 


IIISTOIHK    DKS   ROIS   DES   PERSES.  607 

^^S^j  'wcTL  -^y^  ï  <'b  ^  ]~Ss}  j^  JSj  i]^^  ,>iwJ!^ 

y-S'^.  i^^\  ^:^t  (jl  Jj-«-J  c)'^  *  <_8-U-  ^  ->-:s.ï  .i^.^'!  ^_^  <JLij 
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i-w|  "^  jWt  JJU  «^t  &'^-^  U  JjJL.  ^>b^  if^^j-âsi  sl_l'  ^Jojs: 


doit  ctro  rendu  et  l'hôte  doit  partir.  —  Il  disait  à  chacun  de  ses 
agents  :  N'agite  pas  ce  qui  est  en  repos  et  apaise  tout  ce  rpii  est 
agité.  —  Il  (lisait  :  Tous  les  hommes  doivent  se  prosterner  devant 
Dieu,  mais  phis  que  tout  autre  celui  que  Dieu  a  élevé  à  un  rang 
(jui  le  dispense  de  se  prosterner  devant  aucune  de  ses  créatures. 
—  Le  roi  (|ui  renqiiit  ses  trésors  avec  les  biens  de  ses  sujets  est 
comme  quekju'un  (pii  cimente  le  toit  de  sa  maison  avec  la  terre  qu'il 
enlève  des  fondations.  —  Les  jours  de  tempête,  il  faut  dormir;  les 
jours  nuageux,  il  faut  les  consacrer  à  la  chasse;  les  jours  de  pluie,  au 
plaisir  de  boire  et  les  jours  de  soleil,  aux  affaires.  —  Nous  avons 
éprouvé  dans  le  plaisir  de  pardonner  aux  coupables  ce  que  nous 
n'avons  pas  é2)rouvé  dans  le  plaisir  de  les  punir.  —  L'Etat  périt  sur- 
tout par  la  négligence;  c'est  par  la  délibération  surtout  que  l'on 
trouve  la  vraie  manière  d'agir;  c'est  surtout  par  la  justice  que  l'on 
obtient  le  secours  céleste;  c'est  surtout  par  la  charité  que  l'on  s'as- 
sure les  faveurs  du  Ciel;  c'est  surtout  par  la  patience  que  l'on  obtient 
ce  que  Ton  recherche.  —  On  disait  d'un  homme  qu'il  avait  particuliè- 
rement distingué  qu'il  n'était  pas  de  grande  famille.  Anoûscharwàn 


608  IIISIOIUK    DKS   KOI  S    DKS   PKRSKS. 

j_j_a.  Sjj3  J^^    «Lji   -^^jj  'S-^;-^  ^1  J-Nî  '>-^jl    '-'^^i-^  |;r^  iSrît; 
<_x(ls|j  i\^-J!    'L«   iLfi:|  \â_ctj   jLxJt  IlLa  ^  i>«J|  ^  (.:i^l  :>>-Jl  <it  Jjl 


flil  :  I.a  haute  faveur  avec  laquelle  nous  l'avons  traité  est  sa  grande 
famille  et  sa  noblesse.  —  Il  défendait  de  donner  aux  fils  du  peuple 
tine  éducation  soignée,  parce  que,  disait-il,  quand  les  fils  des  gens  de 
la  basse  classe  auront  reçu  une  éducation  soignée,  ils  rechercheront 
les  hautes  positions  et,  quand  ils  les  auront  obtenues,  ils  se  permet- 
tront d'humilier  les  nobles  de  naissance.  C'est  ce  que  le  poète  a 
exprimé  en  ces  vers  : 

Quel  excellent  homme  qu'Anoûscliarwân  !  Comme  il  connaissait  liien  les  manaiils 
et  les  vilains! 

Il  leur  défendit  de  toucher  dorénavant  un  calame,  île  peur  (juil^.  n  humiliassent 
les  fils  des  nobles  dans  l'exercice  des  fonctions. 

On  lui  présenta  un  rapport  ap])elant  son  attention  sur  la  dépense 
et  la  munificence  de  l'intendant  ([ui  excédaient  les  sommes  qui  lui 
étaient  assignées.  Il  consigna  cette  réponse  :  Quand  avez-vous  vu  un 
fleuve  arroser  la  terre  avant  d'avoir  buP  —  Eu  une  certaine  année, 
le  gouverneur  du  canton  de  Djoûr  lui  ayant  adressé  un  rajjport  an- 
nonçant que  les  roses  avaient  été  atteintes  par  la  gelée  et  qu'il  était 
difficile  de  faire  de  l'eau  de  roses  et  de  fournir  la  redevance  à  la 


niSTOIRK  DES  ROIS   DES  PERSES.  609 

^^.^1^        lJ*^_â_AJt       'C^!iA.-W      ^jJ      <A_«,      ^ïiUjLS      <J<^       ïy^h     ^        <SL^J 

U  U  ^L5^  .ij^jJ'  ^jl-^_  ijj,  ^^U  Js'\^  J.^ 

(j'—^j j  jr-*-^!?  o)^X^  f*^  o)^-*''^^!;  ,.:>-<i-**^<^^i>^  JJ^-^lî  '-'  ■^H-'j 
,^jls  e--^ — )l — A — )1   '•'■:  ^~-)y-j\^  ^LJC—M^^-^s-iaj  c)^^7^  cJ^'î^^J'^lî  "^-^^^^-^i^jj^ 

iJ\yX^j  X.Ji^\  •^->^-^  ^^j-pJl  J:!  ôî;r*-'î  ^Ir^'  f;>r^l;  jl?-*'^!?  '  c>4r^ 


(ioiir  comme  Ions  les  ans,  Anoùscharwân  consigna  celle  réponse  : 
(hiiuid  l;i  \ie  cl  la  religion  sonl  sauves,  on  siippoiie  facilement  la 
perle  (le  loule  anlre  cliose.  Si  la  rose  n  inail  pas  été  crééf^  (piel  mal  y 
aurail-il? 

ALTHF.S  ÉVÉNEMENTS  DU  RÈGNE  D'ANOÛSCHAUWÂiN. 

Anoùscharwân  divisa  son  empire  en  quatre  régions.  La  première 
embrassait  le  Khortàsàn  et  les  contrées  adjacentes,  à  savoir  le  Tokhà- 
rislàn,  le  Zàhoulislàn  et  le  Sedjestàn;  la  deuxième  comprenait  les 
districts  de  la  Médie,  à  savoir  :  Raï,  Hamadliàn,  Niliàwand,  Dînawar, 
Ooûmisin,  Islaliàn,  Qonmm,  Qàschàn,  Abhar  et  Zandjàn,  puis  l'Ar- 
ménie, l'Adharbaïdjàn,  le  Djordjàn  et  le  Tabaristàn;  la  troisième,  le 
Fàrs,  le  Kermàn  et  l'Ahwàz;  la  quatrième,  Tlràq  jusqu'au  Yemen  et 
les  limites  de  la  Syrie  et  les  provinces  frontières  du  pays  de  Roûm. 
Il  préposa  à  ces  régions  ses  chefs  d'armée  et  ses  marzebàn,  donnant 


Oin  mST(^IHK    OKS   ROIS    DKS    PKUSKS. 

ïUs-^Li  ïjwOI  J^  ^Li^  "^r^  ^j'  -^b"^  <c5sJU*  ^j-6-?-  j  ^j-^.  "^ 

")    Maiiqur  (kll.s  G.    —  P)    M  iuuyà.   —  '■>    (',  LJLo. 


à  chacun  d'eux  le  gouvernement  auquel  il  élait  apte.  Il  leur  recom- 
manda de  pratiquer  la  justice,  de  bien  se  conduire  et  de  témoigner 
leur  sollicitude  pour  les  sujets  en  réduisant  les  impôts  et  en  dimi- 
nuant les  fournitures  et  les  corvées.  Il  ordonna  de  cultiver  aux  frais 
du  Trésor  public  les  terres  dont  les  propriétaires  avaient  disparu  el 
donna  des  instructions  pour  que,  dans  tous  ses  Elats,  ou  ne  laissât 
pas  une  coudée  de  terrain  inculte.  Il  disait  :  «La  cullure  est  comme 
la  vie,  et  les  champs  abandonnés  sont  comme  la  morl.  Il  n'v  a  pas 
de  différence  entre  celui  qui  tue  un  iiomme  et  celui  qui  d  une  terre 
cultivée  lait  un  désert.  Si  quelqu'un  est  trop  pauvie  jx)ui'  meltre  son 
domaine  en  culture,  nous  lui  prêterons  du  Trésor  public  les  sommes 
qui  l'aideront  à  retrouver  ses  moyens  d'existence.  "  U  fournit  aux 
guerriers  des  chevaux  et  des  armes  et  leur  donna  largement  vivres  et 
argent. 

Anoûscharwàn  parcourut  ensuite  toutes  les  parties  de  ses  Elats  et 
reprit  les  provinces  telles  que  le  Sindli,  le  Zàboulistân,  le  Tokhàrislân 
et  d'autres  dont  s'étaient  emparé  les  rois  voisins  à  cause  de  la  fai- 
blesse deOobàdh.  Il  réduisit  les  ennemis,  soumit  les  rois,  ferma  les 


iiisToiuE  i)i-:s  ROIS  i)i:s  i'krses.  eu 

(^j-^  J^j-^  ^j  <^\jVi\  i^:)--^^^j  j^*^'t  '■>^j  '^j^^  JJ^  ^l-^"^'! 

'■•'  J-^-«-'l  J— ^-r»-  o>-^  '^'^  <^^  jj;-^  jr*-*'*-  c)]r^'  .^r^  ''■^^-^  Sr>]>^^l5 

(5)^j^  Lg-jljv-c!   ^  v_g— 42  ^\j-^\  J— *^    '  [)L  g  WX-4<.|   <jtl3   <jU  ^j^  >jO>  I 
^■i^l  J|^!  cT*  '-s^  '^'  Ui  <-Jl  v-gijj  JoiJJ  s_g>^  4I  sJij^_  0^1 

.xsijJ]  j_5-Uw!  li  <c^s.a_'i  ^_;j-£^j  <j>x^|  ^JJo;  4-«l_j  ^j>j\  -ilLo  ^L) 


passages  d'accès  et  fortifia  les  frontières.  H  construisit  dans  le  Djor- 
djàn  des  forteresses  en  pierre,  la  porte  de  Soûl  d'une  longueur  de 
cinq  parasang(!s,  en  marbre,  et  le  mur  à  Bàb  wa'l-Abwâb  comme 
barrière  entre  l'irânschahr  et  les  Khazars.  11  construisit  aussi,  entre 
son  empire  et  le  Caucase,  plus  de  cent  citadelles  pour  protéger  les 
habitants  de  l'irânschahr  contre  leurs  ennemis,  les  Turcs,  les  Kha- 
zars et  les  Russes.  Des  envoyés  lui  apportant  des  cadeaux  vinrent  de 
la  jjart  des  rois  pour  déclarer  leur  entière  soumission  et  s'obliger  à 
payer  tri])nt.  f^e  Khâqân  lui  offrit  sa  fille  en  mariage,  dans  l'espoir 
qu' VnoOischarwân  en  aurait  des  enfants.  Le  roi  avant  consenti,  le 
Kliàqàn  la  lit  conduire  auprès  de  lui  en  cortège,  avec  des  richesses 
innombrables  de  tout  ce  que  possédaient  les  Turcs. 

CAMPAGNE    n'ANOÙSCHARWÀN    CONTRE    LE   PAYS    DE    ROÎJM. 
CONQUÊTE  DES  PROVINCES  FRONTIERES. 

Le  roi  de  Roûm,  après  avoir  fait  demander  une  trêve  et  s'être  en- 
gagé à  paver  tribut,  avait  manqué  à  la  parole  donnée  et,  avec  des 


612  IIISTOIRK   ni'.S   ROIS   DKS   PKRSES. 

tsji»    .\I^s_.iâJ|  ^■-vijjLJ  ^Llj_t»o    SI^jUI  i~-yy^  JM.L0  jlX^I  (i  <L_kL<*  ^^jliaJ^ 
>_^^..^.  ^jii^«  ^^J-=>>^  ^^(.<,^_*»...;jj  ^''^  cj'y^  '■'Ul'^  ^^  ^-'«^-^^-^  tt/    ' 

1- 

^  ^_j->-i_Ji  4)oLs  J^l  l^jt-t^s^ls  L^LLv^  A^Jy\  4}jL?  ^  i\.g_IU  L^li».jj 

";  M  **j3ltf.  —  ;-i   MaïKiue  dans  M.   —    ■'   M  t_,i;b.  '■   M  ow^j^'i  ;;>>Ji- 


corps  détaches  de  ses  troupes,  avait  fait  des  incursions  sur  le  terri- 
toire d'Al-Moundhir,  roi  des  Arabes  de  Tlràq.  Anoûscharwân,  très 
irrité,  envahit  le  pays  de  Roûm  el  conquit  Dàrâ,  llarràn,  Manbidj, 
Qinnesrin,  Alep  et  Émèse.  Ayant  mis  le  siège  à  Antioche  où  se  trou- 
vaient le  fils  de  la  sœur  de  l'empereur  et  les  principaux  chefs  du 
pays  de  Roûm,  il  ])iit  la  ville  d'assaut,  tua  la  garnison,  n'en  laissant 
vivre  qu'un  certain  nombre,  et  fil  un  butin  dont  la  quantité  ne  saurail 
être  évaluée  :  or,  perles,  rubis,  émeraudes,  armes  et  autres  objets. 

Comme  la  ville  d' Antioche  et  ses  édifices  lui  plaisaient,  Anoûschar- 
wân en  fit  dresser  exactement  le  plan  quil  envova  à  son  lieutenant, 
cà  Madàïn,  avec  l'ordre  de  construire  dans  le  voisinage  de  cette  rési- 
dence une  ville  sur  le  modèle  et  le  plan  d'Antioche  et  ayant  les  mêmes 
proportions,  avec  ses  rues,  ses  maisons,  ses  monuments  et  tout  ce 
qu'elle  renfermait,  de  sorte  que  l'on  ne  pourrait  distinguer  fune  de 
[autre,  il  lui  fournit  à  cet  etïet  les  matériaux  el  le  marbre  provenant 
d'Antioche  et  mit  à  sa  disposition  des  ouvriers  et  artisans  grecs  parli- 
culièrement  experts  qui,  ensemble  avec  les  ouvriers  persans,  travail- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  613 

Lftbt  |?L;-5^t  <.5^  «O-^^l  J--*!  J-r  ^  -  <>^^î  ^jy^_y\  LfiLjLJ» 

>^_y}  ^^jU  ':^)t^L  ii\j  ôLS'jLii  4.A.^=lk3L  ^b  ojU  t^L  Jj^-o  ^U  ^^^L 

("  Manque  dans  M.  —  i-    M  **;^l.  —  ^  '  .Manque  clans  .M.  —  î*»  Mss.^]. 

laient  à  la  construction  de  la  nouvelle  ville,  ainsi  qu'a  son  enceinte 
et  à  ses  embellissements.  Quand  ils  l'eurent  terminée,  il  semblait  que 
ce  fût  .\nlioclie  elle-même  et  Anoùscharwàn  la  nomma  Roùmiya.  Il  y 
lit  transporter  ensuite  les  habitants  d'Antioche  el  y  fixa  leur  demeure. 
Lorsqu'ils  entrèrent  par  la  porte  de  la  ville,  chacun  se  rendit  à  la 
maison  qui  représentait  fidèlement  celle  qu'il  avait  occupée  à  An- 
lioche  et  il  lui  paraissait  qu'il  y  rentrait  après  en  être  sorti.  L'un  d'eux, 
un  cordonnier,  arrivant  à  la  porte  d'une  maison  pareille  à  celle  de  sa 
maison  d'Antioche,  dit  :  «  Ce  serait  vraiment  la  porte  de  ma  maison, 
si  là  il  n'y  avait  ])as  un  saule  qui  n'existe  pas  ici!  »  Puis,  étant  entré  dans 
la  maison,  il  ne  put  la  distinguer  de  sa  maison  d'Antioche.  Quand 
tous  furent  installés,  Anoùscharwàn  leur  fit  donner  tout  ce  qui  pût 
les  mettre  en  bonne  situation  et  plaça  à  leur  tête  un  chrétien  de  Djon- 
daï-Sàboûr.  C'est  de  cette  ville  de  Roùmiya  que  parle  Al-Bohtori 
dans  sa  description  du  palais  de  Kisrà  : 

Et  le  palais,  par  sa  iiierveilleuse  construction,  était  comme  un  bouclier  sur  le 
liane  d'une  haute  nioiitaîiie. 


(il'l  IIISTOIUK    DKS   ROIS   DKS   PKKSES. 

o-r»?  -::rî;  (!j44  ^.il^-ï-jjl  --^^       L_k_,l  s^;^  jlj,\5  Li  iij; 

^L_à_Jj|   J  llcl^i  j,_A_.M_|-  ^^  J    Ç-Nji   <-^U.  ^_^Jo;   <i>li)J];  ^;>-*^ 

j^Lj^!  ^_/*— r  -^  -r'y^  i:)-^J  {.J^j y-i-^^^ j-r^y  c5^j-^  ^^b"^  ^'^ 

Lct^i  Sp«i;x^  l/*-^  cJ^-*^!  Jj^j 


sj\Jum\  _)Lm 


J.l,.>-^ 


''  C^ljijill.  —  (•-)  M  («.j  »jUj 


Et  <(u;ind  tu  regardes  l'enigic  d'Antioclio,  Ion  adiiiinition  est  partagée  entre  les 
Tirers  et  les  Perses. 

Quant  à  ce  paiais,  il  lut  construit  à  Madâïn  par  Anoûscliarvvân  ou 
plutôt,  suivant  certaines  relations,  par  Abarwiz.  C'était  un  des  édifices 
extraordinaires  et  l'un  des  plus  beaux  monuments  laissés  par  les  rois 
de  Perse.  On  en  parle  proverbialement  comme  d'un  exemple  de  ma- 
gnilicence  et  de  stabilité.  11  avait  cent  coudées  de  longueur  sur  cin- 
quante de  largeur  et  cent  de  hauteur.  Il  était  construit  avec  de  grandes 
briques  et  du  plâtre.  L'épaisseur  de  la  voûttj  était  de  cinq  briques  et  la 
hauteur  des  ])arties  orneineiit;des  supérieures  de  quinze  coudées. 

LKS  AITRES  CAMPAGNES  n'ANOÙSClI AHWÀN. 

Après  son  retour  du  pays  de  Roûm,  Anoûscharwân  marcha  contre 
les  Khazars  et  prit  sur  eux  sa  revanche.  Il  se  dirigea  ensuite  sur  Aden 
et  fit  une  incursion  en  Abyssinie,  puis  il  retourna  à  Madâïn,  maître 


lirSTOlKK   DES  ROIS  DES   PERSES.  615 

U  J,t  ll^î-i^^  3s_<Ljt^  ^  J.' j^  25  r*-^y  ^  l*-^-'  1^-**^  (■•-^•■^ 

ciJ^pjc-J]^  4-LU-gJl  <'  c^'-'l^j  <-_j^jiy>  -i-^y^  ,_y=^^  Jy^jj-^\  *!;j 

0  Mss.  y*j^.      -  -1  Wj^^. 


des  provinces  rlu  pays  de  Roûm  situées  en  deçà  d'Héraclée  el  au  delà 
de  l'Arménie,  jusqu'au  pays  des  Khazars,  ainsi  que  du  territoire 
situe  riilre  ces  deuv  contrées  et  la  mer,  c'est-à-dire  la  région 
d'Adeu.  Il  demeura  quelque  temps  à  Madàïn,  convoqua  ses  gouver- 
neurs, leur  recommanda  à  nouveau  de  gouverner  avec  justice  et  bien- 
veillance et  leur  dit  :  "  Je  vous  délègue  comme  un  homme  délègue 
ses  propres  membres,  vous  chargeant  de  mes  aflaires  et  vous  associant 
à  ma  sainte  tâche.  Si  vous  demeurez  infailliblement  intègres,  vous 
conserverez  toujours  \os  fonctions.  Obtenez  la  sécurité  par  la  fidé- 
lité à  votre  devoir.  Si  vous  êtes  bienveillants  ]iour  vos  subordonnés, 
vos  préposés  seront  bienveillants  pour  vous. 

Anoûscharwàn  marcha  ensuite  sur  Balkh,  expédia  une  armée  dans 
la  Transoxiane  et  établit  un  certain  nombre  de  ses  soldats  à  Farghàna. 
Les  Hevàtélites,  les  Turcs,  les  Chinois  et  les  Indiens  reconnurent  sa 
souveraineté  et  son  pouvoir  .s'étendit  jusqu'au  Oaschmir  et  à  Sarandîb. 
Toujours  favorisé  de  l'assistance  divine,  il  fut  constamment  victo- 
rieux; son  armée  n'était  jamais  repoussée  et  l'objet  qu'il  cherchait  à 
atteindre  ne  lui  échappait  jamais. 


C16  inSTOIRF,   DES   ROIS   OKS   PERSF.S. 

^v)—.  ^i   ^^^  ^i-<s-^  L^-SLLs   jfLUi  ^^s.^!  j^I  Je  -C^::^  c:.-Ja:  Ll 

J-û<^  jj^l  J.I  jL^  l^-iX^  ^j^.^^ajî  ci,.w*mJ,  ^j'w^jJ.  <_^:x>>^  Jjt  4'  Jls 
«ïj^t  4'L*^  <_aJ|  <->y=^  <-îj  L>s^  ^^5v^  <,^Lc  ^jojls  ^NJj^pw^t  (l!  <-> 
^  ^-js-^vj.?,  4'^îi^j  c>^^^  '*-*^  ^>tH^'  ^<vL>oJ!  jnj6^  ^>Lj_^I  i_>A^ 
^■~>^i;  ^  ]^^<v^  !^->-c  c>>^'  J  J)'  '■"c:)I'^^l  ^  Jl-^  ^\  A^^  ^! 
|^_jbj  |-k_..wo  \j.y—^  'jjr^j  J»'  '"  /?^-^'^-«-c^«  /?lxjlLL!  ^v(s  4o^â)J|  A-aIc 

'  C  iXj^l .  —    -    M  ,«(}V»«c>j.  —    '    M  jv*-  —  ''    ('-  ^J^s■^  —  ''''   MaïKjiR-  clans  C.  — 


CONQUETE  DL  VEMEN    PAU  ANOSLCH ARWAN. 

Lorsque  les  Abyssins  avaient  conquis  le  Yemen,  le  roi  de  ce  pays, 
Saïf,  fils  de  Dhoû-Yazan,  s'enfuit  et  se  réfugia  dans  le  pays  de  Roûm, 
afin  de  demander  aide  et  assistance  à  l'empereur.  Celui-ci,  après 
l'avoir  longtemps  leurré  de  vaines  promesses,  lui  dit  :  «  Les  Abyssins 
sont  des  chrétiens  et  je  n'ai  pas  l'intention  de  t'aider  contre  eux.  » 
Saïf,  alors,  se  rendit  chez  Moundliir  pour  trouver  par  lui  accès  et  un 
lavorable  accueil  auprès  d'Anoûscharwàn.  Aloundhir  l'envoya  avec 
une  mission  à  la  cour  et  Saïf  put  exposer  au  roi  sa  triste  situation  et  sa 
peine  et  lui  demander  aide.  Anoùscharwàn  invita  \\  ahriz  le  Daïlamite 
à  partir  avec  lui,  mais  il  se  refusa  à  envoyer  avec  lui  un  contingent 
de  ses  fantassins  et  de  ses  cavaliers.  Alors  le  grand  Mobedh  lui  dit  : 
f  II  y  a  dans  les  prisons  un  grand  nombre  de  gens  qui  ont  mérité 
le  châtiment.  Si  tu  les  relâches  en  les  plaçant  sous  le  commande- 
ment de  ^^ahriz,i^s  se  comporteront  comme  de  braves  guerriers  et 
tiendront  lieu  de  soldais.  »   En  conséquence,  Anoùscharwàn  donna 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES   PERSES.  617 

<Os-5  '^j^p-^Jt  4Jsja|  ^j^  v--^  o>jr^  '-^■^  U^^'  ^i-^ï-*^  <Jt>o.  o)-^'  *Lflij 

(JLl?  w^_j-aw**J!  ^  Lji-*J|^  i^jJt  <iL<)  x,j  4)^,>x;-*vl9  ^v-sài.  <Cw^  -uLo 

"I    M  jyt.  »^.  M;m(|Mc  il.ins  M.  ^    Mss.  j^À-Ji .  —    i^'  M  |.yuXi. 


loidre  (le  incllie  en  libcili-  iiiillo  prisonniers  et  de  leur  fournir  ce 
([ui  leur  l'alhiil,  et  il  les  jilaça  sous  les  ordres  de  Waliriz,  ainsi  qu'un 
])etit  corps  de  Turcs  et  de  Daïlaniites.  Apres  avoir  pris  de  Saïf,  fds 
de  Dlioù-Vazan,  une  caution  garantissant  sa  soumission  et  sa  fidélité, 
il  lit  partir  avec  lui  \\  aliriz  et  les  gens  placés  sous  son  commande- 
ment et  remit  à  ce  général  une  couronne  et  une  robe  d'honneur 
qu'il  devait  donner,  quand  il  aurait  exterminé  son  ennemi,  au  fds 
de  Dhoû-Yazan,  le  proclamant  roi  du  Yemen  sous  la  suzeraineté  du 
roi  de  Perse  et  lui  imposant  l'obligation  de  payer  tribut.  Wahriz  devait 
ensuite  revenir  à  la  cour. 

Wahriz,  accompagné  de  Saïf,  hls  de  Dhoû-Yazan,  s'étant  mis  en 
route  pour  le  Yemen,  s'embarqua  à  Obolla  et  navigua  sur  la  haute 
mer  jusqu'à  la  côte  du  Hadhramaut  où  il  débarqua.  Aboû  Yaksoûm 
Masroûq,  fds  d'Abraha,  roi  des  Abyssins,  averti  de  son  arrivée, 
marcha  à  sa  rencontre  avec  cent  mille  hommes.  Quand  les  deux 
armées  furent  en  présence  au  bord  de  la  mer,  Wahriz  dit  à  ses  offi- 
ciers :  «  Brûlez  les  vaisseaux  pour  que  les  hommes  sachent  qu'il  s'agit 
de  mourir  ou  de  vaincre.  Moi  je  tirerai  une  flèche,  et  que  chacun  de 


61S  inSTOIRK    I")F.S   ROIS    OKS    PKRSES. 

^1  ]j_t-cij  ^^-«-vijLviJ  ^\s  d^^  2yj>\_^U  ui^LLio  ^j*-if^  p»-5U>o  ^' 

O  ^>— f^''  ^  La_A_w  J:M^j  A<oL  ^Uû^  L%Jt  ^^^<^  J-^  ,J^=»-  <-jl^'l  ^ 
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■''   M  (jjt.  —  (■-)   Mss.  ..^Jdaj  ^.  ■     Mam|n.-  dans  C. 


NOUS  (Ml  tire  cinq  ,  puis  faites  une  cliarge  vigoureuse  et,  si  les  ennemis 
laiblissent,  vous  saurez  que  j'ai  tué  leur  chef.  »  Quand  ils  furent  sortis 
pour  le  combat  et  qu'ils  eurent  formé  leurs  lignes  de  bataille,  Wahriz 
lança  une  flèche  empoisonnée  qui  frappa  juste  le  point  vital  d'Aboiî 
Yaksoûm,  et  celui-ci  tomba  mourant.  Le  désordre  se  mit  dans  les 
rangs  des  Abyssins  et  Wahriz  avec  ses  compagnons  les  attaqua  furieu- 
sement, de  telle  sorte  qu'il  en  tua  des  milliers;  les  survivants  s'cn- 
luirent.  Wahriz  établit  Saïf  roi  du  Yemen,  selon  l'ordre  que  lui 
avait  donné  Anoûscharwàn,  le  ceignit  de  la  couronne  et  le  revêtit  de 
la  robe  d'honneur,  et  il  lui  imposa  l'obligation  de  payer  tribut;  puis 
il  revint  à  la  cour  avec  des  cadeaux  consistant  en  produits  propres  au 
Yemen.  i\noûscharwàn  le  remercia  et  lui  donna  un  rang  élevé.  Le 
Yemen  après  cela  continua  à  être  gouverné  par  Saïf,  jusqu'à  ce  que 
celui-ci  fût  tué. 

Au  sujet  de  ces  événements,  Aboû'l-Sait  ai-Thaqafi  dit   en  célé- 
brant la  gloire  de  Saïf,  fils  de  Dhoû-Yazan  : 

Qu'ils  chcrcliPiit  l;i  vengeancp,    ceux   qui  ressenil)lerit    au  (ils    de  Dlioù-^  azan, 
(|iianfl,  à  cause  des  ennemis,  il  naviguait  en  mer  pendant  des  années. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  (h- 

ilLï  tsÀJi  Jj  i  II  5J^J_c  j^^"k»        « ;i:_«LJLi  ciJLi  .x_Sj  J-iJ-*  Jl 

i)L_i_«l  u-LjJl  i  L4-I  Lw|j  yl^  Le        \)     -^. i.  ■    .i-,    i  «  (^j_^  jf'j'i  aM 

j>l   ■■^  J._l_«   '  Ijli  j!^ljJ!s  ^J;  i  ''lL«_iJjL«'  ^LÎl  iîlA*  lij-^  <l^îi 

iiij_4l  j^JLJ  bL_i_i  tL-c  U_*_i       (j— f— !  (!r-?  "  u'-^-*-»  ^  r;^'  ^ 


11  vint  auprès  d'IIéraclius,  alors  que,  en  proie  à  la  frayeur,  il  venait  de  .s'<iifiiir; 
mais  il  ne  trouva  pas  sa  parole  sincèie. 

Ensuite,  après  sept  années,  il  se  rendit  eliez  Ivisrà.  (Tu  as  couru  bien  loin!) 

Qui  ressemblait  à  Kisrà,  auquel  étaient  soumis  les  rois,  et  à  Wahriz,  le  jour  di- 
l'armée,  quand  il  s'élançait  impétueusement? 

Quelle  troupe  tpie  ces  lionimes  qui  se  mirent  en  marche!  Nous  ne  voyons  pas 
leurs  pareils  parmi  les  hommes  I 

Tu  as  lancé  des  lions  siu'  des  chiens  noirs;  ceux  d'entre  eux  qui  ont  échappi' 
courent  Iiigitifs  dans  le  pays. 

Maintenant  bois  gaiement,  la  coiuonne  sur  la  tète,  appuyé  sur  les  coussins,  an 
haut  du  Choiundàn,  le  palais  qui  grâce  à  toi  est  une  demeure  fréquentée  pai-  lis 
gens. 

Et  parfume-loi  de  musc,  puisque  les  ennemis  sont  terrorisés  et  en  fuite,  et  laisse 
trainer  aujourd'hui  tes  deux  robes  somptueuses. 

\  oilà  des  faits  glorieux,  et  non  deux  bols  de  lait  mêlé  d'eau  cpi  bientôt  de- 
v  iennent  de  l'urine. 

HISTOIRE   DK  BOlZOl  RDJMIHR ,    FILS  DE  BOKHTAKÀN. 

Une  certaine  nuit,  ainsi  rapportent  les  Perses,  Anoûscharwàn 
eut  un   son":e  :  il  lui  semblait  au'il  buvait  du  vin  dans  une 


620  mSTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES. 

«CsLc    ;^_J-1^    r»'^>^   ti'   ^-^   -«-iàJ.    <j   LcO^  <jL>J^ai.   jj^   '«-^^     "^   o)l>r*tJ"^' 


d'or  et  qu'un  porc,  mettant  son  groin  dans  la  même  coupe,  buvait 
avec  lui.  Le  roi,  au  matin,  demanda  aux  mobedhs  le  sens  de  son  rêve, 
mais  ils  ne  surent  pas  l'interpréter.  11  ordonna  à  ses  officiers  de  con- 
fiance de  chercher  quelqu'un  qui  en  sût  donner  l'explication.  Or  il 
arriva  que  l'un  d'eux  entra  dans  l'école  d'un  de  leurs  précepteurs  et 
lui  demanda  son  opinion  au  sujet  du  songe.  Le  précepteur,  pas  plus 
que  les  autres,  n'était  en  état  de  l'interpréter.  Alors,  l'un  de  ses  élèves, 
un  jeune  garçon  nommé  Bouzourdjmihr  se  leva  et  dit  :  «Maître, 
moi  j'en  connais  l'interprétation  !  »  Le  maître  l'apostropha  durement 
et  le  réprimanda  et  lui  dit  :  «  Veux-tu  être  raisin  sec  étant  encore  vert  »  ? 
L'homme  qui  demandait  la  consultation  dit  au  précepteur  :  «  On  ne 
peut  nier  que  Dieu  n'ait  le  pouvoir  d'éclairer  un  enfant  comme  lui.  » 
Le  précepteur  dit  an  jeune  garçon  :  «Dis  ce  que  tu  sais!  —  Non, 
vraiment,  répliqua  Bouzourdjmihr,  je  ne  donnerai  finterprétation 
que  devant  le  roi!  »  L'olficier  de  confiance  l'emmena  donc  à  la  cour, 
parla  de  lui  au  roi  et  lui  rapporta  ce  qui  s'était  passé.  Anoûscharwàn 
le  fit  appeler  et  vit  en  lui  un  jeune  homme  sur  qui  brillait  la  marque 


HISTOIRE   DKS  ROIS  DES   PERSES.  621 

s- 

'■')  Man(|ii('  diiiis  M.  -'  (1  çjUI.  —    ■'    M  «jJàÀjjïj. 


fie  l'inleHigence  et  de  la  perspicacilt'-.  Il  lui  dit  :  «  C'est  toi  ([ui  t'odres 
pour  interpréter  mon  son<,^e?  —  Oui,  sire,  répliqua  Bouzourdjmihr. 
—  Interprète-le  donc.  —  L'interprétation  ne  peut  être  commu- 
niquée qu'à  toi  seul.  »  Le  roi  ayant  fait  sortir  toutes  les  personnes 
présentes,  Bouzourdjmihr  dit  :  «  Il  y  a  parmi  tes  femmes  et  tes  esclaves 
un  homme  qui  partage  avec  toi  les  faveurs  de  l'une  d'elles.  —  Je 
voudrais,  dit  le  roi,  que  tu  donnasses  la  preuve  de  ce  que  tu  dis.  — 
Il  faut,  répliqua  Bouzourdjmihr,  que  tu  ordonnes  à  toutes  les 
Icmnies  qui  se  trouvent  dans  tes  appartements  et  dans  tes  pavillons 
de  passer  devant  nous.»  Quand,  sur  f ordre  d'Anoûscharwân,  elles 
(Hirent  toutes  défilé,  sans  que  le  fait  signalé  jiar  lui  fùl  découvert, 
Bouzourdjmihr  dit  :  «  Il  faut  que  tu  leur  ordonnes  à  toutes  de 
paraître  nues  devant  toi.  »  Anoûscharwân  leur  en  donna  l'ordre.  H 
avait  une  femme,  une  princesse  de  naissance  royale,  qui  aimait  un 
jeune  homme  à  qui  elle  faisait  porter  le  costume  des  femmes  esclaves 
et  qu'elle  gardait  près  d'elle  parmi  ces  esclaves  comme  s'il  était  de 
leur  nombre.  Quand  les  femmes  et  les  esclaves  passèrent  nues  devant 
Anoûscharwân  et  que  vint  le  tour  de  ce  jeune  homme,  il  était  com- 


622  IIISTOIRK   DKS   ROIS   DES    PKRSKS. 

^   <<!Jt    obis    <_*-*_fl-^'    ^-^aJj^wwjj   <Xj!Jxj^   ^  j.^^jyj    «Oiai  ^  v_^-1^0j 

<'  .Jls.  Lg-JC-nJJj  .    ^■,,H,4»  1|  Lg>J;   'OixS'i-'  iv-*-^    U^Xd)  '^-^^Jl  ^Lo   <.aJÎ 
'     M  ^jJiïl»,  — -  '""'  M;iii(]uo  dans  M. 


plètemenl  doniiné  par  la  lerrcur.  Anoûscharvvàn  sut  alors  qu'il  élaif 
un  garçon  et  donna  Tordre  de  le  mettre  à  mort  avec  son  amante. 
Il  admirait  la  perspicacité  dont  était  doué  Bouzourdjmihr  bien  qu'il 
fût  encore  si  jeune,  l'atlaclia  à  sa  personne  et  en  fit  son  intime  fami- 
lier. Et  Dieu  déparlit  à  Bouzourdjmihr  une  telle  sagesse  qu'il  de- 
vint le  phénix,  de  son  siècle. 

IIISTOII'.I.   DE   L'INVENTION  DU  JEU   D'ÉCHECS   ET   DU  JEU   DU  NAKD. 

Les  rois  avaient  la  coutume  de  s'adresser  par  des  messages  des 
questions  sur  des  sujets  difficiles  et  subtils.  Ceux  qui  en  donnaient 
la  vraie  solution  furent  dispensés  de  payer  tribut,  tandis  que  ceux  qui 
ne  pouvaient  les  résoudre  furent  obligés  de  le  payer.  Or,  lorsque  l^s 
rois  des  différentes  contrées  étaient  soumis  à  Anoûscharwàn  et  lui 
taisaient  parvenir  des  cadeaux  etdes  tributs,  le  roi  de  l'Inde  lui  envoya 
de  nombreux  et  magnifiques  présents,  entre  autres  le  jeu  d'échecs  avec 


IIISTOIKE   DES   ROIS   DES   PERSES.  623 

-CU-^î  jiLs-J].  j^^:^'  ^J_^-iw_LI  .ilfjJl^U5J|  clkâJly^jjyi 
«L,>_>w.^|  ^yJU  <-;c-iAa-j  (j-»  Jj-^-J^  ^-^^j^j  JU^"  <_^'w^  l^jLi^ja.. 

M  l^jJl-  "    Miuique  dans  ('.. 


son  échiquier,  et  lui  fil  dire  ])ar  sou  ambassadeur  :  «  Si  lu  eu  saisis  le 
sens  et  que  tu  en  devines  la  théorie,  je  te  devrai  le  Irihut  annuel  pour 
mon  pays;  mais  si  tu  n'es  pas  capable  de  le  comprendre  enliérenient, 
je  ne  te  devrai  aucun  tribut.  \noùscharwàn,  sachant  que  seul  Bou- 
zourdjmihr  en  était  capable,  lui  donna  l'ordre  d'en  trouver  la  clei. 
Bouzourdjmihr  ayant  étudié  et  minutieusement  examiné  le  jeu,  flnil 
par  en  pénétrer  le  sens  et  par  deviner  ce  que  représentaient  réel- 
lement les  pièces  luttant  les  unes  contre  les  autres  et  se  disputant  les 
champs.  Il  dit  :  «  C'est  en  vue  de  la  guerre  que  ce  jeu  a  été  inventé; 
on  a  donné  à  la  pièce  principale  le  rôle  du  roi,  à  la  suivante,  celui 
du  visir;  aux  grandes  pièces,  le  rôle  des  chels  d'armée  désignés  pour 
les  grandes  actions,  et  aux  pions,  le  rôle  des  soldats;  leurs  mouvements 
représentent  les  rencontres  dans  la  bataille.  L'envoyé  du'  roi  de  l'Inde 
admirait  la  pénétration  de  son  esprit  et  prit  l'engagement,  de  la  part 
de  son  maître,  de  payer  tribut. 

Bouzourdjmihr  inventa  ensuite,  comme  contre-partie  à  ce  jeu,  le 
jeu  du  nard  et  l'envova  au  roi  de  l'Inde.  Celui-ci  n'en  trouva  pas  la 
clef,  non  plus  que  ses  savants,  et  il  écrivit  à  Anoûscharwàn,  lui  de- 


f)2'l  IIISTOIRK   DFS  ROIS   DES   PERSES. 

^■^C'wjL   ^y-^    "C/ç^-s*.  (J  I^J^awl  JilLft^   yj''^-'  U*^!  ^^-^-^  i-^!  LcjLj 

^1  iUls  <C£;_JLJ»  .iLii.!  <_5^(_ït  tj^  ij'— s- '1  '-fr^!  f^P^  iJ^^  e^K  U^ 
.ï;_«_x>  <— <J>-£  ic-^t  L^!j  ^l*-*-*  ^>-^^iJL>  I  <j>U  <jc=».Liv  i-'Lj  ;Jlc  *côt  J^ 


maudant  d'ordonner  à  Bouzourdjmihr  de  le  lui  expliquer.  Bouzourdj- 
mihr  alors  dit  :  «  I-,es  douze  cases  représentent  le  nombre  des  mois 
et  des  signes  du  zodiaque;  les  pièces  noires  et  blanches,  les  nuits  et 
les  jours;  les  deux  dés,  les  vicissitudes  de  la  fortune  des  hommes  et 
leurs  chances  heureuses.  Le  roi  de  l'Inde  trouva  ce  jeu  très  beau  et 
s'obligea  à  paver  un  tribut  plus  élevé  et  à  envoyer  plus  fréquemment 
des  présents. 

On  lit  dans  un  certain  ouvrage  que  deux  frères,  princes  de  l'Inde, 
se  disputèrent,  après  la  mort  de  leur  père,  le  pouvoir  à  main  armée. 
L'un  d'eux  ayant  péri  dans  la  mêlée  de  la  bataille,  sa  mère  en  éprouva 
un  violent  chagrin.  Elle  voulait  se  jeter  dans  les  flammes,  mais  on  l'en 
empêcha.  Constamment  elle  pleurait,  accusait  son  fds  survivant 
d'avoir  fait  périr  son  frère  et  l'accablait  de  reproches.  Son  bis  voulant 
lui  prouver  qu'il  était  innocent,  qu'il  n'avait  pas  eu  dessein  de  tuer 
son  frère,  dont  la  mort  était  due  uniquement  à  l'un  de  ces  malheureux 
accidents  qui  arrivent  au  champ  de  bataille,  ordonna  aux  savants  de 
composer  une  représentation  de  la  guerre,  du  champ  de  bataille  et 
du  combat  entre  deux  armées,  ainsi  que  du  trépas  de  l'un  des  deux 


HISTOIRE   DES   llOIS   DES   PERSES.  625 

ç^y-^if-i  U— s-*_Jj    oLuXJl   <,::jj-^  ^  >-/0j|    ^-<s«-6-^*    <-oLjLiU    <£\LiiL    ï\jy-îJ,| 
L-g.>>_^|    ,^_4_LJ    ^    <JÏ-fl.A3Jl  ^::^0>^»    <3>jLi|    Sj»_A.aj  w/^L^-l    ^^Vri.  1>4J>>>-:? 

■      ^^        -j  -^  ^^  ■ — ^>  •■      _j  ■   o  ^  * — 


il^XJ 


'     Mss.  i)jjL4j»,  ainsi  dans  tout  le  cliaiiitic.  —    -    M  ^waXL*.  —  >''    Mss.  ilJOjj^l;   plus 
l)as  ;  C  >,ljv_i)j!,  M  yl«>^^)jl-  —  *     ^I  lj|j>*. 


cliels.  Us  composèrent  donc  le  jeu  d  ecliecs  el  représentèrent  les 
phases  de  l'attaque,  de  la  lutle,  de  la  vicloire  et  des  circonstances 
qui  amènent  la  mort  du  roi.  Ils  jouèrent  devant  la  mère  du  prince, 
de  sorte  que,  lorsqu'elle  eut  compris  la  figuration  du  champ  de 
hataille  et  qu'elle  sut  la  façon  dont  son  fds  avait  péri,  elle  cessa  d'ac- 
cuser son  (ils  sur\lvant  et  trouva  bientôt  quelque  consolation. 

HISTOIRE  OF.   MF.IIBOÛDH. 

Anoûscharwàn  avait  un  visir,  un  homme  sage,  nommé  Mehboûdh, 
([ui  était  son  conddent  intime  et  jouissait  auprès  de  lui  d'une  grande 
iidluence.  Mehboûdh  avait  pour  habitude  d'ollrir  cha{[ue  jour  au  l'oi, 
lorsqu'on  lui  apportait  la  table,  un  plat  des  plus  délicats  cju'il  lui 
faisait  présenter  par  ses  deux  lils.  Le  grand  chambellan  d'Anoûschar- 
wàn,  nommé  Azai-windàdh,  était  le  mortel  ennemi  de  Mehboiidh.  Il 
pensait  trouver  par  sa  ruine  son  propre  avantage,  attendait  pour  lui 

79 


626  IIISTOIRK    DES   ROIS   DKS   PKRSKS. 

:^' ij-,^.-»-i,    "^Li  A\J.\  Sw-i-^  <-^  ^>-t.k^  J-5!jjJ|  <l  iil^>Aj5^|^jJ| 

4       i_)J>— va    ^1    i^-w^L_i.   ^! — u-ls    4 ^    <_iJu»'  ia^J»    .ij-^-^    "^-^^    iJs-^    «Cx-^W 

(')   C  j5^j.  —  '-'   M  i^K.:.  C  ijlju..  -  '■"   M  *^  o,,J^.  ~  '^'')   M  ^j.  —  (■')   Man<|u,' 
dans  M.  —  '")  M  o»i*J.  —  !"■   Manqii.'  clans  (',.  —  >*)  Mss.  y^.  —  î»'  C  ^i. 


les  revers  de  la  fortune,  cherchait  les  occasions  de  le  perdre  et  le 
calomniait  auprès  du  roi.  Mais  celui-ci  ne  prêtait  pas  l'oreille  à  ses 
calomnies,  parce  qu'il  affectionnait  beaucoup  ^lehboûdh  et  qu'il  avait 
une  immense  conhance  en  lui.  Le  chambellan  prenant  pour  confident 
un  ami,  un  juif  (pii,  tout  en  se  livrant  à  l'exercice  de  la  médecine, 
pratiquait  aussi  la  sorcellerie,  lui  fit  part  de  la  haine  qu'il  portait  à 
Meldioûdh,  des  tentatives  qu'il  avait  failes  auprès  du  roi  pour  le  perdre 
et  de  leur  insuccès  dû  à  l'excessive  sympathie  que  Anoûscharwàn  avait 
pour  lui.  Il  lui  demanda  donc  de  trouver  un  moyen  pour  le  faire  périr 
par  quelque  stratagème  et  s'engagea  à  lui  donner  pour  ce  service  une 
grosse  somme  d'argent.  Le  juif  lui  dit  :  «  Entre-t-il  dans  les  plats  que 
Mehboùdh  envoie  au  roi  un  mets  préparé  avec  du  lait?  Je  possède  un 
charme  au  moyen  duquel,  quand  je  souffle  sur  un  mets  où  il  y  a  du 
lait,  celui-ci  est  changé  instantanément  en  poison.  —  Bien  des  lois,  dit 
Azarwindàdh,  les  plats  offerts  sont  préparés  avec  du  lait.  —  Si  lu 
peux  me  faire  voir,  dit  le  juif,  un  tel  plat  que  l'on  porte  au  roi  de  la^ 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  627 

^j-»  «OJoi  J,|  j*^  JS'c^.i^^-^!  ^-.'...^î^îJi-*--:;  J-*r»^  J^IL^    «Lstfi'lslt  j^  >j:l'i 
ïiLjtJLS    i_./jl>i    J,_)Jv>^   ^_JajLo    <.-^iI_?  ^J-AJaj    i».A..g.^    WLvj!    J^^\    i|    <-«^ 

^LJ.  ^,Ji  ^\  ^  i  Li^l  ^\^jjj\  ^^[I  L?J  jUi  ^^  jr^^ 

^'     Mss.  oiCJ.  -     Maiii|ur  cliins  M.  M  IjuiS^,  (■  LuLîOj .  —  >''    M  AAA3-J. 


pari  (le  Mchboûdli,  lu  auras  ce  cjuc  tu  désires.  —  Cela  m'est  bien 
facile;  prends  donc  tes  mesures  pour  ton  opération.  » 

Dès  lors,  le  chambellan  faisait  venir  le  juil,  chacjue  jour,  dans  son 
appartement  à  la  cour  d'Anoûscliarwàn  et  passait  son  temps  avec  lui,  en 
faisant  croire  aux  gens  qu'il  le  consultait  comme  médecin.  Or  un  jour, 
pendant  qu'il  se  trouvait  avec  le  juif,  les  deux  fds  de  Mehboûdh  arri- 
vèrent comme  ils  le  faisaient  journellement,  avec  un  plat  d'argent 
couvert  d'une  serviette  d'or.  Le  chambellan  Azarwindàdh  leur  dit  : 
i<  Découvrez  donc  ce  plat  et  laissez-moi  voir  le  manger  du  roi.  »  Les 
deux  jeunes  gens  découvrirent  le  plat  et,  ])récisément,  c'était  du  riz  au 
lait  dans  une  croûte  de  sucre  candi.  Le  juif  y  jeta  un  coup  d'oeil 
et  souilla  sur  le  mets  avec  son  charme.  Les  fils  de  Mehboûdh,  après 
l'avoir  recouvert,  l'apportèrent  dans  l'appartement  du  roi,  qui  se  trou- 
vait à  table.  Au  moment  où  il  étendait  la  main  vers  le  plat,  le  cham- 
bellan arriva  précipitamment  et,  lui  parlant  à  l'oreille,  lui  dit  :  «  Que 
le  roi  ne  mange  pas  du  mets  apporté  de  la  maison  de  Mehboûdh,  car 
il  est  empoisonné;  l'officier  de  confiance  vient  de  me  l'apprendre.  »  Le 

7'J- 


628  IIISTOIRF,    DES   \\0\S   1)KS   PKUSES. 

^   U« — J   N—iS-*'^  ^U^^J^'   '~fy5-S'^4-  4'   'l'^Xi^   oLv<sC   OjO^Si   J~*-<i-J   ^-:^P>J 

Jli  ^<i.j^  <_j'^^  i_,^U^L  jjv^  ^l;^  14^  "^t  v^l  ^j\  U  ^^L_*i^| 


roi,  fort  étonné,  ordonna  aux  deux  fds  de  Mehboûdh  d'en  goûter,  ce 
qu'ils  firent,  et  bientôt  ils  tombèrent  morts.  Le  roi  ne  douta  pas  que 
Mehboûdh  n'eiit  voulu  le  faire  mourir  traîtreusement  et,  sur  son 
ordre,  Mehboûdh,  ses  femmes  et  ses  serviteurs  furent  tués  jusqu'au 
dernier.  Le  chand)(>llan  avait  obtenu  ce  qu'il  désirait;  il  était  heureux 
de  la  mort  de  son  ennemi  et  avait  le  chani])  libre. 

Un  jour,  comme  Anoûscharwàn  se  rendait  avec  ses  chefs  d'armée 
et  ses  amis  à  son  ])arc  de  chasse,  leur  conversation  tomba  sur  la  sor- 
cellerie. Anoûscharwàn  dit  :  «  Je  crois  que  la  sorcellerie  n'est  que  men- 
songe et  chimère.  »  Alors  le  chambellan  laissa  échapper  ces  paroles 
irréfléchies  :  «Ce  n'est  pas  le  roi  qui  se  trompe,  ce  sont  les  autres; 
car  j'ai  vu  quelqu'un  souffler  avec  son  charme  sur  un  mets  préparé 
au  lait  qui  aussitôt  fut  transformé  en  poison  mortel.  »  Le  roi,  se  sou- 
venant de  Mehboûdh  et  de  ses  deux  fils,  se  clouta  à  l'instant  que  Meh- 
boûdh avait  été  victime  de  la  ca])ale  ourdie  par  le  chambellan.  11  (il 
halte,  eut  un  entretien  particulier  avec  lui  d  lui  dit  :  «  Fais-moi  con- 
naître exactement  comnifiit  tu  as  agi  envers  Meliboûdli;  car  je  suis 


HISTOIRE  DES   ROIS   DES   PERSES. 

hK-^I  ^_<^c  \j.iJC:>  j>.>J>j  i5^.^-g^  <-»jj  ^  ^Ju>  ^  h!]^!  (3)*lkji|^  ;_^.^Li[ 

")   M  *J  JUi.  -     -    Manque  dans  C.  —   -^1   M  Ja*'..  —    '^'   M  ^j,j^.   -    ■•    C  xlii^ 
—  ('■')   .Miuiquc  dans  M. 


certain  niainlenanl  que  c'est  loi  (|iii  as  tramé  une  cabale  conlic  lui  cl 
que  tu  as  élé  l'artisan  de  sa  niorl.  »  Le  chambellan  devint  blèmc,  clian- 
gea  de  couleur  et  ses  membres  tremblèrent.  «  Dis-moi  la  vérité,  prends 
garde!  lui  cria  Anoûscharvvàn;  sinon  je  te  lais  couper  la  télé!»  Le 
cliand)ellan  demanda  grâce  et  raconta  l'histoire  du  juif.  Anoùscharwàn 
demanda  cpu-  l'on  lit  comparailre  celui-ci  sur-le-champ  et  envoya  des 
gens  pour  l'amener.  Il  l'inlerrogea  sur  les  circonstances  du  crime  et 
le  juil  les  lui  donna  en  ajoutant  :  «  Je  n'ai  fait  cela  que  sur  le  comman- 
dement du  chambellan.  »  Le  roi  donna  l'ordre  de  pendre  le  juif  au 
gibet  et  de  couper  le  chambellan  en  deux,  et  il  fit  donner  les  biens  de 
ce  dernier  aux  héritiers  survivants  de  Mehboûdh.  Il  regrettait  beaucoiq) 
d'avoir  agi  envers  Mehboûdh  avec  précipitation. 

HISTOIRE  DU   MÉDECIN  BOURZOLYEH   ET  LE   LIVRE 
DE  KALILA  ET  DIMNA. 

Anoùscharwàn  avait  cent-vingt  médecins,  tant  grecs  qu'indiens  et 
persans.  L'un  des  plus  illustres  des  médecins  persans,  celui  qui  s'a- 


630  IIISTOIRK   DKS   ROIS   DKS   PERSES. 

Jj-i\  ,JN^    U   s-AiLijJl  i-/>5Lc  tj-«  WI44J  2[U>  O^-i^^Jl  i')L<j  ^\  L^,vii_)tj 
w_i_k-Jt  ^   .3ï_»*JU  ^ji^.g_^   «OiUc-^wl^   <_*u_àJ  Ji  Lç  ^Lp,4i^t  v-«>ik.t 

s- 

4>-^  ^L_i  l5^^^  "'■8^><s-^v-'}  *-fr^-<^-^ '^'î  ^■^-U ^Ji-*-' u  L^Lijc^i  ji  i  ^_5llXJ» 

l'I  C  JLil.  —  (■-)  C  Â-jb.  —  "1  Manque  clans  C.  ~  "1   Manque  dans  M. 


donnait  le  plus  à  rétude  des  livres,  était  riourzoûyeh.  Ayant  lu  dans 
un  de  ces  livres  que  sur  certaines  montagnes  de  l'Inde  il  y  avait  une 
nier\"eilleuse  plante  médicinale  qui  faisait  revivre  les  morts,  il  pensait 
constamment  à  cette  plante  et  il  avait  l'ambition  dt;  la  recliercher  et 
de  se  la  procurer.  Il  linit  par  faire  part  à  Anoûscharwàn  de  son  projet 
et  lui  demanda  de  lui  permettre  de  partir  et  de  chercher  à  obtenir 
l'objet  de  ses  désirs.  Le  roi  l'y  autorisa,  lui  facilita  le  voyage  par  des 
subsides  et  le  munit  d'une  lettre  adressée  au  roi  de  llude,  laquelle 
devait  lui  assurer  le  succès. 

Bourz.()ûyeh  partit  pour  la  capitale  de  l'Inde.  Lorsqu'il  y  arriva  et 
qu  il  présenta  la  lettre  d'Anoûscharwàn  au  roi,  celui-ci  lui  donna  une 
généreuse  hospitalité  et  le  droit  de  faire  tout  ce  qu'il  jugeait  néces- 
saire pour  atteindre  son  but  et  le  mit  à  même  de  partir  à  la  recherche 
des  plantes  médicinales  aux  endroits  où  l'on  supposait  qu'elles  se 
trouvaient.  Bourzoûyeh  ne  cessa  de  déployer  la  plus  grande  activité  et 
toute  l'ardeur  possible  et  de  se  consumer  en  eflbrts  et  en  peines  pour 
cueillir  et  ramasser  des  plantes  médicinales,  pour  les  grouper  et  les 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  631 

^j-.^aujj  <~^Ij\  ^^  ^^^j  <»-^M>  cj*  ^^  ^  J!y^^]_j  <^'w5jî  y.x.i':ji-Jj 
<jjjso  (3)L  4I  JuLi  ^_£jl!  j^^^j^  u  Jic  s-AiUjJl  (-^iij^j^  l^JUu;]^ 


*')  M  it,>oij  Ajlé  JjJij;  f"-  i'  ÂiU.  -     Manque  dans  ('.  —    ■"     Maii(|iu-  dans  M. 


rassembler,  de  sorte  que,  après  un  certain  temps,  il  pouvait  dire 
comme  dit  le  peuple  de  Baghdàd  :  «Nous  avons  constamment  été 
occupés  à  rien,  jusqu'à  ce  que  nous  eûmes  fini.»  H  éprouvait  un 
grand  chagrin  et  était  fort  découragé,  parce  qu'il  n'avait  pas  atteint 
ce  qu'il  voulait  et  qu'il  avait  perdu  son  temps,  et  il  se  figurait  la  honte 
qu'il  éprouverait  devant  son  maître  quand  il  reviendrait  à  sa  cour  avec 
sa  déception.  Il  demanda  quel  était  le  plus  habile  médecin  et  le  plus 
grand  savant  dans  l'Inde.  On  lui  indiqua  un  vieillard  fort  âgé.  Il  vint 
le  trouver,  lui  exposa  son  cas  et  lui  parla  de  ce  qu'il  avait  lu  dans 
quelque  ouvrage,  à  savoir  qu'il  y  avait  dans  l'Inde  des  montagnes  au 
milieu  desquelles  se  trouvaient  des  plantes  médicinales  qui  faisaient 
revivre  les  morts.  Le  vieillard  lui  dit  : 

ïu  as  appris  une  chose,  mais  d'autres  choses  te  sont  restées  cacliées. 

N'as-tu  pas  compris  que  ceci  est  une  allégorie  des  anciens.^  Par 
les  montagnes,  on  a  voulu  désigner  les  savants;  par  les  plantes,  leurs 
salutaires  et  profitables  paroles;  par  les  morts,  les  ignorants.   Les 


()32  IIISTOIRK   DES   I\()IS    DKS  l'EHSES. 

f(-^S^  Jl^  ^_^'^  'Li^t  Jvl  ^j.^  Jl^i  ^>it^  jL5J|  jUJI 

<>C«:>«  4)>^Elj  ^-y^^  <_jwvJi    ^Jl   ï>  â_Na_i  ^^^s-i!.   jiXtftj    >_^V»I   ^î-*^   jftjLjsi 

<_*M_L^    ^fcj    uP    tj    V'"^^    J^-^'r'r;    '^''iaJU    5t..tuJlj    <_>.\s-j    «LjL^ls    ijL^vJlJJ 
[il    ^^^jOkJIj   L_(î)Ov_ÂUi_)»   «LaJ'o»^    ht  i  ^~-J»   "^-^  v^î^'VS'  (__>l.^i-SJL  «x^kj. 

'    C  *j-,ii..  —  '■-'   M  (jlxj;  C.  sJwjkjtj.   —   '""   Maii([iic  dans  C.  —  ('''  M  j!  ^:^  ^yiJ'j- 


anciens  veulent  dire  que  les  savants  qui  instruisent  les  ignorants  par 
leurs  maximes  sont  comme  s'ils  faisaient  revivre  les  morts.  Ces  maximes 
sont  renfermées  dans  un  livre  intitulé  Kaltla  et  Dinma,  qui  ne  se  trouve 
que  clans  le  Trésor  du  roi.  »  Bourzoûyeh,  délivré  de  ses  soucis  et 
tout  heureux  de  ce  qu'il  venait  d'entendre,  demanda  au  roi  de  lui 
])rêter  le  livre  et  de  rendre  ainsi  au  roi  Anoûscharwàn  un  Lon  olllce 
c[ui  lui  mériterait  sa  reconnaissance.  Le  roi  répondit  :  «Je  donnerai 
l'ordre  de  te  le  prêter,  par  considération  pour  ton  maître  d'abord,  et 
aussi  par  égard  pour  toi,  à  condition  que  tu  le  regardes  devant  moi 
et  que  tu  n'en  prennes  pas  une  copie  pour  toi.  »  Bourzoûyeh  déclara 
qu'il  se  conformerait  strictement  à  ses  ordres.  Dès  lors,  il  assistait 
chaque  jour  à  la  réception  du  roi,  demandait  le  livre  et  l'étudiait,  rete- 
nait le  sens  des  diverses  parties  et  les  mettait  ])ar  écrit  quand  il  rentrait 
chez  lui  jusqu'à  ce  qu'il  feùt  entièrement  terminé.  Il  demanda  ensuite 
au  roi  la  permission  de  s'en  retourner  à  la  cour  de  son  maître.  Le  roi 
la  lui  accorda,  lui  fit  despré.sents  cl  lui  donna  une  rohe  d'Iionneur. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  63.^ 

i 
"^-^i-^    Jj"^!  sjLsJ!   —lJ.JiJi  ^i"^!  J  ..ilUl  J,|    Ç-j-^^aJj   ^Jjy->   c>^âJjL9 

«<_,  Jjs_s->c*^  \'  !1^^  LLs^  «oLtiJj  ^b-^l^  ^_3,i^>^l  J  "^^  ,5:<,;^ 

'    Mss.  ^j^.  —  i-)  C  Ajli.  —   ''  M  A-Sj^JJIj.  —   »l  Manque  clans  C.  —  W  M  *JLs. 


Lorsque  Bomzoùyeli  arriva  à  la  cour  et  se  présenta  devant  Anoû- 
scharwàn,  il  lui  raconta  ce  qui  lui  était  arrivé  et  lui  annonça  comme 
un  heureux  événement  qu'il  était  en  possession  du  livre;  puis  il  le  lui 
présenta.  Anonscharwan  en  fut  charmé,  combla  Bourzoûyeh  de  ca- 
deaux et  donna  à  Bouzourdjniihr  l'ordre  de  traduire  le  livre  en  langue 
pehlvie.  Bourzoûyeh  chercha  à  obtenir  du  roi  et  lui  demanda  humble- 
ment de  permettre  que  Ton  mît  en  tète  du  premier  chapitre  son  nom 
et  sa  bioi,na|)hie.  Anoùscharwàn  le  lui  accorda.  Et  le  livre  demeura 
toujours,  précieusement  gardé,  chez  les  rois  des  Perses,  jusqu'à  ce 
que  Ibu  MoqaflV  le  traduisît  en  arabe  et  Roûdhakî,  sur  l'ordre  de 
l'émir  Nasr  ibu  Ahmad,  en  vers  persans. 

COURROLX  D'ANOÙSCHARWÀN   CONTUE   BOUZOUUDJMIHR. 

Lorsque  Anoùscharwàn,  courroucé  contre  Bouzourdjmihr,  lui  re- 
tira sa  Faveur,  il  lui  ordonna  de  choisir  pour  demeure  un  endroit  f/«'(7 
ne  désirerait  pas  (juitter,  ni  en  hiver,  ni  en  été;  pour  nourriture,  un  seul 


634  HISTOIRE  DES   HOIS   DES   PERSES. 

]:>\\j  ^_à^^^\  Ji  <_>^_SnJ  t_}j..«iJ|  jLx^ls  ^wst  JS  ^jOsjtXj  jl  Ljj_j  «C^Lsil, 

L3^->o^->^  ^vUs — ii«_Ji  J^l  w_^.ia_Aj5  JsJJU  os^^oj  ,^_4i  (.5*^  <i^s|  ^J  "^I-jI 

c:^-_/Os— *J|    "C-AJ   Lf   ^4_w\    t^jw*jfc.|     .^!  <l    ijls.   "Ca-Lc    L/0^>L^  M-iJLo   |s-ajLn^ 


aliment  auquel  il  ne  substituerait  aucun  autre  et,  pour  se  couvrir, 
un  vêtement  qu'il  ne  changerait  jamais.  Bouzourtljmihr  choisit  pour 
demeure  le  souterrain,  parce  qu'il  est  froid  en  été  et  chaud  en  hiver; 
pour  se  nourrir,  le  lait,  parce  qu'il  est  en  même  temps  une  nourriture 
substantielle  et  une  boisson  et  l'aliment  de  l'enfant  et  du  vieillard; 
et  il  prit  pour  vêtement  la  fourrure,  qu'il  endossait  en  hiver  et  qu'il 
portait  à  l'envers  pendant  l'été.  Son  martyre  durait  longtemps,  de 
telle  sorte  qu'il  perdit  la  vue. 

L'empereur  envoya  à  Anoûscharwàn  un  petit  coffre  fermé  par  un 
cadenas  et  scellé,  avec  ce  message  :  «  Si  tu  dis  à  mon  envoyé  ce  qu'il 
y  a  dans  ce  coffre,  je  m'engagea  te  payer  tribut,  sinon,  non.  «  Anoû- 
scharwàn le  demanda  aux  hommes  perspicaces  de  sa  cour,  mais  ils 
furent  tous  également  hors  d'état  de  répondre  et  de  deviner.  Il  recon- 
nut que  seul  Bouzourdjmihr,  bien  qu'il  fût  aveugle,  était  capable  de 
résoudre  le  problème.  H  donna  l'ordre  de  le  mettre  en  liberté,  de  le 
conduire  au  bain,  de  le  revêtir  du  costume  des  vizirs  qu'il  portait  au- 
paravant et  de  l'introduire.  Son  ordre  fut  exécuté  et  Bouzourdjmihr 
fut  amené.  H  le  reçut  avec  honneur,  se  justifia  auprès  de  lui,  lui 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  6:^5 

^1  Lj^_^|j  (I) ^^j_A_^y,^Li  <^Ut  ^Jo^  .>oJ|  ^J-o  ^^j   ;^  4^J  4)^_g4Uvl9 

JoU)   e:jU    ^!    ^J!    -L-gJ    JLh_5  ^v^!   '<Ji-LsÂ-i-*<'l5    jjJdajls  ^Sy   J^  ^::yJLi3 
.1,  ^aJL-   "O-LsJU-^vls    ,J-iiaj|^  "^  .^Is  jJj  ^'1   jUi   Joi.»  ,^U  J-J  t:^LiS 

'     M  ^^JJ^Li.  —    -'   (li's  mois  maii(|iieiit  dans  M.  ■    M  a^Ij.   —    ''   M  L$j.>-^I.  — 

'     \I;m(|ui'  dans  C. 


parla  du  coll'œ  cl  lui  di-niauda  ce  qu'il  coulonail.  Bouzourdjniiln-  lui 
dcnianda  pour  rc])uiidi('  à  la  question  le  délai  d'une  nuit.  Le  len- 
demain, il  monta  à  clie\al  et  se  fit  précéder  par  deux  valets  auxquels 
il  ordonna  de  lui  signaler  la  première  personne  qui  viendrait  en  sens 
opposé  sur  son  chemin.  Une  femme  \int  à  passer  et  il  lui  demanda 
si  elle  était  vierge  ou  épouse.  Elle  répondit  qu'elle  était  vierge.  Bou- 
zourdjmihr  poursuivit  sa  route.  Une  autre  femme  venant  à  passer,  il 
lui  demanda  si  elle  était  célibataire  ou  mariée.  —  «  Mariée,  répondit- 
elle.  —  As-tu  des  enfants.^  —  Non.  "  Bouzourdjmihr  s'éloigna.  Une 
troisième  femnie  qui  vint  à  passer  répondit  à  ses  questions  qu'elle 
avait  des  enfants.  H  continua  son  chemin  et,  étant  entré  au  palais,  il  se 
présenta  devant  Anoûscharvvàn.  Il  lui  demanda  de  donner  l'ordre  de 
taire  venir  l'envoyé  et  d'apporter  le  coffre  scellé.  Ce  qui  fut  fait. 
Alors  Bouzourdjmihr  dit  :  «Il  y  a  dans  ce  coffre  trois  perles,  dont 
l'une  n'est  pas  percée;  une  autre  est  percée  à  moitié  et  la  troisième 
est  percée  entièrement.  Le  coffre  ayant  été  ouvert,  on  trouva  les 
perles,  comme  il  avait  dit.  Anoûscharwàn  admira  sa  perspicacité,  se 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 


,^_çJ|  <_A— ^s-^«  ^__y3N_^«    ^rî^^JUJ»    ,,>».^a_i!.  %iL*v  ^j^   ^s_îi    jA_LJ>   U»   (__jUjj| 

Cl,,  t  p.  >ls  <— aJ'  ^>-g-*J  (,:>-f^^  ?\UiJs_tv|j  <jj|J.|j  iJo|j-l|  /i^-*-4-  ''4^  3j-^ 

s-  _ 


repentit  de  lui  avoir  fait  éprouver  son  courroux  et  attribua  ce  lait  au 
décret  et  à  la  volonté  de  Dieu.  L'envoyé  de  l'empereur  s'engagea,  au 
nom  de  son  maître,  à  payer  tribut. 

FIN  nu  hÈ(;ne  d'anolscharwÀn  le  juste. 

Quand  Anoùscliarwàn  eut  régné  quarante-liuit  ans,  règne  pendant 
lequel  il  avait  rendu  l'univers  florissant,  soumis  les  rois,  établi  d'excel- 
lentes institutions,  fondé  les  villes  de  Naubandjàn,  de  Roûmiya, 
d'Ardabîl,  de  Hadjar  et  construit  la  muraille  de  Bâb  al-Abwàb  et  les 
autres  forteresses  et  châteaux  mentionnés  ci-dessus,  il  tomba  malade 
de  la  maladie  dont  il  mourut.  Il  réunit  les  mobedhs  et  les  marzebàn 
et  les  consulta  sur  le  choix  de  son  successeur.  Ils  furent  d'accord  avec 
lui  pour  désigner  son  fils  Hormoz,  né  de  la  fille  du  Khàqàn,  le  roi 
des  Turcs.  Anoûscharwàn  le  fit  appeler  et  lui  dit  :  «Mon  fds,  je  te 
choisis  pour  exercer  le  pouvoir,  te  préférant  à  mes  autres  fils,  à  cause 


HISTOIRE  DES  ROIS   DES  PERSES.  637 

<jijUj   <.»  >sa>.  .X>^   iL-yjJ\  <'  ^:)-<^  T^T^  c^^-S'  (i<jui  ejv^J^L^  <Sy-^>-^ 

lli^Jj   ^LS^  w^"^!  4I  v-i)  Çv_X.JC_J^   i-i;JjJJ.I  4_<o>>..^i^   «Col   -«LiL^j;^^;^   ^Is 

''   C  >iL>  jjii.1. .   —    ■'   Maïuiiii'  dans  \\.  —   t''   C,  au-dessous  Ac  vc  mot,  ^1  il  y  <»!  ■  — 
''   Ces  mots  in<iiic|iiriit  ilans  ('..  —    ''  Mss.  ^JàÀJ  . 


(les  bonnes  dispositions  que  j'ai  remarquées  en  toi.  Justifie  la  haute 
opinion  que  j'ai  de  toi  et  suis  la  voie  que  j'ai  suivie;  car  lu  as  vu  mes 
actes  et  as  été  témoin  des  grandes  choses  que  j'ai  faites.  Ilormoz  pleura 
et  prit  l'engagement  envers  lui  de  demeurer  fidèle  aux  règles  qu'il 
avait  établies.  Les  hauts  dignitaires  et  les  grands  en  firent  de  même 
et  assurèrent  à  Hormoz  le  pouvoir.  Après  cela,  avant  cpi  une  semaine 
ne  se  fût  écoulée,  Anoùscharwàn  mourut. 

RÈGNE  DE  IlORMO/.,    FILS  n'ANOl  SCIIUWVÀN. 

Hormoz  régna  à  la  place  de  son  père.  Les  rois  vassaux  lui  ren- 
dirent hommage  et  son  jDOUVoir  était  bien  établi.  Il  était  bon  pour 
les  faibles,  sévère  envers  les  puissants,  favorisait  les  humbles  et 
abaissait  les  personnages  haut  placés.  Lorsqu'il  fut  entièrement  maître 
du  gouvernement,  il  se  mit  à  rabaisser  certains  personnages  qui 
avaient  été  en  faveur  auprès  de  son  père,  à  les  charger  de  fautes  qu'ils 
n'avaient  pas  commises  et  à  les  exterminer  les  uns  après  les  antres,  et 


638  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

-•Lj]   ^    <_-i--«   ^Ji^-::^jX^\  ^^  JS^^J-»  ^J-JU^jj    AX^   .X^UI  ('ÎJsJO  J>-^UJl 

^_£j    Jil^   v_5;r-*-'   f*!/-^   ^    s;  Jj_JLJ   U^^Jj^    jLa.3  jj^^gj^  ^^.^Jj^-S:. 

O   M;iii(iiic'  dans  C.  —  '-'   ('.  j^rij,  et  ainsi  plus  bas.   —  '^f  Mss.  Aa^Iij .  —  <''  "Li  . 
—  '^'  C  y.!.  —  "    M  Ov*Jl,.  —  '  ^Iaiu[no  clans  C.  —  W   M  JyL>. 


aussi  à  satisfaire  sa  rancune  à  l'égard  de  tous  ceux  pour  lesquels  il 
avait  éprouvé  de  l'aversion  du  temps  d'Anoûscharwàn. 

Hormoz  voulait  faire  mourir  Bourzmihr  et  Bahràm  Adharmàhân, 
qui  avaient  été  de  grands  dignitaires  et  avaient  rempli  de  hautes  fonc- 
tions sous  le  règne  d'Anoûscharwàn.  Il  fit  appeler  Bourzmihr  et,  lui 
parlant  en  secret,  lui  dit  :  «J'ai  l'intention  de  tuer  Bahràm  Adhar- 
màhân; mais  je  voudrais  que  cela  fût  fait  par  le  moyen  de  quelque 
incrimination  qui  serait  dirigée  contre  lui.  Si  tu  attestes  devant  les 
grands  qu'il  est  coupahle  et  (ju'il  mérite  la  mort,  je  te  garantis  la  vie 
.sauve  et  t'élève  à  un  plus  haut  rang.  »  Bourzmihr  répliqua  :  «  Je  ne 
saurais  refuser  d'exécuter  l'ordre  du  roi  !  »  Hormoz  alors  donna  l'ordre 
de  réunir  un  conseil  des  seuls  notahles  et  fit  appeler  Bourzmihr  et 
Bahràm.  S'adressant  à  Bourzmihr,  il  lui  demanda  ce  qu'il  avait  à 
dire  concernant  Bahràm.  Bourzmihr,  sachant  ce  qu'il  voulait  et  con- 
vaincu qu'il  commencerait  par  faire  mourir  Bahràm  et  qu'ensuite  il 
le  tuerait  également,  se  départit  de, toute  réserve  et  dit  hardiment  : 
'<  J'atteste  qu'  il  est  coupable  et  qu'il  mérite  la  mort.  —  Mon  frère,  dit 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  639 

j  jjl  ^Ul  L^î  j'^jLi  Jjs.^  u  .v.^>Lt  <'  Jli^.  «L.  '^jo  ^Joti  Jjt 

Cl   Manqu.'  dans  M.  —  '^'    M  Jliu»l|.  —   ^1    M  ^1^4  ^[jû. 


i5aliraui,  quand  m"as-tu  vu  conmiettre  l'action  coupable  que  tu  m'im- 
putes? »  Bourzmihr  répondit  :  «  Le  jour  que  le  roi  Anoûscharwàn  nous 
a  consultés  pour  savoir  s'il  fallait  donner  le  pouvoir  au  fils  de  la 
Turque,  c'est-à-dire  à  Hormoz.  Nous  lui  conseillâmes  de  choisir  un 
aulre;  mais  toi,  tu  te  prononças  pour  lui.  »  Hormoz,  tout  confus, 
baissa  les  yeux.  Quand  le  conseil  se  fut  séparé,  il  donna  Tordre  de  les 
arrêter  tous  deux.  Il  fit  ensuite  mettre  à  mort  Bourzmibr. 

Babràm,  sachant  qu'il  était  également  condamné,  dit  en  lui-même  : 
.le  veux,  avant  de  quitter  le  monde,  rémunérer  ce  tyran  perfide  et 
sanguinaire  par  un  don  qui  attristera  sa  vie.  Il  envova  donc  à  Hormoz 
un  message  dans  lequel,  après  avoir  rappelé  les  droits  qu'il  avait  à  la 
reconnaissance  du  roi  et  les  motifs  qui  devaient  lui  rendre  sa  vde  in- 
violable, il  lui  dit  :  «J'ai  à  te  donner  un  avis  utile;  te  plaît-il  de 
me  faire  venir  pour  que  je  te  le  communique?»  Hormoz  le  fit  venir 
et  lui  ordonna  de  parler.  Bahràm  dit  :  <  Il  y  a,  ô  roi,  dans  les  archives 
secrètes  de  ta  cour,  une  boite  en  or  scellée  du  sceau  de  ton  père.  Il 
serait  bon  que  tu  prisses  connaissance  à  présent  de  ce  qu'elle  contient. 


{]!lO  IIISTOIRF.   DES   UOIS    DKS   PERSES. 

j^>    »    (^  -^  I      .^U^ <*»j|    jaJSi^    ^-g-^   ' >•-*— S-/«    ,J^^-*w■^i^   j-Jv^^    <C«JaJ   ^_C   ^::^  -^  B  ^ 

^Lf  ^wo^   ^\  J^!  ^   ^LS^^It  J   <^L^%  ^)->oj4l  ^;)-*^^t  J^lsl 
^  ■,  <-\    'L—tsX^    \  «.^1  ( >sJa.,v2j>  ^   r-g-**'   '^>-*-*^'j    "Owtv  Ss_<iXx    ^.X-Sk-I  ^>Xjtj 

i3'i^_44sj  csps^  ^L^-il  L^  f*!;-^-^  <j!i>lj  wo!  4|^jw*v  J^'t  ^j-j!  Lil^  «o;x>^ 


poui'  ([lie  tu  saches  commenl  il  huit  euvisager  ton  avenir.  »  Hormoz 
demanda  que  Ton  apportât  la  boîte  et  la  fit  ouvrir.  On  y  trouva  une 
pièce  de  soie  de  Chine  sur  laquelle  étaient  tracés  ces  mots  de  l'écriture 
d'Anoûscliarwàn  :  «  Les  astrologues  connus  pour  leur  inlaillibilité 
clans  l'interprétation  de  l'action  des  astres  affirment  unanimement 
que  mon  hls  Hormoz  régnera  aj)rès  moi  pendant  onze  ans  et  neuf 
mois,  que  son  gouvernement  sera  ensuite  en  proie  aux  troubles,  qu'il 
y  aura  des  séditions  et  c|ue  les  rebelles  le  déposeront  et  lui  crèveront 
les  yeux,  et  qu'après  cela  ils  le  tueront.  »  Lorsque  Hormoz  vit  les  lignes 
tracées  par  son  père,  le  monde  devint  sombre  à  ses  yeux  et  la  tristesse 
s'empara  de  son  âme.  Bahràm  ayant  été  ramené  sur  Tordre  de  Hormoz 
dans  sa  prison  dit  :  <<  Je  viens  de  mettre  le  fils  de  la  Turque  dans  une 
situation  telle  ([u'il  mènera  une  vie  misérable!  »  Lorsque  la  nuit  eut 
laissé  tomber  ses  voiles,  Hormoz  donna  l'ordre  de  lui  faire  goûter  la 
chaleur  du  sabre.  Quant  à  lui,  il  renonça  au  plaisir  et  à  la  gaieté;  le 
sommeil  ne  lui  était  pas  doux  et  ses  jours  étaient  sombres. 

Cependant,  Hormoz  demeurait  fidèle  à  son  svstème  de  réprimer 


UISÏOIKK   DKS  ROIS  DES   PERSES.  6-'tI 

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les  actes  de  violenec  des  puissants  et  de  protéger  les  iail)les.  Il  passai! 
l'été  dans  l'Iraq  et  1  hiver  dans  le  Fars.  Lors  de  ses  voyages,  il  délen- 
dait  aux  troupes  de  loucher  au.\  récoltes  de  ses  sujets  et  les  punissait 
sévèrement  quand  elles  leur  causaient  du  dommage;  il  lui  importait 
peu  de  mettre  à  mort  un  chef  illustre  pour  un  crible  de  paille  ou  un 
fagot  de  bois  enlevés  à  un  jiropriétaire  de  champs.  On  raconte  qu'un 
de  ses  chefs  d'armée  voyageant  avec  lui  vit,  un  jour,  une  vigne  dont 
le  raisin  était  niùr  et  d'un  aspect  lort  agréable.  Il  en  avait  envie  et 
ordonna  à  son  page  d'en  cueillir  quelques  grappes  et  de  les  lui  ap- 
porter. Ce  qui  fut  fait.  Le  propriétaire  de  la  vigne  arriva,  saisit  la  bride 
de  son  cheval  et  s'y  suspendit,  se  plaignant  d'avoir  été  lésé  j)ar  lui. 
Le  chef  d'armée,  craignant  que  le  fait  ne  vînt  à  la  connaissance  de 
Hormoz  qui,  en  conséquence,  le  ferait  mettre  à  mort,  détacha  une 
ceinture  d'or  brodée  de  joyaux  qu'il  portait  et  la  jeta  au  propriétaire 
pour  éviter  que  celui-ci  n'allât  se  plaindre  de  lui.  Abar\viz,fds  de  Hor- 
moz, se  trouvant  dans  le  cortège  de  son  père  lors  d'un  de  ses  déplace- 


(\fi2  IIISTOIUE   DKS   UOIS   DES   PERSES. 

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'     M  wOwo.     -    -     Mss.  JU«.  —    '    Vj  *jIw,  l'I  toujours  ainsi,  plus  l)as.  —  ■'-    C  ci»i'bj' . 
■'     Manqur-  clans  C. 


inents,  avait,  pendant  la  route,  quillr  son  clieval,  qui  était  ie  j)lus 
noble  (le  tous  ceux  qu'il  possédait,  pour  en  monter  un  autre.  Le  cour- 
sier libre  s'était  échappé,  était  entré  dans  le  champ  d'un  cultivateur  et 
y  avait  brouté  un  peu  de  verdure.  Le  propriétaire  du  champ  ayant 
porté  plainte  auprès  de  Hormoz,  celui-ci  donna  l'ordre  de  couper  la 
queue  et  les  oreilles  du  cheval  et  de  faire  payer  à  Abarwiz  l'indemnité 
pour  le  dommage  que  le  propriétaire  avait  subi. 

HORMOZ  CHARGE  BAHRÂM  SCHGIJBÎN 
DE  LA  CAMPAGNE  CONTRE  SCHÀBA-SCHÂH  ,  ROI   DES  TURCS. 

Lorsque  la  situation  de  Hormoz  devint  embarra.ssée,  que  les  enne- 
mis entourèrent  les  frontières  de  son  Empire  et  que  le  Khàqàn  appelé 
Schàba-Schàh  s'avança  avec  cent  mille  cavaliers  sur  Balkh  dans  l'in- 
tention de  conquérir  et  de  lui  enlever  l'Irànschahr,  Hormoz  consulta  les 
mobedhs  et  les  j^ranfls  sur  les  fâcheux  événements  qui  lui  arrivaient. 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  G'iiS 

<_)LS^^L  fj-^j  ?j-*i  àlL  jtu^=^  Ut  <j\j  jJJlLI  ^Iv-o!  ?!  -i^yJ'  <^.^^ 

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Tous  furent  d'avis  que  c'était  du  côté  des  Turcs  que  l'Empire  était  le 
plus  {j^ravemont  atteint  et  que,  s'il  cautérisait  celte  plaie,  s'il  niettail 
un  ternie  à  leurs  incursions  et  à  leurs  ravages  en  leur  infligeant  une 
sévère  défaite,  leur  sort  servirait  d'avertissement  aux  autres  ennemis 
(pii  alors  se  retireraient.  Floiinoz  leui-  demanda  de  lui  désigner 
riiomme  qu'il  pourrait  charger  de  la  campagne  contre  les  Turcs.  La 
plupart  d'entre  eux  opinèrent  pour  Bahràm-Schoûbin,  marzebàn  de 
l'Adliarbaïdjàn,  parce  qu'il  possédait  à  la  fois  les  qualités  du  parfait 
chevalier  et  une  grande  bravoure,  ainsi  que  les  talents  du  comman- 
dement et  ceux  de  l'habile  politique. 

Hormoz  l'ayant  fait  venir  vit  en  Bahram  Schoiibin  un  homme  sur 
(|ui  brillaient  les  signes  de  la  résolution,  et  discerna  en  lui  les  capa- 
cités du  commandement.  Il  examina  avec  lui  l'aHaire  pour  laquelle 
il  l'avait  appelé  et  tout  ce  qu'il  entendait  de  Bahccàm  lui  causa  une 
entière  satisfaction.  Il  lui  confia  donc  la  direction  de  la  guerre  contre 
les  Turcs  et  lui  laissa  pleine  liberté  de  demander  telles  sommes  d'ar- 
gent et  tel  nombre  d'hommes  qu'il  voulait.  Bahràm  prit  douze  mille 
hommes  de  l'élite  des  grands  et  des  guerriers  fameux  et  choisit  tout  le 
matériel  de  guerre  qui  pouvait  le  mettre  en  parfait  état  de  prépara- 


(i'i'i  iiisTOiHF.  nr.s  UOIS  i^ks  pkrsks 


•    "i-y^^S-i^    ^LttJl  ,.::^U    iS-^^    isJbÂJ   ^J^jfi    Jls»    ((>-**')    '^') 


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o.jjj5,   «d'I  *Lvà_â_)  Ls:».> 


Maiiquo  dans  M.     -   -'   M  t-^  j«.  '^    —  Mss.  Sj^ÀéU. 


tion.  Iloniioz  donna  l'ordre  de  satisfaire  à  toutes  ses  demandes  et  de 
lui  lournir  tout  ce  qui  lui  était  nécessaire.  Il  le  fit  revêtir  d'une  robe 
d'honneur  et  lui  remit  l'étendard  de  liousteni,  en  disant:  «Voici  le 
signe  qui  rappelle  la  mémoire  de  Roustem;  tu  es  son  remplaçant  et 
son  substitut!»  Bahràm  baisa  la  terre  devant  le  roi  à  plusieurs  re- 
prises; puis  il  lit  ses  préparatifs  de  départ  et  se  mit  en  route. 

Un  devin  attaché  au  service  de  Hormoz  qui  avait  reçu  de  lui  l'ordre 
de  scruter  l'avenir  de  Bahràm,  suivit  son  cortège.  Bahràm,  lorsqu'il 
fut  hors  de  la  vilh-,  vit  un  marchand  de  têtes  tout  nu,  portant  un 
baquet  rempli  de  têtes  de  moutons.  H  en  tira  bon  augure,  se  mil  au 
galop  et  enleva  avec  sa  lance  deux  de  ces  têtes,  en  s'écriant  :  «  Par  la 
fortune  heureuse  du  roi  Hormoz,  j'enlèverai  les  têtes  de  Schàba-Schàh 
et  de  son  frère  Faghfoûra,  comme  je  viens  d'enlever  ces  deux  têtes!  » 
J-e  devin  retourna  auprès  de  Hormoz,  lui  rapporta  ce  qu'il  avait  vu  et 
entendu  et  ajouta  :  «Il  vaincra  l'ennemi,  mais  il  se  révoltera  contre 
son  maître.  »  Hormoz  répliqua  :  '  J'accepterai  ce  qui  aura  été  décrété 
et  disposé  par  Dieu.  » 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES  PERSES. 


C/j5 


s- 


J^  4'    Jls.    SxjJjLJ   ^Li-I   ^Li   <jLi 


^♦_5s_^w;ioj  ^»J>U_i=L)  ^  ^Jic  ^l^j'  ^    s_Ai.AA_ttj|  LiLi^is-*;»  ^jJw**<j-^ 


lUIlHAM   KT  SCIIABA-SCIIAII. 


Bahràni,  clans  le  conimandement  de  rarmée,  lit  preuve  de  la  plus 
grande  aptitude  et,  dans  sa  marche  vers  l'ennemi,  d'une  habileté  con- 
sommée. Apprenant  qu'un  soldat  s'était  fait  remettre  de  force  par  une 
femme  un  sac  de  paille,  il  donna  l'ordre  de  couper  ce  soldat  en  deux, 
pour  que  les  autres  fussent  intimidés  par  son  exemple.  Lorsqu'il  fut 
arrivé  près  du  camp  de  l'ennemi,  Schàba-Schàh  lui  députa  son 
frère  P'aghfoûra  porteur  du  message  suivant  :  »  Ta  bravoure  et  ton 
grand  talent  politique  dont  j'ai  entendu  parler  m'inspirent  le  désir 
de  t'épargner,  de  te  faire  du  bien  et  de  t'attacher  à  mon  service. 
Choisis  donc  l'une  de  ces  deux  choses  :  ou  tu  t'en  retourneras  sain  et 
sauf  avec  tes  hommes,  ou  tu  viendras  te  mettre  sous  ma  protection; 
je  t'accueillerai  avec  honneur,  te  donnerai  une  haute  position  et  t'in- 
vestirai du  gouvernement  tfe  l'Irànschahr.  Ne  t'expose  pas  à  périr  avec 
ta  petite  troupe  en  attaquant  témérairement  des  gens  qui  vous  dévo- 


6.'l6  IIISTOIRK   DES   ROIS  DES   PERSES. 

^  jj^^'^v^  ^>i  ^iU^^'  j^  ^•^iwSUi  |j^  c'ty^v  ^tj-gj  jUi  ^.y.  j 

3  ^^-J|j   (Jj->iaJ|  t_>s^>iij  (VÏ^Ij  ^-^^JJ   '3)vI*Oj  (^^.wvà-È   «—sL-ii  \^-^->  <-6=>-l 
|â    T  >.    S    ftT 1  AXue  .y^\  (Si   VxLàj  ^  jj_>».^|  ^LiJC_«;L5  pjjJC^L 

''   Mss.    »»_5*,.   —   '-'    C,  manque  y.   —  (-'i    M    ij.«v5j .    —  '''    Manque  clans  M.   — 
'^'  M/jjJLib.  —  '*'  Lacune  (le  quelques  |)lirases  dans  les  deux  niss. 


reront  en  un  clin  d'œil.  »  Bahràni  répondit  :  «Fi  de  ce  langaj^e! 
Dis  à  ton  frère  que  si  mon  maître,  pour  te  prendre,  m'a  envoyé,  moi 
qui  suis  le  moindre  de  ses  serviteurs,  c'est  qu'il  fait  peu  de  cas  de  toi. 
Il  m'a  ordonné  de  lui  apporter  ta  tête.  On  ne  désobéit  pas  à  son  ordre!  » 

Lorsque  Faghfoùra  revint  avec  cette  réponse  auprès  de  son  frère, 
celui-ci  fut  saisi  d'une  violente  colère  et  entra  en  fureur.  Il  monta  à 
cheval,  fit  battre  les  tambours  et  sonner  les  trompettes  et  donna  à  ses 
gens  l'ordre  de  se  porter  en  avant.  Il  leur  dit  :  «  Ramassez  cette  poignée 
d'hommes  et  dévorez-les  comme  du  sawki;  que  pas  un  seul  d'entre 
eux  n'échappe!  "...  Bahràm  avait  disposé  son  armée  de  la  façon  la 
mieux  entendue,  avait  placé  les  fantassins  devant  lui,  les  éléphants 
derrière  lui  et  les  preux  guerriers  à  sa  droite  et  à  sa  gauche.  Il  avait 
envoyé  un  détachement  de  braves  pour  barrer  la  route  à  ceux  de  ses 
soldats  qui  pourraient  s'enfuir. 

L'action  s'étant  engagée,  la  mêlée  lut  ardente  et  les  Turcs  condjal- 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES   PERSES.  647 


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(^)  M  ^. 


Uiionlavec  rage,  hindis  que  Bahràm  résistait  faiblement,  se  tenait  sur 
la  défensive,  siniul;iil  la  retraite  et  faisait  semblant  de  s'enfuir.  Puis 
il  convint  avec  ses  troupes  que,  après  avoir  attendu  un  peu,  elles 
feraient  avec  ensemble  une  charge  générale  et  mettraient  en  œuvre 
fout  ce  quelles  avaient  de  force  et  de  vigueur  pour  combattre  et 
anéantir  les  ennemis.  Les  soldats,  se  conformant  à  son  ordre,  s'élan- 
cèrent comme  des  lions,  au  moment  où  les  Turcs  ne  s'y  attendaient  pas, 
firent  une  charge  vigoureuse,  les  taillèrent  en  pièces  avec  leurs  sabres 
et  lesassommèrent  avec  leurs  massues  et  les  mirenten  déroute.  Bahràm 
les  encouragea  par  ses  cris  et  les  excita  à  la  lutte.  Schàba-Schàh , 
voyant  la  fortune  tourner  contre  lui,  se  mit  à  fuir  avec  sa  suite. 
Bahràm  courut  après  lui  et  tira  sur  lui  une  flèche  qui  transperça  sa 
cuirasse  et  sa  ceinture,  traversa  son  corps  de  part  en  part  et  se  planta 
jusqu'à  la  penne  dans  le  sol.  Schàba-Schàh  tomba  mourant.  Bahràm 
d'un  coup  lui  trancha  la  tète  qu'il  emporta.  Les  Iraniens,  en  poursui- 
vant les  Turcs,  remplirent  de  leurs  cadavres  le  champ  de  bataille  et 
le  lieu  où  ils  avaient  cherché  un  refuge;  ceux  qui  avaient  échappé  à 


HISTOIRE   DF.S   ROIS   DKS    PKRSF,S. 


^    '^\\\j    '^— *-Uv    -.Iw^-^vls    UjJ>vXjO   ^sJ>v.*m^   ^j-« 
<_A_>3^^o    ^     _v -^    <"     :> \Xw3   .»Lw  «OL^i   j^.   ïi»^v-j    "[s]    /*!>-§-:'  ,^-^'    ^-6^1 

"*. }     ,\t-ÀX^    ■'' <j\|^U   J>L>oLJ,l»   <_-KJwO  vJv-^  cJ^  't^T^  ^-à^  *'-^)^5 

_<ilc  ^>_^K_<i»  4i)  1-')|l>^_^Lu-  V/Oj-di  >-i.  wV-**Ji   '^'-ij   iJ»_wJ|   ^îJJoj  s.<s^-J^I 
'    r,  lA;!;^.  —  (■-'   C.y:--*..      -   <'    C  J,j^.    -  ^*)  Mai.quo  dans  M.   —   (5)  M   jj^L, 


la  mort  seiifuiroiil,  cl  la  batalllo  était  terminée.  Baliràm,  couvert  de 
saiii^i^,  rcnlra  dans  son  camp.  Il  n'avait  pas  perdu  un  seul  homme  de 
marrpu^  de  .son  armée.  H  pas.sa  tran([uillement  la  nuit  et  se  reposa. 

Au  matin,  Bahràm  donna  l'ordre  de  réunir  le  butin  et  de  chercher 
à  reconnaître  les  morts.  On  trouva  parmi  eux  F'aghfoûra;  on  prit  sa 
tête,  qui  fut  jointe  à  celle  de  son  frère.  Bahràm,  apprenant  que  Bar- 
moîîdhah,  fils  de  Schàba-Schàh,  s'était  enfermé  dans  la  ville  de 
Baïkand  avec  les  biens  et  les  trésors  et  ayant  auprès  de  lui  les  princi- 
paux personnages  des  Turcs,  envoya  un  messager  à  Hormoz  avec  une 
lettre  qui  annonçait  sa  victoire  et  avec  les  tètes  de  Schâba-Schàh  et 
fie  son  Irère  et  lui  fil  demander  s'il  devait  marcher  contre  Barmoû- 
dh.ih.  Pendant  que  Hormoz,  assis  sur  le  trône  royal  et  entouré  des 
mobedhs  et  des  marzebàn,  leur  parlait  de  l'inquiétude  qu'il  éprou- 
\ait  sur  l'issue  de  la  campagne  de  Bahràm  dont  on  tardait  à  être 
informé,  voici  que  le  messager  de  bonne  nouvelle  vint  lui  annoncer 
la  grande  victoire  el  que  l'envoyé  arriva  lui  apprenant  que  ce  qu'il 
avait  dé.siré  était  pleinement  réalisé.  Hormoz  se  prosterna  devant  Dieu 


HISTOIRE  DKS  ROIS  DES  PERSES.  6'i9 

(_>pUiJ|^   J_^=>^lL  J_jLJOiI   'J  <jd-v^  Jjr*'!;  Jj-^j^\  ^  ?^^^  -i-L^^ 
< — 4*<_^s_a_J  l  >  i  •^   «cJt  >>.-àjj^  -iL^^y  rT^  Sr>'^]^  u^k-s-**!  <_-viL=».  jî^ 

J5I  L_^ — 5    ^^->  ^i>otA>J  ^^.i  <_»L*i  Ju-ol  ^  ùJ^j<£.  Le  ^1  <4>^.  ovj-O. 

i_js_JaJ|^  j_.g_J.'L  J^_!L./;_^U  <'  'w£:>^  <->.ix  ij^-i'^  ■>--«v-g-J  -^-^^j  v^  >^^lr^^ 


t'I  lui  rciulil  grâces  pour  son  iiisij^nic  bif-iilail.  Il  Ht  distrihuer  cent 
hourses  (rnrgciil  aux  pauvres  et  employer  ceiil  bourses  à  désœuvrés 
utiles;  il  accorda  à  l'envové  une  robe  d'Iiouneur  et  lui  fit  de  ricbes 
cadeaux;  puis,  pendant  une  semaine,  il  passa  son  temps  avec  ses 
lamiliers  dans  les  festins  et  les  banquets.  Il  répondit  à  Raliràm  eu 
Faisant  son  éloge,  lui  envoya  de  magnifiques  robes  d'bonneur  et  des 
chevaux  de  grand  prix  et  donna  l'ordre  de  lui  faire  expédier  un  trône 
d'argent.  A  chacun  de  ses  chefs  d'armée,  il  fit  transmettre  une  robe 
d'honneur  et  des  cadeaux.  Enfin  il  ordonna  à  Bahrcàm  de  marchei- 
contre  Barmoùdha,  de  prendre  possession  de  tous  les  biens  et  trésors 
cju'il  lui  enlèverait  et  de  les  joindre  aux  biens  de  Schàba-Schàh, 
qui  se  trouvaient  entre  ses  mains,  pour  envoyer  le  tout  à  la  cour. 

Lors([ue  f envoyé  retint  auprès  de  Bahràm  avec  cette  réponse,  les 
robes  d'bonneur  et  le  trône,  Babràm  fut  au  coml)le  de  la  joie.  Il  se 
revêtit  de  la  robe  d'honneur,  s'assit  sur  le  trône  et  distribua  les  robes 
d'honneur  aux  chefs  cfarmée;  il  se  prosterna,  la  face  tournée  vers 
rirànschahr,  en  l'honneur  de  Hornioz,  le  loua  grandement  et  fit  des 


030  IIISIdlPxK    HKS   unis    DKS    PKRSKS. 

w--d>L;JL  ?v-«U  '^^j-«j-^  *^;^  ^  <_.L:^I  jjL;;  Jj  p^s-àJ]^  jjs-tJl  jL^U 

ip.-A^  ^1^  ^\yL  <jL\SX\  j  SJl  \y<^j  <^Li\j  «uLkJl  U^^b  l^ 

^j^^-^xM:   «CafiNl  .Xi»>|j  !^>.-?-  f '■^^JiJ 
jV^  ^^■~*)   OoUl  1^   >0^     '"-**    "^-^o^Lvis   ^'v   Lj't-io*   Ji   NJ^.4**Xl^    ^^s^i^X    ^ 


V(pu\  noili' lui  ;  nuis  il  scIuimiI  au  plaisir  cl  aii\  (iixcflisscinciils  cl  à 
toutes  les  manilcstatious  de  la  joie  et  de  rallcgresse.  Il  di'lihéra 
ensuite  avec  ses  olllciers  sur  la  campaj^ne  contre  Bannoùdlia  et  leur 
ordonna  de  s'y  prépaiei-.  ils  se  déclarèrent  prêts  à  obéir  et  à  lui 
apporter  leur  lovai  concours  et  sVn<^agèrent  à  combattre  de  loiilcs 
leurs  iorces.  Baliràni  les  remercia  et  leur  Ht  de  belles  ])romesses.  Puis 
il  fit  ses  préparatifs  pour  le  départ. 


CVMPAGNF.  DE   BAHHAM  CONTHK   IIARMOUDHA,    Fil. S  I)K  Sf.II AI5A-S(;ll AU. 

Bahràni  traversa  avec  son  armée  le  Djaïlioùn  et  se  dirifi^ea  vers 
le  lieu  où  se  trouvait  Bannoùdlia.  (lelui-ci,  à  la  tète  de  ses  trou])es, 
marciia  à  sa  rencontre  et  ils  établirent  leur  camp  l'un  en  face  de  l'autre. 
Le  lendemain,  Bahràm  monta  à  clieval  avec  quelques-uns  de  .ses  lanii- 
liers  et,  d'une  hauteur,  regarda  les  troupes  de  Barmoûdha;  les  ayant 
examinées  et  en  ayant  évalué  la  force,  il  dit  à  .ses  compagnons  :  «  Bar- 
inoùdba  est   un  jeune  prince  plein   fie  qualités  et  de  haute  valeur, 


HISTOlRi:    l)l-:S   ROIS    DKS    PERSES.  631 


ses  troupes  sont  nombreuses,  il  est  pourvu  d'un  puissant  équipage 
el  il  vient  pour  \en<i;er  son  père  et  son  oncle.  Vous  devrez  faire  les 
plus  «ijraiids  ('IForls  dans  hi  Inllf  que  xous  aurez  à  soutenir  contir  lin 
el  conil)altre  Mjj^ourensernenl;  le  mieux  sera  de  l'atta(pier  et  de  le 
surprendre  pendant  la  nuit."  Fuis  il  s'en  retourna.  Le  lendemain. 
BarmoOidlia  monta  a  cheval  dans  la  ni»''me  intention  que  Baliràm. 
Il  regarda  les  troupes  de  son  adversaire,  et  après  les  avoir  e.xaminées 
el  avoir  réfléchi  quelques  moments  cà  leur  sujet,  il  dit  à  ses  ofiiciers  : 
«Ces  troupes,  malgré  leur  petit  nombre,  sont  une  force  importante 
par  leur  vaillance  el  leui-  valeur  absolue;  les  victoires  qu'elles  ont 
déjà  renq)ortées  ont  encore  augmenté  leur  intrépidité  et  leur  audace; 
(piant  à  leur  chef,  il  a  à  la  lois  l'ivresse  de  la  bravoure  et  la  passion  du 
butin.  Je  crois  ([ue  le  mieux  que  nous  avons  à  iaire,  c'est  de  garder 
notre  position  et  de  les  surprendre  jjar  une  attaque  de  nuit.  »  Ayant 
ainsi  parlé,  Barmoùdha  retourna  à  son  camp. 

Il  arriva  ensuite  que  Bahram  alla  allègrement  dans  un  verger  ])our 
boire  du  vin.  Pendant  cpi'il  était  en  train  de  boire  avec  ses  chels 
d  armée  et  ses  lamiliers,  leurs  montures  étant  attachées  devant  eux  et 


G52  HISTOIHK    DKS   ROIS    DKS   PKRSES. 

^_^-is^   ,^    "^— à-jsJo    v:i,>->»J|   ^   ,3'iÀifcjCv_>    -ij-^  .>.j::h.|  >-*.'<^     ^_*jO       w«.<5.J^   '«^^-^ 

jî^    ■■'  \3o   ^\^J^.*.._>Jy  UJwK.:^!   ^_<s^   Uj^_à>0  <J^-^^ -^   ^^|  (i)|1a>^|   Ày^J 
^j     n    Z.j^j   ^vO-^^I  ^  1^7^   "Ol^»!  J  ^^JJ   p^^^^-^t   ,_r-^J-^   |-|;r«r' 

.\yXiyj    l*-^l\    U>«    iS"— »i   L<   I  «  >XÂ^,vaJL5  Jv-j.^vaJI   -f-J^L^  ,>J   JâJLj»   2K^   .^^^a_> 
'"'   M  i».>m.»,«mLs^  x>gLà> ■  —  '-'    Man(|iii'  dans  (>.     --    ■'    .Maii(|ni'  dans  C.   —  '''   ('.    !»>>,««. 

—  15)  M  ,j.,.  —  (fi)  C«^L*i)I. 


leurs  iirnics  ;i  leur  ])()rtoo,  l'un  dos  espions  de  Bannoùdlia  vini  lui 
annoncer  cjue  Balnain  clait  à  boire  et  à  s'amuser  flans  tel  verger  et 
f|u'il  n'avait  qu Un  petit  nond)re  de  <^ens  avec  lui.  Barnioûdlia,  aus- 
Mlot,  expédia  un  dctaclienient  de  ses  meilleurs  soldats,  auxquels  il 
donna  l'ordre  de  courir  à  ce  verger,  de  l'entourer  de  tous  côtés,  de 
iaire  Baliràm  prisonnier  et  de  le  lui  amener.  Ces  soldats  partirent, 
franchissant  rapidement  la  distance.  Quand  ils  eurent  enveloppé  le 
verger,  Bahràm,  ayant  remarqué  leur  présence,  prit  ses  armes  et 
monta  à  cheval,  et  ainsi  firent  ses  compagnons.  Ils  sortirent  du  ver- 
ger, se  jetèrent  au  milieu  des  Turcs,  tombèrent  sur  eux  comme  des 
loups  sur  des  brebis  et  se  mirent  à  les  massacrer.  Bahràm  encoura- 
geait ses  compagnons,  en  criant  :  «  Il  vous  est  venu  du  gibier,  chassez 
et  tuez  tant  que  vous  voudrez!»  Ils  ne  cessèrent  de  cliarger  vigou- 
reusement les  soldats  turcs  de  sorte  qu'ils  les  mirent  en  fuite  et  les 
repoussèrent  dans  leur  camp.  Barnioûdlia  regrettait  le  coup  qu'il  avait 
tenté  et  f[ui  n'avait  eu  ])0ur  résultat  (pie  le  découragement  de  ses 
ijens. 


IIISTOIUK   DES  ROIS   DES   PERSES.  653 

Llt-i  f^j-^  "^-«-s^  ^^j^j~>  r»V^'s  '.i) ^^\    Sw>  ^1  J,|  |?tii  L5o^  '^>-^?y 
(^_jjjj  <.^J6  ;t-fv*^  '•^v  k_?-*-:?  ^'  3  y^T^  ^Us^  K4L'|  .ijs_.il  <_/L/o  (__>vi 

^\  Ul  ^^.s — «I  <?i ^ — A — )  U*  ,_^î — «  ^ji  w»^ — >\j  LviUi  ^  •^"T-'i  ^"^^j-^ 

"sJa,sij_LI    <^LK/0   ctl^L^=|   ^1    U|   •    J^-^rî   J    ^i-^    /O^^    ,^_<^JJvJLaJ   ,^_^isi%uLj' 

J^ — «^  4 — ^1;    'Ji  ^^j-^j-J  ^j^W  ^3-i-^^  L^  i=>.2k.|  ^Jjo^  f^T^  \3^^\} 
^^ — c  _j — à_J  ^\  Ulj  JjCiJl'  X  v-vj'  ^>'  Uî  ,jf?.s^\t  Jo».!  sJo^l  4'  Jls^  Jibl 
'')  C  w^^i^.  —   -i   M  aML.  —    -V   M;iii(|Mo  (liins  C.  —  ■')  M  l^. 


Bnliiaiii,  t'iisuilc,  Ul  iiiif  ;ilt;i(|iic  de  nuil,  loniha  sur  les  gens  (le 
liaiiii()ù(llia,  les  tailla  en  pièces  et  en  fit  un  grand  massacre  jusqu'à 
l'aurore.  Barinoùdlia  prit  la  fuite.  Lorsque  Bahràm,  qui  le  pour- 
suivait, lut  près  (le  l'atteindre,  Barnioùdha  le  conjura  par  Dieu  et  la 
vie  de  Horino/.dc  s'arnMcr  un  nioinenl  et  de  l'écouter.  Bahràm  .s'étant 
arrêté,  il  lui  dit  :  '<  Es-tu  un  Satan  ou  un  lionune.^  N'es-tu  pas  encore 
rassasié  de  notre  chair  et  assouvi  de  notre  sang?  Maintenant  lu  n'as 
(pic  liiii  de  ces  deux  |)arlis  à  prendre  avec  moi  :  Ou  In  ti'  mesures 
avec  moi  et  tu  me  tues,  —  et  on  ne  verse  pas  impunément  le  sang 
d'un  homme  tel  que  moi,  —  ou  je  lutte  avec  toi  corps  à  corps  comme 
un  homme  qui  est  forcé  de  défendre  sa  vie  et,  dans  cette  lutte,  je  ferai 
le  suprême  effort  pour  réussir  à  te  tuer!»  Bahràm,  entendant  ces 
])aroles,  tourna  bride  et  revint  à  son  camp. 

Barnioùdha  se  dirigea  vers  Baïkand  et  s'y  enferma.  Bahràm  mar- 
cha sur  cette  vill(>  (pi'il  in\estil.  Avant  réduit  Barmoùdha  à  la 
dernière  extrémité  il  lui  envoya,  après  quelque  temps,  ce  message  : 
«  (Choisis  l'un  de  ces  deux  partis  :  sors  pour  livrer  bataille  ou  rends 


mSTOlRK   DES  ROIS   DKS   l'HRStS. 

\  j^j^ti  JjJiK  ^^^ 


la  forteresse  et  les  biens;  je  t'accorderai  alors  et  demanderai  au  roi 
Hormoz  de  t'accorder  la  \\e  sauve  et  te  ferai  partir  dans  les  meilleures 
conditions  pour  sa  résidence.  Barmoùdha  préféra  se  rendre  au  roi.  En 
conséquence.  Bahràm  écrivit  à  ce  sujet  a  Hormoz,  qui  reçut  ce  mes- 
sage avec  une  très  jfrande  satisfaction  et  donna  fordre  de  délivrer  a 
Barraoûdha  l'acte  lui  garantissant  la  vie,  muni  de  sa  propre  signiitiin- 
et  des  certifications  des  grands  de  sa  Cour.  Et,  en  témoignage  de  sfs 
bons  sentiments,  il  lui  fit  présent  d'une  robe  d  honneur  rovale,  d'une 
ceinture  incrustée  de  jovaux  et  d'un  chev;il  qui  n  avait  pas  son  pareil, 
il  envova  ces  présents  a  Bahràm  pour  qu  il  les  remît  à  Barmoiidha 
avec  la  lettre  de  sûreté  et  lui  ordonna  de  le  traiter  avec  honneur,  de 
pfjurvoirà  tous  ses  besoins  et  de  le  mettre  en  route.  Il  lui  manda  en 
outre  d'envover  à  la  Cour,  par  ses  hommes  de  confiance,  les  biens 
de  Barmoùdha  dont  il  s'emparerait,  ainsi  que  ceux  de  son  père,  et 
tous  leurs  trésors.  Babràm.  conformément  à  cet  ordre,  fit  porter  la 
lettre  de  sûreté  et  la  robe  d'honneur  à  Barmoùdha  qui,  bientôt,  sortit 
avec  deux  cents  cavaliers  de  la  forteresse:  il  la  remit  à  Bahràm  avec 
tout  ce  quelle  renfermait  et  ])artit  pour  l'Irànschahr.  Bahràm  étant 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  055 

;stif->oj  j:>^^'  ^^^j  J-^^^  ^  -s^  '  ^  '-^  <;S-j^  ^j  ^w^^ 

<i>  j>^L  upJix  LoLo^  'w««^  s^^ 


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'     .Maii({ue  dans  M.  -     C  Lôijbl».  '     M    JL*".. 

entré  flans  la  forteresse  et  avant  fait  ouvrir  les  trésors,  v  découvrit  des 
quantités  innombrables  d'argent,  d'objets  précieux,  d'armes  magiii- 
liques  et  de  mobilier,  il  s'v  trouvait,  entre  autres,  les  trésors  d' Al rà- 
sivàb  et  d'Ardjàsfet  la  couronne,  la  ceinture  et  les  boucles  d'oreilles 
de  Sivawousch.  Baliràm  en  lit  dresser  les  listes  et  envova,  par  ses 
hommes  de  confiance,  toutes  ces  richesses,  sur  des  milliers  de  cha- 
meaux, en  pourvoyant  à  leur  protection  par  une  escorte,  à  la  coui- 
de  Hormoz. 

ARRIVEE     DE     BARMOL  DH  A    AL  PRES     DE     HORMOZ. 

HORMOZ  REÇOIT  LES  RICHESSES  CONQUISES. 

CALSE  DE  LA  RÉVOLTE  DE  BKHRAM. 

Lorsque  Barmoûdha  s'approcha  de  la  résidence  de  Horuioz. 
celui-ci  envova  les  chefs  d'armée  à  sa  rencontre.  Il  manifesta  une 
grande  satislaction  de  son  arrivée  et  se  transporta  a  cheval  à  la  porte 
du  Palais  pour  l'attendre,  [lorsqu'il  le  vit  paraître,  comme  il  craignait 
qu'il  ne  se  dispensât  de  mettre  pied  à  terre  devant  lui,  il  descendit 
lui-même   de  cheval.  Barmoûdha  hésita  et  ne  descendit  qu'après 


(î3(î  iiisTOiui':  i)i:s  rois  dks  pei\sks. 

\-^ 3    ^'    <_*^    ^jÇU..^     'S}>yO-^    ^^^-i>_>   l  «    ^^--^A  •    "^-i-iLcj    <^Lv:2J    ^isi^sO 

^JL^  ^^v-A^:>L«-,  Je  j>i*^>_>  >xjlj'«  JoULs  vj>-*»J|  JjI  y^yfi  »-^riî    •''I^T?^' 

>  ^-  ■  j     ^  ^  ^         j        ^       ■  "j         ^— 

_jL_t— iJ|^    s^Ij^Ij  O^— "-^'  O^  4-^  J^-ii_^^»_)  U    ^^  ^    J_<^-^iw«   <'    U-^^ 
jljt  <0'^'  <_x)  ^bj  ^Ic^  '^  'uî)>.Aji^  ^^1^  i^_*^'  <^-'-^.^   '^'jr4^  ^J>Wî? 


un  moment.  Hornioz,  confus,  tourna  son  visage  vers  le  Soleil,  pour 
faire  croire  qu'il  était  descendu  afin  de  rendre  ses  actions  de  grâces 
à  l'astre;  puis,  s'approchant  de  Harnioûdlia,  il  lui  loucha  la  main 
et  l'embrassa.  Il  se  remit  ensuite  en  selle,  tandis  c[ue  Bannoiullia, 
laissant  son  cheval,  alla  avec  lui  à  pied  jusqu'au  portail  du  Palais. 
Hormoz  mit  pied  à  terre,  monta  sur  le  trône  et  s'assit  et  lit  asseoir 
Barmoudhà  sur  deux  coussins.  Il  le  traita  avec  la  plus  grande  dis- 
tinction et  le  plus  grand  honneur  et  lui  parla  de  façon  tout  à  lait 
gracieuse  et  en  plaisantant  avec  lui.  11  le  fit  conduire  dans  le  |)alais 
qui  était  préparé  pour  hii  cl  qui  renfermait  tout  ce  cpi'il  mettait  à 
son  service  :  tapis,  ustensiles,  valets  et  servantes,  resserre,  garde-robe, 
cuisine  et  autres  aménagements.  Puis  il  l'invita  au  banquet,  le  traita 
pendant  trois  jourset  lui  offrit  des  présents  consistant  en  divers  objets 
rares  et  précieux. 

I^orscjue  les  richesses  fin  butin  arriwreul  et  projetèrent  en  arrière 
la  porte  du  palais,  Hormoz  donna  Tordre  de  les  laisser  exposées 
pendant  une  semaine;  il  se  les  fitprésenter  ensuite  et  les  fit  collation ner 
avec  les  listes.  Ses  amis  admirèrent  leur  magnificence,  leur  beauté  et 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  657 

iij4 — xJj   j>k_iÊ  ^j>s— »-^  ^  fj  g|  2L^h  »  »  Jlij  L^'wLSj  L^-vavLbJ.  LgJu'xa». 

w;i_s=l  <<sj1  (JI^I^  4l|^!  ^  J^-*~^   "^y  ^'y^J  Ay-^-^  y~^-^^-^\  ^^yoy! 

L_£i*    ^_q_*l_«-jm    ^>,.:S-m   ^'i    r^^   cT"    '''>T=^     ■'   '-^    J'**    '^'''     >'-^ 
'     \I  a;;SJ.  -     \l  w^OsIi.  —     '     M;m(|ii.'  (hms  C.  —    "    M  w^S^'i-  —   ■''    <-  lj»Jti< 


Inir  (^lantilé.  Mais  l'iiii  d'eux  dit  :  "  Oiirl  uraïul  Icsliu  de  noce,  dont 
voici  les  restes!  »  On  sou[)(;oiuia  lialiiain  de  malversation  et  delraude, 
parce  qu'il  manfjuait  dans  l;v  niasse  d  objets  les  boucles  d'oreilles  et 
les  souliers  d'or  incrustés  de  joyaux  de  Sivàwousch,  dont  avait  fait 
mention  la  liste  du  cbef  des  informations.  Barmoûdba,  de  son  côté, 
dénonçait  la  confluile  de  Bahràm  et  laissait  entendre  qu'il  avait 
détourné  de  ses  biens  et  des  biens  de  son  père  plus  qu'il  n'en  avait 
envoyé.  Hormoz  lut  fort  mécontent.  11  fit  écrire  à  Babràm  une  lettre 
contenant  de  sévères  reproches  et  des  apostrophes  outraji^eantes,  avec 
Tordre  d'envoyer  les  boucles  d'oreilles  et  les  souliers;  il  lui  envoya 
lui-même  du  coton  et  le  fuseau,  ainsi  que  des  vêtements  de  femmes. 
En  recevant  la  lettre  et  le  présent  de  Hoi'moz,  Bahràm  fut  au 
comble  de  la  colère  et  de  la  fureur  et  tout  à  fait  exaspéré.  Il  s'écria  : 
«  Voilà  la  récompense  de  celui  qui  agit  honnêtement  envers  cet  inso- 
lent infatué!  »  H  fit  appeler  ses  chefs  d'armée  et  ses  familiers  et  leur  fit 
part  de  sa  peine  et  de  son  chagrin.  Tous  furent  indignés  et  montrèrent 


058  lIISTOIliK    ni:S   ROIS   DKS   PKRSKS. 

vl:,-wj'  2 — ^^^  o^^"  u*^^^  "^^-c  }~^  ^S^i  ^  ■.j§~^.  <S^  ^y^sJj  y^v^û    i» 

4 — ft_c. — ^^2 — ^  wU.a^1j_aJ,  vJX_»    |v<S^"-*-^^-~   "^  >XiJio  I   ^-aJ   4.1".  *      .i-UiJvJI» 

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C  »iUljL«L  ^^^.   —    -     M  si)^«>j  (jLiU».. 


une  vive  af;;-itation  :  «Quand  donc,  dirent-ils,  Hormoz  a-l-il  élé  fidèle 
à  la  parole  donnée  envers  quelqu'un,  pour  qu'il  soit  fidèle  à  ses  enga- 
gements envers  toi,  et  quand  doue  un  chef  quelconque  a-l-il  été  en 
sûreté  auprès  de  lui,  pour  que  tu  le  sois  toi-niéme?  Ce  qu'il  vient  de 
faire  n'est  que  le  prélude  des  charges  qu'il  fimputera  et  le  premier 
pas  pour  arriver  à  l'exterminer  el  à  satisfaire  sa  rancune.  En  vérité, 
si  lu  ne  déjeunes  de  lui,  il  soupera  de  toi  et  te  Irappera  d'un  coup 
de  foudre  comme,  depuis  longtemps,  il  frappe  tes  pareils,  ceux  cpii, 
sous  son  gouvernement,  remplissent  les  hautes  fonctions  de  l'Étal.  » 
Bahrâm,  très  satisfait  fie  leur  langage,  leur  fit  prendre  rengagement 
de  le  soutenir,  d'accepter  sa  direction  el  d'agir  selon  ses  ordres.  Il  prit 
la  résolution  définitive  de  se  révolter  contre  Hormoz,  rie  le  déposer 
et  de  chercher  à  obten il-  lui-niéme  le  pouvoir. 

Bahràm  fil  la  paix  avec  le  Kiiàqàn,  le  fils  de  Barmoûdlia,  lui 
rendit  son  pays  el  conclut  avec  lui  un  pacte  d'amitié.  S'étanl  trans- 
porté dans  le  Khoràsàn,  il  leva  ouvertement  l'étendard  de  la  révolte 
el  cessa  de  reconnaître  Hormoz  comme  souverain.  Comme  il  voulait 
amener  une  rupture  entre  Hormoz  el  son  fils  Aharwiz,  il  jeta  la  flis- 


HISTOIRE   DES   HOIS   DES   PERSES. 

>tJ7^l  J,!^"^!  J^  Jy^is  «O  Jou^j  "^  ^^  ^L^ij  c:.^  ;i;abl  <' 

s- 
^ — :Mj— ?'    (<^y   ?  J'-^'^Ij  v-i-i"»^'  SJ>-~à     '  <_i>-^   o)^     "^^   '^— *^i->  ^   «Li-Ai^ 

'"  C  Aj!.  —  '-'  Mantjue  dans  C.  —  '''   Maii(|iu'  dans  M.  —   'i  .Mss.  jsjtiiilj. 


corde  entre  eux  eu  fais;uil  Irapper  dos  pièces  d'or  cl  d  ari;cnt  porlanl 
le  nom  d'Aharwîz  et  les  fit  répandre  dans  riràusclialir.  Il  écrivit  à 
Hormoz  une  lettre  des  ])lus  virulentes  dans  hupielle  illui  tint  le  lan- 
fj^age  le  plus  arrogant.  «Tu  n'es  pas  fait  pour  gouverner,  lui  disail-il, 
tu  en  es  incapable.  Retire-toi  et  remets  le  pouvoir  à  Abarwîz,  ainsi 
fpi'ont  agi  d'autres  roisrpii,  de  leur  vivant,  ont  transmis  le  ])ouvoir 
à  leurs  fds.  Prends  garde  et  décide-loi  avant  (pie  tout  le  peuple  se  lève 
pour  te  tuer.  "  Lorscpic  lloiinoz  lut  cette  lettre,  il  regretta  amèrement 
ce  ([uil  avait  lait  et  il  eut  |)eur.  H  était  déjà  venu  à  sa  connaissance  que 
des  monnaies  d  or  et  d  argent  avaient  été  Irappées  au  nom  d  Abarwiz 
et  il  en  était  dans  la  plus  grande  inquiétude.  Adliîn  Kouschasp,  con- 
sulté par  lui  sur  les  mesures  à  prendre  dans  ces  fâcheuses  circon- 
stances, lui  conseilla  de  mettre  à  mort  Abarwiz  et  de  chercher  de 
toutes  manières  à  contenter  Bahràm  et  à  obtenir  sa  soumission,  pour 
que  tout  rentrât  dans  l'ordre.  Hormoz  avait  un  jeune  esclave  qui  était 
dévoué  à  Abarwîz  et  lui   rapportait  toujours  les  conversations  qu'il 

83. 


660  IIISTOIRK   DES   ROIS   IM'.S   PERSES. 

t_>vJfij   "^K-^  J^\  Jkiiils  ^S^\  ^jioi^     '  yjT^^  ^'  <-Jl-Cu,   U   ^^\j    5î-CuJl 
<Cv£  Ç.«jJ|.  «oUoLa^w  4'    .v-fvij*  L^lJ•^w^  <->«^XiL    .vL^j\i|  J.I 

ï. — -il—il  c:,s_js    W    -vi>U   ï^v^mi»    <_àJL^J|     cUj   <_ftUi*_S»   t_C\j|   ^Lg-'   ^^\^ 

■T^y-^j  «.:i^■^^■  <^'— **^-^  jj-^^i  i^mUj  ^j-"-^!  ^^^  <àjuJ!  ;''c^'^Ja..^u 

^::^s    *   <  »    M — >>« — ^^    t^J«   'n-^s-A    ,?5-J^-2»-    ^j^       w»LU|   L^vJj'n.^»    à  ^  ■■■,'  ^    "^»>3s./v_> 
'   -M  jJ}T?l  (j^  <^**w  L»  Jl  Lsâ^'j  (***»J'  ;J5'v**>>i  **J|yJ5  ;  ^  ,«-(v»J!  ^Jt-**»!  **JI  j^i?^'  i^'  J^ 
—    "   Manqiip  dans  C. 


avait  surprises.  Cet  esclave  lui  ayant  fait  savoir  ce  qu'il  venait  d'en- 
tendre et  l'avant  averti  du  danger  qu  il  courait  en  demeurant,  Abar- 
wîz  partit  pendant  la  nuit  et  s'enfuit  dans  l'AdharLaïdjàn.  Le  marzebàn 
de  cette  province  lui  témoigna  son  dévouement  et  s'engagea  à  le  pro- 
téger et  à  le  défendre. 

HOUMOZ  KST  DKl'OSr:  ET  ON   LUI  15RÙLE  LES  YEUX. 

Lorsqu'on  informa  liormoz  de  la  fuite  d'Abarwîz,  il  fut  très  incjuiet. 
Comme  il  ne  doutait  pas  que  son  fils  n'agît  d'accord  avec  Baliràm,  il 
fit  arrêter  ses  deux  oncles,  Bindoûva  et  Bislàm.  Sur  ces  entrefaites, 
on  reçut  la  nouvelle  annonçant  que  Ijahràm  était  arrivé  à  Raï  et  qu'il 
avait  ouvertement  levé  l'étendard  de  la  révolte  et  déclaré  la  guerre. 
Il  y  eut  des  troubles  et  de  graves  émeutes  dans  la  résidence,  le  peuple 
était  en  eirer\escence  et  tout  était  en  désarroi.  On  força  les  prisons, 
Bindoûva  et  Bistàm  en  sortirent  et  excitèrent  les  gens  à  déposer  Hor- 


[IISTOIIIE   DES  ROIS   DES  PERSES.  661 

4''.— «i|   ^'-i-?'  Ala^^J»  r^r*^  i?^-va-*j  sS^jZj  i'yjLf^  ^L^oJ  fUJ  L^îuJIjLo 

(•Ir^  0-H?  ^'^  <^y^  ^j)j^-3>j^^  ^j^,j^\a 
^\  SlJ  ^v— £^  f  ^-^J  f -^*^*  1^^^  v_r'^'  o)-^!;  ?''^'  .-T^ 


iiioz  (loul  ils  dcnoiiqaient  les  crimes.  Leurs  discours  j)r()(luisireiil 
l'effet  voulu  sur  les  gens;  car  ceux-ci  étaient  très  hostiles  à  Hornioz, 
ils  le  détestaient  profondément  et  étaient  mécontents  de  tous  ses  actes. 
Ils  se  rassemblèrent,  pénétrèrent  auprès  de  lui  à  l'improvlste,  le  sai- 
sirent sur  son  trône,  le  traînèrent  sur  le  sol  et  le  déposèrent;  ])uis  ils 
lui  hrùlci-t'ul  les  yeux.  Cet  événement  eut  lieu  idors  (pic  IJoniio/. 
avait  règne  onze  ans  et  neuf  mois.  Lorsque  la  nouvelle  en  par\iiilà 
Abarwîz,  il  ])artit  incontinent  pour  Madaïn,  voyageant  à  marches  for- 
cées. 11  était  accompagné  du  marzehàn  de  l'Adharbaïdjàn  et  d'autres 
marzebàn. 

RÈGNE  DE  KISRÀ  AIÎARWÎZ.  CE  QUI  LUI  ADVINT   AVEC   IîAHRÀM. 

Abarwîz,  en  arrivant  de  l'Adharbaïdjàn,  demeura  pendant  trois 
jours  dans  ses  appartements;  puis  il  s'assit  sur  le  trône,  ceignit  la 
couronne  et  donna  audience  aux  gens.  Il  les  harangua,  leur  fit  des 
promesses,  leur  donna  les  meilleures  assurances  et  s'engagea  à  les 
traiter  comme  ils  avaient  été  traités  par  son  grand-père  Anoûscliar- 


()62  IIISTOIUK   DES   UOIS   DES   PEllSES. 

<^ i. -^  '^;  4'^î^Ji.l  ^j-«  vJoc-^|,  1  <-j^  c>"<^*  "-^J  '^  Ôt'  jr^r^  ''^'^' 

■»)  ^Ljc_x_viï_JL_^  ^>LiJjiIl  Ul  JLâJ  ^v^^-^  ctU^  (^5'^-^J='  ^_;>V  J>  f*-'^;'^^^ 
^Is g_j   ■'' ^ ti  <^'|  ^_4L5s_>  LtL)s  Lg^  ^L.g.(L^I  ^  (s  <.iJijJ|  Uu  J>-2».L«_i' 

'     Man(|iie  clans  C.  —    '    C  cyOv:^  :  M  cjJ>^-  —  '''    Mss.  (.IIajijLs.  —  '''   M    »^. 


wàii.   Los  assistants  se  prosternèrent  devant  lui  et    le    complimen- 
tèrent. 

Abarwîz  alla  ensuite  voir  son  père  Hormoz.  U  eut  pitié  de  lui, 
pleura  devant  lui  et  se  justifia  d'avoir  quitté  sa  Cour  parce  qu'il  croyait 
sa  vie  en  danger.  Hormoz  le  bénit  et  lui  dit  :  «  Mon  fds,  tout  ce  qui 
arrive  est  décidé  d'avance  par  le  Destin.  Mais  accorde-moi  trois  choses 
que  je  te  demande.  —  Je  suis  prêt  à  t'obéir,  dit  Abarwîz;  quelles  sont 
ces  demandes.^  »  Hormoz  dit  :  «  La  première,  c'est  que  tu  me  témoignes 
la  piété  fdiale  et  que  chaque  jour  lu  me  réjouisses  par  ta  visite.  La 
seconde,  que  tu  me  lasses  tenir  compagnie  par  un  conteur  disert  qui 
soit  toujours  avec  moi  et  me  lasse  oulilier  mes  peines  en  me  diver- 
tissant. La  troisième,  que  tu  me  venges  de  ceux  qui  ont  usé  de  vio- 
lence envers  moi  et  m'ont  flétri.  »  Abarwîz  dit  :  «  Quant  aux  deux 
premières,  il  va  y  être  lait  droit  immédiatement;  mais,  pour  la  troi- 
sième, je  te  demande  un  délai  jusqu'à  ce  que  Dieu  nous  ait  débar- 
rassé de  Bahràm.  »  Hormoz  iul  contenl  de  lui  et  eut  confiance  en  ses 
paroles. 


IIISTOIRR   DES  ROIS  DES  PERSES.  663 

,t  ^^-Ci  < — à_U  JU!  <-5Ui|^  c)L?r^'  f^l/*-^  4»r^r^ 

Llt_j  <'  ^^_c.>s_j  ^j-Liw'^   <_JLX>  ^vj;'»-^    J^^^J   <-fl_U^.   -Oj'jJs   «L>jQ!j 

(^  <J|^L  o-jj-9  ^1^  <^  ^-fr^!;  ^-^V  >;!i»L»;  ^  ^^  ^^L^^t  ^Jo 


lîienlùt,  avant  (jii  il  se  lui  passe  une  semaine,  Vhaiwiz  lui  inlornie 
(|ue  Bahràm  était  campé  au  Nahrwàn  et  qu'il  se  posait  en  |)reten(lant 
reven(lic[uant  le  pouvoir,  il  partit  en  ])rillant  attirail  et  en  jurande 
j)ompe,  Bincloûva  marchant  à  sa  droite  et  Bislàm  à  sa  gauche,  pré- 
cédé et  suivi  des  marzebàn ,  et  ayant  avec  lui  le  drapeau  des  Kaïanides. 
Les  gens  l'acclamèrent  de  leurs  vœux.  Lorsqu'il  arriva  au  Nahrwàn,  il 
s'arrêta  au  bord  du  fleuve.  Bahràm  s'avança  vers  lui  et  s'arrêta  en 
lace  du  roi,  sur  laulre  rive,  tandis  que  ses  compagnons  poussaient 
leurs  chevaux  pour  le  rejoindre.  En  voyant  Abarwîz,  il  lui  vivement 
impressionné  par  son  aspect  et  il  admira  sa  splendeur  et  sa  beauté; 
I  envie  roulait  sous  sa  peau  et  la  haine  se  montrait  dans  ses  regards. 
Abarwîz  demanda  lequel  de  ces  guerriers  qu'il  voyait  était  Bahràm.  On 
lui  dit  que  c'était  celui  qui  avait  le  cheval  blanc.  Abarwîz  dit  :  «  Sa 
ligure  marque  bien  sa  méchanceté,  sa  vilenie  el  son  astuce!»  Mais 
comme  il  voulait  le  ramener  à  lui,  le  bien  disposer  et  le  désarmer,  il 
s'avança  encore,  de  telle  sorte  qu'il  fut  plus  près  de  lui.  Bahràm  fit 
comme  lui  et  s'approcha.  Abarwîz  f appela,  le  salua,  lui  prodigua  des 


6(Vi  lllSTOIHK   DES   ROIS   DES    IM-:RSES. 

,j^_>|^    <-:^^—>^j  Ci^Xjs^  yjjyj]    jUUj  «CjjLjlLI  ^   f»H-g-^  '^'  o^^^-^Ij  ^-«^ 

«<_tw«  ^s3sl'  <_)t_fu|;  >_/jiJi  s_>s_d)  <4^  ^  r°T*-^  3"^  "li?^'  ^^-^^^  "^"  ' 

<J^jL5v-*.  <_)  <_<Lir  ^^ts  Ls-î  <-^>  c)^*^lî  *^-"-e>^  Vr'jYr''  "^-^^  '■''  o'^vl' 

L^J-jLi  L^-jtLi  <3j^S^^  ^  >xj  J-Jiil  ji  J^  U  Ljl.<^.j;  /■iil  'Wjwl  Jul? 

'•    Mss.  ^.Ub.  —  (2)  M  jUic.  —  (3)  Mss.  ^iljl«.  —  fi)  C  ^. 


éloges,  le  compliment;!,  lui  souliaihi  la  bicineniic  el  .s'engagea  aie 
nommer  Sipalibadli  de  1  irànscliahiet  de  lui  conlierlaliaule  direction 
de  toutes  les  aiïaires  de  son  empire.  Baliram  ])oussa  contre  lui  un 
grognement  ])areil  au  gi'ognemenl  d  un  chien,  lui  lit  enlendre  d'abo- 
minables injures  et  le  qualifia  de  lils  de  l'adultère.  Abarwiz  lui  parla 
avec  douceur,  le  llatta  et  chercha  à  calmer  sa  hireur;  mais  sa  cour- 
toisie et  ses  offres  généreuses  n'eurent  d'autre  effet  que  de  le  rendre 
plus  grossier  et  plus  méprisant  envers  lui.  Dans  cet  échange  de  paroles, 
Aharwîz,  entre  autres,  lui  dit  :  «  Nous  voulons  te  choisir  un  jour  lavo- 
rable  pour  t'investir  de  la  dignité  de  Sipalibadii.  —  Et  moi,  répli- 
qua Bahràm,  je  choisirai  pour  loi  un  jour  lavorablc  pour  le  pciidic!  » 
i^es  familiers  d'Abarwiz  saisirent  la  brifle  de  son  cheval  et  le  rame- 
nèrent en  arrière  en  lui  re])rocliant  d'avoir  fait  preuve  de  tant  de 
bonne  grâce  et  de  condescendance  envers  Bahràm  malgré  son  in- 
solence et  ses  abominables  propos.  Aharwîz  leur  dit  :  «  N'avez-vous  pas 
entendu   le  proverbe  :  Baise  la  main  que   tu    ne   peux   cou|)er?  Le 


lilSTOIHE   UKS   UOIS   DES   PERSES.  665 

JU  J-^^  iUU  ^  -uLi^  ^_^  ^];.«^j  ^t^^t  it  3i;^l9^L4Jt 

J^ j  J- — ^-i!    ^j^  c:./^a>.s,  •<     ^  J._i^lj   .iO  Lli  <J)!  p»-cV->   ^_j~v-aJU  <'  J^À^^^  ^ 

Jw   lii   4]^-*J«   U>*^   -i^L^il)  ^i:,-JV/o  yj^s-jl     r>'   ^^-^}   ,ijJs.A.oc<-    1*19 Ij  LÇSJOo 
J^lLo     L_j\^ f     '-'■  LÀ.AjtJC*.<jo   f«;>-'i   ^!  )-6-»^   ,^.y^\j»   Is-JviJOo    <Cà_>>>J,i   J,.:i.:>. 


pâturage  fie  l'iniquité  est  malsain;  la  mmIIi'-  Irionvjjlic  loujours,  le 
mensonge  amène  le  malheur!  » 

Le  lendemain,  Haliràm  marclia  avec  son  armée  sur  le  camp  d  \- 
harwîz.  Celui-ci  s'avança  pour  le  combat.  Après  avoir  hatailh'  contre 
lui  une  partie  de  la  journée,  il  fut  réduit  à  prendre  la  fuite.  Baliràm 
courut  après  lui  et  le  força  de  chercher  un  refuge  sur  une  haute 
montagne  où  il  n'y  avait  pas  d'issue.  Les  Perses  rapportent  cpie, 
lorsque  Bahràm  fut  sur  le  point  de  le  saisir,  il  sortit  de  la  montagne 
une  main  miraculeuse  qui  éleva  Abarwîz  à  une  hauteur  où  il  fut  hors 
d'atteinte.  Bahràm,  frappé  d'étonnement,  abandonna  la  poursuite,  s'en 
retourna  et  resta  dans  son  camp.  Abarwîz,  dil-on,  demeura  en  cet 
endroit  un  jour  et  une  nuit;  puis  il  en  descendit  et  entra  dans  la  ville 
sous  un  déguisement.  Il  fit  ses  préparatifs  pour  aller  chercher  aide 
en  son  malheur  auprès  de  Maurice,  le  roi  du  [)avs  de  Roùm,  et  lui 
demander  le  secours  d'une  armée,  afin  de  j^rendre  sa  revanche  sur 
Bahràm. 

Abarwîz  partit  avec  un  certain  nombre  de  ses  officiers  et  de  ses 
intimes,  entre  autres  ses  deux  oncles  Bindoùva  et  Bistàm.  11  n'était 


066  UISTOIIIE   HES  ROIS   DKS   PEUSES. 

*  s- 

<<_>«.x_N_>  5î->.sj  1»'»-=^  y^w'  ^^'r^  f  '  y^T^  <_°^^i  >_i  ^biLA-wU  (:') ^_é-iJOL5 

'Jà  ^y àJl  \j-3iAaJ)j  f^\j^  \jiÀ,  4ll!|  vJ^j-tv  yj^  ]y^J  Ti^T^-  V"^  '^^ 

»jJ^_Sfc.!A_^  oJ^waJ  j^^^OiL  ■yjt.yS\    <^.>>v^  JULs  (ÎLJJo  ^  f*!r^-V   *Qr-^ 

cj^  ^j;r-^'  r>H^  ^^-^^  ]yy^  ^  ]  ftj-^l^  >r*^  ^  ^5^'^^  l>>-*il;  o^^^l? 

'•'   Manque  dans  C.  —  -    Mss.  ,1,  ^  »  --«v-*.  —  ''   Mss.  >_iJui:.j.  —    ''  M 


pas  encore  loin  de  la  ville,  qu'il  Ait  ses  deux  oncles  s'arrêter  et  hésiter. 
H  leur  denunida  ce  qui  leur  était  arrivé  et  ils  répondirent  :  «Nous 
craignons  que  Bahràni  ne  rétablisse  Ilormoz  sur  le  trône  et  cju'il 
n'écrive  au  roi  de  Roûm  pour  demander  notre  extradition,  ce  qui 
serait  notre  perte.  "Et  ils  lui  demandèrent  l'autorisation  de  faire  périr 
Hormoz.  Abarwiz  n'ayant  pas  répondu,  Bindoûya  etBistàm,  accom- 
pagnés de  quelques  valets,  retournèrent,  pénétrèrent  auprès  de  Hor- 
moz et  l'étranglèrent.  Puis  ils  rejoignirent  Abarwîz  et  lui  dirent  : 
"  Va,  que  Dieu  te  donne  de  la  joie!  » 

Abarwîz  et  ses  compagnons  firent  galoper  leurs  chevaux  et  traver- 
sèrent fEuphrate.  Ayant  fait  halte  dans  un  monastère  des  chrétiens 
jKJur  s'v  reposer  quelques  moments,  le  guetteur  les  avertit  de 
l'approclie  d'une  escouade  de  cavaliers  de  Bahràm  venant  à  leur 
poursuite.  Bindoûya  dit  à  Abarwîz  :  «  Change  avec  moi  d'habits  et 
d'armure,  continue  ta  route  et  laisse-iiioi  avec  quelques  hommes.  » 
Les  gens  de  Bahràm  s'élant  approchés,  Abarwiz  avec  ses  compa- 
gnons, réduits  à  un  petit  nombre,  sortit  du  monastère,  se  sauva  et 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  667 

j!ii^_t^|  ^.SwsLc  'nJLj  ^>-*--^  j)l  j?^  Jli^  (^-i-Lc  ^s_4ils  wj^L  v5s.**^| 
jr_£^y_^|  U  (2)*Lsc'^|  ^  ^j  J^\  ^^,  J  ^--L-a^  JJJ  'lySJ   J^J 

\s\   <Ji_JjJwL_.     Jl_S^  ]j^^S-va!  LV-J  "^-^jj^!^  cr°   <-jtia>sa-j  >-j3j'  i_>Lsj  Ips^j 
C'    Mani|iic(l;ins(;.  —  i-'   CyLeill. 


coiiliiiiia  son  voviii^c  à  iiKirclics  lorcées.  lîiiuloùya,  roveMii  des  luihils 
cl  (le  l";irimirf'  dAharwi/.,  monta  à  clnnal  ri  se  tint  avec  ses  coinpa- 
<i;nons  à  la  porte  du  monastère  jusqnà  ce  ([ne  les  troupes  se  fussent 
approché«'s.  Celles-ci,  en  le  voyant,  ne  doutèrent  pas  cpie  ce  ne  fût 
Abarwîz  revêtu  de  son  armure.  Bindoûva  entra  avec  ses  ji^ens  dans  le 
monastère,  et  donna  l'ordre  d'en  fermer  la  porte  un  peu  avant  qu'elles 
lussent  arrivées.  U  monta  sur  le  toit,  pendant  que  les  soldats  avaient 
entouré  le  monastère,  et  leur  adressa  d'en  haut  ces  paroles  :  «  Kisrà  vous 
salue  et  vous  dit  :  Me  voici  entre  vos  mains;  mais  je  suis  fatigué  au  delà 
de  ce  que  je  puis  dire.  Quel  inconvénient  y  aurait-il  pour  vous,  si  vous 
m'accordiez  du  répit  pendant  le  reste  de  la  journée  et  cette  nuit  jus- 
qu'à l'aurore,  pour  que  je  puisse  me  reposer.^  Je  me  rendrai  ensuite 
et  me  laisserai  arrêter  par  vous.  »  Ils  répondirent  :  'C'est  la  moindre 
des  choses  qui  te  soient  dues.  »  Ils  acceptèrent  sa  proposition  et  firent 
garder  le  monastère  et  ses  enceintes  tout  autour.  Au  matin,  Bindoûya, 
sachant  qu'Abarvvîz  était  loin  et  la  poursuite  désormais  impossible,  fit 
ouvrir  la  porte  du  monastère.  Les  soldats  y  entrèrent,  virent  Bindonva 

8i. 


068  IIISTOIUK   DKS  ROIS  DKS   PKllSES. 

t.,_**i«   A_>Jv_>|  ^  iaJLtLi  i^-ji-c  "^ts^  iLi_>  u3w£j  VrMw'  Uy^.  f  ;  '^îi^^'V 

j_^I»    i''  *4 <.->0    ^^-ÔSwvi    <jJk_;S2».    'C-O'-^     L-^âj»     f'Iï-^^     ^'     "^    l«-M6i«     "OjwXAj 

(3)  'L*.^     _.^ i*»_^|    ^^  >,.::^LÎ^    ^.J-^    iLi^m   ^Jv-/ioI   <La^I\  »   ^JL/O^ji^   4  ii-^ 

< «-^    '•'-^T»^     ?^b~^    O?"'"''^'     "^^'^J-^     U\j^^\     (^J-<.^0     "^Vl    (^S*-^^-"^]^     O*^^./^ 

.\l ^^\i|  J,i  j3w4«-_«_J|  ilij  s-jjsjI  >L*4^3  <_)\U»i.  kj?"ii^  v_i  ^.v*  4_x^l 

'    M  Ai-»  Lx^sii ,  suivis  des  mots  répétés  de  la  phrase  jirécétlenle,  (sa)  AïjOyyj  Ijy-w'^ 
Aj  I^Aiûij.      -  '-'  M  ^^jjyo,  i)lns  l)as  ^^jj^,  ]>uis  de  nouveau  ^j^y,.  —  '■'   C  <.LfcÀJ.  — 


et  11(111  \I);ii\viz,  cl  rcconniironl  à  leur  f;i;iii(l  di-sappoinleinont  qu'ils 
avaient  été  vicliiiies  (rune  ruse.  Ils  ariêlèrcnl  Biiidoûya  et  l'emiiie- 
nèrent  auprès  de  lîahràin  à  qui  ils  racoutèrenl  le  stratagème  donl  il 
avait  usé.  Bahràni  lut  fort  èlonué  de  son  action;  il  donna  l'ordre  de 
1  emprisonner  et  de  lui  mettre  des  chaînes. 

Abarwîz  arriva  auprès  de  Maurice,  le  roi  de  lioûin,  qui  le  reçut 
et  le  traita  d'une  manière  très  honorable,  pourvut  libéralement  à  son 
entretien  et  ne  négligea  rien  pour  lui  complaire  par  de  bons  procédés 
et  lui  témoigner  au  plus  haut  degré  les  égards  qui  lui  étaient  dus 
et  son  respect.  Il  lui  donna  en  mariage  sa  fille,  nommée  Marie,  l'une 
des  plus  belles  lemmes  de  son  temps,  mit  à  sa  disposition,  ])oui'  lui 
prêter  assistance,  une  armée  de  ciiupiante  mille  soldats,  commandés 
par  un  général  nommé  Sergius,lui  lournit  des  subsides  et  le  lit  partir 
de  la  façon  la  jilus  digne,  en  même  temps  que  sa  fille  Marie  avec  son 
équipage  et  avec  deu\  cents  fdles  esclaves.  Abarwiz  se  mit  en  marche 
hI  conduisit  l'armée  dans  rAdharbaïdjàn.  Bindoûva  qui,  par  (piehpu' 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES  PERSES.  669 

«OvU  ^jpSot  ^^1  ^L;JI  u^j  ^!-^y  ^-^1  c<k  J-ï-iaj  ^  r*!/*^  c:)~^ 
^>|  ^y  ^L^àï>_j_^i!  jp-jjj^-^!  :>j,jj  <aJo  LiU  4JiLJ|  (ii^^j-^"^!  'ux=^\j 

^  s 6JÏ-3  t_Jic  J^jc-iJi  ^u  'ù~y^^y^  ^\sjj  Sv-^xi    -)<.:jL«i^Loo  L^'i.À.A^ 

Jr^  -'I^lJI  ^jjfil  '^li-j  ^i^jpjjj^l  jj)L  ^!  <i,IjpA>'Nil  is^\j  pyi  JU-j 


stratagème,  s'oliiil  di'lixrc  do  la  captiMlr  (laiis  laqiiollc  il  avait  été  leiiu 
par  Balu-càm,  vint  le  rejoindre  avec  les  niarzehàn  et  les  grands,  et 
nombre  de  gens  accourant  du  l'àrs  et  du  Klioràsàn  s'assemMèrent 
auprès  de  lui. 

Bahràm  avait  usurpé  le  pouvoir  à  Madaïn  et  avait  ceint  la  couronne 
que  sa  tète  ne  connaissait  pas.  Le  monde  le  blâmait.  Lorsqu'il  apprit 
l'arrivée  d'Abarwiz  dans  l'Adliarbaïdjàn,  il  voulut  prévenir  l'attaque  de 
son  adversaire  avant  (pie  celui-ci  ne  lût  en  force  et  que  ses  principaux 
|)arlisans  ne  l'eussenl  rejoint.  Faisant  peu  de  cas  de  l'armée  greccpie, 
il  marcha  sur  l'Adliarbaïdjàn  et  ouvrit  les  hostilités  contre  Abarwiz. 
Il  y  eut  entre  eux  de  nombreuses  escarmouches  et  des  batailles  achar- 
nées; un  grand  nombre  de  soldats  grecs  furent  tués.  Il  arriva  enfin 
qu'Abarwiz  se  mesura  avec  Balu-àm  en  combat  singulier.  Lorsque 
Bahràm  dirigea  contre  lui  sa  lance,  il  la  lui  arracha  delà  main;  mais, 
ne  pouvant  tourner  le  fer  en  avant  et  le  pointer  sur  lui,  il  le  frappa 
à  coups  redoublés  sur  la  tête,  tant  que  la  lance  se  brisa.  Bahràm 


670  HISTOIRE   DKS   ROIS   DES   PERSES. 

^jjlsJ^s.aJt    ci-'-^J    "-^   JS'  J--s5  lo^  |jjv_4*»^   (Ojjjjj^   |jJ_^^xA^    ^l->J.I   Jjl 

^  L>i>jLi>    <<_Aol  J^'is  J^-*-'  (^  -^IL^i  vXj  j  r-i)^305  ^uX-;x  Loo«j  ^iU 
Jw>>X_*^  ^Jlc  Jwo!    Ij   ^Là,6-c  >.:>J!j js^I  kX3j   oLiAi».  ^    Lj?  »À.<   s-^U  ^Lj 

'     <■  Uij^-  —   "'   -MaïKjiu'  dans  M. 


s'enfuit  et  disparut  comme  si  la  terre  se  fût  fermée  sur  lui.  Abarwîz 
demeura  dans  son  camp  jusqu'à  ce  qu'il  sût  d'une  manière  certaine 
que  Bahràm  avait  pris  la  route  du  Khoràsàn.  Il  accorda  la  vie  sauve 
à  ceu\  qui  demandaient  grâce  et  se  rendaient  à  lui  et  partit  ensuite 
avec  les  marzebàn  et  les  hauts  jiersonnages  pour  Madàïn,  victorieux, 
n'avant  rien  perdu,  heureux.  Son  premier  soin,  avant  toute  chose, 
lui  de  dislrilnier  des  aumônes  et  d'accomplir  de  nombreux  actes 
de  pieté.  Il  lit  expier  ensuite  à  ses  deux  oncles,  Bindoùya  et  Bistàm, 
la  mort  de  son  père  Hormoz,  en  disant  :  "A  la  vérité,  j'éprouve 
une  grande  peine  en  me  décidant  à  vous  mettre  à  mort;  car  vous 
êtes  mes  parents  préférés,  ceux  que  j'aime  le  plus,  ceux  de  tous  qui 
m'ont  prêté  la  plus  grande  assistance  et  méritent  ma  reconnaissance. 
Mais  un  roi  est  dans  l'obligation  absolue  de  tuer  ceux  qui  ont  tué  son 
père,  quels  qu'ils  soient,  li  Et  tout  en  versant  un  flot  de  larmes,  il  donna 
l'ordre  de  l(\s  étranjjler  comme  ils  avaient  étran'jlé  Hormoz. 

Abarwiz  s'occupa  ensuite  à  régler  les  ailaires  de  l'Etat,  à  lortiliei- 
les  frontières,  à  conférer  des  dignités  aux  amis  fidèles  et  à  forcer  les 
adversaires  à  la  soumission.  De  jour  en  jour,  son  pouvoir  était  plus 
respecté  et  son  autorité  grandissait.  Il  fil  de  Marie,  fille  du  roi  Mau- 


HISTOIUK    DKS   ROIS   DKS   PKRSES.  671 

^_)\4_/0  -iU—V'  i::.^.«o   _JyjO     LjtSfc.    ^     .\UaJl_*v    ïiiJ*  ^*— **' 

J^  ^^j  fj^  o-''  w^'  {j^.jr^^  çjj^\S^s:  j  ^y  -J  i^^j  L^-s-i^ 

j?L.<>-:i.^-\<3  ^11  ^^_<s-/«v3\>o  j?L5^-v^«   <0_Lv^   Jv^'»   <-*.»>S^  otiik.    '   A_*.s>w*j 
(îlïju'^l    «^ cj w^  4^    ^- il b    JJ^^ (6  ^L«_-si>'  ÂJi^  <l  4_5J^]^  is>0 '^ 


ricp,  s;i  Icimiic  jjiiiicinali',  lui  doiiiiii  |)()iii'  (Icinciirr  le  plus  iiiii^iii- 
(if[ii('  (le  SOS  appaiienioiiis  cl  des  lichesses,  des  objets  précieux  et 
(les  jeunes  servantes,  dont  elle  lut  enclianlée.  Il  répartit  entre  les 
troupes  grecques  la  somme  de  vinji^t  millions  de  dirliems,  conlérant 
à  leur  général  des  robes  dbonneur  de  grande  \aleur  et  le  cond)l;ml 
(le  cadeaux,  et  les  renvoya  lionorablemenf  à  leur  souverain  Maurice, 
]X)nr  lequel  il  leur  remit  des  cadeaux  beaucoup  plus  nombreux  qu'il 
n Vil  avait  recju  de  lui.  U  dispensa  aussi  ce  souverain,  sa  vie  durant,  de 
la  redevance  et  du  tribut,  permit  aux  chrétiens  de  construire  leurs 
églises  et  leurs  édifices  religieux,  de  faire  usage,  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  riiànschabr,  de  crécelles  et  d'accomplir  les  cérémonies  de 
la  fête  des  Palmiers;  et  pour  témoigner  son  amitié  et  pour  être  agréable 
à  Maurice,  il  recommanda  aux  gouverneurs  et  aux  inarzebàn  de  traiter 
les  chrétiens  avec  bienveillance. 


C72  HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES. 

]»wwL^ïO    ii  "C^-lw»  ,_5M-'|;  <>J^  lîV*^'   1^  ^^J   ^   ^'-*r>'^|^   «^W'I  ■'Laaj'Ï 

^.> ^*      J^..A..£UJ|     ■>-S^      (J-0      ?Ov-Vt      ^_'-6-=>l     Ci/jLSj      ^L^J^      L^      UJ^_wj      ^J    1   '^ 


("  M  U. 


.^. 


FIN  DE   BAIIP.AM  SCHOUBIN. 

Après  la  fuite  de  Bahràm,  la  plupart  de  ses  chefs  d'armée  se  ren- 
dirent à  Abarwîz.  Une  petite  troupe  seulement  de  guerriers  resta  avec 
lui;  ils  étaient  peu  nombreux,  mais,  par  la  valeur  et  le  courage,  ils 
représentaient  une  force  notable.  Abarwîz  avait  mis  à  ses  trousses  un 
corps  de  troupes  qui  devaient  le  serrer  de  près  et  fondre  sur  lui  et 
auxquelles  il  avait  dit  :  «Achevez-le  et  apportez-moi  sa  tète!»  Mais 
ces  soldats  n'osèrent  pas  l'attaquer  et,  abandonnant  la  poursuite,  s'en 
retournèrent. 

Bahràm,  da)is  sa  fuite,  s'arrêta  avec  quelques-uns  de  ses  officiers 
dans  un  bourg  et  descendit  chez  une  vieille  femme,  qui  leur  présenta 
des  galettes  d'orge  dans  un  vieux  crible  usé.  Ils  apaisèrent  leur  faim 
avec  ce  gros  pain,  qui  leur  parut  meilleur  que  du  pain  blanc,  de 
l'agneau  rôti  et  du  délectable  nougat.  Ils  dirent  à  la  femme  :  «Si  tu 
pouvais  nous  offrir  un  peu  de  vin,  rends  la  i-éception  complète  par 


IllSTOlRK   DKS  KOlS   DES   l'ERSES.  673 

(1)  <__>L.^_/s^  j!  3w>w5s  ^  S>-Au3J  4'  "^vJ  ^  "^v-^  i^y-"-^i  _5-<"''  ->--^A-ol 

i g A s     .>kJs_4io   Ul  >~>.j   LgJtiaJ.    Ld)>Xik.ls    «LiljL»    «Lcvi    J.'   ^L^2-Kj  y±iy<j 

J^JL_3  <.^j   J  ^^KS— "  j^j   ^^^  ^r>}j   ^)ij^  Je       >^  ^J"^  ^JLÀ\ 
'     M  AjL«l^.  —   -1   M  »U^^.  —  '''   Ces  mois  inaïKiiiciil  dans  M.  —    '     M  ^Ij  . 


une  gor^'éo  d  iiiic  i^ourdt'.  on  |);n'  iiiic  pclilc  i^oiillf  (lune  pclilc  outre, 
ou  par  uu  reste  dans  une  ainpiiore.  »  La  leninie  sorti!  et  rapporta 
une  cruche  de  vin.  Mais  ils  ne  trouvèrent  pas  de  conijc  pour-  hoire. 
L'un  d'eux,  voyant  une  calebasse  suspendue  au  plalond,  la  piil  et  la 
coupa,  et  c'est  ainsi  qu'ils  buvaient  tout  en  riant,  s'énierveillant  des 
changements  des  situations  et  des  capricieux  retours  de  la  fortune. 
Lorsque  Bahràni  lut  un  peu  égayé,  il  dit  à  la  vieille  femme  :  «  Lh,  la 
mère,  quelles  nouvelles  as-tu?»  Elle  répondit:  «J'ai  a])pris  que  le 
Grand  roi  Abarwiz  est  revenu  du  pavs  de  Roûni  amenant  une  armée 
lormidable,  avec  laquelle  il  a  lait  la  guerre  conti'e  Bahràm  Schoùbîn 
(pi'il  a  fini  par,  écraser  et  mettre  en  luite,  tandis  que  lui-même  est  à 
présent  bien  établi  dans  sa  résidence,  à  Madàïn.  — Et  que  dis-tu,  la 
mère,  de  Bahràm?  Avait-il  tort  ou  raison  de  prendre  les  armes  contre 
Abarwiz?  —  Certes,  par  Dieu,  dit  la  vieille  femme,  il  avait  absolu- 
ment tort;  car  il  s'est  mis  en  révolte  contre  son  maître  et  le  fds  de  son 
maître,  contre  lequel  il  a  tiré  l'épée!  »  Bahràm  dit  :  «Aussi  faut-il 


^^ 


67'i  HISTOIRE   DKS   ROIS   DKS   PKRSES. 

^j-^^j  j-i_J  jL_;-^t  jc^.^.^1^^  JrL  ^^1  <J>\  ^^  "i  ç\^ 

Jiij  jj->^...^>,j<^'^\  ^j^j^  J^-^\j=^  l^y-^j  S^Jj  ^^■^-«-ia-^  u*^  cr° 

^_     .^^sl — =fc.    J^\    L>>jo'JO*<X»   v4-«J|    'K)    U    ^I   ôJi^\    vJ^vjI    ^^t^   (^   ^^JdaJl 

ijj-^  J>^\  j  J_j...^^jj  'Li_^Nl|^  ::'):>!^|^  (-^i^LLU!  ^'o^ij  U.L^ 

MaïKiuo  dans  C.  —  '-'  M  jUill    —    '    Maii(]iie  dans  V..  —    ')  AI  dlLji)! . 


qii  il  iiiiiiif^c  nKuntcnant  flu  ])aii)  d Orgf  dans  un  vieux  crible  et  (ju  il 
boivp  (lu  vin  trouble  dans  une  calebasse  coupée!  »  La  vieille  femme, 
sacliant  alors  qu'il  était  Bahràm  Schoûbin,  fut  consternée  et  hors 
d'elle  de  frayeur.  Bahràm  lui  dit  :  «  Ne  crains  rien,  la  mère;  tu  as  dit 
la  vérité  et  tu  as  raison.  »  Et,  prenant  quelques  pièces  d'or  dans  la 
bourse  de  sa  ceinture,  il  les  lui  donna  et  partit. 

Bahràm  continua  sa  route  vers  le  Khoràsàn  jusqu'à  Naïsàboûr,  où 
il  s'arrêta.  Voyant  le  petit  nombre  de  gens  qui  lui  restaient  et  les  sen- 
timents peu  favorables  des  populations  et  craignant  ne  pouvoir 
échapper  à  la  poursuite  dont  il  était  l'objet  de  la  part  d'Abarwiz,  il 
se  transporta  dans  la  Transoxiane  en  demandant  protection  au 
Khàqàn,  fils  de  Barmoûdha.  Le  Khàqàn,  accompagné  de  ses  familiers 
et  de  ses  chefs  d'armée,  vint  à  sa  rencontre.  Chacun  d'eux  mit  pied 
à  terre  devant  lautre  et  ils  se  donnèrent  la  main  comme  des  jierson- 
nages  égaux  en  qualité  et  en  rang  et  position.  Puis  le  Khàqàn  fit  à 
Bahràm  une  réception  extrêmement  distinguée,  lui  envoya  quantité 
de  provisions  et  des  cadeaux  de  prix,  et  lui  parla  ainsi  :  «  Nous  avons. 


HISTOIRt:   DKS   ROIS   DKS   PERSES.  675 

<l  Jlî^  L-<S^  |-!^  ^l)-i   -^1^  ^'-î^l^  -i^Lvi.j  S-J^  c5^  J^  WijjUi 

^l-,       g       '     iL-A..^.     ;O0     "CjOfc-f     'y>Syj\     ^-'^-%^.      f  )       *     4jLw\i>      jjfiJOI     < >W^}     Lv  «.'"fc 


moi  et  toi,  la  même  piiri  ;iii  pomoii-;  im)ii>  Miinmes  deux  corps  avec 
une  seule  ànieel,  dans  notre  union  Irati'rnelle,  rien  ne  sera  réservé  en 
|);irli(wlier  à  lun  on  à  I  iintr»',  sani  cr  doiil  la  loi  cl  I  lioiuicnr  (IcfcMdcnt 
la  possession  commune.  Sois  donc  conteni  el  à  Ion  aise  et  prends  du 
n'pos;  dispose  de  moi  en  toute  liberté  pour  voir  tes  vœux  réa- 
lisés, et  sois  assuré  (jue  je  cliercliciai  à  le  satisfaire  et  que  je  me  con- 
formerai à  tes  désirs.  »  Bahràm  le  remercia  et  le  félicita  de  ses  bons 
|)rocédés. 

Dans  la  suite  d<'s  lem|)s,  Aharwiz,  qui  ne  jouissait  pas  en  pai\  de 
la  possession  du  pouvoir,  son  ennemi  Bahràm  elanl  \i\ant,  adressa 
au  Khàqàn  un  message  dans  lequel  il  lui  laisait  des  re[)roclies  et  des 
remontrances  :  «Tu  as  lait,  lui  disait-il,  un  ])acte  d  amitié  avec  nu)n 
ennemi,  le  rebelle,  ettuasdonné  reluire  à  mon  esclaxe  lii<iilil.  Tu  n'as 
eu,  en  agissant  de  la  sorte,  d'autre  but  (jue  de  me  nuire,  ni  d  autre 
intention  que  de  jeter  l'inquiétude  dans  mon  esprit.  Maintenant, 
si  tu  le  renvoies  enchaîné  à  ma  résidence,  tu  me  feras  une  faveur 
dont  je  te  garderai  reconnaissance,  comme  le  ramier  garde  son  collier, 
jusqu'au  jour  de  la  Résurrection,  et  tu  gagneras  mon  amitié,  qui  te 

85. 


676  IIISTOIUK   DKS  ROIS   DES   PERSKS. 

j^-jj>^  w->»3o"  s-'—-s:  ^>ilj  ^  i,j}\  Jj^\j  ,.J^\  ^^Ki!  ^i  '-:jw1  ^]^ 

^1   LiJU    ^jLiww'    JOJ    ^Lgj  ^^!   Jls  ^  ^^^   <JlsJs   Jxs[p!  v-^^^^ 
A_Lsh.U,     ^I-^^l    <3-''-S*'   {2)jJJjJoJl  1^    J^    JlSj    <JJi     -'Lwj    V^so|"fsifcls 

3—6^^^    L'->--«-?   ^^^L-i».   J.t    <_jLs-^   er»    ,_à-^a^t    ^JSj  (^)  (j^^V^jLsw  J^>Jt) 
M  .\W'  ^*  -4^1  y'j-  —    ■'   (^  ■>^s-  —  '    -Mnn(|iic  dans  C. '^^  Mss.  ^^^^iV^  ^i. 


sera  grandoment  profitable  et  qui  aura  pour  toi  des  eflels  dont  tu  seras 
content.  Mais  si  tu  me  préfères  ce  chien  enragé,  ce  drôle  impudent, 
sache  que  tu  auras  une  guerre  qui  fera  fondre  le  fer  et  blanchir  les 
cheveux  des  petits  enfants.»  Le  Khàqàn  lui  répondit  :  «  Baliràni  m'a 
demandé  aide  et  protection  et  a  cherclié  refuge  auprès  de  moi;  je 
fai  accueilli,  lui  ai  accordé  ma  protection  et  lui  ai  garanti  la  sûreté. 
Je  ne  le  livrerai  pas,  tant  que  mon  àme  sera  liée  à  mon  corps.  » 
Abarwîz  fut  soucieux  et  conçut  des  craintes.  Il  dit  :  «  Cet  ennemi  a 
contracté  une  étroite  alliance  avec  mes  ennemis,  il  a  épousé  leurs 
intérêts  et  est  devenu  un  des  leurs;  je  crains  bien  qu'ils  ne  se  mettent 
d'accord  pour  m'attaquer  et  pour  m'enlever  mon  royaume,  et  ils  feront 
ainsi  naître  une  conflagration  dans  l'Irànschahr.  La  prudence  me 
prescrit  de  ne  pas  vivre  Iraurpiille,  tant  que  Bahràm  demeure  parmi 
eux,  et  d'emplover  tous  les  movens  possibles  pour  le  faire  disparaître, 
soit  d  une  façon  occulte,  soit  ouvertement.  » 

Abarwîz  députa  ensuite  auprèsdu  Khàqàn  l'homme  le  plus  capable 
de  sa  cour,  Hormoz  Djoràbzîn,  avec  quantité  de  présents  de  toute 
sorte,  le   chargea  de  messages  secrets,  lui  fit  emporter  beaucoup 


lUSTOIRK   DF.S  ROIS  DES   PERSES.  677 

3^  ^\j  j,j^\j  \lyjS\lo  <yf^\j  <J^  ^^^-^^  <4-H?2î  J]^"^'  i^y^^^  (j^ 

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(')  M  ÂjuJ!.  —   ■■'  Manque  dans  C.  —  ''   C  JoLlï» 


(rargciil,  lui  iccommiiiHln  de  hiiif  tous  ses  cllorls  cl  diii^ir  sans 
trêve  ni  repos  |)()ui-  pcidic  Baliiàiii  dans  rcs|)ril  (\u  Khàfjàn  el  de 
nK'Ilrf  en  œuvre  tous  les  niovcns  qui  pussent  amener  sa  ])erte. 
Hornioz  partit  et,  quand  il  fut  arrivé  à  la  résidence  du  Khàqàn, 
celui-ci  lui  donna  une  large  hospitalité,  le  traita  avec  distinction  et 
honneur  et  accepta  les  cadeaux  qu'il  apportait;  il  l'invitait  à  ses 
banquets  et  se  montrait  très  gracieux  envers  lui.  Hormoz,  ayant 
trouvé  un  jour  l'occasion  de  causer  en  particulieravec  le  Khàqàn,  lui 
(lit  :  "  \e  sais-tu  pas,  o  roi,  que  Bahràni  est  un  sujet  du  roi  Abarwiz, 
qu'il  s'est  rendu  coupable  d'ingratitude  et  qu'il  s'est  révolté  contre 
lui,  qn'il  s'en  est  suivi  les  événements  bien  connus  et  son  propre 
malheur?  S  il  n'a  pas  été  un  bon  serviteur  pour  son  maître  et  son 
bienfaiteur,  comment  le  serait-il  pour  toi?  Tu  devrais  rendre  au  roi 
Abarwjz  un  service  qui  ne  sera  jamais  oublié  et  pour  lequel  on  sera 
éternellement  reconnaissant,  et  lui  envoyer  Bahràm  enchaîné.  Tu 
auras  ensuite  le  droit  de  lui  demander  tout  ce  que  tu  voudras  et  tout 
ce  que  tu  désireras,  n  Le  Khàqàn  se  mit  en  colère  et  dit  :  «  Est-ce  à 


()78  UiSTOlRK    DES   1U)IS    DES   l'KRSKS. 

S- 

y  »  Ll  ^Iv^  c>'^*  '^'^■^  '^-i-'  jH^  "^  -o)'  /^j  j^y^  Jy^^  -i^U<s£ 

"v-*>— tf>  ^_=>-£  ^■^■i-'  "Olx  <^.r\l  ^  ^r^  ^j>'  iX'  ^  •^>  ^3^  wj^  v'^-***-*r? 

^^ ïk.> ^^  oSL  <U   A»'s— g-_>  ùJiLj«  ^_j£.  <C/oyc  ('^^C^Nij.    .\lsL^  <-^v_«i  iiJ^-w 


un  honiinr  tel  que  moi  que  Ton  puisse  tenir  un  pareil  lant;a<^(' ?  Si  tu 
n'avais  pas  la  qualité  flambassacleur,  en  vérité  je  te  ferais  mourir! 
Et  si,  après  cela,  je  t'entends  encore  médire  de  Baliràm,  je  te  cou- 
perai certainement  la  tète!  »  Hormoz  garda  alors  le  silence  et  recon- 
nut que  ses  paroles  n'auraient  pas  d'effet  sur  lui.  Bahrâm,  de  son 
côté,  avait  inspiré  au  Khàqân  le  désir  de  posséder  l'Irànschalir.  U  lui 
donna  l'assurance  quil  enlè\ei-ait  ce  pays  à  Abarwiz  et  y  établirait  sa 
domination.  Le  Khàqàn  avait  confiance  en  ses  paroles  et  il  lui  donna 
des  troupes  et  des  subsides  pour  faire  la  guerre  contre  Abarwîz.  Il 
lui  ordonna  d'établir  son  camp  sur  les  bords  de  Djaïboûn  et  d'y 
attendre  qu'il  l'eût  pourvu  de  tout  ce  qui  lui  était  nécessaire. 

Hormoz  avant  reconnu  que  le  Kliàqân  était  inflexible  et  bien 
résolu  de  conserver  son  amitié  à  Babrâm,  et  voyant  qu'il  lui  avait 
flonné  le  commandement  de  son  armée,  renonça  à  ses  tentatives 
auprès  de  lui  et  se  tourna  vers  la  Khâtoûn,  la  j)rincipale  de  ses 
femmes.  11  ne  cessa  de  la  circonvenir  par  les  ensorcellements  de  ses 
discours,  par  ses  présents  et  ses  hommages,  de  lui  représenter  Bahrâm 


IIISTOIUE   DES  ROIS  DES  PERSES.  679 

JwC=yt  ^i^'^jil  .::.--J   ^j  ^-i-o   Ày%Jt  c_?^'  J^  0=;;^'  "^'1^  ^'  ^ 
LjLit)    ^v>    Ixi    <.'Oa_>   Ji   ^_^Jt;^\  ''\_ji_=iÀ.ài!J  <-Oo   4,Li£    ^^v-i^   ^   f'y'^ 

ii__^'., ^   i^_v_*.v_j  '^. ï  .ic  :_■  ^  ---^  i <^^  "^-^  -iÎKiJ   .v»_>'>Ji.  ^Jl\  U-? 


sous  le  ])lus  iiKuiNiiis  jour,  el  (le  lui  i  u  s|)i  n- r  des  ci;i  iules  en  lui  sij;u;ilaut 
son  astuce,  sa  rouerie  et  sa  jjerlidie;  il  lui  conseillait  constamment 
de  chercher  à  lui  tendre  un  piège  et  à  le  faire  mourir  et  de  débar- 
rasser le  pays  des  Turcs  de  sa  sinistre  ligure  et  de  son  action  néfaste. 
L;i  Khàloiin  huit  par  s'en  laisser  imposer,  consentit  à  laire  ce  (pi'il 
(leinandail  et  s'engagea  envers  lui  à  faire  périr  Bahràni  ])ar  (piehpie 
niachinalion.  Ilormoz  continua  à  lui  offrir  des  cadeaux  et  lélilouit 
par  des  joyaux  extrêmement  précieux  qu'Abarwiz  lui  avait  donnés 
à  cet  ellét.  Un  jour,  délibérant  avec  lui,  elle  lui  dit  :  >  Moi,  par  Dieu, 
je  désire  plus  ardemment  que  toi  faire  périr  Bahràm;  mais  je  ne  sais 
comment  je  pourrais  y  parvenir.  »  Hormoz  répliqua  :  "  Il  faut  que  tu 
aies  recours  à  un  Turc,  un  serviteur  de  la  cour  du  Kliàqàn,  à  un 
homme  énergique,  avant  le  bras  solide  et  ne  craignant  pas  de  verser  le 
sang,  qui,  pénétrant  chez  Bahràm  à  rim])roviste,  enfoncera  et  tour- 
nera le  sabre  dans  son  ventre  et  prendra  la  fuite.  »  La  Khâtoûn  y 
songea  ronslaïunienl  et  trouva  enfin  un  Turc  qui   remplissait  toutes 


680 


HISTOIRE   DES   UOIS   DES   PEUSES. 

O         Vi     w'^»        .>^'-=^      .Nibi_*v(s     <jU-Ai».     |?^_tv     iâ_àj>    JsJO     <_«.|wJ 

il^  t^L^'^L  <r?^l9  U^  i^li'  ^>'  ^^^  JJ-J^   "^jlr^  "^1  Ij^^I  j;.*^ 
^  jLkiJi  <_5jpj  k?y^  jr^T^  ^-<s^  i3)  J^-iv_ci|j  4)  4'.>oj  <.t;,ai^  jj^^L 


les  conditions  que  Hormoz  avait  indiquées.  Elle  le  fit  venii-,  lui  lit 
connaître  le  secret  en  présence  de  Hormoz  et  lui  promit  cent  mille 
dirhems  dont  elle  lui  payerait  la  moitié  comptant.  Le  Turc,  avec 
l'empressement  d'un  homme  cupide  et  rapace  et  âpre  au  gain,  con- 
sentit à  exécuter  ce  qu'elle  ordonnait.  Hormoz  était  assuré  qu'il 
affronterait  cette  œuvre  hardiment  et  qu'il  l'accomplirait.  Il  ne  vit 
alors  rien  de  plus  expédient,  après  que  son  artihce  eut  pleinement 
réussi,  que  d'en  trouver  un  autre  pour  se  sauver.  Il  demanda  donc 
audience  au  Khàqàn  et  lui  dit  :  «  Je  vais  envoyer  un  homme  de  ma 
suite,  un  marchand,  dans  l'Irànschahr  pour  qu'il  m'en  apporte  des 
étoffes  et  des  joyaux  dont  je  veux  te  faire  hommage.  Mais  le  surveil- 
lant du  passage  du  fleuve  l'a  fermé,  sur  f ordre  de  Bahrâm ,  aux  voya- 
geurs et  ne  fait  traverser  le  fleuve  que  les  personnes  nanties  d'une 
lettre  de  passe  délivrée  par  toi  avec  fempreinte  de  ton  sceau.  Je 
désirerais  que  tu  me  les  fisses  donner.  »  Le  Khàqàn  fit  droit  à  sa  de- 
mande, donna  l'ordre  d'écrire  la  lettre  de  passe,  v  imprima  son  sceau 
et  la  lui  remit.  Hormoz  la  prit,  revêtit  le  costume  d'un  marchand  et 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  681 

..l ■^   Coj    (*V*-^!    ^^-4-   Jf'y^    Vi  >•>  )'   ^1  c^CCJl   ^Aja^j    \Lm;«    <jl/8   l'OUj 


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Ov.X><£ 


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^j^^vJ.  !5A.aJj  ,_ÂjOil    f»'>-g-^     .^'^■J   -^«    f'S-^r'  3'^  7"^  ^     «J^^^'   (.3^ 

^vlsLà.  ;jL^^  ^j  wk^"^'  <-i-U  ]^iL  "^  ^jL  <^l^^|^  «cc,]^  j:=o.|  "^1 
^^J_J.•L^  J^_w^^  Jl  4'  l^j^  jUi  ^^1  ^^i!  :^  ^)^^!  ■i;-U!  yLii 
_>Li^'  ^-..T-»  J-^i^jo  <jt.tw^  jj!w«!  ^  ->o  j 'jî^  jt  '  'L«»^!  j;«>Js*v * 

<')  \I(j^^.  —  (•-'   MaïKiue  dans  M.  —  ».   M  J^.  —    'i   Muikiu.'  dans  C. 


sf  mil  cil  roule,  ;il);iii(l()iiiiaiil  ses  compaj^iioiis  et  ses  bafi^afi^es.  Quand 
il  arriva  au  Ijord  du  llcuve,  il  jin'.scnla  la  Icllre  de  passe  scellée  et 
Ut  un  don  au  surveillant  du  passage  qui  lui  Ht  proniptenient  tra- 
verser le  fleuve.  Hormoz  continua  son  voyage,  en  hâtant  sa  marche, 
vers  la  résidence  de  son  maître. 

Le  lendemain,  qui,  dans  l'ordre  des  jours  du  mois  chez  les  Perses, 
était  le  jour  de  lialiràm ,  —  les  astrologues  avaient  recommandé  à 
Bahrâm  de  ne  pas  se  niontrei-  ce  jour  en  public  et  lui  avaient  prédit 
que  ce  serait  le  jour  de  sa  mort,  —  le  Turc,  agent  de  la  Khàtoûn, 
se  mit  en  route  après  avoir  caché  dans  .sa  botte  un  poignard  trempé 
dans  du  poison  et  sans  emporter  d'autres  armes,  et  arriva  au  pavillon 
de  Bahràm.  Celui-ci,  un  ])eu  souffrant,  n'avait  auprès  de  lui  que  ses 
plus  intimes;  il  avait  oixlonné  à  ses  chambellans  de  n'admettre  per- 
sonne, fût-ce  le  Khâqàn  lui-même.  Ils  dirent  donc  au  Turc  :  «  Va-t-en; 
il  n'y  a  pas  d'audience  aujourd'hui!  »  H  répliqua  :  «Dites-lui  que  je 
suis  envoyé  par  la  Khàtoûn,  la  femme  principale  du  Khàqân,  pour 


8G 


082  HISTOIRK    OKS   ROIS    DKS    PKUSKS. 


.  J-iwj^  ^j— '^l  ''^î^-^jj  <'  ^Nis'^L  s-^ls  iiy^\  JuLf  |*Lg->  jj-sik.]^ 

—  i— y'»     ?   <Xia_»    ^    ^sÀ.L    UêLvJ.    <,^>J=k.    ^_4c    '^>.>vi>     >j4v<wL    1!^>-*J|    *l_JN_^i2J 

»-a)j    <.J^^   Js,*,^»o   -^U^J^j   <jU  Ijt^s-va   •^h-'   f'r-^  iX'  ]y-^^J   "^-^^-«-~à-jj 

.  t:j*Lai^    J-iJ-»-'];    *l5lj|j 


une  iiiriiiic  iinpi)rlaiilc;  illaul  absolument  la  portera  sa  connaissance.  i> 
I/un  des  chambellans  entra  et  rapporta  les  paroles  du  Turc  à  Bali- 
ràm,  qui  donna  l'ordre  de  l'introduire  et  de  faire  sortir  de  la  chambre 
les  personnes  présentes.  Le  Turc  entra,  baisa  la  terre  et  s'approcha 
de  Bahrâm,  comme  s'il  voulait  lui  parler  à  l'oreille,  de  sorte  que 
Bahràm  pencha  la  tête  vers  lui.  Alors  il  lui  porta  avec  le  poignard  un 
COU])  dans  le  côté  et,  frappant  de  nouveau,  un  second  dans  le  ventre. 
Bahràm  poussa  un  cri  qui  donna  l'éveil  aux  gens  qui  étaient  à  la 
porte.  Le  Turc  s'étant  précipité  dehors,  les  sabres  s'abattirent  sur  lui 
et  le  mirent  en  pièces.  Les  officiers  entrèrent  et  virent  Bahràm  par 
terre,  blessé  à  mort;  son  sang  coulait  et  il  tenait  sa  main  sur  une  de 
ses  deux  blessures.  Ils  furent  consternés  et  désespérés  et  l'air  retentit 
de  leurs  sanglots  et  de  leurs  lamentations.  Quand  Kourdiya,  qui  étiiit 
la  sœur  et  l'épouse  de  Bahràm  et  l'une  des  plus  belles,  des  plus 
intelligentes  et  des  ])lus  vaillantes  des  femmes,  arriva  à  son  tour,  elle 
se  frappa  le  visage,  coupa  ses  cheveux  et  dit  :  «  Voilà,  o  mon  Irère,  le 
châtiment  de  celui  qui  est  ingrat  envers  ses  bienlàileurs  et  se  révolte 
contre  ses  maîtres  et  prend  les  armes  contre  ses  rois.  —  Tu  as  rai- 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  083 

JLlJ   uiJpj.1    ■'  S->j'^^  '-Jr'J^^   .-iViCj  ("  JL^oJl  *U-[;tjpi-J  ^  *K^  |j^ 

* .»..  »  i.  .1  laj»  lE^I  i(^uv>  (jmJ;  ''y^  çr-^^  s^^i  iWu  I/^mj 

,? — 1 )^   <OJ.i,   ^wA-g"^    J^  .ilfc-i-U   <_>i>.^=  ^i^Jl/oL  <-S^  ^<v2i,  «^-^^-àJ 

^.^Osc  '  J^-^  ^L>oj  "^—wU    .>_c   %-... -ti  .   <<_*.^J_>  Je  (_<LyvJl  jvo-'  "ij-S^     .>l9'-^ 
4.Ji>.^==>   J,|  *j::,01_>«   UL*v,    j1Jv_£     .\fcj''vi^   ;i_«.«U   i>£vs-**!   ^-^    <C_)'>jt-*_L'  .XjliJ. 
I^U^-f.  f-^-Jtj,  SL^X^^j  j?^'^-*^  f*'/^  '-^"''^^Ij 
("   C  XiJI.  —  (2)    Mss.  ^^..ajuj  .•!  4_,^L3?j  (C  <^jl^3l.  —  -■'■    Mss.  1^1^. 


son,  (lit  H;ilir;uii;  r'csl   coiimic  tu   le  (lis.  ■   El  il  ajoiilii  iiiic  réflexion 
que  le  |)t)olf'  a  exprimée  dans  ce  vers  : 

C  est  le  fatal  Destin  qui,  tyranniqucment,  ap[)()rl<'  If  malheur  à  i'Iioiiime;  ce  n'est 
jamais  l'homme  qui  s'attire  le  malheur. 

Il  désigna  pour  lui  succéder  Mardàn-Sineli,  le  principal  rie  ses 
chefs  d'armée,  lui  donna  le  commandement  de  ses  partisans  et  lui 
recommanda  d'honorer  Rourdiva,  d'agir  toujours  d'après  son  avis  et 
de  la  considérer  comme  ayant  la  même  autorité  que  Bahràm  lui- 
même.  Il  lui  fit  connaître,  ainsi  qu'à  sa  sœur,  ses  dernières  volontés, 
puis  il  expira.  Kourdiya  et  les  chefs  d'armée  procédèrent  à  ses  funé- 
railles et  à  son  enterrement.  Le  Khàqàn,  en  a])prenant  la  mort  de 
Bahràm,  déchira  ses  habits,  déposa  sa  couronne,  le  pleura  à  chaudes 
larmes,  observa  les  rites  des  condoléances  j^endant  une  semaine  et 
accabla  la  Khàtoi"inde  reproches  et  d'invectives.  Il  envova  à  Kourdiva 
et  aux  compagnons  de  Bahràm  un  message  dans  lequel  il  leur  ])ré- 
sentait  ses  compliments  de  condoléance,  les  consolait  et  leur  pro- 
diguait les  promesses  et  les  assurances. 

86. 


(•)8'l  IliSTOlUK   DKS   ROIS    DKS    PKRSKS. 

<_«_j_^>|  pj  ]yi^jj  j^LâJi]^^j  (^l;-^  i^)y-«j]j   fj^t   \jj-H^  (S>^^ 

l 

J  «^^K  <j:5v^  j?W  '  ^^j-^  c>-^^^  fv<s-**^  ^  if^lr'  fJ^^  ^  (^  ^3^ 

*•'  Mss.  i.  —  (■-)  (",  *A*Xkt.  —  '''  C  I^Jbôi;.  —  >"  M  ci.;Jo.  —  ''"'  M  *froyii. 
DIVF.HS  ÉM^NEMENTS  OUI   SUIVIRENT  LA   MOUT  DE  liAllRAM. 

Mardàn-Siiieli,  les  conipaji^nons  de  Bahràm  et  Kourdiya  ayant 
résolu  de  partir  à  1  insu  du  Khàqàii,  firent  leurs  préparatifs,  chaus- 
sèrent leurs  montures,  envoyèrenl  en  avant  leurs  bagages  et  se  mirent 
en  selle  au  nombre  de  quatre  mille,  et  parmi  eux  Kourdiya,  vêtue  à 
la  façon  des  cavaliers  et  des  preux  guerriers;  et  ils  partirent  tous 
ensemble.  Lorsque  le  Khàqàn  en  reçut  la  nouvelle,  il  fut  courroucé 
et  ordonna  à  son  frère  de  les  poursuivre,  lui  disant:  «  S'ils  ne  reviennent 
pas  volontairement,  ramène-les  captifs,  liés  ensemble.  »  Le  frère  du 
Khàqàn  se  mit  en  marche  avec  une  forte  troupe  et  (il  route  jusquà 
ce  qu'il  les  atteignit  le  quatrième  jour  de  leur  course.  Quand  Kour- 
diya aperçut  les  Turcs  et  vit  le  danger,  elle  s  arma  plus  complètement 
pour  se  mettre  en  état  de  résister  et  releva  le  courage  de  ses  tronjies 
qui,  sur  son  ordre,  se  formèrent  en  ligne  de  bataille.  Le  Irère  du 
Kli.Tqj'ui  s'f'tant  ap])roché,  leur  dit  :  «  Je  désire  que  vous  me  conduisiez 


J  f^J 


IHSTOIRK   DKS   ROIS   DKS   PEHSKS.  685 

(^  ._-  '-S-  •;  L^-A !i  ■  -^  "'  lil^  *'-g'isi-c  ^»J^  fvj'  LfitJL-tw-jj  ~^IU,I  ^.lL4v^ 

J)I   L^    Jisj  l^  /J^-*-^   L^ii...:v.rXj>  L^wJj  L^X^^   ^^'-^  L^>L*-.^ 
LAjaJ  _^nL  oJwisix  s-A_<i|j  ïCLil  Lg-*-3Î  *-^^^-*-l^  v3"-"-**l  ^^^'-^^ 


auprès  (le  kouidi Vil,  pourcjiic  jc  lui  coiuiiuiukuic  le  iiicssaf^^'  du  loi  ; 
je  veux  aussi  que  vous  lécoutiez  vous-mêmes.  »  Lorsque,  ayant  de 
conduit  auprès  d'elle,  il  la  regarda,  il  fut  frappé  de  sa  beauté,  de  la 
perleclion  de  sa  personne,  de  son  adresse  dans  l'exercice  du  cheval  et 
de  sa  grâce;  il  s'éprit  d'elle  d'amour  et  la  désira.  Il  lui  dit  :  '<  Le  roi 
m'a  ordonné  de  vous  ramener  à  sa  résifleuce;  son  intention  est  de  vous 
bien  traiter  et  de  vous  témoigner  les  égards  qui  vous  sont  dus.  Donc, 
si  vous  y  retournez,  ce  sera  pour  le  mieux;  sinon,  je  ne  puis  me  dis- 
penser d'exécuter  son  ordre  et  de  vous  lier.  Mais  je  m'intéresse  vive- 
ment à  toi,  ô  noble  dame,  et  te  conseille  de  te  soumettre  à  ma 
sommation  pour  que  tu  demeures  sauve  avec  tes  compagnons  et  tes 
biens.  »  Puis  il  se  mit  à  lui  parler  de  son  désir  de  l'obtenir  en  mariage 
et  à  la  mettre  en  garde  contre  les  suites  de  sa  résistance.  Kourdiya 
dit  :  «  Ce  n'est  pas  ici,  mais  hors  la  présence  des  deux  armées  que  je 
veux  te  répondre.  Allons,  éloignons-nous  d'elles  pour  causer.  —  Je 
suis  à  tes  ordres  »,  répliqua  le  frère  duKliàqàn.  S'étant  retirée  avec  lui 
à  j)eu  de  distance,  Kourdiya  fapostropha  en  ces  termes  :  «Je  suis  la 


080  IIISTOIUK    DKS   ROIS   DES   PERSES. 

<L>L_ii— i— >   <Joo^.    di^^  <.aJl£   s^-i.^   ^*>^-!SJ  csljyOaXI    ,^^LwLjJ    ci^^^^s^va 

j  jLJI  c^  ^iUJl  ji  |j-»^  '  U^'^^py  ci/>=>-U^  ""ly^v  '^-i'^y^j  <^j-»' 

j^l  <_<y6  fj-^y>j  i-i)  Axcii,  (_>lji-Jl    Ç.LjL>l  A_j  \y^j\j  ^J«JLJ|  i_JaJi 

^I  <j.>s-^^  ^^--^-xSsi  s_g^  c)y— :^'  *Lsij  ^^^j-^4>^>*-^  ci^^H*"  ]xr^^J  ^!^Uiil 

^L^JC--wNj^  <_>!â_fljjj  J'^  N-bi  ^  j.^j^\  ^\j^  ^3-»j^  <^:>j-^^  l-g-i^! 
je 1 ^«  2l-*^2.  ^_oi3j3  Vjjw!  1«.^>>-^;  ^■4<yl  U\L*40  Sw-và-il  ^Ij  wC*uJ,lj  ^..^ill 


1''  Mss.  Ajl=ccU.  —  ■-'   C  pU»i)!. 


sœur  et  la  lemnie  de  Bahràiii.  Il  faut  absolument  que  je  te  mette  à 
l'épreuve.  Si  tu  es  capable  de  me  maîtriser,  je  me  soumettrai  à  loi!  » 
Elle  l'assaillit  et  tira  sur  lui  une  flèche  qui  traversa  sa  ceinture  et  sa 
cuirasse  et  sortit  par  son  dos;  puis  elle  lui  fit  vider  les  arçons  et 
le  jeta  sur  le  sol.  Elle  donna  ensuite  par  des  cris  le  signal  à  ses  gens, 
qui  se  jetèrent  sur  les  Turcs  et  firent  dans  leurs  rangs  des  ravages 
comme  le  feu  dans  du  bois  sec  et,  tels  que  des  loups  parmi  des  bre- 
bis, ils  en  firent  un  grand  massacre;  ils  les  mirent  en  déroute  comme 
la  lumière  chasse  les  ténèbres.  Après  cela,  ils  traversèrent  le  Djaïhoùn 
et  se  dirigèrent  vers  f  Irànschahr.  Kourdiya  adressa  une  lettre  à  son 
frère  Kourdoï,  qui  était  f  un  des  familiers  d'Abarwîz,  lui  exposant  la 
situation  et  demandant  pour  elle  et  ses  compagnons  le  pardon  du  roi 
Abarwiz.  Kourdoï  intercéda  pour  eux  et  obtint  du  roi  un  ordre  leur 
enjoignant  de  se  rendre  à  la  Résidence,  ce  qu'ils  firent.  Ils  lirenl  acte 
de  soumission  envers  Abarwîz,  qui  leur  témoigna  de  la  bienveillance 
et  leur  accorda  des  robes  d'honneur.  Il  épousa  Kourdiya  et  la  traita 
avor  hfmneur;  il  estimait  qu'elle  avait  droit  à  sa  reconnaisance  parce 


HISTOIRE  DKS  KOlS  DES  PERSES.  687 

.1    -.'  ~^\f  .XjLIL    f*j-*-W   r^=^l;    <£UaJl    <Jt^L*   ^    1    <.î^    «OL^S'va-C   ^ 

^: — >\  «^ >l5  jL-v^  ^^v— A-jj_4i  f«jv-g-se  «.^'■-LâJI  JoL^  v>jn_jI  ^^  Jt^  Ld, 

^^  "^'l  rJ^'i]  J^oo  ^  ^L  j-s^  j.^  JWI;  <^-^\^\  ^^yj  u\jU\ 
LojJl  <>J|  c^l;  Lg^ilcl  ^j"^l  «o-SO^  cLLc-u-I  U  ^-oj^^  pLL|^  4l 

^J-o ^Li-Sv^^i — ^\j  J\j-Ji\yJ^  J  ^^1^  ^^^1  *^j  <-jL^  ^ï^  '-g^jt 


qu'elle  s'était  toujours  opposée  à  Bahràm  lors  de  sa  révolte  et  qu'elle 
l'avait  poussé  à  rentrer  dans  l'obéissance  et  à  avoir  souci,  par  la 
lldèle  soumission  et  le  respect,  du  jirésenl  et  de  l'avenir. 

QIF.LQLES  FAIT.S   SAILLANTS  DE  LA  VIK   D' VBAl'.W  ÎZ. 

Lorsque  Abarwiz  iul  délivré  de  sa  préoccupation  au  sujet  de  Bahràm 
Schoûbîn,  il  devint  comme  un  nouvel  homme  et  inaugura  une  vie 
pleine  de  joie  et  de  bonheur.  H  s'occupa  alors  à  envoyer  des  troupes 
dans  les  différentes  contrées  et  à  nommer  des  niarzebàn  et  des  gou- 
verneurs. Tous  les  rois  de  l'univers,  sans  exception,  recevaient  ses 
ordres  et  lui  étaient  soumis;  ils  lui  témoignaient  leur  dévouement 
par  tout  ce  qui  était  en  leur  pouvoir;  la  terre  remit  entre  ses  mains 
la  conduite  de  ses  alïiiires  et  le  monde  lui  confia  la  direction  de  ses 
destinées;  il  brillait  d'un  éminent  prestige  et  sa  puissance  était  im- 
mense. Il  amassait  plus  de  richesses  et  accumulait  plus  de  trésors, 
d'objets  précieux,  d'attributs  rovaux  et  d'emblèmes  de  la  souveraineté 


688  IIISTOIRK   DKS   IIOIS   DKS   PEKSES. 

.-       ^  (^    .\l b,  ■:?^  ,»,  <..-^'  Jwv^aJv^  lN-tf):>     v»_>!H_j»  .il*-»-)!  -|  "^  -^  I  l^^i*-i>c 

L_hJv.,i^    J«    J^_A_i|    <_>    (_>j_^,àj)   ;.i/_A^    iiJiJI     iikX_«i»    4-^Luoil    (Jl^    i^«.-^^| 

.JJJ.I  ^^-Lii  «Xï^l^ufi.  s-'yj^t  3j-^  Cj\j^\  ^  ^^  ii\ yjj-^c^j  t_5js_«J,l 

-J  ^y^  ^-^1  ^U!  L^t  <'  JLlj  c^>LSJJ!  ^^^U  J-^^ls  <jU^ 

^ 

''   Mss.jjjy^  (M  x^jiL  >j^».^o).  —  '-'  Manque  dans  C. 


que  tous  ses  prédécesseurs.  Mais,  malgré  toute  cette  grandeur,  il  se 
donnait  libre  carrière  dans  les  divertissements  d'amour,  se  livrait  aux 
rt-jouissances,  menait  une  vie  agréable  et  jouissait  d'une  fortune  con- 
stamment heureuse.  Il  était  beau  de  ligure,  d'une  haute  stature  et 
doué  d'une  grande  force,  de  sorte  qu'on  le  citait  proverbialement 
comme  exemple  et  que,  de  toutes  ses  montures,  au  nombre  de  plus  de 
douze  mille,  une  seule  était  capable  de  le  porter,  le  cheval  connu  sous  le 
nom  de  Schabdîz,  qni  était  parmi  les  chevaux  ce  que  Abarwîz  était  parmi 
les  monarques.  C'était  un  de  ces  coursiers  célèbres  dénommés  d'après 
les  princes  qui  les  possédaient,  tels  que  le  Rakhsch  de  Pioustem,  le 
Adham  de  Kaïkhosra,  le  Yahmoûm  de  No'màn,  le  Aschcfcir  de  Marwàn. 
Un  jour,  Schabdîz,  pendant  que  Abarwîz  le  montait,  était  un  peu 
fougueux,  de  sorte  que  la  bride  se  rompit.  Abarwîz  donna  l'ordre  de 
mettre  à  mort  l'écuver.  Celui-ci  lui  dit  :  «  Ecoute-moi,  ô  roi,  tu  feras 
ensuite  comme  tu  voudras.  —  Parle»,  dit  le  roi.  L'écuyer  dit  : 
"Quand  le  roi  des  hommes  et  le  roi  des  chevaux  entrent  en  lutte, 


HISTOIRK   DES   ROIS   DES   PERSES.  089 

Je  ^^s^._*J!^^L^  ^Ll.'  ^jL3\  jLii  L3L  :>L^  li>546Li  jj!  4'  Joo 
it  ^^J-^l  JbJl  ^_^^  •■-.)^j  <j|  ^j^  .^L5U|  jc^LuJi^  ^L^\'| 

'     M  ^v=-lj.  --    -     Manque  clans  M.  —  i^    M  J^UiJ.  _    »     M  ^-^-^i 


cominr'iil  la  l)ri(lc  (jiii  Ifs  alkulic  l'un  a  l'auln'  [hmiI-oIIc  résister?» 
Xbarwiz  pardonna  à  l'écuyor,  disant  :  «Son  terinn  n'est  pas  encore 
venu;  voilà  ce  cpji  lui  a  inspire  uiie  telle  parole.  » 

QIEI.QLES  TnviTS    D'F.SPniT    D'AIÎ  MUVÎZ. 

On  apprit  à  Abarwiz  qu'un  gerfaut  avait  relancé  un  faucon.  Il  dit  : 
«  Tuez-le,  pour  qu'il  n'arrive  pas  que  les  esclaves  osent  s'attaquer  auv 
niaitres  et  les  prolétaires  aux  grands.  »  —  On  lui  lit  un  rapport  con- 
cernant un  gouverneur  qui,  appelé  à  la  cour,  montrait  peu  d'em- 
pressement de  venir.  Abarwîz  écrivit  cette  décision  :  «  S'il  lui  est 
difficile  de  venir  auprès  de  nous  en  son  entier,  nous  nous  conten- 
terons d'une  partie  de  lui  et  nous  lui  rendrons  la  tâche  plus  facile. 
Qu'on  apporte  sa  tèle  à  la  cour  en  laissant  le  corps! ..  C'est  dans  le  même 
sens  et  s'inspirant  de  cette  décision  que  Mansoûr,  s'adressant  à  l'un 
de  ses  chefs  d'armée  qui  commettait  des  actes  coupables,  écrivit  : 
«  Drôle,  si  ta  tête  le  pèse,  nous  t'en  soulagerons!  »  —  Il  avait  coutume 


690  HISTOIRE   DES   ROIS   DES  PERSES. 

^    f^Aj>— C  :55— ^«  A   "^^^-^S-?"  Ljl^^'i   Aa^aîL   ljv.,vaj>    ^lUc    AJail  oLOj   Lîiiil_0 
'    Manque  dans  M. 


(le  dire  :  "  Qui  n'obéit  pas  à  son  supérieur  n'est  pas  obéi  ])ar  son  sub- 
ordonné. »  —  Dans  ses  dernières  instructions  données  à  son  lils 
Schîroûya,  il  dit  :  «  Garde-toi  de  faire  à  tes  troupes  une  situation  trop 
aisée;  car  alors  elles  n'auraient  plus  besoin  de  toi.  Ne  les  laisse  pas 
non  plus  dans  le  dénûment;  car  elles  crieraient  leur  détresse  et  se 
plaindraient  de  toi.  Donne-leur  une  solde  convenable  et  refuse  en 
douceur  leurs  demandes;  fais-leur  espérer  beaucoup,  mais  ne  leur 
prodigue  pas  les  subsides.  »  —  Lorsque  Hàdjib  ibn  Zoràra  lui  pré- 
senta comme  gage  pour  les  Arabes  son  arc,  il  dit  :  «  Je  ne  l'aurais  pas 
accepté,  si,  à  mes  veux,  ils  ne  valaient  moins  qu'un  arc.  »  —  11  dit  à 
quelques-uns  de  ses  marzebàn  :  «Craignez  les  rois;  car  ils  sont 
féroces  comme  des  lions  et  s'irritent  comme  des  enfants.  » 


HISTOIRE   DKS   ROIS   DES   PERSES.  691 

-ilL_*  Ll^^ — ?  'uî>N_ji  ^Osjj  (^^1  (JL^.j1|  sjLu,*   >>oi-»*  (*'-4r'  ^-^-^^^  ^^'^ 

<Jt^    ^^J'-=^  ^::^iji.    u6yo'  4)Liil   ^j-e    jJv-i-*i  c;^'^>SJ«    >.gJijJv.iw     .v-C    _jâ>-Cl 
IIISTOIIU.     I)K     SCHÎHÎN. 

Scllinii  clail  iiiic  IcinuK'  cxtiùineiiieiil  belle,  douée  de  tous  les 
cliannes,  et  aujourd'hui  encore  elle  est  citée  comme  exemple  de  la 
heiuilé  et  de  la  perfection.  Abarwiz  l'aimait  quand  il  était  un  jeune 
adolescent  et  obtenait  ses  fa\eurs,  en  secret,  jusqu'au  moment  où, 
occupé  par  la  révolte  de  Bahràm  Schoûbin  et  les  autres  événements 
l'apportés  ci-dessus,  il  dut  la  négliger;  et  quand  il  fut  roi,  il  nes'occu- 
pait  plus  d'elle.  Schirin  lut  très  étonnée  d'être  ainsi  délaissée  par  lui. 
Elle  se  trouvait  à  son  égard  dans  la  situation  de  celui  qui  disait  à 
un  roi  : 

Ton  serviteur  a  un  droit  .'>acré  à  ta  bienveillance.  Il  ne  serait  pas  décent  d'en  dire 
la  cause.  Ne  le  force  donc  pas  à  parler  des  titres  qu'il  a  à  ta  faveur. 

Alors  elle  attexîdait  le  jour  qu  il  se  rendait  à  la  chasse  et  elle  se 
plaça  sur  le  passage  de  son  cortège,  avant  rehaussé  ses  charmes  par 


€92  IIISTOIUK   DKS   ROIS   DKS   PKUSKS. 

j^ — >  .>^ — jj- — .'1    M — Se — .;,   kX-A.,N<a.^   «OJlJ»»   (-0  ^X^>.-^ia-U  jSjJaJU   "OLâJ?      -.^  »_■  ^1 
,^.,_<6,>sJl    yaJ  L^J   i5)\^|,    ^^v^.AJJ    Joi^    «OU.    ^.^^  '~T^i^   ^U»  (1)<0>L^ 

<.>>l3j  "Cvsc  ^  j^ij^.^1  J^  Lg.IjhU  *0-isûj  L^<J^  uH^l?  à^y'^  {j* 
Joi-J!   <il  ii.ij-;i->«  J.-âjL.l|  4)woL3  i^^j..^  -W^  LgJl^OUv!  Ws^  ^::^LS  il 

w^  •Hr>'>^*  "^  LJ^«_^iw>  i.  "O^i  Ay^h<  :■  "ij^j-yj  Jo''Uj]»  ^LaxjI!  nSois 

'!   C  ^L*aJI.  —  '■'^'   M  AjiàJ.  —    '    C   Js**a3l.   —  i''   Manque  clans  M.   —    ■'"   M  ^yl^: 
(".  :>,i\j.  —  '*'   Manque  dans  M.  —  '•■''!  Mss.  Ij-^jj'' 


des  bijoux  et  de  niaj;iii(iqucs  atours,  de  sorte  qu'elle  apparut  comme 
l'image  de  la  hoautt'  et  de  la  grâce.  Lorsque  Abarwîz  l'aperçut,  son 
amour  dormant  se  réveilla  et  la  passion  latente  qu'il  éprouvait  pour 
elle  éclata  soudain.  Il  donna  l'ordre  de  la  remettre  entre  les  mains  de 
l'un  de  ses  olTiciers  de  confiance  et  s'en  alla  pourchasser,  alors  que  son 
propre  cœur  était  pris  et  qu'il  était  terrassé  lui-même  par  son  violent 
désir.  Il  ne  tarda  pas  à  hâter  son  retour  et,  aussitôt  arrivé,  il  épousa 
.Schirîn.  Il  lui  donna  cent  bourses  d'argent,  cent  esclaves,  cent  robes 
de  brocart  et  cent  colliers  de  grand  prix  et  lui  attribua  du  nombre 
de  ses  appartements  comme  demeure  l'appartement  doré.  Il  lui  pro- 
digua toutes  les  marques  de  faveur  et  la  tenait  comme  le  noir  de 
son  œil  et  le  novau  de  son  cunir;  car,  non  seulement  elle  possédait 
tous  les  avantages  qui  constituent  la  beauté,  mais  elle  était  aussi  émi- 
nemment intelligente  et  pleine  d  alleçtion  pour  son  époux. 

Les  grands  et  les  hauts  dignitaires  désapprouvèrent  Abarvviz  d'avoir 
épousé  une  belle  femme  de  basse  origine;  ils  ne  la  jugèrent  pas  digne 
de  lui  et  dénoncèrent  son  mariage  avec  elle  comme  une  laute  grave. 


IIISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  C93 

4__i_L_,  IjX—Ï  LêjJj  <-^->  ^  vJfilU!  <^s^a-Oo  J  >.>Jj-V?  ^■^^-^^  h^^j 

JlÂ.  |s.V. .a   J^J^  c^-àJiJj  i_J>-g-o  >X-âJ  .•■'uLlksw  ^j-«  <^\L^j  U-aJ|  ci-JjH^ 

^_^  ^j^  4)1  jl^  ^1  j3^  y'^  ^^j  ..^l^LkJI  ^yfiLkJ! 


Ils  pensaieiil  (juo  la  |)uieté  de  sa  race  serait  enlacliée  dans  les  fds  qui 
lui  naîtraient  d'elle.  Lorsque  Abarwîz  fut  informé  de  leurs  propos,  il 
les  fit  venir,  fit  remplir  une  coupe  d'or  de  sang  puant  et  d'horribles 
immondices  et  leur  demanda  comment  ils  la  trouvaient.  Ils  répon- 
dirent qu'elle  était  extrêmement  impure.  H  ordonna  alors  de  laver  la 
coupe  avec  de  l'argile  et  de  la  soude,  de  la  soumettre  à  des  fumiga- 
tions avec  le  triple  parfum  et  la  fit  remplir  de  vin,  (fun  vin  plus 
limpide  que  les  yeux  du  coq  et  plus  agréable  que  la  ])aix  avec  la 
santé.  Il  leur  demanda  :  «  Gomment  la  trouvez-vous  maintenant?  »  Ils 
répondirent  :  «Extrêmement  agréable  et  pure.»  Le  roi  dit  :  «C'est 
l'image  de  Schîrin  qui,  alors  qu'elle  n'était  pas  avec  nous  et  qu'elle 
passait  de  l'un  à  l'autre,  ressemblait  à  la  coupe  d'or  renfermant  les 
immondices;  à  présent  qu'elle  est  venue  demeurer  chez  nous  et 
qu'elle  est  devenue  fune  de  nos  favorites,  elle  est  pure  et  immaculée 
comme  cette  coupe,  dont  la  substance  est  pure  et  dans  laquelle  on 
voit  ce  qui  est  bon  et  agréable.  »  Ils  dirent  :  «  Le  roi  a  raison  ;  puissent 
ses   paroles   être   confirmées  par  Dieu!    Puissions-nous  n'être   pas 


(iU'j  HISTOIRE    DES   UOIS    DKS    l'ERSES. 

-  >.  g  '>Ijs>o     .>fcKAJ    i-g-A^    O^^   «^   ^^'   ^^■''r??   ^-^■^-^  i.::-'-<o   ^.w*  i-iJ»^  Jotj 

i 

li^_dls  -^ILl'  ^_^J^  J,!  Jw^i^i  Jlc  ^JjJ^  <_)  f;-^|«  <<sL£    ^L^  /ï^'Si-io]^ 

■'>  Mss.    ^jU--    itijj.    —    '-'   M  AilJlo  y^jJ  L^ .    —    <■*'   M    Js^J^ll,    l't    iiinsi    dans 
tout  le  chapitre.  —  '^'  C  Onjj. 


privés  de  son  éminente  supériorité!  )>  Ils  s'en  allèrent  satisfaits  de  lui 
et  en  faisant  son  éloge. 

Schîrin,  ensuite,  ne  cessa  d'avancer  dans  la  faveur  d'Abarwiz  et  de 
s  emparer  de  tout  son  cœur,  de  telle  sorte  qu'il  en  fit  sa  femme  prin- 
cipale après  la  mort  de  Marie,  la  fdle  de  l'empereur.  Ce  fut,  dit-on, 
Schîrîn  elle-même  qui  avait  em]X)isonné  cette  princesse,  afin  de 
j)r('ndre  sa  place,  et  elle  obtint  ainsi  l'objet  de  son  désir. 

niSTdlIiK.  1)1-:   KAHI.AUKDII,   l.K   MUSICIEN. 

Sardjis  était,  dans  les  réunions  intimes  d'Abarwiz,  le  premier  et 
le  chef  des  musiciens.  Ayant  a])pris  qu'un  jeune  homme  de  Marw,  qui 
était  le  plus  habile  joueur  de  luth  et  qui,  en  s'accompagnant  de  cet 
instrument,  chantait  d'une  façon  tout  à  fait  délicieuse  et  ravissait  les 
gens  par  son  jeu,  était  venu  à  la  cour  et  cherchait  à  trouver  accès 
dans  les  réunions  familières  du  roi,  il  fut  ému  et  lort  inquiet,  tour- 


HISTOIRE  DES   llOIS  DES   PERSES.  695 

"A—JUjO   <Jij—>^   iL_*«_5    (j-e   l9»_à>j   4)   |>X.4>..?^    'i)L>sje_LL|    r^-iU.1    .iJ^^U    ^M>s   ».. 
'\\    'Ji    i^X_w    <./S.A^»    <a^jU|    ^J-«    ,_4^>    ÏJ^^    >>s^.L^.ftJl    s.>«|    rsJSJI    (^^^    jLvb\ 

i_>L_^J'  i:')^.;:,^_«-i   J.!    Js^g.â.J|   ;■■;  Js^  »w.>Jl   i>^  ^.^  (_>>_^'   Oij-Jti  ^-Jft 
^^   i> ^      i   -^v_»— V3H   ^.-^ài^I  j3-)W  Je   J^.{L*iU   <_**<aJ-5  >_viiÀ.jl!    vJ  >-^   ;J^ 


inciitc  laiil  [)ar  la  jalousie  que  ])ar  la  crainte  (le  se  trouver  amoindri 
par  ce  rival.  Il  employa  donc  tous  les  niovens  pour  le  tenir  éloigne 
fie  ces  réunions,  f^ai^^na  par  des  dons  les  cliainhellans  et  les  jiortiers 
(pii  devaient  l  éconduire  et  pria  les  amis  et  les  convives  du  roi  de  ne 
point  lui  faire  connaître  le  jeune  clianteur  et  de  ne  pas  lui  en  parler. 
Ces  personnalises  ne  demandaient  qu'à  laire  ce  qui  lui  était  agréable, 
de  sorte  que,  pendant  f[uelque  tiMups,  Falilabedh  demeura  ignoré  et 
éprouva  une  grande  mortilicalion  pour  être  tenu  dans  l'ombre  et 
déçu  dans  ses  espérances. 

La  nécessité  amena  alors  Fahlabedb  à  avoir  recours  a  un  ingé- 
nieux stratagème.  Il  s'adressa  au  gardien  fin  jardin  dans  lequel  Abarvviz 
allait  quelquefois  se  divertir  et  boire,  lui  donna  quantité  de  cadeaux 
et  lui  demanda  de  lui  permettre,  quand  le  roi  s'y  livrerait  au  plaisir 
de  boire,  de  monter  sur  un  arbre  dominant  la  place  du  banquet.  Le 
gardien  consentit.  Au  moment  où  le  roi  devait  venir  s'asseoir  sous  un 
cyprès,  Falilabedh  prit  un  costume  de  soie  verte  et  s'en  revêtit,  se 
munit  d'un  luth  de  couleur  verte  et,  étant  monté  sur  un  des  cyprès 


f)96  HISTOIRK   DKS  ROIS   DFS   PKRSES. 

jw^L*-)  ^j  Lg-j'c-^^i-c'  ^  jfS^  yjjj^\  ^jJ^  Je  <i^il__j^^l  jl^'t 

j  'n  .L-.^^!  «(-^^v-^:^  ^Lil  jilUt  jsj^l  Lij  <jysÀ^  |?U:^=UI  !^ j^l^ 

.^v *_*vJO|   *_j6.  e^)._i_>o  ;5t_£\-^  i  yy^a-^  '»^>Uo   *Li»c  v5^  .ij-»J|  >3^  1  g.àJi 

ij   ^-^   i    W   ^  <L-s-^^^   j}-^   -JL-*^  Vjwl  <'  «-r'ria-'  '^v'I  ç^\^yi>->  cJjr**' 


«lu  liant  desquels  on  pouvait  voir  la  compagnie  d'Abarwiz,  il  s'in- 
stalla solidement  dans  les  branches;  et,  à  cause  de  la  couleur  verte  de 
son  costume  et  de  son  luth,  il  ne  pouvait  être  distingué  des  feuillesde 
1  arbre.  Le  roi  arriva  et  s'assit  ;  les  amis  qui  1  accompagnaient  occupèrent 
leurs  places  près  de  lui.  Lorsqu'il  prit  la  coupe  pour  la  vider,  Fahlabedh 
fit  résouner  le  luth  et  chanta  une  délicieuse  chanson  qui  produisit 
une  vive  impression;  jamaison  u'en  avait  entendu  une  pareille.  C'était 
l'air  de  Ya:dàn  âfarîdh.  Abarwiz  en  était  ravi  et  demanda  qui  l'avait 
chanté.  On  chercha  le  chanteur,  mais  on  ne  découvrit  pas  l'endroit 
où  il  se  tenait.  Quand,  ensuite,  Abarwîz  prit  la  seconde  coupe, 
Fahlabedh  recommença  à  jouer  du  luth  et  à  réciter  avec  une  suave 
mélodie  une  chanson  ,  qui  produisit  une  jouissance  comme  celle  que 
produit  la  richesse  après  la  pauvreté.  C'était  l'air  de  Partaw-i-JarhJiàr. 
Abarwiz  fut  émerveillé  et  s'écria:  «Oh  l'admirable  chant!  Tous  les 
membres  du  corps  voudraient  être  oreilles!  »  Il  donna  l'ordre  de  faire 
des  recherches  pour  découvrir  l'artiste  en  dirigeant  les  regards  vers 
l'endroit  d'où   venait   la   voix;   mais  on   n'aperçut   pas  le  chanteur. 


IlISTOlKl':    DLS   KOI  S   DKS   PKRSES.  097 

c.Lfw^!  ;t-^  cs^'  pUwJj  ^'i  J,|  ji_i  .>.w^'  <_>.  >^uJî 

'^i — »i^-5  4''^:^    ijj—^iJ    jw<J^ls    <>0>â_5     .v^   4lL*v.   ;>)L>kX^.j_>»    LajjJLj    4_«_4«/.l9 
'    ( i  Avfjj  BjUjI :  M  .îù^u  xfjj  SiUjI .  -    MaM<|iir  (l.iiis  M.  —    ■'    M  AjL>i_«J.  — 


Al);ii\vi/.  pril  lii  Iroisicmi'  coupe,  (Icsinml  ardcinmrut  cnleiidn'  ce 
(11. ml  (jiii  ('tait  iiiitMolupIc  jxxir  les  oreilles.  Falilahedli  joua  ctrlianta 
et  lascina  les  audilcuis  pai-  les  sons  plaiiilils  des  cordes  de  son  iMslrii- 
nient  et  parla  tendre  modulation  de  sa  voix;  il  chanta  sur  l'air  de  Sab^ 
(iiitlar  sahz ,  cest-à-dire  nie  \ert  dans  le  vert».  Le  roi  ne  put  s'enipf*- 
cliei-  de  se  lever  et  de  dire  :  «C'est  assun^nent  un  an<i;e  que  Dieu  a 
en\(»\('' pour  m Cniouvoir  et  nie  donner  une  ji^rande  jouissance!  »  Et  il 
(lia  :  "  G(^n(''reux  bienlaiteur,  lu  viens  de  charmer  mes  oreilles  par 
Ion  cliant,  cliarme  aussi  mes  yeux  par  l'aspect  de  ta  personne;  mets 
le  sceau  à  ta  boRtf"  en  le  montrant  pour  (ju'il  ne  niancpie  rien  à  la 
joie  que  j'éprouve  par  toi!  "  Fahlahedh  descendit  et  se  prosterna  à  terre 
de\ant  le  roi,  ([ui  lui  fit  un  accueil  des  plus  honorables,  lui  prodigua 
les  compliments  de  bienvenue  et  lui  demanda  les  circonstances  de 
son  aventure.  Fahlahedh  lui  avant  lait  son  récit,  il  fut  heureux  de 
lavoir  près  de  lui  et  passa  le  reste  de  la  journée  à  écouter  son  chant. 
H  donna  l'ordre  de  pourvoir  largement  à  son  entretien  et  de  le 
mettre  dans  une  situation  telle  cpi'il  n'eût  plus  rien  à  désirer;  il  l'at- 
tacha à  sa  personne  et  le  plaça  à  la  tète  des  musiciens  de  sa  cour. 


098  111ST0II\K   DES   ROIS   DES   PERSES. 

^■^j  JjM\  ^U  j  pjl  J^l  ^j->j^À\  l^jl^y^. 


I'  *i^Mid. 


Fahiabcdh  lui  chaulait  alors,  en  tout  temps,  les  airs  qui  convenaient 
et  lui  faisait  entendre  dans  ses  cliansons  ce  qui  lui  plaisait  et  Tini- 
pressionnait.  11  est  l'auteur  des  Chants  royaux  que  les  chanteurs 
récitent  souvent  encore  aujourd'hui  dans  les  banquets  soit  des  princes, 
soit  d'autres  personnages. 

MERVF.II.I.KS  ET  OBJETS  RARES  ET  PRECIEIX  POSSÈDES   PAR  ARARWÎZ. 

L'une  de  ces  merveilles  uniques  était  le  palais  de  Madaïn,  connu 
sous  le  nom  de  Ivdnnu  Kisrn,  qui  n'a  pas  son  pareil  dans  le  inonde. 
Il  existe  encore  aujomd  hui,  et  c'est  lu!  que  l'on  cite  proverbialement 
lorsqu'on  paile  de  superbes  édifices.  Il  en  a  déjà  été  fait  mention  ci- 
dessus,  dans  Ihistoire  d  Anoùscharwàn;  car  certains  en  attribueni 
la  construction  a  ce  roi;  mais  la  plupart  des  auteurs  rapportent  qu  il 
a  été  construit  par  Abarwîz.  —  Lue  autre  merveille  était  le  Takht-i- 
Tdqdis.  C'était  un  trône  fait  d'ivoire  et  de  bois  de  teck,  dont   les 


HISTOIRE    DKS   ROIS    DES    PERSES.  009 

<_<S-5L^    l^lj     ^[;-^    ùy-^:^    U*^    ^-c'cA-mL    'siUi    ^jjdoj     <_5U    «Cviv-Cj 

^,/ — (63sJ|   (^j-«  |SL_U   "^ — ^  1,  C  «   ,^-~j6w>01»    4_<>A^,i.^    ^>,«-OjIU    V<S^iJ|   wj«    />_iv 

/_^__j->-^-«*  '^— i-j  ^^1  >-*-sSJI  ^1^1  '-g^>-^  <  <Ow*^^l   "  Jj-^  ^  <JLjLjj 

X^ — i — ^1   3    '— g-T*   ^^^'^-^•-^.^    jM_iàj!   ^.^X^  ts^.   (.5V|    ^-ÂjUJI  ^oxS'U-i-'U 

''  M  *jLjyIji;  (i  AiUj^Ub.  —    -    M  i\yo-  —  ■*    <•  (^L=^ .  —    '    M^s.  Jjo'.  — 
(*•'  Manque  clans  C.  —  ''  M  r;vf ')U     —  '''  (\  J.y^j 


|)la(jues  et  les  baluslrades  élaienl  (rar<,nMil  el  d'or.  Sa  loiif^iu'ur  étail 
fie  cent  qualre-vinf^ls  coudées,  sa  largeur  de  ceiil  liciitc  coudées  el  sa 
hauteur  de  (juiuze  coiidces.  Sur-  les  «gradins  se  Irouvaieul  des  siè<i;-es 
de  Jjois  noir  el  d  eheue  doul  les  cadres  étaient  d  <ii-.  (]e  Irone  était 
surmonté  d  un  baldacjuin  fait  d'or  el  de  la])is-lazuli,  où  étaieul  repré- 
sentés le  ciel  e[  les  étoiles,  les  signes  du  zodia([ue  et  les  sept  cliiuats, 
ainsi  que  les  rois  en  leurs  diflérentes  altitudes,  soit  dans  le  hancjuel, 
soit  dans  la  bataille  ou  à  la  chasse.  H  y  avait  aussi  un  mécanisme  qui 
indiquait  les  heures  du  jour.  I^e  trône  lui-même  était  entièrement 
recouvert  de  quatre  tapis  de  brocart  broché  d'or  et  orné  de  j)erles 
et  de  rubis,  et  chacun  de  ces  tapis  se  rapportait  sj)écialemenl  à  l'une 
des  saisons  de  l'année.  —  De  ce  nombre  était  aussi  la  grande  cou- 
ronne,  renfermant  soixante  manu  d'or  pur,  incrustée  de  perles  qui 
ressemblaient  a  des  œuls  de  moineaux,  de  rubis  grenadins  |)ar  les- 
quels s'illuminent  les  ténèbres  et  dont  on  se  sert  pour  s'éclairer  dans 

.S8. 


700  MISTOIUF,   DKS   ROIS   DKS    l'KKSKS. 

..>l b.      ^Isil        ,>«_>S^     l     g     J     J^.A.-»*»J     ^jjJl     J>'L/«Ol     ._'wvi2jj.     L^»lX_4V     <>OkwLI 


^i   (3"*^'   -^^-^^    LjsL/9    A^-^^ij.    ^ô|    |?UJO>»    ''i\âj  >  1^    i^^^va»    L^>si_f    r»;v-'' 

'  Mss.  li  j^bJI  l^x«.  —  -i  Manque  dans  C  —  'j  yi  j,^| .  —  (0  Mss.  JwJl.  — 
t^'  Manque  dans  M.  —  «>  M  j.  —  O  C  J«sw>,.  —  '»'  Mss.  ^IST  —  <")  M  ^j^y^- 
et  ainsi  plus  lias. 


les  nuits  obscures,  et  d'émeraudes  à  l'aspect  desquelles  se  fondent  les 
veux  des  vipères.  Une  chaîne  d'or,  longue  de  soixante-dix  coudées, 
('lait  suspendue  au  plafond  du  palais,  et  la  ronronne  était  attachée  à 
cette  chaîne,  alin  qu'elle  touchât  la  tète  du  roi  sans  le  gêner  et  sans 
peser  sur  lui.  —  Il  v  avait  aussi  le  jeu  d'échecs,  dont  les  pièces  étaient 
lormées  de  rubis  rouges  et  d'émeraudes,  et  le  jeu  de  ««refait  de  corail 
et  de  turquoises.  —  Parmi  ces  merveilles  figurait  aussi  l'or  mallvahlc 
(jui  avait  été  extrait  ])our  Abarwiz  d'une  mine  du  Tliibet.  détail  un 
bloc  d'or  du  poids  de  deux  cents  nikli(idl,  souj)le  comme  la  cire  molle; 
lorsqu'on  serrait  cet  or  dans  la  main,  il  |)assail  entre  les  doigts  et  se 
laissait  modeler;  on  en  façonnait  des  ligures,  on  lui  faisait  reprendre 
ensuite  sa  ])remière  forme  et  d  devenait  comme  il  était  auparavant.  — 
Il  V  avait  aussi  le  Trésor  du  vent ,  dont  voici  lliistoire  :  Lorsque  Abarwiz 
ap])rit  que  les  Grecs  avaient  assailli  et  tué  leur  roi  Maurice,  son  beau- 
père,  et  qii  ils  avaient  proclamé  un  autre  roi,  il  éprouva  un  grand  rha- 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  701 

ooJsJ  .ilUL  ^tU'ïl^  ^jj^^Uj  ^dkl'  .jjJ\  j^t 

.»,-jLi.ij   «O^Là.  ;t_?>  ^;r^'  Jot-X.^!»    a:  ^LX-àJ  ^1  ^U!  i_JjL  jÂI\  j\:ij 

^r — ;   <_j'-v-=».  .^U-JIj  y—*\}  i^-~^^J<^  l  ^^-i:^  {j^  LfiVj^Ji  J^jLicj  L^>^'',j». 
'     NIss.  ;!»jLj.:<j,  t-l  ainsi  plus  bas. -■   (]  sy».  —   ■''   Mss.  ^UÀ>.  —  •''  C  o>âB-  . 


j^i'iiif'l  lui  Ires  courrouce.  Hcuvovalc  marzcl)àn  connu  sous  le  nom  de 
Schahrbaraz  avec  une  forte  armée  (lan.s  le  pavs  de  lloùm  pour  venger 
la  mort  (le  Maurice  et  pour  châtier  le  nouveau  roi.  Schahrbaraz  ])artit 
(ît  assiégea  Alexandrie,  dirigeant  un  corps  de  troupes  vers  (ionsfanti- 
nopie,  qui  était  le  centre  de  l'empire  et  la  résidence  rovale,  pour  \ 
mettre  le  siège.  Le  roi,  dans  la  crainte  que  la  ville  ne  lut  prise,  se 
prépara  à  la  luite  et  embarqua,  sur  plusieurs  de  ses  vaisseaux,  ses 
trésors  et  ses  objets  très  précieux,  entre  autres  la  croix  qui,  au  dire 
des  chrétiens,  était  celle  sur  lacjuelle  Jésus  a  été  crucifié.  Quand  ces 
vaisseaux  furent  parvenus  dans  la  haute  mer,  les  tempêtes  les  poussèren  t 
vers  Alexandrie,  de  sorte  qu'ils  tombèrent  tous  au  pouvoir  de  Schahr- 
baraz, qui  s'en  empara  et  les  envoya  à  Abarwîz.  Celui-ci  en  fut  émer- 
\eillé  et  heureux,  et  dit  :  «Loué  soit  Dieu  qui  nous  a  secouru  par  ses 
anges,  qui  a  fait  des  vents  nos  auxiliaires  contre  nos  ennemis,  et  nous 
a  envoyé,  d'où  nous  ne  les  attendions  pas,  les  richesses  des  rois  de 
Roûm,  les  bonnes  choses  de  leurs  trésors  et  ce  qu  il  v  avait  de  ])lus 
exquis  dans  leurs  collres  enfouis!  "  H  donna  l'ordre  dalTecter  à  toutes 


IIISrOIUK    DKS    UOIS    DKS    PKKSKS. 

iww|j  ^"li'  J^lb  s-Ls;  ^ilUl  s^ls  'CajJ!  e?>.j|^ 

<_jvà».   w^-;s*-c«   >  J^-i^_K_*vj'  S*-*>-^  i_^  5~*'>^J  L^ij   «O-ii.?  iJlL;"  ■♦  g  »J  ^-jU 

^^S^j^\  Jl5  fer  .^L^;  JU5J!^  JU  3  U^^  J4  f  ^'ij^l 

"    M  ^L^! .  —  •-'■  .M  KiSSll;  (:_v^-~J  «viSSlI .  —  '^    M-^s.  »Lx..     -    '    M  M  a^;  o.'J);1>^- 
— '^'  C  Lislv 


ces  richesses  un  trésor  particulier,  nouinié  le  Trésur  du  vent,  en 
langue  persane  Kandj-i-Bàdlidward.  —  Il  v  avait  également  le  Trésor 
du  hœiif.  Un  cultivateur  labourait  son  champ  avec  ses  deux  bœufs, 
lorsque  le  soc  de  la  charrue,  qui,  en  langue  persane,  s'appelle  (jltotihdz, 
entra  dans  l'anse  d  un  vase  rempli  d  or.  Le  cultivateur  se  rendil  à  la 
cdur  du  roi  et  lit  connaître  le  fait.  Le  roi  donna  l'ordre  de  fouiller 
et'  champ  et  d'en  extraire  les  richesses  qui  y  étaient  déposées,  ce 
qui  lut  fait;  on  en  retira  cent  vases  remplis  d'argent,  d'or  el  fie 
jovaux  ayant  fait  partie  des  trésors  enfouis  par  Alexandre  et  portant 
l'empreinte  de  son  sceau.  On  les  porta  à  la  cour  du  roi,  qui  en  loua 
Dieu.  Il  donna  l'un  de  ces  vases  au  laboureur  et  lit  déposer  les  auties 
dans  un  trésor  nommé  le  Trésor  du  bœuf.  —  Parmi  ces  merveilles 
était  aussi  Schirin,  le  jardin  de  la  beauté,  la  rivale  de  la  ])leine  lune. 
Jamais  on  n'avait  vu  une  lemme  aussi  charmante  et  aussi  ])ar- 
laite.  On  ])ouvait  lui  appliquer  les  vers  d'Aboû-Bekr  al-Khwàrazmî  : 

Mainte  beauté,  toulcs  les  fois  ([u'clle  parait,  nous  (ail  j)criscr  qu'il  est  inutile  (jur 
h^  soleil  se  lève. 


Js-ftJ  .xJj. 


HISTOIRE  DES  KOIS  DES   PERSES.  703 

j^s^j  J^l  ^j^  <^'^t  ^j  j^L^  'Ll!  ^^^^.  l:x.o'^_;  ^^^  s^Jl 


Elle  augmente,  malgré  les  années,  en  jeunesse  et  en  beauté,  de  même  (jue  le  vin 
est  délicat,  bien  qu'il  soit  vieux. 

Son  histoire  a  élc  (h'\h  rapportée  ci-dessus;  il  est  inutile  de  la 
réptHer.  Al)où'l-Fath  al-Bostî  dit  : 

Quand,  en  causant  dans  un  cercle  d'amis,  lu  parles,  pour  les  amuser,  des  événe- 
ments du  passé  et  des  clioses  à  venir, 

Garde-toi  de  répéter  vm  récit;  car  leur  nature  est  plutôt  ennemie  des  répétitions. 

Lue  autre  merveille  en  la  possession  dWbarwîz  était  .son  cheval 
Schabdiz,  dont  nous  avons  également  parlé  plus  haut.  C'était  le  cheval 
unique,  le  t\"pe  de  l'excellence  et  de  la  beauté,  réunissant  en  lui  les 
(jualités  de  l'eau  et  du  feu.  Lorsqu'il  fut  frappé  par  le  mauvais  œil, 
qu  il  fut  atteint  par  le  destin  et  qu'il  mourut,  personne  n'osa  en 
inlormer  le  roi.  Le  grand  écuyer  avant  su  gagner  Fahlabedh  pour 
qu'il  lui  apprît  le  fait  avec  ménagement,  le  musicien,  lorsqu'il  joua 
et  chanta  devant  Abarwiz,  introduisit  au  milieu  du  chant  un  vers 
improvisé,  dans  lequel  il  disait  que  jamais  plus  Schabdiz  ne  courra. 


70^1  IliSTOIUK    Oi:S    ROIS   DKS    PERSES. 

j^lLL'  ^  jls  ji'  (^xU  >>^_B_9  vjvj!  jL-»-'  f*'^  o'*-^j  i^y^-  o'^j  ^J'-**^. 

■<Ja__>lw«    Je    ^_j.j-J    ^_jJI^^_^Xc    ^1   4)^^   J   O^    ij    J-Ls^    J£yjl9    JL--*^ 
J»    "^^—Jw^io    '_•  '^^"-'h  11    (J^    "OljnIj    .ikXjU       lJk_«JO   .iL)s_*4^Xi    J^»»<J    "O^E    l1v^«-E 

-V- — s»      .\L)>.     h Li    >X-«J-  g  B  ■'l«       v»^w4v  L^g^Oo.    <  "I-jLOo   (__>»>vj'   J»    ^\L^    i^"**^ 

^ ^ -«_■'>    1  ^.>oL/o.   4_*_{\*  ^^xSbj   •^->><SC   ij-i  LilL,»-*  JS"  ^L^   w'*v-^'i  i3"'^-*^ 

"OLcIw  Je   Jv.^O_gJ_i'       >w^N-.w  ^X.«.«-^    k>JC_»il9    «OU\    ^  C:,Jb''    Li'U    ^-Jv>  i  . 
IJo».  JM.m   -♦-vcis  ^w*^   cSvàJJ    *^^^   ""  *^--Ô*   <J^   r*^-6-'ll   ^^   'LXJ'yXj^   ^^jJaJ» 

«<l.J^  ii..i  s-^ols  oLjI  ^_^>-,  «y  ilv  (^  ^jr^  ^  ■rs=»''9  *Lij_«  ^-^_w  ^^^^j_c  Jl-**^ 


110  broiilcra,  ne  dormira.  Abarwiz  dit  :  «Alors  il  est  mort!»  Fahla- 
Ix'dli  répliqua  :  «  C'est  du  roi  qu'on  rap])rend.  »  Abarwîz  lut  boule- 
versé et  en  proie  à  une  vive  émotion.  Il  ne  trouva  parmi  les  douze 
mille  chevaux  qui  étaient  dans  ses  écuries  aucun  qui  piit  remplacer 
Scliabdîz.  Il  se  plaisait,  après  l'avoir  p(^rdu,  à  se  servir  de  quatre 
montures  qui  ressemblaient  à  ce  coursier,  mais  qui  étaient  loin  d'at- 
teindre à  ses  perfections  et  n'en  tenaient  pas  lieu.  —  Abarwîz  avait 
au.ssi  les  deux  musiciens  Sardjis  et  Fahlabedli,  dont  nous  avons  déjà 
parlé.  Ils  faisaient  sa  joie,  l'un  aussi  bien  que  l'autre;  il  était  ravi  de 
les  entendre  et  ils  étaient  le  reconfort  de  sonàme.  Il  n'v avait  pas,  de 
son  temps,  un  troisième  qui  fût  leur  égal.  Mais  Sardjis,  extrêmement 
jaloux  de  Fahlabedli  à  cause  de  la  supériorité  de  celui-ci  et  de  la  faveur 
dont  il  jouissait,  envoya  secrètement  quelqu'un  qui  l'empoisonna,  et 
l'ahlabedh  mourut.  Le  roi  en  éprouva  un  grand  chagrin.  Il  s'informa 
de  la  cause  de  sa  mort  et,  apprenant  que  Sardjis  l'avait  empoisonné, 
il  donna  l'ordre  de  le  tuer  et  lui  adressa  ces  paroles:  "Je  prenais 
plaisir,  après  avoir  entendu  ton  chant,  à  écouter  Fahlabedh  et  à  t'en- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  705 

^_ja^il|    JwSàJI    l.p>-«^    <  "^-^^    ^iij  vi-i*-!^  4)«-^'   Jl   eT°    1*-^  '^]i   ^■^   iJLi-J 

ii^iOo  ^LS^  ^^^_A_cK3s_>  L^^i^  J>^1;  ^-*-U^  p'-i!-?^  (^  jft-^'  ^1-^  (^^f 

LjX/e«  <<J-Nij.  ^J.A_»...  <JC„nÎiJ  v:>-w«.X_ftJ  >XJj  i^ïî*^  ^J*^)"^  ^■^■'^'^  /  .1^/-.  .N| 
''   Manque  dans  M.  —  "-    Maii(|iii-  dans  C.  —  '''   Mss.  ^^'^o^  .  .      --x-j-  I  jl^j.  —  '^'   M 


tendre  après  lui;  lu  \ifu.s  de  détruire  hi  moitié  de  mon  plaisir  en 
faisant  mourir  Fahlahedli;  lu  mérites  la  mort!  »  Sarrljis  répliqua  :  «  Si 
j'ai  détruit,  6  roi,  la  moitié  de  ton  plaisir  et  que  tu  en  détruises  l'autre 
moitié,  c'est  toi  (jui  l'auras  détruit  tout  entier.»  Le  roi  dit  :  «Cette 
parole,  par  Dieu,  est  celle  d'un  homme  dont  l'heure  n'est  pas  encore 
venue!  »  Et  il  lui  pardonna.  —  H  avait  l'éléphant  hlanc,  qui  était  le 
plus  colossal  de  s<'s  éléphants,  dépassant  en  hauteur  tous  les  autres 
de  deux  coudées,  et  dont  hi  peau  était  d  une  éclatante  hlancheur. 
Aucun  autre  élé])h;int  ordinaire,  ni  aucun  élé])hant  maie  ne  lui  résis- 
tait. Quand  sa  télé  portait  les  ornements  et  que  son  C()r])s  était  couvert 
de  l'armure,  des  miroirs  d'argent  et  des  sangles  d'or,  son  aspect  était 
imposant  et  excitait  l'admiration  et  il  fixait  tous  les  regards.  —  Il  avait 
au.ssi  le  drapeau  des  Kaïanides,  dont  nous  avons  déjà  rapporté  l'his- 
toire et  donné  la  description.  —  Il  avait  enfin  le  par/e  Khosch-Arzoù, 
qui  était  un  jeune  homme  appartenant  à  une  famille  d'illustres  dihqan 
et  qui  était  attaché  à  son  service.  Personne  ne  connaissait  comme  ce 
jeune  page  la  manière  de  préparer  des  mets  d'une  saveur  délicieuse  et 


706  IIISTOIUK    l)i:S    UOIS   DKS   1>KKSKS. 

i^Ml    iLJt-^j\j    J^^-^^Â    c^-X-X-Jj    J>j  tViJl  '1  i_,,.<s.<siaA_)    ^j-LJ|    ,^_5^U   V|^| 

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^>— C    ^^-i^ls    Jls   i.::^JjJ|  ^^J   ^t^X-g^|j  J-Jl   ^^t   ,3^'   r^U^'^]} 
'     Mss.  wv*L^-  —  '■'  Maiiquo  dans  M.  —   ■*'   Mss.  ^\j-^. 


de  procurpp  (1rs  jouissances  nialérielles  aux  hommes;  et  personne 
mieux  (pie  lui  ne  savait  décrire  les  agréments  et  les  plaisirs.  Abarwîz,  un 
jour,  lui  demanda  (piel  était  l'aliment  le  meilleur,  le  plus  sain  et  le 
plus  agréable.  Le  page  répondit  :  «C'est  celnl  (pie  tu  manges  (piand 
tu  es  bien  ])()rtanl,  liljrc  d'esjiiii  <•!  de  belle  Imnunir,  et  (juand  tii  as 
bien  faim,  étant  en  compagnie  de  tes  favoris  et  de  tes  amis.  —  Très 
bien!  dit  le  roi;  dis-moi  (juelles  sont  les  meilleures  viandes  des  qua- 
drupèdes. —  C'est  la  chair  d'un  agneau  qui  a  tête  deux  brebis  et 
brouté  l'herbe  pendant  deux  mois,  et  qu'après  l'avoir  échaudéou  lôtil 
dans  le  four;  ou  bien  la  chair  d'un  jeune  chevreau  gras  que  l'on  cuil 
dans  son  jus;  ou  encore  la  poitrine  d'une  génisse  grasse  cuite  axec  du 
A'inaigre. — C'est  parlait.  Dis-moi  niamten.int  ([iiel  est  l'ahmeiil  le  pins 
exquis  d'entre  les  meilleurs?  —  (^est  la  moelle  et  le  jaune  d  (ml.  — 
Et  quelle  est  la  meilleure  chair  de  volaille?  —  C'est  celle  du  faisan 
gras,  celle  de  la  perdrix  dlii\er,  celle  des  jeuiu's  pigeons  engraissés 
et  celle  du  jeune  poulet  nourri  avec  des  grains  de  Iroment,  du  chè- 
nevi'i  f-\  (]<'  riniile  d'olive.  —  Et  (juels  sont  les  meilleurs  hors-d'amvre 


IILSTOIUE   DKS   HOIS   DKS   I>KUSKS.  707 

3^^|  j-si^  '  <-^^Jdl  Jl5  ^_^:ia  .^\  ^  ^y^\  Jli  ^^!^ 

jjjjUJI.    -  '«'  M^:ijJI^^J,.  —  '')  Manqu.' dans  C. 


froids?  —  (.0  sont  des  viandes  de  veau,  tendres  et  succulentes,  pré- 
parées avec  du  vinaif^re  très  fort  et  de  la  moutarde  très  piquante.  — 
El  fpu'lle  est  la  meilleure  }j;elée?  —  Des  viandes  de  jeune  gazelle, 
tendres,  coupées  en  tranches  longues  et  minces,  raarinées  avec  du 
vinaigre,  de  la  moutarde,  de  la  saumure,  fie  Taneth,  de  l'ail,  du  carvi 
el  du  cumin.  —  Dis-moi  (pielles  sont  les  meilleures  ]>àtisseries?  — 
La  pâte  faite  avec  de  la  farine  de  riz,  avec  du  lait  bien  frais,  de 
la  graisse  de  gazelle  et  du  sucre  candi;  et  aussi  le  gàleau  de  pâte 
de  noix,  préparé  avec  de  l'huile  d'amandes  et  du  sirop;  le  gâteau  de 
])àte  d'amandes  préparé  avec  du  sucre  cristallisé  et  de  l'eau  de  rose; 
le  fdhnulhadj  préparé  avec  du  sucre  et  du  miel.  —  Et  quel  est  le  meil- 
leur \in  et  le  plus  délectable .^^  —  C'est  le  vin  de  raisin  qui  est  tout 
à  la  fois  d'une  belle  couleur  et  absolument  limpide,  peu  épais, 
d'un  agréable  bouquet,  d'un  excellent  goût  et  qui  enivre  prompte- 
ment.  Les  meilleurs  vins  sont  ceux  de  Balkh,  de  Marwarroiidh,  de 
Boûschandj,  de  Bost,  de  Djoùr,  de  Qanàraz  et  de  Dargham.  Mais  je 

89. 


708  HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES. 

>_>._/OiJL  >H_tt_^oJ|  Jls  li  U  ^  Jls  .ij  Jl  *U  *<-<s^  ^jiw  ^^^l"  v^^l 


C  Manque  clans  C.  —  C^'  Mss.  ^^jos^l.  —  ^'  M  ^^w»x^l.  —  ''    M  ^y^;  C  ^y^. 
w  M  pji^UI.  —  W  C^jyjd!. 


préfère  à  tout  autre  \in  le  vin  de  Soûr  et  celui  de  Qotrabolki.  — 
Et  quels  sont  les  meilleurs  Iruits  pour  le  dessert?  —  Des  cœurs 
d'amandes  dépouillées  de  leurs  écorces,  écrasés  et  mélangés  avec  du 
sucre;  la  chair  de  noix  de  coco  Iraiche  avec  du  sucre  cristallisé;  des 
grains  de  la  grenade  douce  et  de  la  grenade  acide  avec  de  Teau  de 
rose;  du  djolUib  sec;  des  pommes  de  Syrie  ou  de  Qoûmis;  des  dattes 
dzâdh  fraîches  avec  des  amandes;  la  pêche  d'Arménie  dont  la  chair  se 
détache  du  noyau,  et  le  cœur  du  cédrat  du  Tabaristan.  —  Et  quelles 
sont  les  fleurs  odorantes  les  plus  agréables? —  C'est  le  basilic  parfumé 
avec  du  nadd  que  l'on  asperge  avec  de  l'eau  de  rose.  —  Et  ensuite? 
—  La  violette  aromatisée  avec  la  fumée  de  l'ambre  gris,  le  nénufar 
aromatisé  avec  la  fumée  du  musc,  et  la  fève  odorante  aromatisée  avec 
la  fumée  du  camphre.  —  El  quelles  sont  les  odeurs  des  plantes  aro- 
matiques? —  L'odeur  du  narcisse  est  comme  l'odeur  des  adolescents; 
l'odeur  de  la  rose  comme  celle  des  bien-aimés;  l'odeur  du  basilic 
comme  celle  des  fils;  l'odeur  de  la  giroUée  comme  celle  des  amis.  — 


CT 


HISTOIRE  DES  ROIS  DES  PERSES.  709 

JiL^Ù^\j  3uji     à     H  :5;jJ|^  C^'wiJl  ^Lî^lj  câ'jjJr**^  ^l^-i^' 


.X^J   ^t  «U4  <:^[j  (syjoiJ  I   J^^^I^^-voJjj  iS^^  U^tuJ.]^  c^J^^I 

'U^jlJI  i^jj  ^3ia->  <-s-^I  U  Jlj  cLfuJl  «_^-<sLI  ^^  oV'^^*  *-^''  sj2?"*^' 

"     M  ouu^l.  -       -    Man(|m-  dans  C.  —  •>'   M  pjsjti  ^  ^^aï^Jl .  —  ^*'  M  tjUÛI  v_Ài> 

Va  ([ucIIc  est  lOdcur  (lu  P;iradis?  —  Si  lu  combines  les  arômes  du 
vin  roval,  de  la  rose  du  Fars,  du  basilic  de  Samarcande,  du  cédrat 
du  Tabaristan,  du  narcisse  de  Maski,  de  la  violette  d'isfahàn,  du 
salran  de  Qoumui  el  de  Bawan,  du  nénular  de  Sirawàn  et  du  triple 
|)iiiriim  (•()in])os('  de  bois  d'aloès  indien,  de  musc  du  Tbibet  et 
d'ambre  de  Scbilir,  alors  tu  connaîtras  l'odeur  du  Paradis  qui  est 
promis  à  ceux  qui  craif^nent  Dieu.  —  Et  quelle  est  la  musicjue  la 
plus  ai^réabb»?  —  (i'est  celle  que  produit  un  instrument  à  cordes 
flont  le  son  ressemble  au  chant  et  celle  d'un  chant  dont  la  modu- 
lation ressemble  au  son  de  l'instrument.  »  L'auteur  dit  :  «  C'est  de 
cette  pensée  que  s'est  inspiré  'Obaïdallah  ibn  'Abdallah  ibn  Tàhir, 
dans  ces  vers  : 

Pourquoi,  ô  mon  ami,  n'cs-tu  pas  venu  à  notre  réunion?  I.a  joie  n'y  manquait 
pas  el  les  assistants  étaient  aux  délices. 

Le  chanteur,  pendant  que  les  coupes  circulaient,  faisait  entendre,  tant  étaient 
suaves  ses  modulations,  le  son  de  la  flûte,  et  le  joueur  de  Ilùte  paraissait  chanter. 


710  lllSrolllK  DKS  110 1 S  i)i:s  pkrses. 

j  V    -^J^    g  -:    !|  *U;w_i_J]^  ^L.g_<wv^'!i|  ^vU^oJ_l;  jo^^H^Uy.]^  cs^^' 

J-.    U   .   il   J^  ^oJ[  ^yi[  J  j^i  44^  Jls  /Sj\j  Ai\  ^^\  ^ 

jL^L^Jls  ?t~^^jJ^  j  Ul  Jls  ^Uill  ^\  ^^  ^x^^  J^  j^j.^1 

yJi.    ^K-Jl  ïJ^^  jj  Jw^^|^_sl»  jp5^is  *UuJt  J  U]^  c5)j/^'  f*-^^l?  "^j]/"^' 


Aharwiz  dit  au  paj,^e  :  «  Explique  cettt'  loruuile  en  détail.  »  Le  pa<;e 
dit  :  "(7est  le  lulli  toHracorde,  la  cithare  bien  montée,  la  mandoline 
bien  accordéf  et  la  flûte  simple;  c'est  la  mélodie  (risfahàn,  le  chant 
de  Nihàwand,  le  mode  de  Naïsàboûr  et,  en  général,  le  chant  qui  ne 
sort  pas  d'une  bouche  moustachue.  —  Et  quelle  est  la  meilleure  eau 
et  la  plus  agréable?  —  C'est  l'eau  glacée  qui  résonne  dans  une  jarre 
d'argile  neuve  et  que  l'on  boit  lorsqu'on  a  grand'.soif.  —  Et  quel  est 
le  Aètement  le  plus  avantageux?  —  C'est  le  vêtement  qui,  pour  le 
printemps,  est  fait  d'étoile  de  Marw  ou  de  Dabîq;  ]M)ur  l'été,  d'étoffe 
de  Tauwaz  ou  de  Sclialà;  pour  l'automne,  d'étoile  de  Reï  à  double 
trame  ou  d'étoffe  de  Marw  mélangée;  pour  l'hiver,  le  vêlement 
d'étoffe  tissée  de  laine  et  de  soie  ou  de  fourrures  faites  de  la  peau 
du  cormoran;  pour  les  grands  froids,  le  vêtement  d'étoffe  de  soie  et 
de  laine  doublée  du  même  tissu  et  un  tissu  de  grosse  .soie  au  milieu. 
—  Et  quel  est  le  lit  le  plus  doux?  —  Des  cous.sins  de  brocart  rem- 
bourrés de  plumes  que  l'on  pose  les  uns  sur  les  autres.  —  Et  quelle  est 
la  plus  belle  femme  et  la  plus  désirable? —  C'est  celle  à  qui  le  cœur 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  711 

xJl   4-uJJLo    <.^-sil.  <jfc;L«<^  4k*-4-  i»-!:^  "^-r*^'  4^-^-5^ 

"      4 j   ^    t_A^\         _y.AjJv_iJ'      <.Â.Sfc.OJ_)     jJU»'XJ!      430^^.     ïw<i<>J'      <On_)>.=^        "        .N*-^' 

jV      b      il    ij__A^_jL,vj    i-^_vsJ'    4_^ii:'    iiC_*«J'    <Jj^jtJJa     .wa^!    «LixiaJ   N-vO-àl 

jOU!  J^^_3  -Li  ij^  ^:î^5Jt  4>sl3  e_:^^'l  <*^j  <-=^V'  "^-^ 

'    <i  '^aJ'JM-  —    "    Miiii<|ii<'  dans  (',.    -  Muii(|ui'  dans  C.  —     ''  <i   Jlj—^Jl 


s'ouvre  <'l  ([Il  il  aiim-  cl  iiiic  I  aiiif  dcsirc  La  meilleure  est  celle  qui 
n'est  ni  lro|)  aj.;;ée,  ni  trop  jeune;  ni  trop  grande,  ni  Iru])  petite;  ni 
Irop  maigre,  ni  trop  grasse;  qui  est  cl  une  taille  élégante,  belle  de 
ligure,  cliarmanle  de  toute  sa  personne;  qui  a  le  IronI  droit,  les 
sourcils  arqués,  les  yeux,  en  forme  d'amandes,  le  nez  bien  propor- 
tionné, les  lèvres  minces  et  rouges  comme  des  cornalines,  la  bouche 
étroite,  les  dents  pareilles  à  des  perles,  le  sourire  gracieux,  le  menton 
rond,  le  cou  long  et  onduleux;  dont  le  teint  a  la  couleur  de  la  pomme  de 
grenade,  la  peau  la  douceur  de  la  soie  et  dont  les  cheveux,  sont  très 
noirs;  qui  a  les  deux  seins  ronds  comme  des  pommes,  une  taille  de 
guêpe,  le  ventre  menu,  le  nombril  creux,  les  fesses  charnues,  le  pied 
petit,  l'haleine  agréable,  la  voix  douce;  qui  parle  peu  et  qui  a  beau- 
coup de  modestie.  "  Le  roi  se  mit  à  rire  et  dit:  «  Bravo!  C'est  jDarfait!  " 
Le  page,  sur  son  ordre,  reçut  douze  mille  initluidl  d'argent,  fut  traité 
avec  plus  de  distinction  qu'auparavant  et  avança  dans  la  faveur  d'Abar- 
wiz  et  dans  son  intimité. 


712  HISTOIRE   DES   ROIS   DES  PERSES. 

<C_J^v_>S-**    ^Lc.5»    iLo   ù\Z[u,    jVj  N— n<3_aJ  i^^^J^  ^.j-*  O^  Ti^T^  \^  c)^^^ 

< — A — 1 — c  J'^^  '«— f  •^r'S=*'lj  l^-Lu-ii  ^jJj^  JtJLla  Ji  -piiÀjL,  ^^j_*.^!j&^l  w^ols 

<)^ a.!    ^   «ClJLjJIjI    |*lpia->i>]^    «Ca>...^    <^^UXI  «^Ipia-i'l  eT   J-Il^l 

jj;v^_<\Ji    .J^)^-^^^»  «OJOsjo  (^  /^^^b  J^J      ^  "^J-^i  *^-<sJI  T"^  I— >.>^|  <_jLa.^= 

4,'  "p — ÈJ.  3s — ^â — L!  "Cv^o  s-ÂJa/O  «Os/oi»  4>-<yj  t_>Lx.^=>  ^^  ^t^b  ^-**'^i  '-r-'y 
'-  Maiique  dans  C.  —  <-'  C  i)L. 


HISTOinE  DE  SCHIROL'YA. 


Il  était  né  à  Abarwiz,  de  Marie,  la  fille  de  l'empereur,  un  fils  à  qui 
il  avait  donné  le  nom  de  Oohàdh,  mais  qu'il  appelait  Schîroûya.  Les 
astrologues  ayant,  sur  son  ordre,  examiné  l'horoscope  de  1  enfant, 
l'informèrent  que  cet  horoscope  annonçait  de  grands  troubles  qui 
surviendraient  par  lui  dans  l'Etat  et  une  guerre  civile  dont  il  serait 
cause.  Abarwiz  garda  le  secret  sur  cette  prédiction  et  songea  à  tuer 
Schîroûya;  puis,  songeant  surtout  au  bonheur  de  la  mère  et  du 
grand-père  de  l'enfant,  il  renonça  à  ce  projet  et  accepta  avec  rési- 
gnation ce  qui  avait  été  arrêté  et  décrété  par  Dieu.  Lorsque  Schîroûya 
eut  grandi,  qu'il  fut  devenu  un  jeune  adolescent  et  qu'il  fui  envoyé 
à  l'école,  le  mobedhle  vit,  un  jour,  revenant  de  son  école  et  tenant  dans 
la  main  droite  la  griffe  d'un  loup  et  dans  la  main  gauche  une  corne 
d'antilope;  il  frappait  ces  deux  objets  fun  contre  fautre,  tout  en  ré- 
citant le  chapitre  du  Lion  et  du  Bœuf  du  hvre  de  Kalîla  et  Dimna. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  713 

I    'Ji  "Oj  ^^^.^Sfr^i^t  Jj-^  <^   ''j—^J   "^-^   J~*-^   ibjlJ    <->  y>jjJ\  j..*J:^\j 


\ ç S    ■'  < 4 — \ — E    <_«__*vjjj'j    <<)jLi    7^'^^   <.:^i\U    <-«^Xi^    <OLA_.i;iw::i.  ,j^ 

''   -M    ?ay^-  — '"'    Maii(|m'    dans    M.  —    '     M   iuyco .  —  '''   M  Hiym.    —     '     M:iiii|ui' 
dans  C. 


Le  inobedli  tini  mauvais  au<j[ure  de  ce  fait  et  s'en  affligea.  H  en  in- 
forma Alwrwîz,  dont  les  préoccupations  et  les  apjiréhensions qu'avaient 
éveillées  en  lui  les  prédictions  des  astrologues  au  sujet  de  Schîroûya 
ne  firent  cpi'augnienter.  (lomnie,  ensuite,  il  n'avait  en  aucune  façon 
lieu  d'être  satisfait  de  sa  conduite,  et  cpie  diverses  diatribes  et  des 
j)ro])os  blessants  tenus  j)ar  Scbiroiiva  lui  avaient  été  ra])portés,  il  était 
iiiilé  coiilrc  liii,  tout  en  craiguaiil  toujours  les  nialbeurs  (pii  siu- 
\iendraient  |)ar  lui.  Kn  conséciuence,  il  donna  lOrchv  de  leidérmer 
dans  un  de  ses  plus  beaux  j)alais,  en  C()ni])agnie  de  ])1usieurs  per.sonnes 
de  son  entourage  et  de  ses  .serviteurs,  de  pourvoir  à  tous  ses  besoins 
et  de  lui  donner  amplement  tout  ce  qui  pouvait  adoucir  son  sort  et 
lui  rendre  la  vie  agréable.  Il  plaça  près  de  lui  comme  gardiens  quel- 
(pie.s-iins  de  ses  officiers  de  confiance. 

FIN   nu  HiÈ(;NE  D'AHAnWÎZ. 

Lorsque  Abarwiz  devint  vieux,  sa  passion  d'acquérir  toujours  plus 
de  richesses  de  toute  sorte  devenant  plus  forte,  il  amassa  et  mit  en 


71.'l  IIISTOIUK   DKS   ROIS   DKS   l'KUSES. 

^j-^  Ujt-;:a^l3  'L|jJt;  <^j|^t  <i'^t^  -]^l  Jikj;  ^U^t  cjJa^ 


résene  des  trésors  innombrables  et  t'ti  fit  robjetconslantde  sespensées. 
Il  lui  vint  aussi  une  nouvelle  habitude,  celle  de  verser  du  sang,  d'el- 
Iraver  les  hauts  dignitaires  et  d'inquiéter  les  marzebàn  et  les  chefs. 
Ces  personnages  étaient  dans  la  terreur,  craignant  ses  emportements 
et  sa  violence,  et,  las  de  son  gouvernement,  ils  convinrent  de  le  dé- 
|)oser  et  de  prêter  le  serment  d'hommage  à  son  his  Schîroûya.  Ils  se 
rendirent  au  palais  dans  lequel  celui-ci  était  détenu  et,  les  gardiens 
ayant  pris  la  fuite,  ils  y  pénétrèrent.  Quant  à  Schîroûya,  qui  ignorait 
les  événements,  la  peur  lui  relâcha  le  ventre  et  le  chagrin  fit  couler 
ses  larmes,  et  il  s'écria  :  «  Hélas!  que  je  suis  désolé  pour  notre  père, 
le  Roi  des  rois!  »  L'un  des  assaillants  lui  dit  :  «  Sois  content;  car  nous 
allons  te  proclamer  roi  à  la  place  de  ton  père.  Si  tu  y  consens,  tant 
mieux;  sinon,  nous  te  ferons  mourir  et  prendrons,  au  lieu  de  toi, 
l'un  de  tes  frères  parmi  lesquels  il  y  Pn  ^i  beaucoup  que  l'on  peut 
choisir.  »  Schîroûya  garda  le  silence.  On  l'emmena  et  on  le  conduisit 
avecde  grandshonneurs  à  la  maison  du  chambellan  Zadhàn  Farroukh. 
Quand  la  nuit  eut  laissé  tomber  ses  voiles,  alors  que  Abarwiz,  in- 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES  PERSES.  715 

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<_JL>s'k_^    >,l:>^Ll?      cwV^^-^Jt    <J«LkJ!   ^_C    ^J-LI   'I^X^I   _^l'i    <Jl_fw     cJJ« 

iL_A_5  o^u.^^  jsj  jjj  ^  «Oit  ^  LJj  LiL'"^_^LJ|  ^  j^j^^l  <j  -  ^ 


souciant  et  en  pleine  sécurité,  dormait  à  côté  de  Schirîn,  les  j^ardes 
(|ui,  chaque  ijuil,  criaient  :  «  Aharwîz,  liai  des  rois!  »  criaient  :  "  Oobddii , 
Hoi  (les  rois!»,  dési<(nant  par  ce  nom  Schiroûva.  Schirin,  en  enlen- 
<l;iiit  ce  cri,  eut  un  tel  saisissement,  qu'elle  fut  prise  de  vertige.  Ne 
\oulanl  pas  ré\eiller  Aharwîz,  elle  dit  à  haute  voix  :  «  Pourquoi  donc 
ces  maudits  ganh's  iont-ils  une  si  étrange  annonce?»  Aharwîz  se  ré- 
Aeilla  et  entendit  le  même  cri,  qui  fut  pour  lui  le  signal  du  Jugement 
dernier.  Il  fut  consterné  et  en  proie  à  un  profond  découragement. 
Puis,  dans  son  étonnement,  il  dit  avec  un  rire  sardonique  à  Schîrîn  : 
«Je  suis  extrêmement  surpris  d'entendre  le  nom  de  ce  maudit;  car 
il  n'avait  jamais  été  révélé  à  personne;  c'est  seulement  le  jour  de  sa 
naissance  que  nous  lui  avions  dit  à  l'oreille  :  Nous  te  nommons 
Oobàdh.  Mais  nous  fappelions  Schîroiiva.  Qui  donc  a  lait  tomber 
dans  la  bouche  des  gens  ce  nom  qui  avait  été  tenu  secret?  »  Schîrîn 
dit  :  «De  l'événement  qui  vient  de  se  produire.  Dieu  détournera 
les  mauvaises  conséquences.  Mais  cherche  à  te  sauver  avant  que  le 


TIC)  liISTOIl\l-:   DES   HOIS   DF.S   PERSES. 

v::--^ — K — Kj   ^_j~L>U|   j5».Uj    "^j^s^N^a-/'!  >^oi_ijj|    —Lv^l  15W   Lli-S  <_wU    ^jj 
'    Mss.  Jio.  —  '-'  Mss.  ^U^j-  —  '•*'   MaïKjuc  dans  (]. 


matin  ne  te  découvre.  Abarwîz,  effrayé,  sortit  pour  se  mellrc  en 
sûreté.  Il  était  accompagné  d'un  page,  qui  portait  un  bouclier  d'oi-; 
il  était  lui-même  revêtu  de  sa  cuirasse  et  armé  de  son  sabre. 
Ayant  passé  dans  le  jardin  qui  se  trouvait  derrière  le  Palais,  jardin 
d'une  vaste  étendue,  renfermant  beaucoup  d'arbres,  il  se  cacha  sous 
un  de  ses  arbres,  ôta  la  cuirasse  qu'il  étendit  sur  le  sol  pour  lui  .servir 
de  couche  et  tira  le  .sabre  du  fourreau  et  le  plaça  dans  son  giron. 
Le  page  suspendit  au-dessus  de  sa  tête  le  ])ouclier. 

Aux  premières  lueurs  du  matin,  l'air  retentit  de  grands  cris,  les 
gens  coururent  tumultueusement  et  le  .sol  trembla.  Les  lron|)('s 
entourèrent  Schîroùva,  le  firent  monter  à  cheval,  famenèreat  au 
Palais,  l'installèrent  sur  le  trône,  lui  prêtèrent  le  serment  de  fidélité 
et  lui  rendirent  hommage.  On  chercha  en  vain  Abarwiz  dans  Ions 
les  endroits  où  on  supposait  qu'il  pouvait  se  trouver. 

Au  milieu  du  jour,  Abarwiz  ayant  faim,  arracha  un  Jioul  de  sa 
ceinture  incrustée  de  joyaux  et  ordonna  au  page  de  le  remettre  à 
une  personne  qui  achèterait  des  provisions  qu'elle  lui  apporterait.  Le 
page    remit  le  fragment  de  ceinture  à  un  des  gardiens  du  jardin. 


HISTOIRE   DES  ROIS  DES   PERSES.  717 

(^    J—Jj-JC Jj    ^iiJjy    <->\   i^yJtJ    <.^>^j    ^J-^\    J,!    <->    iS-^^   ^U.'*«-J' 

■iy^ls    <.^i_âJ!   ^^   t_,-,a.Ul    ^jj  i'  ,^UÎ)   <'L*mJ  cjLJL    }~L   ^_Ji^   J-r^I 

s- 

y-^jj->\  jj-gr^l^  ^5^-=*-  '^-*^  ^^^^^2^  «^jr^k  vji  f_7^1^  ^^    c)^^  ^  '^^^ 

(Ai  aJ  J'ol?  <jvpi-*i  J,l  \ytj^jj  \j^yp^  ,j^^\>  f^j=^j  Jj^'  f  [>  ^-^ 

s. 

'''   C  ijtilj.  —  '"'   M  *J.  —    ^    Manqui-  dans  C.  —  '^'   MaiK|iu'  dans   (1;  M    JC»«  Jls^ 


Celui-ci  remporta  au  marché  et  le  présenta.  L'objet  fut  reconnu 
comme  appartenant  au  roi  et  on  arrêta  cet  homme.  Emmené  à  la 
Cour,  où  on  le  retint  prisonnier,  il  fut  interrogé  par  Zàdhàn-Farroukh 
le  chambellan,  et  il  lui  Ht  connaître  les  faits.  Zcàdhàn-Farroukh  le 
coiuluisil  au])rès  de  Scliiroùya,  à  qui  il  fit  le  même  récit.  Schîroûya 
hii  commanda  de  conduire  vers  fendroit  où  se  tenait  Abarwîz  un 
détachement  de  tioiipcs,  (jui  devaient  l'arrêter.  Les  soldats  suivirent 
cet  homme  jusqu'à  ce  qu'ils  se  trouvassent  en  présence  d'Abarwiz. 
Celui-ci,  en  les  voyant  devant  lui,  se  dressa  contre  eux  le  sabre 
à  la  main.  Ils  s'enfuirent  et  revinrent  auprès  de  Schiroùya,  qui  leur 
dit  :  «  Où  est  l'homme  }  »  Us  répondirent  :  «  Deux  circonstances  nous 
ont  empêchés  de  le  toucher  :  d'abord  la  majesté  du  roi  et  le  res- 
pect qu'il  inspire;  en  second  lieu,  un  sabre  nu,  tel  que  féclair 
fulgurant,  qu'il  tenait  dans  sa  main,  en  face  d'une  nombreuse 
troupe.»  Zadhàn-Farroukh  leur  fit  de  vifs  reproches.  Puis  il  de- 
manda à  Schiroùya  la  permission  d'arrêter  Abarwîz  et  de  le  conduire 


718  HISTOIRK   DF.S  ROIS   DKS   1>KRSES. 

— j. — w   4_jjj^p_A«ci  .>^xJi3\  Aj^ylj  ^jUsc^l  **-^  cPjJ  jr|j5/^'  (J^  (J-^J-^"'I  ^ 

dans  un  lieu  où  il  fallait  qu'il  lût  jugé  étant  présent.  Scliiroûya 
l'autorisa  à  agir  comme  il  le  croirait  convenable.  Zàdhàn-Farroukh 
partit  avec  une  troupe  de  soldats,  plaça  des  gardes  aux  quatre  côtés 
du  jardin  et  se  porta  en  avant  jusqu'à  ce  qu'il  fût  près  d'Abarvviz. 
Il  se  prosterna  devant  lui  et  lui  dit  :  «  Pourquoi  veux-tu  rester  ici,  à 
présent  que  nous  t'avons  déposé  et  que  nous  avons  proclamé  ton  fds? 
Tu  ne  pourras  pas  hiller,  toi  seul,  contre  tout  le  monde!  Allons, 
monte  sur  l'éléphant!  »  On  lui  amena  son  éléphant  blanc  et  on  l'y 
ht  monter.  Les  .soldats  l'escortèrent  alternativement,  se  succédant  les 
uns  aux.  autres,  et  le  menèrent  à  la  citadeHe  de  Madàïn.On  l'enferma 
dans  la  demejure  du  mobedh  et  on  le  lit  garder  par  des  hauts  ofli- 
ciers  de  l'armée.  Ces  événements  eurent  lieu  après  que  Abarwiz  avait 
régné  trente-huit  ans. 

RÈGNE  DE  SCHIHOÙYA,  FILS   D'AliAHWIZ. 

Lorsqu'on  se  fut  assuré  de  la  personne  d'Abarwîz  et  qu'on  eut  placé 
près  de  lui,  pour  le  garder,  des  personnnages  nobles  et  des  hauts  oiïi- 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  719 

^j-t-^j  oj_-oJ^j  «cJtjjlà.^  ^LJJ^  Q^Ul  ^^i>|^  r^^  S'->-a.^J5  -^! 
,.:^,._iL>iifc.   j3j  Lïy^.aJi.  AJ  J^^s?"  cP  Jr«^  A-^^^-t  j,_**<:i.ls  .jJilt  <4-^ 

"kjf^yj^J;,  <-JiJA  j~^y^  j~^\  '^-^^  ^■'^^^^  '^-^■^  f*SMj  ur-^|;r?  o)'  '-^ 

j.s'^I  ^_j.^_A_a..  <j..SJv  ^vU^]^  ojJ]_j  Jjij  L^.^^^  1^1  .^i^js-AxlsL  «LjosJl» 

(5     5t_?^     f-^"^!^    jftjL-J,     AjUyl    ,J-«    |?U>O0.    t_àlpL'^L    Ojp^L44vC    'S)yJt,^J 


—  '•''   Mss.  XAjy:..  —   ''     \I;m(|iio  dans  (>. 


ciers,  Schiroûya  s'assit  sur  le  trône,  ceiynil  la  couroiuic  et  doniui 
iiiidicnco  aux  f»Tan(ls  el  au  peu])l('.  Les  gens  entrèrent,  lui  rendirent 
lionmiageel  le  saluèrent  du  cri  :  "  Que  le  roi  vive  éternellement!  »  Schi- 
roûya leur  répondit  <;racieusenient  et  s'engagea  à  les  bien  tiaiter;  ])uis 
ils  s'en  allèrent.  La  ])luj)art  d'entre  eux  étaient  sufloques  par  les  larmes. 
Schiroûva  et  les  promoteurs  de  la  déchéance  d'Abarwiz  décidèrent 
(|ue  l'on  devait  faire  représenter  à  celui-ci,  dans  un  message,  ses 
crimes  et  qu'il  devait  être  condamné  à  mort.  En  conséquence,  Schi- 
roûya envoya  un  personnage  connu  sous  le  nom  de  Asfàdh-Gousch- 
nasp,  pour  lui  porter  un  message  sévère  et  sanglant,  dans  lequel 
il  lui  reprochait  ses  actes,  tels  que  le  meurtre  de  son  père  et  des  grand  s 
de  son  empire,  l'incarcération  de  ses  fils,  le  fait  d'avoir  retenu  tou- 
jours les  soldats  aux  frontières  et  les  avoir  empêchés  de  revoir  leur 
patrie,  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  enfin  le  fait  d'avoir  acquis  des 
richesses  d'une  façon  illégitime  et  de  les  avoir  dépensées  mal  à  propos. 
L'envoyé  partit.  Quand  il  arriva  dans  fappartement  d'Abarwiz,  il  le 


720  HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES. 

^>< :».•■ — =»-■> — ï*    ïiLtvjJI  ,Jc  <)■>■,  6  ...  )|   ^-^jj  l^Lsfc-  ç_çjX^\  ijj^uyj]  J,| 

(')  Mss.  ^^1:  C, manque  aJi*.  —   -    M  b^i)l.  —  ^'   C  *xC*?j  o>L*. 


trouva  assis  sur  un  tapis  de  brocart  broché  d'or,  appuyé  sur  des  cous- 
sins de  la  même  étoffe  et  tenant  dans  sa  main  un  coing  qui  était  si  lisse 
qu'il  paraissait  ciselé  en  or.  Avant  aperçu  l'envové,  Al)ar\vîz  se  souleva 
et  s'assit  droit,  et  il  posa  le  coing  sur  le  coussin.  Le  Iruit  glissa  du 
coussin  sur  le  tapis,  puis  sur  un  tapis  posé  sous  le  premier,  ensuite 
dans  la  poussière.  L'envoyé  le  prit  et  l'essuya  avec  sa  manche  j)oui- 
le  lui  rendre;  mais  Abarwîz  lui  ayant  fait  signe  avec  la  main  de  le 
laisser,  il  le  posa  sur  le  bord  du  tapis  et  se  tint  debout  devant  le  roi. 
Celui-ci  lui  commanda  de  s'asseoir  et  lui  dit  :  «  Cet  empire  nous 
a  échappé  et  échappera  avant  peu  de  temps  à  cet  écervelé  et  à 
d'autres  de  mes  descendants,  pour  échoir  à  des  gens  qui  n  y  ont 
aucun  droit.  Le  fait  qui  vient  de  se  passer,  ce  fruit,  symbole  de  ce  (pii 
est  bon,  roulant  dans  la  poussière,  est  un  présage  :  il  suffît  pour  te 
montrer  que  notre  prédiction  se  réalisera.»  Puis  il  lui  dit  :  "Parle, 
fais  la  communication  dont  tu  t'es  chargé.  »  L'envoyé  délivra  le  mes- 
sage à  la  lettre.  Abarwiz  soupira  et  dit  :  «Dis-lui  :  Seuls  les  hommes 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  .     721 

bi^  J,.jL^  b^^l^  j^lLU^  ^^  -^x.  ba^  J^ud»  Lli..^  i\  ^ 


rcprclieiisibU's  accusent  leurs  rois  et  leurs  maîtres,  et  seul  un  l)àtard 
ose  prendre  à  partie  son  père  accablé  par  le  malheur.  Quant  au  crime 
(|u<'  tu  nous  imputes,  celui  (lavoir  lue  noire  père.  Dieu  sait  que  nous 
sommes  entièrement  innocent  el  «[ue  notre  main  est  pure  de  son 
sanp^.  Il  est  constant  et  à  la  connaissance  de  tous  qu'il  a  été  lue  pai- 
nos  deux  oncles  Rindoùva  ci  Bistain,  (|ui  ont  aj^i  en  dehors  de  nos 
ordres  et  sans  avoir  été  autorisés  ])ar  nous.  Aussi,  pour  sa  mort  el 
pour  le  venger,  les  avons-nous  lait  mourir  bien  qu'ils  fussent  chers  à 
notre  cœuret  malgré  les  nond)ieux  services  qu'ils  nousavaienl  rendus. 
En  ce  qui  concerne  la  mise  à  mort  de  plusieurs  de  nos  chels  d'armée 
illustres,  nous  les  avons  fait  mourir  pour  leurs  crimes;  nous  n'avons 
tué  que  ceux  qui  mvritaient  la  mort  et  nous  l'avons  fait  dans  l'intérêt 
de  la  religion  et  de  lÉtat;  nous  nous  sommes  conformés  à  la  recom- 
mandation de  notre  ancêtre  Ardaschir,  qui  a  fondé  et  nous  a  assuré 
cet  empire  et  cpii  a  dit  :  «  L'exécution  d  un  seul  prévient  l'exécution  de 
ti  plusieurs  ».  Si  nous  ne  les  avions  pas  tués,  nous  nous  serions  trouvés 
obligés  d'en  tuer  un  bien  ])lus  grand  nombre.  Quant  à  l'incarcéra- 
lion  de  nos  fils  et  de  toi-même  avec  eux,  cette  mesure  nous  avait  paru 


-■2-2  lIISrOIHK    DKS   UOIS    DKS    PKllSKS. 

.v_A_sw'v    ïi_>oJl  ^  -^   .-i/'w-v-iJ»  .  ^iU-Lc   Lvsioî  L^JSsJ.   ;J-Lsl'  t^^  c^oLL> 

w..^-^«-X    J>«^2_5«    (?Ly   uî>v.À-4*>.^.»    utv.A^n  -^    il    •v^-vi     .^'JT?^   >-là-*>-'l   L^  *»'^l   ->J« 
,o),j;vJl  N-f-^-v  ^\tvjl  J-^i-«  J;!  ^'ij   f^J^J  3  A^=='-^*^l'  ''!->^'^'    "^'^^^l 

''  Mss.  U.  —  -    Wj^^,  <^  )**=?=■•  —  •"'    <-  i5\iiJ!^.  —  "  Mss.  o,bi)_,Jl.  —  '    Mss. 
Jis?.  —  '*)  M  it^.  —    "    M  ijùUi]  ou  »^Js*Ji.  —  '    Mj^Js?!!"- —  ''    M;"i<iui>  claii>  M. 


nécessaire.  Et  si  nous  l'avif)iis  traite  comme  tu  le  méritais  et  si  nous 
t'avions  puni  pour  les  actes  coupables  que  tu  avais  commis,  tu  n'au- 
rais pas  atteint  ce  but  suprême  auquel  tu  aspirais.  Mais  nous  t'a\oas 
lait  grâce  et  nous  avons  fait  envers  toi  tout  notre  devoir,  le  devoir 
d'un  père  envers  son  fils,  dans  l'espoir  que  toi  aussi  lu  lerais  à  notre 
égard  tout  ton  devoir,  le  devoir  d'un  fds  envers  son  père.  Quant  au 
lait  que  tu  nous  reproclies  d'avoir  retenu  les  soldats  aux  Irontiéres 
et  de  les  avoir  empêchés  de  rejoindre;  leurs  lémnies  et  leurs  entants, 
nous  n'avons  eu  en  vue,  en  agissant  ainsi,  que  leur  bien  d'abord, 
et  le  bien  de  l'Irànschahr  ensuite.  Car  nous  leur  avons  donné  des 
sommes  considérables  à  titre  de  solde  et  de  larges  gratifications,  et,  à 
la  place  de  leur  propre  pavs,  des  gouvernements  de  provinces.  Nous  ne 
les  avons  pas  empêchés  de  communiquer  avec  leurs  familles,  puisque 
nous  leur  avions  donné  la  faculté  de  les  faire  venir  auprès  d'eux. 
Nous  avons  aussi  agi  dans  le  iiicillfur  intérêt  de  l'Irànschahr,  en  laisaiit 
défendre  et  garder  par  eux  le  j)avs;  en  les  maintenant  toujours  en 
présence  des  ennenns,   nous  emj)èchions  ceux-ci  de  latlaquer.    hn 


IIISTOIHK   DKS  UOLS   DES   PEUSKS.  72;^ 

J-^^'  -g-^  ^)-<six^I  H^^N>'|  Jji.0^  ^1^  J^'  l^I^I  J  L^.ij,A^ 

Ujt>vi>jj  •'Ij^'^U    UiyL^  ^l?-*^'  Lot^'^I   ^Ji^-i^i   Li-i^js  U.^=j-L5  :0,j|j-4Jf 
^^iUl  JL^  J^  LtLot^  ^^'t;^^J|^  Jl^^'l  ut;  ;^  iS:\J.\j  <ix^| 

J   ^'  >X_iL-vcj^  <_>L».J^  ji3sju  <-Ujl»  <_j;jpA^  "^-i-vi>>   :>Lg_^jt  ^j-jX\  ^Jc 
'     M  ^:.UJI.    -     -     C.  iSJX\f.    -     '     \laii<|uc  dans  M.      -    '     CsUl.' 


elTt'l,  riransclialii'  (|iii  csl  romliilic  de  la  Icrrc,  le  jovaii  dti  collier, 
ressemble  à  un  jardin  plein  de  fruits  de  toute  sorte;  nos  troupes  à 
ses  frontières  en  sont  coninie  les  gardiens,  et  les  ennemis  ciui  l'eri- 
lourent  sont  com|)arables  au\  \oleurs.  Si  nous  avions  lait  re\enir  les 
li-oiipes,  nous  aurions  laissé  les  frontières  sans  défense,  nous  auiions 
ou\ert  la  roule  auv  ennemis  et  amené  la  ruine  de  nos  sujets  et  de 
l'Ktat.  Quant  auv  richesses  et  aux  trésors  que  nous  avons  amassés,  ces 
richesses  sont  la  parure  et  le  support  de  l'Etat;  elles  le  maintiennent; 
ce  sont  elles  qui  donnent  la  force  à  l'armée  et  au  peuple;  plus  elles 
sont  abondantes,  plus  est  grand  le  courage  des  soldats  et  des  sujets,  et 
meilleure  leur  condition,  tandis  que  leurs  ennemis  sont  d'autant  plus 
faibles  et  impuissants.  Sache  maintenant,  écervelé,  ce  que  tu  igno- 
rais et  ne  nous  charge  pas  d'accusations  que  nous  ne  méritons  pas!  » 
Lorsc[ue  l'envoyé  ra])porta  cette  réponse  et  en  donna  connaissance 
devant  les  personnes  présentes,  Scliiroûva  l'approuva  en  son  cœur, 
tout  en  la  désapprouvant  en  ])aroles,  et  il  se  proposait  de  ne  point 
attenter  à  la  personne  d'Abarwiz.  H  voulait  le  transférera  la  citadelle 


9'- 


72.'i  HISTOIRE  DKS  ROIS  HKS   PKRSES. 


d'Istakhr  cl  l'v  faire  garder,  en  le  traitant  avec  honneur  et  en  lui  fai- 
sant une  vie  large  et  agréable  jusqu'à  sa  mort.  Mais  les  chefs  darinée 
et  les  inarzebàn,  qui  avaient  été  les  promoteurs  de  sa  déchéance, 
s'agitèrent  et  s'inquiétèrent  de  ce  qui  pourrait  leur  arriver,  s'il  écha])- 
pait  à  la  mort  et  revenait  au  pouvoir.  Et  unanimement,  ils  décla- 
rèrent en  parlant  à  Schîroùva  :  «  Le  fourreau  ne  peut  contenir  deux 
épées,  ni  flrànschahr  garder  deux  rois.  Nous  ne  voulons  pas  fie  deux 
Scltdlidnschdh.  Il  faut  que  tu  donnes  l'ordre  de  tuer  Abarwîz  ou  que 
tu  te  démettes  du  pouvoir.  »  Schiroûva  répondit  :  «  Nous  y  penserons 
et  réfléchirons  et  aviserons  cette  nuit;  puis,  demain,  nous  ferons 
selon  votre  avis. 

MEURTKF.   D'ABAinvîZ. 

Le  lendemain,  les  grands  et  les  chefs  d'armée  revinrent  au|)rés  de 
Schiroùya  et  lui  parlèrent  de  nouveau  au  sujet  d'Abarwiz;  ils  relu- 


FllSTOIKK   DES  ROIS  DES   PERSES.  725 

•  •  ••  .         u        .    .        I     ..-  A  ^'-  J  < 


(  !  xi>jl 


M  J. 


seront  de  coiiseiilir  à  c(>  (ju'il  le  laissai  en  vie.  Scliîroùva  qui  les 
craignait  s'associa  donc  à  eux  pour  laccomplissement  de  l'œuvre 
qu'ils  poursuivaient  et  leur  ordonna  de  choisir  un  homme  pour 
luellre  à  mort  Aharwiz.  i^eur  choix  tomha  sur  un  soldat  des  ])lus 
déterminés  à  verser  du  sang  et  Schiroùva  Uii  commanda  daller  tuer 
Ai)ar\vîz.  Le  soldat  cacha  son  sahre  sous  son  vêtement  et  se  dirigea, 
accompagné  de  quelques  olliciers  chargés  des  informations,  auprès 
d'Aharwiz.  Celui-ci,  lorsque  cet  homme  entra,  comprit  qu'il  ne  venait 
que  pour  le  tuer.  11  lui  dit  :  «  Qu'est-ce  qui  t'amène.»* —  Ce  que  tu  vas 
voir»,  répliqua  le  soldat.  Aharwiz  dit  :  «Tu  ne  me  tueras  pas,  car  je 
n'ai  pas  tué  ton  père;  je  l'ai  toujours  traité  avec  bonté.  Celui  qui  tue 
une  personne  sans  être  sous  l'ohligation  de  tirer  vengeance  d'un 
meurtre  ou  en  dehors  de  la  guerre,  est  un  bâtard.  »  Le  soldat  se 
prosterna  devant  lui  et  se  retira  et  alla  rendre  compte  à  Schiroùva 
de  ce  qui  s'était  passé.  Schiroùva  après  l'avoir  lait  battre,  le  fit  chas- 
ser. Puis  il  dit  :  «  Amenez-en  un  autre!  » 

On  chercha  longtemps  pour  trouver  un  homme  qui  osât  perpétrer 


720  IIIS'IOÏKK    DKS    IlOIS    DKS    1>K11SI':S. 

;":■    -^  -'    i\y^\    0»_^'s^    <<>i  s     ^-O    J-r^\    v^  [iT*-^    *J^^^    «Liaiil   jXlJ   ^Jlc 

.v'   ^If^^^i   «<    g  7^  ^     .\^-i==  ^) f  Jj  !•%  '  JLjLJ  tiLsJ  ^-^^-^i  w«'  Oxs-à-»-*-'  Jls 

<i     "    t^^    "'    ^-<S-''   ^J*^->-|)    L^^J^   *UL   c:^ Vi  il   Lc^    ■l'ii^i    <4-«J  vj3>N? 

__j__^[s    ^-g  >j   ^a  Cj    ,_o.6^  O^'r*  ^    ?«-?iS.^^i>l    I.S    <<vl  c_^l^   "^J    tcJSj 

'     M  f^i'^j-    —     '     <■    »ijl»';-    —    ^     Maïuiiic    (hms    C.    —     '      M:iiii|iit>   djins    M; 


un  tel  acte.  On  finit  par  tomber  snr  un  homme  difforme  et  d'une  figure 
hideuse,  plus  affreux  que  le  dénuement  après  l'opulence.  Schiroùva 
lui  ayant  commandé  d'exécuter  ce  dont  il  s'agissait,  cet  homme  se 
rendit  auprès  d'Abarwîz  et  entra  chez  lui  brusquement.  Abarwiz, 
en  le  voyant,  trembla  de  peur  et  lui  dit  :  «Que  viens-tu  faire,  Sa- 
tan? —  Je  viens,  dit  cet  homme,  exécuter  l'ordre  donné  à  ton  sujet 
par  ton  fils.  "  Abarwîz  dit  :  «  Que  celui  qui  a  une  vilaine  figure  est 
donc  apte  à  accomphr  des  actes  odieux!  »  Puis,  ayant  lait  apporter  un 
bassin  et  de  l'eau,  il  fit  des  ablutions,  revêtit  des  vêtements  purs,  pria 
Dieu  et  fit  pénitence;  il  s'étendit  ensuite  sur  un  lit  également  pur 
et  se  couvrit  le  visage.  Le  monstre  fondit  sur  lui  avec  son  glaive  el 
se  mit  à  le  frapper;  mais  le  glaive  ne  pénétra  pas.  Abarwîz  se  ra])pela 
un  charme  qu'il  portait  à  son  bras;  c'était  l'un  des  attributs  des  rois  et 
par  l'effet  duquel  aucune  arme  ne  ])ouvalt  entamer  leurs  vêtements. 
11  le  détacha  et  le  jeta.  Le  monstre  lui  assena  un  autre  coup  qui 
l'acheva.  Abarwiz  rendit  l'àme  et  fut  comme  s'il  n'avait  jamais  existé. 


IllSTOIKK    DKS    KOIS   DES   i>KHSES.  727 

«CajI   Je  '.%  z.-y:^j  <_>  ^l^Jii}  <-^->o  jJ^ïwL.  'l'v^li  ^^^t  ^^_|4^'  ^'>|^  ^'-^l 

^LSsaJL  ii>>J-J!  v;i/-%i\|.  ^j^jUl  J.I  d^-^j  ^jj-A-^jio  s^l  ;;2  Ijvj.>w<2  li--,^ 

>-.«-LiUI    *Jy>«   tLw  IL^Jo  A^_yj>^    c:*)Ji    J^    U.^^^ 


Le  inoiislrc  son  ;ill;i  et  ;iiiiva  dans  la  salle  (le  réceplioii  de  Sclii- 
roùva  cjui  ('tait  pleine  des  liants  personnages  présents,  et  lui  mon- 
tra le  glaive  ensanglanté.  Schîroûya  donna  l'ordre  de  le  prendre 
d'enln»  ses  mains  et  de  le  tuer  avec  cette  arme.  Il  pleura  sou  père  et 
témoigna  la  |)lus  vive  douleur;  j)uis  il  fit  procéfler  à  ses  funérailles 
et  le  fit  porter  au  tombeau.  Le  pavs  fui  ehraidé  par  les  |)leurs  et  les 
gémissements.  Ou  pouvait  nji])licpier  à  ce  cas  les  paroles  de  Sokaïua, 
lille  d'Al-nosaïn,  fils  d".\li: 

(lelui  quo  leurs  sal)ies  ont  ciiniiiR'Uciiieiil  égorge,  ils  le  pleurent  amèrement, 
(domine   pleurèrent  les   frères  de   Joseph  qui,   dans  une  intention  criminelle, 
lavaient  jet(';  dans  le  puits. 

Les  mohedli  parlaient  de  la  leçon  cpie  Ton  devait  tirer  de  la  mort 
\iolente  subie  par  Abarwiz,  de  sa  déchéance,  de  sa  fin  étrange  et  du 
lait  que  le  ])lus  vil  des  hommes  avait  mis  la  main  sur  le  plus  noble, 
le  plus  infime  sur  le  ])lus  illuslre;  il  sérail  tro|)  long  de  ra|)porter 
leurs, discours  à  ce  sujet. 


7i>8  HISTOIRK   DKS  ROIS   DKS   PERSES. 


X}k-x^    -x:^  AjUL) 


<__A_L_C    -  oJoN— :^— ^iU    <_*M.40oo    J,l   <JoU>-ls    LêJs^j   UfcU^   V  g  4.>  ft  >    J,l 


FIN  DK   I.'IllSTOir.K   OF.    SCHir.OUVA. 


Schîroùva,  après  Ip  nieurlre  de  son  père,  se  comportait  conimo 
le  voleur  qui  s'est  introduit  dans  le  trésor  d'autrui.  Il  tua  tous  ses 
frères,  grands  et  petits.  Mais  son  gouvernement  ne  prenait  pas  un 
cours  régulier  et  les  rois  des  provinces  ne  tenaient  aucun  compte 
fie  lui  et  ne  lui  rendaient  pas  les  hommages  accoutumés.  Il  en  élaii  de 
lui  comme  dit  le  poêle  : 

Lorsque  irs  clioscs  iipjjroclioiil  de  Irur  fin,  les  indices  du  d('<Iiii  iippar^iisscrit. 

(>e  qui  fai.sait  l'objet  principal  des  préoccupations  de  Schiroûva, 
c'était  les  femmes;  car  il  était  absolument  esclave  de  sa  passion  pou.r 
les  femmes  et  extrêmement  porté  à  l'amour.  Aussi  désirait-il  ardem- 
ment posséder  Schîrîn,  qui  était  encore  restée  fort  belle.  Il  lui  lit 
demander  d'être  sa  femme  et  lui  lit  de  grandes  promesses.  Schirîn 
agréa  sa  demande  et  consentit,  à  condition  qu'il  voulût  lui  accorder 


HISTOIRE    DES   UOIS   DES   PERSES.  729 

Lfii'^_^l  J\j^\j  L«Jij^'  L^i_c  S^  J  i^ij^t  L^  ^>-^^l^  'L^ 

l  g   ,'  ,^5'^  ^!   J^-i-S*  S-rî'W    O*"*^     '*J-"^    '  ^  ^     •'^■^"     -^    ^r^^  • 
w.^_<S-Lc   Lg-Û    L(î»:>^l  JU-«|5  *-g-']j-^'   •^vr'  V^^  ^UXs^i_a_A>  '>^ 

^.    L^.4..  B^    (.::,Ni^^,    «COw^U   |{U^       .vX        >â_Hjl    L^Lo*L(   yj^OuLiJ^    <.g>  .-p 

■>_>»wjl    Jjl    .^^^^    J..X-LS   ^_j«««'wU'   (_>b    "'«X.*»-,   yj«vJ     "^-y^   ^X-i-X      ?>   '-  g  '^^^-^ 
'     MaiK|Uf  dans  (i.  —   -'  (,  L^.,^  ojtxcl^ .  —    '    i.  AieL..  '     M  AJULicOo .  '    M 


(|i'u\  requêtes,  à  saxoir  lui  rendre  ses  biens  et  les  biens  de  ses  en- 
l;inls,  et  en  second  Meu  bii  permettre,  avant  de  consommer  son 
in;iiiaii[e  avec  elle,  de  \isiter  le  tondjeau  d  Abarwiz.  Schîroûva  ré- 
pondit que  ses  deux  demandes  élaienl  accordées,  et  il  donna  l'ordre 
de  lui  rcMidic  la  lotalile  de  ses  biens  (^t  des  biens  de  ses  enlants.  Scln- 
riii  les  emjilova  à  laire  des  aumônes,  alîrancbit  ses  esclaves  et  leur 
donna  des  ressources  sullisantes  pour  leur  subsistance;  elle  consacra 
une  partie  de  ces  biens,  comme  elle  l'entendait,  aux  bonnes  o'uvres 
et  aux  lieux  de  dé\otion.  Elle  fit  ensuite  des  ablutions,  revêtit  les  plus 
purs  de  ses  vêtements  et  mit  à  son  doigt  un  anneau  renfermant  sous 
le  cliaton  un  poison  qui  tuait  instantanément.  Etant  entrée  dans  le 
tombeau  d'Abarwiz,  elle  a])plifpia  son  visage  sur  le  visage  du  cadavre, 
arracba  avec  ses  dents  le  cbaton  renfermant  le  j)oison  (ju  elle  avala  et 
lendit  lame  en  serrant  dans  ses  bras  le  corps  d  Abarwiz.  Lorsque 
Scbîroûya  apprit  la  mort  de  Scbirîn,  il  éprouva  le  plus  vif  chagrin. 
Il  donna  l'ordre  de  la  laisser  telle  quelle  était,  auprès  du  cadavre 
d  Abarwiz,  et  de  fermer  la  porte  du  tombeau:  ce  qui  fut  fait. 


730  lIIsrOIIlK    DES   I\()IS   DKS    PKIISKS. 

j  SjjjLflJl  «^>i;-o>  S'U-l'  (_j^  'l*^  ''>>rf>  <iais:  Lj^i-^  ^-^^  <-p^  Lg-c^ 
^Jic  Ll^os sw  L.g<o  U  lë^i^  L4,^l_i3  «CCobil  <Jljj-i.  ^  "^^vr^!-^  o>'<^~*^  ^"^ 

cL_«__>    y ?  4l!l  (^  cPt^î  ^  w^^2JO^t  J~^  •r-6-'"'-'  '*-*-^  ^1  oJ^-«.^  ^_/;»-«-rî 

'    M  Âiki.  —    -'   Manque  dans  C.  -—   ■'    M  s^^ili.  —    '    M  s^^iliJI.  —    "   (",  o;Ui. 
M  ^,U1. 


On  rapporlp  qu'Abarwiz,  avec  sa  perspicacité,  avait  observe  l'avenir 
derrière  un  mince  voile  et  qu'il  avait  cherché  par  quelque  artifice 
à  faire  mourir  son  meurti'ier.  Le  moyen  auquel  il  eut  recours  était 
un  flacon  nMir<M-mant  du  ])oison  d'un  eflet  instantané  qu'il  scella  de 
son  sceau  el  sur  lequel  il  écrivit  de  sa  propre  main  :  «  Ceci  est  un  élixir 
éprouvé  qui  excite  le  désir  amoureux.  »  Schiroûya,  an  jour,  ayant  par 
hasard  vu  ce  flacon  dans  le  Trésor  privé,  en  r()m])it  le  sceau,  l'ouvrit 
et,  avide  d'amour  charnel,  dégusta  ce  qu'il  contenait.  Il  ne  tarda  ])as 
à  s'affaisser  et  il  expira.  On  rapporte  aussi,  contrairement  à  la  relation 
qui  précède,  qu'il  est  mort  victime  de  la  terrible  peste  qui  apparut 
sous  son  règne.  Fait  remarquable  :  Schîroùya  a  tué  son  père  et  ne 
lui  a  survécu  que  six  mois;  Mountasir  a  tué  son  père  Moutawakkil 
alà  'llah  et  ne  lui  a  survécu  que  six  mois. 


HISTOIRK    DKS   ROIS   DKS   PERSES.  731 

i_^. î.       Jl il    <L£à_L_J    ^    ^iX ^     ^Jic     s— A ^i\\    ^_/0'    kjJJ--0    <J«w»_«2    ^yl)    11. 

.^j^J^j    4_*vUç*.Jî  ^■-L^^-^L    '^-'SiS^l    c>>-la-9i~*^    '-^J'^  |j-^î    «-^mi  j^l 
.vLJ>  ^a    '  j|sON-g-«i  ....<vajt/C_*vU  <-»\'J.'  i^oZ-fj  <-^>>-«Jl  ^j  v-ii-s-sifij  *i-X£Jl 

^. >■    w-^-k'    V-T^>— >'    J-^    <-«J^   -^    -iY^'    J-=S-^^-^U    ^Jl    ij^    i^^    ^ 

yi ^ la    . *._*v^v'    vjJJi_^    Lli    2xi    "O^S^U    <Cj»j-A_«i    ,_Jlc    ,JÎ^»    ^->^    >^v3vJI 

iwJiSsj  J^'*  ^->-^  ^^ojjol  ^  ^^jfc«;.';   jL.g>o  ^AJOU  ^m  j!  yyjy^S. 

Ijxsc*^   I->w£«  iL«_A.v^'j  Is"  g ^  1  l^_w    .v^^cjl.  :>U^i    -'  ^_,JlS.  o:>>.^  oi>Xc 

'    (1  jLjl  ,^.  fl  iiiiisi  plus  l);is:  M  j'_jI^^,  plus  Ikis  jl^l  ^_^.  -    ('.oaJ'5^. 

nÈ(;M".  D'\r.i)\s(;iiir, ,  rii.s  dk  schiuoùva. 

Apres  la  morl  (!<■  Scliiroiixa  rc^iia  snii  lils  Ardascliir,  l)i(Mi  (jue  Ton 
doutât  qu'il  pût  altciiKliv  l'ajife  viril.  I/Eiiipirc  ctail  dans  une  situation 
exlrèiiUMnent  fâcheuse;  le  respect  de  lautorilé  se  perdait  peu  à  peu, 
le  "•ouvernement  cessait  de  louclionuer,  les  ennemis  se  uietlaieut  eu 
mouvement,  la  fortune  des  Arabes  commençait  à  s'élever,  les  marze- 
bau  refusaient  obéissance  au  |)Ouvoir  royal  et  Schahrbaràz  était  en 
révolte  ou\erte.  Schahrbaràz  avait  conquis  quelques  provinces  de 
Roûm  et  était  devenu  très  puissant.  Lorsqu'il  apprit  le  meurtre  d'Abar- 
\viz,  il  désapprouva  ouvertement  cet  acte  et  déclara  Schiroùya  et  ses 
amis  coupables.  Ensuite,  lorsque  Ardaschir  avait  été  proclamé  roi,  il 
convoitait  le  pouvoir  et,  à  l'exemple  de  Bahràm  Schoûbin,  il  voulait  s'en 
emparer,  comptant,  pour  réussir,  sur  le  grand  nombre  de  ses  troupes 
et  sur  son  matériel  de  guerre  considérable.  Il  adressait,  soit  en 
secret,  soit  au  grand  jour,  des  lettres  aux  chefs  d'armée  et  aux  grands, 
leur  prodiguait  les  promesses  et  ne  leur  épargnait  pas  les  menaces. 


732  IIISTOIRK    DKS   1\()IS   DES   PERSES. 

"  jjj  <J   Jls^  4)^_«.L1|.  4_*jl5«ylL  ws^^ijl   5j_x>^  J^jJS}  jjj^  c,j->^Ki^  ^S^^^J 


Il  eiilrclenait  surtout  uue  correspondauce,  par  lettres  et  par  mes- 
sages, avec  Khosra  Faïroûz,  le  majordome  d'Ardaschîr.  «Tu  sais 
bien,  lui  disait-il,  quelle  est  ma  force,  tu  conuais  rellicacité  de  mes 
armes,  le  nombre  considérable  de  mes  cavaliers  et  de  mes  fantassins 
et  ma  puissance.  Si  tu  consens  à  faire  ce  que  je  désire  et  si  tu  veux 
irairner  mon  amitié  en  faisant  mourir  Ardaschir,  ie  reconnaîtrai  l'obli- 
gation  que  j'aurai  contractée  envers  toi  et  te  laisserai  libre  de  choisir 
ce  que  lu  voudras.  Mais  si  tu  ne  le  fais  pas,  mon  premier  acte,  quand 
je  serai  arrivé  à  Madàïn,  sera  de  le  mettre  à  mort.  "  Khosra  Faïroûz, 
qui  craignait  les  menaces  de  Schahrbaràz  et,  d'une  autre  part,  espé- 
rait en  .ses  promesses,  trouva  le  moyen  de  faire  périr  Ardaschir  j);ii' 
du  poison  qui  fut  mis  dans  un  de  ses  aliments.  Il  en  informa  par 
lettre  Schahrbaràz  et  fengagea  à  venir  ])rom]itement.  Schaiirl)araz, 
à  la  tête  de  vingt  mille  hommes,  hâta  sa  marche  vers  Madâïn  et  s'em- 
para du  pouvoir,  sans  le  consentement  des  grands  et  des  niarzelian. 
Le  règne  d'Ardaschir  avait  duré  un  an  et  cinf[  mois. 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES  PERSES.  733 

Jwo  '.^  ^^-^  r^'  u^J  ^:JUl  w)>_»v  j>^xjiji\j  jL^j.^  <ALç  'd. 

(■-')  Loj  '<lL-=*>>   vJ-«   J»   -^Ut  N->^v^   ^   ^--^-J   ^JJ.5sJj   >.:>JJwK->^  ^-sS=^|   <àJ\ 
3>s 5    ^>X_« !    .    k    >L    c^J^Ji.   J^   ^Lj^j   Jsà^  ^    1  >jjj   (jJjJiJ   il   ^1   iS^y^\ 

l'>    Mss.  ,»,.<o^I.      -      -•      M.UKIIIC  (I.IIIS  C.    —    -^     Mss.  Jo. 


REGNE    DE    SCHAHUIURAZ. 


I.oi-Mliu'  Schahrbaràz  ciil  |)ii.s  le  j^ouvoir,  <[u  il  lut  monté  sur  le 
Irône  et  qu'il  cul  ceint  l;i  couronne,  il  était  flans  la  situation  donl 
parle  le  poète  : 

La  f;ivciir  accordée  par  Diou  ne  doit  pas  être  critiquée.  Ce])pndaiit  .souvent  cite 
parait  mal  placée  dans  certaines  gens. 

Il  (lit,  un  jour,  aux  personnes  qui  étaient  dans  sa  société  :  «  Que  le 
pouvoir  est  excellent  et  agréable  et  que  la  sujétion  est  pénible  et 
amère!  Certes,  un  jour  passé  au  pouvoir  vaut  mieux  qu'une  vie  de 
cent  ans  dans  la  servitude!  »  Son  fils  aine  lui  dit  :  «  Tu  as  raison;  ce- 
pendant tu  n'es  pas  du  sang  royal,  ni  de  ces  hommes  qui  sont  aptes 
a  la  dignité  royale,  et  je  crains  fort  qu'on  ne  te  laisse  pas  le  pouvoir 
et  qu'on  ne  te  permette  pas  de  fexercer;  par  conséquent,  prends  tes 
précautions  et  songe  à  ton  avenir.  »  Le  frère  puiné  de  celui  qui  venait 


73i  msrOlHK    DKS    ROIS    DKS   l'KHSES. 

<jU  ^    1   i>->vOt»    «Ut^    <.jL   <->->^  J»-<V   r>->J   ^^^   v^r-*^  1^'  c)     J   ^'^ 
;ï_iL=^]^   «=Lj;_ifcLs=  Jlc  «^;U.|5  ^vUc"^!  <_jU.-^=  o-^JLfijis  ^^i  u>-,*J= 

5    ^sJS-v^il   y«v-Û    *WJ^    i_y='-'~'' 
.Maii(|uc  dans  M.         -    Mss.  ^Xil. 


de  ])arlor  ainsi  s'éleva  conlro  son  langage  et  blània  son  hère.  «  Le 
pouvoir  roval,  clil-il,  u'esl  pas  immobilisé  dans  la  famille  des  Sàsànides. 
11  V  a  d'autres  gens  cpii  sont  aptes  à  tenir  le  pouvoir  et  qui  gouver- 
neront le  peuple  mieux  que  ceux-là!»  Schahrbaraz  fut  enclianté  de 
ses  paroles. 

Scbabrbaràz  réffnait  en  souverain  absolu  et  commandait  en  maître. 
Voulant  examiner  l'état  de  l'Empire  dans  le  Fars,  il  donna  à  ses  cbels 
d'armée  l'ordre  de  se  préparer  pour  s'v  rendre.  Il  se  mit  en  route  en 
très  grande  pompe  et  avec  un  équipage  magnifique.  Quand  il  voyageait 
pendant  la  nuit,  on  ])ortait  devant  lui  cent  cierges  parfumés  d'ambre 
gris  dans  cent  flambeauv  d'or.  Cependant  les  grands  et  les  marzeban 
étaient  animés  envers  lui  d'un  même  sentiment  d'bostilité  et  les  ])arlis, 
divisés  entre  eux,  étaient  unis  dans  la  liaine  qu'ils  lui  portaient.  Ils 
dédaignaient  de  lui  rendre  leurs  hommages  et  ne  le  considéraient  pas 
comme  avant  qualité  pour  exercer  le  j)ouvoir  royal.  Ils  résolurent  donc 
de  l'assassiner.  Or,  une  nuit,  lorsqu'il  faisait  route  dans  la  région  située 
entre  Tlraq  et  le  Fàrs,  Hormoz  d'Istakhr,  à  la  tête  de  ses  troupes, 
l'attaqua  à  l'improviste  et  tira  sur  lui  une  flèche  qui  entra  dans  sa 


HISTOIRE   DES   ROIS   DES   PERSES.  735 

^0   L   g   J'jLo^  Jw^àJU    J>-â-£l  ool^  'vJ^W    ^^--^   ^^'>^  ^^^xS^'   el'  _[jvia^vi>l9 
J.JLJ_j    c-v-oi.    ^v'_..-=^\j    J.X^'    ^wi_£v3^.   c:..^O.^is    SjL^!    '|;j    (J^ 


<"    M  ,  ,t 


u';r^- 


])c)itrine  et  sortit  parle  clos.  Scliahrbaràz  tomba  morleUement  blessé, 
et  il  n'y  eut  même  pas  deux  cbèvres  qui  se  heurtassent  avec  leurs 
cornes  pour  sa  mort.  Son  armée  se  rallia  à  Hormoz  et  aux  autres  mar- 
zeban,  ses  pairs,  et  tous  sans  exception  retournèrent  à  Madàïti. 

nÈGNE   HE  nOÙn.VN,   Eir.l.E   OE   KISRÀ  ABAKWÎ/.. 

Lorsque  les  grands  et  les  dignitaires  furent  de  retour  à  Madàïn,  ils 
se  virent  forcés,  ne  trouvant  pour  élever  au  pouvoir  aucun  des- 
cendant mâle  de  la  famille  royale,  de  proclamer  Boûràn,  fdle 
d'Abarwiz,  qui  était  la  plus  intelligente  et  la  plus  éminente  d'entre 
ses  pareilles.  Elle  s'assit  sur  le  trône  et,  imitant  Kliomàï,  fille  de 
Bahman,  elle  harangua  les  gens  assise  derrière  le  rideau.  Elle  leur 
adressa  de  bonnes  paroles  et  s'engagea  à  faire  régner  la  justice  et  à  les 
traiter  avec  bonté.  Elle  donna  l'ordre  de  mettre  à  mort  Khosra  Faï- 
roùz  qui  avait  tué  Ardaschir. 


736  mSTOIRK   DKS   ROIS    DES   PKRSKS. 

<.Â_;J,|    .>o   Lg^     i),.::,/,Xv3    <^wvij>-/0   c:,>_Nijj.^   >  g  <'."'l    «LajI^   L^>J.>»   ^j-«   c:^>wviï.^ 

L^J  ci/Jils  Lg_>L 

^- =».i  ^\j'  l-g^^i^l  <-y-iJ-f  cJ^  ■'Ij^l  '^■-g-à-i>i  Lgi-A-s^  o^b-^^  >.;l.'~^-à^  Lil 

>>giSs_L  s_fOu  vift^i  ljiij^^L«- »j  L^Ows^^  Lg i><  oOi^  .l:^lS^  i^JSsi,^ 

.^>|.v    ^M|  i  g  ^l  '.|  ^  i^yS\ji  j>'^À.^\  4J.:>  jUj'i'  .ïw^>^-/«  4j.jJ|^  ^SJl^ 

.vv^^-A-^aJ'.      .>I»_**»>JI    «.uLil   c:^*l^^5    <_*vLs.»*Jl  i.::,'_vi>j.>Oj   i__5Jojl| 
'     C  Ok£y».  —    -    M  o*i».i  t^j>'-  •■'  ■li'i'^'  l'I"^  l>''^- 


Le  Prophète,  en  apprenant  ravènement  de  Boûrâii  au  Ironf,  dil  : 
"  l  ne  nation  qui  s'appuie  sur  une  lenime  et  lui  confie  l'autorité  ne 
prospérera  pas.  »  Et  il  en  lut  comme  l'avait  dit  le  Fro])hète.  Après 
avoir  régné  huit  mois,  Boûràn  tomba  malade;  dans  cette  nialadie,  la 
m.iin  fin  Trépas  frappa  à  sa  porte  et  elle  lui  permit  fl'entrer. 

HÈGNE  n'ÀZAr.MÎnOKIIÏ,   IH.I.K  1)' \B  AP.U  î/. 

Aprèsln  mort  deJ3oùraM,on  résohit  d Un  conimuii  accorrl  d  élever 
au  trône  sa  sœur  Azarmidokht,  et  celle-ci  prit  le  pouvoir.  Elle  aurait 
été  une  reine  dans  le  vrai  sens  du  mot,  si  la  fortune  et  la  vie  l'avaient 
secondée.  Mais  elle  régnait  alors  que  la  fortune  de  l'Empire  déclinait 
par  le  fait  que  celle  de  l'islamisme  s'élevait.  Il  y  eut,  sous  son  règne, 
de  nombreuses  révoltes:  on  commettait  tous  les  excès,  le  gouverne- 
ment était  affaibli,  le  pouvoir  tenu  tour  à  tour  par  des  femmes  et  des 
enfants. 


msroiHK  i)i:s  iiois  des  persks.  737 

Lit—?  <->^^j_A_^  (Je  l' ùyi.^  X-^  •i\j  ^y>  ,_5-tw_>  J_hJ=  ~.\  L^  ^>i^^ 

^^:iw_,  ^vJ^--val  jww^wo  jj-a^  3^»  <!;  '=4;;r^  <-<s^'  J-^  ^  jr^J^' 

<_A_L-£  4i'!  j-^v^  3^L  .-^wjJ'  4|.^.  4^«i^  j^^'î^L  ^ï^iijoo  ci^LcL^ 


'"  c» 


t.l»»^  I. 


Azaniiidoklil  ;i\;iil  un  Ircic,  t'iicure  eiilaiit,  iioiiiinc  l'";irit)iikliza(lli, 
(|ui,  à  cause  de  sa  jeunesse,  avait  paru  peu  clan<!^ereux  à  Schiroûva  et 
a\ail  eu  la  vie  sauve.  Quand  il  fut  |)roclanié  roi  ajirès  Azarniidoklit, 
I  un  (les  f>;rands,  mécontent  de  lui,  le  tua. 

Sclialirvàr,  fdsd'Abarwiz,  1  iiuc  des  victimes  de  son  IVèic  Scliiroùxa, 
a\ail  laissé  un  jeune  fds,  nomme  ^azdedjerd,  qui  \ivail  inconnu  cl 
dans  une  condition  misérable  à  Islaklir.  Aj)res  le  meurtre  de  Fairoukli- 
zàdli,  on  ne  (rou\a  ])as  daulre  personne  apte  an  ti-one  (rue  ^  azdedjerd. 
On  le  lit  venir  à  Madaïn  et  on  le  proclama  roi. 

RÈGNE  DE  VAZOKDJEKn,   FILS  DE  SCIl  AU  KVÀr.. 

Yazdedjerd  prit  le  pouvoir  alors  qu'il  était  un  adolescent  près  d'at- 
teindre l'àf^e  viril,  que  de  la  Ibrtune  des  Perses  il  ne  restait  qu'un  ves- 
tige, que  les  volontés  étaient  en  désaccord,  les  classes  divisées,  les 
allaires  en  mauvais  état  et  que,  d'une  autre  part,  la  fortune  des 
Arabes,  par  le  Prophète,  s'élevait,  que  la  lumière  de  l'islamisme  ravon- 

9^ 


7:<,S  HISTOIRE    DES   ROIS    DES    l'EKSES. 

4_û  ^_j.«^l  ^Jic  o>L4Jilj  J,LjtJ>  4lM  ^xxnj  ;U3L*4,  j^iL«,^[t  \yi^  4)--sJLo   A-*v, 

c_>'3s_« !!  J^_:i.  ^oJ^I  ijj  lli-s  ^|r«-"  il'  ijjj-^s-UI  ;ji4,cs^  <jLii^J' 

si C>. n    ^    SL^    s^-_5i. — v^   ^_>Lii    J-SLjb     LvJLXi    i_>N-JtJ!    J^Xi    L^'l    r^-«*\    Jls 

'     Maiiqiii'  dans  C.  —  (-'   M  o*s-sy:i.  —  ■'    C  Vr^'  ^'  V.-=*  ^^j^'- 


uti> 


liait  et  que  la  promesse  de  Dieu  de  faire  prévaloir  cette  religion  sur 
toutes  les  autres  se  réalisait.  Yazdedjerd,  continuellement,  prenait 
son  essor  et  se  laissait  tomber,  et  gouvernait  péniblement  l'Ktal  jus- 
qu'à ce  que  le  Commandeur  des  crovants,  'Omai'  ibn  al-KIiallab, 
envovat  dans  l'Iraq  SaVl  ibn  alji  \\  aqqas  avec  les  princi|)au.\  Com- 
pagnons du  Proplîèle  et  avec  des  troujies  victorieuses.  Lorsque  celui-ci 
arriva  à  'Odhaïb,  l'infortune  vint  atteindre  les  Perses,  (pii  iiircni 
violemment  secoués  et  abattus.  Yazdefljerd  mit  en  campagne,  pour 
combattre  les  Arabes,  Pioustem,  de  fAdliarbaïdjan,  le  général  en  cliei 
de  son  armée,  en  lui  adjoignant  les  principaux  marzebàn.  Dans  l'en- 
tretien qui  avait  lieu  entre  lui  et  Roustem,  celui-ci  émit  ce  propos  : 
«  Les  Arabes  procèdent  avec  nous  comme  des  loups  qui,  trouvant  les 
patres  inatientiis,  font  des  ravages  parmi  les  bn^bis.  »  Yazdedjerd 
répliqua  :  «  Mais  ils  ne  pourront  jias  procéder  comme  laisait  un  aigir 
qui  allait  cberclier  la  proie,  au  malin,  au  liant  d'une  montagne  sur 
laquelle  abondaient  les  nidsd'oiseauvet,  ([ui,  cbaque  lois  qu  un  oiseau 


HISTOIRE   DES   ROIS  DES   PERSES.  739 

JLlj  «lU^  ^iJI  <<_«LJ  ^^  i^.j  <iLv  ^,1  j^t  ^"^.CSJt  L?,^^  ^5vi2_j|. 

^^ow'wsa  '*. )    ,^»Lg-*j  Un-5   J^^^.^  ^,-L»J'  JvXj!i  c_>s_«JI  w^ixjoc  -p<ot^  ^Àjji.x> 

^  c  j:^.  —  «  M  yàii.      '  \iss.  ^ji.  -  «'  c  aui. 


|)if'iiiiil  s;i  volée,  loiulait  siii-  lui  cl  le  saisissait,  |iis(jii'à  (('(iii  il  les  pùl 
tous  liK's.  Si  ces  oiseaux  sciaient  enlevés  tous  ciiseiiihle,  la  plu])ait 
(I  cuti-c  eux  auraiiMii  été  sauves.  » 

Vazdedjerd  prit  des  précautions  en  en\o\anl  une  paiiie  de  sa 
laniillc  et  ses  trésors  au  Fa<;ldoùr,  le  roi  de  (llni)e.  Il  se  relira  à  Nilia- 
wand  avec  .sa  cour  et  ses  nieiUeures  troupes,  en  laissant  Farroukh- 
zàdli,  de  rÀdharhaïdjàn,  comme  son  lieutenant  à  Madàïn,  et  lit])artir 
lioiisleni  pour  Qadisiva.  On  raj)])orte  que  Mofçliira  ibn  Scho'ba,  qui 
était  \eiui  comnieainhassadeur  de  la  pari  de  SaVI  auprès  de  Houstem, 
lut  ref^ardé  par  celui-ci  a\ec  mé])ris.  Apres  (juils  eurent  échangé 
beaucoup  de  ])ai-()les,  Ronstem  demanda  à  Moghîra  le  nom  du  vête- 
ment (pi'il  ]X)rfait.  Mo<;liira  ré|)ondil  (piil  .s'appelait  Ihuinl.  Ronstem 
tira  mauvais  augure  de  ce  nom  et  dit:  «  Pddschdlu  buarfi ,  il  a  enlevé 
rEm])ire».  Puis  il  dit  à  Moghira  :  «La  .situation  entre  nous  et  vous 
autres  Arabes  est  comparable  à  celle  d'un  renard  cjui  était  entré  dans 
une  vigne.  Le  propriétaire  de  la  vigne,  le  considérant  comme  peu 
dangereux,  le  laissa  .=ans  s'en  occuj^er,  de  sorte  que  le  renard  man- 


T'jO  lllSrOlHK    DKS    l\(MS    DKS   PKUSES. 

'L,^i2_5  >Xjij  4)^Jci)  JnI  iv-^xil  jLJLi  4)>-^  «Jî^  cr>r^'  <~^^y9  oP""^  <..£v^-=». 
r. wv  ^^JS— x_s  ^ILife»  i>i*^  <J*^  ^  4'  iC-6=k.  ^L^=  <_xJvOjI  J^-6J^  *^y*i? 

vi:^- — â_jUl  2/}  p^-^w-'t  <aJLjL/0  ^_<ic  t_>vJtJl  A^  -  ^JU^  A-£.  *^|j-?^  ^  ^ 
v_g_<S-?  ïw'jJI  v^oL==  j>s_Ajij==  50tf«  L^t/CA.j  (.:i>v^*  4_X.^iUi.Jlj  ^UXfiJl 
^t.j  iv_«-Jt  ^j<  j?WJ^  c^'  4^^^!  >.::^L^=;  <-^>r«-^  ày~>i\j  *  |*.^^l  Jf^ 
<< — ï^-*—>  -> — «_4.J  jijj-^   LXiwo   ^rv-àJt  ^.^   ^^v>4^~»*^-<  (tv'^i    •'  i^l  ^ 

'''  M  âJLcOI-  —   "'   C  ^Mo-  —  '■'*   Ces  mois  niaïKjuent  dans  C;  M  ^^}^}  iJUll- 

"fcait  (le  ses  raisins,  dcveuail  "ras  et  pélulanl  et  coiuniellail  ries 
(lé^i^ats  dans  la  vigne.  Lorsque  le  propriétaire  voulut  le  chàtiei-  cl  lui 
donna  la  chasse,  le  renard  vint  à  la  brèche  par  laquelle  il  était  entre, 
pour  sortir  et  se  sauver;  mais  elle  se  trouva  troj)  étroite,  parce  qu'il 
était  devenu  gras  et,  à  cause  de  sa  corpulence,  il  élail  hors  d'élrit 
descalader  le  mur.  L'homme  par\int  ainsi  à  le  saisir  et  le  tua.  » 
Moghira  dit  :  «  Etre  tué  après  avoir  satisfait  son  désir  et  avoir  obtenu 
ce  qu'il  convoitait,  valait  mieux  pour  le  renard  (pie  mourir  de  Iniiii 
et  d'inanition.  »  Roustem  admirait  son  énergique  réponse  et  comprit 
(|ue  les  Arabes  étaient  fermement  résolus  à  subjuguer  les  Perses. 

Les  deux  armées  se  rencontrèrent  à  Qàdisîya  et  il  y  eut  entre  elles 
plusieurs  batailles  dans  lesquelles  la  fortune  tournait  contre  les 
Perses  et  favorisait  les  Arabes,  pour  qui  tuer  un  homme  avait  moins 
d'importance  qu'une  crotte  de  chameau.  Le  jour  de  la  grande  vic- 
toire des  musulmans  sur  les  Perses,  SaVl  était  tombé  malade  et  cette 
maladie  l'em|)écha  de  monter  à  cheval  et  d'assister  à  la  bataille.  C'est 
à  ce  propos  qu'un  poète  a  dit  : 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  741 

A-^l  ^(j;»  i|«>XJ   .Xibu»  S^oMJ;  ^-jyO  iU»j  OjoI   «Xjj  Ujli 


<Lak_4vl   >Xi».LAJ  *L.cwJl  ij^   ^■•'-S?  LSU^   ô)^^^'   "Ov./oo   ^   iS-*^   ;^[;   o)^^ 

«Usii  4!t  j^  ^I  «^-x^j  «L^voo  ^I  ^'i  J\^  [i  L^^yJl  <UU  u^:»'^ 

<^lJa_^'    (J^-"   ->--'»^-'   '^Jt^"    li   Lo.^'   J\yX,  \yJu\^   0*J^J   ^Ît*"^     ^ 
(')   Mss.  Syoj.  —  '■    ('«'S  niids  inan(|iii'i)t  dans  ('.;  M  L^xi-j,  deux  (ois. 


N'as-tu  pas  vu  ([ue  Dieu  a  fait  dcsciMuiro  son  assistanco,  tandis  que  Sa'd  ne  làrlia 
pas  la  porte  de  Qàdisiya? 

Nous  revinmi's  et  beaucoup  de  femmes  étaient  veuves.  Mais  d'entre  les  feninn'^ 
de  Sa'd,  il  n'v  en  a  ])as  (jui  soit  privée  de  son  époux. 

Roiislcm  avait  eu  un  sonj,^'.  Il  lui  avait  sonihlé  qu'iui  ange  qui  des- 
cendait du  ciel  prenait  les  armes  et  les  cuirasses  des  Perses  et  y  re- 
montait avec  elles.  Il  éprouv  a  une  grande  tristesse  de  cette  vision  et 
la  irarda  secrète.  Il  eut,  dit-on,  la  même  vision  une  seconde  fois  et  il 
vif  alors  le  même  ange  et,  avec  lui,  le  Prophète  et 'Omar  ibnal-Khat- 
lah.  Il  lui  sendilait  (|ue  l'ange  scellait  ces  armes  et  ces  cuirasses, 
qu'il  les  remettait  au  Prophète,  quiles  remettait  à T)mar.  Cette  vision 
lut  interprétée  connue  inrlicpianl  l'assistance  di\ine  donnée  aux 
Arabes. 

Ensuite  eut  lieu  la  grande  bataille  à  Djaloùlà  qui  donna  aux  Arabes 
l'Iraq  et  le  Fàrset  les  mit  en  possession  des  richesses  du  monde;  puis 
la  bataille  de  Nihàwand  qui  força  Yazdedjerd  à  s'enfuir  et  à  se  trans- 


T'ri  msTOiuK  ni:s  iiois  des  pkksks. 


porter  (rune  viHe  à  l'aiilre.  Il  v  a,  de  tous  ces  événeinenls,  des  recils 
circonstanciés  dont  les  ])lus  intéressants  trouveroni  ieiii'  place  dans 
riiisloire  d'Omar  et  dans  riiistoiie  d'Othnian. 

r.E   ou  ADMNT   ni-    YA/DEDJF.IU)  APRKS   \..\  ISATAIl.LE  DE   NIHÀWANO. 

Apres  ces  événements,  c'esl-à-dirc  les  batailles  de  Qàdisiva,  de  l)|a- 
loùla  et  de  INihàwand,  laudace  des  Arabes  étant  devenue  ])liis 
«grande,  les  amis  de  ^azdedjerd  vinrent  le  trouver  et  lui  conseillèient 
de  se  mettre  en  sûreté  cl  de  sauver  sa  vie.  il  (|iiilla  donc  sa  lésidence, 
emmenant  avec  lui  mille  cuisiniers,  mille  musiciens,  mille  gardiens 
de  guépards  et  mille  fauconniers,  sans  parler  d'autres  gens;  et  cette 
suite  lui  paraissait  encore  peu  nombreuse.  H  se  rendit  dans  le  Se- 
djestàn,  de  là  dans  le  Kermàn  et  le  Mokran;  puis  il  se  tourna  vers  le 
Tabaristàn.  Sa  situation  était  comparable  à  celle  c[ue  décrit  Abon 
Tammam  : 


HISTOIRE   DES  ROIS   DES   PERSES.  Hù^ 

AJijjûU,  I'!  ;iiiisi  pliisil'urs  lois  plus  l);is. 


A  Damas  est  ma  l'amilli',  Ma'^'lid  i<l  est  rol)jel  désirt'-,  je  suis  clans  les  il(u\  l^aqrja 
et  à  Fostàt  sont  mes  amis; 

El  je  ne  crois  pas  que  la  destinée  soit  satisfaite  des  couises  qu'elle  m'a  fait  laire 
avant  (|uelle  niait  entiaini'  jusqu'aux  limiter  du  khoràsàn. 

Y;iz(lc(lj('ivl  se  mil  donc  eu  nmU'  poiii-  j;;ii;iiri'  le  T;il)iirlslaii.  Ce 
lui  ;iii  l('iii|)s  (le  'Ollimaii  ihn  'All'aii,  et  alors  ([iic  'Ahriallali  iliii  'Ainir 
ibii  koraïz  et  Vlinal  il)ii  Qaïs  avaient  déjà  fait  (Ie§  incursions  flans 
cette  province.  Lorsqu'il  arriva  à  Na'isaboùr,  se  sentant  menacé  d'un 
côté  par  les  Arabes,  d'un  autre  côté  par  les  'l'urcs,  il  ne  trouva  pas 
la  ville  suirisammenl  ])roté}^ée  contre  une  attaque.  Comme  on  lui 
vantait  la  sûreté  des  places  fortes  sur  le  territoire  de  Poùs,  il  y  envoya 
une  personne  pour  s'en  rendre  compte.  Le  marzehan  de  la  \ille,  le 
kandranij ,  qui  ne  flésirait  pas  que  Vazdedjerd  v  vint,  ne  montra  a 
l'envoyé  qu'une  citadelle  liant  perchée  et  lui  lit  de  riches  cadeaux. 
L'envoyé  s'en  retourna  auprès  de  Yazdedjerd  et  lui  exposa  que  la  for- 
teresse n'était  pas  assez  vaste  pour  recevoir  les  i^ens  et  tout  l'équipaji^e 
qu  il  avail  a\er  lui.  Yazdedjerd,  en  conséquence,  se  dirigea,  avec  les 


7/i'l  lllS'l'OIUK    DKS    UOIS    DKS   l'KUSKS. 

i^i^t  ^^v-£  «CsLc  4)^N^Lll  Jjj-A»'^lj  iv^iv»  "oJlL  ii^^A^  uLL  <_*-ixj 

.vlsLi^    J-^yJ    «Lfi-VpgJt    ^    «CfyoUt    ^^JJaJ   vJ^l    |3^    Jjt    (Jlsj    '=<-63    4)^ii.:5 

'L.*^.^vo  <o»  ^\y-*-^\  S^lxi  is'j  ^CiJ  4_jJ^>J  4)U1  ^3.^  js^,^ :>y j  s.jtui_)  Ij 
iK  -;.j_5  jLâ_J  *L^jJ|  ^^j5vw^  ''U^t  ,j-à^  •■  U  Jic  ÂJUL?!^^  <-r>r*-^l 
ï*U>j   4}^-v3l  o^'-si^  kjJ...A_Lc  «Uj-diU  ^j^l  i^/w*^  cS'^^^  ^v^t  i')  J-^^:-^  ^1 

'    Manque  dans  M.  —  i-    C  1$.*»,,  -M  A**;?-  —  '^'  .MaiK|ue  dans  .M.  —  "»  M  Joi^^. 


troupes  cl  le  malcriel  vers  Maiw,  dont  le  inaizebàu  <'tait  Malioii\a. 
Màlioûva  vint  à  la  rencontre  cle  Yazdedjerd,  se  prosterna  et  se 
roula  dans  la  poussière  devant  lui,  et  lui  donna  extérieurement  toutes 
les  marques  de  respect,  tandis  qu'il  songeait  à  le  trahir.  Lorsque 
Yazdedjerd  lui  réclama  l'argent  dont  il  était  redevable  pour  les  villes 
de  son  gouvernement  :  Marw,  Marwarroùdh,  Tàlaqàn,  Djoûzdjàn  et 
d'autres,  il  devint  encore  plus  malintentionné  à  son  égard  et  il  dit  : 
'Ce  fu'dtir  veut  faire  du  butin  tout  en  fuyant!  "  H  adressa  des  mes- 
sages  au  Khàqàn  pour  l'engager  à  envoyer  une  armée  à  Marw,  afin  de 
bire  prisonnier  Yazdedjerd  et  de  prendre  j^ossessi on  de  la  partie  du 
royaume  gouvernée  par  lui-même.  Yazdedjerd,  qui  ignorait  cet  état 
des  choses,  invita  Farroukhzadh  à  retourner  dans  Tlràq,  à  conclure 
la  paix  avec  les  Arabes  et  à  prendre  avec  eux  des  arrangements  de 
nature  à  arrêter  l'effusion  du  sang  et  à  mettre  fin  à  la  guerre. 
FarroukJizadh  dit  :  «  Je  suis  prêt  à  faire  ce  que  tu  commandes;  mais 
je  ne  suis  pas  rassuré  pour  toi  à  l'endroit  de  Màhoûva,  à  cause  de  sa 
vile  origine,  de  son  ignoble  nature  et  de  ses  nombreuses  roueries, 
d'autant  plus  que  tu  l'as  inquiété  en  lui  demandant  l'argent  qu'il 


745 


IIISTOIKK   DES   UOIS   DES   PERSES 


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J  rH^M; 


«LswiV:.  \'  <j\    Jlc.  <Coo'  :> 


^  .:.^t  ^  , ir  L  4f  3.  io^^'L  ^UU_c  .^^_->->     ^Li  >^'.v 


doil.  "  Y;i/.(lt''l ji'i'fl  ii'|)li(|ii,i  :  l'.u--  ri  In  scims  rxcinpl  de  Maiiif.  n 
I'';iit()uUiz;hIIi  si'  mil  ni  i(tiil('  ii  rt'i^irl  ri  ;i\cc  Li  coiin  iclioii  (jiic 
M;ili()ù\;i  ;ill;iil  le  li-,iliir. 

\\iiiil  (iiii'  l'iinoiiklizadli  lui  l)irii  loin,  le  Klia(|aii  cmoNa  NaïzaL 
TaiLlian  axcc  mic  nonihiciise  année  pour  lonil)ei'  sur  ^  azdfdjfM-d. 
I.oiscjiic  .Naï/.ak  ai  ri\a  a  koiisclimaïlian,  les  inédiak-tii-s  s'eiu])loyai»'iil, 
sans  rassciiliinciil  i\v  .M.ilioùxa,  a  amener  la  paiv  entre  eux.  Naïzak 
enlia  dans  \lar\\,  mil  pied  a  Irn'edevanI  ^azdedjerd  cl  se  piosiriiia 
(levanl  lui.  Yazdedjerd  le  Iraila  avec  dislinclion ,  lui  donna  une 
larj^c  liospilalilé  et  linxila  à  ses  lianquels.  Maliouxa,  alors,  se  mit  à 
semer  la  discorde  enli-e  eux,  a  nouer  et  a  acIieNcr  des  inirii;ues 
et  à  lont  disposer  pour  allumer  la  i.;uerre.  H  conseilla  à  Xaïzak  de 
demander  a  Yazdedjei'd  de  lui  donner  en  maria<^e  sa  fille,  sachant 
rpi'il  ne  la  loi  accorderait  pas  et  qu'alors  il  naîtrait  entre  eux  une  ini- 
milie  (pii  conduiiail  à  la  lutte.  Naïzak,  un  jonr,  lil  de  vive  voix  sa 
demande  à  Yazdedjei-d,  pendant  qu'ils  élaienl  l'un  et  l'autre  à 
cheval.  Yazdedjerd  lonca  sur  lui  avec  le  louet  et  lui  dit  :  "  Chien,  c|ui 


7'l6  IIISIUIIIK    DKS    IIOIS    DKS    l'KKSKS. 

Joe_)  «OJtx  ïv_)Jv^I  c>o'^^  i>.:i.^'>j  J^^o  C     i  JL'-ii  ^'v-àj  ^,ôUw   J^l   <0»^U 

,_^0<>    J^^    .-(fi.  ^.gliw^  '^j-'ûU  <j^LL  J,!  t_v-frJ'  ^L-?^  «L-w^pi  ;îJaJiJ 

<-^j   ^-~^!>-Lj  <-iJ^~^  Jr'-^J  *^'^-HJ    '  "^'^  ^  -^'-=^^^  c)'""^^-"  ^Lj 

'     Mss.  U-  —    -    \lan(|ur  (hiiis  M.  —     '     Ici  tiiiiiniriur  (lau^  ('.  uiir  lacuiii'  dr  rcspacc 
d'un  rt'iiillot. 


es-lii  pour  oser  Jin' Iriiir  iiii  Ici  langage?  (hiaiid  iiirnielevin  osl  versé, 
son  bouquet  ne  disparaît  pas!  »  Alors  le  conllil  cache  éclata  el  on  en 
vint  à  la  guerre  déclarée  et  à  la  lulle  ou\erte. 

Le  lendemain,  \azdedjerd  sorlil  à  la  léle  de  ses  houpcs,  en  coin- 
pagnlr  de  Màhoùva  el  ses  gens.  Naïzak,  de  son  côle,  arriva  avec  son 
armée.  Lorsf|ue  les  den\  ])artis  eurent  lorme  leui's  lignes  de  bataille 
et  que  lecondiat  lut  engagé  et  dans  toule  son  ardeur,  Màhonva  |)assa 
du  côté  de  Naïzak.  Les  lorces  de  ^a/.di'djerd  se  Iroincrenl  ainsi  di- 
minuées et  la  fortune  tourna  contre  lui,  après  c|uil  eut  balancé  la 
Aictoire  et  qu  il  avait  été  sur  le]M)int  de  mettre  les  ennemis  en  déi-oute. 
Mais  lorsque  Naïzak  el  Malioiiva  se  lurrnl  r('|oiii!s,  (pi  ds  se  |irélérenl 
un  mutuel  appui  coiilre  ^azdedjcrd.  cpi  Un  r('ii\('loj)])èrenf  cl  (|ii  ils 
furent  sur  le  point  de  le  lairc  ])risoiinicr,  il  lui  forcé  de  picndi'c  la 
fuite.  Il  courut  sans  s'arrêter,  de  telle  sorte  (pic  son  clicx  al  lut  lourbii. 

Yazdedjerd,  dans  sa  Inilc,  lut  lorcc  de  clicrcliei-  nii  reinge  dans 
un  moulin  appartenant  a  Malioiiva.  Il  v  entra,  las  et  harassé.  Le 
meunier,    en  le    vovant,   lut  lra])]ié  de  sa  beauté,  de  son    élégante 


IIISroïKK    DES   liUlS   DES   l'KUSKS.  747 


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^>--a&-Jl  |j>X_Sk.'«    is.=fc.^->_>  ^  LjLj4JC_wI«   <J4.:».Li3J'  '«_*tjSo  <L>«_(î>l1     .\Lm^ 

<— is-L-c  ^UsJÏ^  <_J!  .ijjJL  fwols  ^^.AJi:  ^v-A^!  li  <->yt)i>  J,'  '  |?^-*-« 


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'       \K.   SjAjlAJ. 


Ion  iiuirc,  (le  son  niiii^iiilKnic  rosliiiiir  cl  de  I  ;ij^|-(';il)lr  odeur  (iii  il  l'c- 
|)ini(l;iil.  ^azdedjord  lui  dit:  "  rcrnic  la  porte  du  nu)uliii  ol  caclu'- 
uioi;  |e  le  récompenserai  lari;('ineiil.  n  [.p  meunier  replicpia  :  "La 
redevance  à  ])aver  ])onr  le  moulin  est  de  rpiatre  dirliems  lovaux  par 
jour;  si  lu  me  les  donnes,  je  l'anvle  et  en  lerme  la  poile  el  le  laisse 
lihre  (In  resler.  "  Yazdedjerd  dit  :  "  Des  diihems,  je  n  eu  ai  pas  sur 
moi;  mais  |)i-eiids  cette  ceinture  incrustée  de  joyau.v  qui  vaut  |)lusde 
ciiHjuaiile  mille  dinars.»  I^e  meunier  dit  :  «Cette  ceinture  n'est  pas 
laite  ])oiir  moi  el  je  ne  pourrais  pas  paraître  digne  (le  la  posséder;  il  ne 
serait  donc  pas  a\anlaneu\  ])Our  moi  de  fermer  la  porte  du  moulin.  » 
Yazdedjerd,  evtrèmemenl  fatigué,  fut  pris  de  sommeil  et  s'endormit. 
Des  cavaliers  de  Màlioiiva  arrivèrent;  ils  llrenl  irriiplion  dans  le 
moulin,  arrêtèrent  le  roi  et  emmenèrent  avec  eux  le  meunier  auprès 
de  Màhoùva;  puis  ils  informèrent  celui-ci  de  la  capture  de  Yazdedjerd. 
Màhoiiva  leur  donna  Tordre  de  retourner  auprès  de  lui  el  de  le  tuer. 
Exécutant  cet  orflre,  ils  l'étranglèrent  avec  une  corfie  et  le  jetèrent 
dans  le  lleuve  de  Maiw.  Le  corps,  entraîné  par  le  courant  jusqu'à 

9''- 


7'is  iiisroii'vi'.  i)i:s  iiois  dks  i>kiisks. 

4   o  ■"- ^  '■' .  «OJ-f  .j>''>-iJ  <.>i-c  ^>^'  (.5*^=»- r-&-^'  <jjjt)U  ,_4cj>>o  Ij  .ï^Jl 


(')  M-.  .U^. 


1  eiiiboucliiiic  (In  J*i;i/.i(|,  \  rcsla  jiccioclic  a  la  hi'aiiciic  d  un  arJjre. 
I^'évèqiie  dfs  cliiclicns,  \(i\aiil  ce  coi-ps,  le  l'ccoiiiiiil.  Il  l'eniporla 
dans  un  Uiïlvsùti  \)i\y\\\\t\c  fir  iiiiisc,  pi'occda  à  ses  ())).sèqiies  el  lui 
donna  la  sr|)ulturc. 

Yazfledjerd  lui  assassine  a|irp,s  (|u  d  cul  ic^iic  \ini;l  ans,  en  I  an  ô  i 
de  I  licj;ii-('.  Sa  mort  dc\inl  un  i^i'and  cl  nicnioi'ahlc  enseii^nemcul  el 
le  point  de  dcparl  dune  ri-c,  cl   rcnipirc  des  l'erses  cessa  d'exister. 

Quanta  Màlioù\a,  a\anl  ([uil  Jul  un  mois,  Naïzak  ne  voulant  [)as 
tolérer  cjuil  ])rit  latlilude  d'un  soinerain ,  ([iiil  l'xei'Çcàt  le  pouxoir 
en  maitre  absolu  el  (|u  il  i-ouveruàt  en  le  laissant  de  côté,  le  tua, 
s'empara  de  sesliiens,  alla  rejoindre  le  Kliàqàu,  sou  maître,  et  aban- 
donna Marw  au\  Vrahes. 


TABLi:    M.PIIABKTIOLK   DES  NOMS. 


AharvM'z,  (i  I 'i .  (i'ii  fl  Mii\..  ().")H  il  727,        'AdI  iliii  Zaïd.  '|().'4. 

7 2;)  a  7,'ii.  Àdliîii  k(Misrlias|),  (>.")((. 

'Alwlallah  ihii  'Vmii'  ll>ii  Koraiz.  7'i.l.  \JV|()urscliàli.  \(i\.  Aqfoiirscliàli. 

'Alul  al-Qaïs,  .'>  1 '1 ,  .")i  y,  .")■>;).  AlVàsiyàh,    1."),    luG   à    108,    111    il    137, 

Al)har,  ()0().  i3i)   ii    1 '1 1 .  i/i4à    i4'i,  ifio,    i63  cl 

AImu'i  '  \lf  al-l\()stamî,    'l'i")  «'1  siiix.  siiiv.,    1(17,    i8(i   ot  suiv.,    189  à  19(>, 

AI)où  'lAlàhiya,   /lô/i.  198  il  200,  :>o2;i  211,  21 /i  ii  22/1,  22() 

Al)()ù  lîokr  ai-Kliwaiizmi,  Vi'>.  7<>'.>.  ii  23."),  2((2,  338,  '|35,  liô."). 

Alxiù  Bi'kr  Mohainiiiccl  ihii  Sihà',  r)8().  Afridoùii,    lô,  3i   ii  ()(i,   89,    i3(i,    137, 

Alxu'i  Doàd  allyàdi,  /192.  i'i7.  212,  2/1."),  200,  4^7,  âgS. 

Ahoù 'l-l'"adl  al-llamadliàni.  \t.  'i'i(i.  Ai^n'ratli,   112  il  i  1 '1 ,   122  et  suiv.,   12.")  ;i 

Al)c.ù  "I  l'alh  al-Hosli.  7(,3.  l'.S. 

Alxiù  "l-llasari   Uni  Tal)àtal>a .   V'|.">  <'l  siii\.         Aimai' ihii  ()aïs,  7/(3. 

Mxiii  'l-llosaïii   11)11  I.aiikak  al  Uasrî,  'i'|().          \liriiiiaii   ou  Aliraman) ,  2()1,  .")02. 

Ahoù  Alà/.iii  Oais  ii)ii  Talha,  .")8().  AInvàz,  A2,  24-4i  'lO'l,  -'199,  ")2/|  etstilN.. 

AI)où  Nouas,  18,  i()2.  .")29  ef  suiv.,  332,  .")7(3,  080,  (iny. 

Ahoù  'l-Sait  ai-Tiiaqafî,  (il  8.  Alaiiis  (mut  dt'sl,  (il. 

Ahoù  'l'r,ii\ih  alMoiitaiiaiihl.   'i'|(>.  Ale|),  (il  2. 

Ahoù    'ranim^iiii.    3.").    .")!().    .")(S().  (io(>.         Alexandif.  399  a    /|.')(),    '1Ô8,    '|()'i.    '|8."). 

7  'i'.  .")•)■?,  7(>'). 
Vhoi'i  V.iksdùiii  M:isi(iù(|.  ml  des  \h\ssiii>.         Alfxaiuhii',   '1  1  '1 ,   'l'l9,  701. 

(117  il  suiv.  'Ali  ihii  ahi '[ïilih,  Jl8. 

\hiascliahr    Naïsàhoùr  .  ."129.  'Alî  ihii  Djaliin,  087. 

Ahtliiii,  .'>  1 .  '\li  ihii  Tliàliit,  'i">J- 

Ah\ssiiiic',  (ii'i.  —  Ahxssiiis.  Il  1  li  ii  (i  1  S.          'Alwàn  ('Olwàu;'),   18. 

Adam,  1  il  'i ,  2 '1 ,  2()n.  Amid,  ,")3o,  ^()k- 

Adt'ii,  (il  4  et  suiv.  Aubàr  (Faïroùz-Sàhoùr) ,  •129. 

Adham  (clieval  de  Kaïkliosia   .  ()88.  Aiularmàsp,  18. 

Adiiarl)àidjàii,   M,    \-j,    53,    232,  2h~,        Anoùscharwàn.  \oy.  Kisrà  .Viioùscliarwàii. 

'i'iS  et  suiv.,  .178,  (J09,  6/|3,    (i(Jo  l'I        'AïKjà,  (k)  et  suiv.,  3o/i,  3i(i  il  3i8,  3()() 

suiv.,  ()()8  et  suiv.  ii  3()8. 

Vdliariioùsdi    (fils     d'IslViidivàdli   .  .id  1 .         Aiitioclir,  (i  1  2  it  (ii'i. 

.)()'i.  .)()().  Aqlnùrscliàli,   '|.)8  et  sui\. 

Adliaruoùscii    liuiplc  du  IVu   .  ■>.->>.  \ralH's,  iGo,  /188,  hih,  017,  ■)  i  9  ii  Ô21. 


•50 


lAUl.K    Al.l'll  Al>i:  IIOI  K    J)KS    NOMS. 


ôSo,  ,"i'|(i  ol  sni\.,  riTxt,  .')r>.'i,  ,"),"),'),  (h)'i, 

(113.  7.5 1.  7^7  à  7'i'i,  7 '18. 
Vnlaliil,  (i3(). 

Anhisrliir,  lils  (r\h;ir\M'z.  -'.\'y. 
Aixlascliir,  fils  de  B;il)ak,  '|i(>.   '17.^  à  '187. 

^99,  (îoti,  721. 
Anlnsclifr,  lils  de  Risclilàsf,  271. 
Vrdascliir,  fds  do  Ilornio/.,  'l'Si  cl  siii\. 
Vrdascliir,  lils  de  Sehiroùva ,  701    ri  siii\. 
Aiilaschir-Kliosra,  /iHô. 
Anlawàn  rAncieii,  Ayii. 
Ardawàii  le  Grand,  \-j3  à  /181). 
Artijàsf,  sCiS  à  2(),'),  2()t)  cl  suiv. .  272  cl 

siiiv.,    270   et   suiv.,   281,    28Ô,   2y3, 

29Ô  à  298,  3oo,  32.")   et  suiv.,  328  à 

33 1,  333  h  337,  /|3,"),  (iô.'). 
Aresch,  107,  i33. 
Aiislote,  /|oi,  443,  iôo. 
Arniàyli,  2/1  à  2(). 

AriiK'iiie,  i3o,  3J8,  <)0j).  (iiT).  708. 
Arradjàn  (ou  Aradjàn),  .")2  7.  .")i)'i. 
A'scha,  493. 

Asclik,  lils  d'Asclikàii,  'i')-. 
Aschkàn,  4Ô7. 

\sclikàn,  fils  de  Kaï  Aresch,  4 07. 
Asclikaniens,  4")(5  et  suiv.,  473. 
Ascliqar  (  cheval  deMarwàn),  (>88. 
Asiadii  (jousclniasp,  719  et  suiv. 
Aslàràhàdh  (Karakh  Maïsan),  48."). 
Ayîn  (kilàbal-),  i4  et  suiv. 
A/.àdiiwàr,  342  et  sni\. 
A/.armîdoklit,  736  et  sui\. 
Azarwiuilàtlli,  (J2.)  :i  ()29. 
A/.dahàq,  17.  — Vo\.  Daliliàk. 
liàbak.  473  à  478. 

J>^ll)\l<)UC,      l3,     2().      I(i,").      \(',-.     \ov. 

Sawàd. 
Bàb  Soûl,  .")78,  (il  1. 
Bàb  wa'l-Abwàb,  (iii,  (i3(). 
Bidhgbîs,  i33,  48."). 
Bàdlimàn,  ii4  et  suiv. 
Baglidàd,  63 1,  743. 
Babmaii,  345,  347  »  '^•^^-  ''5*>'i  •  3(iy ,  373, 


.■<7.")  il   3()o.    3i)2.    ,'5i)()   cl  suiv..    'i'i7. 

:>i  '1.  .">i.|. 
UMliiiiaii    Viclascliir  .Oholhili).  378,   'iS,"). 
Ualiràin  (jour  de  ' ,  (iS  1 . 
Uahràni.  lils  de    liidiràni,  (ils  de   lialiiàiu, 

.")()7  et, suiv. 
Baliiàni,  fils  de  Baliniin,  (ils  de  llonno/. , 

r)<)3  il  .")n7,  ."no.  7)'.\-j. 
Kaliiàiii,  lils  de  Ilormoz,  ôoo  à  5o3. 
Baliràm,  lils  de  Sàboùr,  535  et  suiv. 
lialiràm  Adliannàhàu,  638  à  64o. 
lialiràiii  Djoùr,  539  ^^  "'i?!  ^^9  î'  ■>''!)• 
Baliràni     .Sclioùbiii,     (i'ia     à     (187,     <>;)  1 , 

7.(1. 
liaïkand,  (i'i8.  653. 
Balàscli,  583  il  587. 
Balàseliàbàdh,  58'i. 
Balàsclikird,  584. 
Balînàs,  45  1 . 
lialkli,   i3.'')  i  55  et  suiv.,   i()4,   '89,   192 

et   suiv.,    ■!23,   23i,   244,   255,   257, 

276,  281    et  suiv.,   284  et  suiv,   456, 

486,  578.  (il  5,  642,  707.  —  (Fleuve 

de)  ,111,  392. 
Barmoùdbali,  (i/i8  ;i  657. 
Ba.sra,  485. 

Basscliàr  ibii  Bord,  74,  377. 
Basloùr,  370,  274  à  276. 
liali'iiiciis.  5(1 1 . 
Bawaii,  709. 
Beh  Alridli,  285,  33]. 
Bekr  [b.  Qaïs  'Aïlàu]  (Tribu  de),  519. 
Bekr  ibii  Wàïl  (Tribu  de),  519,  529. 
Berbères,  i  58. 
Beièzàdliriscli ,  ()02. 
Beselienk,    107,   111   ;i    1  1  4  ,  123. 
Bescli(iùtlicu,  3(12  ,  3o5,  3 10  et  suiv.,  3i(i, 

326  cl  sui\.,  336,   345,  352,  356  à 

358,  3()9  il   371,   373    et   suiv.,   37(1, 

387. 
15èwaras|).  \  oy.  Dalihàk. 
BIdarafscli,  273  a.  275. 
liiliiselitkaiik .  193,   202,  218,  229,  23i. 
Biiidoùya,  660,  663,  665  à  67U,  721. 


T\nLE   ALIMI  \13i;TIQLt:   DKS   NOMS.  Tôl 

IJi'ràn.  1  ()()  il  2()T  ,  ao'i  ii  207,  i>  m  rt  suiv.,        Dàràlnljcrd ,  898. 
2i.'i  il  21,"),  2  2'i  il  2  2().  l)ari,'li;iin,  707. 

ISinnàyoùn,  3ô.  Dàriii,  .")2y. 

liisclilàsf,  i5,  2/|5  il  387.  Daskarat  al-.Malik,  'it)i|. 

liîslàin,  fifio,  (163,  065  et  suiv..  (170,  72  1 .        David,  i. 

Jiîzaii,  238.  Di-niocrali's,  'i.")i. 

Hiililorî,  39,  'lOi,  .")7'i.  61  3.  Dcri  1  idionif'i.  ,">."),"). 

Boklit  Nnssar,  2'i'|.  Di'stàn.  \()\.  Zàl. 

Boklitarsolii'li.  \'oy.  lioklit  Nassjir.  Dlioù  'I  Vdh'àr,  lô,").   i.'jSii  1(12. 

Bordj  al-llidjàral,  4  1 'l-  Dlioù 'l-.Minàr,   1,"),"),  iô8. 

IJosrà,  53o.  niïoù   '1-Qaiiiaîn,    '1,   .'100,    '1 '1 1   cl  Mii\.. 

Host,  48(5,  707.  /|'l.")  p|  suiv.  —  V'oy.  Alexaudii'. 

Boù  Djaliala,  ÔÔ7.  Diliistàn,   1  1 'i ,   117.  227. 

ISnukliàrù,   189,  223.  23i.  Diiiawar,  (inij. 

Boriràn,  73,')  et  suiv.  Diogt'ix*,  't.")!. 

Ii<>iii7.ii)ilir,  638  cl  Mii\.  Dirafsclii-kàwiyàn,  38  cl  suiv. 

Ikiuiv.niilir.  (ils  (le  Soùkliorrà.  .')i)ii  cl  siii\..         njaîhoùii,    189,     i/|o,     \  ^^i ,     189.    201, 
693  à  Ô9.').  220,  22(»,   23  I,   276,    'i'l8,  308,  ()3(i. 

IJoiiiv.oùvcli,  G29  il  ()33.  678,  68(i. 

ISoùscliaudj ,  /|86,  71)7.  '^j''']^-  Voy.  Isfaliàii. 

liiiuziiurdjinilir,  Ci9à  62') ,  63,3  ii  63.'!.  Djaloùlà,  -j'ii  cl  suiv. 

lîraliuiaiics,  /121  ii  'i23.  Djàinàsl".  2()2,   26.>  i»   2G8.   27'),   27CS  cl 

siiiv.,  28l>  a  29  I,  373. 

(it'sars,  2'|5.  DjàinàsC,  (ils  de  Faïroùz,  'iSiju  '.aj'i,  (io3. 

r.liàlcau  DU  \illc  d'airain,  .Jo.'l,  322,  32'i  Djaudliaiv.  \ny.  Djoùdliaiz. 

il  328,  333  et  suiv.,  022.  Djaiidliarz  rAiicicii.   '|()7. 

(Iliiiic,  C.liiimis,  '|2,  iOô,  206,  217,  229.  Djaudliaiy,  lils  d'Irànsclialir  Scliàli,  \()\  il 

2,5 1.  'n'i,  /j3j  il  /|39,  61 3,  739.  46(1. 

(  liiiislaiiliu ,   '188  et  suiv.  Djatidliai'Z,  lils  de  ,Sàl)oùr.   '|()2  cl  siiix. 

('.iiiistantiiiople,   '189.   701.  Djàzir,  (io,'). 

('unies,  2().  Djcliiàzàd,  389.  —  V()\.  Kliuniaï. 

Djcn».  Voy.  Djeiuschid. 

l)al)i(|,  710.  Djeinscliid,  10  il  19.  23.  27,  3'i,  23(i. 

Dal.il.iàk,  i3  il  36,  62,  83,  89.  91.   19...  Djibàl  cl  Djabal.    i38.   i(i'i.    '|36,    '193. 
I>ad)i)l,  ,")()'|.  609. 

Dadainili's.  617.  njondaï-Sàl>oùr,    'i9'i.  3o3,   Ô2/1  et  suis.. 
l.)aïzaii,  '189  a  '191,   '19'!.  027,  6i3. 

J)anias,  7'i3.  Djordjàn,  'l'i,  89.  3'i8  et  suiv..  .").")9,  37rS, 
Dàrà.liis  de    lî.diiiiau,    892   il    ,399.    '102.  ()09,()li. 

'i.')7.  Djoùdliarz,   i38,    lôO,   219.  223  ii   223. 
Dàrà,  fils  de  Dàrà,  399,  4o2  ii  '111.  '1 1  4  232  à  234,  238,  243. 

et  suiv.,  424,  439.  322.  Djoùr,  483,  608,  707. 

I)ài-à  (ville),  612.  Djoûzdjàn,  486.  744- 

Dàràl),  394.  Dodjail,  48o. 


752  rVlU.K    \l.ni  MU'.'l'IQl  K    DKS   NOMS. 

IViiihàwaïui.   \.\.  :>S,  .'^'i.  Iladjar.  ,">  i  'i .  .'lit),  '■>:>.(),  I)[]t\. 

DiimlInHis,   \'m  .  Il;'i(l|il)  iliii  /.oiàrii.  !)()<>. 

lliulr.   'iiH;)  il    '|()  'i. 
Kjçyplo.  io'i.  'm,  .'i."><i.  Haïtalitos,   /i.Sd,    'kj;,,   ôi^o,  :)78  à   :„S-.. 

Km.-si-,  (ii;>.  5,j„  :,  -,,,/,    ,;,-, 

Ilaïtliiiiii  iliii  '  \(li'.  .">.")(). 


Kiiplirale,  /|0.'),   '|<>S,  'iS<),  filifi. 

Kaghfoùr,  329  ot  siiiv.,  ÔG4,  73y. 

I-X^lifoùra.  (il^  à  ()4(),  (J48. 

l-'alilal)oilli,  (il)'!  à  (igS,  yoS  à  yoô. 

Faïlàcioùs.  \ov.  l'liili|)|)i'. 

Kaïroùz.  (ils  de  llornio/.àii .   '4(19  l'I  sLii\. 

Taïroùz.  lils  lit'  Vazdodjcrd,  '•)-'S  ;»  ôiS,?. 

I''aimùz-Sàl)<)ùr,  ô t^ (). 

Faîwiiidàdli,  a-'?. 

FaiToiiklizàdli,  7-5<).  7 '1 '1  l'i  sui\. 

Farmiikhzàdli .  liK  d"  \l):ir\\  i/,.  737. 

Far-i-izadi,  7. 

Farâmorz,   217.    ^(ii,    .'{G'i.   3 8, '5,  .'5 80  à 

388. 
I"'<'ràsclià\vard,  3.")(i.  •.Uji   ft  sui\. 
Farazdaq,  .">8(). 
I'"ar<,'liàiia,  (îiô. 
FarscIiàl)oùr,  02;). 
Fanvardin  (Mois  di-;,  1  3. 
l'asà.  2."),"),  2(i2. 
Foslàl,  7/i3. 
Fdùr,  4i(i  à  /|2  I .  'i ■>.'{. 
l'ïirs,  (j,  /i2,  ii()  à  118,  121,  108,  i()'|. 

1(17,  23  I,  23 '1,  2."J2,  2Ô5,  398  rt   Mii\. , 

'1 1  I.  '1 1  'i.  'i42.  '|.")(i.  'ir)8,  'iCi.")  cl  Mii\., 
'173  cl  siii\.,  '177  à  '179,  '180,  '19'j, 
.">i'i,  ha'\,  .">27  h  .")3(i,  .")32.  'i-j6,  087 
cl  siiiv..   fiiiy.    (i'ii,    ')(>9.    7<)(),   73 '1, 

7  '1 1 . 


Ilaiiiadliàn,  '1118  cl  siii\..  (io<). 

Ilanial  ibii  Madr,  (in. 

Ilamaii.   3."). 

Ilaniniàd .  ,"),")(). 

IIani/:i  d'Isi'aliàii .  398. 

llaiizala.  ■i'[). 

Harràn  ,  (i  1  2. 

Ifa/.ànisl'.   2(i3.  —  \(.\.  Aidj/isC. 

Hi'brcii     laiisa-^c   .  ,'),'),'). 

lldl  Khàii.  3o'i   cl  siilv.,  3o7,  33(),  339. 

llciiiàwci'àii.  \  ()\.  Scliàli-i-Ucinàwcràn. 

ll.'iachv.  (11.). 

llcTaclins.  (i  1  9. 

llci-al.  189.  'i  I.").  '|8(>. —    Idioiiicdi'    ..").)(i. 

Ilcxàti'lllcs.  \.,x.  Ilaïlalil.'s. 

Ilidjàz,  .").")."). 

IIÎdiii;iiid     <iii   lliiiiiiiuid    .    i  19.  3'|.~).  3.)<>. 
3(1  I.   38(1. 

Iliinvaiilcs     Ilcjiiawciàii  ?  I .  i.").").   1  .")8. 

Ilîninaiid.  \<)\.  liùhnand. 

Il  ira.  .")  '10.  .").")."). 

Tlodliaïra,  ()0. 

Hol«àn,  .")8A. 

Ildiiiàï.  389.  V()\.   Kliomài. 

11(11111(1/..  (ils  d' \M(iÙNcliai\\Mii.   (;3(i  a  r,l\i\. 
(J70. 

Ilormo/. .  d'Istaklii.   73 '1  cl  siii\. 

Ilormoz,    lils    de    Naisî,  ,")i()  ii  .")  1  '1 .   .^.^). 
.•.37. 

Gàu-i-BimiàWm,  3i.  Hormn/.  lils  de  Sal.cùr,  'm).".  a  '199. 

(jliazua     -3  HoriHd/..  liK  de  ^  a/.dcdjci(l .  .")73  ;i  .")7."). 

Gli..um(làn,  (ii9.  lionne/.  Djoial./iii.  07(1  a  (i8i. 

(;...irz-i-Gàwsâr,  3'i.  Ilomio/in,  liK  iU-  ]'..iaseli.  '1(17  ii    '1(19. 

Grecs,   '110.  i")(i,  .■)i'i.   :y>.n,  .■)2(i   a  .-)28,         Hoùm,  232  cl  s.iIn. 
:>3o    cl    s„1n..     .-,.-,.■,.    (Im,.    (Km,,     07,.  HdùscJiaiik.  .->  a  7. 

70(1.  —  \  (IV.  Hdriiii. 

Il)lîs,  (i.  (|.   Kl.   1  9  il  22,  3.").  !.■)(),  3.")7. 
Ma-Jiamaiil.  (117.  Ibii  'Ahhad,  .')98. 


TABLE   ALPIIABKTIQLK   DES   NOMS.  753 

11)11  Kliuidàdlihrli,   i;5()  et  siiiv.,  2J7,  jAri  Ji'siis,  'i()o. 

<'t  siiiv.,  378,   /ii5,    /lA4,    408,    'i8(i,  Josepli,  '1.  171. 

.')56  et  siiiv.,  ()o4-  Juifs,  2'|. 
11)11  al-Kalhî,  22,  2.'>(). 

11)11  Mocjad'a',  (i.'i.'i.  Kàl)I,  (risfaliàii,  2()  ctsuiv.  —  \i)y.  kàwi'li. 

Ibri  ai Mo'ta/./. ,   lô!?,  'iy."j.  KÙImiiiI,  KàlK)(ilistàri,    7^    à    7,"),    77,   83, 
Idjhàr  Doctrine  (le  !'),  42/1.  yi,  (jy  et  suiv.,    U)4,   lit)'    '-'■   i^^' 

liidc.  Indiens,  (i,    /i2,    72,  82.   yi),  lo'i.  370  il  383,  383  ot  suiv. 

1  '|(i,  1  ()."),  2  3."),  1 1  3  à  '117.  '1  M)  et  siiiv.,  Kai  Ardascliîr  (Baliman),  378. 

32y   il  53i,   333,   3()o   it   Mii\..   (ii3,  kai    kànus,   i3,    i33    ii   234,   230,  2'i3, 

G22  il  62/1,  ()2f)  il  ()3i.  3'|2,  020. 

Iradj,  4  1  i'  3'i,  fi 3,  212.  kai    kliosra.    i3,  i()7,   210,   2  1 '1  il   21  (3, 
Iran,  Iraniens,  i'>().   127,  121),  i'i3,  iCi.  '18    ii    2 '1 '1 ,   243  et   sniv.,  232,    2(J2, 

i()4,  219,  223,  228,  272,  276,  28(j,  287,  3'r!. 

288,    335,    337,     362,     373,    387,  kaiQol)A(lli,  137  il  i4«>,  i44  il  i34. 

047.  kaid,    '1' '1  l'iMiiv. ,  43(). 

Iràiisciialir,  4''.  3(i,   1(17,   108,  ii2,  i  l 'i ,  kàkoùxrli,  (12  cl  sulv. 

118,    123   l'I    sniv.,    120,    i33    il    l35,  kalila  et  Diniiia.  1)32  el  sniv..  712. 

i3()  il   i4i.  i3().  lOo,  i8(i,  198,200,  Kanàrang,  7'|3. 

2()3,  212,  218  et  sniv. ,  22  1,  23o,  234,  kaiidariniàn,  .13(1  et  sniv. 

2()3,   268,   270,   281,  290,  292,  329,  kandji-Bàdliàward,  700  il  702. 

33i,  338  et  suiv.,   346,    35-,   374  et  kanka,  423  et  sniv.,  43o. 

sniv.,  4ii,  4i4et  sniv.,  417,  444,43(),  Kankdi/.,  229  et  suiv. 

464,  477,   479,   48i,  3i4,  3i9 ,  32 '1 ,  karakh  Maïsan.  \'oy.  Astàriibàdli. 

338,  364,  383,  39.5,  (iii,  ()'|2.  643.  kaniiàyll,  2  4  ii  2(). 

()49,  634,  639,  671,  676,  ()78,  680,  karschàli,  3. 

68fi,  722  il  724.  karscliàsf,  i3o  et  sniv. 

Mràfj,   42,    i38,    i63   ii    i63,    i()7,    4o3,  Kaisîwa/.,  189  ii  194,  207  ii  211,  232  et 

448,    'i3(i,    438,    4li'i    et    sniv.,    473,  sni\. 

3i4,  324,  328,  34o,  376,  609,  612,  kusilaii,  2a3  ii  207,  210  et  sniv.,  2i3  ii 

64i,  734,  738,  741,  744.  216. 

Islaliàn ,  4i3,  443,  609,  709  et  sniv.  katàyoùn,   2'|(i   ii   249,    234,   236,  34o, 
Isfeiuliyàdh,  236,  238,  261,   263,   270,  344- 

273  il  284,  286  il  376,  383  et  suiv.,  Kàweh,  32  a  34,  38. 

322.  Kayoùmartli,  1  ii  7,  18. 

Isferàïii,  391.  kàzinia,  3i4. 

Israël  (Tils  d'),  244,  462  et  suiv.  Kermàn,  42,  84,  329,  336,  (ioy,  742. 

IsUiklir,  237,   478,484,  499,309,724,  kermànschàli     Baliràni,   lils   de    .Sàboùr), 

737.  —  (Fleuve  de),  392.  333. 

Iwànon  Kisrà,  698.  Kermàn  .Scliàiiàn,  33(i. 

lyàdites,  3i4,  3x8.  Kescliwàdli,  127  ii  129,  i3i. 

Khàbil  (Al-;,  18. 

Jean,  lils  de  Zacliarie,  '|(in,  463.  Khàhoùr,  493. 

Jérusalem,  /|(i3.  Rliàqàn,  23o,  447.  33()  ii  36o,  383,  386 

9J 


7r»'i  TM'.I.K    M.l'll  MIKIKU  K    DKS   NOMS. 

et    siliv..    .")()•>.    (ill.   (K<(i,    (i'i'.    (>r>iS.  1  .JKldj.îm ,  .")iS(). 

(>7 'l  il  (i(Si,  (i83  ;i  (i8.">,  y'|/M'l  Mii>-  l.dliràsl'.     lô,    ■i'.]-    et    .stiiv.,    ■>'\'.\    il    ■).")."), 
Mi;ir/.;isl\  -«(i.'î.  — V.>\.  Aidjàsl'.  ilri,  282  H  siiiv.,  287,  .i'ri. 

Kliùloûn.  r)(ii>,   ,'>H()  et  Miiv.,  (iyS  il   tiNi.  I.oùris.  .Miy. 

(i8:V 

kli;ill.  -"n;).  MiidiViii.   A58.  48y,    iy;),  •")0((,   02-    i-l 
Kliii\varii;u| .   'iji'i.  .">'iO.  ."l'i.'î.  sui\..  ô/i;)  ol  suiv.,  ôfio,  .">()'i,  r)8,'î  cl 

kha/.ai's.  (iii,  (ii'i  l'I  Mii\.  suiv.,  Û87,  ô(j4  et  suiv.,  (i  1  2 ,   (ii'i   cl 

Klia/.wa/.àii ,  iiijii  12'.  suiv.,  (ilii .  (iGp  cl  suiv. .  ()7,>.  ()i(8.  7  1  8  . 

Klieschounwàz,  roi    des   llaïlalilcs.   ,")78  ii  ■j^i'i.  ''■^~.  '•'<[}■ 

.")8;<.  .Mail  MVidli.  :)2. 

Khidr,  lo/i,  'i.i.i.  Mail  de  Knùla.  :>(i7. 

Klioniàî,  28Ô,  33i.  ,'i8<)  ;i  3()7.  7.'>.").  Mahuioùd.  \'\-. 

Klioràsàii,  /12.  iô8,  it)4,  23i,  /|i'i.  'i-iii-  Maliouicl.   '1 .    >()i.  .")2i,  (io,"). 

i8.">  et  suiv.,  4oJ'  ôiô,  r)29  cl  sui\..  Màhoùva.  7'|,'5  ;i  7/18. 

.">7(i,    ,"178,    (ioQ,    GJ8,    ()()()    et    sui\..  Maisaii.   'i()'i. 

(Î74,  743.  Malalic.    ',  l'i. 

Klinrra-Sàboùr,  .")2().  Ma'uioùii.  'i23. 

kliosra,  ,").'»o.  002  ('lsui\.  Mauiiidj.  (il  2. 

Kliosra,  Gis  <lc  Faïroù/.,   '170  ii  '172.  Màui.  .")oi  il  .">o3.  —  Porto  de  Alà 


un  . 


Kliosra  Faïroùz,  732.  73.").  Maiikal.   'i''i  <'l  siii\. 

Kliitlaii,  206,  23  I.  Man.soùr,  (i8i). 

Kliniilni,  i33  et  suiv.  Mansoùr  al-l'aciili,  7,  'i2(i. 

Kliouscli  Àr/.oû,  70.")  il  711.  \Ia(|dasl  (  M-'  'Motaliliar  ihii  Tàliir  .  r)oi. 

Klnvari/.ni,  227,  :48(i.  Maiclàu-Slucli,  ()83  cl  suiv. 

Kiràmikard,  272,  27,").  Marie,  (iiic  de  Maurice,  ()(i8.  ()70  cl  siii\. 

kisrà    Anoùschanvàii ,    (i,    lô.    3;).    'ii).).  ''d'i-  7i'- 

.")i)3.  r)02  il  638,  ()'io,  (3G2,  ()()8.  Marw  ,  2,  10,  'i8(i,  ôjy,  r)8'i.  liii'i.  710. 
Kîw,  i,"ji).    i()2,    iG'i,   219  il    221.  22.).  7 '1 '1  l't  suiv.,  7.''i7  cl  suiv. 

238.  Marw  al  Scliàliidjàii,   'ilô. 

Kdliram,   270,  282    ii    28''i,   2g3.    33i  ii  Manvarroûdli,  707.  7.'i'i. 

333 ,  336  et  suiv.  Ma.skî  (?) ,  709. 

Kordam.  278  et  suiv.,  286,  291  et  siii\.  Mas'oiidî  al-Manva/.î,  10,  388. 

Koùfa,  018.  Maurice,  (ilij,  668,  671,   700  cl  sui\. 

Koumendhàn,  280.  Ma/dak.  ,")96  ii  602,  ()(i''i  cl  Mii\. 

Kfiur-nidjla,  '186.  Ma/.dakiles,  601.  6o'i  ii  (ioli. 

KoiirdiNa,  682  a  6X7.  M. ■die.  Vn\.  Djihàl. 

kiiiinloï,  686.  Mchhoùdli,  62,")  ii  629. 

Kotirksàr,    29/1,  296  a   298,   3o().  3o2   a  Mcivàràreqîii,  .")9'i. 

3o6,    3o8  !i  3ii.    3i6   et  sui\..  3ii).  Mciioùdjclir.  i.'),.")2  ii   108.   112  l'I  siii\.. 

322    il  326.  |3(),    2.")7. 

Koiisclimaïlian,  7'!.").  M(''S()potaiiiic,  '189. 

kiMistalini,   12,"),   1  3ti.  Mihr  Mois  cl  jour  de),  3."). 

Koùzin.  i33.  Mlliial..  73  il  77,  8i,  83.  <S7  .•(  Mii\..  .S9, 


■i\HLK    M.IMI  MiKTIOl  K    DES   \()\1S.  755 

()  1  rt  siiiv.,  (j 'i  l'I  siii\.,  ij-,  (jc)  ;i    i  ()."),  'U(lliaïl),   y.'iM. 

iKjà  123.  '()iii:ii-    ihii    ;il-Kli;ill;il),   3{),   -^S,   7 'l  l    «'1 
Milirdjàn  (l-Y-le  de),  30. —  .lotirdi'  ,  '171.  siiiv. 

Miliiiioùsch,  .■}()!,  .30/1,  ^(W).  'Otlimàn  ibn  'AlVàii,  ?. ,  -'i'  cl  sui\. 

Mo'àwiya,  .")i8.  .  Oriiia/.d  [Jour  de),  i3. 

Mcii;liîra  ibn  .Sclio'ha,  739  et  Miiv.  Ouscldiandj   'Hoiisoliank),  ,"). 
Mokiàii,  .")(i''i ,  -'[■!. 

MoqaHain  (Moiil  de   .   '|3'|.  Paldawàu-i-Djrliàii ,  (18. 

Miissoiil,   'i:tC>.   'lô.S.  Palcsliiii",   3.")(i. 

Mouiidliir.    lils    dr    '  \mra    al-Qais,    (io '1 ,  Pt'lil('\i  ^idioilR'),  .").").'),  ()3  3. 

(il),  ()i(i.  Pcrst's,  Sgy,  /iio.  ')i'>,  'y>\,  .")2'i,  .")2(), 
Moiiiidliir.   Ids    di-    No'inàn,   r>3()    il    .">'i7,  .)37,  (i  i  2  ,  G>(),  60."),  l'uS  1 .  707  i-l  >>(ii\.. 

.").")(>  et  sili\..  ,').")3,  ."),").").  7'l<)  cl   Mliv.,    7'|8. 

Miiiiklafi,  'n).").  l'iiarami,  3."). 

Miimilasir,  73<>.  Pliila^nios  ?  ,   'i,')!. 

M()i'i<|àii.  '!.)7.  Pliili|)|)(',  3()()  il   'ici,  /|<iiî. 

Mdii'ladid,  '{[)').  l'i'sclidàdli,  ."). 

Moiilaiiahliî.  Vo\.   \l)iiù  'l-Tai\il)  alMdiila-  Platon,   '|.')<»,  'i.').'). 

iial)l)f.  Ptoli-nici-,  '[(>i.   '117,  /|'i8,  'i.")!. 
Moiilawakkd.  73(i. 

Qàlioùs    Kaï  Kàons),  iG:>. 

Naliali'cn     idioiiK';,  ,'),")(i.  Oàhoùs,  (ils  de  \\  asclini<,'iiîf,   '|3l. 

Nadi'ia,  /i;)0  il  /|<)2.  Qàdisiva.  39,  739  il  7'i2. 

Nalirawàn,  (io."),  ()()3.  Qalilàn,    i.")8. 

Naïsàhoi'ir,    .")29,    .")87,    Jyi,    (17'!,    711',  Qaïdliàra,  '|32. 

7/|3.  Qaïs  al Madjnoùn,  -'[. 

Naïzak  Tarkiiàn,  j '\'i  et  siiiv.,  7'|8.  Qanàraz,  707. 

Nàinkliwasl,  •>7u.  Oàrcn,    33   cl    siiiv. ,    3**,    .')3,  .")8,  (i  1   cl 
Naisi,  lils  do  Haliràin,  .')o8  il  .")ii).  siiiv.,   (l'i,    11.")  ii    118.    1  >  1     cl    siii\.. 

Narsî,  rW'iv  (le  lialnàin  Djoùr,  '^'•>S.  12."),   i3i,  i3'|. 

Narsi,  lils  d'Irànsclialii-  Schàh,  /j()().  Qàroùn.  .}."). 

Nasa,  4i  J,  •"'•'9,  "jqO.  Qùscliàii.  609. 

Nasr  ibn  Ahmad,  ()33.  Qasclimir,  1  1 1  cl  suiv..  Gi."). 

Naubaiuljàii,  G3(i.  Qerniîsiii    kcrmàii  Scliàli.'in   .  ."),i(). 

N'audliar,  89  et  suiv.,  108  ii  122,  12.').  Qinncsrîn,  (ii». 

Naiirôz  (Fête  de),   i3  c(  suiv.  Qo))à(lli.   lils  dVhniwI/.    .Scliîroùva),  712, 
Nihùwand,  G09,  710,  739,  7^1  et  suiv.  71."). 

.Nîmroùz,  77,  102,  iG4,  SyS,  383,  /188  Qobàdli,  lils  de  l'airnù/.,  .")83,  .")8(iii  6n3, 

et  suiv.  (il  i>. 

Nisibe,  488.  Qohàdh,  IVcrc  de  (Jàrcn,   ii.). 

No'niàn,  lils  de  Mouiidliir,  533,  .").').").  Qobàdli-klioiina .  ■i()!i. 

Qobàdhvàn,  .')9/i. 

'Obaïdallah  ibn  'Abdallah  ibn 'l'àliir,  709.  Qohandiz  (deManv),  10. 

Obollali.  378,  (il  7.  Qotrabolla,  708. 

95. 


TÔO  TMU,K    AI.IMI  \l5i:'l"I(U  F.    DKS    NdMS. 

(Jni'unis.  'i'j8,  708.  Sàl)()i'ir,  lil>  tlAl^diirscliidi,  /ifx)  ;i  '|()'-!. 

(Joi'iinisîii  ^fallt^•  pour  (Jarmisiii   .  Go;i.  Sàbnùr.  lils  d' \i(l;isoliir,  'i8()  ii  'i<|t(.  ."xn. 

Ominini,  609,  yoy.  SAhoùr  DlimVI- Aklàf,  ."nj  à  ô33. 

(Jiiuslahni.  i.'^i.  Sàlxtùr,  lils  di-  Sàboùr,  032  à  ôiiô. 

Sàhnin-,  (IcRaï.  :)88. 

liai.  1-kI.   iiU).  li^i    l'I   stiix..    'ly.'î.   'i;).'».  Sàhoùr  (\  illc  do] ,   'm'i. 

Ô78,  (ioi),  6G0,  7U>.  Sa'd  iliii  W^afiqàs,  3(),  709  ;i  7'|i. 

Ràiscli  (AI-),  i33,  i58.  Sadir,  'i()'i,  ô'io. 

RaUiscli  (cheval  de  Roiistera),  l'io  à  l'i.'^.  Sadilm  Diii  Va/au,  (iUi  à  (iiS. 

363,  367,  369,  38i,  383,  088.  Saliàin  Jlnhi  pivlr,  ',',,,. 

Uàin  Aixlaschîr,  fils  de  Bischtàsf.  271.  Salin.  '1 1   a  (i'i.   1  i!. 

Ràm  Anlaschîr  (Ville  de),  '18.").  .Saloiiion,   '1.   luit  .sui\.,  'i'i7. 

Ràin-F"almùï,  J78.  .Sàiii,  ()8   à  72,  81  à  84,  87  à  iu().   109 
Ràinllonnoz,  499.  î'  ''>»  iiQi  ^•>~- 

Raschnewàdh,  3 90.  Sàniàii,  /i47. 

Raqqa,  743.  Samarcaiide,  201,  AiJ,  709. 

Razîq,  748.  Saraiiilil).  UT),  ()i.J. 

Rois  régionaux     Moloi'ik  al-Ta\\àïr  .   'il").  Sa^l,^^  Ir   iiiu^ioii'ii .  i)Ç)'[  et   siiiv. .    70'!    cl 

406.  siii\. 

Uiiùdaki,  633.  Sàsàii,  lils  de  liahman,  389. 

Roùdliàwadh,  73  à  u>(),  168.  i8<S.  .Sàsàn,  desceiidaiit  de  Sàsàii ,  '173  et   siiiv. 

IVoùni,    42,    160,   244    et    siiiv..    2r)2    <■!  Sàsàiiides.  73/1. 

siiiv.,  399,  4n,  4i6,  442,  'i44.  'i.")().  Sàliroùii,  '189.  491  —  Voy.  Daï/.aii. 

483,  494,  321  à  023,  33o.  -if^'i.  61)9.  Saiiwàr  ibii  Zaïd,  33(). 

(iii    et  suiv..  (m4   à   (ji(i.   (173.   701.  Sawâd,  i3o,  i3G,  43o,  430,  438,  4'>(), 

731.  489,  3i8,  029,  584. 

Roùiniya  '?),  389.  .ScliàbaSchàli,  642,  644  à  649. 

Roùmiya,  6i3,  636.  .Scliahdî/.  (cheval  d'Ahanviz),  688,  703. 

Roùschan-Faîroùz,  078.  Schàdli-Sàboùr,  494- 

Koùschanak,  4n  et  suiv..  4 '19 .  'l3'i.  Sciiagliàï,    379    et   suiv.,    382     et    suiv., 
Rousteni,  io4  ii  106,  i4o  it   i'\-,  161  el  386. 

suiv.,    i64   et  .suiv.,  i68  il   170,    i83,  .Scliàh-i-llcmàweiàu ,  i33. 

187  a  189,   192    il  198,  2o4  et  suiv.,  Schàhàiiscliàh,  48o,  48(). 

207,   212    et  suiv.,   2i()   il    218,   221.  Schàhuànieh,  263,  437. 

223  et  suiv.,  227  et  suiv.,  23o,  238.  Schahnim-l'aïroùz,  3/8. 

243,  3oi,  34i  ;»  376,  379  à38'i.  386.  .Sclialuhaiàz,  701,  73i  à  733. 

644-  .Sclialinàr,  737. 

Roustem  de  l'Adharbâîdjàn .  738  ;i  7 '11.  Siliahrzoùr,  448  et  suiv.,  488. 

Russes,  611.  Sclianiàsàs,  119  à  122. 

.Sclianka,   '127  ii   '129. 

.Sibàt  (Balàschàhàdh),  38 '|.  .Scliaukalat,  3(ii   ;i  3()4,  367. 

Al-.SàbJ   [Aboù  Ishàq  Ibràhîni   il)ii   Milal   .  Schàsch,  23 1. 

238.  .Scliatà,  7  10. 

.Sahiens,  238.  Seliidàsh,  271. 


TAI'.I^K   ALPHABKÏIQUE   DES   NOMS.  757 

Scliilir-,  7<><).  Talinioùratli,  7  à  10,  3i. 

Scliîrln,  (iyi    à  (Sç)\,  70a   et  suiv..   71,").  'r.-ikht-i-Taqdîs,  698  et  suiv. 

728  et  suiv.  Talaqàii,  189,  48(i,  ■j\f\. 

Scliiroûya ,  (igo  à  781,  787.  Tamîm  (Tribu  de),  .>i8  et  suiv.,  a^y. 

.Srdjcstàn,  ()8,  71,  72,  io3  et  suiv,  io(i.  Tarkhoùn,  'lôG. 

ti'i,    ii(i,    1  K)    il    i>:>,     i'ir>   à    129.  Tarse.  '189. 

1G8,  187,  'joi,   218,   221,  .'i'ii.  .'î'i."),  Tawwadj  ;ou  Tawwa/.  ,  ."J29,  710. 

;5()2,  .380,  .383,  385  à  388.  'i8(i,  .^82.  Tliibet,  43.4  et  suiv.,  700,  709. 

(109,  7'|2.  Tijjre,  i3o,  .489,  5iG,  027. 

Ser^'ius,  (i()8.  Tokhfuistàn ,  70,  4ô(),   'i8(t,  .")3o,  r)78  et 
Si'lh,  2.  suiv.,  G09  et  suiv. 

Siinàk  il)ii  Ilarb,  .').">().  T(iubi(|â  (■*) ,  /|ji. 

Sindii,  .')3o,  (iio.  Tous,  i2ô,  i3o  et  suiv.,  i38,  i.">(i,  i.">9, 
Sindjàr,  .")3o.  i()2,    i()/|,   1G9,  197,  201,  207,  223, 

Sîiidoklil,  7.')  et  suiv.,  8.")  il  88,  92  h  97.  2'|3. 

99  il   io3.  Tht>uraïyà,  2.")8. 

Siràl',   i()()  et  suiv.  Toustar,  Ô27,  j3o. 

.Sîrawàii,  709.  Toù/.,    /ii  à   62,   107,   111   et  suiv.,  i'\-. 

Siyàmak,  .'),  18.  Towàna,  53o. 

Siyàwiiàbàdii ,  207,  2  lu  ,  2  1 .') ,  2  I  9  et  suiv. .  Transoxiaue,    l3'i,    l'iG.   itijj,   201,    '|8(). 

23o.  (il."),  C-'i. 

.Siyàwouscli,    i()7    il    2i3.    2i()    r[    suiv..  Tures,   V-',   107,    1  1 '1 ,    lUi  et   suiv.,   i2u 

3.")2,  37/1,  (i.'jô,  ().")7.  et  suiv.,   123  et  suiv.,   i38,  i/i3,  ij(), 

.Socrate,  'lâi.  iGo,     191,    197,    2o'i,    2oG    et    suiv., 

SoMa.  \'oy.  .Siklhàueli.  21G  et  suiv.,  22.")  et  suiv.,  228,  23i  et 

.Sôdliàiieli,   i,')8  il    iG(i,   iG.'î.    1  7  i  ii   187,  suiv.,  2G2   ii  2()'i,  2G8  et  suiv.,  371  il 

212.  273,    270,  282  il   28/»,    28G,  288  et 

.Soglid,  189,  2  23.  suiv.,    292  à  29 j,  297   et  suiv.,  3oo, 

.Soglidiens.  \oy.  Ilaitalitcs.  3o3,  336  il  338,  435,  444,  456,  5i4 

.Sokaïna  biiit  Hosaïii,  727.  et  suiv.,  522,  53o,  555,  557  et  suiv., 

.Siirklia.  il-.  583,  (iii,  Gi5,  G17,  63G,  G42  et  suiv., 

.Soùkhonù,  582  il  584,  587  ii  590.  G4G  ii  648,  652,  G8G,  743. 

Soûl.  \oy.  Bàb  Soûl. 

Soùr,  708.  \  ille  d'airain,  ^ov.  Ciiàleaii  d'aiiaiii. 
Soùs  (kiiorra  Sàhoùi;.  529  il  53  1. 

.Syrie,  42,  432,  45G.  520,  G09.  708.  Waliri/.,  G16  ii  619. 

Waschmguir,  463. 

T;d)ari,  2,  22,  24,  2G,  67,  i3u,  256  et  Wesikàii,  199. 

sui\.,  263.  4i5,  457  et  suiv.,  5G7.  Wîseh,  117  et  suiv..  122. 
Tahaiislàii ,  42,  70,  84,  89  et  suiv..  107, 

ii'i,  123,  127,  i32  il  i34,  G09,  708  Vàdjoùdj  et  Màdjoûdj   (Muraille  de),  44cf 

et  suiv.,  742  et  suiv.  il  4  4  2  .  44G. 

Taghlib,  519,  029.  yal.imoùin  (clieval  de  No'màii).  688. 

Taliniàsl",  i3o  et  suiv.  Vamàina,  519. 


758  lAiii.K  Ai.rii  \i;iVn(H  F.  i)i:s  noms. 

^ii/ili'iljenl  le  Maiiv;iis.  'i?i-j  \\  ô.'ii).  12.'),  ii!7  ii  iJy,  i  .>  i ,  i  .i 'i .  i.iS  ii   i 'j  i , 

Viu.dfd'uMil.  lils  (le  Baliràni,  r)(.)9  à  't-'.'i.  i  '|3  et  siiiv.,  i4(3  et  suiv.,  i  j(i  cl  ,siii\., 

Va/.ilotli<Mxl .  lils  (II-  Sclialiiyàr.  2.  .'5;).  7.57  Uii,  i()8,  188,  207,  3o2,  .'5/i7('l  suiv., 

il  7'|S.  353   il  337,  306   ii    3-1,  373  i-t   siii\.. 

^(Mlien.    i(>    et   suiv..    l,")3    il    lli:>.    '\'.'i>. .  37;)  ol  sui\..  383  il  388. 

i3(i.  .">i>o.  <)0<).  <)i()  il  (il 8.  /.aiuljàn,  (iui). 

/.ardousclit .  _>.")()  il  :>()3.  ,3  1 ,") ,  f{]'\. 

Zàl),   l3(i.   l.'i(i. —  \o\.Zaw.  /.arii-,    i>'i,">,   2.")l    ii    l>."v'i.   •>()!.     >(),").    'in). 

Zàboiil.  Zàboiilistàn,  G8.71,  77,  i)!).  1 1>  1 .  272  ii  274,  27O. 

l'ii.    i<>i,    Uj.'i,    380    i"t   siiiv.,    .").").").  Zaw,  108,  i3o  i»  137.  1 3(). 

.")82.  (ioi)  et  suiv.                  -  Zawàbî  (A1-),  i3(i. 

Ziîdliàii  FaiTonkh,  714.  717  cl  suiv.  Zi'wàreh  (ou    Zebàreli;,    188,    3/iy.    331, 

Zàl.  Zàl-i-Zar,  08  il  loO,  ii4,  ii<)  il  122,  3(ii,  30/i,  373,  373,  38i  i.  383. 


\f)DiTro\s  i:t  cohhkctions. 


I'iil,'c    ly,    lii;nc    'i    :    lirr    sOoiio. 

l'.if,'!'   1  .■< ,  ;iv;uil-(liTnièic  lii,'ii('  :  ('."«■si  iniihiihlfini-iit  JJli.fl  iii>ii   jiXt  i|ii'il  I'.imI  lire. 

l'jigi-  ,57.  (Icniiùir  lif^no  :  J";ii  r[i'  conduit  à  siibstitiii'r  lc>  mot  cD^^àsJI  il  la  leçon  jjS'S>i\ 
(1rs  injMiiiscrils,  par  la  iii-ccssili'-  d'obti-iilr  un  sens  pour  la  phrase.  Mais  l:r 
conjcctin-c  est  loin  dV-lic  satisraisanle. 

l'aj,'!'  'i*).  lignes  vt  et  .'5  de  la  traduction  :  Au  lieu  de  :  «des  llols  de  s^mi,'  ii  l'aire  loiiiner 
les  nioidins  ».  lire  :  »  des  coinhats  sanf^lants  ». 

l'atfe  ()X,  lij;ne  :>.  :  l.i's  mots  ijj^il  ^^LJ  j»^,..^-'!.  doixeni  s'enleiidie  dans  le  sens  lilleral  : 
«  il  leui-  donna  des  vi'-lernenls  tni>-ei;i|)|i's  .. 

Paf,'e  M)!.  Ii;j;ne  A  :  Il  esl   pi>ssi|i|c>  (pie  Ailvbl  soit  une  latisse  leçon   pour  s^ULil . 

i'af^e  .((S'i,  jii^nes  <S  el    1  1   de  la  Ifaduclioii  :  .lu  lieu  rfc  Roùdliàhadli .  liir  Roùdliàwadli. 

I'af,'e  7()>,  liijne  '.\  d'en  lias  :  An  lii'ii  de  kliwara/mt.  liir  Kliwai'i/.iiu'. 

l'af^e  ()()(),  lli^ne  (i  :     w*.«».<»i«  esl  une   fausse  leçon  des  inss.  Il    lanl   coiiif^er  en   ^jj^j^^yjy. 

l'affc  yot),  ligne  3  :  l/adjectif  relatif  ^^Lm^  peut  se  rapporter  au  nom  de  sSilL^.  Mais 
peut-èlre  fant-il  lire  ^ljC«L«. 

fin  plusieurs  passages  (pages  M),  (i,"),  i>.'5.  i .') '1 ,  etc.'  l'expression  ^LdL  t^»a**!  est 
liaduile  par  »  il  ceignit  la  couronne  »  on  «  il  se  ceignit  de  la  couromic  ».  Il  serait  plus  exact 
de  liacUiire  par  «  il  fut  ceint  de  la  cotnonne»  ou  «il  fut  couroinK'»;  car,  en  l'ail,  sous  la 
dynastie  des  Sassanides,  la  couronne  était  imposée  au  nouveau  roi  |)ar  un  liaiil  dignitaire. 
Du  reste,   page  't'.\-  de  noire  texte,  on   lit  l^>>Jic,  et  page  .")i)0  ^jj- 


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r,S  al-Th  a  '  âlibî ,    '  Abd 

272  al-Malik  ibn  Muhamniid 

rn:^3  Histoire  des  rois  de 

Perses. 


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